mardi, décembre 22, 2009

Libérée

Il est midi. J’ouvre à peine les yeux et je vérifie l’heure. 12 heures exactement. Je suis satisfaite d’avoir dormi si longtemps. Au moins, je n’ai pas à supporter encore une matinée pluvieuse et grise. Pourtant, ce dimanche matin, je me trompe… Les rideaux mal fermés laissent entrevoir un ciel d’un bleu intense et un soleil imposant. Bien sûr, la neige n’a pas encore fondu. Mais moi, j’aime la neige. J’aime qu’elle tombe, j’aime qu’elle reste, j’aime qu’elle soit blanche, j’aime qu’elle soit associée à la période des fêtes et j’aime qu’elle soit nouvelle dans ma vie. Je ne me suis pas souvent réveillée dans une ville enneigée. Et comme un gosse excité de faire un bonhomme de neige (ou une bataille selon ses goûts personnels) j’accours vers l’extérieur me prendre un café et admirer Londres, une ville que j’aime de plus en plus tous les jours. Surtout quand il neige. Les trois premières marches de l’escalier furent sans incident particulier. Mais à la quatrième, mes ballerines tellement irréalistes glissèrent et je tombai à plat sur la glace oubliant du coup le paysage, la neige, Londres, Noel. Ma douleur me rappela soudainement que j’étais prisonnière ici, sans papiers, et que j’ai du observer chacun de mes amis quitter le pays en cette période de l’année pour aller passer Noel en famille. Surtout Sandy. Son départ m’a fait mal. Ma douleur me rappela que je déteste l’hiver et que depuis qu’on m’a confisqué mon passeport pour renouveler mon visa je souffre d’une claustrophobie que je n’ai jamais ressentie avant. Je ne sais pas si je serais rentrée au Liban avant si je le pouvais… mais le fait qu’on me vole l’option, le pouvoir de choisir, la liberté de partir, la possibilité de prendre un vol sur un coup de tête me fait mal et me fait ressentir que mes parents sont aujourd’hui plus loin que jamais. Au téléphone, je parle de neige, de la soirée d’hier durant laquelle j’étais assez distraite pour être tout à fait honnête tout en réussissant une attitude festive mais tellement menteuse, je parle de mon nouvel appart dans lequel je viens d’accrocher un tableau que j’avais commandé le mois passé et que j’avais complètement oublié et de ces autres choses banales et anodines qui cachent le fait que je suis en mal de vous, en mal de ma maison, en mal de Beyrouth. Puis je rentre chez moi. Et je m’ennuie. Je le dis mille fois. Je le dis comme un gosse antipathique et je ne puis m’empêcher de le cacher. Toi, mon copain, mon meilleur ami, mon complice, tu ris. Et moi je me souviens de mon enfance et du fait que je répétais sans cesse à ma mère que je m’ennuyais ; chose qui l’exaspérait. Mais ce soir, vraiment je m’ennuie. Je n’ai pas encore installé la télé, ni internet, je n’ai dans ma pseudo-bibliothèque que des livres de droit que je n’ai même pas lus pour l’examen et qui m’ennuient encore plus du seul fait de les remarquer, il n’y a que nous deux dans une ville fantôme et tout est fermé pour les fêtes. Je ne puis m’empêcher de trouver cela ironique. Les fêtes sont pour sortir. Et tout est fermé. Je me plains. Et toi tu m’écoutes. Je me plains. Et toi tu ne dis rien. Puis on discute, on parle de choses dont on n’a jamais parlé auparavant, j’essaie de griller des sandwichs de fromage au four mais j’échoue dans la tentative de le faire fonctionner, j’opte pour le four à microondes, les sandwichs deviennent tout moelleux mais on mange quand même faute d’options, on parle encore, on joue à des jeux de société, on regarde des photos que j’avais oubliées prises il ya des années, dans des rues perdues, sur des plages et dans des cafés puis je regarde mon reflet au miroir pour voir si j’ai grossi, si j’ai changé, si mes cheveux étaient mieux plus foncés, tu ris, ca m’agace un tout petit peu puis je ris aussi, je mets du vernis sur mes ongles, la batterie de ton téléphone meurt parce que j’ai trop joué avec, tu t’endors sur le canapé, je te réveille et tu t’en vas… et moi, chez moi, seule et très déconnectée, je réalise que je ne m’ennuyais plus depuis des heures, je réalise que j’ai besoin de très peu pour être heureuse, très peu pour exister. Et surtout, que je ne suis plus prisonnière du tout. Mais plutôt… libérée.

dimanche, décembre 20, 2009

Club des 6

La jeunesse a une arrogance qui me fait honte. La jeunesse croit savoir toujours plus et mieux rien que parce que le monde a change, rien que parce que le monde a evolue, rien que parceque les jeunes croient etre les seuls temoins de la nouveaute. La jeunesse a cette legerete que je ne peux plus supporter, cet abus du corps et de l’esprit amnesique de la vie qui suit, cette idee d’immortalite tellement erronee et pourtant si bien materialisee. Je suis jeune. Et j’ai souvent cru mieux et plus savoir parce que les choses aujourd’hui sont differentes. Mais la jeunesse oublie que les moins jeunes connaissent le passe et le present. Alors que les jeunes ne connaissent que le present. Si les jeunes ont un espoir d’avenir, ce n’est pas pour autant que la vie doit etre traitee avec si peu de respect. Et ce n’est pas pour autant que la vie doit etre tres serieuse non plus. Oui, j’ai cru decouvrir, experimenter et apprendre. Jusqu’au jour ou j’ai decide de prouver que le celebre proverbe se trompait. “Si vieillesse pouvait, si jeunesse savait…”. Jeunesse ne sait pas. Mais jeunesse veut ecouter. Jeunesse devrait… L’esprit est l’animal rebel qui devrait etre apprivoise. Quand l’esprit est tranquille, le corps est beau. Et quand l’esprit est lourd, le corps le reflete. Il facile d’avoir l’esprit lourd. Tout dans la vie peut l’allourdir. Un echec quelconque peut peser des kilos. Une difficulte financiere une tonne. Une rupture amoureuse aussi. Mais plonge dans un ou dans l’autre de ces problemes, on pense rarement que la vie pourrait etre beaucoup plus brutale. Souvent on croit que notre probleme est le pire. Souvent il ne l’est pas. Aujourd’hui j’ai decide d’ecouter ce que les moins jeunes autour de moi, qui ont tout vecu avant moi et qui savent tout plus que moi me disent, ce qu’ils se tuent a m’apprendre, ce qu’ils veulent a tout prix me transmettre, ce qu’ils repetent depuis des annees. Oui, je vous dois tout. Vous qui avez sacrifie tout pour moi. La jeunesse a une arrogance qui me fait honte. Une arrogance dont je me suis debarrassee. Non, je ne sais rien. Mais je sais que l’homme n’est pas egoiste comme le pretendent certains philosophes. L’homme n’est pas egoiste puisque vous m’aimez d’un amour tellement inconditionnel que je commence a croire en une creature surhumaine tellement genereuse de bonte. Dieu soit-il. Ou n’importe qui d’autre. L’idee m’est devenue claire. Peu importe ce qu’on l’appelle. Mon esprit sera leger car aucun probleme ne peut etre irreversible, aucun probleme ne peut etre dramatique, aucun probleme ne peut etre sans issu. Mon esprit sera leger et mon corps sera beau par consequent. Oui, mon esprit est leger parce que je ne suis pas seule. On est six. Et oui papa, je prendrai soin de mes cheveux… toi tu sais. Et mon arrogance, je m’en suis debarrassee. Je vis pour vous 5, je vis pour ce club des 6 qui me fait croire en Dieu. Que l’amour existe ou pas je m’en fous. Moi, je l’ai. A travers chacun de vous. Je vous aime pour la vie. Vous, ma famille.

jeudi, novembre 12, 2009

Un renard dans la ville

C’est un jour de pluie… Un jour qui vient affirmer, de la façon la plus arrogante qui soit, à ceux qui, comme moi, nie l’arrivée de l’hiver et prétendent encore que c’est un été indien, londonien ou autre que l’hiver est là. Et pour de vrai. Que l’hiver est là pour rester. Il pleut partout. Sur les rues, sur les trottoirs, dans le parc et partout à Londres. La pluie inonde mon t-shirt tellement inapproprié pour le temps qu’il fait, mes ballerines trop fragiles pour cette époque de l'anneee et… toutes mes pensées. Je cours à Angel. Angel, une partie de Londres qui n’a rien d’angélique. Sauf le nom. Je cours fuyant la pluie et espérant que la journée s’écoule au plus vite pour que je rentre me faire un bon thé au jasmin dans un lit tiède qui lui ne sait rien de ce qui se passe dehors…
Et soudain, sur un trottoir bien citadin, j’aperçois un renard. Un vrai. Je ne crois pas mes yeux. Qu’est ce qu’un renard peut bien faire à Angel ? A Londres ? Une ville au vrai sens du terme, une ville qui n’a rien de vert, une ville qui n’hébergeait jusque là que des gens trop occupes et... des écureuils. Je m’arrête. Immobile. Je doute de ma vision. Je n’avais jamais vu un renard avant. Sauf en photo. Je le regarde les yeux tout ronds de surprise. Et je suis sûre qu’il me fixe aussi… avant de prendre la fuite. Il a disparu d’une façon encore plus étrange que son apparition. Il a disparu me laissant seule sur le trottoir, trempée, dégoutée et perplexe. J’aurais voulu l’apprivoiser… j’aurais voulu lui demander des conseils de survie... Mais il etait deja parti.
Et puis je compatis avec lui… un renard dans une ville auquel il n’appartient pas. Une créature arrachée à son milieu naturel et essayant d’appartenir à un monde fou qui bouge trop à son goût. Un animal sauvage qui se demande ce qu’il fait là, ce qui a bien pu l’emmener là et s’il va pouvoir survivre dans une ville plus dangereuse qu’en pleine forêt. Je compatis avec lui. Lui qui me rappelle qui je suis …

mardi, novembre 10, 2009

La vie à vélo

Je n’ai jamais été douée pour le sport. A moins que le bavardage n'en fasse partie… En cours d’éducation physique à l’école, je prétendais un malaise qui se répétait tous les mardis à huit heures et que personne ne croyait pour que je sois exemptée du cours et que je reste en classe lire… ou rêver.
Plus tard, ma sœur sportive a voulu s’inscrire à un cours de gymnastique. Bien sûr j’ai voulu faire comme elle. Le cours était qualifié de « débutant ». Pourtant, à la première séance, il n’a fallu qu’un claquement de doigts du prof pour que tous les élèves – y compris ma sœur débutante comme moi – sautent et atterrissent sur les bras… les jambes droites, parallèles, tendues, élancées en l’air. Et moi ? J’étais étalée sur le matelas de la salle, ennuyée de leurs manèges et jalouse à la fois. Je finis par considérer cette heure de gym comme une sieste en salle éclairée sur un matelas en caoutchouc… tous les jeudis. Toutefois, je ne m’absentais à un aucun cours. J’étais une élève disciplinée.
Des années se sont écoulées. Et je ne suis pas plus sportive pour autant. Toutefois, aujourd’hui je ne peux plus compter sur la nature et les gènes chanceux pour rester en forme. Alors je décide d’adhérer, un pas vers l’avant et deux vers l’arrière, à un cours de bicyclette. Les premières fois furent pénibles. Je fixais la montre accrochée sur le mur et qui semblait s’immobiliser tout en envoyant des textos à mes copines pour qu’on décide si l’on va déjeuner une pizza ou un hamburger…
Et puis… je commençai à y prendre goût, malgré la douleur physique. Petit à petit je réalisai qu’il s’agissait d’un effort simultané du corps et de l’esprit… Et c’était là la beauté du sport. Cette danse harmonieuse de la peau et du cœur. Je réalisai qu’il fallait se préparer mentalement et se stimuler pour pouvoir endurer… Qu’il fallait avoir, comme toute discipline, beaucoup de … discipline. Et j’y trouvai mon plaisir et ma satisfaction, en plongeant dans le plus profond de mes pensées, de ma force interne, de mes souvenirs, de mes ambitions pour pouvoir bouger mes jambes de la façon la plus rapide et la plus déterminée et arriver là où mes rêves se posent pour m’observer VIVRE, pas encore les jambes en l'air mais certainement... à vélo

jeudi, novembre 05, 2009

N.

C’est un amant sauvage qui me construit en même temps qu’il me détruit. En éternel commencement. C’est un amant qui peut parfois me plonger dans la solitude pour ensuite me combler de satisfaction. C’est un amant effervescent qui peut quand même être sombre et silencieux tout à coup. Surtout les nuits d’hiver. C’est un amant que j’adore et que je hais à la fois. Un amant que j’ai envie de découvrir de la peau au plus profond de l’être et que j’ai envie de quitter parfois, pour ne plus jamais lui revenir et le remplacer par quelqu’un de plus stable, monotone, prévisible… Cet amant c’est la ville que j’habite depuis quelque temps…
Londres. Une ville tellement cosmopolite. A chaque coin de rue se cachent une aventure nouvelle, une rencontre hors du commun, une conversation bouleversante, des ennuis, des bonheurs, des ballades ensoleillées dans un parc un après-midi rare de début de printemps ou une course maladroite pour fuir la pluie parce qu’on ne porte jamais de parapluie… C’est une ville où l’on peut se sentir tellement fort quelque fois, surtout quand on descend l’escalier interminable d’une station de métro, qu’on est débout sur la première marche d’en haut et que l’on se sent à la tête du monde et à portée de main de nos rêves les plus irréalistes. Mais c’est aussi une ville où l’on peut se sentir extrêmement seul aussi quand les transports en commun sont en grève, qu’on ne trouve pas un taxi, qu’il fait 0 degré dehors, qu’on porte sa veste légère super sexy mais tellement inutile, qu’il est une heure de matin, qu’on rentre seul et qu’on finit par marcher des heures dans un froid glacial et dans des rues qui dorment très profondément dans le plus profond des silences…
C’est une ville que je partage avec toi. Toi qui la vis comme moi. En dilemme permanent. En toxicomane content. En satisfaction extrême puis chute libre qu’on vit amèrement tout en savourant la douleur…C’est une ville qui nous plonge en plein désespoir pour ensuite nous offrir une porte de secours, une nouvelle chance, une opportunité folle… à celui qui sait les voir. Après des mois de combat, après des batailles dans lesquelles on essaie souvent d’agir en guerrier téméraire mais dans lesquelles on baisse aussi souvent les bras, je te vois. Toi que je connais depuis toujours alors que je n’ai jamais connue pour de vrai. Et au doigt, je remarque ta bague. Celle qui n’a jamais quitté ton doigt et que j’avais aperçue auparavant. Une bague sur laquelle était inscrit le mot « Hope » qui signifie « espoir » en anglais. Et je souris. Tu souris aussi sans vraiment chercher à savoir la chose qui m’amusait… Oui, ca me fit sourire que tu sois toujours optimiste dans cette ville qui nous a quelques fois trahies. Et je comprenais. Je n’avais pas « espoir » sur le doigt. Mais je l’avais comme toi, tatoué sur chaque millimètre de ma peau.

Dedie a N. qui partage le meme amant...

mercredi, octobre 28, 2009

Essuyeur de glaces

Lui, c’est le plus silencieux. Je le vois souvent sans vraiment l’aborder. Il a de ces regards qui intimident et une attitude d’observateur concentré qui me ramène illico quelques années en arrière, en juin plus précisément, mois pendant lequel, au lieu de profiter du soleil et des vagues, j’espérais du fond du cœur, faisant des allers retours nerveux dans le couloir de ma fac de droit, tomber sur un chapitre que j’avais bossé. En d’autres termes, il est tout simplement sombre… Et malgré la curiosité qu’il provoque en moi, cette envie de tout savoir de lui, de ce qui le rend triste a ce qui le fait rire, je l’évite comme s’il m’intéressait le moins de tous. Je me suis souvent demande si c’était un jeu qu’il jouait, une image qu’il se donnait, pour jouer l’inaccessible, le mal compris, l’artiste, le fort, le sensible, l’invincible…
Un jour, au tournant d’une conversation banale comme toutes celles qui meublent les dimanches après-midi, ces conversations qui n’ont aucun sens et qui seraient effacées en premier si on devait trier notre vie, on s’amusait à confronter nos rêves d’enfant à notre situation d’adulte. Bien sûr, il y eut le pompier, le pilote d’avion, l’astronaute, le chercheur, le scientifique, le top model, l’artiste, l’acteur, l’écrivain, la styliste… Bref, ces métiers qui ne sont pas de vrais métiers en réalité, mais des passions que les plus chanceux réussissent à rendre rémunératoires. Mais aujourd’hui, ces rêves d’enfant avaient laissé place à des occupations ordinaires, routinières et parfois… décevantes. Celle qui rêvait d’être top model était devenue nutritionniste, celle qui voulait être chanteuse a découvert un peu tard qu’elle n’avait pas la voix et était devenue architecte, l’acteur a laissé place au banquier, l’astronaute était devenu médecin etc etc …
Lui, comme d’habitude, restait silencieux. Il écoutait d’un air ennuyé. Il a fallu qu’on le lui demande pour qu’il nous fasse part de ses jeunes ambitions. Petit, il voulait devenir essuyeur de glaces. La confession nous fit rire… Mais lui, ne riait pas… Il était sérieux. Quand il était tout petit, il s’asseyait par terre et regardait l’homme qui nettoyait leurs vitres énormes typiques dans l’architecture anglaise. Il observait la transformation de la vue floue à la vue claire et éblouissante qu’offrait une vitre propre et se disait que ce métier était fantastique. Il voulait faire ca lui… rendre les choses plus belles. Et pour lui qui ne sortait jamais, les choses étaient plus belles quand les vitres étaient propres…
Aujourd’hui il était devenu banquier. Et de la vitre de la banque en pleine capitale, la vue était rarement étincelante, souvent brouillée. Les gens étaient trop occupés pour nettoyer. Il ne rend pas la vue plus belle, ni la vie plus claire… les autres n’étaient pas devenus chercheurs, écrivains, pompiers, mannequins… Et lui… n’était pas devenu essuyeur de glaces.

Ce n'est que social...

Certains avouent être influencés par la société. D’autres se disent rebelles et refusent de s’aligner. Ils préfèrent vivre en marge. Ils prétendent que la société n’impose point leurs choix, ne dictent en rien leurs comportements et n’affectent en rien leur sentiment de bien être. J’ai souvent fait partie de cette seconde catégorique. D’un air stoïque et du ton le plus léger que j’arrivais à performer, je me disais libre, ivre… vivante.
Et pourtant… la société devait confirmer mes actes. Et je remarquais la même attitude chez les autres aussi. Le bonheur serait donc que la société soit convaincue de notre bonheur. Le plaisir d’une chose nouvelle serait alors exposer la nouvelle acquisition aux autres pour sentir qu’on la possède. La fierté d’un succès quelconque serait de le fêter en groupe. La preuve d’une bonne attitude serait d’être considéré, par les autres, poli. La récompense du macho serait de promener sa nouvelle proie et d’obtenir le regard jaloux de ses amis. La confiance en soi d’une jeune fille dépendrait de son poids et de sa ressemblance aux filles anorexique des magazines. Mais est-ce vraiment le bonheur, le sentiment de plénitude, l’honneur, la vérité ? Quand on est réellement heureux, ne suffit-il pas de le sentir ou faut-il toujours l’exposer, le chanter, le crier ? Est-ce que notre réussite se mesure par la jalousie qu’on suscite ?
« Pour vivre heureux, vivons cachés » dit le proverbe. Et aujourd’hui, je ne pourrais être plus d’accord. Quand on essaie de faire ratifier sa vie par les autres qui gèrent à peine la leur – et encore – on perd son bonheur dans la superficialité de la société. Le bonheur, pour moi, existe quand la tranquillité veille sur mes rêves lorsque je dors, quand ceux qui comptent vraiment pour moi sont heureux et en bonne santé, quand je n’ai rien à me reprocher, quand j’accomplis mon travail, quand je ris avec une personne que j’aime, quand toute la famille est rassemblée à Noel, quand mon père me raconte qu’un nouveau chat est né dans le jardin, quand je réussis un examen que j’ai beaucoup préparé, quand il fait beau, quand il pleut et que dedans il y a la cheminée, quand c’est l’été, quand je reçois une lettre d’une amie d’enfance, quand je reçois une lettre tout court, quand l’odeur du gâteau que je viens de faire se dégage de la cuisine et que j’accours pour le sortir du four, quand ma copine commande un sandwich jambon fromage pour retirer le jambon à chaque fois – mon dieu combien ca m’exaspère -, quand c’est les vacances, quand mon frère se réveille, au plus tôt, à midi et que l’autre est réveillé depuis la veille, quand ma sœur me téléphone, quand je suis sous l’eau, quand l’avion atterrit sur l’aéroport de Beyrouth et que mon cœur bat fort, quand je retrouve une amie à la station, quand c’est Noel, quand Noel c’est fini parce que l’embouteillage quand même…, quand je pardonne, quand je me fais pardonner, quand je suis aimée mais surtout… quand j’aime. Oui, c’est ca le bonheur pour moi. Et puis que la société ratifie ou pas… ce n’est quand même que… social.

samedi, octobre 24, 2009

Faites gaffe aux mots


Récemment, lors d’un entretien auquel je croyais m’être bien préparée, ayant tout appris sur la compagnie, ses compétiteurs, les services qu’elle offre etc., on me posa une question très simple et pourtant… je ne sus y répondre.
On me demanda de me décrire en trois mots. Je ne sus quoi dire… moi qui aie toujours des centaines de trucs à dire. Je ne sus quoi dire, non pas parce que trois mots ne suffisent pas, mais au contraire, parce que je ne trouvai 3 mots à dire sur moi… un mot aurait suffit. Mais ce mot là, j’évitai de le dire car il ne mettait point en avant les qualités requises pour la position à laquelle je postulais. Je suis « distraite ». Voici comment je pouvais me décrire en un seul mot. Et au lieu de le dire, je plongeai dans un long silence qui trahît ce que j’essayais de cacher ou finit par empirer la situation… Bien sûr, je n’ai plus reçu des nouvelles de la compagnie…
A l’école, j’étais déjà très distraire. Je ne faisais pas partie de ces élèves branchés et populaires qui agacent le reste des élèves et qui règnent la cour de récré mais plutôt de ces élèves bizarres qu’on laissait tranquille parce qu’on considérait étranges. J’accordais très peu d’attention aux cours et je rêvais tout le temps. Littéralement. Jusqu’au jour où l’intitulé d’un chapitre m’arracha à mes rêveries. Soudain, j’eus envie d’écouter et d’apprendre ce que le prof avait à dire. C’était lors d’un cours de français. Et le chapitre s’intitulait : « le pouvoir des mots ».
Pour une fois, ca m’avait l’air intéressant. Et ca l’était. Le chapitre faisait l’éloge des mots, décrivait leurs pouvoirs, l’effet qu’ils pouvaient produire, leur intensité ou leur faiblesse, la façon dont ils peuvent être manipulés, ce qu’ils peuvent dévoiler ou au contraire masquer, le contexte dans lequel ils pouvaient être utilisés, leur subtilité, leur grossièreté, leur audace, leur finesse… leur vulgarité.
Les yeux tout ronds, j’étais vraiment émerveillée. Jusque là, je n’avais vu dans le langage qu’un outil de communication nécessaire. Ni plus, ni moins. Mais ce jour-là, tout avait changé… Les mots allaient devenir bien plus, des alliés ou des ennemis, des choses précieuses qu’on partage, un moyen de jeu par lequel j’allais pouvoir séduire, blesser, créer une amitié, mentir, dire la vérité et exprimer le plus fond de mes pensées…
Aujourd’hui, certaines choses me transportent dans le passé, jusqu’aux bancs en bois et aux casiers renfermant toute sorte de trésors (chewing-gum, biscuits, encre, et bouts de papiers déchirés des cahiers pour être circulés en classe et sur lesquels on écrivait des secrets et des blagues…). Aujourd’hui je me retrouvai en cours de français, ce seul cours dont je me souviens… Et je sais pourquoi j’y repense.
Beaucoup d’importance est accordée au rapport physique entre les gens. On dit que des personnes entretiennent une relation amoureuse parce qu’on entend une rumeur qui court et qui dit qu’ils couchent ensemble. Aussi, parce qu’on les voit en train d’échanger des baisers ou se frôler discrètement la main… on voit tout. Nos yeux sont fixés sur ces choses-là qui font l’objet des conversations inutiles des lendemains matins… on dit « qu’il paraît » qu’une fille a trompé son mec avec cet autre. On les a vus rentrer ensemble… etc. etc. Et c’est peut-être vrai. Ou pas. Et même si c’était vrai, ca peut se limiter à une aventure sans importance et sans lendemain… ca peut ne rien dire du tout.
Alors qu’une conversation peut être tellement plus dangereuse. Une conversation anodine peut tourner en une véritable osmose qui sera bien plus difficile à oublier. Un dialogue nocturne peut donner l’envie de parler jusqu’au matin. Un échange linguistique peut bouleverser carrément. Une parole nonchalante peut restée fixée dans l’esprit pour bien longtemps… et un mot chuchoté dans une oreille, subtilement, peut donner plus de frissons que la plus belle caresse…
Le contact physique peut ne rien dire… mais les mots, eux… sont dangereux. Et il faut faire gaffe.

vendredi, octobre 23, 2009

Le monsieur d'en face


Chaque jour, je me réveille à la même heure. Tôt. Le matin est mon moment préféré de la journée. J’aime le silence religieux qui le règne, l’espoir qu’il procure inlassablement, chaque jour, la surprise du temps qu’il fait qu’il porte, et la promesse qu’il fait, qu’il tient parfois et qu’il trahit souvent… Mon voisin d’en face, lui, partage ma passion. Celle des matins. Et naturellement, sans aucune programmation préalable, on se retrouve, à la même heure et au même endroit, face à face, une tasse de thé bien protégée par deux mains tièdes de la nuit, regardant par la fenêtre l’évènement de la journée : le lever. Je n’ai jamais su si, comme moi, il se réveillait de bonne heure ou si, comme tous les vieux de son âge, il ne dormait jamais.
Moi, je passe des heures à fixer l’extérieur, à humer ses odeurs, à le redécouvrir de plus bel. Lui, se lasse avant moi, prend son journal, pose ses lunettes à mi- nez, et balbutie quelques paroles que je ne puis comprendre mais qui m’intrigue vraiment. Ensuite, il disparaît. Je n’ai jamais su ou il s’en allait. De ma fenêtre, je n’ai accès qu’à la pièce du petit déjeuner.
Je l’ai aperçu quelques fois sur le toit de sa maison. Il nettoie, il décore, il arrose ses roses, il refait la peinture. Il y accorde une telle précision qui me fait rire et pitié à la fois. Pourquoi décorer quand on est seul tous les jours et que personne ne vient visiter ? Drôle et triste question à la fois…
Je pense souvent à lui. A son histoire. A ce que cet homme qui a plu de cent ans a pu faire dans la vie, s’il a été quelqu’un pour quelqu’un, s’il a eu des enfants et ou sont-ils, s’il a eu une femme et pourquoi il a l’air de l’attendre, si elle l’a aimé, écouté, trahi… Et j’admire sa patience, j’admire sa persévérance qui lui permet de défier chaque jour qui vient, de le bien vivre, comme par vengeance. Je connais son histoire. Chaque matin, on partage le petit déjeuner…
Je n’ai jamais su s’il savait la mienne. Mon histoire. Et je me le suis souvent demandé. J’en avais un peu envie, pour vous dire la vérité. Envie que la relation soit réciproque et non sur lui dirigée. Mais j’en avais un peu honte aussi. Et je rougissais à l’idée.
Un jour, une fois ma tasse de thé terminée, je décidai de sortir. Et une fois dans la rue, je me retrouvai face a face a mon voisin. C’était la première fois que je le voyais en vrai. Spontanément, on se serra la main. Il me sourit avant de partir de son coté, la canne a la main, le chapeau sur la tête. Moi, seule, je souris aussi. Il connaissait mon histoire. On partage le matin.

samedi, juillet 25, 2009

Je te vois


62 jours… Je me réveille tous les jours avec un enthousiasme renouvelé. Tous les matins, je barre un jour de plus. Un jour de plus qui me sépare de mon retour chez moi, a Beyrouth, au Liban. Et ma voisine, libanaise, fait pareil. Moi je barre. Elle, déchire la page de chaque mois qui s’écoule… elle la déchire de toutes ces forces. Cette page qui la sépare de son pays adoré. Elle en fait un avion en papier, un petit bateau qu’elle met dans l’eau pour faire jouer son enfant et parfois elle la jette. Et puis elle me dit, toute heureuse et fière du temps qui passe qu’il n’y a plus que trois mois, ou deux, ou six… ca dépend.
On attend. On s’impatiente. Même quand on est heureux la ou on est. Même quand on s’amuse. Même quand on fait la fête. Même quand on construit une carrière prometteuse. Tout ce qu’on vit, on le vit pour venir, un jour, le raconter chez nous… la ou les gens nous écoutent. La ou la famille s’intéresse. La ou nos frères nous manquent et nous regardent le regard fier, ce regard qui fait si chaud au cœur …
Et puis a peine arrivé, on s’adapte plus vite que doucement a un train de vie malsain auquel on était autrefois habitue. Les soirées se succèdent, les verres s’enchainent, les sorties se bousculent et entre jupes trop courtes et verres trop remplis on noie nos esprits et on enterre le réel. On dit que le Liban c’est ca, on dit que les libanais sont tous rassembles sur ce toit magnifique qui donne sur la ville, les montagnes, les rues, la mer… on dit que les libanaises sont celles que l’on voit le soir, trop maquillées, trop arrangées, trop perchées sur des talons trop hauts, trop maniérées, trop superficielles, trop méchantes… dont j’en fais, je l’avoue - en quelque sorte et ca me tue - partie.
Et puis un jour… un jour, même quand on adore le Liban et qu’on est fou de son pays, même quand on a Beyrouth dans le sang et la famille tatouée sur la peau, même quand on adore parler l’arabe, même quand on est tellement fier d’être libanais on réalise que le Liban c’est pas vraiment ca… Et la vie dépasse les sorties inutiles qui se ressemblent tellement chaque soir, que le monde ne se résume pas a un verre d’alcool et aux cigarettes qui brulent, que le vrai ne peut résider dans une boite de nuit, que les anges dorment la nuit, que la sérénité doit se rechercher ailleurs, dans un endroit plus calme, plus pacifique, moins exagéré, moins superficiel, moins excessif… plus authentique.
Ce soir, après deux mois d’exagération, je réalise que je ne me retrouve plus dans ce Liban que j’avais crée, dans ce Liban que je m’étais appropriée… non, le Liban est bien plus que cela. Liban, aujourd’hui, et pour la première fois, je te vois.

samedi, juillet 18, 2009

Notre secret


A la télé, des photos sanglantes qui prétendent refléter l’image de mon pays. Dans les journaux, des histoires de bombes, d’attentats, de complots politiques, de crimes humanitaires, de guerres éternelles. Dans les maisons présidentielles, des personnes sérieuses et bien habillées qui, d’un regard plein de prétention et d’un ton qui se veut des plus sérieux proposent des solutions “pacifistes” destinées a installer la paix sur une terre agitée. Dans les conversations des citoyens des pays qu’on appelle développés, des rumeurs d’immeubles tout casses, de routes insalubres, d’enfants qui meurent, de vieux délaissés, d’un sous-développement alarmant, d’une corruption poussée a l’extrême, de réseaux terroristes, de censure culturelle, d’un fanatisme religieux…
Que de choses qui m’ont longtemps profondément blessée. Que de choses qui m’ont jusque la dévorée. Que de choses que, même si je validais tres partiellement et en cachette parfois, je refusais d’admettre et je niais de toutes mes forces, de toute ma voix, de toute mon âme… Et c’était parti pour un monologue qui durerait des heures racontant les montagnes libanaises, la mer scintillante, l’odeur du pain chaud, la beauté des filles, le confort de nos maisons, la valeur de la famille, les soirées d’aout, les plages, les dos-nus, les cerises qu’on retrouve nulle part ailleurs, le temps parfait et toujours prévisible, les routes mal faites mais pourtant si accessibles, le chaos beyrouthin plein de charme, la ville qui ne dort jamais, les manouches ( sorte de pizzas au thym) qu’on mange a 5h du matin après une soirée arrosée et beaucoup, beaucoup de fous rires… Oui, je me donnais a fond dans cette cause qui consistait a défendre l’image de mon pays et divulguer sa vraie histoire, son charme, son calme paradoxal, sa volupté…
Et puis un soir… parmi mes amis, avec un fond de musique a enchanter le cœur et l’esprit, avec le taux d’alcool nécessaire pour oublier les soucis inutiles, dans un décor a couper le souffle et une vue donnant sur les montagnes majestueuses, sur une lune curieusement orange qui choisit de s’y coucher et qui a bien raison, sur une mer tellement calme qu’on pourrait ne pas la reperer, sur des routes aussi encombrées qu’en pleine journée, sur une église qui côtoie une mosquée, sur des toits de ville qui font mine de ne rien remarquer, sur des gens tellement libres qu'ils donnent l'impression de voler, j’ai réalise notre secret, nous les libanais… Et que le monde se trompe et que le monde parle et que le monde critique et que le monde analyse et que le monde pleure et que le monde se moque… Nous vivons dans la plus belle ville du monde. Et nous ne voulons point la partager. Nous possédons notre propre paradis. Et nous ne voulons même pas le raconter. Voici notre secret. Un secret si bien... gardé.

mercredi, juillet 15, 2009

Mes pensees

On passe sa vie a se faire ses amis, a alimenter le réseau social, a faire des invitations, a célébrer des anniversaires, a aller a des fêtes, des diners, des déjeuners, a souhaiter bonne année et a organiser des sorties… on passe sa vie a chercher ses compagnons.
On sort, on se dit des bêtises, on partage ses secrets, on ouvre la porte de son cœur… et on la claque très violemment parfois. Pour ne plus jamais la rouvrir, ou si.
On sort avec des mecs. On les aime. On se promet amour eternel. Ou amour d’un soir. On se retrouve seul. On se sent triste, nul, fragile… et puis on oublie.
Les amitiés se font et se défont. On se retrouve après une querelle, on prétend ne plus se connaitre. Et puis on oublie. C’est la vie.
Les gens passent. Laissent une trace. Ou pas. La vie continue. On rencontre d’autres personnes, on se fait de nouvelles illusions, de nouvelles promesses, de nouveaux projets d’avenir. Mais quelque chose change. Le regard. Le regard se fait de plus en plus vide. Le regard se fait de plus en plus mature. Le regard se fait de plus en plus réel. Et ca fait mal. La naïveté n’y est plus. L’innocence est perdue… et les étincelles? A jamais éteintes. On passe sa vie a chercher de la compagnie. On évite d’être seul. Seul avec ses pensées. Et petit a petit on les apprivoise. Petit a petit on les comprend. Nos pensées ne nous font plus peur. Elles commencent a faire partie de nous-mêmes. Elles commencent a devenir nos meilleures amies.
Seule dans la nuit, je regarde la vue sur Beyrouth, je regarde la vue sur un pays endormi. Il fait froid, un peu. Froid dehors. Mais il ne fait plus froid dedans. J’ai appris a attirer la chaleur.
Et je réalise… je réalise que la seule personne qui ne nous quittera jamais est notre propre personne. Je suis fière d’avoir tracé le chemin du retour. Et je sais que quoi qu’il arrive, je ne me laisserai jamais tomber. Oui… je peux me faire confiance. Je n’irai jamais répéter les secrets que j’ai gardés. Si tu veux partir je te dis bon chemin. J’aurai toujours, au fond de la nuit, une paix intérieure que nul ne peut me retirer. J’aurai toujours, dans mon cœur, une flamme qu’aucun vent n’a su éteindre, un cœur avide d’aimer et surtout… surtout mes pensées.

dimanche, juillet 12, 2009

Talons aiguilles


Je suis en boite. Et mes chaussures me font mal. Je les adore quand même et je suis presque fière qu’elles me fassent souffrir… un peu pour me prouver qu’elles sont spéciales. Je les ai achetées alors que ce n’était même pas ma taille. Le vendeur - bon commerçant - a réussi a me convaincre qu’elles allaient finir par s’élargir a force d’être portées. Bien sur, je l’ai cru. En tout cas j’ai fait semblant. Il fallait absolument que je les achète! Et il n’y avait pas ma pointure… S’il est évident que des chaussures en cuir finissent par s’élargir, il est encore plus évident qu’espérer qu’elles grandissent de deux tailles, même si l’on est super optimiste, est le comble de la naïveté. Et je ne suis pas tellement naïve. Mais je les aime. Coup de cœur. Coup de folie. Je les aies. Et je les porte ce soir.
Elles sont belles. Noires. Hautes. Très hautes. Comme j’aime. Les talons? Aiguilles. Bien sur. Je me sens belle quand je les porte. Et pourtant… je souffre. J’ai mal des orteils jusqu’à la tête en passant par le cœur et je tente d’oublier la douleur et d’apprécier la soirée. Des amis me parlent. Et je ne pense qu’a mes pieds et au moment d’extase quand je vais enfin pouvoir balancer ces souliers. Le dilemme amour-confort me perturbe l’existence. J’essaie d’ignorer. Vraiment. Et de toutes mes forces. Je fais des allers retours presque hystériques dans l’espoir - mort-né - que le vendeur n’ait pas menti. Mais si. Et je le savais déjà au moment de l’achat. Je le savais.. Mais comme toute fille capricieuse et amoureuse de talons aiguilles, il fallait que je les porte avec ma plus belle robe. Deux pointures en moins?? Peu importe.
Mais vite… vite je baisse les bras. Je ne peux plus les supporter et je sais que j’ai deux choix. Les retirer… ou rentrer chez moi. Je choisis, sans hésitation, la seconde option. Comme tout guerrier téméraire, je les porterai jusqu’à la dernière seconde. Et si j’allais renoncer… j’allais le faire en cachette, chez moi. Je conduis aussi vite que ma voiture ne le permette et une fois arrivée au parking, je les balance et je marche pieds nus. Je me sens enfin bien et je me moque de moi-même d’avoir accepté de souffrir autant rien que pour pouvoir porter les chaussures que j’aime. Mais juste avant de dormir, á ce moment ou l’on récapitule - sans toujours le vouloir et même parfois contre notre gré- le déroulement de la soirée, je me demande si je suis rentrée parce que mes chaussures noires étaient trop petites. Ou si en réalité… mes pensées noires étaient trop grandes. Et puis… jamais des chaussures n’ont fait mal au cœur.

mercredi, juillet 08, 2009

Quand on n'en parle plus

Une personne spéciale entre dans notre vie. On ne s’y attendait pas. Et son apparition nous bouleverse l’existence. On aime qu’elle existe aujourd’hui et on n’aime pas trop en même temps. Car notre vie se résume à l’idée de savoir qu’elle est là désormais, à se demander pourquoi on ne l’avait pas découverte avant et à passer des journées à penser a elle, la tête dans les nuages, les yeux rêveurs, le sourire bête et des sensations bizarres dans le ventre. Toute tourne autour d’elle désormais. Et puis on la voit. On la voit… et le monde commence et se termine là ou elle est. Rien d’autre n’existe. Rien d’autre n’a d’importance. Et le temps ferait mieux de s’arrêter.
D’abord, on n’en parle souvent pas. Car on a peur de détruire la magie. Tout est tellement beau que des paroles ne feraient que diminuer la beauté du moment. On n’en parle pas. On est trop occupé à rêver. On n’en parle pas. Par superstition peut-être.
Mais tout ceci ne dure pas. On commence a en parler, de cette personne aux atouts surhumains dont la route a croise la notre. On raconte ses qualités. On ne voit pas encore ses défauts. On raconte ses gestes maladroits qu’on adore, on raconte son rire timide et on raconte ce sourire qui nous intrigue… un sourire qui n’en est un qu’à moitié.
Et puis un jour… plus rien. Plus rien. Car on n’en parle plus du tout. Cette personne disparait complètement de nos conversations, de nos histoires, de nos verres du samedi soir. Tout le monde croit que c’est une aventure comme les autres, qui passe et s’efface. Certains font même la blague qui revient toujours et demandent ou a disparu cette personne si différente des autres, si unique, si parfaite… on sourit. On les laisse faire. Mais en réalité… c’est exactement au moment où l’on arrête d’en parler qu’elle commence vraiment à compter.

vendredi, juillet 03, 2009

La nuit


Quand on est triste d’amour, il n’ya pas plus dur que la nuit. Quand on attend un coup de fil qui se fait impossible, il n’y a pas plus douloureux que les secondes qui passent. Quand on a tellement à dire mais qu’on n’a plus la force de parler, il n’y a pas plus douloureux que les mots qu’on nous dit. Quand on aime tellement mais qu’on ne sait plus le montrer, il n’ya pas plus injuste que l’accusation de ne pas aimer. Quand on n’a qu’un etre dans sa vie, il n’ya pas plus cruel que de le voir s’en aller. Quand on a tellement d’amour a donner, il n’ya pas plus triste que de se voir le mur fixer. Quand on est avide de lui parler, on devient fou… fou de ne savoir ce qu’il fait. Quand on fixe son téléphone jusqu'à le faire bouger, il n’y a pas plus récurrent que la pensee de le casser. Mais on le garde. Il va peut-être appeler.

Et la nuit ne passe pas. La nuit semble éternelle. La nuit n’est pas la même que celle pendant laquelle j’ai rencontré celui qui me laisse réveillée. Elle lui ressemble par sa couleur. Seulement. Elles ne sont même pas cousines éloignées. Elles sont carrément opposées. Car l’une est douce, sensuelle, passionnée, amoureuse, affectueuse, sulfureuse… Et l’autre ? Froide, stoïque, sans cœur, glaciale, vicieuse…
Non, la nuit ne passe pas. Et chaque seconde me fait l’effet d’un coup de couteau. J’ai mal et j’essaie d’apprivoiser la douleur. En vain.
Une nuit pareille dure le temps d’une vie. Mais je paierais le prix de cent nuits pareilles contre une seule de ces autres nuits…

Dedie a Elie...

jeudi, juillet 02, 2009

Il est beau, certes

Certes, il est beau. Comme il est beau le Liban. Le soleil. La plage. La famille. Les amis. Ce lit tellement étroit mais si confortable. La chambre inchangée de mon adolescence. Des photos de ces amis que je n’ai plus toujours accrochées sur mon mur. Des photos de mes premières amours. Des choses inutiles que j’ai gardées au Liban mais qui me font quand même tellement plaisir quand je les retrouve. Une odeur délicieuse qui se dégage de la cuisine à longueur de journée. Des gens qui rentrent et qui sortent régulièrement de la maison et qui la rendent si vivante, si réelle, si gaie. Des ballades en voiture a écouter des chansons que j’adore tout en fixant la mer, tout en la fixant tellement longtemps jusqu'à ne plus voir, jusqu'à rêver, imaginer, planer…
J’aime le Liban. Parce que mes parents sont réveilles quand je rentre. Ils sont assis sur la terrasse, a grignoter des choses qui n’existent qu’au Liban je crois, devant une télé qu’ils ne regardent même pas, a discuter de ces choses compliquees dont on parle souvent ici, ces mêmes choses dont on parlait l’année passée. Et celle d’avant. Et celle d’avant.
Et puis la plage. Le soleil qui brule la peau. Et je le laisse faire. Je veux le sentir. Jusqu'à avoir mal. Et pleurer la nuit quand les draps les plus légers provoquent une douleur des plus intenses. Et se laisser bruler le lendemain. Encore. Par besoin du soleil. Par envie. Par soif. Par avidité.
Les soirées. Des endroits en plein air ou il fait ni froid, ni chaud, mais bon, oui si bon d’y être. Des bars dans lesquels je retrouve mes amis d’école, mes amis de fac, mes voisins, mes amis de plage et mes amis du soir. Des paradis nocturnes ou l’on se voit, ou l’on se fait voir surtout, ou l’on boit, on l’on danse, ou l’on se dispute, ou l’on s’embrasse, ou l’on se fixe, ou l’on se rend jaloux, ou l’on se rend saoules, ou l’on éclate de rire, ou l’on se brule, ou l’on reste immobile, ou l’on hausse le verre, ou l’on se hait, ou l’on s’adore, ou l’on sort ensemble et ou l’on rompt…
Et puis il y a mon coiffeur. Au Liban, les relations avec les coiffeurs sont comme des histoires d’amour. Ce sont des relations monogames ou il est mal vu de tromper, mentir, tricher ou même avoir des aventures de cote.
Oui j’aime le Liban. J’aime ma voiture. Et mes petits cousins qui viennent souvent jouer et me reveiller par leurs rires d'enfant. J’aime voir des têtes que je connais. Et j’aime cette couleur d’or qui reflète le soleil libanais. J’aime le taboulé, j’aime ces gâteaux à la mélasse que ma mère me fait et j’aime l’odeur de notre café.
Il est beau le Liban, certes… Mais au bout d’un moment j’ai besoin de partir. Partir pour chercher plus, différent, ailleurs, plus grand, plus petit, plus difficile, moins joli, plus mature, plus responsable, moins beau, moins doux mais … plus vrai.
Au bout d’un mois et sept jours exactement… je veux partir. Pour peut-être, ou pas, revenir.

Tu n’as rien oublié

Aimer. Quoi de plus beau ? Pardonner surement. Et c’est surement bien plus difficile. On aime facilement. On aime naturellement. Et souvent, on s’aime soi-même à travers la personne aimée. On aime comment elle nous voit. On s’aime avec elle. On s’aime dans ses yeux. On s’aime tout court. Egoïstement.
Mais pardonner… pardonner est l’acte le plus altruiste. Pardonner exige une maturité infinie, une sagesse sans limite et surtout une noblesse d’esprit. La rancune est la règle. L’égoïsme prévaut. L’amour de soi souvent l’emporte. Et c’est normal.
Puis tu viens avec un amour que je n’ai jamais connu avant, avec des sentiments que je trouve surnaturels et avec une patience qui me comble autant qu’elle m’éblouit. Tu viens me dire que tu pardonnes fautes et faiblesses. Pardonner. Chose qui me surpasse. Chose dont je n’ai jamais été capable.
Tu viens avec tes pouvoirs magiques me montrer ce que je ne suis pas, me donner envie, m’impressionner par ton aptitude de pardonner. Tu me donnes une nouvelle chance, moi qui ne puisse même pas la concevoir. Tu me dis que du passe tu t’en fous, que c’est le présent qui t’intéresse et surtout que c’est le futur que tu construis.
Tu me fais rougir, tu me fais trembler, tu me fais pleurer, tu m’intimides. J’ai honte de moi, je me sens toute petite, je voudrais être comme toi et entre temps… je me blottis contre toi.
Je pense a l’amour et combien il est facile de le confondre avec l’orgueil. Je pense a l’amour et au plaisir de plaire qui souvent l’éclipse. Je pense a l’amour et a combien il est facile d’aimer quand tous les paramètres y sont, quand on est beau, jeune, insouciant, rêveur… je pense a l’amour et je le remplace par le pardon.
Je ne fais qu’y penser. Je pense à toi, toi l’homme de ma vie. Je pense à toi, toi le surnaturel. Je pense a toi, toi mon héros.
Et puis soudain, dans une dispute de passage, tu me rappelles ce que je croyais dépassé. Soudain, tu ramènes du passé ce que je croyais pardonné. Tu ouvres une boite poussiéreuse de laquelle tu sors archives et souvenirs amers. Tu ouvres une boite et en y plongeant la main, tu secoues regrets et remords. Tu n’es qu’un homme. Le mien. Et heureusement. Car je ne suis pas surnaturelle non plus. Mais je suis tienne. Tu n’as rien oublié. Et moi non plus.

mercredi, juillet 01, 2009

Jeudi


Jeudi. Elle sait qu’il y sera. Il y était tous les jeudis précédents. Elle ne l’appelle pas bien sur. Elle veut surtout le voir comme ca, par hasard, par pure coïncidence. Il ne saura pas combien elle a attendu. 7 jours.
Avant de sortir, elle ne sait pas quoi mettre. Ses habits s’entassent sur le lit. Pourtant, elle avait bien choisi sa tenue et elle en était sure. Maintenant, elle n’est plus sure de rien. Elle qui a normalement si confiance en elle.
Elle essaie toutes ses robes. Elle se trouve tantôt trop ronde, tantôt trop pale. Elle veut paraitre belle, elle veut qu’il la remarque, elle veut l’impressionner. Surtout, elle veut donner l’impression de n’avoir fait aucun effort.
Une heure plus tard et un désordre apparent, elle finit par enfiler son plus vieux jeans. Celui dans lequel elle se sentira vraie, nature, sincère, fraiche. Ce jean qui ne la déçoit jamais. En plus, elle a perdu quelques kilos. Jean, t-shirt blanc, talons bien sur et elle se sent prête. Elle lance un dernier regard aux habits qui forment maintenant une montagne sur son lit et elle se dit qu’elle rangera cela une fois rentrée. Ou demain matin. Peu importe.
Elle arrive. Ses copines sont la. Elle les rejoint, elle sourit, elle parle de tout et de rien. Elle fait de son mieux pour être concentrée, pour cacher le fait qu’elle soit si perdue, si prise, si rêveuse, si en quête… de lui. Elle sourit a tous ces hommes qui lui tournent autour. Elle fait de son mieux pour être gentille. Si seulement ils savaient combien ils lui sont transparents.
Les heures passent. Rien ne se passe. Elle fait des tours incessants et elle oblige une de ses copines – la plus gentille - de l’accompagner pour s’assurer qu’il n’y est pas. Elle ne le trouve pas. Elle commence à s’énerver. Elle a tellement attendu. Et puis elle se sent tellement belle ce soir-la. Elle finit par céder. Elle envoie le sms pathétique typique des coups de minuit. « Où tu es ? » lui écrit-elle. Il ne répond pas. Elle commence par regretter cet acte insensé. Puis par haïr le mec. Quelques minutes plus tard (elle aurait jure que des heures se sont passées), il répond. Il lui dit qu’il est chez des amis. Réponse vague qui ne la satisfait guère. Réponse simple qui provoque pourtant des sentiments compliqués. Elle cherche son sac. Elle s’en va. Pas d’explications, pas de scène. Sa soirée fut tellement inutile. De retour chez elle, la pile de vêtements la blesse jusqu’aux larmes. Au moins, elle veut croire cela. Le désordre extérieur, elle pourra le gérer. Le ménage intérieur, lui, est plus difficile. D’un coup sec, elle jette tout par terre. Comme par une envie de tout effacer. Elle veut croire que maintenant tout est propre. Elle fait de son mieux. Ce jeudi, elle a fait le ménage sur le lit. Et dans son cœur, elle laisse entrer la nuit.

mercredi, juin 24, 2009

Je te quitte


Les premières semaines d’une relation sont toujours les meilleures. on rêve toute la journée, on ne mange plus, on cogne la voiture devant nous, on renverse le café, on ne se souvient plus du jour qu’il est, on ne fait qu’en parler a des amis qui font mine d’être intéressés, on énerve tous les célibataires, on se tient la main comme pour ne jamais la lâcher, on se croit seul et monde… et surtout, on croit que cette fois-ci c’est différent. Cette fois-la c’est l’amour. Je le sens.
La relation décolle du sommet le plus haut. Et puis ca commence à faire partie du quotidien. Tout le monde reste gentil bien sur, on apprend à se connaitre, on se fait plaisir, on se dit de belles choses, on s’amuse, on danse, on rit, on se parle, on se fait des confidences, des promesses, des conneries…
Puis vient le jour de la rupture. Et ce n’est que ce jour là que l’on connait réellement la personne qui se cache derrière le regard profond et le sourire permanent. De la réaction face a la rupture la vraie personne se dégage. « Je te quitte » est la phrase magique. Le quitter permet de tout dévoiler. Car l’ange se transforme en démon en l’espace de trois mots simples et directs. Tout le monde est gentil au début. C’est la fin qui distingue.

samedi, juin 20, 2009

Non-dits. Non… dis!

La base de toute relation est l’honnêteté. Qui ne le sait pas ? Etre honnête jusqu’au bout pour constituer une confiance vitale au couple. Tout dire même quand ca blesse. Tout dire même quand ca dérange. Tout dire même quand ca tue. Et puis tout se sait… un jour ou l’autre.
Pourtant, il y a des silences qui en disent long… il ya de ces silences qui ont le pouvoir de mille mots. Des silences accompagnés de larmes parfois. Des silences accentués de sourires quelques fois… Et des silences tout court… presque a chaque fois. Souvent parce qu’on ne trouve pas les mots pour le dire. Et quelques fois parce que le cœur est trop lourd, les mots se bousculent et les phrases ne sortent pas. On se retrouve alors dans ces situations inconfortables dans lesquelles la gêne s’installe, les gestes se font maladroits et le temps s’arrête. J’ai toujours préféré tout dire a ne rien dire. Tout dire alors que ca peut tout foutre en l’air. Tout dire… je suis tellement tête en l’air.
Les non-dits, je ne les connais pas. Non… dis ! Lui dis-je tout bas. Parce que je veux tout savoir. Dans les moindres détails. Comme par une envie d’autodestruction. Une envie toujours en vie. Non-dits me dit-il. « Non… dis ! » est ma réponse spontanée. Et le cœur bat en même temps. Le cœur bat en prévention de la vérité.
Et puis je me demande si le silence n’est parfois pas de rigueur. Le silence parfois… quand la vérité ne sert a rien. A part de creuser encore plus le malheur. Ne me dis plus rien… tant que j’ignore qu’il y a des choses a dire. Non… ne dis pas.

jeudi, juin 18, 2009

Il me guide

Je me perds sur la route. Et je l’appelle. Lui qui est a cent mille lieux. Il me dit de prendre la première droite, puis la seconde gauche, de dépasser les feux, de mettre le clignotant, de rouler cinq kilomètres et puis de me garer à droite. Il reste au téléphone. Il s’assure que je suis bien arrivée. Il m’indique la route jusqu'à l’aéroport. Il m’indique avec précision. Il m’indique en détails. Et il est patient. Il m’accorde le droit de me tromper. Et il corrige la moindre de mes erreurs. Il sait que je suis très mauvaise au volant. Et il se montre compréhensif. Il m’encourage. Et il me laisse aller sur une route différente quelques fois. Il me donne le temps d’apprendre. Et il me laisse réaliser que je suis allée trop loin. Sans le dire. Sans jamais s’énerver. Et sans jamais me lâcher. Il me guide. Il me guide jusqu'à l’aéroport. Et j’atterris entre ses bras.

mercredi, juin 17, 2009

Range-moi ce livre neuf

Mes livres préférés sont ceux qui ont un peu jauni, dont les pages sont un peu déchirées, qui ont un petit message écrit a l’encre noire sur le revers de la couverture et dont quelques mots se sont effaces avec le temps… J’aime savoir qu’ils ont un jour appartenu a quelqu’un, qu’ils ont été lu, qu’ils ont fait sourire et pleurer, qu’ils ont fait plaisir, qu’ils ont constitue un cadeau d’anniversaire, qu’ils ont été empruntes, perdus, voles, qu’ils ont fait rougir, rire, insulter, qu’ils ont été échangés, confiés et jetés.
Les gens sont pareils. Comme les livres. Plus ils ont vécu, et plus ils sont intéressants. Plus ils souffrent d’imperfection et plus ils sont uniques…
Personne n’est parfait. Et ce sont souvent les défauts qui nous font craquer… on tombe amoureux d’une personne parce qu’on adore son arrogance, sa gourmandise, son nez un peu trop grand ou son grain de beauté sur la joue droite. On tombe amoureux d’un sale caractère, d’un air trop fier, de dents n’importe comment, d’un rire trop drôle ou d’une jalousie poussée a l’extrême.
Les défauts on les accepte. On les aime. Et on s’y attache. Les défauts font d’une personne unique. Les défauts rendent la personne qu’on aime réelle, vraie, originale. Alors range moi ce livre neuf que je ne saurais lire. Je déteste sa rigidité, ses pages trop blanches, son écriture trop soyeuse, son odeur d’imprimerie, sa couverture imperméable et glissante… un livre neuf n’a pas d’histoire à raconter. Il se referme tout seul à chaque fois que j’essaie de l’ouvrir… Je ne suis intéressée que par les livres parfaits d’imperfections.

mardi, juin 16, 2009

Rumeurs et bobards


Les libanais adorent parler. Et j’en fais partie. Les histoires des gens, les ruptures, les divorces, les réconciliations, les mariages, les fiançailles, les aventures amoureuses alimentent nos cafés de quinze heures… on le fait innocemment, on en rit, on en discute, on en parle, on y ajoute, on y retranche pour en faire une histoire digne d’être racontée. Et surtout, digne d’un café.
Aujourd’hui, je fais parler de moi. Et ca ne me dérange pas. J’aime être l’histoire du moment. Et puis j’apprends toujours, a travers mes amis ou les amis de mes amis le contenu exact de l’histoire et son origine. Mais ce qui m’amuse le plus c’est que j’apprends, à travers ce qu’on me dit, plus de choses sur moi que je ne sais sur moi-même ! Apparemment les gens savent exactement ce que je sens, ce que je pense, ce que j’aime, ce qui me dérange… et c’est très surprenant !
Rumeurs et bobards. Chuchotements et conneries. Avis sur tout et à vie surtout... les gens parlent. Je laisse faire. Les gens blessent. Stoïque je reste. Les gens se mêlent de tout. Je fais semblant d’écouter. Ils se disent expérimentés. Je hoche la tête pour faire mine d’apprécier. Et puis seule dans mon lit, dans le silence de la nuit, seule avec mes pensées, mon cœur et mon oreiller, je jette tout ce qui a été dit et tout ce qu’on m’a conseillé parce que personne ne sait… seule, moi je sais. Et je décide, a chaque fois que j’entends murmures et ordures, de disparaitre, l’espace de quelques paroles, sur cette planète qui s’appelle intimité.

lundi, juin 15, 2009

Ma seule constante

On se fait des amis. On les voit au rythme des soirées. On ne sait pas à quoi ils ressemblent la journée. On se dit meilleurs potes. Et puis un jour on ne se connait plus. Comme ca. On se voit sans se parler. On n’échange même pas un sourire. Et on jette toutes ces soirées dans le passé. Comme par une faiblesse exagérée de la mémoire. Ou une hypocrisie noire…
Les hommes entrent dans nos vies. On se fait promesses et serments. On s’expose avec eux, on leur tient le bras comme pour ne jamais les lâcher, on pose la tête sur leurs épaules comme pour se cacher, on danse, on rit, on parle, on s’embrasse et puis un jour… ils s’en vont. Comme ca aussi. Et comme l’amour qu’on s’était promis… jusqu'à l’infini.
On se fait de nouvelles connaissances durant un stage à l’étranger. Ces connaissances se transforment en de sincères amitiés. On passe toute la journée à papoter. Entre filles, on parlait de garçons, du soleil qu’on nous interdisait, des examens de droit, de Paris, de Beyrouth, des filles, des habits, des macarons la durée… Et puis, autour d’un cocktail en happy hour, on se promet amitié éternelle et visites annuelles… mais le temps passe. Et la vie est cruelle.
A la fac, on passe un examen de mon matin après une soirée arrosée. Je ferme les yeux l’espace de deux minutes, juste pour reprendre mon souffle et rassembler mes idées. Je me réveille trois heures plus tard. L’examen est terminé.
Noel passé je me suis fait teindre en brune. Et ca ne m’allait pas. Du tout. Tout le monde me l’a dit. Ce n’est pas un secret. Et quand j’ai supplié le coiffeur de me rendre mes mèches blondes de l’été, il m’a dit qu’il ne pouvait les ramener… Ce jour-la j’ai pleuré.
Des déceptions, des expériences, des ruptures, des souvenirs amers, des examens ratés et des mèches autrefois dorées. Des choses qui changent, des choses tristes, des choses pas très tristes, des choses normales et des larmes gamines parfois… Des amis qui rentrent dans nos vies, des amis qui en ressortent, des amis nouveaux, des hommes qui passent etc. Oui, tout est en éternel changement. Et tout bouge. Les sentiments que l’on croit encrés a jamais finissent par s’évaporer. Et les projets se font sur des sables mouvants. Mais une seule chose reste constante. Une seule chose n’a jamais changé. Une seule chose ne pourra jamais, avec le temps, s’effacer. Ma famille est ma seule constante. Quand tout le monde s’en va, sur un balcon en plein été, parmi mes frères, ma sœur et mes parents, plus rien ne compte pour moi. Quand l’examen je l’ai raté, ma mère était sure que j’allais faire mieux la fois d’après, même si moi je ne l’étais pas. Quand mes mèches foncées ne m’allait point, personne a la maison n’a même remarqué. Eux, ils voient a travers les couleurs. Et quand l’homme de ma vie a pris une route différente… sur le balcon, devant une télé qui chante, j’ai souris à ma constante.

samedi, juin 13, 2009

Des doutes douteux de mes doutes douteux

Des doutes… qui n’en a pas ? Moi. J’ai toujours eu la prétention exagérée et l’orgueil mal placé de savoir ce que je fais. Et je me suis souvent toujours trompée. C’est ce qui fait mon charme disent mes copines. Mais aussi mes nuits blanches. Me dis-je tout bas. Parce que des doutes, faut en avoir. Et sages sont ceux qui l’admettent.
Des doutes, j’en ai. Et je doute de mes doutes. Mes doutes deviennent douteux. Et j’ai des doutes douteux de mes doutes douteux. J’essaie de m’occuper. Comme pour retarder la confrontation entre moi et mes pensées. Le corps s’occupe. Et le cœur se tait. La tête ne sert plus à penser. La tête est un décor sur un corps fatigué. Quoi décider quand on ne sait pas ? Quoi répondre quand on hésite ? Et quoi dire quand tout le monde est aux aguets ? Je réponds toujours par le sourire. Et par un silence qui se veut plein de confiance. Un silence en défiance. Un silence pathétique et perdu…
Je sais ce que je fais. C’est ce que je répète aux autres en adoptant un regard hautain qui réussit à chaque fois de déguiser cette peur sans limite de passer a autre chose, a une chose nouvelle, a une chose inconnue, a une chose incertaine… a cette chose que je n’ai jamais connue sans toi.
J’ai des doutes. Et je veux l’admettre. Des doutes sur tout… Et surtout des doutes de doutes. Mais avec doute, je ne peux pas. Je ne plonge que dans les évidences. Evidemment.

vendredi, juin 12, 2009

Elle avait raison Raphaëlle


Mon ciel depuis quelque temps est sans étoiles. Et sans étoiles je ne sais me déplacer. Parce que j’ai toujours vécu quelque part dans le ciel. Plus exactement sur un nuage. J’ai toujours flotte dans un bleu serein. Les étoiles sont mon repère. J’aime qu’elles brillent. J’aime qu’elles soient si jaunes. J’aime que je ne puisse jamais les saisir. Mais j’essaie.
Depuis quelque temps je ne les trouve plus. Et comment trouver ma route dans un noir uniforme et très très sombre… Comment marcher sans lumière ? Et pour quoi vivre quand on ne vivait que pour un jour atteindre les étoiles ? Avant qu’elles ne disparaissent, ma vie était rythmée par le bruit des feux d’artifices. Des lumières artificielles d’une beauté extraordinaire qui montent haut, très haut, là ou j’ai toujours voulu arriver, pour ensuite grandir, beaucoup, faire une manifestation sonore des plus audacieuses et disparaitre. Les feux d’artifices rendent visite aux étoiles. Ils essaient d’imiter leur beauté. Mais leur défaut est qu’ils ne sont qu’éphémères. Moi, j’aime. C’est quand même intimidant. Et grandiose.
Un soir d’été, en aout plus exactement, des feux s’élevaient dans le ciel. Assise sur mon balcon, j’accours pour montrer à Raphaëlle la beauté de la scène. Raphaëlle, ma cousine de 4 ans. La plus belle fille au monde. Et les yeux tous beaux tous ronds de ses 4 ans se remplissent de larmes… Je m’assois sur le sol et je lui demande ce qui ne va pas… Et d’un ton des plus sérieux et d’un regard furieux de colère, Raphaëlle me dit qu’elle déteste les feux d’artifices… Parce qu’ils tuent les étoiles.
Elle avait raison Raphaëlle.

NB: Ci-dessus, la photo de Raphaelle.

jeudi, juin 11, 2009

Marianne

On a tous de ces amis que l’on ne voit pas souvent… Le travail, les études, la distance, les amours, les nouveaux amis et les occupations diverses font en sorte que ces rencontres d’autrefois se font de plus en plus rares… pour finir par n’être que des occasions annuelles.
Ces amis ne sont pas des connaissances. Ni de nouvelles personnes qui entrent et sortent de nos vies sans laisser une trace. Ces amis existent toujours. Ils existent sans feux d’artifices, sans paroles inutiles, sans sourires pathétiques, sans affections exagérées. Et ils existeront toujours.
J’ai la chance d’en avoir… Des amis comme ca. Ces amis que l’on rencontre souvent dans une cour de recréation, sur un banc d’école, sur le siège arrière d’un autocar, sur du sable chaud a la recherche de coquillages alors que l’on était encore naïf, pur, vrai, maladroit et que l’on avait sur les dents des choses métalliques qui ont tout sauf l’apparence esthétique.
Ces amis on les revoit parfois. On les revoit et malgré qu’ils aient grandi, malgré qu’ils aient embelli, malgré quelques rides et malgré un regard plus calme comme plus raisonnable, malgré les mèches dorées qui remplacent un marron fonce d’autrefois, malgré un corps de mannequin qui vient effacer un ventre rond qu’on gavait de glaces et de chocolats, malgré des yeux plus matures comme ennuyés d’une vie un peu compliquée loin de celle qu’on rythmait de jeux et de friandises, il suffit d’un regard pour revoir, en l’espace d’une fraction de seconde, nos rires d’autrefois, mes larmes le jour ou je m’étais blessée le genou en voulant sauter très très haut (jusqu’au ciel…), ta moue quand le garçon que tu aimais avait choisi une autre moins compliquée et surtout… ces longues soirées passées sur mon lit a parler de garçons, de rêves d’enfant, d’escapades, de voyages en mangeant ces crêpes au Nutella…
Tu te rappelles ?
Je te revois. Et c’est comme si je t’avais vue hier même. Je te revois et tu sais tout. Sans que je ne le dise. Tu sais tout d’un regard. Et sans que tu ne me parles de ce garçon que tu aimes, je sais qu’il t’aime aussi. Parce que tu n’as pas change… et moi non plus d’ailleurs…
On parle comme si on était toujours sur ce lit étroit a chuchoter pour empêcher les murs de nous entendre et a rigoler la main sur la bouche comme s’il était interdit d’être si libre, si heureux, si transparent, si amoureux…
On parle des heures. On sourie, on pleure et on rit alternativement… Tu secoues la tête comme autrefois, comme un reproche comme pour me dire que je suis folle… et je m’en fous. Je ris. J’aime ta franchise, celle que tu n’as jamais pu, comme les autres, remplacer par de l’hypocrisie ou une diplomatie pathétique. J’aime que tu puisses tout me dire. Même si ca blesse. Et au moment de partir tu me poses la question qui me tue… Tu me demandes « qu’est-ce que tu cherches ? ».
Et je tombe en sanglots… Parce que ma chère Marianne, je ne sais toujours pas.

samedi, juin 06, 2009

L'orgueil de mes vingt-deux ans

J’ai toujours cru tout savoir. Du programme du week-end, du poids idéal que je devais atteindre, de la date exacte de l’obtention de mes diplômes universitaires, du domaine professionnel dans lequel je devrais travailler au jour précis de mon mariage. Du haut de mes vingt-deux ans, la vie ne pouvait plus rien me cacher. Une organisation poussée du temps et des choses qui m’entourent a même contribué à créer une illusion d’ordre et de précision. Et j’en étais fière.
Mon avenir, je le connaissais déjà. J’imaginais déjà mes enfants, ma maison, mon homme, mon bureau et le rythme de ma vie. Tout était propre. Tout était organisé. Tout était bien préparé. Et jusqu'à ce jour, j’étais à jour dans le programme.
Et puis un jour où les choses étaient particulièrement propres, un jour où ma vie semblait parfaitement dessinée, un jour ou mes vingt-deux ans me chatouillaient, j’ai décidé de tout désordonner… un jour ou la brillance du décor ma dégoutée, je lançai tout ce qui est propre et je me lançai dans le vide, dans l’inconnu, dans l’extrême, dans l’imprévu, dans le sale, dans l’incertain, dans le vrai, dans le doute, dans la peur, dans l’hésitation, dans le peut-être, dans le je ne sais pas trop, dans le court terme… dans la vie.
Et je me suis sentie… vivante.
Je vis.

lundi, juin 01, 2009

Quand l'amour etait suffisant

Il m’a ete raconte qu’il y a cinquante ans, mes grands parents se sont maries paisiblement. L’amour, alors, suffisait… et après une longue vie commune, ils moururent ensemble, main dans la main, après avoir tant vecu, tant combattu, tant sacrifie, tant souffert, tant aime… ensemble.
Il y a trente ans, mes parents se sont unis pour le meilleur et pour le pire. Aujourd’hui, encore, ils sont ensemble. Coup de foudre et coup de folie, ils ont quand meme vecu des temps amers et ont fait ensemble quatre enfants. N’empeche, leur relation après tout ce temps demeure solide car ensemble ils ont du sacrifie leur jeunesse, ensemble ils ont survecu la guerre et ensemble ils resoudent nos moindres petits soucis au prix de leur sante, tranquillite et propres plaisirs qu’ils mettent souvent de cote. L’amour suffisait…

Aujourd’hui, autour de moi, des mariages qui aboutissent presque tous au divorce, des celibataires toujours seuls et insatisfaits, des couples qui se forment et deforment, l’adultere en poussee, des filles trop exigentes, des hommes dans leur trentaine encore immatures, des tentations infinies, des demandes irrealistes, des exigences superficielles, des attirances ephemeres, des vices dans les soirees, des diables incarnes… aujourd’hui, il n’est plus aussi simple de se marier. L’exemple des mariages rates decourage, les tentations diverses deconcentrent, la superficialite du monde moderne l’emporte, les interets caches detruisent l’amour quand il existe et la beaute joue un mauvais sort a ces filles qui croient toujours qu’elles pourraient trouver mieux, ailleurs… pour finir par remarquer que l’amour aurait suffi… si elles avaient reflechi.

Des millions de calculs et je ne sais calculer… des millions de diables et je ne sais leur parler… des millions de pieges et je ne rate jamais de tomber… des langues malines et je ne puis les etouffer… J’aimerais revenir en ce temps ou l’amour suffisait… j’aimerais avoir dix ans de nouveau alors ou mon seul souci etait que le plus beau garcon du lycee m’invite a danser… et il m’avait invitee.
Le monde moderne est complique. Et moi, j’aime aimer. Je ne suis qu’une fille du temps ou il suffisait d’aimer. Et malgre ce que l’on puisse dire, malgre que tout le monde s’emble s’amuser pour enfin seul rentrer, malgre que les possibilites sont infinies et les limites detruites, malgre que l’horizon ne peut etre touché, malgre les divorces et autres insanites je refuse de croire en un monde sale et je sais, qu’au fond, aujourd’hui, meme si la vie semble plus dure, l’amour suffit encore.

jeudi, mai 28, 2009

Les filles avant moi

“Qui est la plus belle?” Je ne parle pas a mon miroir. Mais a l’homme avec qui je suis. Et bien sur il repond “toi ma cherie”. Le pense-t-il vraiment? Je m’en fous. L’essentiel est qu’il le dise. Et il n’ose pas dire le contraire. Parce que les filles avant moi, je les hais. Sans les connaitre. Je les hais pour avoir un jour, avant moi, existe. Je les hais surtout parce qu’un jour il les a aimees.
Et je ressemble a beaucoup de femmes qui se detestent pour avoir commis le seul crime d’etre plus belles, plus populaires, plus reussies ou simplement pour avoir eu, un jour, le meme homme. Oui les femmes se detestent. Et elles detestent plus que tout les femmes connues sont le nom d’”Ex”. Deux lettres. E et X.
Et puis un jour, a travers une amie commune, je me retrouve face a face, sur la meme table et partageant le meme repas, avec “Elle”. Oui, elle, ma pire ennemie. En d’autres termes, avec la pire des ex, celle qui a pu lui arracher des larmes – et quelques kilos – celle dont il ne parle jamais… celle qui est venue juste avant moi. J’ecris vite un texto a une meilleure copine. Deux letters suffisent. Elle comprend tout. Elle repond par un point d’exclamation! Je m’impatiente deja, je veux partir, je m’ennuie et je m’enerve, je me sens mal a l’aise et j’ai la nausee… oui tellement.
Et malgre mes efforts les plus intenses et ma volonte la plus acharnee, je ne puis m’empecher de l’aimer. Drole, sincere et aussi maladroite que moi, j’oubliai aussitot qu’elle fait partie d’elles (les ex!) et je la vois pour la premiere fois comme une fille fragile, comme moi, recherchant le bonheur, la paix et l’amour, ayant ses problemes quotidiens et ses defauts humains, sa vie personnelle et ses amours, ses complexes et ses atouts… Je la vois comme cette femme qu’elle est a l’interieur et comme cet enfant qu’elle est encore, quelques fois. Je retrouve entre elle et moi beaucoup de points communs… après tout, on a le meme gout en matiere d’hommes!
Et puis je pense a cette betise feminine dont je suis victime aussi et qui est cette rivalite presque naturelle et spontanee chez toutes les femmes, cette jalousie poussee a l’extreme et cet esprit competitif qu’on ferait mieux de placer ailleurs… je pense a toutes ces amities qu’on rate pour un homme qui souvent ne merite meme pas l’effort et a tout ce mal que l’on se fait, gratuitement, sans fondement aucun et sans interet non plus. Et je decide, seule dans mon coin, de ne plus jamais detester une femme… au moins pas avant de la connaitre.

dimanche, mai 17, 2009

Entre la ville et moi

Je regarde. Je dévore des yeux. Je respire. Plus fort. Un peu pour en humer autant que possible. Je touche. Je goute. Je sens. Mon cœur bat fort. Mais le coeur de la ville beaucoup, beaucoup plus fort. La foule me prend a droite, puis a gauche… elle me prend ou elle veut, ou elle va, ou elle ne sait pas…
Je marche… je ne sais ou. Rien ne m’est connu et pourtant rien ne me semble si étranger. Tout m’indiffère mais en même temps une sorte de pesanteur me serre comme trop possessive pour me lâcher…
Craignant le moment de la rupture, je prends des photos pour prouver que ma relation a un jour existe et que mes sens disaient la vérité… je prends des photos de tout, des immeubles trop moches de vanité, aux passants trop bien habilles, au ciel bleu annonçant l’été, aux avenues trop larges pour me sentir passer…
Tête en l’air d’habitude et encore plus dans cette foire qui m’effraie autant qu’elle m’intimide, je perds ma camera, mes photos, mes souvenirs, mes aventures, mes découvertes, mes coups de cœur, mes coups d’amour, mes coups de folie…
Je ne puis empêcher mes larmes et je me sentis ridicule dans cette ville qui a vu beaucoup de filles pleurer avant moi et qui s’en fout de ma petite camera … Je pleure davantage en pensant que tous ces passants ne se soucient guère de mes trésors digitaux. Je pense a la soirée d’hier, aux photos que je voulais “naturelles”, a celle prise avec mon cousin que je ne vais plus voir avant longtemps, aux choses que j’ai voulu immortaliser en photo et que je perds d’un coup comme emprisonnées dans une camera… une camera perdue dans une ville géante…
J’essaie de réfléchir… et mon optimisme eternel reprend le dessus. Je commence a raisonner, une fois la phase émotionnelle dépassée… Je décide, comme le petit poucet, de refaire le chemin que j’ai fait… en sens inverse, dans l’espoir de retrouver ma camera, mes secrets, mes confidences, mes soirées… mon passé.
Mais je suis vagabonde. Et je ne puis me rappeler exactement ou j’avais été. Je fais de mon mieux pour me souvenir et soudain… j’aperçois la ville me sourire. Elle se plaignit d’avoir été prise en photo sans autorisation préalable et d’avoir été surprise en plein crime, dans des situations qu’elle aurait préféré laisser secrètes. La ville me rendit ma camera. La ville me rendit mon histoire. Mais la ville me fit promettre de me plus jamais, jamais dévoiler la sienne. Je répondis par un sourire… un sourire qui voulait tout dire.

lundi, avril 13, 2009

Si tu dors la nuit...

Si tes nuits sans nuits s’ennuient… C’est que tu as des soucis,
Si tes nuits sans nuits sont sans rêves, c’est qu’en réalité tu crèves,
Si tes nuits sans nuits sont aussi sans réveil, c’est qu’au lieu de dormir, tu veilles,
Si tes nuits sans nuits sont sombres, c’est que sans soleil, tu vis dans l’ombre,
Si tes nuits sans nuits sont infinies, c’est que tu attends le matin pour que tu souries,
Si tes nuits sans nuits sont douloureuses, c’est que dans tes blessures encore tu creuses,
Si tes nuits sans nuits sont effrayantes, c’est que le diable dans ta conscience chante,
Si tes nuits sans nuits te font mal, c’est que tes pensées dans le noir sont fatales,

Si tes nuits plein la nuit sont gentilles, c’est que tu n’as pas de vrais soucis,
Si tes nuits plein la nuit sont silencieuses, c’est que tu es vraiment heureuse,
Si tes nuits plein la nuit sont pacifiques, c’est que tu as des journées magiques,
Si tes nuits plein la nuit sont sereines, c’est que tu as su effacer tes peines,
Si tes nuits plein la nuit ne sont pas sombres, c’est que tu as fait la paix avec le monde,
Si tes nuits plein la nuit sont paisibles, c’est que tes problèmes sont éphémères,
Si tes nuits plein la nuit sont tranquilles, c’est que tu es roi dit mon père,
Car la nuit est le thermomètre de ta vie et le miroir de ton être.

Pere et fille

-Je jure sur ma propre vie, dit le pere, a sa petite fille
-Non, je veux que tu jures sur la mienne, repondit cet enfant de 5 ans... Elle qui savait si bien qu'il l'aimait plus qu'il ne s'aimait lui-meme.

Et c'est exactement ce que j'aurais dit aussi... Pour le croire.

dimanche, avril 12, 2009

Soucis de sis

Une de mes amies a 26 ans. Elle a épousé il y a deux ans un homme très réussi qui travaille dans la finance. Ils se sont rencontrés alors qu’elle était venue à Londres faire ses études. Américaine d’origine indienne, elle était insouciante, jeune, célibataire et s’attendait à tout sauf au mariage. Mais l’amour s’est imposé. Et elle a dit oui… sans réfléchir. Tout semblait parfait. Le cœur battait.
Ils se sont rencontrés dans un bar anglais. Rien de romantique, rien de spécial, pas même de la musique, bref, pas vraiment la scène idéale. Ca aurait fait bien dans l’histoire qu’ils se soient rencontrés dans le parc un jour ensoleillé, mais non, juste dans un bar désordonné, dans leur quartier, et puis le parc à Londres n’est presque jamais ensoleillé…
Depuis ils sont heureux. Pas encore d’enfants bien sûr mais ça viendra, dit-elle, quand elle sera prête. Je les vois heureux et épanouis, en fusion totale et en parfaite osmose. Je l’admire d’avoir pu faire un choix pareil à un si jeune âge alors que les femmes de nos jours sont tellement irresponsables, tellement volatiles ou tellement occupées par leurs carrières.
Mais hier soir, j’ai compris qu’il n’était pas question de certitude. Ni même d’évidence. Malheureusement. J’aurais tellement voulu que ma théorie sur l’AAAmour soit prouvée et je comptais sur elle pour en constituer l’exemple. Mais après quelques verres de vin blanc, dans ce même bar anglais où quelques années plus tôt ils se sont rencontrés, on a discuté, elle et moi, en privé. D’abord sur la vie, sur nos ambitions respectives, sur nos carrières très incertaines, sur nos passions cachées et sur nos amours… Elle m’a avoué qu’elle se demande si elle n’aurait pas préféré le rencontrer quelques années plus tard, pour qu’elle ait eu le temps de vivre sa jeunesse et de sortir avec d’autres, si elle n’aurait pas été plus heureuse aux Etats-Unis, chez elle, si elle l’aime vraiment ou s’il est question d’habitude, si elle aurait été mieux avec un autre, si elle avait bien fait d’aller boire un verre dans ce bar là, ce soir de mai, un soir où elle s’était jurée de profiter de la vie sans s’attacher…
« Ne me comprends pas mal, je suis heureuse » dit-elle. Et je dis « mais oui, bien sûr ». Quoi d’autre aurais-je pu dire ? Elle est mariée la fille, c’est trop tard pour qu’elle vérifie ses « sis ».
De toute façon, je la crois. Elle est heureuse, sinon elle ne resterait pas. Elle n’est pas du genre à rester quand ça ne va pas. Mais ce soir, entre ses copines célibataires, elle a des soucis de « sis ». Et je me demande, si je connais une fille heureuse. Les célibataires veulent se lier, et les casées envient la liberté des premières. Malgré un sourire artificiel, j’ai vu dans ses yeux noirs qu’elle cachait un peu – peut-être pas exprès je ne sais pas vraiment – avec son verre de vin, une envie folle d’escapade. Je lui dis que tout le monde voudrait être à sa place. J’ai été diplomate et puis c’est exactement ce qu’elle voulait entendre. Mais pour être tout à fait honnête je ne connais pas la réponse à ses sis. Et je ne sais même pas pourquoi j’y réfléchis, en pleine nuit. C’est peut-être parce que je me sens mal, de ne pas savoir lui répondre. Je ne sais pas grand-chose sur l’amour, ni sur la vie et rien du tout sur le mariage. C’est peut-être parce que j’aurais dû lui dire « oui » au lieu de la regarder avec les yeux tout bêtes et tout ronds quand elle m’a demandé « est-ce que tu me comprends ? ». J’ai voulu la convaincre qu’elle avait tout. Un peu par réflexe (je défends toujours l’amour), un peu par amitié (je veux vraiment qu’elle soit heureuse) et un peu (trop) par ignorance.
Et puis j’y réfléchis… des heures. Je ne sais pas pourquoi. Et j’arrive à une conclusion peut-être pas très convaincante mais de quoi pouvoir enfin dormir… Je conclus qu’il ne faut pas trop y réfléchir. A force d’imaginer mille scénarios, ce que nos vies seraient si un certain choix n’avait pas été fait, à quoi elles ressembleraient si un facteur y manquait ou si d’autres ingrédients étaient ajoutés, si on aurait été plus heureux si l’on avait choisi une route différente, ce qui se serait passé si on avait pas été allé, ce jour de mai, dans ce bar anglais, on n’en finirait pas… et puis on ne saura jamais.
De ses sis je passe aux miens. Et je lui en veux de m’avoir volé la nuit du samedi, la meilleure de toute la semaine. Puis je finis par me considérer heureuse. Enfin, la plupart du temps, sauf quand j’ai des soucis de sis. Et je me dis qu’en fin de compte (je m’excuse auprès des idéalistes, romantiques et pessimistes), le bonheur ne dépend que de nous. Soit on passe la vie à désirer autre chose que ce que l’on a… soit on se dit qu’après tout, le bonheur c’est ça…

vendredi, avril 10, 2009

Je suis chef


Quand j’ai accepté ce boulot, c’est un travail à temps partiel que j’envisageais : de quoi payer mon loyer, quelques bières entre potes le samedi soir et de quoi survivre en attendant de trouver un meilleur emploi. Je suis écrivain. Enfin… j’écris. Souvent sur mon ordi et parfois sur des petits bouts de papiers entre deux services. J’ai accepté mon boulot de chef dans un resto italien en attendant de trouver un éditeur. Mais le temps a passé. Et je suis toujours chef. Ce n'est pas que je n’aime pas ce que je fais. Au contraire. J’aime dire que je satisfais les palais. Mais le plus dur, hormis la rémunération médiocre, c’est de ne pouvoir être en contact avec ceux qui apprécient mon métier. Ils aiment mes pizzas. Mais c’est le resto qui reçoit tout le crédit. Depuis que j’y suis, sa renommée s’est bien améliorée. On dit même que c’est le meilleur italien du quartier.
J’ai de la farine sur les mains et la chaleur du feu de bois plein le visage. J’ai chaud, j’ai quelques brûlures sur les bras et on me dit de faire plus vite, comme si je pouvais accélérer la force du feu. Et puis on dit que c’est le meilleur italien… Le temps passe. Je ne suis plus écrivain. Je suis chef à plein temps, spécialiste en pizzas. J’aime ce que je fais. Mais je suis anonyme. J’entends, derriere dans la salle, les commentaires admiratifs des plus sympas et les critiques de ceux à qui rien ne plaît. Et ils reviennent !
Sauce tomate, mozzarella et champignons… on l’appelle Marguerite. Et c’est celle que je connais le mieux. Et puis il y a d’autres un peu plus audacieuses que j’apprends à connaître. Je finis à une heure du matin. Et je n’ai pas le temps de manger. La journée a été longue…
Mais ce soir quelque chose a changé. Alors que je mettais quelques pizzas dans le four, une voix douce et sensible me caressa le dos. La voix a dit « merci ». Ce soir, une voix de femme a changé ma vie. Ce soir, pour la première fois, j’ai reçu tout le crédit. Ce soir, j’ai compris que j’étais apprécié. Je me suis retourné, mais la voix n’y était plus. Peu importe. Je sais que je ne suis plus écrivain. Mais je ne suis plus chef non plus. Non, je suis beaucoup plus… Je suis créateur de bonheur. Et, dans le plus profond de moi-meme, je lui dis "merci a toi aussi" ...

mardi, avril 07, 2009

Mon oreiller

J’ai un jour appris que le partage était à l’origine de tous les malheurs. Non pas que je n’aime pas donner. Au contraire. Mais c’est cette situation entre les deux qui m’agace. Parce qu’il est impossible de situer la tête exactement sur la moitié de l’oreiller. Un oreiller à deux ne peut être confortable. Alors je préfère m’en passer. Et poser la tête à même le matelas. Aux courbatures je m’habituerai. Je te le donne. L’oreiller.
La copropriété n’est pas faite pour durer. La loi la même qualifier de temporaire. D’ailleurs, il n’y a pas une famille qui n’ait pas expérimenté, à un moment ou un autre, une dispute concernant un bout de terrain, une bague faite à la main ou une nappe brodée au fil fin. La copropriété résulte toujours en un accord… ou en une dispute qui dure à vie. Au-delà de la chose matérielle objet du litige, ce sont les souvenirs auxquels on s’attache, la valeur morale de l’objet, cet après-midi d’août où sur la nappe blanche le thé fut servit, l’enfance passée à construire des tentes et à collecter des objets jetés sur ce terrain qu’on s’était approprié, cette histoire romantique à la bague liée…
Aussi, il est question de fierté. Ou même de vengeance. Je m’en fous de l’objet. Mais un jour à nous deux il a été. Aujourd’hui, tu pars. Mais cette chose qui était à nous deux je la garderai. Pour la jeter peut-être. Juste pour t’agacer.
Moitié-moitié s’était-on dit souvent. Toi le matin, et moi le soir s’était-on dit aussi. Ou pire : a celui qui en a besoin. Ces dispositions s’appliquent parfaitement quand on est amis. Mais se transforment en la plus sale des guerres quand il est moment de choisir sa route… solitaire.
Alors je décide de tout diviser, à l’avance, en prévention de l’orage, pour limiter ses dégâts. Je décide de donner ou de prendre selon l’origine de l’objet. Et mon comportement choque en temps de paix.
Je divise, j’enregistre, je précise et j’organise. Je trie et je range objets, sentiments, comportements et affections. Et on me dit que cette organisation tue l’amour et l’enterre dans le gouffre le plus profond.
Si une division pacifique peut tellement nuire, je ne puis que confirmer, dans le plus profond de moi-même, combien sage était cette personne qui m’a conseillée un jour de ne jamais, jamais partager mon oreiller.
Et dans le fond de la nuit, j’y plonge un visage humide de larmes de peine et de confort en me disant, bien que je sois seule à le penser, qu’au moins, j’ai un oreiller à moi toute seule pour pleurer.

jeudi, avril 02, 2009

Six

Il suffit que l’un de nous soit triste pour que tous se sentent concernés. Il suffit que l’un de nous soit heureux pour que six vies s’illuminent aussi. Car nos tristesses se divisent par 6 à chaque fois. Et nos bonheurs se multiplient par le même chiffre automatiquement. La nature a fait que l’on fonctionne en groupe. La vie a voulu que tout se fasse par nos forces réunies. Chacun y apporte son truc. D’abord, de l’émotion, pour que nos décisions soient toujours humaines. Mon père, roi du monde, a un cœur d’enfant. Il est notre maison, il est notre sauveur, il est notre pardon. Il accepe a chaque fois, il analyse avec nous et soutient les decisions les plus folles. Il croit en nos capacites, il croit en nos dons et admire avec les yeux les plus profonds. Il nous a tout appris, tout donne en nous transmettant le sens de la generosite. Je n'ai pas connu d'Homme comme lui. Et je n'en connaitrai jamais. Car il n'y en a pas. Et il n'y en a jamais eu. C'est pour lui que je suis. Ensuite, il y a de l’ordre. Car ma mère, malgré une sensibilité certaine, ne laisse paraître qu’une froideur extrême qui facilite le raisonnement et provoque une organisation nécessaire. Ensuite, du support. Mon grand frère a toujours été notre meilleur protecteur. Mon grand frère qui n’a jamais été enfant, car né le plus grand. Mon grand frère qui a accepté de grandir avant l’âge pour s’occuper de trois petits diables. Puis il y a ma sœur… ma sœur qui aime les chiffres. Et qui, par un calcul mental aussi rapide qu’impressionnant, présente les pours et les contres de chaque situation, me laissant aussi perplexe qu’exaspérée… Ma sœur qui possède un cœur plus large que la vie, une sensibilité infinie et un dévouement qui me touche autant qu’il me guérit. Et enfin il y a le petit. Petit car le plus jeune. Mais grand. Oui si grand. Car mon petit frère est toujours prêt à l’attaque pour défendre ses deux sœurs quand l’une d’entre elles est blessée. Et du haut de ses vingt ans, il guette tout danger potentiel, d’un regard vert de colère, vert de tendresse… Il ouvre ses bras et les dangers du monde disparaissent aussitôt.
Nous sommes 6. Et c’est à 6 que nous avons discuté hier soir, quand la vie ne s’est pas montrée très sympathique. C’est à six qu’on parle chacun de son côté, souvent en même temps, souvent en criant, souvent en disant des choses incompatibles et contraires, incompréhensibles et insensées, folles et en colère… C’est à six qu’on se mêle et démêle, qu’on plante le nez partout et qu’on a un avis sur tout, c’est à six qu’on décide, qu’on se dispute, qu’on se réconcilie, à six on s’aime et on se déteste, à six on se pardonne, on s’écoute on s’entraide, à six on marche, on grimpe et on retombe et à six on unit nos forces, toujours, pour continuer, encore plus fort…
Hier elle m’a appelée. Ma sœur. Et pour elle j’ai tout laissé tomber. Elle voulait prendre un café. Mais je savais que par sa fumée, le café en dévoilait davantage. Elle a toujours été là pour moi. Et c’est elle qui me pousse à atteindre mes rêves. C’est à elle que je veux ressembler. Et je ne peux la voir fragilisée. Ensemble on peut tout achever. Ensemble on a pleuré. Quelques secondes… et nos larmes ont séché. Car ensemble on s’est relevé, Ensemble on est rentré et puis ensemble, sur un canapé, en face de la télé, en écoutant une chanson qui nous a fait toutes les deux tout oublier, on a réalisé qu’en réalité on n’était pas que deux. On est six. Et quel problème ne peut être résout à six ?
L’amour de ma vie c’est vous. Ma famille.

samedi, mars 14, 2009

Le Liban, une idee

Elle klaxonne quand elle passe à côté de chez elle, ouvre légèrement la vitre, sort la main et fait un signe rapide à sa grand-mère. Elle ne vérifie pas si celle-ci l’a reçu. Ni si elle a répondu à son bonjour. Pourtant elle est sûre que de son balcon, sa grand-mère fait le signe de la croix dans l’air comme pour la protéger. Elle pourrait le jurer.
Rentrée chez elle, elle entend son père marmonner des mots qui semblent signifier que ses enfants sont des bons à rien. Ca l’a fait rire. Elle sait qu’il déteste qu’elle rentre tard en voiture mais elle ne manque pas de lui rappeller que c’est sa faute, lui qui les a tellement habitués au goût de la liberté. Et elle l’aime pour cela. Pour cette confiance sans limites qui leur a offert malgré les déceptions multiples qu’ils lui ont fait subir en contrepartie. Il semble sans cesse s’en rétablir et leur en offrir davantage d’une générosité infinie…
Sa mère leur propose le dîner. Mais distraits, ses frères, sa sœur et elle sont occupés à se disputer sur des choses banales. Et ils adorent le faire. Car sans disputes, comment manifester cet amour qu’ils ont l’un envers l’autre ? Sa mère s’énerve et prévient que la cuisine fermera s’ils ne réagissent pas illico. Pourtant, quelques heures plus tard, devant nos mines déconfites et nos ventres qui ronronnent, elle nous prépare, tout en soupirant et en jurant qu’elle le fera pour la dernière fois, le plus copieux des repas… Mais elle le fera aussi le lendemain… Et le jour d’après.
Lundi. 6 heures du matin. Douche, messages échangés avec une copine pour partager avec elle la haine du lundi, café avalé devant l’ascenseur et laissé sur la première marche de l’escalier, suivis d’une heure dans l’embouteillage. Elle adore la radio libanaise. Chansons françaises des années 80 qu’elle connaît par cœur et qu’elle ne manque pas de réciter mot à mot ne se souciant de sa mine faisant rire les conducteurs des voitures autour. Elle arrive en retard, bien sûr, au cours de huit heures à cause de travaux divers sur une autoroute qui ont duré les quatre années de ses études en droit. Et il paraît qu’ils durent toujours…
Le Liban… une idée. Et c’est cette idée qui m’est restée. Mon Liban à moi. Un peu comme dirait Gebran Khalil Gebran. Et autour d’un verre, à Londres, mes amis libanais et moi se racontons nos Libans respectifs…
Nos Libans sont différents. Nos Libans ne se ressemblent pas tout à fait. Mais dans tous nos Liban j’ai pu retrouver le mystère de nos montagnes, le goût de nos fruits, des parents qui souffrent de l’adieu mais qui acceptent la souffrance pourvu que leurs enfants réussissent, l’odeur du printemps et les coquelicots aux pétales qui tombent quand on les cueille comme s’ils refusaient d’être séparés de la nature, le soleil généreux de l’été, le sable brûlant et la mer scintillante, l’odeur de la mankoucheh et les seuls sentiments… vrais.

vendredi, mars 06, 2009

Chaussette

Un tour, puis deux, puis trois… J’ai le vertige. Je déteste ce moment de la journée. Je suis écrasée par les autres, trempée, essorée, étouffée jusqu’à ce qu’une main sauvage fasse une entrée imprévue pour nous attraper l’un après l’autre et nous lancer dans un panier énorme sans esthétique aucune. Mais aujourd’hui, la main m’oublie. Je fais de mon mieux pour qu’elle me repère, pour qu’elle m’emmène avec mes amis dans ce panier que je déteste mais que je préfère à la machine… en vain. Je reste seule. Et mon compagnon s’en va avec elle. Je suis perdue, ravagée, dévastée. Que faire ? Je n’ai aucune utilité toute seule. Je suis créée pour vivre en couple. Lui et moi, on va de pair. Même si l’on se dispute quelque fois et que je choisis de dormir pour quelque temps en dessous d’un lit ou dans le coin d’une salle de bain, on finit toujours par se retrouver. Parfois, certains essayent de nous arranger avec des chaussettes d’un autre genre, pour faire vite, pour combler le vide quand l’un de nous se cache quelque part ou est oublié dans la machine, ou simplement par tentative de style. Toutefois, modestie à part, toutes ces combinaisons sont vouées à l’échec. Car on va de pair. Lui et moi. On est né ainsi. Chaussettes.
Ma journée se termine ici. En machine. Il faut que j’attende le lendemain matin pour retrouver mes amis, chaussettes, sous-vêtements de tout genre ou habits, pour une douche froide ou chaude selon la couleur. Je passerai la nuit seule tout en espérant qu’on n'associera pas mon compagnon avec une vulgaire chaussette synthétique qui aurait perdu son second aussi.
Et je pense au mauvais sort lancé à ma vie… Pourquoi ne suis-je pas née pull ou t-shirt en coton ? Pourquoi ne puis-je faire sens par ma simple identité ? Et dans le fond d’une machine bon marché, où il fait sombre et humide et que je n’ai pas encore séché, j’envie tous ceux qui n’ont besoin de personne pour exister.

dimanche, février 22, 2009

Plaire aux hommes

Ils nous disent qu’ils aiment les courbes. Les vraies. Ces formes voluptueuses qu’ont les femmes méditerranéennes, les femmes sensuelles, les femmes épicuriennes, celles qui osent, qui dévorent, qui séduisent, qui aiment, qui croquent la vie, qui vivent. Oui, ils nous disent qu’ils aiment les signes de la féminité, de la maternité, de la fertilité, de la santé. Ils ne font que le répéter. D’ailleurs, ils aiment Monica Bellucci, Salma Hayek, Catherine Zetta Jones, Scarlett Johanson. Mais on continue à nous priver. Et continue à opter pour des salades vertes et des pommes qui vont finir par ne plus exister sur le marché, pour enfin ressembler à un squelette sans forme, sans couleurs, sans vie, sans lumière, sans étincelles, sans force, sans énergie, sans envie… sans charme quelconque.

Ils nous disent qu’ils nous préfèrent naturelles, sans maquillage, sans artifices, sans manières. Ils nous disent qu’ils nous préfèrent à la piscine ou au réveil, quand l’eau et la nuit ont effacé les dernières traces de mensonge, de superficialité, d’incertitude. Ils nous affirment qu’ils aiment le visage pale, les yeux dégagés de tout ce qui pourrait cacher la profondeur du regard, et les lèvres natures. Et pourtant… on se rue pour acheter le tout nouveau mascara censé nous donner un effet « faux cils » alors que la fausseté constitue le titre même du produit. J’avoue que je suis la première à le faire. Et au téléphone avec mon amie, je lui file une info secrète sur un rouge à lèvres à la texture parfaite.

Ils nous disent qu’ils aiment nous voir en tenue décontractée, en espadrilles et en sweat. Et pourtant… on insiste à porter les talons les plus hauts qui nous font si mal et qu’on retire à peine arrivées au parking de chez nous, pour monter 5 étages pieds nus parce qu’on ne peut plus les supporter en fin de soirée, et remarquer que nos pieds sont tout rouges, tout enflés et se dire quand même que ces chaussures valaient bien le coup d’avoir été achetées.

Ils nous disent ce qu’ils aiment. Mais on fait totalement l’opposé. On fait tous ces efforts pour leur plaire. Et pourtant, ils nous aiment comme on est… et même si je savais que toutes ces manies de filles ne servent à rien en réalité, je ne puis vraiment m’en détacher. Et je me demande, devant une salade verte qui se sent un peu ennuyante comparee a un plat de frites, les talons qui me tuent et le mascara pas si efficace qu’il ne voudrait l’être, si c’est aux hommes qu’on veut plaire… ou si c'est simplement une compétition entre femmes.