Il est vrai que je n’ai pas écrit depuis un moment. La raison n’est ni secrète, ni poétique. Je n’ai tout simplement rien à dire. Pourtant, j’ai essayé. Je me suis assise à maintes reprises devant ma feuille blanche et mon stylo (au fait… Microsoft word et le clavier mais c’est moins joli) en espérant que les mots coulent. Mais les mots n’ont pas coulé. Ensuite, je tentais de les chercher me souvenant vaguement d’une jolie phrase de Valery : « un écrivain véritable ne trouve pas ses mots. Alors il les cherche. Et il trouve mieux. »
Je les cherche. Je les cherche le cœur battant. Parce que les trouver, ou mieux encore, trouver « mieux », me déclarerait peut-être, par la force des pensées de Valery, écrivain véritable. Mais je finis vite par refermer mon ordinateur. Et plonger dans un sommeil. Cette fois ci… véritable.
Mais si Valéry ces soirs-là me faisait de la peine, Proust arrivait toujours à me consoler. Et je dormais alors avec un sourire de complicité, entre Marcel et mon manque de créativité. Parce que Proust disait : « ce sont nos passions qui esquissent nos livres, et le repos d’intervalle qui les écrit ». J’aimais à me penser vivant mes passions. Et à compter sur les moments de repos futurs et éventuels, que je ne voulais point précipiter, pour écrire noir sur blanc ce que la vie m’avait de stimulant.
Oui, mon absence pourrait se traduire en transe. Transe face à la vie, aux fous rires bêtes et excessifs, aux discussions à cinq dans mon petit appartement londonien, aux rêves, aux incertitudes, aux peurs, à la jeunesse.
Parce que j’ai découvert dans la passion un sens beaucoup plus élargi que l’amour d’une personne. Oui, j’y ai découvert l’amour de la vie. A travers mes amis.
Cette semaine fut lourde, longue et pénible. Mais une lueur au fond du tunnel m’accorda l’énergie nécessaire pour la survivre. Et même plus. La croquer.
Cette petite étincelle s’appelle Gaëlle. C’est son anniversaire. Et bien sûr, je ne lui laissai pas le choix. Elle devait passer le weekend avec moi à Londres. Ce que l’on allait faire importait peu. Puisque l’on serait ensemble.
Au menu ? Soirées, cafés, ballades et secrets. Bien sûr. Il fallait rattraper tout ce temps qui nous avait séparées.
Vendredi arriva. Et avec lui l’enthousiasme de deux jours de bonheur garanti.
Sauf que ce que l’on avait ni prévu ni considéré arriva aussi. Un de ces coups de la vie censés nous rendre plus fort mais qui nous rendent souvent tout simplement lasse et fiévreux.
L’anniversaire de Gaëlle était tombé à l’eau. Et seule dans ma chambre je pensai à ce malheur que d’être malade seule, dans un pays étranger, dans une ville froide, sans sa mère, sans son médecin de famille, sans les câlins aussi efficaces – sinon plus- que les antibiotiques.
Mes paupières finissent vite par tomber. Mais dans ma tête résonne une chanson, une chanson chantée à tue-tête par mon amie, la veille, dans le resto italien du coin, en balançant ses cheveux longs et noirs par des mouvements rapides de la tête. Oui, cette chanson résonne et me donne la force nécessaire pour affronter ma chambre vide. Et sur ma bouche se dessine un sourire aussi discret que bête tandis que la voix de Gaëlle déjà en route vers Paris remplit ma nuit : « Je n’ai besoin de personne en Harley Davidson ».
Oui, demain matin, ca ira. Et j’appuierai à nouveau sur le starter. Pour à nouveau… quitter la terre.
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