dimanche, mai 02, 2010

Rue Huvelin

Je savais que ca allait arriver... Qu'un jour, quand quelques années seraient passées, on rirait de cette phobie qui revenait inlassablement à chaque mois de juin. Quatre années consecutives. Et parfois même en Septembre. Pour la deuxième session quand on est moins chanceux. On croyait que rien n'importait plus au monde que de réussir cet examen de Droit des pays arabes et ce fichu Droit International Privé. Et on a fini par le reussir. Tant bien que mal. Même si j'avoue, maintenant que j'ai le diplome soigneusement jeté dans un des tirroirs, que je ne sais toujours pas ce que signifie cette notion de Droit qu'on appelait le "Renvoi", qui m'a causé le premier 7/20, qui ou quoi on "renvoyait", où, et pourquoi.

Des années sont passées. Et avec du recul je réalise que ces années passées dans le plus ancien batiment de la rue Huvelin, de 8 a 8 pendant quatre ans, font partie des plus beaux moments de ma vie. J'y repense et je ressens ce chagrin de n'avoir pas su alors combien on était heureux, insouciants, chanceux. Et combien les amitiés étaient réelles.

Je repasse dans la même rue. Et j'essaie de ne pas regarder au delà de la porte principale. Car au-delà que de souvenirs tellement beaux, tellement innocents et tellement naifs qu'ils viennent défier nos vies d'aujourd'hui.

Mais je regarde. Je ne puis m'empêcher. Et je vous revois toutes. J'entends Gaelle qui dit, avec une voix en panique et des gestes qui vont avec, qu'elle n'a "toujours pas commencé ses révisions". Et elle demande à chacun d'entre nous où nous en sommes, panique d'avantage et disparait pour quelques jours... Pour revenir, passer l'examen, avoir la plus haute note et dire "je vous jure que je n'avais rien bossé".

Je revois Darine. Darine la plus sensible. Qui rit, qui pleure, qui se plaint, qui parle, qui s'agite. En même temps.

Je vois Nay. L'éternelle révoltée. La révoltée contre la politique, la fac, la vie, les gens, les systèmes divers, Nay qui veut tout changer et complètement abandonner. Alternativement. Nay dont les grands yeux marrons et ronds, tellement expressifs, ne manquent jamais de vous toucher au plus profond de votre être. Nay qui n'a jamais eu besoin de trop parler...

Je vois Tatiana... Tati. Et l'image qui me reste est celle de toi assise sur le banc. Le notre. Ce banc qu'on s'est approprié à force de s'y être collées. Par l'effet du temps. Et des secrets. Ce banc qu'il faudrait tuer. Tellement il nous a entendues parler. J'aimerais tellement y être.

En discutant avec vous les filles... la vie semble banale. Tout se résout à plusieurs. Avec des têtes bien faites de juristes ayant su garder un grand coeur. Je suis chanceuse d'avoir croisé votre chemin. Et depuis, je n'ai pu dépasser la rue Huvelin.

samedi, mai 01, 2010

Treadmill

Il parait que faire du sport, au moins trois fois par semaine, permet de garder la ligne. Cette ligne que ma main tremblante n’arrive pas à dessiner droite.

Alors je vais à la gym, un pas en avant et deux derrières, armée de ma musique et mes pensées pour brûler au plus vite cette demi-heure que je déteste et que mon corps et ma tête trouvent aussi inutile que fatigante.

Sur le tapis roulant, je copie un chiffre qui s’affiche sur la machine de la voisine. Je marche, vite, je cours, je me ballade puis je cours à nouveau, comme la musique m’ordonne de faire. Je fais des efforts, j’ai le cœur qui bat, je me sens ridicule dans une salle qui me rend claustrophobe. Et malgré toute l’énergie que j’y mets, la pensée que je suis toujours sur place l’emporte sur ma bonne volonté de vouloir mener une vie saine. Je pense à un bon chocolat chaud sur une terrasse, à une belle conversation avec une copine, à un bain chaud et à une bonne nuit de sommeil, à me prélasser fainéante sous le soleil, à un bon cocktail et surtout… à la douce combinaison d’un fondant au chocolat et d’une glace vanille.

Mais surtout… l’image que je ne puis chasser de ma tête réside en ce parallélisme entre ma vie et cette ridicule machine. Parce que dans ma vie aussi, tous les efforts que je mets semblent ne m’emmener nulle part. Ma vie est une pretentieuse treadmill. Alors je m’en vais. Je m’en vais marcher dehors. Même s’il pleut. Car dehors… mes jambes semblent m’emmener là où mon cœur désire. Dehors, même sous la pluie… je vois un avenir. Et les machines remplacent l’Homme.