mercredi, août 30, 2006

Ce qu'on nous dit.

On nous dit beaucoup de trucs. Ces choses réfléchies de grandes personnes : ne bois pas trop, fume moins, rentre tôt, étudie, sois plus sérieux, ne parle pas à autrui qui est égoïste, vicieux, agressif, méchant, malin. On nous donne beaucoup de conseils, qu’on suivra peut-être mais peut-être pas. On ne les suivra souvent pas, on fera mine d’acquiescer rien que pour faire taire gentiment l’auteur de ces directives, on sourira d’une façon hypocrite rien que pour faire croire à la personne en question qu’on est tout à fait d’accord. Alors qu’au fond : on s’en fout !
On s’en fout souvent. Et c’est la vérité. Pourquoi ? Parce qu’on a tous besoin d’essayer, et de tomber dans l’erreur, le faux, le décevant, le choquant. On en a besoin, et on n’apprend que de nos expériences. Parce que les autres ne savent rien. Absolument rien. Ou si peu.
On nous dit tellement de choses sous forme de phrases préfabriquées qui sonnent sérieuses et matures à souhait, belles en théorie, si difficilement applicables en pratique.

J’ai surtout entendu : « ne fais confiance à personne ». Je trouve que c’est tellement dommage. Car ce n’est qu’en donnant à l’autre sa confiance qu’on la mérite en retour et ce n’est qu’ainsi qu’on vit à fond et réellement les relations sociales. Car autrui ne peut nous décevoir quand il vient de recevoir un si beau cadeau : la confiance. C’est bien sur un risque à prendre mais ce n’est qu’en risquant qu’on gagne.
Alors vous entendrez de trop beaux conseils de la bouche de ceux qui savent mieux et plus. Vous pourrez bien sur les écouter. Et vous aurez raison. Ou bien vous pouvez opter pour la seconde des solutions, celle que je préfère. Vous pouvez choisir de VIVRE.

dimanche, août 27, 2006

Trop fragiles.


Je croyais qu’avec l’âge je serais plus forte. Que les expériences et les aventures diverses et successives m’apporteraient, en plus des ennuis bien sur, une certaine force. Cette force consiste à pouvoir gérer une situation devenue presque « normale » car vécue à l’avance, une fois au moins.

Je croyais qu’un homme avait moins besoin d’affection qu’une femme, puisque la femme se montre douce et fragile et que lui, souvent macho, semble être fort et heureux même solitaire.

Je croyais qu’à vingt ans j’étais encore un enfant. Peut-être pour justifier des comportements que je sais et veux immatures. Peut-être pour justifier des bêtises lucides qui se savent irréfléchies et coûteuses.

Je croyais qu’il fallait écouter les autres, qu’il fallait d’abord plaire à sa famille qui ne nous souhaite que le bonheur, à ses amis, compagnons fidèles, à ses voisins, juges curieux et sévères, à la société en général pour pouvoir s’y intégrer.

Je garde ses idées en suspens. En réalité, je n’ai aucune réponse et mes questions ne sont pas claires pour autant. Car j’ai vu un homme fragile, une femme très autonome.

Je croyais tout savoir et plus je cherche moins je trouve. J’attendais avec patience que le temps fasse bien les choses, qu’il m’apprenne à comprendre les autres et à mieux me connaître. Je comptais sur lui pour me le dire. Je voulais savoir si les « grandes personnes » demandent plus, moins ou différent de la vie. Mais le temps m’a donné une réponse provisoire, une réponse qui me plait mais qui me fait peur en même temps. Le temps m’a chuchoté qu’on est tous… trop fragiles.

samedi, août 26, 2006

Du papier.

Je l’avais dit plus tôt, sans savoir l’expliquer. Le fait que tout soit question de papier. Il faut toujours un bout de papier pour avancer : un diplôme, un visa, un permis de conduire, une licence, un billet d’argent.
Nous vivons malheureusement dans un monde dans lequel il est nécessaire de procurer une preuve afin d’être valorisé. Le dire ne suffit pas. Le montrer non plus. Le sentir… encore moins.

Ci-dessus un texte maladroit que j’ai un jour commencé. Je le publie puisque je n’ai pas encore changé d’avis mais sans vraiment savoir le développer. Peut-être qu’un bout de papier lui donnerait plus de valeur. Un diplôme en littérature peut-être ? Un jour.

vendredi, août 25, 2006

Les samedis soir d'autrefois

Je ne saurais vous dire avec certitude, pour parler de cette période passée de ma vie, si j’étais heureuse ou pas. D’abord parce qu’on ne sait jamais bien évaluer ce qu’on ressent au moment même ni apprécier le bonheur de l’instant. D’ailleurs, je ne pense pas m’être arrêtée quelques secondes pour le savoir, dans cette course qui faisait ma vie. Ensuite, parce que les souvenirs sont toujours flous, comme le sont ceux qui me ramènent ce soir quelques années en arrière. On dit que les souvenirs sont toujours heureux, même si la chose dont on se souvient l’est moins. Alors que sais-je si j’étais heureuse… Je ne fais pas confiance aux souvenirs. Puisque je les crée, comme un texte que j’écris ou une histoire que je raconte. Puisque j’en rajoute parfois un petit peu, en finissant par y croire, un peu mythomane. Et puis la mémoire a ses défauts.

Les samedis soirs d’autrefois sont différents de ceux d’aujourd’hui. On passait la journée à programmer la soirée du soir, qui allait être la copie presque conforme du samedi d’avant et de celui d’après probablement. Et puis, dans un chaos total et un bavardage autant inutile qu’assourdissant, on se préparait des heures pour bien vivre « l’évènement » qui se reproduisait chaque semaine, dans un intervalle de 7 jours exactement, comme une habitude, une routine, un rite, une dépendance. Les samedis soirs d’autrefois étaient fous, saouls, drôles et lost. Les autres importaient peu. Perdus dans la foule et la musique, on vivait pleinement un samedi soir.

Aujourd’hui, tout a changé. On a grandi peut-être. Trop vite sûrement. Puisque le samedi ressemble presque aux autres jours de la semaine, et je le passe souvent devant la télé à regarder un film quelconque sans trop de concentration. Alors on sort peut-être, parfois pas, peu importe. On s’appelle pour voir s’il y a quelque chose de prévu pour le soir, chose qui aurait constitué un crime autrefois, car trop évidente.

Si j’étais heureuse ? Sans doute oui… Je viens de croire, une fois de plus, mes souvenirs. Car je n’ai gardé en tête que les moments de bonheur. Mais on a grandi. Et demain je me souviendrai de ce soir, ce soir qui n’est pas moins beau qu’hier, non, pas du tout, mais simplement trop différent.

mercredi, août 16, 2006

La complexite de l'autre.

Il n’y a rien de plus complexe que la tentative de l’interprétation de l’autre dans ses gestes, son regard, ses sourires, sa démarche et ses paroles. Car tout acte est susceptible de plusieurs significations et la preuve de la véracité de l’une impossible.
Alors comment savoir si son sourire est ironique, aimable, invitant ou poli ? Comment savoir si sa démarche dévoile assurance ou arrogance ? Comment deviner ses intentions ? On parle du langage du corps, comme si les mouvements étaient aussi clairs que les mots, alors que ces derniers ne sont même pas de fidèles guides. Car chaque mot peut avoir des sens divers selon qu’il soit employé au sens figuré ou au sens propre, au pluriel ou au singulier. Alors comment déchiffrer le comportement d’autrui quand on ne peut se fier à ses histoires ? Comment le comprendre quand il dit trop mais n’agit pas assez ? Comment gérer la situation inverse qui suppose trop de paroles jolies, des compliments, des rimes et des promesses et peu d’action ? Quelle situation choisir à supposer qu’il y a lieu de décider ? Préférer le beau parleur quand on aime les mots et les gestes à la fois ?

L’autre est en réalité inaccessible. Et quand il est bon acteur, l’autre est redoutable. Tout le monde sait jouer la comédie en réalité. Il y a ceux qui parlent fort pour se faire entendre et couvrir la voix des autres. Ils font peur la première fois qu’on les rencontre mais on remarque vite qu’ils sont très fragiles. Il y a ceux à la voix douce et chantante, aux joues roses et au regard timide. Ils marchent doucement et semblent parfois perdus. Mais ils savent très souvent exactement ce qu’ils recherchent.
Je le regarde avec insistance, intriguée, émerveillée inquiète et je me demande ce que son corps essaie de dire et ce que ses paroles essayent de cacher. Je me demande si sa gentillesse est excessive et si sa méchanceté est préméditée. Je me demande s’il fait des jeux ou si son mouvement n’est que naturel. Alors je marche le regard fier pour cacher ma timidité, je regarde loin pour paraître désintéressée, je souris pour le mettre en confiance et je me demande s’il me trouve complexe et si comme moi, il essaie de m’interpréter.

Quand j’ai l’esprit rêveur et le regard errant, quand je suis trop calme et un peu triste, c’est que j’essaie de comprendre chacune de ses paroles et chacun de ses gestes. Je réfléchis et je repasse certaines scènes dans ma mémoire. Je regrette ne pouvoir lire dans les pensées, et mieux comprendre les gens qui m’entourent. Je regrette ne pas avoir fait de la psycho et ne pas être assez sensible ou lucide pour saisir les messages clairs et ceux qui sont au contraire cachés. Puis je réalise la beauté du mystère et le bonheur de la découverte. Car tant que cet autre est silencieux, tant qu’il cache des secrets qui font briller ses yeux et des histoires qui font sa personnalité, tant qu’il agit sans expliquer et qu’il explique sans agir, tant qu’il me fait réfléchir et essayer de comprendre, il est intéressant. Plus on s’approche et plus on apprend, on remarque qu’il n’est qu’une personne comme tant d’autres, une personne qui nous ressemble, avec ses défauts et ses craintes, avec ses complexes et ses mauvaises intentions, avec ses maladresses et ses sales coups.
Et je suis en quelque sorte soulagée et satisfaite de la distance qui me sépare de l’autre, de mon incapacité à tout le temps le comprendre et de l’impossibilité de le connaître vraiment, complètement. Mon incompréhension fait alors durer le mystère.
Et puis, "l'autre c'est moi", non? (Gad el maleh).

mardi, août 15, 2006

Le bonheur de vivre.


Hier, une personne m’a dit qu’elle aimait la solitude tout en précisant qu’elle appréciait peu ceux qui ressentent le besoin d’être tout le temps entourés. Précision faite, je ne pouvais ajouter que moi, j’ai besoin que l’on m’aime. Parce que je voulais qu’elle m’apprécie et redoutait qu’elle me classe dans une quelconque catégorie qu’elle montrait du doigt. Et lui dire que la solitude est le remède à mes problèmes serait lui mentir. Car voulez-vous bien me dire ce que procurent des heures de solitude ? Je vous entends déjà parler de méditation, d’introspection, de calme, de prière… Et après ? Une seconde me suffit. Je médite, je prie, et je me ressaisis en une seconde seulement. Parce que j’ai besoin de quelqu’un. J’ai besoin des autres. Les autres m’apportent le bonheur de vivre.
On a tous besoin d’être aimé. Mais plus encore, le besoin d’aimer. Ce n’est pas tellement égoïste après tout, puisque c’est un besoin qui offre et pas seulement un besoin qui reçoit ou retire. Mais l’amour ne constitue pas à lui seul le bonheur de vivre. A chacun son bonheur de vivre.
Cette fille que je connais trouve son bonheur quand elle remarque qu’une fois de plus, tous les regards se sont posés sur elle suite à son passage et qui s’énerve si une personne un peu distraite n’a pas remarqué son élégance.
Le bonheur de vivre quand cette femme libanaise parle à son mari en Afrique et qu’elle crie fort au téléphone parce que l’Afrique est loin et qu’il faut bien qu’il l’entende.
Le bonheur quand je me réveille le matin et que je remarque que mon petit frère s’est réveillé avant moi rien que pour me chercher des croissants.
Un bonheur de vivre qui ne dure que quelques secondes, le temps d’un plongeon ridicule dans l’eau froide d’une piscine, une journée très chaude.
Le bonheur quand nos pieds s’enfoncent dans le sable très chaud sur une très belle plage, quand ces mêmes pieds brûlent quelques secondes après, et qu’il faut courir pour atteindre au plus vite l’eau de la mer.
Le bonheur de retrouver quelqu’un qu’on aime.
Le bonheur de vivre en dégustant un énorme chocolat mou qui laisse ses traces sur une bouche gourmande et pulpeuse.
Le bonheur de vivre un soir d’été, dans une boite en plein air, quand deux corps de rapprochent comme instinctivement, perdus dans la nuit et dans une très belle chanson, accusant le noir ou la musique.
Le bonheur d’avoir une bonne note, récompense capricieuse d’efforts fous.
Le bonheur et l’assurance de plaire.
Le bonheur d’aimer. Celui d’être aimé en retour.
Le bonheur d’être seul. Mais seulement pour une seconde. Une seconde : le temps d’une prière, d’une méditation et d’une introspection. Une seconde, rien que pour se rappeler que la vie, quand il y a bonheur de vivre, n’est qu’une éternelle prière.

jeudi, août 10, 2006

Des questions qu'on se pose.


Certaines questions sont considérées unanimement stupides. Mais elles restent des questions, c'est-à-dire des points d’interrogation spontanés ou provoqués qui viennent fatiguer le cerveau et parfois même le cœur. Pour les évacuer, ainsi que pour éliminer leurs effets nocifs, il faut les poser. Mais pour cela, il faut savoir choisir la bonne personne, car interroger n’importe qui risquerait de mettre en péril la réputation de la personne qui s’interroge. Et la réputation est plus ou moins importante, quoique l’on vous dise.

Pour évacuer mes questions bêtes, j’ai choisi ma meilleure amie. Elle ne se moquerait pas de moi… Enfin, je crois. Elle sait déjà que je suis… Comment dire ? Bref, bizarre. Je lui ai demandé si comme ici, partout dans le monde, les gens se sentent parfois seuls, fatigués, tristes, abandonnés, perdus… Je lui ai demandé si comme moi, quelque part d’autre, dans un autre pays, un autre continent peut-être, quelqu’un avait envie de changer sa vie, de respirer loin, un autre air, de chanter un nouveau refrain, de rencontrer de nouvelles personnes et de vivre une nouvelle aventure. Je lui ai demandé si elle ressentait parfois le besoin de tout abandonner et de recommencer les choses à zéro, sans souci du temps, du passé, de l’avenir, des valeurs, des besoins (des autres), des exigences (sociales), des mœurs et des restrictions diverses… Je lui ai demandé pourquoi un jour, un matin, ou un soir en fait, peu importe, la fatigue l’emporte, l’ennui surtout, ou les deux, et on ferme les yeux pour ne pas pleurer, on se jette sur un lit devenu lui-même ennuyant, pour essayer de trouver une sortie de secours, une solution, une réponse à une question elle-même incertaine…

Ce sont des questions que l’on se pose, nous, quand on s’ennuie, quand on est fatigué, désespéré et coincé ici. Les réponses sont elles subjectives je crois… Quant à elle, elle pense, en regardant un concert de Patrick Bruel à la télé, que dans la salle, des personnes se séparent, et d’autres s’embrassent pour la première fois. Elle pense que certains se disputent, et d’autres ferment les yeux pour apprécier les paroles d’une chanson. Elle dit que certains ont chaud, et que d’autres pensent qu’ils auraient dû faire autre chose ce soir, aller au ciné peut-être. Elle dit aussi que certains détestent le chanteur, mais qu’ils sont venus quand même parce qu’ils ont reçu des billets gratuits ou simplement pour faire plaisir à une adolescente capricieuse qui se sent concernée quand il chante « je te mentirais ». Elle parle. Peut-être pour répondre à mes questions. Comme quoi, partout dans le monde, en France ou au Liban, qu’il y ait la paix, ou comme ici la guerre, le soleil ou le froid… on est tous pareil. D’ailleurs, dans son concert, Patrick Bruel l’a bien dit : « C’est La Vie ».

mardi, août 08, 2006

Ceux qui partent


Il y a ceux qui partent pour partir. Ils s’en vont sans savoir ce qui les attend. Ils partent le pas déterminé, le regard sûr, l’esprit prêt à rencontrer, essayer, courir, tomber, pleurer, sourire… Ils partent là-bas s’épanouir. C’est cette destination lointaine et incertaine qu’ils recherchent.

Il y a ceux qui partent pour le voyage. Peu importe le terminus, c’est le chemin qui compte. Ils marcheraient si possible, pourvu qu’ils fassent des rencontres. Tout les intéresse mais rien en même temps, car aucun objet et aucune personne ne saurait les retenir longtemps. Ailleurs, il y a mieux, pensent-ils. Mais à force de rechercher ils ne trouvent rien vraiment. Car ils trouvent tout mais pour un trop court instant. Ils possèdent tout et rien à la fois. Car ils sont attirés par la prochaine station. Une station qui restera prochaine. Voici le profil type du voyageur, qui ressemble beaucoup à celui du dragueur. Quelque part d’autre, ailleurs, là-bas, au loin, à l’étranger, quelqu’un l’attend. On voudrait tant être ce paysage lointain. Mais c’est impossible. Alors on se contente de ses souvenirs, et de ses rêves surtout. Il décrit choses et saveurs une lumière aux yeux. Et il dit ensuite Adieu…

Il y a ceux qui ne partent qu’à moitié. Ils aiment le nouveau décor mais sont envahis par le passé. Ils pensent à leur chambre, à leur lit, à leur belle voisine inaccessible, ils pensent à la rue de la fac, au resto du coin, à l’odeur des crêpes qui se dégage de la cuisine pour envahir la chambre et les réveiller un sourire aux lèvres, ils pensent au bruit de la mer, à ses vagues douces et timides, ils pensent aux discussions tardives sur un balcon discret… Ils pensent à tout. Et ne sont jamais vraiment partis. Ils sont entre un là et un là-bas et vivent difficilement un beau voyage. Il faut les pousser, les regarder sévèrement, les obliger a bien vivre l’aventure. Mais ce sont de mauvais voyageurs.

Ci-dessus une description brève des voyageurs que j’ai connus. J’admire les premiers, j’évite les seconds et je plains les derniers. Qui suis-je vraiment ? Je l’ignore… Ici, le monde que j’aimais. Celui que j’aimerai à nouveau peut-être, une fois guéri. Ailleurs, le monde qui m’attire un peu, celui que j’ignore, qui me tente, me sourit, me séduit.
Partir pour la route ? Partir pour l’arrivée ? Ou partir pour rester ?
Est-ce que nous partons vraiment ? Je ne le pense pas… Car pour partir, il faut d’abord se déplacer, changer d’endroit et de mode de vie, changer d’amis et d’habitudes, d’idées et de visions peut-être. Il faut ensuite que le passé s’éloigne aussi. Mais quand on a un si beau passé, une si belle maison et tellement de souvenirs, ils décident de nous suivre et de partir eux aussi. Alors on part tous ensemble… Oui, là-bas. Pour rester un peu ici.
C’est pour cela qu’on a le regard de l’orient, les gestes de la méditerranée, le sourire libanais, la générosité arabe et l’accent qui chante. C’est pour cela que l’on marche lentement, en balançant les hanches, et en souriant bêtement… C’est au Liban que l’on pense.

Publie dans l'Orient Le Jour le samedi 13 janvier 2007

dimanche, août 06, 2006

Les femmes.


Les femmes veulent parfois être fortes. Elles ont les larmes aux yeux et un nœud à la gorge mais elles s’éclaircissent la voix, prennent un ton sérieux pour dire un truc qu’elles pensent et pas un truc qu’elles ressentent. Parce que parfois, il faut qu’elles le soient. Fortes.

Les femmes s’énervent quelques fois. Elles s’énervent souvent pour un tout petit truc, comme une parole blessante dite par un fils qui ne la pensait pas vraiment. Le fils était énervé, il a dit n’importe quoi. Et n’importe quoi blesse maman. Elle se retourne alors, fait mine de s’en aller. Il prononce la formule magique qui la retient toujours : « j’ai besoin de toi ». Maman revient.

Les femmes sont sensibles, honnêtes, fidèles, sincères. Les femmes sont belles. Et les femmes peuvent êtres fortes. Il suffit de croire en elles. Peut-être qu’elles auraient mieux fait les choses, elles… Mais elles sont souvent en coulisse. Et sur scène, il y a encore ceux qui échouent.
Les femmes ont peut-être la solution. Puisqu’elles « sont » la solution. Elles ont la force et la conscience. Laissez-les faire. Voulez-vous ?

Ecouter les autres parler.


Ecouter les autres parler est sans aucun doute la meilleure façon de déprimer. Par meilleure je veux dire rapide et efficace.
Je vous invite chez moi écouter un con offrir son pronostic sur la durée du voyage. Quel voyage ? Voyons !!
Je vous invite chez moi. Venez, vous écouterez une fille qui ne s’est jamais intéressée à la politique, peut-être parce que comme moi, la politique ne s’est jamais intéressée à elle. Venez l’entendre parler. Elle vous dira que demain, en plus de la rareté de l’essence, on assistera à une coupure permanente d’électricité. Vous la verrez très inquiète aussi. Elle demandera à ses parents, d’un air naïf, à la limite bête, comment ceux-ci ont survécu la précédente guerre sans portable et ordi. Vous ne les entendrez pas répondre que ces objets inutiles n’existaient pas à l’époque. Par manque de patience peut-être. Ou par manque de confiance… en elle.
Je vous invite chez moi, vous verrez quelqu’un qui n’a toujours pas su ce qui se passe. « La guerre ? Ou ça ? ».
Lui, pfff… Lui dit qu’il y aura une guerre civile. Il sirote son thé. Et s’amuse à dire des bêtises. Qu’est-ce qu’il en sait !
Elle… je l’aime bien. Elle me dit d’accélérer à chaque fois qu’on passe sur ou sous un pont. On accélère alors, on hausse un peu la musique… Et on rigole une fois le pont passé.
Si vous etiez venus plus tôt, vous auriez vu 5 personnes, l’une après l’autre, prendre quelques affaires à la hâte, et quitter.
Venez répondre au téléphone. Venez parler aux personnes que j’aime, qui, elles, sont optimistes -heureusement-, mais –malheureusement- très loin aussi.
Venez chez moi. Venez me dire que c’est une question de temps. Venez leur dire d’apprécier la chance qu’ils ont. Venez rire. Venez discuter. Venez puis repartez. Ce ne sont que des paroles. Mais j’en ai marre d’écouter les autres parler.

samedi, août 05, 2006

Un peu partout...

Les gens sont eparpilles ici et la. Dans chaque pays un etre cher. Il suffit de se concentrer, de penser a la personne qu'on aime, pour faire un petit voyage.
Avec lui, je ne reste jamais longtemps au meme endroit. Il ne sait pas ou il va. Mais je lui fais confiance. Alors je pense a lui, et j'entends le son de sa voix. J'entends son rire, et je le vois sourire des yeux. Alors il m'emmene avec lui.
Puis je pense a elle. Mais je ne sais pas exactement ou elle est, et je connais tres peu le decor ou elle se trouve. Alors je l'imagine en me basant sur ses histoires et ses descriptions. Mais elle ne parle pas beaucoup. Alors je reve... Et j'aime bien.
Je pense a lui aussi. Il doit etre plonge dans ses livres. Non, pas pour etudier. Plonge pour y dormir. Il est paresseux. Et ne saisit pas la chance qu'il a, celle d'avoir un truc a faire.
Aujourd'hui je suis avec elle. On evite de parler d'eux. Et on se parle tres peu. Dans notre silence, on se comprend. On respecte le calme de l'autre. Parce que chacune de nous fait, a elle seule, un beau voyage. C'est un voyage intime, un voyage secret, un voyage improvise. C'est un tres beau voyage. Un voyage dans les pensees.

jeudi, août 03, 2006

Quand les jeunes s'en vont.

Que font les vieux quand les jeunes s’en vont ? Que fait un père quand il laisse sa fille s’en aller, quand il la laisse partir et qu’il ne sait pas s’il doit l’en empêcher ? Que fait-il quand il est obligé de la quitter et que ses yeux pleurent et que son cœur ne peut plus supporter ? Que font des parents qui ont enfin pu voir leurs enfants devenir « grands », quand leurs petits-grands décident de vivre là-bas et pas ici ?
Que font des grands parents qui ont retrouvé le sourire depuis la naissance de leur petite fille quand leurs enfants décident de l’emmener dans un endroit plus calme. Que font-ils quand ils ne savent plus sourire puisque cette fille a emmené ce bout de bonheur avec elle, souvenir de son pays, souvenir de ses amis ?
Que fait une mère qui veut envoyer son fils poursuivre ses études à l’étranger, non pas parce qu’elle doute du niveau local mais parce qu’elle a dû voir les portes des écoles se refermer ? Que fait-elle quand elle vit seule et que de lui elle ne peut se séparer ?
Que fait un père qui travaille très loin, qui regarde les nouvelles et voit des avions survoler son toit ? Que fait-il quand des nouvelles de ses enfants, il n’en a pas ?
Que font les vieux quand les jeunes s’en vont ? De quoi vivent-ils quand c’est de leur énergie qu’ils vivaient et dans leurs yeux qu’ils rêvaient ? Qu’espèrent-ils quand ils ne peuvent plus être fiers de la réussite de ces derniers ?
Que fait une sœur qui sait qu’au loin là-bas ses frères pensent à elle ? Que fait-elle quand il lui est impossible désormais de les voir, et difficile de leur parler ?
Que font les moins jeunes? Que font-ils ? Pourquoi sont-ils obliges de se séparer de leurs petits ? Seront-ils fiers en cas de victoire ? Peuvent-ils réellement crier victoire quand dans leur maison, il n’y a plus d’espoir ?
Que compte vraiment ? Le monde ? Un pays ? Une patrie ? Non… d’abord la famille.

mercredi, août 02, 2006

Le Désintérêt.

Le Désintérêt fait partie d’une grande famille. Ses frères et sœurs, comme lui, ont souvent le visage pale, les yeux à moitié endormis et la démarche nonchalante. Vous connaissez sûrement L’Indifférence, l’Ennui, l’Ignorance. Quelque soit le stimulus extérieur, leur réaction est, sinon absente, du moins difficile à remarquer. Leur silence est ennuyant. Leur silence est silencieux. Ou plutôt… désintéressé.

Depuis quelques jours, je fréquente Le Désintérêt. Et j’ai adopté quelques unes de ses mauvaises habitudes. Je me réveille en n’espérant rien de nouveau et en me contentant de la reproduction presque parfaite de la journée précédente. Si quelques élément, eux, varient, l’ensemble reste à peu près le même. Non, pas triste. Indifférent.

Comment reconnaître Les Désintéressés ? Ils regardent passivement la télé et ne remarquent pas quand on change de film. Ils iraient n’importe où, peu importe où on les emmène. Ils ne se mettent pas en colère. Mais leurs yeux ne brillent plus depuis longtemps.
Ils sourient à tout le monde et ne se soucient d’un sourire en contrepartie, ce sourire qui faisait, avant, leur vie. Ils souffrent beaucoup, puisqu’ils ne savent plus souffrir. Ni joie, ni peine, ni peur, ni froid, ni amour, ni haine.
Ils n’espèrent rien. Même pas la seconde qui suit. Mais ils ne détestent pas le présent pour autant.
Le Désintérêt, le sentiment du non sentiment. Le Désintérêt, l’angoisse de l’angoissant. Le Désintérêt, la passion de la non passion. Le desinteret: la mort, l'inertie, le néant.