vendredi, novembre 11, 2011

Ma très chère Julie,

Depuis notre dernier échange, rien n’a changé. De longues journées qui ne servent à rien, si ce n’est à réaliser que je ne sais par où commencer. Quoi faire ? J’aime tant de choses que rien de particulier ne peut me retenir le temps de commencer une chose et de l’achever. Je mange bien, je dors super bien et j’ose à peine te dire que je deviens celle que je t’ai promis ne jamais devenir, la fille un peu superficielle, un peu gâtée, qui ne sait que se faire entre copines des cafés, et de la vie un long weekend qui ne saurait se terminer.
La famille va bien, merci. C’est essentiellement elle qui fait embellit la vie, ici. Il fait beau, les petites robes remplissent mon armoire et je cache derrière les gros manteaux qui me rappellent nos soirées londoniennes, le métro, et la nuit de chez toi qui tombe sur la ville toujours un peu trop tôt.
Ton Facebook regorgé de photos de bébés ? Et bien ici aussi, ma belle. Toutes sont mariées. Comment te le dire ? J’y pense aussi, parfois… Non… je ne change pas ! Je t’entends presque rire, mais écoute moi… C’est pour avoir un homme et un seul, pour la vie, comme dans les romans. Et c’est surtout pour avoir beaucoup, beaucoup d’enfants.
Ecrire non… c’est beaucoup trop sérieux. Je jetterai des mots comme ca, pour vider et dormir mieux. Pas de projets, mais beaucoup d’espoir, que la vie, un soir, me chuchote quel chemin prendre et élimine le hasard. En attendant… c’est surtout déjeuners de famille et verre avec mes copines sur un bar.
Dis-moi ? Parle-moi ? Le boulot, les amours, les sorties, les fringues, je veux tout savoir ! Parle-moi aussi de Londres… Je sais je sais… je l’ai traitée de tous les noms il n y a pas très longtemps. Mais elle finit par nous manquer… la pute !

Karen.

Eternuer

Je passe mon temps à éternuer. Surtout quand les saisons changent. Comme si chaque éternuement venait jeter les soucis de la saison passée, ou officiellement la clôturer. C’est dérangeant, c’est vrai. Mais ca passe. C’est rapide, un éternuement. Un peu comme l’orage. Inattendu. Involontaire. Inévitable.

Le seul problème, c’est quand on éternue en voiture. Parce que l’on ne peut s’empêcher de fermer les yeux. Ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Une fraction du seconde, courte, certes, quoique dangereuse, surtout sur une autoroute et surtout quand on roule à plus de cent à l’heure. Pendant une fraction de seconde, les yeux se ferment, la vue se perd et de ce fait, le contrôle aussi.

On entend autour, les klaxons, le bruit. On n’a pas le temps d’avoir peur. C’est bref. Mais une fois le contrôle restitué, l’on se dit que la prochaine fois, on gardera les yeux ouverts. On y pense, on décide, c’est fait. Puis on éternue. Et l’on ferme les yeux quand même, malgré ce qui a été prévu.

Et je te dis oui. Un peu comme j’éternue. En perdant la vue. Une fraction de seconde, aussi. Une perte de contrôle involontaire. Un risque énorme. Un plongeon dans le vide. Ouvrir les yeux aurait été bien plus prudent. Mais on ne décide pas toujours ses mouvements. Surtout quand ils sont de l’ordre du naturel.

Je ne sais pas toujours ouvrir les yeux. Pourtant j’essaie. Et puis je me dis que voilà, je préfère ne pas toujours pouvoir les ouvrir que de ne pas savoir les fermer du tout…

.

mardi, novembre 08, 2011

Ce qui ne tue pas rend plus fort

On te dira que ce qui ne tue pas rend plus fort. N'y crois surtout pas. On le dit quand on n'a pas le choix. Ce qui tue pas rend lasse, blase. Amer, fatigue. Certaines choses ne tuent pas, certes, mais detruisent quand meme une partie de soi. Elles te laisseront superstitieuse, mefiante, amere, fragile, peureuse. Elles te transformeront en un chat sauvage difficile a apprivoiser. Qui sort ses griffes meme quand on essaie de le caresser. Ne provoque pas les experiences douloureuses, sois heureuse. Reste papillon. J'ai donne ma plus belle jeunesse a un seul garcon. Ne teins pas tes cheveux. Garde leur couleur naturelle. C'est toujours la plus belle. Celle qui va le mieux avec les yeux. Moi je me suis fait teindre en blonde. Et j'ai oublie ma couleur dans ce monde. Porte des robes qui montrent les jambes, ou le dos. Jamais les deux. Et surtout, ne montre jamais ton ventre. C'est ce que tu as de plus precieux. Devoile le a un seul homme, celui qui meritera ton corps, ton coeur, tes aveux. Ne promets rien a personne. Reste libre, suis ton coeur et les signaux que la vie te donne. N'accepte pas la tristesse quand celle-ci n'est pas necessaire... Mais je dis des betises peut-etre. Tu ne pourras pas t'en empecher. Tu pleureras, comme moi j'ai pleure. Et ce n'est que plus tard, quand la vie te montrera ses cafards, que tu realiseras combien tes larmes ne valaient pas la peine. Entoure-toi de personnes qui t'aiment. Qui te permettent d'etre Toi. Dans tes defauts, tes complexes, tes emois. Ne mens pas. Ne t'excuse pas. Debarrasse-toi vite de ceux qui te demandent d'etre une fille que tu n'es pas. Fais les etudes que tu aimes. Oublie celles qui menent vers l'argent. Le marche change tout le temps. Fais ce que tu aimes. Et tu reussiras. Ne fais pas confiance aux gens. Ils t'aideront quand ils sont contents. Et utiliseront tes secrets quand change le temps. Sois gentille avec tes parents, tes freres, tout le monde passe, eux restent l'hiver. Porte du jaune, du rouge, du bleu roi, ces couleurs qui crient. Elles egayent la vie. Les kilos en plus ou en moins ne sont pas de reels soucis. Ne fais pas confiance aux hommes. Attends que ta personne se forme. Quand tu dors, dors legere et sans ennuis. Crois. En ce que tu veux. Mais crois. Certaines peines sont trop dures a supporter. Il faut les donner... A une force supreme qui elle saura les effacer. Ne te fais pas beaucoup d'amis. Tu t'oublieras dans le bruit. Lis. Des paroles de chansons, des romans, des journaux. Trouve-toi un talent, cree du beau. Dis oui. On ferme autant de portes avec un non que l'on ouvre par le oui. Mais fais attention... J'ai dis oui trop vite et a de mauvaises intentions. Sois libre. Des prejuges, des critiques, de la societe. Connais tes valeurs et respecte les avec fidelite.
Je n'ai que quelques annees de plus que toi, mais je ne puis m'empecher de te dire tout ca... Je te vois grandir et je te le dois. Vole, et surtout n'aie pas peur.
Enfin... ca ne sert a rien. On m'avait tout dit. Et j'ai quand meme suivi mon propre chemin.
En plus, mon coeur, j'ai toujours peur.
A R...

vendredi, novembre 04, 2011

Missing the point

I might be old already. And that's a shame. I blame... The books I've read written by those who lived in a different decade. People I got along with who are twice my age. Discussions with my father often very late. A sensibility I was born with that doesn't seem to fade. Lessons of an era that insists on ending. Dreams of a naïve little girl focused on giving. The pursuit of a meaning. A country I was born in that seems to enjoy suffering. A love stronger than the practicality of existing. A cynism that goes hand in hand with living. I blame bitter experiences that woke me up from a deep sleep. A man I met who invited me to dive too deep. A passion for what's real. A determination to feel. A fear of wasting precious time. A keenness on making things rhyme. A lack of a specific talent to work on growing. A curiosity attracted by anything interesting. I feel old. And I blame the young society I decided to overpass. I blame the mass. Halloween parties, I blame. I find them lame. Fake discussions I hate. I choose a different fate. Lies I despise. I choose my tv often more wise. I feel old and its not my fault, its my mold. I realised too early that life was fragile. That my existence was brief even though I was agile. That the ones I truly care about can leave me without prior notice. That them only deserve my focus. I hate pretending that by being shallow I'm being young. For being young is more than a song. The heart is there or it is not. And mine is often all over the place even though I'm not. I might be missing the point or everyone else is. Ill live the only way I know and that is ... Choosing that you will be my cause. My prose. I might be old and I cannot help it. But I found you to give me a meaning, and I like it. When we dream, when we fly. When we kiss, when we cry. When being young stops depending on others. When you buy me flowers. When I feel that I got it right. When I can be crazy and take the next flight. Destination unknown. It doesn't matter, I won't be on my own ...

You make me write in English.
You, I cherish.

mercredi, octobre 26, 2011

L'equivalent

Les émotions, c’est beau. Sentir, frémir, aimer, avoir mal, trembler, pleurer. Quand on les perd, on les cherche. Dans des mots, dans des chansons, dans les bras d’un père, dans des bonbons.

Quand elles viennent, c’est sans préavis. Un mélange de noir, de blanc, rarement du gris. Elles nous meuvent, elle nous poussent, elles nous dévorent. On prend gout au bonheur. Comme on prend gout, souvent, et sans se l’avouer vraiment, a la tristesse. Elle sert de muse a l’artiste en puissance. De raison au vide de notre existence. D’analogon a - peut-être -une nouvelle chance.

Les émotions sont toutefois a consommer avec modération. Il faut vite les vider avant qu’elles ne décident elles-mêmes de s’échapper. Choisir au vide de fait un vide provoqué.

A Londres, je marchais. N’importe ou. Très tôt dans les matinées. Pour être la première a voir les cygnes dans le parc, a respirer l’air frais qui promet le recommencement, a voir la ville déshabillée de ses fausses-promesses. La première a voir le vrai.

Je marchais vite, alors que la ville commençait a se réveiller. Et plus je pressais le pas, plus mes pensées s’échappaient. Il m’arrivait même de me perdre, dans un quartier qui m’était encore étranger, et c’est la qu’alors, je me retrouvais.

Londres sait rester mystérieuse. Elle change constamment. Elle est complexe et ne se comprend pas a l’instant. Elle peut être familière partiellement. Mais elle dévoile parfois, surtout les soirs d’hiver et de froid, un visage totalement différent.

Au Liban, je devais trouver l’équivalent. Mon échappatoire, pour faire le bilan. Ma fenêtre, pour admirer le néant. Mes écureuils, mes cygnes, mon parc, pour satisfaire un besoin urgent.

Je l’ai trouvé. Au volant. Conduire sans destination, pour le plaisir de l’abandon. Découvrir les montagnes libanaises. Sous la pluie. Pour que celle-ci efface incertitudes et ennuis. Conduire vite. Pour que la vitesse l’emporte sur la pensée. Pour que la musique fasse taire les regrets. Pour que le sentiment de liberté octroie le courage de croire… aux miracles qui tout a coup revêtent le caractère du possible, aux rêves les plus fous qui viennent snober le difficile, aux amours les plus compliquées qui viennent chuchoter un “pourquoi pas’’ timide mais déterminé… Appuyer sur la pédale pour monter la pente. Lâcher dans la descente. Se laisser aller…

dimanche, octobre 23, 2011

Les voitures

A des voitures !! Parait-il. Et c’est un homme qui me l’a dit. Qu’entres mâles, ils comparent les femmes a des voitures. L’analogie me surprit. Et pour manifester mon dégout, je noyai ma curiosité dans du désintérêt provoqué, en me résignant a ne pas demander d’en savoir davantage quant aux critères entrant en jeu, quant aux classifications diverses et quant aux significations de celles-ci. Des voitures, pour tout dire, je sais très peu. J’ai reçu la première pour mes dix huit ans. Pas mal, jolie, en noir verni. Elle a fêté mon anniversaire, en célébrant la liberté menteuse, l’âge adulte hypocrite et l’université (bof..) , et n’a jamais survécu (la pauvre!) a celui-ci. Je l’ai regrettée aussitot, j‘avoue. Surtout que j'ai du annoncer, en pleurs, son depart a mon père. Mais il m'a pardonné, et vite, elle fut oubliée. La seconde, je me la suis appropriée sans droit, par possession. Elle roule, et c’est bon.

Etre comparée a une voiture me dérange pour ces raisons. Une voiture, c’est pratique, vrai. Mais ca se démode vite. C’est fragile. Et ca ne sent pas bon. Une voiture ca roule vite. Mais ca supporte mal l’alcool. Et puis y en a toujours une plus nouvelle et plus jolie. Ca s’offre parfois pour ses dix huit ans. Mais ca ne promet pas l’amour eternel. Ca commet le suicide au moindre détachement. Et exige une attention quand meme exageree quand on a MILLE choses, dans le miroir en face, a gerer …

Je me consolai a l’idée qu’une voiture peut être perçue différemment a travers les yeux d’un homme. Peut-être nous comparent-ils a ce qu’ils chérissent de plus. Enfin, c'est ce que je prefere penser... Et ce serait comme nous les femmes, nous comparons les hommes a des jeans. Il serait donc un jeans nouveau, antipathique, rigide, qui refuse de s’adapter. Qu’on achete ne sachant pas trop ce que le futur lui reserve mais qu’on emporte pour le soumettre au defi du temps, des annees. Qu’on achete un tout petit peu plus petit, convaincues de perdre les kilos de trop. Sachant, au fond, tres secrètement, que c’est lui qui devra changer pour les accueillir. Ou, le cas echeant, finir dans un sac grand et noir qu'on remplit en fin d'annee.

Ou serait-il ce jeans familier qui date depuis des années, qui connait toutes nos pensées, qui pardonne nos péchés chocolatés, nos margaritas de fin de soirée, qui habille et cache défauts et peau délavée, qui saute a la première occasion pour nous sauver, quand nos petites robes se font inaccessibles ou trop occupées? Ce jeans qui a connu les bancs de l’école, ceux de la fac, les bars sales, les interminables attentes dans les terminus, le metro, les ballades du dimanche et quatre machines a laver ? Qui se serre a chaque lavage mais qui accepte, inlassablement, de s'etirer pour nous accepter comme on est, superbes parfois, rarement… mais un peu ronde tres souvent.

Non… je ne comparerai pas l’homme a mon jeans préféré. Même si la comparaison me semble justifiee. Parce que celui-ci commence, au niveau des genoux, a se dechirer. Ni a une voiture, je trouve ca vulgaire et puis, je ne m’y connais pas assez.

Pourquoi leur ressembler? Une femme se distingue par sa sensibilite. Elle rencontre, elle decouvre, les autres, mais aussi sa propre personne, ses gouts, ses exigences, ses conditions résolutoires, ses préférences… Elle se batit une idee qu'elle croit floue et qu'elle veut globale mais qui en realite choque de precision. Et quand celle-ci se précise beaucoup, trop, tous les hommes alors ressemblent a des jeans 34 que le plus sérieux des régimes ne réussira pas a faire enfiler. Desagreables. Prétentieux. Trop serrés.

dimanche, octobre 02, 2011

Les possibilités de l’océan

La liberté, pour une saoudienne, c’est conduire seule une mini, aller retrouver ses copines en ville, pour un bon martini et des confidences de nuit. Pour un palestinien., la liberté, c’est voyager librement. Restituer le terrain de ses grands-parents. Voir son pays reconnu par les Grands. Pour une fille de village, la liberté c’est boire un verre avec un homme qui a deux fois son âge, pour discuter les mots et les paysages, sans craindre que cela puisse provoquer du bavardage. La liberté, pour une fille plus ou moins réussie, c’est quitter son chat, son job, son appart, rassembler quelques affaires essentielles, jeter tout le reste, prendre le premier vol, et rentrer chez elle. Sans nécessairement savoir ce qu’elle fera de sa vie. Sa vie qui était si sûre la veille. Et ne se faire aucun souci. J’imagine que la liberté pour un enfant né en Afrique du Nord, serait d’avoir accès a la nourriture, au confort. De croire au rêve fragile de mener une vie de port en port. De faire des études et d’être maitre de son sort. La liberté, pour une femme libanaise mal tombée, malheureuse, trompée, serait d’avoir la force, morale et financière, le droit social et reconnu par la loi, de quitter son mari et de recommencer sa vie. La liberté pour une chrétienne de la montagne, serait d’épouser un musulman de Beyrouth, sans subir les frictions familiales. La liberté, c’est profiter des choses banales, de musique a fond, de conduire un camion, de porter un jupon, de tomber amoureuse d’un vaurien et de se sentir bien. La liberté, c’est que la femme libanaise puisse donner la nationalité a son fils, c’est qu’une jeune beyrouthine puisse avoir son propre appartement sans être traitée de fille facile, c’est choisir de ne pas se marier sans être bombardée de questions sur le sujet, c’est changer d’avis a l’autel… la veille. La liberté c’est se teindre les cheveux en bleus, parce que ca irait bien avec ses yeux. La liberté c’est faire l’amour pour le plaisir et sans détour. Sans pression, juste pour l’abandon. La liberté peut prendre mille formes. Mille couleurs. La liberté, pour que celle-ci soit vraiment libre, doit être un acte léger. Qui n’a jamais pour but de provoquer. La liberté n’a rien a prouver. Elle est relative et elle dépend du lieu de la naissance, du sexe, de la religion, de la société. La liberté, la vraie, ne se sait pas exister. Elle n’est pas rebelle. Elle est subtile. Nonchalante. Ignorante. Naturelle. Elle est. Tout simplement.

Etre libre, c’est beau. Mais on ne l’est vraiment que quand le sommeil est facile et la conscience tranquille. Le cas échéant, c’est dans les limites que l’on trouve les possibilités de l’océan.

vendredi, septembre 30, 2011

Chapitre 1

Les débuts de livre, j’aime bien… ces quelques mots qui commencent une histoire. Ces premières phrases qui viennent fixer un ton, un contexte, un pays, une ile, une conversation, un monologue, une discussion avec soi-même ou un poème…

Les fins de livre m’intéressent encore plus. Parce que j’ai le défaut de l’impatience. Et je me surpris souvent, alors que je choisissais mon prochain roman en bibliothèque, a jeter un coup d’œil discret sur les derniers quelques mots. Cette mauvaise manie a parfois réussi a ruiner le bonheur de la découverte. Curiosité? Peut-être. Mais c’est surtout que je n’aime pas perdre mon temps.

J’ai vécu les trois dernières années a Londres comme ca. En permanent mouvement. Le Liban, j’y pensais, bien sur, mais il ne me manquait pas tout le temps. La douleur des souvenirs est souvent masquée par l’enthousiasme de partir. Cela dure en general deux ou trois ans…

La distance, quoique nécessaire, quoique choisie, n’a pas su me faire oublier… ni le confort de ma maison, ni le soleil de nos étés. Mes souvenirs restaient. Souvent altérés par une imagination fertile que je savais de moins en moins déceler.

Le Liban, j’en parlais… A moi-même, en compagnie d’un verre de vin, tard dans les soirées. Mais aussi a des gens rencontrés… Et quand la passion m’emportait, je me surprenais même a inventer quelques petits détails inoffensifs et superflus pour projeter une image de mon pays… gentillement retouchée.

Le Liban, maintenant, j’y suis. La nostalgie petit a petit trouve son chemin de sortie. Les souvenirs, eux, disparaissent pour faire place au quotidien. La passion lunatique que j’avais inventée s’éclipse aussi… Le romantisme, a distance, c’est joli. Mais sur place, l’on redécouvre les bouchons de 8h, les coupures de courant, et des gens pas toujours tres gentils.

Je pourrais bien écrire sur Londres. Lui crier ma passion. Ecrire sur les petits coins qui me manquent. Sur le marche du dimanche. Sur les écureuils. Les parcs. Les couleurs de l’automne. En oubliant, volontairement, le métro,les rats, le froid, la solitude et mon studio glacial. Mais cette fois je refuse. Je refuse de me laisser faire. Je refuse d’avoir la mémoire sélective. Et quand j’y penserai, je le promets, ce sera pour restituer au meme titre les fêtes de juillet et toutes les choses qui me faisaient chier…

Le Liban, j’y suis. Il n’a peut-être pas tellement changé. J’avais peut-être tout imaginé. Possible. Notre relation ne sera ni douloureuse ni paradoxale. J’y suis, rien de plus banal. Chapitre 1. Les compteurs a zéro. L’imagination au repos. Les souvenirs désuets en dépôt. Je retrouverai ma passion. Je chercherai partout s’il le faut. Je refuserai le faux.

Voila. J’ai mon début de livre. Ce sera, je pense, ce que je fais le mieux: une conversation avec moi-même. J’ai jeté un coup d’œil, vite fait, sur les derniers mots, juste pour avoir une idée… La page fut vide. Quelle drôle d’idée.

lundi, septembre 26, 2011

Abandonner

Persister. Persévérer. Insister. Répéter. Réussir.

La réussite ... Pour la validation de la société. Pour le bonheur des parents. Pour la satisfaction personnelle. Pour le pouvoir, l'argent.

Quoi de plus important ? La réussite relative, subjective, partielle... Qu'importe. Mais réussir. Demain ou dans un an. Réussir enfin.

Se réveiller. Travailler. Courir. Espérer. Prier. Vomir. Stresser. Exagérer. Paniquer. Puis reussir.

Etudier. Faire des études a l'étranger. Prendre le métro. Participer a un congrès. Changer de boulot. Faire le CFA. Des études de droit. Partir la-bàs. Faire des nuits blanches. Bosser les dimanches. Avoir les yeux cernés.

Rêver. Rêver de ne plus rêver. De cette vie qui ressemble à une corvée. De zéros en banque et d'enfants adoptés. De grands discours... Et d'un coeur lourd.

Mais réussir. Selon une définition imposée. Qu'on finit par avaler. Pour obéir a une certaine normalité.

Et puis un jour... Se surprendre à envier ceux qui décident de sortir de la course. De se poser. De prendre un break. D'observer. Envier ceux qui ont le courage d'abandonner.

Et dans leur echec je devine la plus audacieuse des réussites... Un bien-être independant qui se suffit à lui-même. Et surtout... une certaine liberté.

jeudi, septembre 22, 2011

Va-t-en

Elle te donnera du plaisir. Ephemere. Elle t'offrira ce que tu demandes. Mais tu paieras cher. Elle te fera oublier tes soucis. Et tes valeurs aussi. Tu n'es que de passage. Elle le sait. Elle te fera oublier ton age. Et ta peau de plus en plus ridee. Elle te chuchotera des paroles. Insensees. Elle partagera tes idees folles. Mais ne se laissera pas elle-meme emporter. Elle te donnera tellement. Que tu te retrouveras dans le neant. Elle parlera si fort. Qu'elle couvrira tes remords. Tu n'auras pas le temps de penser. Mais quand tes sous seront epuises, tu te reveilleras degoute. Elle n'aura pas de comptes a regler. Elle n'est pas responsable de ta malchance. Le contrat etait fixe d'avance. Ou tu pars depend de toi. Elle n'implique pas son coeur, c'est la loi. Le bruit te rend sourd. Elle est habituee aux rues, aux faubourgs. Elle survivra. Elle le fait depuis longtemps deja. Et si tu decides de t'en aller. Tant mieux. Ne t'attends pas a un adieu. Tu ne fus qu'un numero. Et elle, une habituee au faux.

Ne pleure pas pour des conneries.
Il y a, je crois, du vrai dans la vie.

Pas a Londres. Londres est une pute, petit.

lundi, septembre 12, 2011

Passion

Vous la connaissez cette bêtise? Celle qui consiste à attaquer tout, sauf l’objet du désir ? Sans logique. Sans fondement. Juste comme ca, bêtement ?

Moi, j’en ai été coupable dans la cour de récré. J’allais vers tous les garçons. Sauf celui qui me faisait rêver. Alors il croyait que je le détestais…

Et je n’ai pas changé. A dix-huit ans j’aurai pu me lancer dans des études de littérature. Mais j’ai opté pour des études plus sérieuses aux débouchés plus sûres. Des études de grand.

Je ne sais pas d’où vient cette manie. Cette tendance à bien réfléchir, à chercher au fond de moi, à fermer les yeux et à identifier ma passion… Pour ensuite faire tout. Absolument tout. Sauf celle-ci. Comme ci le plaisir qui y est attaché la rend illégale. Comme si le rêve dont elle émane la rend enfantine. Comme si le fait qu’elle soit octroyée du ciel la rend injuste. Comme si son intensité menace à tout moment son envolée.

Aujourd’hui la vie me rappelle sa brièveté. Et envers la vie, je suis passionnée. Je peux tourner en rond. Comme je peux foncer. Direct vers ce qui me fait vibrer.

Et je décide. De ne plus procéder par élimination. D’oublier l’accessoire et le superflu. De n’avoir que le génial en vue.

Plan A

Les plans B servent à beaucoup. D’abord, à enlever la pression du plan A. Donc à augmenter les chances de sa réalisation. Ensuite, à créer un sentiment de contrôle de la situation. J’ai un plan B donc je suis organisée. Enfin, c’est une bouée de secours quand le plan A se résume en un faux pas.

Beaucoup de gens pensent à tout. Même à des plans C et D. Ils sont réalistes. Ils sont réfléchis. Ils diminuent le risque. Et foncent dans la vie. Sans peur. Sans crainte. Sans panique.

Moi, je fais partie de ces gens- là. Parce que j’ai l’esprit juridique. Et la personnalité d’une poule en panique. Il me faut ce faux sentiment de sécurité, cette envie de tout savoir, tout maitriser, ce besoin de ne plus penser à demain, parce que demain n’est plus un secret. Pourtant, j’ai envie de lâcher… J’ai envie de ne plus penser… J’ai envie de danser avec le danger.

D’autres, snobent les plans B. Se révoltent face aux plans C. Je les envie. Ils croient en la puissance de leurs actes et ignorent l’éventualité d’une chute libre. Ils travaillent sur une chose et une seule. Ils foncent. Ils planent. Ils ne paniquent pas. L’échec est une idée qui les dépasse.

Et parce que leur esprit est imprégné de positivisme, et parce que leur attitude est décontractée, et parce que leurs pas sont solides, ils réussissent. Le plan A.

Aujourd’hui je me retrouve au niveau C, le dernier. C’est-à dire face à ce qu'on pourrait appeler à un plan A sans B, solitaire, et sans soutien complémentaire. Sauf que je ne m’y retrouve pas par choix. Mais suite à l’échec des deux niveaux préalables.

Et parce que je sais que c’est la dernière chance. Le dernier tir. La seule tentative qui me reste. Parce que je sais que je n’ai qu’un coup à faire, qu’il doit être juste et bien visé, qu’il doit être parfait, que je me lance sans peur, ni hésitation, vers la destination qui aurait, autrement, affaibli mon cœur.

Un plan B, c’est prudent. Mais un plan A, seul, majestueux, arrogant est parfois suffisant.

Folle de toi

Moi je te connais beau. Bronzé en plein été. Gai les jours feriés. Joyeux à Noel. Moi je te connais galant. Je te connais généreux. Parce que je ne te vois que rarement. Alors tu me fais les doux yeux.

Moi Je te connais passionné, romantique, parfois fragile, souvent tragique. Comme moi.

Je te connais paradoxal. Mais toujours glamour. Bien habillé. Soyeux comme du velour.

Je te connais enthousiaste de me revoir. Toujours au rendez-vous. Séducteur. Beau-parleur. Voleur de coeurs.

Je te connais un peu voyou. Un peu fou. Désordonné. Mal élevé. Pressé. Tu me tues. Tu.

Je reviens te voir. Et je me demande à quoi ressemblera notre histoire. Puisque je n'ai pas connu ta routine. Et je ne connais que la folie de tes nuits beyrouthines.

A quoi ressembleras-tu les mardis matin ? Les mois de fevrier où la ville se fait chier ? Les jours où il fait ni chaud ni froid? M'aimeras-tu si tu savais que cette fois je restais? chez toi?

Je prends le risque. Mais fais-gaffe. Je m'ennuie vite. Et je ne le répèterai pas deux fois. Rends-moi folle. Folle de toi.

Et si l'autre te demande de moi... Dis que tu ne sais pas. J'ai murmuré un faux au revoir. Un vrai Adieu n'aurait que retardé le depart...

Je ne t'aime pas

Prépare mon lit. Les draps blancs brodés de gris.
Remplace le miroir de mon rétroviseur. Je l'ai cassé lors d'une randonnée à la mauvaise heure.
Dis a Marie que je serai là dimanche prochain à dejeuner. Invite-la à passer la journee.
Prends rendez-vous chez Claude le coiffeur. Dis lui de rendre a mes cheveux leur couleur.
Prepare la table de la salle a manger. Couvre-la d'une nappe et chauffe le café. Je reviens étudier.
Dis à Papy de tenir bon. Je serai là plus vite qu'il ne le croit. Qu'il compte jusqu'à trois. Cent fois.
Appelle le docteur. J'ai des maux de dos et des blessures au coeur.
Repasse mes petites robes. L'hiver chez nous est doux. Et pas snob.
Raconte à mes amis. Que je les retrouverai pour un cafe tous les dimanches après-midi. Que je suis la même. Même si j'ai un peu grandi. Même si je n'ai pas reussi.
Dis à la mer. Que je reviens m'y baigner. Qu'elle me fera peur au debut, cela fait une éternité. Que je n'ai pas en elle trempé mes pieds.
Dis à Carol. Qu'elle devra tout partager. Ses chaussures à talons. Ses chemises en dentelles. Et ses robes de soirée.
Achète de la mélasse. Et fais-moi tes petits gâteaux. J'en mangerai toujours un peu plus qu'il ne faut.
N'achetez-pas ce chien. J'ai horreur des promenades de bon matin.
Déchire mon passeport. J'en ai marre des avions et des aéroports.
Ne me laisse plus partir. Meme si je t'en supplie. Meme si je crie. J'ai été la-bas. Et j'ai oublié de sourire.
Protège-moi. De moi. Partout à part chez vous j'aurai froid.
Je reviens. Pour de bon cette fois.

Londres. Je ne t'aime pas.
©

vendredi, septembre 09, 2011

Lève-toi !

Il y a eu les examens, la vitre du balcon cassée, le froid, le vent, les entretiens à passer, il y a eu les déménagements, les cartons à remplir, les cartons à vider, il y a eu les problèmes d'argent, les amitiés brisées, le linge à repasser et les matins deboussolés, il y a eu la plus belle histoire d'amour, et la rupture la plus tragique, il y a eu les livres de droit, puis ceux de mathématiques, il y a eu les souris dans l'armoire, les cris dans le noir, il y a aussi eu un rat, difficile à croire mais là je ne mens pas, il y a eu des erreurs au boulot, des nuits blanches, des pannes d'eau, la morosité chaque dimanche, il y a eu les mecs rencontrés, un american, un anglais et quelques uns qui refusent d'être rangés, il y a eu l'espoir de l'amour marié à sa deception, il y a eu des chagrins et des pardons, il y a eu la persistance du bonheur, des choux à la crème et les kilos du malheur, il y a eu la joie vulgaire, il y a eu l'alcool et les colères, il y a eu la maladie en mai et un vol à main armée, il y a eu les lasagnes congelées, les diners amoureux longuement préparés, il y a eu le mal du liban, la voix de mes parents et l'intoxication volontaire, il y a eu la reussite, la tentative et la priere ...

Il y en a eu, des choses.

Des choses que je croyais dramatiques.

Jusqu'à ce que je realise qu'elles sont plutot comiques.

Puisque tu balaies mes priorités... Il n'y a que toi sur ma liste, toi, ma seule raison d'exister.

Alors vas-y, lève-toi!

Les lunettes

J'avais dix ans. Le jour où j'appris l'horrible nouvelle. Que pour voir la vie, il me fallait des lunettes.

Ma mère me prit en acheter. Encore sous le choc, et aveuglée par les gouttes dans les yeux, je choisis une paire qui me sembla plutot jolie. Ce n'est que plus tard que je decouvris qu'elle etait le sujet favori de mes camarades de classe les moins gentils.

Bref. Une fois de retour à la maison, ma mere décida d'appeler mon père lui annoncer la mauvaise nouvelle. Il etait à Toulouse en training d'Air Bus.

Mon père refusa d'y croire d'abord. Sa réaction me laissa perplexe parce que je ne comprenais pas pourquoi mes parents y voyaient une catastrophe.

Je sortis au balcon découvrir le pouvoir de cet objet étrange qui maintenant s'était installé sur le bout de mon nez.

Nous habitions alors une jolie maison au bord de la mer. Et du balcon, j'observais tous les jours l'horizon. Pour rêver. Pour écrire. Pour saluer mon père qui attérissait sur Beyrouth.

Mais ce jour, le paysage fut, à ma grande surprise, un peu different. Parce que je découvris pour la premiere fois qu'on avait installé, en pleine mer, une ile.

Je criai aussi haut que mes poumons me permirent. Mes frères, ma soeur et ma mère se précipitèrent pour en connaitre la raison.

Et quand ils apprirent ma découverte, je pus lire dans leurs yeux quoique amusés, un brin de pitié.

L'ile avait toujours existé.

Maintenant, je vois tout. Ou presque. Et je peux t'assurer, mon cher père, que l'ile dans ta mer comble mon horizon. Je la vois. Même sans lunettes.

On s'asseyera dessus. A six. Patients et sages. Jusqu'à ce que passe l'orage.

lundi, août 22, 2011

Adieu

Vagabondage. Voyage du corps et/ou de l'esprit. Sans destination précise. Evasion souvent involontaire. Racines arrachées. Jambes trainées. Instinct de ne pas vouloir s'arrêter.

Partir pour partir. Pour le voyage. Par décision. Ou par hasard. Soif du départ. Le vent poussant vers l'avant. Les arrêts restant des stations de passage. Le terminus en éternel mouvement.

Installation provisoire. Pour découvrir un décor. Pour apprivoiser un corps. Etranger.

Attachement spontané à une terre encore inconnue. Routine surprenante qui va à l'encontre du nomade en nous. Et puis tout à coup... L'envie soudaine de repartir pour continuer le chemin incertain qui fait de demain un délicieux rêve lointain.

Il m'est évident qu'il est temps de changer. Puisque tous les coins me deviennent familiers. Pusique la plus sauvage des aventures a lieu devant la télé. Puisque l'activité la plus subliminatoire repose dans les travaux ménagers. Puisque le temps me fait chier. Puisque je n'ai plus rien à decouvrir. Ni dans la ville. Et ni a l'intérieur de mon coeur devenu vil.

Il est temps de partir. Parce que ce milieu, je l'ai abusé. Et j'ai su en extracter le soleil de mes journées. Je l'emporterai. Partout où je vais. Tant pis si le ciel que je vous laisse sera par le gris encombré.

Mais partir où? L'horizon m'interpelle. Le vent souffle de plus bel. Et j'ai le coeur artichaud qui cherche sans cesse le plus beau.

Adieu. Et non pas au revoir. Je ne passe qu'une fois. Et jamais par devoir.

La foi

La jalousie est un vice. Elle m'a souvent degoutée. Elle m'a toujours eloignée. Et elle a su parfois declencher en moi un sentiment de pitié envers la personne par elle habitée.

Mais j'avoue que je l'ai, quelques fois, hebergée, dans mon coeur qui pourtant ne sait détester.

Je l'ai ressenti le jour où j'ai remarqué, que ce qui me manquait pour mieux avancer, est la foi que d'autres avaient.

Je les ai d'abord snobés. Une arrogance de jeunesse et un culte de la volonté ont fait que ma jalousie fut vite chassée.

Mais la sérénité qu'ils dégageaient me poussa à vouloir en connaître le secret.

Prie. M'a t-on conseillé. Quelle drole d'idée. Prier pour trouver le besoin de prier ? Prier pour gagner la foi ? Ne faut-il pas avoir la foi pour cela ?

Vite. J'ai abandonné. On priera pour moi.

La vie sans foi, ca va. J'avais confiance en moi.

Et puis un jour... Ma force humaine s'avéra insuffisante. Mon corps faible. Mon cerveau confus. Et mes émotions vulgairement débordantes.

Mais la foi me gagna. Comme ca. Et je compris enfin ce qu'elle signifiait vraiment: Courage, force et surtout, total abandon.

Parce que je crois, je sais que tu reviendras.

dimanche, août 07, 2011

T-shirt blanc

Je ne sais pas si vous êtes d'accord. Personnellement, je ne trouve rien de plus beau qu'un simple t-shirt blanc.

Bien sûr, il doit être de bonne qualité. Doux au toucher. Fluide quand porté. En coton organique et bien coupé. Pas trop serré. Ni trop large. Juste parfait.

La description peut paraitre simplifiée. Et pourtant... L'affaire est bien plus compliquée. Parce que le col peut être trop rond. Le tissu trop épais. Ou la mine fatiguée.

Ce qu'il faut surtout se rappeler ... C'est qu'une fois ce t-shirt blanc acheté, il faut bien le traiter. Il ne faut surtout pas oublier que derrière sa fausse banalité, sa subtilité ne fut pas facile à trouver. Et son charme réside dans sa simplicité.

Il ne faut surtout pas l'utiliser pour dormir. Parce que ce serait le détruire. Puisqu'il ne sera plus porté pour sortir. Qu'il ait été un jour source de plaisir devient alors un lointain souvenir.

Ne la laisse pas devenir comme un pauvre t-shirt blanc.

Le soldat

Un film à la fin triste. Un clochard dans le froid. Un enfant africain qui a faim à la télé quand je bois mon verre de vin. La Palestine en souffrance. Un tsunami en Asie. Un prisonnier en France. Les dauphins en voie de disparition. Une révolution. Le frère de l'ami du père d'un ami souffrant d'une maladie. La pollution... Les malheurs les plus divers ont toujours trouvé le chemin de mon coeur pour me laisser en pleurs. Et cette compassion involontaire me poussa à m'interroger si je pourrais survivre sur cette Terre.

Je décidai de durcir comme on dit. D'empêcher qu'on me manipule comme une toupie. De rester stoique face aux problèmes des autres. D'arrêter de jouer à l'apotre. De me concentrer sur ma vie... J'avoue... que je n'ai pas réussi.

Et mon échec me fit du souci. Parce que je me demandai alors ce qui adviendra à mon sort si la difficulte faisait partie intégrante de ma vie.

Ce que je ne savais pas ... C'est que quand il s'agit de moi ... Je deviens un guerrier en combat. Un soldat téméraire au sang froid. Ce coeur que je croyais fragile apparemment choisit ses batailles. Et celle-ci je l'aurai, puisque ma détermination est sans faille.

.

Beyrouth

Je réponds "Beyrouth". A la question toujours déplacée qui veut savoir où j'ai été.
La réponse échappe mes lèvres mortes avec autant de vie que celles-ci. Je n'aurais pas repondu. Si je n'étais pas obligée. Faire la gueule dans un milieu professionnel m'a été déconseillé.

Pourtant, ma peau bronzée le crie. Que sous mon soleil libanais j'ai brûlé jusqu'à la nuit. Pourtant mes cernes le dévoilent. Que j'ai fait la fête et que j'ai couché avec les étoiles. Pourtant mon humeur le montre bien. Que me réveiller à Londres ne fut pas la joie ce matin.

Oui, j'ai été à Beyrouth. Encore. Exactement. Non. Le reste de la planète ne m'intéresse guere. J'ai chez moi tous les péchés de la terre. Ceux que vous ne connaitrez jamais. Puisque ce n'est pas là bas qu'est né votre père. Le Liban, faut en avoir le sang pour le comprendre vraiment ...

Il est quand même grand temps qu'ils comprennent, que les jours fériés pour moi ne peuvent rien cacher, qu'ils pourront facilement me retrouver, dans un lit au cinquième, ou scotchée avec mon père devant la télé.

Qu'ils comprennent ces maudits anglais. Que si eux ont la malchance de travailler là où ils respirent, moi je travaille chez eux... Et je respire les pieds dans l'eau sur une terre choisie par Dieu.

Et dans un voyage de l'esprit, à partir d'un coin du monde triste et gris, un moment beyrouthin, quoique anodin me revint ... Musique. Volent. Vitesse. Vent. Bonjour au voisin.

Hors competition

Le féminisme, je n'ai rien contre. Mais rien "pour" non plus. J'aime la femme. Mais je n'ai jamais ressenti ou remarqué ses droits aliénés.
Non pas que je vive dans ma bulle. Ou que je sois insensible aux changements fondamentaux qui doivent avoir lieu urgemment, surtout dans ma société libanaise et surtout au niveau du Droit. Que la femme puisse donner la nationalité à ses enfants. Que ses droits soient protégés en cas de divorce. Etc. etc. Bien sûr.

Mais j'ai toujours vu en la femme un pouvoir qui va au-delà. Un pouvoir tellement puissant qu'il ne requiert ni loi ni Parlement.

Les féministes ne m'exacerbent pas. Mais ils m'indiffèrent. Ou plutot... Ils m'intriguent. Peut-être parce que je n'ai jamais vraiment compris pourquoi une femme voudrait être l'égale de l'homme. Quand elle est complètement différente.

Alors pourquoi le rappeler? Pourquoi souligner ce traitement differentiel quand le silence sur l'affaire nous conviendrait parfaitement ?

Et si je me pose la question, c'est que l'idée m'est venue très soudainement aujourd'hui, un samedi autrement banal, sur la terrasse d'un café idiot de mon nouveau quartier rue gloglo.

J'ai rencontré une femme. J'aurais pu la croiser comme on croise un passant anodin. Comme on dit bonjour au voisin. Sans s'y attarder. Et sans s'y intéresser spécialement.

Mais il s'est fait qu'on s'est parlé. Et la conversation a englobé les sujets les plus divers, du travail, à la cuisine, au vin, à la famille, aux enfants, au bel italien d'à coté, au meilleur shampoing, à la révolution d'Egypte, aux profitéroles, à la religion et à nos idoles.

Son attitude completement détendue, qui soupire qu'elle ne craint aucun affront, sa génerosite, physique d'abord de par ses formes généreuses et sentimentale de par la franchise de ses paroles, me toucha et me poussa, naturellement, à m'exposer (presque) autant.

On discuta pendant des heures. Et j'ai vu en elle ce qu'une femme doit être. Traditionnelle. Quoique ouverte d'esprit. Fan de cuisine. Sans que cela ne porte atteinte à son statut de femme moderne. Ambitieuse. Sans que cela ne soit une preuve d'existence. Jolie. Sans efforts. Et sans cette obsession de plaire à son mari.
J'ai vu en elle la femme subtile qui m'ensorcelle.

Et en y pensant, je réalisai, tristement, que ce qu'elle est ne devrait pas tellement me choquer. Ce qu'elle est aurait du être une banalité. Toutes nos mères le furent et le sont. Mais c'est par comparaison aux filles d'aujourd'hui, parfois anorexiques et contre la cuisine, souvent féministes et défensives que j'eus cette envie d'être une femme. Maman ou pas. Célibataire ou la bague au doigt. Carriériste ou femme au foyer. Peu importe. Tant que tout relève du choix. Du choix réfléchi, libre, indépendant.

Ni inférieure, ni supérieure. Et surtout, surtout, pas égale. Juste femme.

Parce qu'une femme, une vraie, est hors compétition.

jeudi, juin 16, 2011

Vino

Pluie, gris et tonnerre. Qu’Il fasse chaud je m’en fous… pour moi c’est l’hiver. J’annule plans et rendez-vous, ce soir je vais lire dans mon lit en pensant à vous.

Le déjeuner du dimanche fait vagabonder mon esprit. Qu’avez-vous pensé en me racontant ces conneries. Que je continuerai ma route comme si de rien n’était… ? Vous vous trompez. Parce que tandis que vous mangiez votre croque monsieur… moi je vous croquais, monsieur.

Oui, ce soir, il pleut. Je veux dormir. Pour bruler le temps. Parce qu’il fait gris et morose à en mourir. Que le temps soit précieux ne me perturbe guère. Pour moi, il ne l’est pas puisque de mon lit j’aperçois l’éclair.

Un verre de vin et un bon livre entre les mains. Un livre du siècle qui devait me voir naitre. Un livre du temps où il était bon d’être. Un livre de l’époque où je n’étais pas. Prière, ne m’en parlez pas. Je ne veux pas vous enviez pour cela.

Je déguste chaque mot. La subtilité des phrases et la légèreté des syllabes m’emportent, aidées par un rouge pourpre que je repose au niveau des hanches. Et mon imagination s’évade traversant mes rideaux moches pour retrouver notre conversation du dimanche.

Je me sens seule parce que j’ai le temps d’y pensez. Vous me manquez parce que je n’ai personne pour m’occuper. Faites gaffe et ne soyez pas dupé. Je ne pense jamais à vous durant la journée.

Messages futiles envoyés par ennui, par lassitude, par envie de jouer. Pardonnez-les. Je vous en prie. Et ne les mentionnez jamais. Ne croyez pas aux mots, ils sont souvent moins vrais que beaux. Et si je les regrettais demain… ce ne sera pas de ma faute. Mais celle du vin.

Judith

Aéroport de New York. Je m'assois au bar. Rien ne presse. Trente minutes à perdre et cela tombe bien. J'aime boire.

Judith travaille au bar. Notre conversation a commence quand elle a demande, afin de pouvoir me servir mon verre de vin, une carte d'identité. Qu'elle doute de mon âge m'a extasiée. Je me hâtai de la remercier. Elle trouva cela drole. Et de la, nos mots se sont précipités.

Elle me raconta sa vie. Ses enfants. Ses petits-enfants. Et elle a a peine quarante ans. Elle me confia qu'elle passait quatre heures de trajet par jour. Mais qu'elle ne se plaignait pas. Parce qu'elle en profitait. Pour ecrire.

Mes yeux s'écarquillèrent aussitôt. Je crois. Je l'avais senti, qu'elle avait quelque chose a raconter. Et que j'aime ecrire aussi devait nous rapprocher.

Tandis que je parlais, lui racontant ma vie à Londres, mon enfance au Liban, et l'entre-deux, elle, me regardait, la lumière aux yeux. De ce regard qui vient troubler, qui traverse la rétine de l'œil et qui s'incruste au tres profond pour lire les secrets.

Je vérifie l'heure et j'accours pour attraper mon vol. Je les rate cinq fois sur six, je devrai me dépêcher. Je dis au revoir et je m'en vais.

De mon voyage je sais ... Que je garderai cette image de ce moment anodin avec cette femme. Je n'oublierai pas Judith, ni sa belle âme. Et j'aurai du mal à expliquer pourquoi. Il y a des choses qui troublent. Et d'autres pas.

dimanche, juin 12, 2011

Il roule

En repensant à mes dernières quelques années, je réalise qu'elles ont été marquées par des péripéties accumulées. Entre le travail à trouver, le linge a ramasser, le premier amour à lâcher, les rats dans la cheminée, l'allergie cruelle qui m'a dévorée et les amitiés brisées.

En analysant chaque événement dans son individualité, je peux affirmer, sans broncher et sans vanité, que j'ai assume.

Ce qui me frappe encore, est le fait que je n'avais pas realise alors, l'atrocité du décor.

J'ai continue. J'ai double d'efforts. J'ai écrit parfois. J'ai pleuré. J'ai bu. J'ai travaillé. J'ai aimé. Mais je n'ai pas voulu laisser tomber.

Si je devais décrire ma vie aujourd'hui, avec une toute petite exagération pour faire plus joli, je dirais que c'est le paradis.

Parce que je dors tranquille sans soucis majeurs et je me réveille en priant égoïstement le Seigneur, qu'il ne me donne rien de plus. Mais qu'il ne touche surtout pas a l'amour abondant que j'ai dans le cœur.

Je repense au chemin jusqu'a ce jour. Et je réalise qu'effectivement... Il y a des jours ou l'on a la fausse impression que le monde s'écroule. Et il y a des jours ou ca roule.

J'aime qu'il roule. Vite

mardi, juin 07, 2011

Les gens bien

Si Londres me doit quelque chose, c'est peut-être d'avoir volé ma confiance innée que longtemps je vantais. Parce qu'aujourd'hui, mes relations londoniennes, et à cause de mauvaises expériences par centaines, commencent toujours par une suspicion qui me gène.
Je doute de tous et je ne puis m'empêcher de me demander, quand on m'approche, quels sont les motifs cachés et comment faire pour d'avance me protéger.
Je l'ai réalisé une fois de plus aujourd'hui au téléphone. Une panne de mon réseau internet m'oblige à appeler le procureur. Malgré ma fatigue, je compose le numéro et je tombe sur un répondeur.
Une voix de robot me propose des numéros. 1, 2 ou 3, il faut presser sur ce qui décrirait au mieux le problème à régler. Ma demande, bien sur, ne correspond à rien. J'ai toujours le problème malin.
Je patiente. De force. On me met de la musique. Horrible en plus. Ce qui, au lieu de diminuer mon angoisse, ne fait que l'amplifier. Bref. Trente minutes plus tard, une voix humaine chaleureuse et souriante (oui, une voix peut être souriante), me guide et résout le problème en une minute trente.
Evènement bête et anodin. Diraient certains. Mais je ne suis plus habituée à ce qu'on me tende la main. Et le sourire fictif et lointain, d'un étranger qui, à m'aider, ne gagnait rien, me poussa a re-réfléchir mes chagrins et me dire que même ici... Il ya des gens bien.

samedi, juin 04, 2011

Les jumelles

Pour observer toute chose, il faut prendre un peu de distance. Pour observer la lune, il faut se procurer un télescope. Il parait. Personnellement, je ne l'ai jamais essayé.

Pour regarder la télé, aussi. Il faut s'asseoir sur un canapé éloigné, avec à la main une tasse de thé (ou un whiskey).

Pour observer les gens, il faut acheter des jumelles. J'adorais faire cela quand j'étais enfant. Mon oncle en avait, des jumelles. Et je ne les lâchais jamais. L'illicité de l'action me plongeait dans les plus hystériques des éclats de rire et ma curiosité sautillait d'un objet a un autre comme dans un cirque.

Bien plus tard dans mes vingtaines, un ami sage dans ses soixantaines, me conseilla que dans la vie, il faut tenir les jumelles à l’ envers, si l'on veut supporter les gens. Je regrettai tout à coup, en acquiescant, tout le temps perdu quand j'étais enfant.

Les gens, les choses, les insectes, les paysages, les avions qui décollent, les oiseaux, les couchers du soleil, les matchs de foot, les enfants qui courent dans l'herbe, les arc-en-ciel... Tout s'apprend et se comprend quand on se pose un peu à l’ écart et silencieusement.

Mais comment se connaitre soi-même? Prisonnier de son corps quoique contraint à s'auto-apprivoiser... Je trouve la tâche ridicule et insensée.

Car dans ce cas de figure, la distance fait défaut.

Alors vous comprenez maintenant pourquoi tous les jours, dans la rue, dans la vie et dans mes mots, j'adopte un caractère nouveau.

20 ou 20 + 5

Un étranger s'installe a cote de moi. Pour faire la conversation, il me pose ces questions qui ne servent a rien. Mes années d'expérience, mon éducation, mes plans pour le weekend... et mon âge.

Comme toute femme, surtout libanaise, je me révolte d'abord - gentiment, discrètement, intérieurement - de la question indiscrète a laquelle je fais face. Puis je me résous. Et vite. Parce que je me dis que s'il juge approprie de me la poser, c'est qu'il pense que je me situe encore dans la tranche d'âge ou l'on a envie de dire... son âge.

Mais je mens. En souriant. Enfin, presque. Mais y a pas de mal a mentir quand il s'agit de ne pas vouloir vieillir. Je dis que j'ai 24 ans. Et ce n'est pas tout a fait faux. Sauf que mes 25 s'installeront pour de bon dans 5 jours, 5 jours exacts et ronds.

Mes 25 ne sont qu'un quart de siècle. Mais ils constituent, comme beaucoup de choses dans la vie, un croisement qui me pousse à m'asseoir et a réfléchir.

Parce que cet âge-la, symbolique et théorique, a toujours représente une date qui serait historique. Enfant, je voulais me marier a cet âge. Porter une robe énorme en dentelle blanche rosâtre (tant pis pour le ridicule, je serais princesse pour un jour puisque je ne le suis pas de sang).

A dix-huit, je voulais que les 25 viennent clôturer une étape d'instabilité, un bon début de carrière, un emplacement géographique déterminé, signé, choisi, ratifié. Et des amitiés inchangées.

Je voulais aussi me débarrasser de mes mèches blondes pour être plus nature, enfin accepter mes formes et mes courbures, oublier certaines blessures et savoir ce qui se dessine devant moi.

Les 25 ans sont la. Eux seuls et seulement. Parce que la robe de princesse repose patiemment quelque part dans mon inconscient. Le coin de la planète que je choisirai encore une question en suspens. Mes cheveux de plus en plus blonds et presque blancs. Mes amours parfois imprégnées d'arrogance mais très souvent en quête d'une autre chance. Mes amitiés... Ephémères. Et mes projets en perpétuel recommencement.

Et pourtant ... Je ne voudrais pas trop me plaindre pour autant. Parce que des choses, durant ces années, j'en ai fais. Beaucoup. Et j'ai même instaure une nécessaire stabilité. Car même si tout bouge autour de moi, même si je ne sais ce qui adviendra, même si mes idées sont restes a leur état de puissance sans passer a l'action, même si je ne sais pas si ce garçon est le bon... Je commence a me connaitre et ceci d'un angle plus profond... Et je snobe tours les points d'interrogation.

.

jeudi, juin 02, 2011

Comme un chat

Il ya des chats domestiques. Gentils. Propres. Jolis. Polis. Bêtes.
Il ya des chats de gouttière. Sauvages. Libres. Sales. Fous. Impulsifs.

Si je devais être un chat… je serais un chat de gouttière. C’est sûr. Parce que je ne supporterais pas avoir les ongles arrachés. Ni la peau vaccinée. Ni le poil coiffé. Ni les fesses collées de force à un canapé. Je ne supporterais pas la nourriture desséchée. Ni les enfants qui cherchent à m’apprivoiser en me balançant de tous les cotés…

Oui, je serais un chat de gouttière. Libre comme l’air. Je poursuivrais les souris. Je dormirais en ayant faim certains soirs quand celles-ci se cachent dans la nuit. Je me ferais des amis. Je marquerais un territoire. Je flirterais avec le danger. Mais je serai maitre de ma destinée.

Enfin… je ne sais plus pourquoi je parle de chats.

Mon idée à la base était de parler de chaussures.

Hier, en regardant une vitrine, je fus attirée par des chaussures qui semblaient promettre effacer un bleu au cœur causé par un garçon menteur.

Bien sûr, je les ai achetées. Sauf que… je ne sais pas si je vais les porter. Elles ont un potentiel, certes. Mais leur efficacité reste à vérifier. Parce qu’elles sont fragiles. Et les choses fragiles, comme les personnes, ne doivent pas être octroyées la liberté de se ballader dans les rues encombrées.

Je les ai quand même emportées. Mes chaussures « peut-être ». Et tout au long du trajet jusqu’à chez moi, me détestant déjà d’avoir acheté cet objet inutile et arrogant (mais pas au point de le rendre…) je trouvai tout à coup une idée pas très bête si j’ose dire d’en faire usage… Usage de ces chaussures qui ne sont pas faites pour marcher.

Oui. Je décidai que je les porterai pour me ballader… De la cuisine jusqu’à la salle à manger. Elles seraient domestiques… et bêtes, mes chaussures. Comme les chats de bonne famille. Je les caresserai. Je les regarderai. Et je les poserai sur le canapé.

Pourquoi pas ? Des chaussures à talon, pour le salon…

La marge droite

J'ai postulé à un certain programme professionnel. Et afin d’être sélectionné, il faut passer quelques examens intenses qui durent toute une journee. Tout allait bien, bien sur. Il fallait parler, de soi, de l'environnement et de l’économie interne. Tout le monde le sait: de l'argumentation, je suis la reine.

Je peux convaincre quiconque de n'importe quoi. Je le dois à mes études de droit. Et peut-être à quelques gènes attrapés ici et la.

Tout allait bien, je l'ai dit déjà. Jusqu'à ce que les examinateurs sortent des cahiers d'exercice qui - apparemment - serviraient à mesurer notre logique. Le tout me révolte. La logique et moi... On fait cent.

J'essayai de jeter un coup d'œil à gauche et puis à droite en espérant récolter quelques bonnes réponses... Mais les logiciens ne sont pas aussi bêtes que ca. Ils cachent. Bien évidemment. Ou dirais-je... Logiquement.

J'aurais bien voulu faire du troc. Une bonne réponse contre une tarte aux pommes faite maison. Ou un déjeuner au bord de la rivière. Ou un bisou. Ou une prière. Ou un verre de vin. Mais les surveillants, eux aussi, sont bien malins.

Alors je me résolus à réfléchir par moi même. Déjà fallait-il localiser l'organe ou la partie du corps qui servirait a comprendre les questions données. En vain. Il fallait -entre autres- deviner, rien qu'en regardant la forme d'un chocolat dessine sur le papier, si ce dernier avait un centre dur ou moelleux.

J'inscrivis en lettres complètes et sans me soucier de la case a cocher, que je n'aime pas le chocolat. Kuching! Une réponse gagnée.

Enfin... C'est ce que je croyais. Parce qu'apparemment, le test, je l'ai raté. Logiquement.

Et ceci me pousse à "penser" (oui... l'organe, je l'ai localisé) que je préfère avoir tout faux... Qu'avoir tout comme tout le monde, gentiment coché, dans des cases prédisposées, sur la marge droite d'un cahier.

Chez soi

Quelque chose me réveille en pleine nuit. Une certaine angoisse que je cherche à identifier. Pourtant, j’ai sommeil. Et de ces heures paisibles, je devrais bien profiter. Je sors sur mon petit balcon espérant que le calme dehors et le noir de la ville m’aideraient à rassembler mes pensées et comprendre ce qui m’empêcher à me reposer.

Je comprends vite que partir de ce chez-moi que j’ai maintenant créé me plonge dans une inquiétude que je peine à maitriser. Parce que les murs, maintenant, me connaissent. Et mon lit, pourtant inconfortable et bavard, j’ai fini par l’aimer. Je m’accroche à toutes ces choses qui ont fait mes dernières années. Y compris les détails que j’ai détestés. C’est clair. Je suis mal faite. Puisque je semble ne pas savoir me détacher.

Si je dois quitter ce bout de vie que je me suis fait, par obligation et non pas par décision illuminée, je ne suis pas encore prête à quitter Richard le portier, le supermarché d’à coté, le coiffeur du coin, le boulanger qui me sourit chaque matin, le parc, ses écureuils et ses chiens, l’épicerie d’où j’achète mon pain, mon voisin bruyant qui rythme mes nuits et dont je devine chaque bruit, ma terrasse minuscule qui me berce quand je ne me sens pas bien et tous les souvenirs accumulés à travers les années qui reposent dans chaque coin… Tranquilles. Comme un volcan éteint. Prêt à ressurgir sans préavis, ces souvenirs qui me pincent parfois mais qui, parce que domptés, me font du bien.

Alors je décide de ne quitter mon espace qu’à moitié. A moitié, puisque je chercherai un autre chez-moi juste à coté.

Je commence à visiter les propriétés disponibles sur le marché. et je décide de fonder ma décision, comme toute celle que je prends dans la vie, sur les battements de mon cœur naïf et facilement épris.

Je réalise vite que mon choix est dénué de toute raison pourtant essentielle à ma décision. Parce que je cherche en observant les pièces diverses, une histoire, une promesse, une chanson.

Les pièces parfaites ne provoquent en moi aucun frisson. La moquette impeccable me laisse indifférente. Et les formes parfaites ne semblent pas suffisantes à mon abandon.

Je commence à désespérer et je décide de ne plus chercher pour la journée. Oui, je veux rentrer. Profiter des derniers instants dans ma chambre qui, elle, me comprend. Mais qui me pousser à avancer, pourtant.

J’accepte de voir, juste avant, un tout dernier appartement. La porte grinçante n’a rien de promettant. Les escaliers qui y mènent me font imaginer des jambes alourdies et des sacs encombrants. Je rentre dans la pièce, et mon cœur veut autrement.

Parce qu’il y a des endroits qui nous charment… sans que l’on sache comment. L’on s’y sent chez soi. Sans savoir pourquoi. La perfection y fait défaut. Et pourtant, je m’y vois déjà. Et j’aime presque les défauts. La cuisine me laisse imaginer du pain chaud et des gâteaux. La sérénité de l’endroit me promet, subtilement, un chapitre nouveau. Les fenêtres, grandes et imposantes, me garantissent une échappatoire nécessaire pour mon vagabondage quotidien et mes mots. Et surtout, une certaine familiarité, comme un déjà-vu que je ne saurais expliquer, me chuchote que j’y suis. Ca y est.

Choisir sa maison n’a rien à voir avec la raison. On aime. Ou l’on n’aime pas. Il ne sert à rien de chercher à savoir le comment, le pourquoi. Surtout quand on aime rêver. Comme moi. Le plus important reste de ne pas immédiatement dévoiler son affinité. Feindre l'indifférence malgré que l'on commence déjà à succomber. Il faut savoir se protéger.

S'il me ment

La diversification est un des principes premiers que l'on apprend quand on devient banquier.

Ne pas tout risquer. La version simplifiee. Parce que c'est en choisissant des produits divers et differents dans lesquels investir son argent que l'on limite le risque de tout perdre suite a un seul accident.

Et en amour, c'est pareil. Mais l'amour est pire encore. Car quoi de plus volatile qu'un etre vivant ?

Aimer, au Liban, n'est pas aussi alarmant. Parce qu'au Liban, je suis chez moi. Et on aime differemment. Sous le plafond de ses parents, dans un lit tiede et entoure de gens aimant, l'amour est diversifie. Le coeur, du coup, protege.

A mille lieux de mon lit douillet, dans un espace qui me reste etranger, dans une ville que je peine a apprivoiser, dans des rues que je n'adopterai jamais, avec lui je risque tous mes deniers.

Et le deficit du coeur est souvent difficile a combler.

Mais il ya deux destins possibles attaches a cette verite. Deux destins opposes. L'un catastrophique. L'autre feerique. Deux seulement. Tant pis s'il me ment

mercredi, mai 25, 2011

Faites gaffe

Quand je me donne a toi, tu finis par me faire mal.
Alors je pars.
Et la, je deviens faible et pale.

Parce que sans toi, je manque de vitamines.

Et j'entends dire que j'ai mauvaise mine.

Et quand longtemps privee de ton souffle sur ma peau je te revois a nouveau, je me jette a toi. Mais a peine reapparu, tu t'en vas deja.

Tu me regardes quand tu veux. Mais tu ne te laisses jamais regarder droit dans les yeux.

Parce que tu mens. Tu caches. Tu t'ennuies vite. Tu ne veux pas que je le sache. Mais je sais. Oui, je sais. Si seulement je ne t'aimais ...

Des rumeurs que mardi sera ensoleille. Mais je les ai entendues dans le passe. Je n'y crois pas, je n'y crois guere. Et puis ma peau a garde de chaque mordure une tache brune amere.

Les filles... Faites gaffe au soleil.
Moi, je vais faire pareil.
------------------

Rien

J’aime parler. Ce n’est pas un secret. Pas des gens, mais de pensées, d’impressions, de choses abstraites et d’autres bêtes. Je me suis même souvent trouvée à discuter sans pouvoir m’arrêter avec une description très détaillée de la texture glissante et du gout sucré-amer d’un fruit d’été.

Parfois, c’est trop. Et il faut me le dire. Je m’arrête illico.

Pour une personne qui aime discuter, je n’arrive pas à analyser et à comprendre, dans le but de la surpasser, mon inaptitude à faire la conversation à mes collègues au bureau, à huit heures du matin ou à un étranger.

Et je décidai d’apprendre.

Alors je me fixai comme première étape de mon apprentissage, celle d’écouter ce que font les autres, les professionnels du bavardage. Je crée dans ma tête un bloc note fictif dans lequel je fais la liste des sujets récurrents. Le temps. Les vacances. Le temps. Le weekend. Le temps. Le nouveau projet hit du bureau. Le temps. Le nouveau CEO. Le temps…

Il n’est pas difficile de remarquer que le sourire qui se dessine pour rester tout au long de la conversation est faux. Les émotions font défaut. Et tout le monde le sait. C’est une convention tacite de se sentir obligé.

Alors je décide de laisser tomber. Pour le bavardage inutile, je ne suis pas née. Et quand on me demanda ce qui se passait de nouveau dans ma vie, ce matin, je répondis, sans le moindre sourire, qu’il ne se passait Rien.



©

vendredi, mai 20, 2011

Faux mariage

Ce soir, je suis invitée à un mariage. Et rien qu’à y penser, je m’extasie déjà. J’aime les mariages. Les fleurs. Les beaux habits. La musique. Les gâteaux. La competition acharnée pour attraper le bouquet. Le bonheur presque imposé sur les invités. La robe blanche. La dentelle. Le rêve de princesse qu’ils provoquent. L’amour, le vrai. Enfin, c’est ce que j’aime à imaginer… Et surtout les papillons dans mon ventre que je peine à contrôler.

Sauf que le mariage auquel je suis invitée, n’est pas un mariage pour de vrai. C’est plutôt une répétition, une préparation au grand jour, où les invités devront jouer leurs rôles propres et déterminés, lire leurs discours, sourire, boire, danser… Pour enfin, le jour vrai, tout recommencer.

Et l’idée me laisse bouche bée. Parce que si je devais me marier, je le ferais de facon spontanée. J'accepterais qu’on critique le menu. Cela permettrait peut-être à la robe d’échapper. Je permettrais les erreurs. Et les fautes de style. Et l’oncle bavard. Et la chaleur. Et les quelques verres de trop. Et une panne d’ascenseur…

Les mésaventures ont un pouvoir ironique de subsister dans la mémoire et ressurgir du passé. Les accidents anodins et les faux pas forment les fous-rires des déjeuners. Même des années après…

Je n’aimerais pas, ma vie, contrôler. Je n’aimerais pas non plus le conte de fée. Ce qui rend la vie délicieuse, sont les actes manqués… et tout ce qui vient après.

jeudi, mai 19, 2011

Le mec bien

Je le regarde, mi-ennuyée, mi-jalouse. Comment se fait-il qu’un homme soit plus ordonné que moi ? Comment a-t-il appris ? Et d’où vient-il ? Il est beau. Propre. Il sent bon. Un peu trop bon ….

Chez lui, c’est blanc. Tout blanc. Les fleurs datent, au plus, de cette après-midi. Elles sont blanches aussi. Et bien jolies. Le plancher est luisant. De son regard-tonnerre qui fixe mes bottes salies par la pluie, je comprends vite qu’elles doivent rester dehors. Tant pis.

Au menu, des sushis. Et la musique est classique. Il chuchote. Je regarde autour pour vérifier si quelqu’un nous écoute. Mais non… C’est juste sa facon de parler. Ca fait plus poli, il parait.

La table est parfaitement dressée. Et la moquette immaculée. Une bougie brule doucement en arrière plan. Quelques statues ajoutent de la profondeur au silence pesant.

La conversation est formelle. Les mots sont bien choisis. Dans ma tête, je pars. Je rêve du bordel. D’un cri.

Tout ce que je dis le choque. Ma maladresse se marie mal avec l’endroit. Mes commentaires sont tantôt hors sujet, tantôt exagérés. Mon téléphone qui sonne (apparemment) très incrustant. Mes rires bizarres et mon manque de culture indignant.

Chez lui, c’est beau. Il ya ce qu’il faut. Des fleurs, des bougies, des bibelots.

Chez moi, par contre, c’est la vie. Du bruit, des fous rires et un vieux tapis. Dans l’évier, une tasse de café à moitié consommé. Sur le mur, une trace de vin du jour où la bouteille a explosé. Mon lit, toujours défait. Les fleurs, fanées.

Chez moi, on se dispute, on boit, on rit. On salit. On vit.

Chez moi, les objets sont désuets. Et c’est la preuve que j’ai existé. Oui, mon tableau cassé raconte une histoire. Il me parle quand je suis seule le soir. Et me fait sourire des souvenirs qu’il a su tendrement tenir.

Je l’aime bien, le mec bien. Mais je ne le reverrai point. J’aurai trop peur de casser un verre en cristal. Je préfère les fous rires au grand bal.

jeudi, mai 12, 2011

Je crois en Rien

Il y a ceux qui croient. En Dieu, en une vie au-delà, en un renouvellement, en un sens a la vie, a un message.
Il ya d'autres qui ne croient pas. Ou plutôt si. Ils croient. En rien.

Ma mère fait partie des premiers. Et elle a essayé tant bien que mal de nous communiquer sa foi inébranlable. Ses idées incontestables. Et sa croyance en un Dieu suprême, bon, grandiose, véritable.
Mais elle nous a fait non influençable. Et pendant que l'on recherchait par nous-mêmes nos propres vérités, elle priait pour nous tous les dimanches soir, pour que Dieu pardonne nos pêchers.

Mon père, lui, fait partie des seconds. Il ne croit en rien. Mais il croit en l'homme. En ses pouvoirs. En ses capacités. En son devoir. En la société. Il nous recommanda d'êtres honnêtes, fideles, charitables, bons, déterminés. Et je crois que nous l'avons (le plus souvent) été.

Personnellement, je ne suis sure de rien. Croire sans le moindre soupçon ne m'a pas été octroyé. Je questionne la vie. Et ces questions transcendantales qui me dépassent finissent toujours par la même conclusion. Celle de l'impuissance de mon pauvre cerveau de comprendre le fonctionnement du monde, du laid, du beau.

Mais je crois en un sens. Un sens comme direction. Et un sens comme signification. Car il n'est tout simplement pas possible que l'amour, les mères, les mers, le bon, l'amitié, les oiseaux, les couchers du soleil, les fruits, l'amitié soient nés du néant. Et y retournent. Il y a quelque chose. Mais je ne sais pas quoi encore.

Et je pense à ceux qui vénèrent le rien. La logique. La science. Les formules mathématiques. Les calculatrices. L'existence de l'homme ex nihilo. Nada. Nothing. Et ils me rappellent ces autres qui disent fièrement qu'ils ne font confiance a personne. Par peur d'être déçus. Par précaution. Pour éviter les illusions déchues. Et les bleus aux cœurs. Et les trahisons. Et les rancœurs.
Ceux-là, derrière leur bouclier en fleur et leur fausse insensibilité, puisque si inquiets d'être blessés, ne sont-ils pas les plus croyants des croyants?

Personnellement... je préfère payer le prix de mille déceptions. Pour un seul abandon.

samedi, mai 07, 2011

Aimez-vous voyager?

J'aime voyager. Et je n’hésite pas à le faire. Parfois pour de vrai. Et parfois, comme le petit prince je profite pour mon évasion « d’une migration d’oiseaux sauvages ».

Le voyage, depuis ma tendre enfance, je l’ai apprivoisé. Peut-être grâce à – ou à cause de- la relation intime qu’entretient mon père avec les étoiles. Le voyage ne représentait du coup aucun danger. Puisque je savais que mon père pouvait partir en Afrique et revenir quelques jours après.

J’ai du coup perdu le sens des distances. Les pays, je les tutoyais tous. Je pouvais en réciter les capitales. Et je les connaissais déjà de part les trésors que mon père nous ramenaient, et que nous attendions impatiemment à quatre assis sur le sol et que nous accueillions avec des battements de cœur, des soupirs d’exclamations, et des yeux grands et ronds. Le moment de l’ouverture de la valise nous faisait vite oublier la douleur de le voir partir. Et on y trouvait des colliers en perle du Madagascar, des nappes brodées en fil fin du Sri Lanka, du fromage et des livres de la France, du thé de l’Angleterre, des délices de la Turquie et des saucisses d’Allemagne.

Et grâce à (ou à cause de… encore) mon père, j’ai voulu aussi partir. Partout. Découvrir, sentir, voir, toucher, rencontrer, apprendre, partager et revenir… pleine de souvenirs. D’histoires à raconter. Et un peu changée. J’ai eu la chance de pouvoir déjà enfant découvrir beaucoup de pays. Je me souviens d’une ballade sur le dos d’un éléphant, je me souviens de la langue d’une girafe, je me souviens d’une glace géannnnnte à Rome, je me souviens de vitrines en couleur à Milan, je me souviens de beaucoup de parcs d’attraction, je me souviens d’un cerisier, d’une course à vélo, de chevaux… Tu comprends papa que ce n’est pas de ma faute si je suis maintenant avide de changement et un peu… sauvage. Qu’est-ce qui pourrait bien m’effrayer puisque tu as choisi les cieux pour te balader ?

Mais les voyages ne sont pas tout le temps agréables. Parce qu’ils sont parfois gâchés par une allergie au climat exotique, par une soirée un peu trop arrosée qui se termine par un sommeil – comment le dire …. – bouleversé, par un vol à main armée, par une dispute avec notre amoureux/ compagnon de route ou par une pluie inattendue.

Ceci dit… même les plus mauvais voyages font les plus beaux souvenirs. Parce que la soirée arrosée, aujourd’hui, j’en ris. Et croyez-moi, j’en riais pas du tout… alors. La pluie, maintenant, je m’en fiche. Et le vol à main armée ne m’effraie plus. Le souvenir des voyages est toujours agréable. Il est même plus délicieux que le voyage en lui-même. Parce que la mémoire a le pouvoir d’embellir le passé, et de nous faire sourire de tout, même des mauvaises expériences.

Et ceci me fait penser…. Que le voyage est en cela un peu comme l’amour. Non ?

vendredi, mai 06, 2011

Je crois que je l'aime

Il m’est arrivé de la détester. De la détester au point de la refuser. Mais mon refus était voué à l’échec. Parce qu’elle était partout. Et je ne pouvais m’en échapper. Par manque de courage. Par besoin d’appartenance à la société. Par clairvoyance… puisque je savais qu’elle allait toujours gagner. Et qu’il ne servait à rien d’épuiser mes forces dans un combat perdu d’avance. Elle était plus forte que moi.

Il m’arrivait aussi de l’aimer. Même plus. De l’adorer. Parceque je ne ressentais pour elle que des sensations exagérées. Ce qui est typique à toutes les relations passionnées, démesurées, insensées.

Et je lui en voulais. Pour tout. Pour rien. Je lui reprochais de ne pas être à la hauteur de mes expectatives. Que ces dernières soient déraisonnables m’important peu. Je la mettais sur un piédestal. Et tout me décevait.

Je ne la comprenais pas. Elle pouvait me combler d’émoi. Et puis tout effacer par une pluie de larmes qu’elle provoquait et par un plaisir de faire du mal que je lui devinais. Mais elle était belle. Elle pouvait être chaleureuse des fois. Surtout le mois de juin. Et se distingue par un style classique que je lui envie.

Il y eut quelques rumeurs, à plusieurs reprises, qu’elle souffrait de problèmes de santé et qu’elle vivait ses derniers jours. Ces murmures me déchiraient. Même les jours où l’on était pas tout à fait connectée. Mais elle subsistait… Encore. En perpétuel commencement. En éternel renouvellement. Et je me fis à l’idée qu’elle est comme ca, lunatique, exagérée, impulsive, réactive, extrémiste… comme moi. Elle est instable, comédienne, surprenante, ironique, douloureuse parfois, déchirante souvent, mais belle, si belle, pleine de charme, qu’elle soit en fête… ou en larmes.

Oui, je l’aime. Même si je l'ai détestée. Je ne puis que l’aimer. Je lui ai écrit, tant de fois. Je l'ai observée. Je l'ai pensée. Et je l’ai trouvée, le plus souvent, tout simplement délicieuse. Parce qu’elle ne cessera de me surprendre. J’aime la vie. Parce que maintenant je la prends comme elle est. Et à ses humeurs, je me suis habituée. Et puis je sais qu’en fin de journée, elle plonge dans un sommeil qui me ramène la sérénité. Après tout, la vie et moi, maintenant, on s'entend plutot bien.




©

mercredi, mai 04, 2011

La jeunesse

La jeunesse est un pouvoir. Parce qu’elle octroie la force, l’ambition, le rêve, le sourire malin, le charme, le corps, la soif de vivre, celle d’apprendre, l’amour encore innocent, la découverte et les matins violents, le beau, le pur, le frais, l’énergie, l’optimisme, la persévérance…
Mais la jeunesse porte aussi en elle sa faiblesse. Parce qu’elle est imprégnée d’arrogance. Parce que l’on est jeune, l’on a tendance à croire que l’on peut changer le monde. Mais on finit souvent, alternativement, par changer d’avis, simplement.
A vingt ans, on se trouve plein de défauts. Le corps est un fardeau. On se sent moche, mince et puis tout à coup trop gros. Les ambitions se bousculent. Le choix des études nous inquiète. Celui de la carrière, ensuite, rend nos nuits autrefois sereines toutes blanches. L’amour est un point d’interrogation. Et nos aventures amoureuses s’achèvent souvent en déceptions.
Le premier baiser s’efface en laissant dans la bouche un gout amer. On laisse passer le temps. Mais petit à petit l’étincelle dans nos yeux encore innocents s’éteint. On grandit. Le corps surtout. La peau aussi. Le cœur, pas toujours. Et tant mieux.
Le mariage flirte avec nos pensées. On tente de l’ignorer. Imbu de modernisme, on prétend souvent, surtout nous les femmes, qu’il ne passe pas en premier. On étudie, on travaille. On respire l’indépendance. On paie le loyer. Mais secrètement, en fin de soirée, on rêve de prince charmant et de bébés.
Le matin dans le métro, on se demande ce qu’on fait. Dans ce pays étranger. Dans cette tour qui n’a rien de glamour. Et pourquoi tous les efforts accumulés nous ont menés si loin de notre moteur premier. Et où la passion noble du départ, en chemin, s’est évaporée.
La jeunesse est ponctuée d’incertitudes. D’incertitudes qui semblent vouloir rester. Et plus on essaie d’apporter des réponses à nos questions souvent transcendantales, plus les questions se multiplient. Certains réfléchissent et se retrouvent malheureux. D’autres noient leurs angoisses dans les soirées avec des copains de passage, dans l’alcool et dans les aventures sans lendemain. D’autres refoulent. A demain.
Moi, je pense. A tout. A rien. Tout le temps. Et je crée tantot une profonde tristesse et tantot un bonheur inexplicable selon l’idée qui me traverse. Aujourd’hui, une pensée a fait que tous mes soucis se sont évaporés. Pour de bon je crois… enfin je ne sais pas.
J’ai réalisé ce qui pourrait être pour d’autres l’évidence même. Mais ce qui ne l’était pas pour moi. J’ai réalisé que la jeunesse passe toujours. Elle n’est qu’une étape précaire qui s’évaporera un peu trop vite. Oui. Elle passe toujours. Et autant en profiter.


©

mardi, mai 03, 2011

J'appartiens

Il parait que ceux qui font face au choix de partir ou de rester sont mus par deux besoins différents, souvent complémentaires, parfois opposés, parfois confondus, parfois abstraits, le besoin d’appartenance et le besoin de liberté.
Certains veulent appartenir à leur cité. Ils veulent connaitre ses rues, son boulanger. Ses églises. Ses mosquées. Ses écoles. Ils veulent parler la langue dont ils raffolent. Côtoyer les filles du village. Passer les dimanches en famille. Faire des enfants pour qu’ils grandissent comme eux ont grandi. Dans les bois et la prairie. Mettre l’enfant rebelle chez sa grand-mère. Pour qu’elle le gâte et lui raconte la jeunesse de son père. Retrouver leurs amis d’enfance dans le bar d’habitude. Conduire et haïr l’embouteillage et les bouchons. Regarder le journal de vingt heures. Insulter la politique des dictateurs. Se dire qu’ils quitteront ce maudit pays à jamais. Et remettre le projet… à plus tard. A demain. A jamais.
A leur pays. Ils appartiennent.
D’autres préfèrent le sentiment de liberté. Non. Je corrige. Ils ne le choisissent jamais. Car la liberté n’est pas un choix. La liberté n’est même pas un besoin. Elle est là. Elle existe. On veut la chasser parfois. Mais elle subsiste.
Ceux-ci ne sont pas plus chanceux. Ils naissent avec dans le regard comme un éclair malicieux. Ils prennent des risques. Ils respirent le changement. Ils se lassent vite. Ils rêvent d’océans. Souvent, ils veulent être Chateaubriand. Ou rien. Leurs ambitions les dépassent. Ils se foutent des autres. Ils se moquent des lois. Ils souffrent sans cesse de leur médiocrité. Une médiocrité fausse et exagérée qu’ils s’attribuent de façon erronée parce qu’ils sont juges sévères de leur propre destinée.
Ils courent les bois. Se blessent les doigts. Se font des cicatrices aux genoux. Ont souvent la dent de devant cassée à moitié. Réparée de justesse chez le dentiste du quartier. Ils veulent plus. Mieux. Encore. Plus fort. Plus intense… et s’enivre de l’excès.
J’ai toujours fait partie de ces derniers. J’ai voulu m’évader. D’abord dans mes rêves quand le voyage n’était pas encore une possibilité. Ensuite dans les mots quand j’ai découvert le plaisir de matérialiser par le langage des idées insensées. Puis à travers l’amour, l’amour comme idée. L’amour devait exister. Quitte à le créer.
Je devais être libre. Et le voyage m’a enfin été possible. Je me suis alors perdue dans les rues d’une ville qui ne me connaissait pas. Aux églises fermées au public. Aux enfants sans grand-mères. Aux routes parfaites sans embouteillage. A la langue étrangère. Au journal qui m’indiffère. Aux villages citadins. Au peuple anodin.
Le plaisir fut davantage sublimé par le fait que le voyage ne m’a pas fait pour autant perdre mes autres libertés. Les mots. Les robes. Les rêves. L’amour.
Aujourd’hui dans l’avion entre le Liban qui m’habite et Londres que j'habite, à mi-chemin entre l’éveil et la rêverie, je me demandai soudain, comme une question brutale qui ne m’avait encore jamais effleuré l’esprit, si j’avais vraiment été esclave de mon besoin avide de liberté au prix de l’appartenance.
Je vécus quelques secondes de tourment.
Quelques secondes seulement.
Car je réalisai vite que la liberté, la vraie, n’était pas à une frontière liée. Que ma liberté, à moi, je ne l’avais jamais créée. Elle était là. Née le même jour que moi. Du ventre d’une mère aussi audacieuse que moi. Et qu’elle n’avait pas été accrue dans une rue de l’Ouest de Londres.
Et surtout… surtout… que l’appartenance, elle, persistait toujours… et encore… parce que mon appartenance n’est pas à un pays. Elle n’est pas à mon groupe d’amis. Et mon appartenance, j’ose avouer, n’est même pas à ma famille. Même si je la lui dois.
Mon appartenance est à une chose belle et abstraite que j’emporte partout et qui ne pèse presque pas. Elle est à mes principes. A mes valeurs. A l’amour dans mon cœur. A mes rêves grandissant. A mes déceptions que je porte fière comme un tatouage sur la peau sous des soleils brulants. Mon appartenance est à une idée. Un rêve. Une identité. Que nulle mer ne saurait effacer.

dimanche, avril 17, 2011

Je t'interdis

De lui voler ses rêves parce que tu as perdu les tiens.
De lui promettre des choses que tu ne tiendras point.
De partir et de revenir sans cesse, pour t’assurer que son cœur à petits feus s’éteint.
De rire de ses projets quand les tiens ont échoué.
De lui dire que tu es trop jeune alors que mon père à ton âge avait quatre enfants.
De lui permettre de t’oublier mais de ressurgir quand elle rencontre un homme charmant.
De faire en sorte qu’elle te croit à nouveau. Et de repartir quand c’est chaud.
De lui faire dire que ses plans de famille sont exagérés.
Alors qu’il est plus que normal qu’une femme ait envie d’un bébé.
De l’appeler quand tu t’ennuies et de la laisser tomber quand elle a peur dans la nuit.
De bruler ses années, et de lui donner de fausses idées.
De détruire sa jeunesse et de la faire vivre de tes fausses promesses.
De l’embrasser, de la serrer, de la toucher. Puisque tu ne mérites même pas qu’elle t’accorde une pensée.
De la faire douter de ses capacités. Et de lui avancer que tu es à son existence sacré.
De lui faire croire que sans toi, elle ne pourrait pas faire face à ce monde. Quand ton inutilité est immonde.
De la salir par ton regard ingrat et ton complexe d’éternel enfant. Puisque cette fille est un diamant.
De l’emprisonner dans une bulle d’illusions. Puisqu’elle est trop fragile pour émettre un son.
De vouloir la posséder. Alors qu’elle n’a jamais pu te réserver pour une soirée.
De prétendre l’aimer. Quand tu ne lui donnes pas la sécurité.
De la faire frémir, rougir, gémir. Et puis de partir.
Je t’interdis. Parce que tu es un lâche, un échec, une farce.
Et elle se caractérise par sa grâce.
Je t’interdis. Puisque tu n’as pas su l’apprécier. Alors qu’elle t’offrait le monde entier.
Je t’interdis. Alors va-t-en. Choisis ta route. Bon vent.
Laisse-la dans les bras de celui qui, en se réveillant, remercie Dieu de l’avoir acquis.
Même si une femme comme elle, on n’acquiert jamais vraiment.
Mais on sait que son sourire rend vivant.
Je t’interdis de revenir. Même si cette fois-ci ton mot tu voudrais tenir.
Puisque tu l’as rarement fait sourire.
Je t’interdis.
Parce que je la vois heureuse, accomplie.
Et puisqu’elle a réalisé qu’elle n’a jamais eu besoin de toi dans sa vie.
Enfin… je te remercie.
Puisque grâce à toi elle a appris…
Sa vraie valeur. La capacité de son cœur.
Son courage. La possibilité d’un beau voyage.
Et sa liberté jamais par toi aliénée.

Le bateau

C’est un garçon de 5 ans. Beau comme tout. Les yeux chinois. La peau arabe. Né d’une histoire d’amour entre une chinoise et un jordanien. C’est le fils d’un collègue. Il vient souvent au bureau. Quand il est en vacances et que personne n’est à la maison pour le garder.
Il est mignon. Et son imagination me dépasse. Quand il vient, je laisse tout. Et je l’invite à passer la journée à mes cotés. Devant quelques crayons de couleur et une feuille en papier, il peut rester des heures sans parler.
La première fois, il m’a offert un joli dessin. Celui d’un avion qu’il a appelé « Air world ». Parce que son ambition dépasse la frontière d’un Etat, et né d’un mélange qui sort du commun, il a trouvé tout naturel que son avion ne soit incorporé dans aucun pays. Les mélanges font de beaux enfants.
La deuxième fois, c’est un bateau qu’il a voulu dessiner. Un bateau luxueux de cinq étages. Je regardai du coin de l’œil en travaillant la progression d’un dessin exquis qui me marqua par sa précision. Et chacun des étages représentait ce qui touchait ses cinq petites années.
Le premier étage était occupé par une piscine. Une piscine divisée en deux couleurs. Mais il se hata de me corriger. il y avait deux tons de bleu. Et non pas deux couleurs. Le garcon aime les bonnes définitions. Un bleu foncé. Et un bleu clair. Pour illustrer le coté profond, pour les grands, et le moins profond, son océan.
Le deuxième contenait 3 lits. Le sien. Celui de sa mère. Et celui de son père.
Le troisième était meublé d’un canapé « en cuir » ne manqua-t-il pas de souligner, d’une console de jeux vidéo et d’une télé.
Le quatrième étage était fait pour manger. Un restaurant chinois qui offre du riz et du soya. Et un restaurant libanais… pour le houmous.
Le cinquième, bien sûr, était la cabine du capitaine. Et le petit y dessina deux lits. Deux lits, pour deux capitaines. Je trouvai cela etrange mais il m'expliqua, exacerbé par ma compréhension lente, ce qui lui sembla simplicité évidente: au cas où l’un deux aurait sommeil. Décidément... Il pense à tout.
Il me tendit le dessin pour que je l’accroche sur mon panneau à coté du premier. Et je pensai tristement que je ne savais toujours pas un soleil dessiner… il me fit un bisou qui m’attendrit profondément dans cette ville où les affections vraies manquent vraiment.
Mais il revint en courant. Et il retira son dessin avec une agitation et une frayeur que je ne lui reconnaissai pas. Je croyais qu’il allait me le reprendre, son bateau. Alors que je m’appretais déjà à une belle croisière dans le pays des enfants. Mais il me réconforta vite en me disant qu’il avait oublié le plus important… le moteur. Pour que son bateau puisse aller dans les mers et leurs profondeurs. Bien sûr.
Il l’accrocha ensuite. Satisfait que sa mission était maintenant accomplie. Et il s’en alla. J’eus droit à un second calin et j'en profitai pour le serrer dans mes bras.
Il repartit et il me laissa seule avec mes pensées. Si je dessinais un bateau de cinq étages, qu’est-ce que j’y mettrais ? Et pourquoi les priorités de mes vingt et quelques années n’étaient pas aussi claires que celles d’un petit bonhome aux traits singuliers ? Une console ? une télé ?
Mais je me consolai à l’idée que le problème ne pouvait pas se poser. Parce qu’un bateau… je ne saurai jamais dessiner.

vendredi, avril 15, 2011

Le pain s'il vous plait!

Mon corps et moi, depuis quelques temps, ca va. Je ne sais pas combien je pèse. Je n’ai pas de balance. Mais chaque matin, je sais. J’ai soit le poids A, soit le poids B. C’est-à dire que je me sens soit lourde soit légère et je choisis mes aliments de la journée en fonction de A et B. Il n’existe pas de sous parties, de nuances, de subtilités. Et c’est pour cela que de ma balance je me suis débarrassée. Quand j’arrive à enfiler mon jeans adoré… c’est que rien ne mérite une attention exagérée.

Je l’avoue… Il fut une période de deux ou trois années où je fus obsédée. J’étais même allée jusqu’à compter les calories dans une tranche de pastèque. Et je puisais toute ma confiance dans les kilos perdus même si j’avais du coup fait disparaitre avec mes seins et mon cul.

Maintenant… ca va. Très bien même. Je mange. Je bouge. Et je m’aime. J’ai aussi réalisé que c’est aux hommes que je veux plaire. Non pas à mes copines squelettiques souvent célibataires. Et un homme, un vrai, aime qu’il y ait un peu de… chair.

Hier soir, j’ai diné avec un ami. On se voit de temps en temps pour un catch up en fin d’après-midi. J’ai vite opté pour mon restaurant préféré. Parce qu’on y offre du pain aux raisins chaud et du beurre enroulé dans un papier. Mon ami décide de demander au serveur de ne pas servir le pain. Parce qu’il est au régime et il a supposé qu’une fille mince n’en mange point.

Mais une fille mince en mange mon ami. Et elle choisit son propre destin. Elle aime le pain. Elle respire. Elle transpire. Elle parle. Elle réfléchit. Elle a envie. Ou pas. Et elle est vivante. Elle ne commande pas toujours une salade verte. Non, elle n’est pas très chiante. Elle est même souvent carnivore… Et se priver ne fait pas partie de ses forts.

Elle aime la glace à la vanille, les macarons à la pistache, les hamburgers juteux, le fromage, les frites, la mayonnaise, le coca light, le pain, le beurre, le vin, les hommes mais les vrais, ceux qui reconnaissent une femme (...mais une vraie) et qui lui laissent assez de place pour exister.

Maitre... Le pain, s’il vous plait!

mardi, avril 12, 2011

The tube guy (ou le beau du métro)

La toute première fois que je l’ai vu, j’étais mal habillée. Collants déchirés, cheveux frisés et ballerines par la pluie décollées. Alors… je me suis cachée.

Il m’a plu. Il était beau. Il m’avait l’air arabe. Et j’aime ca. Brun. Ténébreux. Cerné. Les cheveux en arrière. Le costume impeccable. Un peu maladroit. A moitié endormi. Parfait pour moi.

Je remarquai sur son manteau bleu marine une tache de poussière blanche. Et je mis tous mes efforts au travail pour me retenir de ne pas commettre le crime d’essayer par une caresse involontaire de la faire disparaitre.

Il descendit à la même station que moi. Il était banquier. C’était maintenant vérifié. Je le vis s’éclipser et je regardai ma montre pour essayer de faire en sorte de le recroiser. Et très prochainement.

Les quelques jours d’après, je me fis belle. C’est-à dire que je me réveillai un peu à l’avance pour mettre un effort supplémentaire dans le combat journalier entre le séchoir et mes mèches rebelles.

Je le revis un jeudi. Et il me sourit. Enfin. Je crois. C’est difficile à dire quand on est plus de mille collés dans un wagon matinal. Mais j’aime à penser que c’était moi qu’il regardait.

Toute la journée, son sourire ne m’a plus quittée. Je m’amusai à deviner ses origines, son quartier, son prénom, ses secrets.

Je décidai alors de lui parler, la prochaine fois qu’on se reverrait. Parce que cette coïncidence allait se reproduire. Nos horaires étant apparemment synchronisés.

Et je le revis. Je sautai sur l’occasion pour provoquer un échange de paroles anodines. Au moment de la séparation, il demanda mon numéro de téléphone. C’était gagné.

Ce même soir, mes copines ont vite deviné dans mes yeux grands et bêtes qui ne savent rien cacher que j’avais une nouvelle à partager. Après une séance de fous rires sur mes aventures ringardes – qui ne manqua pas de m’exacerber- elles s’amusèrent à deviner la date et l’heure auxquelles il allait appeler. Eliminant du coup la possibilité qu’il ne m’appelât jamais.

Elles étaient toutes d’accord sur le fait qu’il allait faire passer deux jours. Deux jours pour éviter de passer pour un désespéré. Mais pas plus, pour ne pas donner l’impression qu’il aime jouer. Elles me réconfortèrent aussi à l’idée qu’à une fille comme moi…. On ne pouvait résister.

Je rentrai du diner flattée, sûre de moi, confiante et convaincue que le tour était joué. J’avais bien fait. Je pensai aussi a la tenue du premier rendez-vous officiel en dehors du métro. Je mettrai un jeans – une robe ca ferait trop – et des stilletos.

Cette histoire remonte a quelques semaines. Non… il n’a toujours pas appelé. Il a même dû changer de trajet. Merci les filles. Vous êtes gentilles. Et vos théories sont jolies. Mais le mec s’est enfui.

Tant pis !

Le prochain? C'est lui.

Salade de fruits

Je n’aime pas la salade de fruits. Parce que les bananes deviennent rouges. A cause des fraises. Les fraises deviennent plus acides. Les oranges – bizarrement- gardent leur saveur. Les pommes s’assombrissent. Et quand on y met du melon… c’est raté pour de bon. Tout devient melon. Et je déteste le melon.

La salade de fruits me rappelle les travaux en groupe. J’ai toujours été critiquée, au travail comme à l’université, de ne pas savoir travailler en équipe. Parce qu’apparemment, soit je m’impose, soit je disparais… dans mes pensées.

Aussi, je n’ai jamais fait partie de quoi que ce soit. Ni de partis politiques. Qui me repoussent. Ni d’organisations charitables. Qui m’indiffèrent. Ni de réseaux sociaux. Salut.

Attitude fan. Mission troupeau. Union. Collaboration. Discussion. Peut-être. Mais je n’y crois pas. Je préfère travailler tranquille chez moi. L’écriture est une passion solitaire.

Je ne crois pas en la mise en commun. Il ya certains qui travaillent plus. D’autres qui font semblant d’avoir participé. Il ya ceux qui parlent fort. D’autres qui essaient d’exister. Il ya des menteurs. Et des alliés. Il ya un leader, souvent trop con… et il ya des masses qui acquiescent à chacun de ses sons. Il ya des efforts non rémunérés. Et du crédit faussement attribué. Un résultat hétérogène est créé. Et le délai est souvent dépassé.

Égoïste. Individualiste. Introvertie. Peut-être. Merci. Je préfère croquer une pomme verte. Ou déguster une banane à la couleur parfaite. Parce que si je n’aime pas la salade de fruits… c’est que j’aime beaucoup les fruits.



©

dimanche, avril 10, 2011

Adriana

Ils se sont rencontrés à Zurich. Elle y travaillait. Et lui, lui était là-bas pour le weekend. Ca s’est vite passé. Le courant d’abord. Puis les mots doux à l’oreille. Un verre de champagne. Des sourires timides. Un rendez-vous le weekend d’après.

Elle n’était pas sûre qu’il reviendrait. Toute la semaine, elle appréhendait le vendredi. Elle le voulait autant qu’elle le craignait. Mais il revint. Comme promis. Le sourire au visage et une fleur à la main. Les weekends comme celui-là se succédèrent. Vite, elle bougea à Londres. Elle se voyait déjà mariée à lui avec deux gosses dans le salon et un dans le ventre.

D’abord c’était génial. Elle trouva un job à canary wharf. Elle s’installa, se fit quelques copines dans le quartier, elle acheta de nouvelles serviettes, un vase pour mettre des fleurs et un livre de cuisine. Elle rencontra ses parents. Sympas, rien de plus. Sa sœur, qui se prend pour une petite princesse, un peu moins. Mais ca va. Le bilan total était plutôt positif.

Elle cuisina de bons petits plats. Il devenait de plus en plus occupé. Et elle de plus en plus triste. Souvent les vendredis soirs, il voulait lire plutôt que la voir. Et elle sortait souvent, parfois avec moi, et parfois avec d’autres que je ne connais pas. Il ne lui demandait jamais où elle a été. Il s’en foutait déjà.

Elle essayait de lui en parler. Souvent. Mais il était toujours occupé. Elle organisait des weekends en amoureux, des diners sur la terrasse, des escapades à deux, elle faisait de la glace.

C’était mort. Elle le savait. Elle décida de bouger. Elle est italienne et ses réactions sont parfois exagérées. Il n’a pas tout de suite remarqué. C’est un homme sérieux … très très occupé.

Un jour, il rentra de bonne heure. Le vase était vide. La cuisine silencieuse. Le séchoir manquait du plancher. Les rideaux étaient bien fermés. Elle était partie. Il voulut la rattraper. Mais il était déjà trop tard. Elle avait déjà payé six mois d’avance pour un nouveau loyer. Il essaya de l’appeler. Mais elle était, à son tour, devenue très occupée…

A faire ses ongles.

.
©

vendredi, avril 08, 2011

Tomato Soup

Tous les jours à midi, et depuis le premier jour de travail il ya un an, j'ai mangé la même salade. Laitue, tomate, poulet, parmesan et pistaches. Jusqu’au jour où, pour une raison qui me reste étrangère, je ne voulus plus en entendre parler. Je me sentis complètement déboussolée et pas encore prête à la laisser tomber. Mais la réalité a fini par s’imposer, je ne l’aimais plus et c’était un fait. Je décidai alors de trouver autre chose à manger.

On me conseilla la soupe tomate. Mais je n’aime pas les soupes. Et les tomates m’indiffèrent. Pourtant j’optai pour ce choix. Puisque rien ne me tenta vraiment. A ma grande surprise… ce fut un délice. D’abord, la chaleur du pot entre les mains. Ensuite, l’odeur des herbes, des épices, du vin. Et la couleur, orange (et pas rouge…) qui indiqua subtilement une touche de crème pour le plaisir de la langue et du palais. Et enfin la texture, parfait juste milieu entre une consistance liquide/ennuyante et une consistance visqueuse/écœurante. C’était juste parfait. Bien meilleur que ma salade vite oubliée/remplacée. Tous mes sens étaient satisfaits.

Ma découverte allait durer. Chaque jour à midi, jusqu’à la fin de mes jours. Parce que je n’ai pas l’amour civilisé. J’aime l’excès. L’overdose. J’irai la chercher et si par malheur on osait m’annoncer qu’elle avait été du menu ôtée, j’arrêterai de travailler.

Puis une idée vint me perturber… mon amour devrait être sauvegardé. Et pour cela, je devrais peut-être modérer la consommation. Pour faire en sorte que je ne m’ennuie jamais. Pour établir une relation stable et à longue durée. Pour ne pas voir l’amour finir. Et éviter de la vomir. Comme je t’ai vomi à toi. Autrefois.

Mais je ne sais pas ...
©

jeudi, avril 07, 2011

Ipod

Je déteste perdre des choses. J’attache une importance particulière aux objets de tout genre. A mes sacs, mes chaussures, mes lunettes, ma télécommande, mon vernis, mon téléphone, mon petit carnet, mes stylos, mon miroir, mes bagues. Et ceci pour des raisons diverses.

Parfois pour leur valeur matérielle. Comme une bague qu’on m’a offerte à mon anniversaire, et qui, pendant que je faisais la vaisselle, a décidé de faire un petit tour dans l’évier pour ensuite profiter de la promenade pour glisser dans les tuyaux et me laisser le cœur en morceaux.

Parfois, pour leur valeur morale. Comme mon porte monnaie qu’on m’a volé lors de ma sieste dans le métro. Il contenait un cadeau de ma grand-mère. Un cadeau en papier jauni. Transmis de génération en génération. Et supposé protéger le voyageur. C’était une prière. Le voleur ce jour là n’a pas fait bonne affaire. Parce qu’il n’avait trouvé qu’un porte monnaie bon marché, quelques pièces de livres anglaises, une carte de crédit bloquée… et un message divin en signes codés.

Parfois, pour leur utilité. Comme mon Ipod que j’emporte partout. Dans le métro, à la gym, au parc et dans l’avion. Qui contient des chansons que j’aurais honte de faire écouter. Ces chansons fleur bleue et bonbon. Mon Ipod a disparu il y a quelques semaines. Je l’ai cherché partout. Partout. En vain. Et pour me punir de ma maladresse, j’ai décidé de vivre sans musique quelques semaines. Dans l’espoir que cela m’apprenne à faire plus attention. De toute facon, nulle en technologie, si j’en achetais un nouveau, je ne saurais même pas y mettre de la musique.

La perte m’a vraiment dévastée. Au-delà de l’ennui éprouvé tous les jours pendant le sport et le trajet, je m’en voulais d’être tellement tête en l’air et si peu concentrée.

Et soudain, en pleine nuit, autour des coups de minuit, je glisse ma main sous le matelas, et je devine du toucher un corps étranger. Rectangulaire. Métallique. Glissant. Solide. Et bien caché. Mes yeux s’écarquillent et mon cœur bat fort. Je prie (à distance et en harmonie avec le papier d’autrefois jauni) que ce soit bien mon Ipod chéri. Et… oui.

Quel bonheur…

Depuis, je ne le lâche plus. Et je ne le perdrai plus… Peut-être faut-il vraiment vivre le manque pour savoir combien l’on attache de l’importance à un objet ou une personne. Peut-être faut-il vivre la douleur de la séparation pour ne plus jamais… non jamais… quitter des yeux l’être adoré.

Heureuse des retrouvailles, je me promène au soleil, des lunettes sur le nez, un cappucino à la main et Barbara aux oreilles. Je passe ma main sur mon cou et je remarque… qu’il est plus dégagé que d’habitude. Merde, il y manque quelque chose. Mon pendant rose !

Décidément… Je ne changerai jamais.



©