Nous critiquons tous le Liban. Tous. Nous libanaises, nous critiquons les femmes libanaises. Nous les accusons de superficialité, d’hypocrisie parfois, d’excès. Nous accusons les hommes aussi de machisme, nous accusons les parents de leur attention souvent exagérée, de leur ingérence, de leur sévérité…
Oui, nous regardons le Liban à travers une loupe. Et nous avons le droit. Parce que le Liban est nôtre. Comme les parents ont le droit de critiquer leurs enfants. Comme un frère a le droit de faire des observations parfois dérangeantes à sa sœur. Le droit découlant d’une bonne intention. De la volonté de protection. La légitimité de l’affirmation se trouvant dans l’information. Tout simplement. Parce que qui connaitrait le Liban mieux que nous, libanais.
Mais je défie tout libanais d’accepter qu’un étranger pointe notre cher pays du doigt. Nos femmes. Nos hommes. Nos parents. Parce qu’il s’agit là d’un cas de figure tout à fait différent. Le droit y faisant défaut. Et la légitimité alors devenant questionnable.
Parce que le Liban nous l’aimons tous. Et je peux affirmer que les libanais que je connais, vivant à l’étranger, vivent par procuration et à travers un calendrier. Je peux vous assurer que même si souvent j’ai été tentée de partir plus loin, plus beau et plus exotique, mon cœur, lui, s’oppose à cette envie et fait défiler devant mon regard froid et errant une plage libanaise souvent moche, sale, chaotique mais oh que je l’aime.
Libanaise je resterai dans l’âme, dans la tête, dans l’accent, dans mes fausses mèches blondes et jusqu’au bout des ongles toujours vernis d’une libanaise jamais convertie.
Aujourd’hui un rayon de soleil s’est infiltré dans ma chambre. Et mon bonheur, lui, a trouvé sa source dans le soleil du Liban. J’ai eu recours à la théorie de la proportionnalité pour imaginer chez moi un soleil encore plus fort, plus vrai, plus audacieux.
Et mon imagination n’a pu qu’entendre le bruit du printemps – parce que le printemps fait du bruit - ce bruit délicieux de voitures qui passent à intervalles espacées, d’oiseaux qui commencent doucement à bavarder, de feuilles d’arbre qui se caressent et de ma mère dans la cuisine toujours occupée.
Nous critiquons le Liban. Mais nous le sommes. Nous sommes toutes ces choses qui nous dérangent, nous sommes son charme fou, nous sommes son désordre, son chaos, son embouteillage, ses poubelles, son permanent danger, sa chaleur, son excès, sa structure compliquée, ses éternels pourparlers.
Ce matin, j’aime le Liban un peu plus. Parce qu’il ya des jours comme ca, où l’on aime plus, sans savoir pourquoi.
Et comme il ya des partenaires stables et raisonnés, qui promettent des relations saines et à longues durée, de beaux enfants et de jolis carnets et d’autres amants qui ne promettent rien du tout à part la ferveur du moment, il ya des pays aux gouvernements francs. Et il ya le Liban.
1 commentaire:
Retour aux sources!
L'enfance, la culture, la famille constituent les piliers de notre existence....
Le "moi" qu'on oublie parfois.
Avec le temps on comprend que tout fait partie de notre vie, notre existence, notre univers qui nous rend heureux et, qui, n'a pas de prix.
Les richesses des villes comme Londres, New-York, Paris ou autres sont constituées des gens différents.
Heureux, encore, que cette différence existe.
Ce qui nous permet d'apprécier les couleurs, les styles. Aimer la vanille ou le chocolat, les caresses du soleil ou du vent glacial.
Sans cette différence le monde serait une grande tristesse et un grand désarroi.
Rester soi-même et évoluer dans un monde différent c'est un défi. La chose la plus difficile lorsqu'on se trouve loin de sa famille, des choses qui ont pu nous bercer dans notre tendre enfance.
Garder et cultiver cette différence fait de soi "une femme", "un homme", à part entière.
Avec ses défauts, ses forces, ses faiblesses, ses particularités mais "unique", fier et digne.
PS: Tu as compris l'essentiel, je te félicite, tu es sur la bonne voie de la sagesse,
je te recommande à lire "Confucius", "Grammaire des civilisations".
Pleins Bisous,
bonne journée
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