samedi, juin 07, 2008

Ne dormons pas fâchés

Toutes les relations réussies sont basées sur certaines règles personnalisées propres au couple en question. Certains se mettent d’accord sur des principes de base comme la fidélité, le respect, la franchise et l’amour réciproque. D’autres règlementent leur vie commune dans ses plus petits détails, des détails un peu bizarres parfois, un peu incompréhensibles et absolument absurdes peut-être, mais respectables car ayant pour finalité le succès d’un engagement.

Certains décident par exemple de ne jamais parler de leurs problèmes aux autres, de ne pas sortir en boîte sans le partenaire, de ne pas se laisser offrir un verre, de tout se raconter, de garder la relation secrète, de ne pas fréquenter certaines personnes, ou encore, pourquoi pas, de ne pas porter du rouge. Ces règles ne doivent pas nécessairement être logiques ou explicables mais émanent d’une volonté commune, et c’est ce qui les rend exceptionnelles.

Ne dormons pas fâchés. Simple. Unique. Mais nôtre. Nous pouvons déconner durant la journée, se dire des bêtises dans la soirée, se disputer comme des malades, se traiter de tous les noms, faire des crises de jalousie, emprunter un comportement possessif et quelques fois bien excessif, se déchirer, se blesser intentionnellement, se détruire, tourner le dos, atteindre ses limites… mais nous ne dormirons pas fâchés.

Règle claire, règle paisible, règle naïve. Règle que tu as créée. Règle que j’ai adoptée. Nous traiterons chaque journée dans son individualité, chaque soirée dans son existence propre, chaque coup de tête séparément, chaque insulte dans sa fraîcheur, ce qui évite l’accumulation des soucis, des malheurs, des problèmes de couple et surtout -j'ai failli l'oublier- ce qui offre une bonne nuit de sommeil. J’aime cette règle. Elle me garantit de très beaux rêves.

Tout peut se défaire. Mais aux douze coups de minuit, la paix doit être faite. Ce soir, violation suprême d’une loi jusque là respectée religieusement. Ce soir, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit après un jeu alterné de téléphones qui sonnent sans réponse et de messages agressifs et désespérés. Ce soir, tu dors peut-être. Mais moi, j’ai le cœur qui fait un bruit insupportable et m’empêche de dormir. Je ne sais pas si c’est la violation de la règle en soi qui m’indigne ou si c’est cette crampe à l’estomac que je n’arrive à ignorer. Puis soudain je réalise, en bon juriste, que la règle n’a pas été violée. Espoir: le couple peut être sauvé. Je n’ai pas dormi fâchée. Parce que je n’ai pas dormi du tout…