jeudi, novembre 20, 2008

Il parait qu'elle se marie...

Je me souviens d’avoir assiste, avec mes parents, aux plus belles ceremonies de mariage. C’etait souvent en mai, au meme moment ou l’on voit apparaitre les coquelicots, les cyclamins et les marguerites. Je me souviens tres bien des mariees, toujours ravissantes dans des robes de princesse. Je me souviens des eglises, majestueuses et si bien decorees. J'avoue ne pas trop me souvenir des maries, occupant un poste secondaire selon mon jugement d'enfant. Et je me souviens surtout des delicieux eclairs au chocolat, des petits bonbons entoures de rubans en soie et des grains de riz qu’on lancait... je ne sais trop pourquoi.
Je me souviens des klaxons de voitures interrompant nos jeux d’enfant et devoilant a nos yeux bien ronds de curiosite, un bras de femme saluant notre innocence et annoncant une histoire d’amour sur le point de s’officialiser.
Je me souviens du mariage de mon oncle qui m’avait choisie comme fille d’honneur. Je n’avais aucune envie de porter une robe en jupons, ni un noeu rose autour de la tete, ni des ballerines vernies. C’etait une phase ou je preferais jouer avec les garcons et j’avais peur qu’ils ne se souviennent que je n’etais qu’une fille et qu’ils me rejettent de la bande. Je n’avais surtout pas le courage de traverser l’allee de l’eglise sous le regard attentif des centaines d’invites. Mais une fois le moment venu, je me souviens d’avoir ressenti, malgre mon jeune age, une emotion inexplicable. Je ne sais si c’etait la beaute du decor, les larmes dans les yeux des membres de ma famille ou la traine en dentelles de la robe de la mariee que je tenais entre les mains.
Une dizaine d’annees plus tard, autour d’un cafe, mes copines et moi partagent surprise et etonnement de savoir que nos amies a nous planifient de se marier. Hier encore on s’echangeait des confidences sur les mecs et collectionnait aventure sur aventure. Le plus incroyable selon l'une de mes amies c’est de savoir que les plus volatiles d’entre nous ont decide de se marier les premieres. D’abord, ca fait drole d’y penser. Et c’est surtout le sujet le plus juteux des dimanches apres midi. Puis ca commence a nous faire peur. Le mariage c’est si difficile apres tout, et la rumeur (appuyee de statistiques) selon laquelle un mariage sur trois finit par un divorce ne manque pas d’etre mentionnee a chaque fois que l’on ouvre le sujet. Ensuite... on se sent si jeunes, si maladroites et si irresponsables pour fonder une famille, avoir des enfants et devoir s’occuper de quelqu’un d’autre que notre petite personne. Et puis surtout, nos carrieres se dessinent a peine et on a toutes pu, malgre nos sorties irraisonables et nos vies amoureuses toujours bien mouvementees, reussir nos etudes et developper un gout pour la reussite.
Et puis un jour... ma soeur m’annonce qu’elle decide de se marier. Si le mariage de mes amies a impose une rencontre cafe illico pour commentaires futiles et rires inoffensifs, la nouvelle du mariage de ma soeur m’a laissee bouche bee quelques minutes et perdue les minutes suivantes. Je ne sais pas quel sentiment a prevalu. Le bonheur ? La peur de la perdre ? La jalousie de cet homme qui a reussir a conquerir son coeur ? L’incomprehension face a cette decision que je n’ai su voir venir ? La peur que ce ne soit un mauvais choix ? Des questions qui restent en suspens car nul ne peut predire l’avenir et nul ne peut voir a travers le nuage que cree l’amour. Des questions balayees par un enthousiasme a retardement concernant la robe, les fleurs, la musique et surtout... les eclairs au chocolat.
D’abord les amis de mes parents. Ensuite nos amis. Et puis nos freres et soeurs. Peut-etre meme un jour, dans l’avenir proche ou lointain, nous memes.
Le mariage libanais, cette ceremonie grandiose qui rassemble les membres de la famille, les amis intimes, les voisins du village, les amis des voisins, les collegues du travail, les amis d’enfance et tous ces gens qu’on ne connait meme pas et qu’on croit invites du mari nous plongent tous dans un tourbillon assourdissant ou chacun se croit occuper le meilleur role. Meme si, bien evidemment, en tant que temoin, c’est le mien qui soit le plus important.
Mais au dela de cette fete qui amuse tout le monde et alimente les bavardages du dimanche matin des femmes du village, critiquant robe, nourriture et temperature, on ne peut esperer qu’une vie commune fondee sur l’amour mutuel, le partage et le respect. Et entre temps, bien sur, profiter de cette fete qu’on attend toute l’annee pour boire, rire et surtout... attraper le bouquet.