mercredi, mai 03, 2006

Et un jour, on lui raconta le monde.

A première vue, on pourrait croire que c’est un enfant gâté. On pourrait croire qu’elle est superficielle et ne sait pas grand-chose dans la vie. La vie ne lui apprend rien. Elle n’a pas de rapport direct avec elle mais lui parle à travers des intermédiaires qui déforment quelques fois – pour la protéger – la réalité. Et ensuite elle se ballade dans un monde qu’elle croit parfait. Elle découvre petit à petit la tristesse, la maladresse, le désespoir, la misère, l’égoïsme, le mensonge, l’hypocrisie… Elle leur en veut tellement de lui avoir caché la vraie face du monde. Mais ils lui disent ce qu’elle a souvent dit – sans conviction – à ses amis en difficulté qui viennent souvent la voir pour trouver du réconfort croyant qu’elle possède des solutions à leurs problèmes : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». C’est ce qu’ils lui ont dit, le jour de sa vraie naissance dans le vrai monde. Le jour où sa « vraie vie » a commencé. Elle a pensé qu’elle ne voulait pas être plus forte. Elle a pensé qu’elle aurait préféré mourir plutôt que d’expérimenter ces « nouvelles choses ». Elle a pensé qu’on ne le lui disait que pour l’aider à supporter ces moments difficiles et qu’en réalité, être plus fort est sans rapport dans l’affaire. Elle se sentait coincée en permanence dans cette phase de transition, toujours dans l’attente de quelque chose qui allait éventuellement arriver ou surgir, une force, une illumination, une clé, une carte qui lui permettrait de trouver des repères, un trésor caché ou encore une bulle dans laquelle elle pourrait vivre et qui la protégerait de tout ce qui lui est nuisible. Mais vous savez quoi ? Rien.


On pourrait croire qu’elle a beaucoup moins de problèmes que les autres. Parce que les gens, au lieu de se concentrer sur leur propre vie, ne font que la comparer à celle des autres, et de dehors elle paraît bien entourée, protégée, gâtée, souriante et heureuse. Ces gens-là oublient qu’en société, tout le monde parait heureux. Et que c’est ceux qui sont les plus souriants qui ont en réalité le plus de tristesse dans le cœur. Que c’est ceux qui avancent le plus vite qui ont le plus peur. Que c’est ceux qui parlent le plus haut qui sont les plus timides. Que c’est ceux qui prennent un air de supériorité qui ressentent un manque de confiance. Que c’est ceux qui évitent les autres et qui les regardent d’un air agressif qui ont peur de s’engager en amitié ou en amour. Vue de l’extérieur, on lui reprochait de tout avoir. Et c’est cette même fille qui jouait, quelques années plus tôt, dans son coin dans la cour de récréation, parce qu’elle n’avait pas le courage de courir avec les autres. On lui avait dessiné une belle image de la vie, où les enfants du monde se tenaient la main, où l’on ne disait que la vérité et où il y avait assez d’eau et de lumière pour tout le monde. Mais elle fut surprise quand elle découvrit que l’image qu’elle détenait ne correspondait en rien à celle des autres. Elle fut révoltée. Elle cria haut et fort que c’est elle qui avait raison. Que c’est elle seule qui connaissait la vérité. Mais ce fut la loi de la majorité. Elle tourna le dos et repartit triste en silence.


Ce sont ces enfants-là qui sont les plus fragiles. Ils ne savent pas agir en société. Ils ne savent pas se protéger. Ils croient toute personne qui leur parle d’un air honnête et vulnérable. On se moque d’eux. On profite. Mais petit à petit, coup après coup, ils deviennent méfiants, et plus agressifs que ceux qui sont nés dès l’origine dans le vrai monde. Ils savent même faire face aux plus difficiles situations. Elle a su le faire elle, alors que tout le monde s’attendait à ses larmes et ses caprices. Elle a su se montrer froide et recourir à sa raison. Elle sait aujourd’hui qu’il ne faut retenir des paroles des autres que celles qui sont prouvées, justifiées et utiles. Que les critiques sont constructives. Que leur jalousie est pathétique. Ce qu’ils avaient à dire attirait d’abord son attention. Mais elle est devenue aujourd’hui capable de vivre entre les gens. Et même d’accepter leurs défauts, faiblesses et regards. On se fie aux apparences pour raconter des histoires et même les certifier. Comme si les histoires des autres concernaient la notre. On oublie qu’à force de regarder vers l’arrière, on arrive en retard. Et parfois le délai s’est déjà écoulé.

Elle se promène toujours avec un air heureux et naïf. Elle ne pourra jamais s’en débarrasser. Parce qu’elle garde dans le cœur l’image ancienne du monde qui s’est avérée être la plus fausse de toutes. Mais elle la garde quand même et c’est sur celle-ci qu’elle pose son regard quand elle partage des moments avec des personnes qu’elle aime. C’est cette carte qui lui indique la direction à suivre quand il s’agit de retrouver ses vrais amis. Et ensemble, suivant de faux chemins qui ne mèneront nulle part, ils partagent leur vision personnelle de la vie, cette vision aussi optimiste qu’erronée. Ils le savent. Mais ils s’en foutent. Ils se disent que ce n’est que le chemin qui compte, même si celui-ci n’aboutira pas. Ils se disent qu’ensemble ils partiront. Ils verront où plus tard. Pour le moment, la route suffit. Et après tout, s’ils y arrivaient, ils n’auraient plus rien à faire. Et la vie n’est peut-être qu’un chemin vers quelqu’un ou quelque chose qui constitue notre raison de vivre mais qui ne constituera jamais, jamais, notre réussite. Ce but est à l’origine de tous nos succès, ils nous guide, nous pousse vers l’avant, nous donne de la force et de l’espoir. Mais il restera à jamais une lumière lointaine et incertaine, très belle certes mais heureusement inaccessible.


Elle se rappelle alors les paroles d’une chanson qui lui ressemble. Elle sait qu’elle a été écrite et chantée pour elle. Elle l’écoute, elle ferme les yeux et fait des rêves qui eux ont l’avantage d’être libres. Elle regrette qu’il n’y ait pas une si belle musique pour accompagner ses mots. Puis elle se dit qu’ils n’en valent peut-être pas la peine. Elle sourit. Et allongée sur son lit, elle savoure les mots et la musique et se fait des histoires qui n’ont pas à correspondre à la réalité.


« On partira de nuit, l'heure où l'on doute
Que demain revienne encore
Loin des villes soumises, on suivra l'autoroute
Ensuite on perdra tous les nord

On laissera nos clés, nos cartes et nos codes
Prisons pour nous retenir
Tous ces gens que l'on voie vivre comme s'ils ignoraient
Qu'un jour il faudra mourir

Et qui se font surprendre au soir

Oh belle, on ira
On partira toi et moi, où?, je sais pas
Y a que les routes qui sont belles
Et peu importe où elles mènent
Oh belle, on ira, on suivra les étoiles et les chercheurs d'or
Si on en trouve, on cherchera encore


On n'échappe à rien pas même à ses fuites

Quand on se pose on est mort
Oh j'ai tant obéi, si peu choisi petite
Et le temps perdu me dévore

On prendre les froids, les brûlures en face
On interdira les tiédeurs
Des fumées, des alcools et des calmants cuirasses
Qui nous a volé nos douleurs
La vérité nous fera plus peur

Oh belle, on ira

On partira toi et moi, où?, je sais pas
Y a que des routes qui tremblent
Les destinations se ressemblent
Oh belle, tu verras
On suivra les étoiles et les chercheurs d'or
On s'arrêtera jamais dans les ports

Belle, on ira
Et l'ombre de nous rattrapera peut-être pas
On ne changera pas le monde
Mais il nous changera pas
Ma belle, tiens mon bras
On sera des milliers dans ce cas, tu verras
Et même si tout est joué d'avance, on ira, on ira ».

7 commentaires:

~Chris~ a dit…

j'aime cette image du monde que tu garde en toi... je l'apparente a cette flamme que l'on vois dans un regard d'enfant, et dont il ne subsiste parfois qu'une étincelle une fois qu'ils ont perdu ce qui manque tant a certain une fois qu'ils sont arrivés à l'age de raison...

Anonyme a dit…

Salut Karen je sais que mon sujet n'entre pas dans le commentaire de cet article que j'ai bien aime mais est ce que je peux te demander ton avis comme sorte de consultation sur le theme suivant: est ce que l'amour suffit a lui seul dans nos jour a faire une famille.? Autrement dit est ce que l'amour suffit meme sans argent a batir une famille?
J'apprecie infinement votre avis, pourtant j'aime ta facon d'ecrire.
Merci d'avance.

Anonyme a dit…

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Anonyme a dit…

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Karen Ayat a dit…

Desolee... Mais je n'en sais rien! :)

Karen Ayat a dit…

hey..
thanks a lot for ur comment... i wish it could b true.. thx anyway :)
karen.

Karen Ayat a dit…

hey
sandra yes
dunno who's christina