mercredi, mai 31, 2006

Qui etais-je?

L’écriture n’a jamais été pour moi une obligation. Plus un désir, un plaisir, un besoin. Les mots venaient seules, les histoires aussi. On dit que les plus belles histoires ne sont jamais écrites, rarement dévoilées, souvent cachées. J’ai essayé de raconter de belles histoires afin de les rendre sublimes en les partageant. J’ai essayé d’écrire des histoires moins belles pour raconter la vie qui n’est pas toujours parfaite. J’ai parlé de tout, souvent de rien, parfois bien, souvent de façon maladroite. Faire beau n’a jamais été mon but. Je ne sais pas quel était mon but. Peut-être qu’il s’arrêtait là où je ne trouvais plus mon bonheur.

Ecrire tous les jours étaient donc devenu une habitude. Plus, une nécessité. Un besoin de communiquer avec ces gens qui me lisaient. Ca m’a surpris d’abord d’être lue. Je ne trouvais pas ma vie plus intéressante que celle de « mes lecteurs ». Je n’avais pas encore compris que j’écrivais la vie de tous. Je n’avais pas encore compris qu’il ne fallait pas nécessairement parler du rêve, du paradis ou de l’enfer pour être lu. La vie normale était suffisamment intéressante. Et c’est la vie normale qui intéresse. Savoir que quelqu’un quelque part partage nos craintes, ambitions, rêves et idées est une chose rassurante. Et c’est ainsi qu’en parlant un peu de ces gens qui m’entourent, que je rencontre et un peu de moi, c’est de tous les autres que je parlais.

Je relis les textes écrits souvent la nuit, entre la conscience et le profond sommeil, ces idées venues par hasard et écrites juste avant qu’elles ne s’en aillent. Je relis ces mots un jour chuchotés, ces promesses jamais tenues, ces confidences qu’on aurait du garder et je me demande… qui étais-je ?

Je relis mes histoires comme si je lisais la vie d’une autre. Cette autre que j’étais. Cette autre que je redeviendrai bientôt – je l’espère-, cette autre dont la vie me manque aujourd’hui. Je ne pense pas que l’on puisse changer si vite. Et j’attends avec impatience ma re-métamorphose.

Qui étais-je ? Que suis-je aujourd’hui ? Comment change-t-on si vite et pourquoi perd-t-on l’envie d’écrire et de partager ? Ou n’est-ce qu’une histoire encore inventée afin de ne jamais s’arrêter ?

lundi, mai 29, 2006

Le parfum d'aujourd'hui.

Un parfum.

Il suffit parfois d’un regard, d’une image, d’une parole, d’un son, d’un paysage pour nous emporter loin dans le passé. Il suffit d’un parfum pour que surgisse au présent un de nos plus beaux souvenirs. Ce que Sartre appelle un ‘analogon’. Proust avait lui aussi rattrapé son passé rien qu’en mangeant une madeleine, odeur qui réveilla son enfance. Il suffit qu’un élément anodin attire notre attention distraite pour que nos pensées s’évadent dans cet endroit aimé et redouté à la fois, lieu de rencontre d’images du passé et d’histoires belles quoique douloureuses que l’on croyait oubliées. Il a suffi d’un parfum… Et loin ce parfum m’a emportée. Je marchais distraite comme d’habitude, pensant à la fois au travail accumulé à peine commencé et à une inspiration qui m’a récemment abandonnée. Je pensais à ce temps qui s’écoulait trop vite et duquel je n’arrivais plus à profiter. Je pensais à ces nuits trop longues qui me volaient mes journées. Et c’est alors que surgit un parfum, je ne sais d’où, reste précieux d’une époque lointaine, un parfum qui me rappela une odeur que j’ai un jour adorée.

Mon corps demeurait, certes, au même endroit. Mais c’est mon esprit que je n’arrivais plus à retrouver. Un esprit errant dans les pages du passé. Mes pensées se baladaient entre Rome et Paris. Mes souvenirs étaient bien plus vivants que la réalité. Même mes sens y participaient. Autour de moi, le décor avait changé, comme pour mieux se marier avec la mémoire. Une simple odeur avait réussi à reconstituer la chaleur d’un été. Un parfum avait reconstruit les restes misérables des plus belles vacances un jour vécues. J’ignorais qu’un voyage dans le temps fût réellement possible. J’ignorais avant ce moment l’intensité du souvenir.

J’espérai au plus profond de moi que ce parfum ne s’épuise guère. J’espérai en secret que la source de cette si belle odeur soit impérissable. J’essayai de chercher des yeux la personne ou la chose à la si belle senteur. Mais vite ressurgit le présent. Et vite disparut cette même odeur. J’en voulus à mes sens, j’en voulus à cet inconnu qui sentait si bon et qui s’était vite éloigné. Mais c’est alors que je découvris les plus belles senteurs. Je découvris le parfum que je préfère aujourd’hui : le parfum du présent.

Le passé sent très bon. Son parfum est attirant. Mais il ne fait que nous arrêter inutilement au chemin. Et son odeur est éphémère. Je préfère celle du présent. Elle existe vraiment. C’est celle du futur que je n’ai pu sentir. C’est celle du futur qui demeure insaisissable. Trop la vouloir ne ferait que brûler le présent. Et le passé l’a déjà trop fait souffrir. Il n’est donc possible d’humer l’instant qu’en étant insensible face aux tentations d’un passé vieux qui tente en vain d’exister et d’un futur orgueilleux qui vante sa face cachée. Le présent me convient. Je le respire pleinement entre deux temps aux odeurs désespérées.

La place aux honnetes hommes.

C’était la plus grande dynastie. Celle des voleurs et des menteurs. Ce fut la plus puissante des dynasties. Elle dura bien plus longtemps que l’on put croire. Elle dura aussi longtemps que vivent les vices. Mais les vices sont mortels. Elle fut affaiblie un jour par des luttes incessantes qui opposaient ses hommes les plus malhonnêtes.

Pendant leurs éternels combats, certains citoyens, très intelligents bien qu’anodins, s’enrichissaient en connaissance et en savoir. Ils avaient prédit cette chute à leurs yeux inévitable. Ils savaient que leur tour allait venir, eux, l’élite du savoir. Ils savaient très bien que l’élite du pouvoir existait, certes, mais n’avait qu’une existence éphémère. Et ce fut effectivement à eux de régner.

Les grands hommes de la cité se croyaient éternels. Ils ne s’étaient jamais préoccupés des pauvres habitants du pays. La concurrence n’existait qu’entre les grands leaders des familles les plus puissantes. Mais c’était une concurrence archaïque. Une concurrence destructrice. Et c’est ainsi qu’ils trouvèrent la mort. Leur indifférence envers les plus intellectuels était très bénéfique. Elle permit leur ascension rapide et sereine.

Ce texte est bien plus qu’une légende. Cette dynastie a existé, un jour, dans un pays du moyen orient. Mais un autre temps est arrivé, le temps de ceux qui ignorent la politique. Et au lieu de l’apprendre, ils créèrent la leur. Un autre temps, aujourd’hui, est arrivé : celui des hommes honnêtes.

On pourrait croire que mon histoire est une déformation de la réalité, une vision trop optimiste de la société, une fiction très loin de la vérité. On pourrait croire que c’est la plainte de ceux qui travaillent beaucoup tout en observant d’un œil critique ceux qui ne font rien et qui détiennent paradoxalement le pouvoir. Non.

Ceci n’est que l’ordre revenu après une très longue absence régner sur une ville qui a longtemps souffert. La justice, le savoir, l’équilibre et le progrès viennent remplacer la « politique » de ceux qui croyaient gouverner. L’économie, le Droit, les sciences, les maths, la pharmacie, la médecine, les arts gagnent enfin le combat. Et leur politique inculte admet difficilement sa plus grande défaite.

jeudi, mai 25, 2006

Une decision lunatique.

Ce que je suis sur le point d’écrire ne respecte aucune forme, aucune structure. Ce que je suis sur le point d’écrire résulte d’une décision de ne plus écrire. Une décision mythomane, lunatique, déséquilibrée, peut-être. Mais une décision quand même.

J’ai commencé à écrire quand j’ai décidé de ne plus parler. J’ai écrit pour ne plus embêter ceux qui m’entourent. C’était un très bon compromis entre le bavardage et la nécessité de vider sentiments et pensées parfois trop agités. J’ai enfermé le tout dans une boite qui s’appelle « ma vraie vie ». La boite de ma vie certes, réservée à ceux qui sauront la déchiffrer entre les lignes. Réservée à ceux avec qui j’ai pu et aimé tout partager.

Ma vraie vie s’étalait donc sans censure, sans complexe et sans détours sur des pages entières, habillées seulement – quand j’étais raisonnable – de la pudeur des figures de style et des images un peu floues mais pas moins directes pour autant. J’ai dévoilé mon existence sans raconter mes secrets. Peut-être parce que je n’en ai jamais eus.

J’ai pris le soin de garder à ma vie sa part d’intimité. Ces choses que l’on ne dit à personne. Ses instants de bonheur, de faiblesse, et ses très beaux souvenirs. Je les ai racontés, certes, tout en me réservant une partie de façon très égoïste. Les raconter aurait rendu mes écrits plus ou moins profonds. Mais ne pas les raconter était un de mes plus grands caprices. Et j’étais fière – je vous l’avoue- de pouvoir tout raconter… sans rien raconter.

Aujourd’hui j’écris pour ne rien dire, presque. Parce que mes écrits ont toujours été le reflet de ma vie. Et ma vie en ce moment est en suspens. Ma vie en ce moment ne mérite pas d’être racontée. Je ne voudrais pas vous ennuyer. Alors j’écris pour raconter une décision de ne plus écrire, un sentiment de dégoût envers ces moments de fatigue et de stress où l’on vous conseille gentiment de tout supporter sous prétexte que « ce n’est pas le moment » d’abandonner. Comme si être heureux, triste ou stressé relevait d’une simple décision déterminée d’une raison trop orgueilleuse. Comme s’il y avait « un moment » pour tout… Non, il n’y a pas un moment pour tout. C’est comme ça, c’est tout…

Puis je me dis ce que j’aurais très bien dit aux autres. Dire aux autres, ça, je sais très bien le faire : ce n’est qu’une étape, ça passera, tu vas très bien réussir, ne baisse pas les bras, ferme les yeux et ça sera déjà l’été, la plage, les mecs et le soleil, etc.… Mais vous savez quoi ? Non, ça ne passe pas. Et puis c’est déjà l’été et le soleil. Mais pas pour nous. Même l’été, même le soleil nous snobent ces jours-ci. Ils choisissent leurs clients. Et ils nous donnent rendez-vous dans un mois. Dans une éternité.

Ce n’est pas une simple décision de ne plus écrire. C’est beaucoup plus : une incapacité, une impuissance, un abandon. Plus du rejet que de la détermination. Beaucoup plus la peur que la raison. Mais je le répète, mes décisions sont lunatiques. Elles naissent d’émotions passagères elles-mêmes changeantes. Alors peut-être que demain l’été m’appellera. Peut-être que demain le soleil sera pour moi. Et je donnerai aux examens le rendez-vous que m’avait donné mon été très occupé cette année. Entre temps, en suspens ma vie, mes décisions fragiles… et votre soleil.

lundi, mai 22, 2006

Je me suis demandee.

Je me suis demandée ce qu’il fallait pour être belle. Je me suis demandée ce qu’il fallait pour plaire aux autres. Je me suis demandée comment je devais être pour qu’il m’aime, et pourquoi un peu plus tard il m’a quittée. Je me suis demandée ce qu’il fallait faire pour être populaire, pour être à la mode et pour réussir à l’université. Je me suis demandée si mes goûts étaient les bons, mes amis intéressants et ma façon d’être acceptable en société. Je me suis demandée qui décidait, à qui je devais demander et par quoi je devais commencer.

Je me suis demandée ce qu’il fallait faire pour être lue. Je me suis demandée où je devais écrire et quoi raconter. Il fallait que je sache si j’écrivais ce qu’on lit, si on lisait ce que j’écris, si je pensais ce qu’on approuve et si je parle comme on voudrait penser. Je me suis demandée si je pouvais dire que j’aimais le petit prince puis j’ai fini par dire que c’est un livre pour enfants. Je me suis demandée qui étaient mes amis depuis que je ne les voyais plus autant qu’avant. Je me suis demandée qui j’étais et pourquoi j’existais, je me suis demandée pourquoi j’écrivais et pourquoi j’étudiais. Et j’ai tout compris quand j’ai arrêté d’y penser.

Je me suis demandée si pour être lu il fallait être rebelle. Si on pouvait être respecté si on aimait la vie. Je me suis demandée s’il fallait être différent pour plaire et si la conformité sincère repoussait. Je me suis demandée si être heureux était ennuyant et s’il fallait opter pour la révolution puisqu’elle fait plus de bruit. Je me suis demandée si la déviance était le prix à payer pour bien paraître en société. Je me suis posée plein de questions, je vous les confie aujourd’hui puisque j’ai trouvé des réponses.

J’ai compris qu’on avait le droit d’apprécier la vie, les gens et le soleil. Qu’on avait le droit d’être chanceux, talentueux et de réussir quelquefois. Qu’il ne fallait pas se sentir mal quand c’est bien mérité. J’ai compris qu’on pouvait le dire même si rebelle on nous préfère. J’ai compris qu’il ne faut pas essayer de se faire aimer, ni même de plaire. Et que si ça ne marche pas, tant pis. J’ai compris que je n’allais écrire que ce qui m’intéresse sans même faire l’effort de trouver des rimes ou des mots jolis. Que la seule option qui m’est ouverte est d’écrire mes sentiments et pensées même si ceux-ci n’intéressent personne. Et là je parle de ma satisfaction personnelle. J’ai compris que je pouvais parler de la chaleur du café ou de l’insignifiance d’une couleur sans avoir à parler de mon pays ou de la guerre quand je n’ai rien à dire à ce sujet. J’ai compris que ce n’est pas toujours par ma faute s’ils sont partis. Et que peut-être ils ont trouvé mieux ailleurs. J’ai compris que je ne devais plus me poser des questions. Que pendant ce temps il serait plus utile d’agir.

Je me suis demandée ce qu’on pensait de moi, ce qu’on disait quand j’avais le dos tourné et quelles étaient les critiques qu’on m’adressait. Je souris aujourd’hui au souvenir de ces moments d’incertitude. Je ris aujourd’hui des jours où je croyais que les autres, eux, savaient. Alors j’écris ce soir, pour parler du temps et du soleil, pour raconter ma vie ou son regard. J’écris pour raconter une chanson ou une caresse. Peu importe si ça intéresse. Mais c’est alors que je me pose de nouvelles questions. Et je me demande…

jeudi, mai 18, 2006

Le papier est mort.

Le papier est mort. Et moi aussi. On a jeté les lettres, les livres et les encyclopédies. Ils ont été remplacés par des moyens plus technologiques et beaucoup moins utiles : des dvds, des CDS et des ordinateurs. Le papier est mort. Le souvenir aussi. Et les sentiments brûlés dans le même feu.


Je regarde ces lettres un jour reçues avant meme la naissance du ridicule. Je relis ces mots que tu m’as envoyés avant que tu n’aies pris l’habitude de m’envoyer un « où tu es » rapide sur mon portable. Je comprends ton écriture et je sens ta présence. Sur la feuille, des mots. Mais aussi des secrets, des confidences et des promesses. Je relis celles que je ne t’ai jamais envoyées. J’y aperçois des larmes un jour versées ayant effacé une partie de ce que je n’ai jamais su dire. Et je regrette ces jours où il était si beau d’écrire.



Mais aujourd’hui le papier est mort. Des moyens plus rapides ont pris sa place. Ils sont rapides, certes, mais nous éloignent. Depuis que c’est facile, on ne se parle plus. La difficulté nous a toujours attirés. Aussi bien que l’aventure, le secret, le mystère et la passion. Et rien n’est plus impersonnel que ce courrier électronique à travers lequel je ne te retrouve plus.


Il parait que loin est l’époque du papier. Il parait que les lettres appartiennent à un autre temps, une autre vie, un autre monde. Il parait aussi que notre amour y était attaché. Il est donc parti aussi. Et j’ai perdu mes mots en même temps que j’ai perdu les tiens. Je regrette les jours où je croyais te tenir rien qu’en lisant tes histoires. Je regrette ces jours où je croyais te caresser en touchant cette feuille qui t’appartenait. Je regrette ces jours où je n’ai pas assez connu le papier. Mais le papier est effectivement mort. Et toi aussi.

Et la tristesse vient bien apres...

Flaubert a écrit : « prenez garde à la tristesse, c’est un vice ». Il écrit ce que pense le monde, il le fait sourire, il atteint son cœur, il le persuade, il le conquiert. Un grand écrivain est celui qui écrit ce que les autres pensent tout bas. C’est celui qui permet à ses lecteurs de s’identifier à ses paroles, qui leur dit que comme eux, il a été triste, comme eux il a souffert, il a aime et comme eux il vit. Un grand écrivain volent pensées et sentiments pour les partager et en faire une propriété collective. Et Flaubert n’aimait pas la tristesse, parce qu’il faisait partie du monde. Il écrit plus encore, il écrit mieux, dépasse le stade de la tristesse, transcende les blessures du cœur et de l’esprit, et dévoile la plus grande misère de l’Homme qui est son incapacité à saisir le moment, à vivre l’instant, à savourer le présent. Il l’écrit comme on n’oserait le penser, il n’écrit que pour dire la vérité: “L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe”. C’est ainsi que par des mots simples, il nous fait comprendre, nous lecteurs toujours débutants, la réalité, la vérité, le monde, ses laideurs et sa beauté. Il n’y a rien de mieux que la simplicité pour convaincre, et c’est le seul moyen d’avoir le plus grand public. Ecrire de façon compliquée l’aurait rendu peut-être plus admirable mais surtout moins compris. Et le but d’un écrivain n’est que de faire parvenir ses idées. Flaubert était donc un grand homme. Dire que c’était un homme de lettres aurait suffit. Et il a réalisé le danger de la tristesse destructrice. Mais il a oublié que le plus grand vice de tous n’était pas la tristesse. Loin de là.


J’ai découvert que le plus grand vice de tous les vices était la gentillesse. Oui, la gentillesse. Certaines personnes ne peuvent qu’être gentilles. Elles ne savent pas agir autrement. Elles pensent –à raison d’ailleurs- qu’il n’y a rien de plus facile qu’un sourire au visage, elles disent merci, bonjour, de rien et à bientôt sans aucun complexe. Elles ont un fort caractère qui leur permet d’être proches des gens qu’elles rencontrent. Convaincues qu’elles agissent de la bonne manière, évitant constamment les problèmes quelconques même avant leur naissance, elles se croient à l’abri du danger. J’ai cherché à savoir d’où venait cette force que détiennent certains chanceux. J’ai compris qu’elle venait de l’amour, du bonheur, de la paix, de la compréhension, de la confiance en soi et de la douceur. On ne peut être gentil que si on est assez fort pour se passer de l’agressivité. Ce sont les plus forts qui sont les plus gentils. Ils n’ont pas besoin de se protéger. Les gentils sont souvent des personnes ayant très bien réussi. Elles n’ont pas à combattre et ne se sentent pas menacées par autrui. Elles se laissent apprivoiser, elles approchent les autres, sachant que le monde extérieur ne présente aucun danger, aucune concurrence. Elles sont en quelque sorte placées à un niveau intellectuel supérieur qui leur permet d’aimer. Leur gentillesse est improvisée. Jamais préparée. Elle brille de sincérité. Elle fait bien plus de bruit que ceux qui essayent de gagner par la force. Tout leur pouvoir réside dans l’éclat de leurs yeux. Et ils réussissent en douceur, alors que les autres sont occupés par le bruit et ne remarquent pas leur succès continu. Ils le remarqueront plus tard. Mais la gentillesse aura déjà emporté la partie. Doucement. Lentement. Sûrement. Et leurs adversaires diront un à un, déçus et surpris : “je ne savais pas qu’il était bien plus difficile de combattre la gentillesse que la méchanceté”.



La gentillesse, souvent, si excessive, est un vice. Et quand la gentillesse est un vice, elle est le plus grand vice des vices. La personne atteinte de la gentillesse excessive laisse passer certaines choses auxquelles elle devrait s’opposer énergétiquement, elle se fait même marcher sur les pieds. C’est alors que naît la confusion entre la bêtise, la gentillesse et l’indifférence démesurée. Croyant être insaisissable, elle se moque de ceux qui tentent de la blesser, les laisse faire et continue son chemin avec le même sourire qu’elle adresse aussi bien à ses amis qu’à ceux qui se considèrent fièrement ses ennemis. Des ennemis, elle n'en a pas. Pour en avoir, elle devait trouver des personnes dignes de l'etre: des personnes qui lui ressemblent. Hormis ses amis, tout le monde est à un même pied d’égalité, et personne ne saurait –ou même ne pourrait- perturber sa vie. Bien sur, elle est heureuse. Elle pense avoir trouve tout le bonheur possible en étant imperméable, mais elle oublie que ceux qui la côtoient ne sont pas comme elle honnêtes, ils n’ont pas comme elle une existence propre et c’est la sienne qu’ils tenteront de voler, alors qu’elle plonge naïvement dans une de ses illusions trop idéalistes. Elle fait confiance à la mer, ferme les yeux pour se faire bercer par ses vagues. Mais celles-ci la rejettent sur une île déserte, après s’être assurées que ses yeux étaient bien clos et son corps bien reposé sous le soleil. Elle a cru le blanc de la neige. Elle s’est dit qu’on ne peut rien cacher quand on est si beau, si grand. Elle s’est promenée sur les pages vides de la tranquillité. Elle n’a pas senti le besoin d’y marquer ses mots. Mais dans la neige elle s’est enfoncée. Et tout le monde, bien sur appréciait sa gentillesse. Tout le monde l’appréciait parce que tout le monde en profitait.

Elle a tiré la leçon qu’elle ne pouvait apprendre que de sa propre bêtise. Elle a compris que pour mériter la gentillesse il faut être à la hauteur. Que les faibles ne peuvent la supporter. Que les personnes fragiles ne savent l’affronter. Qu’elle est difficile à gérer quand on est habitué à se battre. Et elle ne savait pas grand-chose à la vie. Elle les comprenait si bien aujourd'hui. Elle comprenait ses autres qui n’étaient pas habitués à la douceur et qui y voient un appel à la défense. Mais elle a oublié, elle, de se protéger. Heureusement qu’il y a certains de ses amis qui le font pour elle. Ceux qui ont découvert, bien plus tôt, une vérité qui lui est difficile à admettre.

La gentillesse est certes une qualité. Et ne cesse de l'etre qu’après un certain seuil dépassé. Excuse-moi Flaubert, mais j’ai découvert un vice que tu n’as su remarquer. Et la tristesse, crois-moi, vient bien après.

lundi, mai 15, 2006

Une nouvelle ELLE, un peu pas ELLE.

Ce n’est pas vraiment une fille que je connais. Mais surtout une fille que j’appréciais. Une fille que a su se faire remarquer. Intelligente, forte et un peu déviante avec une personnalité unique qui faisait la différence. Jusqu’au jour où elle a décidé de l’échanger. Contre quoi ? Quelque chose d’autre, qui l’éloignait de son identité propre, une autre fille, ni celle qu’elle aurait aimé être, ni elle-même. Le néant. Le vide.


Elle avait de belles idées un peu révolutionnaires, de l’ambition, de la force, de la détermination. Mais elle a choisi les qualités des autres. Elle a cru qu’en répétant leurs paroles, on l’apprécierait plus. Elle n’avait pas compris que ces autres sont parfois aussi fragiles qu’elle.


Et voilà qu’une nouvelle Elle apparaît, très différente et très pathétique. La copie n’est jamais aussi réussie que l’originale. Et elle étale des mots qui ne sont pas les siens, des idées qu’elle a rassemblé de partout d’une façon très maladroite, pour finir par une signature, reste misérable d’une personne ayant jadis existé. On lit les textes qu’elle s’est appropriés, ces textes qui ne correspondent nullement à sa vie, à son histoire, à son passé. Elle écrit la vie des autres. Elle ne la raconte pas, elle la recopie. Alors que la sienne aurait été beaucoup plus intéressante. Elle cherche désespérément des vers éparpillés ici et là, les emprisonne dans le mensonge, parle de la nuit alors qu’elle aime le jour, parle d’une légende qui n’a rien de personnelle, et pleure ce soir ses faux pas si mal cachés. Cette tentative aurait pu si bien réussir. Mais il faut être doué pour ça. Et elle avait raté sur ce plan, aussi bien que sur celui de l’écriture.


Cette histoire est triste. Une nouvelle Elle apparaît. Un peu pas Elle. Une Elle qui me déçoit, que j’appréciais beaucoup plus, une Elle pour qui j’écrivais, une personne qui m’avait fait croire qu’elle me lisait, tout simplement. Cet article peut très bien être recopié. Celui-là raconte, pour une fois, son histoire.

Au cours d’un chapitre de biologie, en classe de première ES, le prof, je ne sais pour qu’elle raison, nous affirma que chaque être était unique, et qu’aucune personne dans ce monde ne pouvait ressembler totalement à une autre. Ceci avait bien sur une raison scientifique que je ne saurais répéter maintenant. Je n’ai même pas su le faire PENDANT le cours. Je n’ai retenu de l’explication que l’idée inutile en biologie. Je n’ai retenu que l’idée qui serait complètement superflue à l’examen : la singularité de chacun. Je savais que ce cours de bio, pour une fois, allait me servir dans la vie. J’avais appris quelque chose ce jour-là. J’avais appris beaucoup plus que ce qu’il avait l’intention de nous faire passer. J’avais l’air trop rêveuse, alors il me demanda de répéter l’explication. Toute fière, croyant avoir la bonne réponse, je me levai, tête haute, expliquer à toute la classe l’essentiel du cours de bio. Je te l’explique ce soir.


Nous sommes nés différents, et nos différences constituent la richesse du monde. Nous trouvons dans le regard de l’autre la confiance qui nous manque, dans son sourire une assurance nécessaire, dans ses critiques une façon de s’améliorer. Au fur et à mesure que nous grandissons, notre personnalité propre s’affirme de plus en plus. Et un Nous apparaît, très beau parce que spécial, très intéressant parce que différent, très mystérieux parce que divergent. Un nous qu’on imposera, qu’on épanouira, qu’on aimera. J’ai mal compris le cours de bio, parce que je n’ai assimilé que l’idée qui faisait de moi une personne unique, non pas meilleure – jamais- mais unique. Je n’ai compris que le coté philosophique seul essentiel pour la compréhension de la vie. Et je crois que c’était plus que suffisant. Parce que depuis ce jour, je n’ai plus jamais essayé d’imiter quiconque. A toi : être soi, partager, s’aimer, aimer, et apprendre.

Etre naturel ou faire des jeux?

Tu m’as posé cette question ce matin, lors d’une de ces conversations un peu trop philosophiques qui nous emportent loin, tu m’as posé cette question qui te passait par la tête alors que je venais d’ouvrir les yeux et que j’avais du mal à me rappeler quel jour de la semaine on était. Bien sur, j’ai répondu par la première des options que tu me proposais : être naturel. De cette façon-là, je ne risquais pas d’avoir tort, ni de devoir me justifier. Mais tu m’as fait réfléchir. J’avais décidé de me reposer, de dormir sous le soleil près de la mer, d’écouter les vagues et de ne penser à rien. Je suis allée à la plage. J’ai choisi un coin tranquille où je pouvais apprécier le calme et la chaleur en paix. Mais je n’arrêtait pas de penser : à toi, à tes questions parfois très compliquées, à tes remarques toujours pertinentes, à tes idées et ta façon de voir les choses. Et tu m’as occupée toute la journée. Permets-moi alors de changer ma réponse. Tu me le dois.


Je vais prendre un exemple dans lequel il est possible mais exceptionnel d’être très naturel comme possible et fréquent de faire des jeux : l’amour.
En amour, on s’habitue. D’abord, on est pris par la magie, on y pense tout le temps, on oublie parfois de manger, on sourit seul comme des imbéciles en pensant aux moments partagés, on se remémore des scènes en y ajoutant à chaque fois un peu de notre imagination (après quelque temps ça devient loin, mais TRES loin de la réalité), on sursaute à chaque fois que le téléphone sonne… Puis ça commence à faire partie du quotidien. Et on devient, après un certain moment, très naturel. Alors l’amour disparaît, quand notre nature déçoit cet autre qui s’imaginait un peu autre chose. Ou bien notre nature plait. Mais un autre problème remplace l’absence d’amour : l’habitude de l’amour. Et c’est la conséquence de notre gentillesse qui refuse les « jeux » proposés dans les magazines pour adolescents, qu’on trouve trop bêtes, trop stupides et non dignes de constituer, ne serait-ce qu’un instant, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, notre façon d’agir.


Parmi ces « jeux » classiques, je cite par exemple cette fameuse règle pathétique « suis-le il te fuit, fuis-le il suit ». Ca y est, je l’ai dit. Je ne voulais pas le faire, j’avais honte d’en parler. C’est ridicule. Mais si ça sert à convaincre, j’utilise tous mes moyens. On est convaincu que cet autre nous convient. Il n’est pas parfait, certes, mais est le plus proche possible de cet être idéal dont on avait tant rêvé. Il n’est pas parfait. Mais on hésite aujourd’hui de changer notre image de la perfection. On l’aime. Et il devient le modèle type de la beauté. Ses défauts nous plaisent, et deviennent désormais, par l’effet de l’amour, nos qualités préférées. On était des personnes « mauvaises » dans le passé. Mais sous le charme, on est transformé en être doux, gentil, attentionné… Bref, amoureux. Seulement, cette si belle scène représente un seul des deux points de vue. Il ne faut jamais prendre en considération une seule version de l’histoire. Il y a toujours une autre, parfois plus fausse, parfois plus vraie. Toujours écouter les 2 versions. On écoute par exemple la chanson de Johnny Hallyday « Que je t’aime ! ». On se dit « Que c’est beau l’amour ! ». On oublie de se demander : « Et elle ?! Elle l’aime ?! ». La réponse, « souvent », et « parfois » pour les optimistes, est Non. Elle ne l’aime pas. Et lui, il lui chante « que je t’aime ». Pas nécessairement parce qu’il l’aime. Mais on aime bien entendre parler d’amour. Ca donne de l’espoir. Ca fait rêver. Et ça fait surtout vendre des Cds. Alors il lui chante « que je t’aime ». Et il lui en chantera tant d’autres. Que importe ? On ne sait même pas de qui il parle. Et elle n’existe probablement pas. Aimer de cette façon, c’est soit être bête, soit chanter à ce parfait inconnu qu’on ne connaîtra jamais. Pourquoi ? Parce qu’il n’EXISTE PAS.


Je reviens à mon analyse. Alors on est amoureux. Que l’autre le soit ou pas, peu importe. Il peut l’être c’est possible. Je n’ai pas dit le contraire. Mais on lui montre tellement qu’on l’aime, on est « naturel », on refuse les jeux de tout genre, et lui il sait que c’est dans la poche. On n’a jamais été comme ça, on le dit, on le répète, on l’adore. Il le sait. Alors il ne fait plus aucun effort. Il est gentil, bien sur. Très gentil même. Mais il devient lui aussi tellement naturel que le charme disparaît. Ca devient presque de l’amitié. Il ne sent même pas le danger de nous perdre. Il sait qu’on l’aime trop. Ca se voit de notre façon de le regarder, de lui tenir la main, de lui parler tout bas , ça se voit quand on est triste, ça se voit quand on est heureux, ça se voit quand on annule tous nos programmes pour le voir…
J’ai changé ma réponse. Il faut, quelques fois, faire des jeux. Ne jamais le laisser sentir que tout est acquis. Ne jamais laisser la flamme s’éteindre. Ne jamais le laisser savoir que notre vie tourne autour de lui. C’est la façon dont il faut agir. Mais moi je ne pourrai jamais. Je l’aime trop pour mentir.


Voici ma réponse « théorie pratique », une réponse « scientifique » peut-être, rien que pour te convaincre. En poème, ça aurait été faible. Mais je me serais mieux exprimée. J’ai parlé de l’amour, mais ceci peut s’appliquer dans tous les autres domaines. J’ai parlé de l’amour. Parce que quand c’est un vrai amour, il est tellement difficile de jouer la comédie. Je t’entends déjà dire « il FAUT être fort, il FAUT être dur, il FAUT être rationnel »… Et tu as raison. Mais en amour on ne fait jamais – je crois- ce qu’il faut. Et une application pratique serait trop difficile. Alors « soyons fou » ! hehe. C’est ce que tu dis non ? Voici donc ma réponse. Et la tienne ?

vendredi, mai 12, 2006

Ce que j'aurais voulu te dire.

Il y a ceux qui revent,
Et ceux qui se contentent de vivre,
Il y a ceux dont la vie est un reve,
Il y a nous.
Le croisement des reves et de la realite,
Puisque notre vraie vie est un reve,
Puisque notre reve a toujours ete notre vie d'aujourd'hui.
Il y a toi,
Et moi...
Et peut-etre de nouveaux reves...

Am I a peaceful person?

C’est la question que je me pose depuis quelque temps, celle de savoir si je suis, ou non, une personne pacifique, qui préfère la paix à la discorde. Je me suis posée cette question un soir en regardant Oprah, alors que je prenais un break de mes études et que je n’ai trouvé que ça à regarder. En effet, elle était sur toutes les chaînes. Ou presque. Le rapport avec ma question existentielle ? Charlize Theron était invitée pour parler de sa vie en tant qu’actrice. Son ex-copain parla d’elle, et la décrit comme étant « a peaceful person ». Et je trouvai que c’était la plus belle façon de décrire une personne… Je décidai, tout à coup, d’améliorer mes liens avec le monde, avec mes amis, et avec la vie en général.


Suis-je une personne pacifique ? C’est là la grande question. Comment définit-on une personne paisible, comment peut-on savoir si nous sommes, ou pas, en harmonie avec les choses et les personnes qui nous entourent ? Cherchons nous vraiment à l’être ? Faisons nous des efforts en ce sens ? A y penser vraiment, je ne crois pas avoir même essayé d’éviter les embrouilles. Je me suis souvent comportée – peut-être même tout le temps- selon mes envies, mes humeurs et mes réactions. Ces dernières n’ont jamais été réfléchies, maîtrisées ou contrôlées. Et voilà qu’aujourd’hui, ce soir même, je remets en cause ces comportements « fous » du moment, ces mots pressés et ces pas maladroits. Je les remets en question dans ma tête, sans encore les appliquer, la diplomatie n’ayant jamais été l’une de mes qualités. Et je me demande s’il y avait un comportement idéal propre à chaque situation, une façon de faire les choses de manière à sortir gagnant, n’ayant pas tout dit, ou n’ayant dévoilé que le juste nécessaire. Cette part de mystère qui fait le charme de certaines personnes, qui ont le pouvoir de garder pour elles-mêmes une grande partie de leurs pensées, de censurer leurs propos. Ces personnes ne sont pas nécessairement hypocrites, mais ont la faculté de ne pas tout dire. On les appelle les « personnes pacifiques » par opposition à celles qu’on qualifie de « spontanées » et qui sont en réalité celles qui causent le plus de problèmes.


Etre pacifique… A peaceful person. Ce n’est pas très facile. Et je sais que je ne le suis pas tout à fait. J’apprendrai à l’être. J’ai franchi le premier pas de ma métamorphose. Je me suis rapprochée, après un court voyage, des personnes que j’aimais bien, et j’ai décidé d’être plus optimiste. Rien ne sert d’aggraver les choses. Tout finira par s’arranger. Je suis convaincue de la nécessité des rapports sociaux dans la vie de toute personne, de la sincérité et de la confiance essentielles dans les liens qui nous unissent aux autres et d’une joie de vivre qu’il faut essayer de garder malgré les difficultés éventuelles rencontrées sur notre route. Faire confiance, et accepter le risque d’être déçu. Croire en l’autre, essayer de régler ses problèmes avec la plus grande simplicité, ou même les éviter avant leur naissance est la clé du bonheur. Rendre l’autre heureux c’est inviter la paix chez soi. Laisser passer certaines choses parfois, juste pour le repos de l’esprit. Et ensemble, vivre calmement. Le calme, aujourd’hui, j’en ai vraiment besoin.

mercredi, mai 10, 2006

Mais c'est un film.

Il me reste cinq heures de sommeil… Plus que quatre. Comment faire pour dormir ? Comment faire pour s’adapter à un emploi du temps caméléon, qui change sans logique bien précise, sans équation mathématique… Ou bien selon une logique et une équation que je ne comprends pas, que mon corps rejette et qui font souffrir mes nuits d’insomnie. Quoi faire ? Etudier ? Penser ? Ecrire ? Parler ? Mais quoi, à quoi, sur quoi, à qui ? Vous avez sans doute remarqué que j’ai opté pour la troisième des solutions, comme toujours, afin d’être inutile, de perdre mon temps, de ne pas avancer dans les études, de ne pas réveiller quelqu’un qui n’aurait pas spécialement envie de me parler au milieu de la nuit (encore ces personnes qui aiment tellement le jour) et surtout pour vous faire subir une fois de plus des mots fatigués qui fatiguent.


Ce week-end, je suis allée au cinéma. Depuis que j’ai commencé mes études de droit, aller au cinéma est un programme « fou » comme aller en boite ou même – pour exagérer- voyager… Et j’ai vu un film qu’on m’a déconseillé, ce qui m’a poussée à le voir, comme mes goûts pour les films sont un peu bizarres : « Shop Girl ». Et une scène m’a marquée. Une image. Une idée. La fille qui joue le rôle principal de ce film discutait avec un homme, son ex-copain, alors que son petit ami actuel l’attendait de coté. Elle finit sa conversation avec le premier, et se dirigeai calmement vers l’homme qui l’attendait. Il avait les bras ouverts pour l’accueillir, il l’attendait impatiemment, alors qu’elle ne s’était absentée que pour quelques minutes. Il l’attendait. Et sans poser aucune question, il la serra fort contre lui, comme pour lui promettre le monde, la vie, le bonheur, les jours heureux et les jours sombres, il la serra comme pour lui dire que tout irait bien désormais, il la serra pour lui faire savoir qu’il lui faisait confiance, qu’il serait là pour elle, il la serra comme s’il avait tout compris, il la serra comme pour lui crier qu’avec lui elle n’avait pas à avoir peur.


Mais c’est un film. Et c’est la nuit. Et tout le reste n’est que jour et réalité.

dimanche, mai 07, 2006

A quatre, on a grandi.

















C’est à quatre qu’on a grandi. C’est à quatre qu’on a un jour adoré notre enfance, à quatre on a pleuré comme pleurent les enfants, on a ri tellement fort dans les nuits, on s’est aimé, on s’est fait du mal, à quatre on a rêvé, à quatre on a eu peur, on s’est encouragé, on s’est disputé à la maison mais on s’est défendu dans la vie, on a marché à coté, on a rigolé de nos différences, on a appris de nos expériences… Et à quatre on a grandi. A quatre aujourd’hui on fait face à la vie. On la voit d'une facon si differente. Mais on l’aime, je crois, autant. Vous trois, je dois vous le dire, vous serez mes compagnons de toujours.

D’abord il y a Carl. Il a aujourd’hui 26 ans. Les filles, il est beau comme un dieu. Il aime la vie, beaucoup trop je crois, ce qui l’a souvent distrait des « choses sérieuses ». Il a aimé les nuits, il a aimé la musique, les boites, la télé, les jeux, la famille, ses amis et surtout… les filles. Carl est notre grand frère. Il nous a appris à grandir. Il nous a accompagnés à l’école, nous a achetés en cachette des bonbons. Carl a su nous faire rire, il nous a appris les leçons qu’il a tirées de ses propres fautes et nous a consolés quand on avait des soucis. Il a supporté le poids de la responsabilité alors que nous étions trop jeunes pour comprendre que parfois les choses pouvaient aller mal. Il a essayé de nous cacher tout ce qui aurait pu nous rendre triste. Il gardait ces choses-là pour lui et nous a offert les plus beaux moments de notre enfance. Il nous a proteges dans les rues de Paris, et a 10 ans, il avait deja aide ma mere a demenager d'un pays a un autre plusieurs fois, alors que mon pere le regardait fierement du haut de son avion. Il refaisait sa vie a chaque fois, sans jamais se plaindre, se faisait de nouveaux amis, s'adaptait aux changements et n'oubliait jamais son role de grand frere. Carl, tu trouveras un jour la femme qu'il te faut, celle que tu pourras aimer comme tu aimes le faire, celle avec qui tu seras toi, souriant, dynamique, nerveux et reveur. Tu l'as feras danser et ensemble vous ferez votre vie. Carl est le plus rebelle de nous 4. Il n’a jamais su se conformer aux règles posées par la société. Il a toujours été différent. Aimé par tous, il garde toujours son cœur d’enfant. Il a grandi aujourd’hui. Il a 26 ans. Il travaille à Dubaï et réussit bien ce qu’il fait. J’ai grandi aussi. Peut-être. Mais il restera à jamais mon grand frère.

Ensuite il y a Carol. Carol, 22 ans, fait partie de ceux que je décris parfois : ceux qui ont l’habitude de réussir. Elle a toujours été excellente, aussi bien dans les études qu’en sport, en amour ou en amitié. Carol a un très fort caractère, elle est belle, brille à sa façon et a toujours des projets. Quand moi je rêve, elle planifie. Elle partira bientôt, une fois son centième diplôme achevé. Elle partira dans deux mois, à Londres et à New York, elle partira parce qu’elle a besoin de continuer son chemin si brillant, elle partira parce que la vie l’appelle, le monde est grand, elle partira parce que ses ambitions dépassent les limites géographiques et les horizons qu’on lui propose. Elle me laissera ici, et me privera de son amitié et de son support. Elle partira en emportant avec elle une part de mon cœur. J’aurai besoin d’elle, j’aurai besoin de sa force dans les moments où je serais fragile, j’aurai besoin de ses idées, de sa logique, de sa tendresse… Mais elle ne sera jamais vraiment partie, je le sais. On ne peut pas séparer deux sœurs. Et ensemble, on restera. Entre les sœurs, une amitié qui défie le temps et l’espace. Nos cœurs seront à jamais unis, mes pensées pour elle, et mes prières pour la protéger. Carol, je t’aime. Je sais que tu dois partir. Je te retrouverai très bientôt. Attends-moi. Réfléchis pour moi. Reste ma force, mon espoir… mon bonheur.

Et puis Ralph… L’ange de la maison. Ralph l’ange et le diable. Le plus petit de tous. Ralph a 17 ans, et ressemble aux deux premiers à la fois. Il aime la vie et partage son temps entre les filles, le sport et les études. Il réussira, je le sais, parce qu’il est honnête, fort et sensible à la fois. Il réussira parce qu’il le veut, parce qu’il sera à jamais notre petit frère et on essayera de le protéger. Ralph grandit. Il est presque un homme aujourd’hui et commence à avoir sa vie privée. On a du mal à rester à l’écart. Mais il a son histoire personnelle à écrire. Il a sa vie à construire. Et il ne nous ressemble pas. Ralph nous fait sourire, Ralph me remplit le cœur. Ralph est le dernier de la liste, mais sans doute le plus mature. Le plus petit qui joue parfois – et si bien- le rôle du plus grand.

Et enfin… il y a moi. Un enfant parmi les quatre, attaché aux trois autres, qui déteste devoir grandir et se séparer d’eux. Il y a moi, maladroite et fragile, ayant survécu grâce à nos forces réunies et nos énergies concentrées. Il y a moi, qui vous aime énormément. Une seule chose me console, une phrase tirée encore une fois d’une chanson : « On ne changera pas le monde, mais il ne nous changera pas. »
On partira alors, chacun de son coté, chacun vers ce qui l’attire. Et au carrefour de nos routes, on parlera de notre enfance, on puisera de notre passé la force nécessaire pour l’avenir et on continuera nos chemins respectifs pour se retrouver un autre jour, une autre année, avec tellement de choses à se raconter. Carl, Carol et Ralph, vous savez, à quatre, le monde est si beau.

vendredi, mai 05, 2006

Ce n'est pas du snobisme, juste de l'indifference necessaire.

Nous passons souvent beaucoup de temps à penser à certaines choses ou personnes, à imaginer des histoires, à repasser des scènes dans notre mémoire, à essayer de résoudre certaines difficultés. Nous y pensons toute la nuit, en faisant du bruit pour tuer le silence, nous essayons de dormir sans jamais trouver la position confortable, notre cerveau est lourd. Puis arrive le matin, la fatigue et la mauvaise humeur : la nuit n’a pas contribué à résoudre nos problèmes et ceux-ci subsistent toujours, le temps ayant aggravé leur ampleur. Nous pensons à des mots qui nous ont été adressés, à des regards, à nos mauvaises notes, à ce garçon qui nous plait depuis toujours et qui ne sait même pas que l’on existe, au temps, à nos parents qui nous manquent même s’ils habitent sous le même toit, à notre futur incertain, à notre santé, nous pensons à nos amis, à ceux qu’on a perdus sans le vouloir ni le remarquer, à notre meilleure amie que nous ne voyons jamais assez… Et notre conscience constitue notre misère.


Nous aimerions oublier, et profiter du moment. Nous aimerions ressembler à cet enfant insouciant, qui rit de tout sans jamais rien comprendre, nous aimerions ressembler à cet homme libre comme le vent, qui n’a pas vraiment réussi dans la vie mais qui s’en fout carrément, nous aimerions ressembler aux papillons qui ne vivent pas assez longtemps pour avoir des soucis ou encore à la cigale tellement heureuse, qui se fait des jaloux parmi les fourmis. Mais notre mémoire nous fait souffrir. Elle fait ressurgir au présent ces choses de notre passé qui rendent la vie dure, le temps paresseux et les nuits blanches. On nous dit que nous aggravons les choses. Et c’est probablement vrai. Rien ne vaut tellement de tristesse et tout finira par s’arranger. Nous donnons des conseils mais nous ne savons pas les appliquer en ce qui nous concerne. Puis le temps finit par nous apprendre. Et vient succéder l’indifférence involontaire aux soucis destructeurs.


L’indifférence devient une condition nécessaire à la survie. Elle pénètre doucement la vie d’une personne, et lui donne cet air léger et froid qui fait sa présence. Elle apparaît quand elle juge la personne capable de vivre détachée de la prison que constitue la société quand celle-ci comprend que cet autre ne doit faire partie de sa vie que dans la mesure où il est épanouissant, qu'il doit sortir de notre sphère individuelle dès qu'il dépasse les limites qui lui ont été initialement tracées. Rien ni personne ne peut désormais la déranger. Elle ne retiendra des paroles des autres qu’une partie minime qui correspond à ce qu’elle aimerait entendre. Elle ne serait pas naive pour autant. Mais elle aurait construit sa censure personnelle sans laquelle elle ne pourrait vivre en paix. Et elle marche insouciante et heureuse, dort bien la nuit, et se réveille la mine parfaite. Le cerveau n'a plus qu'à s'occuper des choses essentielles de la vie. Et tout le reste s'évapore en même temps que nous progressons.

mercredi, mai 03, 2006

Et un jour, on lui raconta le monde.

A première vue, on pourrait croire que c’est un enfant gâté. On pourrait croire qu’elle est superficielle et ne sait pas grand-chose dans la vie. La vie ne lui apprend rien. Elle n’a pas de rapport direct avec elle mais lui parle à travers des intermédiaires qui déforment quelques fois – pour la protéger – la réalité. Et ensuite elle se ballade dans un monde qu’elle croit parfait. Elle découvre petit à petit la tristesse, la maladresse, le désespoir, la misère, l’égoïsme, le mensonge, l’hypocrisie… Elle leur en veut tellement de lui avoir caché la vraie face du monde. Mais ils lui disent ce qu’elle a souvent dit – sans conviction – à ses amis en difficulté qui viennent souvent la voir pour trouver du réconfort croyant qu’elle possède des solutions à leurs problèmes : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». C’est ce qu’ils lui ont dit, le jour de sa vraie naissance dans le vrai monde. Le jour où sa « vraie vie » a commencé. Elle a pensé qu’elle ne voulait pas être plus forte. Elle a pensé qu’elle aurait préféré mourir plutôt que d’expérimenter ces « nouvelles choses ». Elle a pensé qu’on ne le lui disait que pour l’aider à supporter ces moments difficiles et qu’en réalité, être plus fort est sans rapport dans l’affaire. Elle se sentait coincée en permanence dans cette phase de transition, toujours dans l’attente de quelque chose qui allait éventuellement arriver ou surgir, une force, une illumination, une clé, une carte qui lui permettrait de trouver des repères, un trésor caché ou encore une bulle dans laquelle elle pourrait vivre et qui la protégerait de tout ce qui lui est nuisible. Mais vous savez quoi ? Rien.


On pourrait croire qu’elle a beaucoup moins de problèmes que les autres. Parce que les gens, au lieu de se concentrer sur leur propre vie, ne font que la comparer à celle des autres, et de dehors elle paraît bien entourée, protégée, gâtée, souriante et heureuse. Ces gens-là oublient qu’en société, tout le monde parait heureux. Et que c’est ceux qui sont les plus souriants qui ont en réalité le plus de tristesse dans le cœur. Que c’est ceux qui avancent le plus vite qui ont le plus peur. Que c’est ceux qui parlent le plus haut qui sont les plus timides. Que c’est ceux qui prennent un air de supériorité qui ressentent un manque de confiance. Que c’est ceux qui évitent les autres et qui les regardent d’un air agressif qui ont peur de s’engager en amitié ou en amour. Vue de l’extérieur, on lui reprochait de tout avoir. Et c’est cette même fille qui jouait, quelques années plus tôt, dans son coin dans la cour de récréation, parce qu’elle n’avait pas le courage de courir avec les autres. On lui avait dessiné une belle image de la vie, où les enfants du monde se tenaient la main, où l’on ne disait que la vérité et où il y avait assez d’eau et de lumière pour tout le monde. Mais elle fut surprise quand elle découvrit que l’image qu’elle détenait ne correspondait en rien à celle des autres. Elle fut révoltée. Elle cria haut et fort que c’est elle qui avait raison. Que c’est elle seule qui connaissait la vérité. Mais ce fut la loi de la majorité. Elle tourna le dos et repartit triste en silence.


Ce sont ces enfants-là qui sont les plus fragiles. Ils ne savent pas agir en société. Ils ne savent pas se protéger. Ils croient toute personne qui leur parle d’un air honnête et vulnérable. On se moque d’eux. On profite. Mais petit à petit, coup après coup, ils deviennent méfiants, et plus agressifs que ceux qui sont nés dès l’origine dans le vrai monde. Ils savent même faire face aux plus difficiles situations. Elle a su le faire elle, alors que tout le monde s’attendait à ses larmes et ses caprices. Elle a su se montrer froide et recourir à sa raison. Elle sait aujourd’hui qu’il ne faut retenir des paroles des autres que celles qui sont prouvées, justifiées et utiles. Que les critiques sont constructives. Que leur jalousie est pathétique. Ce qu’ils avaient à dire attirait d’abord son attention. Mais elle est devenue aujourd’hui capable de vivre entre les gens. Et même d’accepter leurs défauts, faiblesses et regards. On se fie aux apparences pour raconter des histoires et même les certifier. Comme si les histoires des autres concernaient la notre. On oublie qu’à force de regarder vers l’arrière, on arrive en retard. Et parfois le délai s’est déjà écoulé.

Elle se promène toujours avec un air heureux et naïf. Elle ne pourra jamais s’en débarrasser. Parce qu’elle garde dans le cœur l’image ancienne du monde qui s’est avérée être la plus fausse de toutes. Mais elle la garde quand même et c’est sur celle-ci qu’elle pose son regard quand elle partage des moments avec des personnes qu’elle aime. C’est cette carte qui lui indique la direction à suivre quand il s’agit de retrouver ses vrais amis. Et ensemble, suivant de faux chemins qui ne mèneront nulle part, ils partagent leur vision personnelle de la vie, cette vision aussi optimiste qu’erronée. Ils le savent. Mais ils s’en foutent. Ils se disent que ce n’est que le chemin qui compte, même si celui-ci n’aboutira pas. Ils se disent qu’ensemble ils partiront. Ils verront où plus tard. Pour le moment, la route suffit. Et après tout, s’ils y arrivaient, ils n’auraient plus rien à faire. Et la vie n’est peut-être qu’un chemin vers quelqu’un ou quelque chose qui constitue notre raison de vivre mais qui ne constituera jamais, jamais, notre réussite. Ce but est à l’origine de tous nos succès, ils nous guide, nous pousse vers l’avant, nous donne de la force et de l’espoir. Mais il restera à jamais une lumière lointaine et incertaine, très belle certes mais heureusement inaccessible.


Elle se rappelle alors les paroles d’une chanson qui lui ressemble. Elle sait qu’elle a été écrite et chantée pour elle. Elle l’écoute, elle ferme les yeux et fait des rêves qui eux ont l’avantage d’être libres. Elle regrette qu’il n’y ait pas une si belle musique pour accompagner ses mots. Puis elle se dit qu’ils n’en valent peut-être pas la peine. Elle sourit. Et allongée sur son lit, elle savoure les mots et la musique et se fait des histoires qui n’ont pas à correspondre à la réalité.


« On partira de nuit, l'heure où l'on doute
Que demain revienne encore
Loin des villes soumises, on suivra l'autoroute
Ensuite on perdra tous les nord

On laissera nos clés, nos cartes et nos codes
Prisons pour nous retenir
Tous ces gens que l'on voie vivre comme s'ils ignoraient
Qu'un jour il faudra mourir

Et qui se font surprendre au soir

Oh belle, on ira
On partira toi et moi, où?, je sais pas
Y a que les routes qui sont belles
Et peu importe où elles mènent
Oh belle, on ira, on suivra les étoiles et les chercheurs d'or
Si on en trouve, on cherchera encore


On n'échappe à rien pas même à ses fuites

Quand on se pose on est mort
Oh j'ai tant obéi, si peu choisi petite
Et le temps perdu me dévore

On prendre les froids, les brûlures en face
On interdira les tiédeurs
Des fumées, des alcools et des calmants cuirasses
Qui nous a volé nos douleurs
La vérité nous fera plus peur

Oh belle, on ira

On partira toi et moi, où?, je sais pas
Y a que des routes qui tremblent
Les destinations se ressemblent
Oh belle, tu verras
On suivra les étoiles et les chercheurs d'or
On s'arrêtera jamais dans les ports

Belle, on ira
Et l'ombre de nous rattrapera peut-être pas
On ne changera pas le monde
Mais il nous changera pas
Ma belle, tiens mon bras
On sera des milliers dans ce cas, tu verras
Et même si tout est joué d'avance, on ira, on ira ».