J’aime parler. Ce n’est pas un secret. Pas des gens, mais de pensées, d’impressions, de choses abstraites et d’autres bêtes. Je me suis même souvent trouvée à discuter sans pouvoir m’arrêter avec une description très détaillée de la texture glissante et du gout sucré-amer d’un fruit d’été.
Parfois, c’est trop. Et il faut me le dire. Je m’arrête illico.
Pour une personne qui aime discuter, je n’arrive pas à analyser et à comprendre, dans le but de la surpasser, mon inaptitude à faire la conversation à mes collègues au bureau, à huit heures du matin ou à un étranger.
Et je décidai d’apprendre.
Alors je me fixai comme première étape de mon apprentissage, celle d’écouter ce que font les autres, les professionnels du bavardage. Je crée dans ma tête un bloc note fictif dans lequel je fais la liste des sujets récurrents. Le temps. Les vacances. Le temps. Le weekend. Le temps. Le nouveau projet hit du bureau. Le temps. Le nouveau CEO. Le temps…
Il n’est pas difficile de remarquer que le sourire qui se dessine pour rester tout au long de la conversation est faux. Les émotions font défaut. Et tout le monde le sait. C’est une convention tacite de se sentir obligé.
Alors je décide de laisser tomber. Pour le bavardage inutile, je ne suis pas née. Et quand on me demanda ce qui se passait de nouveau dans ma vie, ce matin, je répondis, sans le moindre sourire, qu’il ne se passait Rien.
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