dimanche, décembre 31, 2006

Si je m'en vais

J’ai décidé de t’offrir mon présent. Pour qu’on partage un jour, peut-être, notre avenir. Je t’ai donné mon présent, pour le plaisir d’un moment libre. J’ai accepté le tien, pour la richesse qu’il comporte. Je l’ai surtout accueilli, pour le bonheur qu’il m’apporte. Je me suis créée une toute petite place dans le désordre de nos vies respectives pour mieux affronter les autres moments de la vie, d’autres moments que j’aime moins, des moments que j’aime moins puisque je suis seule. Seule, sans toi.
Dans cette vision des choses, pas de place ou si peu au passé. Le passé… On en parle pour mieux comprendre le présent. On en parle pour mieux s’aimer. On en parle pour se surpasser. On en parle pour faire de la confiance un très beau cadeau. Et surtout pour plus de complicité. Mais il serait excessif d’en faire un présent. Il serait ridicule d’en faire un débat permanent.
Quand le passé déborde sur le présent, que le présent se transforme en une analyse minutieuse et trop injuste d’une adolescence bien vécue et que l’instant glisse de nos mains, le bonheur que fait naître la possibilité d’un éventuel futur disparaît. Et le passé vante sa résurrection. Une renaissance peu méritée.
Si je m’en vais ce soir ce n’est pas de ta faute. Si je m’en vais déjà c’est que je dois continuer à chercher. Parce que mon passé je l’aime. Et c’est un présent similaire que je cherche. Un présent autonome dirigé vers l’avenir. Un présent ambitieux qui tourne la page du passé. Un présent curieux mais point rancunier. Un présent lucide qui comprend….
Si je m’en vais ce soir c’est que je n’ai pas encore trouvé la personne que je cherche, celle que j’ai cru voir en toi, celle qui lira mon passé rien qu’en me regardant dans les yeux, celle qui posera un doigt sur ma bouche quand je jugerais nécessaire de raconter fautes et bêtises, celle qui me dira que du passé elle s’en fout et qu’elle ferait tout pour envahir mon présent et chaque seconde future de ma vie, une personne qui me dira que seule compte la seconde présente… et surtout celle qui suit.

mercredi, décembre 27, 2006

Les plus beaux discours

Les plus beaux discours, je les connais. Ils m’on souvent été dits la nuit. Les plus beaux discours, je les connais par cœur. Ils ont souvent été accompagnés de grands gestes majestueux, de quelques larmes dans les yeux, d’un air doux et innocent et d'une musique de fond tout aussi hypocrite.
Les plus beaux discours, je les ai souvent rédigés à des amis qui voulaient faire semblant d’aimer. Nous avons pris la précaution de les rendre spontanés et naturels, d’y intégrer quelques hésitations et fautes de vocabulaires, quelques pauses et quelques balbutiements, quelques moments de réflexion et d’autres faussement timides, pour qu’ils sonnent improvisés et dictés par la beauté des yeux d’une destinataire naïve.
Les plus beaux discours sont souvent des discours-type, passe partout et uniformes, qui sont dits et répétés à des filles trahies volontairement…Classiques d’originalité, ils touchent et font mal même quand on sait leur auteur eloquent et beau parleur.
Les plus beaux discours m’ont tout aussi attirée. Bien que très bien avisée, je finissais par croire à chaque fois les mots d’un garçon menteur. Peut-être pour le plaisir d’y croire. Peut-être parce qu’on a, nous les filles, toujours la prétention d’avoir changé le mec en question.
Les plus beaux discours sont ceux d’hier soir, d’avant-hier et du soir d’avant. Les plus beaux discours je les connais tres bien. Je pourrais les répéter si tu veux. Les plus beaux discours t’offrent le moment. Les plus beaux discours t’offrent seulement le moment.
Les plus beaux discours, mon amour, sont les miens désormais. Et en attendant, tu pourrais peut-être passer à l’action. C’est un domaine que je ne connais pas assez. Un domaine dans lequel tu pourrais, peut-être, briller.

Et toi mon coeur?

« Et toi mon cœur pourquoi bats-tu ? » avait dit Jean D’Ormesson. Son cœur battait. Pour qui ? Pourquoi ? Peu importe. Un cœur qui bat, c’est l’essentiel. Un cœur qui bat est en vie. Un cœur qui bat tend vers un autre qui bat… peut-être. Un cœur qui bat est un cœur véritable. Son cœur existait donc. Son cœur pouvait aimer.
Le problème de D’Ormesson était un problème de compréhension. Il ne comprenait pas la raison qui provoquait un tel phénomène. Mais l’existence de ce sentiment merveilleux était incontestable.

L’amour est souvent douloureux dit-on. Parce que les plus belles histoires d’amour sont souvent soit impossibles soit à sens unique. Je ne sais pas si l’on peut parler d’amour quand on est seul à aimer. Mais c’est ainsi que j’aime appeler tout ce que je vis : de l’Amour. Peut-être pour embellir des histoires complètement tordues… Peut-être pour faire d’un commencement fragile une merveilleuse histoire. Peut-être parce qu’à force de faire semblant... on tombe vraiment amoureux.

Pourquoi le cœur bat-il? Il bat pour un sourire, une caresse, une chanson triste, une photo jaunie trouvée dans un tiroir, une histoire qui rappelle une vie sans histoire, un mec trop bien mais trop pris, un amour d’enfance, un homme parfait. Le cœur bat sans arrêt. Parce que nous cherchons et trouvons toujours quelqu’un à aimer.

J’ai un souvenir vague et agréable de l’accélération du cœur. J’ai en tête une image floue de ce que je croyais à chaque fois et sans cesse être l’amour. Et puis j’ai perdu le goût de ces choses si belles. J’ai perdu l’émerveillement du premier jour, la curiosité du second, la complicité du troisième. J’ai crée une ambiance monotone qui me tue. J’ai apprivoisé le sentiment du non sentiment. Je me suis fait méfiante à l’égard de celui qui me rongeait doucement dans le passé. Et je me demande : « Et toi mon cœur… où es-tu ? ».

mardi, décembre 26, 2006

Un moment ordinaire

Les histoires qui intéressent sont celles qui constituent l’exception. Nous cherchons tous une fin surprenante, un dénouement tragique, une solution choquante, un résultat hors du commun. Nous oublions que les plus belles histoires sont celles qui sont tout simplement… ordinaires. Nous sommes tous tentés, un jour ou l’autre, de modifier légèrement une scène que l’on décrit rien que pour la rendre plus bizarre et de ce fait plus attirante. Nous penchons tous pour l’exceptionnel. Les fins doivent être tristes ou heureuses. Qu’elles soient anodines nous décevrait tellement… Pourtant, les aventures banales et sans lendemain remplissent nos vies. Nous vivons tous pour un moment insignifiant sans véritable fin, un moment bref d’une vie tout à fait normale, un moment qui fait notre joie, mais un moment sans vrai début, sans vraie suite. C’est un moment tout court, volé au temps, un moment qui rend, sinon heureux, du moins vivant. J’ai une histoire à raconter. C’est une histoire désintéressée. Une histoire qui n’en est pas une en réalité. Je marchais d’un pas pressé. J’avais juste envie – ou plutôt besoin – de rentrer. Il me fit un magnifique sourire. Il me souhaita un joyeux noël tout en me fixant d’un regard généreux. Il n’essaya pas de me retenir. Il me dit au revoir d’un signe de la main. Mon histoire aurait été bien plus intéressante si elle comportait une fin, un obstacle, des peripeties. Mais il n’en est rien. Nous n’avons pas échangé nos numéros de téléphone. Je ne sais même pas comment il s’appelle. Je ne sais pas si je vais le revoir. Et je m’en fous. Je vis pour des moments sans importance. Je vis pour ces instants de bonheur. Je vis pour ce mec qui me sourit juste pour le plaisir de le faire. Je vis pour un échange altruiste qui se veut innocent. Je vis pour une solidarité implicite qui se transmet par le regard. Je vis pour un pas de danse avec un inconnu charmeur. Je vis pour une soirée unique et solitaire qui ne sera pas nécessairement le point de départ d’une relation sérieuse et qui sera oubliee aussitot. Je vis pour une seconde égoïste qui songe à sa réussite sans penser à celles qui vont suivre. Je vis pour un moment ordinaire… qui se fout de l’exceptionnel.

lundi, décembre 18, 2006

Mon ex-traordinaire

L’ex. E et X. Deux lettres qui prétendent tout résumer. Comme si les relations pouvaient être balayées par une notion temporelle qui déclare comme appartenant au passé une personne, un jour, aimée ou du moins… appréciée.
L’ex. Un mot bref qui se veut réduit pour passer rapidement sur cette page poussiéreuse d’hier qui n’appartient plus au présent.
L’ex. Un préfixe transformé en mot, préfixe qu’on utilise abusivement.

L’ex du p’tit ami est une fille qu’on déteste. Une fille qu’on imagine souvent cruelle, possessive et folle de jalousie. Mais il se trouve que « l’ex » est une fille comme les autres, une fille comme nous, qui laisse couler ses larmes quand elle regarde pour la centième fois Titanic, et qui prétend, comme nous, avoir du sable dans les yeux quand on la surprend en train de pleurer.

Un mec a été blessé par une fille. Il a passé de longues nuits à penser à elle. Il est avec quelqu'un d'autre aujourd’hui. Il sort avec sa nouvelle copine. Il voit celle qui l’a tant marqué dans le passé. Celle avec qui il a passé toute son adolescence, des jours et des nuits à discuter. Celle qui lui a appris le sens de l’amour pour le lui reprendre après. Il la voit, toujours aussi belle, toujours aussi fraîche. Il la salue par un hochement de tête. Un hochement discret qui veut tout dire. Sa compagne lui demande des explications. Il répond d’un ton faussement détaché : « ce n’est personne mon amour, rien qu’une ex, un caprice de jeunesse ». L’ « ex » n’est donc personne. L’ « ex » n’est rien. Alors qu’il aurait pu tout simplement dire que cette jolie fille est l'une de ses amis.

Il y a l’ex du p’tit ami, notre ex à nous, notre futur ex (le mec que nous fréquentons), l’ex de notre meilleure amie qu’on déteste parce qu’il est, selon elle, salaud, l’ex de notre futur ex, la future ex de notre ex (la fille qu’il fréquente) et l’ami de l’ex qui devient ex-ami du même coup.

Ex. Deux lettres qui résument si faussement un passé. Deux lettres très injustes à l’égard du temps consacré. Un mot vulnérable qui traduit si peu nos souvenirs et qui ne souligne que la notion « temps ». Car quand une relation se termine, certains de ses éléments survivent à sa fin. On les emporte avec nous. Ces éléments sont les souvenirs gardés, les leçons tirées, les blessures, les séquelles et les moments les plus intenses de la vie.

L’ex n’est pas un ex. L’ex est d’abord un ami même dans les pires situations qui se clorent par des injures et des cœurs brisés. L’ex est… ex-traordinaire. Qu’il soit mémorable ou au contraire pathétique, le fait d’avoir posé, un jour, un regard insistant sur lui, le fait de lui avoir un jour offert le temps d’une minute d’une journée toujours trop courte le rend exceptionnel. Mon ex est ex-traordinaire. Parce que ma vie l'est. Mon ex est ex-traordinaire car il a un jour constitué une de mes priorités.

Pour le temps donné, les efforts faits, les promesses échangées, les mains croisées, les secrets livrés, les mots chuchotés, les obstacles surmontés et surtout la bonne idée de se quitter, j’ajouterais, à ces deux lettres surestimées, quelques unes en plus… volontiers!

dimanche, décembre 17, 2006

L'autre bout de ma vie

L’autre bout de ma vie se moque du premier. Il se souvient d’une conversation touchante un jour échangée mais en a oublié le moment et la durée. L’autre bout de ma vie est aujourd’hui très bien planifié. Il garde des souvenirs mais a fermé la page du passé. Il se contente d’un présent agréable, raisonnable. Un présent choisi, planifié, travaillé, convenable. Un bout de vie complémentaire au premier mais tellement différent. Un bout de vie qui se sert du premier, pour le dépasser, le détruire, l’ignorer, l’oublier, s’en servir et n’en garder qu’une leçon vulnérable difficile à avaler.
Mon présent aujourd’hui n’est qu’un bout timide comme le premier. Un bout qui s’ajoutera à tous les autres pour les assombrir ou les illuminer. Mon présent aujourd’hui est un bout que j’aime bien. Un bout dans lequel on danse aussi bien en boite que dans les rues de Beyrouth au petit matin.
Le premier bout a longtemps duré. Il a provoqué des paroles, des écrits, des larmes et des baisers. Il a été critiqué, détruit, construit puis déchiré. Il a rempli ma vie puis l’a un jour complètement vidée.
Ce premier bout dont j’ai parlé est aujourd’hui loin dans un endroit caché de mon passé. J’y pense quelques fois, un sourire aux lèvres, la tête plein de belles histoires. Des pensées qui se font floues et contestables, des pensées que je modifie comme le veut la mémoire.
Quant a l'autre, il est tellement beau pour tout te dire. Je pourrais t’en parler et je ne voudrais le voir partir. Il remplit ma vie peut-être pour la détruire. Mais il l’a remplit peut-être pour la construire. Et toute chance est à saisir.
Un premier bout de ma vie que je ne pourrais cacher. C'est un bout que je raconte. Que j’aime. Que je défie. Un bout que je considère, grâce à toi, avec certitude et conviction, fini.
Et puis il y a l’autre bout… Le nouveau. Un bout qui se forme. Un bout qui m’offre le temps et surtout… la possibilité.
Les choses impossibles sont provocantes. Elles nous attirent. Mais elles nous rejettent quand il est devenu difficile de partir.
Les choses possibles sont certes plus paisibles. Mais elles réalisent, par une hypothèse tout à fait possible, des choses des plus… impossibles.

vendredi, décembre 15, 2006

Un bout de vie

- Allo ?
- Bonjour petite. Ca va ?
- Pas vraiment. Et toi ?
- Non plus… Tu m’as beaucoup manquée tu sais…
- Pas toi.
- J’adore quand tu mens.
- …
- Comment tu passes tes journées ?
- A la fac. J’avais un examen aujourd’hui.
- Comment t’as fait ?
- Pas mal. Sauf que ma copie va ressembler à toutes les autres. J’aurais dû y mettre une touche personnelle.
- Je suis sûr que tu as très bien fait. Tu doutes de toi. Comme tu as douté, un jour, de moi.
- Encore faut-il que le prof, lui, en soit sûr. Quant à toi, c’est une vieille histoire…
- Tu sors avec quelqu’un ?
- Oui…
- Je suis sûr qu’il est fou de toi.
- Pas moi…
- Parle-moi de lui.
- J’écoutais le cd que tu m’as offert.
- Pourquoi tu changes toujours de sujet ? laisse-toi faire…
- C’est bizarre… Tu avais choisi des chansons tristes. Comme si tu savais déjà que...
- Arrête. N’en parlons plus. Tu l’as dit. C’est une vieille histoire.
- Il y a « Adieu », « ne me parlez plus d’elle », « l’encre de tes yeux », « je viens pas te parler d’amour »…
- Oui. je savais…
- …
- Tu es où ?
- En voiture… Je rentre chez moi.
- Passe par moi. C’est sur ta route. Passe par moi.
- Non. Je ne passe plus par là-bas. C’est une route triste. Une route qui parle de nous. Une route qui nous a connus. Une route qui sait trop. Une route que j’évite. Une route qui mène vers toi. Une route qui nous a vus mourir. Elle me provoque souvent. Elle m’appelle. Je vais vers elle. Presque sans le vouloir. J’y vais à chaque fois que je pense à toi. Quand je réalise où je suis, il est trop tard. Je reste quelques instants. Mais je finis toujours par faire demi-tour. C’est dur d’affronter le passé. C’est dur d’admettre le présent. Dur d’imaginer un avenir. Notre passé, quant à lui, je l’aime.
- Fais-en un présent.
- Tu sais que c’est impossible…
- Oui, je sais.
- Je regarde parfois la mer. Je sens que tu y habites. Je pose ma main sur la vitre pour la caresser. Mais elle joue l’inaccessible. Je regarde. Pas pour longtemps. J’ai peur de m’y perdre. Je regarde du coin de l’œil la route qui s’étale devant moi. Je sais que c’est celle qui me convient. Je lui en veux d’être parfaite. Je lui en veux d’être raisonnable. Je regarde de côté. De côté, la tentation. De côté l’interdit. Mais je me retiens. Faut pas que je succombe. Je déteste les vagues, ces couleurs sauvages qui se veulent si douces, je déteste la perfection du paysage, son harmonie avec une musique que je n’arrive pas à chasser de ma tête, je déteste la force, celle qu'il me faut repousser…
- Décidément, tu ne changeras jamais…
- …
- …
- Bon, je te laisse. On s’appelle ?
- Oui on s’appelle. On s’appelle peut-être.
- Peut-être ?
- Je vais te laisser vivre ta vie.
- Et toi, tu vas vivre la tienne ?
- Je fais de mon mieux.
- J’aurais voulu que tu me retiennes.
- Tu dis toujours ça. Mais tu finis par fermer les yeux.
- C’est vrai. J’ai toujours eu peur. Peur de toi. Des autres. De la vie. De l’amour.
- On sera ensemble. Un jour.
- Tu crois ?
- J’en suis sûr. Tu es à moi.
- Ne dis pas ça. Je ne veux pas d’un amour possessif.
- Tu le préfères fugitif ?
- Non. Différent. C’est tout.
- Fais attention à toi.
- Toi aussi. Est-ce encore un adieu ?
- Plutôt un au revoir.
- Tu deviens tellement prévisible…
- C’est possible.
- ...
- Allo ?

jeudi, décembre 14, 2006

Au petit dernier

Je te vois grandir si vite, je te vois grandir de cette façon arrogante qui est la tienne. Tu te moques de la vie, des études et de ces paroles que tu entends vaguement et que nous sommes obligés – à cause de toi – d’écouter. Je te vois grandir et devenir très beau. Je te vois refuser, te plaindre, murmurer tout bas des injures et des insultes, je te vois rebelle et dégoûté. Tu grandis… Comme tu es beau aujourd’hui !
Je te vois discret, je te vois fatigué, je te vois courir… puis t’allonger sur le canapé. J’aimerais tant que tu travailles, que tu réussisses, j’aimerais tant que tu prennes les choses au sérieux mais tu refuses. La vie pour toi est un jeu. Et le sérieux est à moi me dis-tu. Peut-être que tu as raison, que la vie est trop belle pour étudier. Mais ça, je ne te le dirai jamais. Et je sais que de ton coté, tu ne le liras pas. Tu es trop paresseux pour le faire...
Je te vois grandir. Tu as le regard inquiet quelque fois. Mais tu préfères l’incertitude à un effort quelconque. Tu préfères l’oisiveté. Et tu me fais souffrir. Mais tu ne m’écoutes pas. Je suis trop jeune pour savoir, me dis-tu. Et toi tu crois tout savoir…
Je te vois grandir entre tes amis. Ces garçons qui t’aiment et avec qui tu passes des nuits blanches à rigoler. Vous m’empêchez souvent de dormir. Mais je ne dis rien… Ca fait tellement de bien de vous savoir si heureux, si dynamiques, si sincères.
Je te vois grandir dans la salle de sport. Je te vois grand, jeune et honnête. Je te vois malheureux quand il faut que tu travailles. J’aimerais le faire pour toi mais c’est impossible. Aujourd’hui c’est à toi de passer l’épreuve. Et puis je suis sure que si tu essayais, tu le ferais tellement mieux que moi.
Je te vois amoureux et pensif. J’essaie de tout savoir, de tout entendre, de tout observer. Mais on m’a dit de te laisser tranquille. La vie est à toi désormais.
Je te vois gentil et serviable, je te vois fort et révolutionnaire, je te vois endormi et rarement réveillé, je te vois drôle et plein de surprises. Je te vois des yeux d’une grande sœur.
Je te vois plein de rêves, plein d’ambitions. Je te vois orgueilleux et fier. Je te vois si pur, si profond…
Je te vois ami fidèle, je te vois copain sincère, je te vois gentil frère, je te vois insouciant et plein de vie, je te vois responsable quand il le faut, je te vois adulte et enfant, je te vois calme et mystérieux… Je te regarde. Je t’observe grandir et changer.
Tu grandis ? Peut-être. Sûrement. Mais tu restes mon p’tit frère.

mercredi, décembre 13, 2006

Sensations

On vous a sûrement dit, un jour, qu’il faut voir le coté positif des choses. Mais entre nous, ce côté positif est parfois si bien caché que l’on se demande s’il faudrait vraiment le chercher et s’il existe en réalité. Etre optimiste quand tout va mal serait être totalement naïf ou absurde. Car il existe des situations catastrophiques qui ne procurent ni intérêt ni plaisir.
Le côté positif des choses… Et s’il suffisait de trouver un moyen de tirer profit de tout malheur ? La leçon, me diriez-vous ? Personnellement, je préfère apprendre des autres sans avoir à souffrir. La force, l’expérience, la patience, le sang froid ? Ce sont certes des qualités respectables. Mais elles restent des notions abstraites difficiles à mesurer. Elles restent subjectives et leur acquisition est incertaine.
Personnellement j’ai décidé d’écrire. Ecrire pour créer. Ecrire comme on chante, écrire comme on pleure, écrire pour continuer. Ecrire serait une façon de profiter de la tristesse. Ecrire serait une façon de sublimer les sentiments pénibles.
Je me suis mise à raconter pourquoi il m’a quitté, comment elle est partie, la fin de l’été, le froid de l’hiver, une séparation, des retrouvailles précaires, une dispute injustifiée, un amour impossible, un matin médiocre, une nuit belle mais dépassée, un film émouvant… J’ai écrit pour partager.
Créer est un acte de générosité. L’œuvre artistique est une réflexion de son créateur, un objet unique, une vision personnelle, un message. Sa valeur réside dans le temps qui lui a été consacré, dans l’idée unique qui a été à son origine, dans le talent de l’artiste, dans son unicité, dans le plaisir qu’elle procure à son destinataire, dans les sensations qu’elle fait naître.
Le côté positif de toute mauvaise expérience est l’état de transe qui lui succède. Réalité et imagination se mélangent, prennent pour point de départ la vie pour offrir aux autres les secrets d’un instant insolent de vérité.
Nous créons tous, chacun à sa manière. Nous partageons en images, en musique, en mouvement, en mots ce que nous ne saurions avouer. Elle cree quand elle marche, par le mouvement sensuel de ses hanches, une tres belle danse. Il cree quand il me regarde, de son regard a la fois insistant et arrogant, un instant que je retiens. Nous creons en discutant, souvent tard dans la nuit, une de ces belles conversations spontanees, sinceres et improvisees caracterisees par leur verite.
Nous créons tous. Nous créons pour les sensations.

mercredi, décembre 06, 2006

Politically (in)correct

La politique, c’est l’art de gouverner. Gouverner, c’est organiser la vie d’une société en recherchant l’intérêt général. Tout homme politique devrait avoir la vision, le juste sens des proportions, l’esprit de synthèse et ce qu’on appelle couramment le « leadership ». La fonction première de tout homme politique est la représentation du citoyen. Ce dernier ne pouvant s’occuper directement de la chose publique, il la confie à un homme qui représenterait ses intérêts et travaillerait dans l’intérêt de tous.
L’homme politique doit donc remplir certaines caractéristiques qu’on ne trouve pas nécessairement chez « l’homme moyen », notion empruntée au vocabulaire juridique. Il doit être digne de confiance et apte à contrôler ses tendances et ses impulsions, il doit être en mesure de choisir des mots adéquats afin de transmettre un message déterminé en veillant aux sentiments de la nation. Il doit constituer le modèle à suivre puisque l’administré lui a accordé toute sa confiance et puisqu’il parle au nom de ce dernier. D’ailleurs, de là est née l’expression « politically correct » qui signifie le fait de se comporter d’une façon irréprochable dans le souci de concilier le fond à la forme. La chose sera dite, mais surtout, bien dite.
L’homme politique se place à la tête d’une population pour la guider, la soutenir, l’encourager, la protéger, l’encadrer et défendre ses intérêts. Il est responsable envers ceux qu’il représente puisque ceux-ci lui ont accordé le pouvoir.

Sur notre scène politique aujourd’hui, nous voyons des hommes politiques qui ont perdu les qualités de la représentation. Ils utilisent un vocabulaire familier pour exprimer leurs opinions. Ils emploient un langage vulgaire pour se défier mutuellement. Ils prennent un ton arrogant pour préserver leur autorité. L’homme politique libanais a perdu son élégance. Il a perdu la noblesse qui faisait de lui un modèle. Il a perdu la subtilité qui caractérisait ses discours. Il a perdu la sensibilité dans le choix des mots. Il a perdu la perspicacité qui lui permettait de comprendre le peuple à qui il s’adresse. Il est difficile de l’écouter, impossible de le croire. La légitimité de son pouvoir est contestée. Ses agissements sont discutables. Il ressemble de plus en plus à l’homme moyen. Alors comment fonder son pouvoir désormais ? Et un pouvoir non fondé devrait être remis en cause.
Je finis à peine mon texte et je remarque la grossièreté de l’erreur commise. J'ai failli oublier que si les actes des puissances publiques sont partout dans le monde « politically correct », les nôtres sont de nature et par hypothese politically... (in)correct!

Publie dans L'Orient Le Jour le 16 decembre 2006

mardi, décembre 05, 2006

Que faire de ma vie?

Il parait que les décisions que l’on prend à vingt ans sont celles qui détermineront tout notre avenir. Il parait que c’est vrai même si certains disent que ce n’est qu’un gros mensonge que racontent les parents et les profs afin de pousser les jeunes à étudier et à travailler. Mensonge ou vérité, ces décisions sont difficiles à prendre. Car au bout de chaque route paisible, il y a un carrefour. Tout carrefour suppose un choix. Et tout choix suppose renonciation. Les choix font souvent peur. Car si l’on opte pour une chose, on en délaisse une autre. Et il n’est pas souvent facile de se détacher d’une chose, banale soit-elle.
La vie est donc faite d’une succession de choix. Et entre un choix et un autre, un intervalle qui permet à toute personne de se ressaisir et de se reposer de la tension que provoque tout choix important. Cet intervalle est supposé être reposant, si l’on exclut bien sur la possibilité d’un regret ou d’un doute quant à l’opportunité de la décision prise.
Mais l’intervalle ne fait en réalité que préparer le grand moment. Le grand moment naît d’une longue méditation, d’une recherche, d’une réflexion et surtout d’un sentiment positif qui penche pour une direction déterminée.
Plus je me rapproche de la fin de mes études, et plus je suis confuse. Car c’est à ce moment-là que je devrai choisir la prochaine station. Une station prochaine qui déterminera, dit-on, toutes celles qui vont suivre. Plus j’y pense, et plus je plonge dans ma confusion. Car s’il est difficile de choisir quand on aime peu de choses, il est encore plus dur de faire une décision quand on en apprécie plusieurs. Il faut choisir l’université, la ville, la spécialisation. Il faut choisir ce qu’on aime mais aussi ce qui pourrait constituer la base d’une carrière réussie.
Je me réveille perdue et confuse : « je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie ». Cette phrase, je l’ai répétée à plusieurs reprises ces derniers jours. Elle a tantôt provoqué des rires, et tantôt laissé imperturbable. Où aller ? Quel chemin prendre ? A qui demander conseil ? Vais-je réussir ? Que choisir ? Penser à demain ? Me suffire d’aujourd’hui ? Me contenter de ce soir ? Prévoir une carrière au Liban ? Faire confiance au pays ? Opter pour Paris ? Pour Londres ? Changer de plan pour une personne spéciale ? Se fixer un plan rigide et surpasser tous les obstacles ?
Beaucoup de questions qui fatiguent… Cet intervalle supposé être relaxant n’est en réalité que confusion.
Mais Paul m’appelle. Paul m’appelle de Pékin. Il est parti pour la chine il y a deux ans. Il était en première année de Droit. Il est parti pour quelques mois. Mais il n’est pas revenu. Il a bien aimé la chine… Il s’y est installé. Sa vie d’ici, même s’il l’aimait bien, ne l’a pas empêché de vivre l’aventure. Il s’est adapté à un environnement étranger, à une culture qui lui était inconnue. Il l’a apprivoisée. Il pense à aujourd’hui. Il va peut-être aller aux Etats-Unis l’année prochaine. Ou pas. C’est un éternel voyageur. Un voyageur qui ne se laisse pas intimider par les choix. Car il décidera à la dernière minute. Il fait des choix d’impulsion. Il est heureux. Et il construit bien sa vie.
Réfléchir ? Se lancer ? Hésiter ? Laisser la vie faire les choses ?
Je vais faire comme Paul. Je vais faire confiance à la vie. Elle m’emmènera où elle voudra. Pour l’instant, pas de choix…

vendredi, décembre 01, 2006

Le droit a la vie

Un besoin étrange m’envahit depuis quelques jours. Celui de parler. Je ressens l’urgence de manifester mon point de vue dans un chaos qui ne l’apprécierait pas forcément. J’ai quelque chose à dire, un message important à partager. J’ai en moi la conviction de devoir tenter, à ma manière, par mes modestes moyens, de sauver une société qui souffre ou du moins les jeunes qui, comme moi, ne sont plus heureux en cette période politiquement instable.
Je suis entourée de personnes compétentes, d’élèves qui ont la soif de comprendre et celle de réussir, qui veulent aller au bout de leurs études, qui fondent leurs opinions et tendances sur des arguments logiques et convaincants, qui possèdent l’éloquence de la parole et l’élégance du geste, qui dépassent les différences de religions et d’appartenances pour former une véritable société pacifique de qualité. Je suis entourée de jeunes qui constitueront un jour, sans doute, l’élite du savoir. La nouvelle génération n’est plus passive et réceptrice mais actrice et sélective. Les jeunes aujourd’hui ne subissent plus. Ils agissent.
Notre jeune société est fondée sur le dialogue et le partage. Les conflits ne sont pas inexistants, mais ils sont canalisés par des valeurs qui nous sont propres comme le respect de l’autre, le droit à la différence, la liberté de l’expression …
Nous sommes, nous les jeunes, à la recherche du savoir et du bien-être social. Nous sommes avides de justice, de connaissance, de sécurité, d’espoir, d’égalité, de prospérité, d’expansion. Nous voulons vivre dans un pays conforme aux modèles que nous étudions, un pays démocratique où seraient protégés les droits de l’Homme, où l’individu aurait le droit de vivre comme il l’entend toujours dans le respect des libertés des autres, où l’Etat serait l’autorité supérieure qui veillerait au maintien de l’ordre et à la sécurité de tous les citoyens, où les individus seraient sans discrimination égaux devant la loi, dans lequel le pouvoir aurait pour seule et unique fonction la représentation de tous les citoyens et la réalisation d’un but d’intérêt général. Nous connaissons les principes et nous savons les appliquer.
Nous sommes jeunes. Mais nous sommes conscients de nos droits et de nos obligations. Nous sommes dégoûtés d’assister sans cesse à un conflit d’intérêts. Nous sommes révoltés de voir que les hommes au pouvoir favorisent leurs intérêts privés. Nous sommes attristés de réaliser que le duel qui s’installe entraîne une paralysie du pouvoir et que l’absence d’une autorité véritable fait naître le désordre, la peur, la panique et le retard dans le travail. Nous ne voulons pas imaginer un avenir ailleurs. Ce pays est le nôtre.
Ce que nous vous demandons, vous qui luttez sans cesse pour le pouvoir sous le signe de la liberté ? Ce que nous vous demandons, vous qui prétendez sauver la patrie pour justifier vos actes impardonnables ?
Nous vous demandons du silence. Nous ne voulons rien d’autre que la sécurité et la tranquillité qui nous manquent depuis quelque temps. Nos besoins sont modestes. Nos demandes sont légitimes. Nos revendications sont minimes. Nous voulons que vous nous accordiez la possibilité de mener une vie normale, nous réclamons le droit d’étudier et de travailler sans interruption imposée, nous exigeons que nos libertés soient protégées. Nous nous dirigeons vers vous qui êtes au pouvoir pour que vous exécutiez vos obligations les plus élémentaires, à savoir maintenir l’ordre et la cohésion sociale.
Nos avenirs sont incertains. Nos projets restent flous. Nous ne pouvons avoir la prétention de programmer à l’avance les années qui suivent. Nos vies sont en suspens.
Nous avons, nous les jeunes, appris des péripéties constantes. Nous ne pouvons désormais suivre un parti quelconque ou un Homme qui prétend une énième fois travailler pour le bien de tous. Nous avons perdu confiance en vous. Nous voulons simplement une société instruite et cultivée à l’image de celle que nous construisons spontanément et naturellement dans nos écoles et nos universités. Nous voulons un environnement sain et une ambiance épanouissante qui ferait sortir de chacun de nous ce qu’il a de mieux à offrir à ce pays. Nous avons le potentiel et la volonté de réussir pour faire resplendir l’image de notre pays.
Mais nous restons impuissants et vulnérables face à des fous au pouvoir qui perdent la raison et le contrôle. Nous sommes quelques fois entraînés dans des courants de masse qui banalisent nos pensées et abolissent nos qualités. Nous sommes malheureusement quelques fois contaminés.
Je connais bien mes amis. Je connais bien les membres de cette petite société que nous formons. Je sais de quoi elle est capable. Je sais qui nous sommes, nous les jeunes d’aujourd’hui. Nous sommes ce que vous ne serez jamais. N’essayez pas de nous entraîner. Nous sommes désormais très bien informés. Nous formons, dans nos différences et nos divergences culturelles, religieuses, politiques, le meilleur exemple de la liberté.
Nous existons. Et nous exigeons aujourd’hui la reconnaissance de notre existence et le respect de celle-ci. Nous exigeons le droit à la vie.

Publie dans L'Orient le 25 decembre 2006

jeudi, novembre 30, 2006

Je n'aime pas l'hiver

Ci-dessous l'extrait d'un dialogue disproportionne.

- J’ai toujours cru pouvoir maîtriser mes relations. Au début de chaque histoire, j’éprouvais un réel plaisir et une sorte de satisfaction personnelle en essayant de deviner son déroulement ou du moins sa durée de survie. Cette prétention à pouvoir prédire à l’avance les sentiments futurs ainsi que leur développement constitue en quelque sorte ma protection. Je croyais ne pouvoir être déçue ou blessée si je savais préalablement le moment approximatif de la fin d’une aventure, comme si la simple connaissance constituait une véritable force. Je croyais que le fait de la délimiter dans le temps me mettrait en position de contrôle. Une histoire folle et immorale serait tout à coup contrôlable et réfléchie si limitée par une date certaine. Je décidai donc de m’offrir le luxe d’une aventure ‘dangereuse’ qui le serait moins si sa fin serait la conséquence normale de la fin de l’été. Comme si toute décision raisonnable pourrait convaincre un cœur tetu et rebelle qui s’accommode… de plus en plus. La condition s’est réalisée. A savoir, la fin de l’été. Et notre histoire qui se voulait si faussement réelle, réalisable et éternelle disparut avec le temps aussi agréable que superficiel de l’été. L’hiver est venu. Je me suis sentie perdue, seule, nostalgique… Je voulais ma vie aussi remplie que possible pour combler un vide qui ne cessait de se creuser. Enchaînant aventure sur aventure et histoire sur histoire pour tenter inlassablement de me retrouver je ne faisais que me perdre davantage. M’empêchant toute tentative de te revoir et toute pensée de trop, refoulant idées, rêves et souvenirs de toi, je ne savais quoi penser et surtout si j’étais la seule à le faire. Je croyais que le temps ferait, comme d’habitude, l’affaire. Et il la fit. Le temps ne faisait qu’affirmer sentiments et envies avec l’aide d’une imagination qui me proposait ironiquement des suites surprenantes et qui m'exposait des projections provocatrices de ce que nous aurions pu, peut-être, vivre. Mais l’hiver est là. On est toujours là aussi. Chacun de son coté, puisque la condition s’est réalisée. Chacun de son coté, puisque le terme est arrivé. Chacun de son coté, puisque la folie et l’aventure sont tellement inconciliables avec les couleurs sérieuses de l’hiver. Que trouver comme prétexte ? Que dire quand le soleil n’est plus à mon secours, quand il a repris à ma peau ses couleurs d’or et la bonne humeur de ceux qui nous jugent ? Que faire quand le temps ne nous appartient plus désormais ?Enfouis dans des habits trop larges qui cachent les formes et les rondeurs, on vit comme il faut. On vit comme on s’était décidé à le faire. Alors on sourit à la beauté de notre histoire. On sourit à la tristesse de sa fin. On sourit à l’idée de se revoir. On se sourit du sourire coupable d’un enfant malicieux quand on se revoit. On sourit quand on se requitte ne sachant s’il y aurait un prochain rendez-vous. On sourit quand on se dit que la vie est nulle quand on n’est pas ensemble. Mais on s’éloigne quand même. Toi dans ton monde. Moi dans le notre. Parfois on s’appelle. Souvent, on se retient. Je t’écris des choses que j’efface aussitôt. Je me trouve trop romantique et je me voudrais forte et insouciante. Car je l’étais. Avant toi. Et il faut que je me protège. Et puis…l’hiver est là. Mais tu sais, je n’aime pas l’hiver.

- Moi non plus.

lundi, novembre 27, 2006

Te revoir

Te revoir. Eviter ton regard. Regretter les mois passés. Te détester. Presque. Prétendre ne t’avoir pas vu. Etre ensuite obligée de te saluer. Sourire de façon artificielle. Prendre un air surpris. Dire que tu me manques presque naturellement. Le regretter aussitôt. Te toucher. Demander de tes nouvelles. Faire mine de ne rien savoir. Dévoiler un secret. Dire un mensonge. Redouter que tu t’en ailles. Supporter que tu le fasses. Te regarder partir. Encore une fois. Respirer. Te suivre une seconde. M’arrêter. Eviter d’être ridicule. Retenir mes larmes. Les laisser couler. Me détester. Penser à tes défauts. Mais aussi à tes qualités. Me souvenir. Partir de mon coté. Entendre ta voix qui me rappelle. Continuer le chemin. Ne pas me retourner. Une façon de gagner. Marcher seule. Te perdre. Encore une fois. Penser à toi. Et à tous les autres. Douter de mes sentiments. Douter de la faculté de ressentir. Sourire à la pensée d’être immunisé… de la vie. Etre sûre de changer, un jour, d’avis.

samedi, novembre 25, 2006

Une fille dans la ville

Une fille dans la ville… Je suis tombée sur ce livre par hasard comme je tombe sur la plupart des bouquins que je lis. Il a suffi d’un regard trop bref pour que je sache qu’il a été écrit pour moi. Je l’achète, je le cache au fond de mon sac comme un de ces objets interdits et je le ramène chez moi. Je caresse d’abord du bout des doigts la couverture glissante. Je sens ensuite l’odeur de ses pages. Et je commence enfin la lecture.
Plus je lis, et plus je me rends compte combien ce livre parle d’elle. Oui, je sais, je ne fais que parler d’elle. Je ne fais que raconter ses histoires, ses aventures et ses exploits. Mais sachez que si je parle d’elle, c’est parce qu’elle ressemble à la majorité des filles aujourd’hui. Et ce livre parle d’elles toutes. Et meme de moi.
Une fille dans la ville… Toutes les filles dans toutes les villes, les filles à Beyrouth (ma ville), à Paris, à Londres, à New York, à Pékin et dans les capitales du monde veulent de plus en plus réussir. Elles veulent réussir leurs vies familiales, sociales, professionnelles. Elles veulent être belles, elles veulent fonder une famille réussie, elles veulent se surpasser, transcender leurs peurs, leurs craintes et les obstacles que jadis leur imposait la société, elles veulent prouver qu’elles sont dignes de confiance et capables de gérer le stress du travail et les ennuis du quotidien.
Elles se perdent dans le bruit des villes, dans des foules toujours pressées, dans des listes de choses à faire, dans des appels incessants… Elles veulent s’approprier la ville, elles veulent s’approprier le pays, elles veulent s’approprier le monde.
Les filles dans les villes ont le courage, la volonté, l’ambition, la détermination et surtout la certitude de réussir.
On parle de filles dans les villes… Je vois les villes dans ces filles. Je vois des lumières dans leurs yeux, des projets dans leurs regards, de l’indépendance dans leurs démarches, de l’assurance dans leurs sourires. Je ne vois pas pour longtemps. Les filles des villes ne font que courir. Mais il ne faut surtout pas qu’elles oublient de vivre.
Des filles des villes, j’en connais de plus en plus. Quand j’y pense vraiment, je réalise que je ne connais que des filles de la ville… Je les admire, je les aime, je les imite. J’ai peur pour elles. J’écris pour leur dire de continuer. J’écris pour leur dire que je les soutiens. J’écris pour leur dire qu’elles font bien (voire mieux) les choses. J’écris pour leur dire que le monde leur appartient. Mais j’écris surtout pour leur rappeler que le bonheur se trouve quelquefois dans des choses très simples. Dans votre course infinie, cherchez la tendresse, le rire, l’amitié, le repos, l’amour. Ces choses-là sont essentielles. On les retrouve partout… même dans vos villes.

Texte dédié une fois de plus à elle. De peur qu’elle ne soit trop occupée pour etre heureuse. Parce que je veux qu'elle le soit… Texte dedie a elles toutes en definitive...

mercredi, novembre 22, 2006

Nos yeux avaient mieux a dire

Une rumeur est une chose racontée à propos de quelqu’un, une histoire qui se répand et se propage en s’intensifiant par un effet « boule de neige ». Elle est normalement négative car les gens trouvent un curieux plaisir à dire du mal d’autrui. Vous entendrez souvent dire « X divorce » et rarement « X se marie » alors qu’il est fort probable qu’il n’est ni question de mariage, ni de divorce et qu’X a juste eu un petit malentendu sans importance avec son mari.
La rumeur a donc pour origine une parole infondée qui se consolide par répétition. A force d’être répétée et transmise, elle acquiert la force de vérité générale. Elle est absorbée par les esprits naïfs, exagérée par les esprits bavards et seulement rejetée par les plus avisés qui soumettent sa crédibilité à une preuve.
Ainsi présentée, la rumeur parait nuisible. Cependant, elle vise souvent les personnes qui intéressent, qui sont le centre d’attention, qui réussissent. Car nul ne jugerait utile de nuire par des paroles menteuses à un anonyme.
La rumeur peut donc être vue d’un angle différent : si l’on parle de toi, c’est que tu es important. D’ailleurs « bad publicity is publicity ». La rumeur est donc la preuve du succès. Elle naît de la volonté de nuire. Mais elle produit l’effet radicalement opposé : elle attire.
On t’avait raconté toutes sortes de sottises à mon sujet. On t’avait raconté ces histoires qui m’amusent. Tu n’as pas voulu les croire. Tu m’as avoué plus tard avoir tout compris au moment où nos yeux se sont croisés. Il a suffi d’un regard. Ce regard fut suivi par un sourire par lequel on s’est tout raconté. Leurs paroles ont tout à coup paru fragiles et pathétiques. Car nos yeux avaient mieux à dire.

samedi, novembre 18, 2006

L’indécis


Nous sommes souvent confrontés à une impossibilité de fait, celle de ne pouvoir saisir, des mains, du cœur et des pensées, la chose désirée. Par chose j’englobe les objets et les personnes. Cette impossibilité rend triste. Cette impossibilité rend fou. La « chose » objet du désir ne peut être enfermée. Elle ne peut être saisie pour des raisons diverses : elle glisse de nos mains, elle est immatérielle comme l’air, elle est hors portée.
Le cas ci-dessus suppose la connaissance du désir. Mais il y a pire encore : la non connaissance du désir. Il n’y a pas plus malheureux que celui qui ne sait pas ce qu’il veut. Ses goûts et ses penchants changent toutes les secondes. Il hésite, il ne sait pas ce qui lui plait vraiment, il doute de ses sentiments, il se demande s’il aime, s’il n’aime pas, s’il veut, s’il ne veut pas, s’il devrait ou s’il ne devrait pas… Le problème de l’indécis est celui de ne pouvoir déterminer avec exactitude la nature de son problème. Il traîne alors, un pas vers l’avant, deux vers l’arrière, il est là mais pas exactement là, il pense à quelqu’un d’autre, à un endroit différent, à un pays lointain, au jour qui suit… Mais il aurait été aussi perdu là-bas. Il a toujours le sentiment d’être en train de rater un évènement extraordinaire qui se déroule toujours « ailleurs ». Dans un ailleurs qu’il n’a pas encore localiser mais qu’il juge localisable.
L’homme indécis gaspille par son indécision sa vie. Il perd les heures et les minutes en pensant au temps passé et à celui qui va suivre. Le présent lui échappe et son avenir n’est jamais planifié. A force de tendre vers une chose nouvelle, future, éventuelle ou imaginaire, il n’existe jamais entièrement.
La vie ne lui offre jamais assez. Il demande plus. Il demande moins. Il demande différent. Alors il cherche. Il se montre indifférent face à l’accessible. Intéressé face à l’inaccessible. Pour lui plaire, il faut le fuir. Pour lui déplaire, il faut le suivre. Ses relations sont toujours déséquilibrées puisqu’elles sont l’application de l'un des deux modèles suivants : « je l’aime, elle ne m’aime pas », « elle m’aime, je ne l’aime pas ».
Evitez l’indécis. Il reviendra quand vous éprouverez de l’indifférence à son égard. Mais le délai se sera déjà écoulé. Il ne sera plus hésitant désormais. Mais il baignera dans ses remords et regrets.
Ne soyons pas indécis. Soyons plutôt fidèles à nos humeurs et envies. Poursuivons nos goûts et nos rêves. Considérons toute hésitation comme une réponse négative et optons pour les projets catégoriquement positifs.
Tu étais indécis. Tu es aujourd’hui catégorique. Mais il se trouve que je le suis aussi.

jeudi, novembre 16, 2006

Les derives de l'experience

Une personne qualifiée possède, dit-on, assez de connaissances, du talent et de l’expérience. La connaissance est une chose acquise à travers les livres et les études. Le talent est inné ; il existe toujours mais à nous de l’identifier, le maintenir et l’épanouir. L’expérience, quant à elle, est une notion floue difficile à cerner. Quand sa définition se dessine, ses bienfaits restent contestables.L’expérience, pour certains, est connaissance. Elle serait issue d’une pratique réitérée retenue par la mémoire. Un individu expérimenté sait certes beaucoup mieux manier les situations auxquelles il est exposé dans son travail quotidien qu’un débutant qui ne connaît que la théorie et qui a du mal à la confronter à une réalité bien plus complexe que les lois et modèles abstraits que proposent les livres. L’expérience procure le sentiment de déjà-vu qui rend son titulaire plus à l’aise et plus apte à régler des problèmes divers d’une société compliquée par l’imagination des Hommes. Enfin, l’expérience départage les personnes puisque la vie est par excellence la meilleure des écoles. Les moins jeunes sauraient donc plus et leur savoir serait un cadeau des jours et des années.

Faire l’éloge de l’expérience, quoi de plus classique. Mais n’oublions surtout pas ses conséquences négatives : Elle banalise les situations les plus exceptionnelles. Normalise ce qui devrait pas nature choquer ou révolter. Pousse à la nonchalance quand on devrait prendre maintes précautions. L’individu expérimenté est immunisé de la vie et de ses surprises. Rien ne l’impressionne, rien ne l’émerveille, rien ne le fait sourire. Il ressemble à un spectateur passif qui croit connaître à l’avance le déroulement de l’histoire. Il refuse tout apprentissage car il croit –à tort- assez savoir. L’individu expérimenté souffre d’ennui car ses yeux se sont habitués à un décor qu’ils jugent inchangé. Ses yeux ne remarquent pas que tout est en perpétuel changement, que le monde ne cesse d’évoluer, que le rythme du changement est bien plus rapide que celui de sa faculté d’adaptation.

Un homme expérimenté s’est habitué à la beauté des femmes. Il ne sait plus apprécier un sourire timide, un ‘je t’aime’ hâtif, une main fragile. Il a lui-même trop utilisé les mots d’amour qu’il en a perdu le sens avec l’habitude. Il est tombé dans le piège de sa propre expérience, louable en apparence mais tellement hypocrite. Il parle de ses aventures, de son passé, d’une femme qu’il a un jour aimé, de ses premières amours, des pays qu’il a visités, de ses années d’université… Il semble avoir eu une vie auparavant, une vie remplie, chargée, mouvementée. Plus rien ne l’intéresse. La vie ressemble à un jeu dont il a le total contrôle désormais. Il a perdu le goût de l’aventure, de la découverte, du nouveau. Il ne peut plus offrir sa première fois. Il croit avoir tout essayé.

Mais peut-on réellement atteindre le stade d’une expérience optimale ? Existe-il vraiment un moment où l’on peut affirmer tout savoir ou savoir assez ? Ne faut-il pas toujours aborder la vie d’un œil nouveau ? Se réveiller tous les matins avec la certitude que la journée qui s’annonce a un secret à livrer, est la garantie du bonheur. Car on ne sait jamais assez et l’expérience est une des choses les plus floues car il est impossible de la mesurer ni de déterminer avec exactitude ce qu’elle nous a procuré.

Pour garder l’envie de vivre, il faut garder une âme d’enfant. Il faut se comporter en amnésique qui réapprend tous les jours la vie et les gens. Il faut faire en sorte d’être encore ébahi devant tout beau paysage, toute belle musique, tout beau spectacle. Pour profiter de la vie, il faut la vivre comme un débutant qui découvre sans cesse ses splendeurs. Il faut la vivre comme un enfant qui la dévore des yeux, de la bouche, des mains. Au lieu de prétendre l’avoir apprivoisée, laissons-la nous apprivoiser. Ne parlons pas de notre passé. Ne le fétichisons pas. Il risque de gâcher un avenir bien plus riche. En étant bien attentifs, nous pouvons trouver tous les jours et à chaque coin de rue une chose nouvelle susceptible de constituer « notre première fois ».

Publie dans L'Orient Le Jour le vendredi 5 janvier 2007.

mercredi, novembre 15, 2006

Je veux que tu restes


Au fur et à mesure que l’on grandit, on se retrouve un jour ou l’autre un peu seul. Les personnes qui constituaient notre bande d’amis fidèles se dispersent à la recherche de leurs intérêts respectifs. Certains se perdent sur la route, d’autres choisissent un chemin très différent du notre et d’autres encore, tout en ayant choisi le même parcours et la même destination, optent pour une façon très personnelle de vivre le voyage, une façon très peu compatible avec notre conception des choses et de la vie. Alors qu’on décide à un moment donné de se poser un instant pour respirer et faire le point sur sa vie, on réalise que les promesses d’amitié éternelle faites un jour de soleil sur une plage d’été ne furent jamais tenues. On réalise que notre premier amour s’est évaporé avec le temps et que les souvenirs se sont eux-mêmes perdus dans le passé. On se demande ce qui reste d’hier et on craint d’oublier demain le présent fragile du temps et de la mémoire. Le sentiment qui nous hante est lui-même incertain. Il balance entre un regret et une indifférence, préfère tantôt le regret qui constitue un sentiment véritable dur soit-il et tantôt l’indifférence qui est la pire des souffrances. On se demande où sont partis nos amis, s’il y avait un moyen de les retenir, s’il faut assumer la vie ou au contraire lui en vouloir, si l’on était plus heureux avant, si l’on peut être aussi solitaire aujourd’hui….
On grandit. Et ainsi s’en vont nos amis. Ils s’en vont sans préavis, doucement, progressivement. Ils s’en vont certainement. Il est impossible de désigner exactement la date de leur départ car celui-ci fut le fruit d’un long processus : la transition de la vie simple à la vie d’adulte. Nos amis s’en vont et seuls restent quelques personnes qui ont compris qu’il était possible de vivre de façon très indépendante tout en gardant un lien avec les gens qu’on aime. Seuls restent ceux qui ont appris avec le temps qu’il est nécessaire et même vital de garder dans un présent agité une petite place au passé. Les gens passent dans nos vies. D’autres y entrent, marchent un moment à nos cotés puis ressortent aussi. Nous sommes tous très seuls en définitive. Nous somme tous seuls même si l’on parait quelquefois très entourés. La solitude est une condition humaine incontournable. Ce n’est pas une déception ; rien qu’une constatation. Les gens passent… Mais toi, je veux que tu restes.

samedi, novembre 11, 2006

Pour l’amour fou d’une orchidée


Il suffit de faire un petit sondage et de demander à quelques personnes quelle est leur fleur préférée pour remarquer que celle qui reçoit l’unanimité est l’orchidée. L’orchidée, fleur rare, avare et chère est aimée par la majorité des personnes. Même ceux qui prétendent rester insensibles aux fleurs, à leurs couleurs et à leurs senteurs avouent être attirés par sa beauté. Les orchidées rencontrent un grand succès en ce moment au point de parler d’une fleur « à la mode ».

Pour faire plaisir à sa copine, un garçon décide de lui offrir des fleurs. Il trouve les marguerites trop simples, trop jaunes, trop banales. Il trouve les roses classiques. Il a peur de se tromper. Le choix reflète le caractère pense-t-il. Il opte pour des orchidées.
Une fille maniérée prétend aimer les fleurs et ââââdorer les orchidées.
Une mère a reçu une plante d’orchidées pour son anniversaire. Ses enfants ont pensé que ça lui ferait plaisir. Elle ne sait pas s’en occuper. Elle a peur d’y verser trop d’eau ou de la priver de soleil. Elle déplace la plante avec le déplacement de l’astre. Mais la plante meurt quelques jours après, malgré les efforts remarquables des mains douces de la femme et tout l’amour qu’elle avait l’intention d’offrir à ce cadeau précieux.

Pourquoi toutes ces personnes aiment-elles les orchidées ? Pourquoi aimer une plante snobe à l’entretien quasi-impossible ? Pourquoi préférer une plante tropicale quand on a des plantes locales tout aussi belles ?
Aime-t-on l’orchidée parce qu’il est impossible de la préserver ? L’aime-t-on parce qu’elle menace à chaque instant de s’en aller ? L’aime-t-on parce qu’elle offre assez de fleurs pour séduire mais jamais assez pour satisfaire nos yeux avides de beauté ? Aime-t-on l’orchidée parce qu’elle nous demande des efforts d’entretien constants ? L’aime-t-on pour sa culture exigeante qui nécessite diverses conditions réunies et un soin digne d’un professionnel ? Pourquoi n’aime-t-on pas les marguerites qui sont, elles, généreuses, souriantes, fraîches et faciles à cultiver ?
Et si les gens ressemblaient aux fleurs ? Faut-il sans cesse faire preuve de snobisme, d’exigence, de prétention pour être aimé ? La simplicité, la fraîcheur et la beauté paysanne ne sont-elles pas assez ? Existe-t-il des personnes marguerite-orchidée belles de l’extérieur tout en étant généreuses et naturelles ?
S’il est nécessaire d’être orchidée pour se plaire mutuellement, alors adoptons ce caractère difficile qui fatigue autant qu’il attire et exigeons des autres ce qu’une orchidée digne de son nom aurait exigé : de l’attention. Toujours de l’attention. Mais est-ce réellement un amour réciproque qui lie l’orchidée à son propriétaire ? N’est-ce pas plutôt une relation déséquilibrée que régit un ensemble de lois dictées unilatéralement par une fleur vaniteuse ? Faut-il s’attendre à une application de ces normes injustes au nom de la beauté ?

Si les orchidées sont aimées, c’est qu’elles savent manier leur charme et apprivoiser tout regard indiscret. Les orchidées ont conscience de l’impact qu’elle produisent et en font un usage constant et abusif. Il faut donc se méfier de l’amour cher des orchidées. Parce qu’en décidant de les aimer, nous décidons de supporter les conséquences d’un engagement qui ne sera jamais tenu. Toutefois, un tel amour, croyez-moi, mérite toutes les souffrances du monde.

Publie dans L'orient Le Jour le mercredi 15 octobre.

jeudi, novembre 09, 2006

Le carrefour de nos vies



On se demande souvent pourquoi telle chose est arrivée tel jour, trop tôt, trop tard ou simplement au meilleur moment possible. On remercie souvent le ciel d’être sorti car la soirée s’avère délicieuse. Parfois aussi, on regrette une si mauvaise idée et on se dit qu’on aurait mieux fait de rester au lit… Mais quand on reste chez soi, on ignore ce qu’on aurait perdu ou gagné si l’on avait décidé de sortir. Car nous n’avons pas le pouvoir de prédire à l’avance le bon (ou mauvais) déroulement des choses. Alors on décide de multiplier les sorties pour que se multiplient également les possibilités de rencontres et du même coup les risques d’accident, contrepoids inévitable, prix à payer pour passer du bon temps. L’équilibre est dominant dans la vie. Mais je me demande parfois s’il existe un équilibre véritable puisque si l’on prenait en considération la moitié d’un équilibre, cette moitié serait tellement déséquilibrée !

Le moment est donc le cadre temporel dans lequel s’inscrit un acte, un accident, une rencontre, un regard, une parole, une caresse, une découverte, un élément qui vient changer une vie ou du moins la perturber positivement ou négativement pour une durée déterminée. Un mauvais moment n’a rien de surprenant. Rien de surprenant car normal. Normal car il est bien plus fréquent et usuel de constater une défaillance temporelle. Le bon moment, quand à lui, est exceptionnel. Il arrive si rarement qu’il fait plaisir mais peur à la fois. La seule question qui nous vient à l’esprit est la suivante : Pourquoi maintenant ?

On opte classiquement pour plusieurs mots afin d’expliquer ces choses que l’on ne comprend absolument pas. On opte pour des mots vagues afin de jouer le rôle de ceux qui trouvent une justification à tout énigme quand en réalité, dans notre tête, tout est confusion. On opte pour des mots flous, compliqués, pour normaliser un phénomène qui est par hypothèse anormal et tenter d’établir le calme quand tout est chaos. On opte pour des mots difficiles à définir pour en définir d’autres : le hasard, la providence, la coïncidence, le destin, etc.

Ces mots ne font que satisfaire ce besoin insatiable d’ordre, mais pas le besoin de compréhension. Ils ne font que transférer le problème: on passe à un domaine encore plus complexe. Car ces idées imprécises ne justifient point cette force surnaturelle qui fait que deux individus totalement opposés, qui vivent dans deux mondes si différents, qui décident de sortir à la dernière minute quand plusieurs choses militaient dans le sens inverse, qui ne se connaissent que de vue, qui vont pour la première fois dans un endroit déterminé, se rencontrent au même endroit et au même moment. Pourquoi ? Cette question restera à jamais sans réponse. Il ne reste plus qu’à profiter de ce moment unique sans essayer en vain de tout expliquer. Les plus belles choses sont les plus mystérieuses. Elles transcendent notre aptitude mentale à comprendre, fatiguent notre esprit, représentent un défi alors qu’elles reposent l’âme, font battre le cœur et vagabonder les idées. Je ne veux pas comprendre pourquoi je t’ai vu ce jour-là. Je veux juste te dire que c’était un de ces bons moments qui arrivent quand on s’y attend le moins. Que ce soit le destin, le hasard, la providence ou rien que le fruit de mon imagination… J’en suis ravie. Ce moment représente pour moi le carrefour de nos vies.

mercredi, novembre 08, 2006

A vous les hommes...


J’avoue que nous sommes souvent, nous les femmes, indécises. Nous changeons d’avis, nous changeons d’habits, nous changeons de mecs, nous changeons de coiffure… Et quand nous ne trouvons plus rien à changer, nous sombrons dans la dépression. Mais surtout, nous ne savons pas exactement ce que veulent les hommes. Nous disons souvent, le regard fier, le sourire arrogant, qu’après tout, peu importe ce qu’ils veulent, pensent, aiment… Nous prétendons être libérées de leurs regards, attentes, critiques, compliments… Ce n’est pas tout à fait faux ; mais pas tout à fait vrai non plus. Si vous les hommes, vous nous disiez ce que vous attendez de nous, les choses seraient beaucoup plus simples ; mais beaucoup moins belles et mystérieuses du même coup. Car il n’y aurait plus de jeux, plus de séduction et plus de découvertes.
Je ne vous dirai donc pas, dans le même souci de garder les choses intéressantes entre nous, ce que nous attendons de vous. Mais je vous donnerai quelques secrets qui nous rendraient la vie plus facile.


Comme vous, nous sommes fatiguées quelques fois. Et comme vous nous pouvons avoir les cernes aux yeux, les jambes qui traînent et les paupières lourdes. Nous savons que nous sommes fatiguées puisque nous en connaissons la cause. Nous le dire serait aussi inutile que cruel. Nous le faire remarquer n’est pas une chose gentille à faire. Alors épargnez-nous de vos commentaires ! Dites plutot que nous avons bonne mine. Nous saurons que ce n'est pas vrai. Mais nous apprecierons sans doute la delicatesse de l'intention. Ca nous fera peut-etre rire aussi. Ainsi, vous etes sur de gagner.

Les femmes sont sensibles mais fortes. Elles prétendent avoir vite tourné la page quand un homme les déçoit. Elles font mine d’avoir tout oublié, du premier rendez-vous à la dernière dispute, mais ce comportement est souvent dicté par la raison. Alors n’essayez surtout pas de revenir. Restez l’homme qui les a blessées. Car vous serez rejetés après les avoir fait pleurer. Choisissez le salaud au vulnérable. Choisissez le sans-coeur au pathetique. Car nos vies ne sont pas à votre disposition. C’est quand vous rappelez que nous tournons réellement la page. Et ça nous fait tellement plaisir ! Vous revenez toujours... C'est triste quand on y pense vraiment. C'est vraiment triste que vous ne puissiez apprecier votre chance qu'apres l'avoir perdue.

Les femmes prétendent être dérangées quand on les regarde. Mais elles veulent qu’on les fixe, qu’on regarde leurs cheveux, leurs yeux, leurs mains, leur bouche, leurs jambes, leur démarche. Elles ont besoin d’un regard insistant, intimidant, violent. Car ça reste un regard. Et ça reste incertain. Elles continueront leur chemin, heureuses et confiantes, mais elles ne sauront jamais si l’on les regardait vraiment.… Alors regardez-les. Regardez-les jusqu'a ce qu'elles rougissent. Regardez-les jusqu'a ce qu'elles se sentent obligees de detourner le regard. Regardez-les afin de creer par vos regards reciproques une profonde conversation.

Les femmes n’aiment pas entendre cette phrase que vous utilisez trop, qui a perdu de sa valeur à force d’être répétée : « je vais tout te donner". « Tout » équivaut désormais à rien. Car le contenu de « tout » est incertain et tout ce qui est à déterminer dans le futur est sans valeur immédiate. Car « tout » peut se limiter à une soirée. Car « tout » est un mot tellement subjectif. Car « tout » n’inclut souvent pas les choses essentielles : l’amour, la tendresse, l’attention, le respect, la fidélité, la passion… Nous preferons une enumeration, limitee soit-elle, des choses que vous pouvez offrir. Nous preferons un homme qui avoue ne vouloir qu'un ete au bord de la mer a celui qui balance classiquement cette phrase pathetique et trop utilisee: "je vais tout te donner". Non, nous ne voulons pas "tout". Nous voulons juste assez. Pourvu qu'"assez" soit une chose sincere et realisable. "Tout" est hors portee.

Les femmes n’aiment pas les hommes qui parlent sans cesse de leurs derniers exploits, de leurs looks et de leurs beautés. Les femmes aiment être admirées. Elles aiment qu’on leur dise qu’elles sont belles, douces et attirantes. Elles ont besoin d'etre valorisees. Et elles ne sont pas prêtes à partager ce privilège. Surtout pas avec vous, les hommes.


Vous remarquez donc que, comme vous, nous sommes des créatures complexes. Et que comme vous, nous sommes souvent difficiles et imprévisibles. J’ai essayé de résumer en quelques phrases des principes essentiels et quasi-universels. Mais je ne pourrais pretendre, sans me faire trop d'illusions, leur veracite absolue. Car chaque femme reste différente des autres. Chaque femme garde en elle ses qualités propres, son charme unique, sa beauté intérieure, sa façon de séduire, ses peurs, ses gouts, ses craintes, son passé, ses ambitions, ses rêves et sa façon à elle de vous ensorceler. Chacune a un secret qu’elle ne saurait transmettre. Et il n’y a que deux choses communes à toutes : toutes les femmes sont belles et elles veulent toutes être… aimées.

dimanche, novembre 05, 2006

Celui qui te fait danser...



J’ai toujours été entourée de voyageurs. Le premier des voyageurs que j’ai connus avait fait du voyage son métier. D’autres ne voyageaient que pour la neige ou le soleil, et ceux-ci revenaient toujours, évidemment. Les derniers pensaient trouver « là-bas » de meilleures opportunités. Et ils ne sont toujours pas revenus.
Quand on est entouré de voyageurs, on déteste les adieux. Mais sans adieux, pas de retrouvailles. Et sans retrouvailles, quelle triste existence…
Les voyageurs les plus dangereux sont donc ceux qui ne sont pas satisfaits dans leur pays d’origine. Leurs ambitions rendent leurs proches trop tristes. Mais celles-ci se basent sur des raisons bien réfléchies et – je l’avoue – convaincantes. Les retenir serait trop égoïste. Les laisser partir est bien sûr la solution la plus sage. Car là-bas, ils trouvent toujours leur bonheur. Et il faut toujours privilégier le bonheur de ceux qu’on aime au nôtre.
Elle est partie il y a quelques mois à la recherche de son bonheur. Elle est partie pour l’arrivée. Je pense qu’elle a trouvé son bonheur. Car dans le cas contraire, elle l’aurait créé.
Tu me parles de cet ailleurs que tu aimes si bien. D’un endroit étrange que tu as rendu familier. D’un là-bas qui apprécie mieux tes qualités. Tu te fais de nouveaux amis, tu restes en contact avec une personne ou deux restées dans ton pays. Tu réalises qui sont tes vrais amis. Tu penses à nous. Tu nous appelles. Tu nous rends si heureux, souvent sans le savoir. Tu fais partie de toutes les conversations, tous les sourires et tous les projets. Puis tu me parles d’un beau garçon qui te fait danser. Il parait que vous dansez partout, en boite, dans les rues de Londres et sur le toit d’un ancien immeuble. Il parait que peu importe s’il y a de la musique, s’il fait beau et s’il y a des gens autour. Il parait qu’avec lui, tu danses bien. Tu crois que c’est grâce à lui. Tu n’as toujours pas compris que quiconque, avec toi, saurait danser…

Ce texte est dedie a ma soeur. Je t'aime Carol.

Pourquoi ecrire?


Je me suis souvent précipitée pour rentrer chez moi. J’ai souvent dit, le croyant vraiment, que j’étais trop occupée, que le temps pressait et que je n’avais pas une minute à perdre. Je devais rentrer chez moi tout de suite, sur le champ. Je devais raconter une histoire, un rendez-vous trop nul, une réplique choquante, une voix troublante ou une simple idée qui menaçait de s’envoler. Bien sur, à m’entendre parler, ce « travail » pouvait être remis à plus tard, au lendemain ou même à la semaine d’après. Mais j’éprouvais un besoin inexplicable de traduire mes sentiments en mots et surtout de les partager.
Quand j’y pense aujourd’hui, je me demande pourquoi j’écris et je me demande surtout si je ne serais pas en train de perdre mon temps, ce temps si précieux, alors que j’écris des choses qui me concernent et que je suppose – à tort peut-être- communes à tous.
Et si je n’écrivais que des banalités ? Et si le monde s’en foutait ? Et si je devrais utiliser ces heures que je gaspille devant l’écran à faire du sport, à étudier ou à sortir ? Quel est le critère d’un texte réussi, d’un livre bien écrit ou d’un roman passionnant ?
Je pense à tous ces livres que j’ai cachés dans mes tiroirs, aux plus belles lettres que j’ai un jour reçues, aux paroles de chansons qui m’ont fait rêvée, à un film qui dure 3 heures connu et adoré grâce à un dialogue qui ne dure que quelques secondes… J’aime des paroles pour les sentiments qu’elles font naître en moi. J’aime un texte parce que je comprends exactement ce que l’auteur a ressenti. J’apprécie un article parce que je peux m’identifier aux idées exposées.
Bien écrire c’est, pour moi, bien s’expliquer. Ecrire ne suppose pas utiliser des phrases compliquées, des mots trop recherchés et un style que personne ne comprend. La simplicité rapproche l’écrivain du lecteur. Ce dernier cherche à trouver dans les histoires qu’il lit un bout de sa vie.
Quand je rentre trop vite, que je laisse tout tomber, que je m’installe confortablement pour relater une déception ou un peu d’espoir, c’est que j’ai envie, par un vocabulaire qui m’est propre, souvent simple et familier, de tout vous raconter.
Je n’utiliserai pas de formules codées. Parce que je n’ai jamais pu comprendre les livres compliqués et les phrases longues qui s’étalent sur trois ou quatre pages. Les plus belles idées sont celles qui sont faciles à transmettre. D’ailleurs, les phrases les plus courtes provoquent souvent le plus d’émotions : « Viens », « Je t’aime », « Ne quitte pas », « Je ne t’ai toujours pas oublié ».

vendredi, novembre 03, 2006

Les contraires, s'attirent-ils?



C’est une vérité générale dit-on, que les contraires s’attirent. Il parait que c’est une règle connue tirée de la chimie, de la logique ou de la simple observation. Elle trouve sa justification dans le fait que l’Homme soit attiré par le nouveau, l’inconnu, l’étrange, le mystère. Il serait en quête de la complémentarité puisque les différences de l’autre ajoutées aux siennes feraient de deux personnes totalement opposées un très beau mélange. Le garçon aime l’automne et l’hiver. La fille, elle, aime le printemps et l’été. Ensemble, ils aiment les quatre saisons. En effet, leurs différences les enrichissent mutuellement.
Les contraires s’attirent, comme si la personnalité de chacun des deux pôles était incomplète et n’atteindrait son apogée que lors de la fusion. Car si « les contraires s’attirent, les extrêmes se couchent ». Ainsi, plus différent est l’autre, et plus intéressante est sa compagnie. Il viendrait apporter de la lumière dans un monde sombre, du bruit dans une vie trop calme, des problèmes quand on mène une existence paisible...
C’est ainsi que le sel et le chlore, radicalement différents, si mélangés, forment le sel, ingrédient essentiel à la vie quotidienne.
Les contraires s’attirent, dit-on… Mais d’autres diraient « les semblables s’assemblent ». Alors à quelle thèse adhérer ? A la seconde bien sur ! A la seconde, puisque toi et moi, on se ressemble tellement. A la seconde, puisque nos point communs interminables nous rapprochent et créent entre nous une harmonie incroyable. A la seconde… puisqu’elle me convient.
Et si la première thèse est vérifiée, si elle est scientifiquement correcte et irréprochable, si elle est pratiquement observable et incontestable, je ferai en sorte de trouver en nous des contraires. J’aimerai le froid puisque tu aimes le chaud. J’aimerai le noir puisque tu préfères le blanc, j’aimerai la neige puisque tu te retrouves près de la mer… Et nous serons tantôt contraires et tantôt identiques, selon la thèse à démontrer. Rien que pour faire durer l’attirance...

jeudi, novembre 02, 2006

"Mais le corps supporte toujours".


Si tu penses que tu ne dors plus assez, que tu as des cernes et que tu as du mal à te réveiller, si tu sens la fatigue t’envahir le corps, le cerveau, les jambes et les idées, si tu penses avoir perdu le souffle, l’énergie et la force de continuer, si tu trouves ta vie trop chargée et que tu se sens trop faible pour avancer, si t’as envie de la voir mais que tu ne trouves pas une seconde pour l’appeler, si tu fais un faux pas alors que t’essayais de danser, si tu te dis qu’il faut que tu te reposes mais que tu ne trouves pas une minute à ta portée, si tu souffres en silence parce que plus personne ne marche à tes cotés, si t’as envie de tout balancer…. Ne t’inquiète pas : « La jeunesse est ainsi, elle établit ses propres limites sans demander si le corps supporte. Mais le corps supporte toujours ». –Coelho.

mardi, octobre 31, 2006

Ce p'tit truc qui est le tien.

Il est très courant, aujourd’hui, de ressembler à tout le monde. En effet, plusieurs institutions militent en faveur de cette transformation fatale. Tout d’abord, notons que les écoles transmettent les mêmes idées et les mêmes positions tranchées qui seront retenues par des élèves aussi attentifs que passifs. Ceux-ci devront avaler de force tout ce qu’on leur raconte sans qu’ils ne puissent y ajouter un apport personnel quelconque. Les « éléments perturbateurs » ayant pu échapper à cette métamorphose la subiront à l’université. Ensuite, le développement continu des mass media qui font véhiculer les mêmes images idéalisées de la mode, de la musique, du succès, etc., fait que l’on s’identifie aux produits offerts – ou plutôt imposés – et qu’on travaille sans cesse une intégration sociale aux conditions strictes et infondées.
Enfin, dans une société où le regard de l’autre est considéré de plus en plus comme étant le reflet de soi, il est devenu rare de rencontrer une personne rebelle qui ose s’affirmer dans ses différences, ses tendances, ses goûts, ses fantaisies et sa conception personnelle de la vie.
Alors nous devenons tous, au fil des jours, progressivement, sûrement, « M. Tout le monde ». Nous devenons cet autre accepté et bien intégré, cet autre qui nous ressemble, qui ressemble aux autres et à tout le monde en définitive, un autre ennuyant, classique, pathétique, peu courageux, presque parfait, bon citoyen.
Nous devenons cet autre, quand il est possible de briller de différence. Nous devenons cet être que nous redoutons en réalité, un être redoutable car vide.

Nous avons tous une qualité caractéristique, un don, un talent, un domaine dans lequel nous pouvons exceller, une envie, un rêve, une ambition, une obsession que l’on repousse quelquefois, un but, une perception propre de la vie et du succès…
Tu as, toi aussi, un truc qui est le tien et qui te rend si différend des autres. Laisse-le grandir. N’aie pas peur de le montrer. Crie-le. Développe-le. Chante si tu sais chanter puisque ça nous donne envie de le faire aussi, même si nous n’avons pas ta voix. Danse si ça fait balancer les hanches du monde. Peins si tu sais peindre la vie. Ecris si tu as quelque chose à dire. Etudie parce que tu sais que tu vas y arriver. Voyage si tu n’es pas content ici. Ne laisse pas tomber cette qualité qui est la tienne même si elle est si différente. Ne la laisse pas tomber, surtout si elle est différente. Ne laisse pas la société faire de toi un individu « comme les autres ». Refuse l’uniformisation imposée. N’accepte pas de t’y conformer. Garde ce truc qui brille en toi. Cette chose qui se dégage de ton sourire et de tes yeux. Cette chose qui nous rend si jaloux quelques fois. Epanouis ce truc qui est le tien. Transmets ton amour de l’excellence. Excelle dans ton domaine au lieu d’être bon en tout. Refuse la mediocrite. Apprends-moi ce que tu sais faire. Même si je n’y arriverai jamais. Car cette chose est la tienne. Cette chose nous fait tous vivre. Nous vivons pour ces p’tits trucs magiques qui sortent d’un décor devenu trop familier pour créer le leur, un décor unique et splendide. Tu peux faire partie d’un monde qui vit en marge d’une société banale, tu peux intégrer un monde créatif et sincère. Il suffit que tu gardes en toi ce p’tit truc qui est le tien.

samedi, octobre 28, 2006

Entre l’amour et l’amitié, une différence de degré.


J’ai toujours cru qu’une différence de nature distinguait l’amour de l’amitié. Tandis que l’amitié se caractérisait par l’honnêteté, la fidélité, le partage, la complicité, les points communs, les confidences, les secrets, les souvenirs etc., l’amour restait flou et indéfinissable. Cette incapacité à le définir, le préciser, l’imaginer, le situer et en définir les contours et les limites entraîne souvent la conclusion erronée de la nature différente de l’amour. Ses effets et conséquences sont eux-mêmes incertains et variables selon les personnes et les relations et ne peuvent donc être comparés à ceux de l’amitié. Supposer que l’amour est inconnu, différent, difficile, voire complexe l’éloignait ainsi de l’amitié qui, elle, est facile à étudier car universelle, et l’on aboutissait ainsi au résultat rapide mais erroné de la distinction tranchée entre ces deux phénomènes.
En réalité, l’amour et l’amitié sont très proches et de divers points communs les rapprochent. Car une relation amoureuse réussie se base sur les principes généraux directeurs de toute relation amicale (fidélité, honnêteté, dialogue, complicité…) avec une différence légère mais fondamentale caractéristique de l’amour : l’attirance physique qui existe entre les amoureux véritables.
Nous aboutissons ainsi à une différence de degré (et non de nature) entre l’amour et l’amitié, l’amour étant l’amitié à laquelle l’on ajoute un petit plus spécifique né du jeu de la séduction : la « chimie ».

Si tu rencontrais le temps...



Si tu rencontrais le temps aujourd’hui, que lui dirais-tu ? Si tu le voyais courir, essayerais-tu de l’arrêter ? Si tu en avais la possibilité, lui cracherais-tu à la figure ? Si tu voulais comprendre, lui demanderais-tu des explications ?
Si tu rencontrais le temps, pourrais-tu lui demander de ma part pourquoi il est toujours pressé ? Pourrais-tu lui dire que j’ai essayé en vain de le retenir ? Pourrais-tu lui faire comprendre que je ne fais plus partie du jeu désormais, qu’il me laisse tranquille car moi, j’ai envie de rester ? Pourrais-tu lui demander pourquoi il fait payer des rides à ceux qui décident de grandir ? Pourrais-tu lui dire que l’équilibre qu’il essaie d’établir entre ceux qui savent trop et ceux qui sont trop beaux en retirant la beauté aux premiers et la sagesse aux seconds est tout à fait ridicule ? Pourrais-tu lui dire que je suis heureuse aujourd’hui et que j’ai décidé une fois pour toute de l’ignorer ? Que je le déteste et qu’il ne me fait plus peur désormais ?

J’ai tant respecté ses règles rigides. Je me suis souvent entendue dire « il est trop tôt pour t’aimer », « il est trop tard, je dois rentrer », « il n’est pas encore temps de nager », « il fait encore un peu froid en mai », « à 18 ans on est trop jeune en réalité »… J’ai essayé de lutter contre lui, tantôt en écrivant et tantôt en prenant des photos. J’ai voulu immortaliser des souvenirs et bien vivre un instant qui me menaçait sans cesse de disparaître. Je me suis pliée aveuglement à des conditions insensées. J’ai parfois même enfermé mes émotions dans des conditions et des délais. J’ai divisé mes relations en étapes temporelles. J’ai passé mon temps à calculer et à mécaniser mes rencontres.

Pourtant, une conversation qui dure le temps d’une soirée peut parfois être bien plus enrichissante qu’une relation de longue durée. A 18 ans on peut être mature quelquefois. Un seul regard est susceptible de transmettre plus d’émotions que suite à l’écoulement des 4 saisons. Et ce soir, j’ai l’impression de bien te connaître. J’ai le sentiment de t’avoir toujours connu. Un sentiment « qui tend vers la certitude » me dirais-tu. Ce soir, je me moque du temps. Ce soir, je ne sais plus exactement ce qu’il veut dire, à quoi il ressemble et s’il existe vraiment. Ce soir… Puisque je te connais.
Si tu rencontrais le temps ? Dis-lui d’aller faire un tour ailleurs et de revenir… Ou pas. Puisque je sais que je ne vais plus grandir. Je le sais. Car tu m’a promis qu’ensemble, on ne peut pas vieillir. Tu m’as fais cette promesse. Une promesse qui défie le temps. Une promesse courageuse et dangereuse. Une promesse qui sera, j’en suis sure, tenue.

Les routes nouvelles.



Je suis toujours partie du principe qu’il faut être soi et se comporter de la même manière avec toutes les personnes que l’on rencontre. S’adapter aux situations diverses et changer légèrement pour mieux plaire à son interlocuteur - en d’autres termes parler de plantes à l’agriculteur, de dents aux dentistes, de livres à l’écrivain - apparaît comme étant une solution bien plus intelligente et évidemment plus efficace puisqu’elle permet de réussir sa vie sociale. Cette faculté propre à certaines personnes de pouvoir participer à n’importe quelle conversation et de trouver des choses à dire même quand le sujet est ennuyant à mort tout en faisant mine d’être sincèrement intéressé est sans doute respectable et je dirais même impressionnante. Mais celle-ci m’a toujours semblé peu naturelle et cousine de l’hypocrisie. De même, empruntant une route nouvelle, l’idée de prendre plus de précautions que d’habitude ne m’a jamais frôlé l’esprit. Adopter un comportement constant quelque soit le chemin à suivre, refuser tout changement quand le monde change et que les gens sont si différents, marcher à la même vitesse quand certaines routes sont dangereuses, c’est être courageux, certes, mais bien trop irréaliste. Car certaines routes sont glissantes, sinueuses, et imprévisibles. Certaines routes ne mènent nulle part en réalité. Et il faut surtout se méfier des routes nouvelles.

lundi, octobre 23, 2006

Mes plus beaux écrits.


Il parait que pour écrire il faut être triste, désespéré ou en colère. Les chansons confirment ce dire, ainsi que les films réussis et les romans les plus populaires. L’écriture requiert donc un état d’esprit spécifique qui est loin d’être heureux. C’est une humeur noire qui est génératrice de tant de merveilles.
Il parait que les plus grands artistes ont eu une vie très difficile. C’est de leurs aventures personnelles qu’ils puisent leur inspiration.
Pour chanter alors, pour danser, créer et notamment écrire, il faut attendre que surgissent une mauvaise aventure, un accident ou encore une déception amoureuse. Car il est évident que les rares créations heureuses transmettent beaucoup moins l’émotion.
N’est-ce pas là une discrimination naturelle qui vient imposer la tristesse à qui veut réussir sa vie d’artiste ? N’est-ce pas du coup éliminer qui se sent heureux, amoureux, tranquille ? N’est-ce pas également transmettre de ce fait des ondes négatives au lieu de propager, par ses paroles et ses écrits, le bonheur ?
Si ce qui précède est vérifié, tout ce que je pourrais dire à son sujet ne serait jamais assez expressif ni assez profond. Si l’on ne ressent vraiment que le malheur de l’autre et que sa joie est difficile à saisir, alors je ne pourrais pas, par mes mots et mes histoires, raconter ses yeux, son regard, ses paroles et sa compagnie. Puisque je suis heureuse et qu’on n’écrit que quand on l’est moins, vous ne saurez rien à propos de lui. Alors j’attendrai la fin – puisqu’il y en a toujours une – pour tout dire. Et pour le moment, notre histoire reste personnelle car trop parfaite. Cette histoire restera secrète car toute tentative de description ne peut être que de qualité moindre et je ne voudrais qu'elle le soit. Je dirais juste que c’est lui qui dictera désormais, indirectement et sans pour autant faire partie de l’histoire racontée, mes plus beaux écrits.

Concurrence de compétences.

Pour survivre aujourd’hui ainsi que pour réussir sa vie professionnelle et sociale, il faut détenir -au moins- un diplôme. Le cursus universitaire apparaît de plus en plus comme étant le prolongement normal des études scolaires. Le niveau d’études requis ne cesse de s’accroître qu’il est difficile de se considérer de nos jours « trop instruit ». Que nos études aient été longues et pénibles, non recherches tardives et minutieuse, nos examens fatigants et souvent trop injustes, peu importe. On ne peut plus jamais se considérer trop qualifié ; bien sûr, si l’on veut rester réaliste.
Le monde actuel est lui-même cultivant. L’élargissement des mass media et la mondialisation offrent des possibilités multiples à ceux qui désirent développer leur capital culturel.
Il est donc normal, je dirais même naturel, aujourd’hui, d’être médecin, avocat, architecte, économiste ou écrivain.
S’instruire et se cultiver, pour vivre. S’instruire et se cultiver, pour survivre. S’instruire pour le professionnel. Se cultiver, pour le social. Les deux, puisque tout le monde est aussi très qualifié.
Le diplôme ne sert plus désormais à départager les bons et les mauvais, les forts et les faibles, ceux qui ont réussi leur vie et ceux qui ont, au contraire, échoué, ceux qui réussissent leur carrière et ceux qui traînent, puisque ce n’est qu’un simple papier détenu par tous.
Le petit plus qui fait d’un individu spécial ou simplement différent des autres, dans cette concurrence folle de compétences, est la modestie. Seule la modestie est aujourd’hui un indice qui permet d’identifier l’intelligence. Car elle seule ne s’apprend pas dans les livres. Elle seule n’est pas transmissible. La modestie est la lucidité qui permet de reconnaître la beauté et l’intelligence des autres. La modestie est la clé de la réussite puisqu’elle donne à l’individu la faculté exceptionnelle de pouvoir voir en l’autre les qualités qui lui manqueraient afin de transformer tout contact humain en un partage enrichissant d’idées, d’expériences et de connaissances.
Modeste est l’homme parfait. Modeste est celui qui sait que des autres il peut tant apprendre. Modeste est celui qui comprend que l’intelligence, la beauté, la richesse, la gentillesse, l’honnêteté, …, sont des qualités universelles qui dépassent le cadre de son existence fragile. Modeste était Socrate.

Paru dans L'Orient Le Jour.

J’ai rêvé de toi.


Non, je ne peux pas te raconter mon rêve. Je peux juste te dire que Platon ne l’aurait pas trouvé absurde.

jeudi, octobre 19, 2006

Les journees vides.



Les journées vides sont des amies hypocrites. Elles donnent l’impression d’être serviables et utiles, calmes et tranquilles, longues et disponibles. Elles nous disent de compter sur elles pour rattraper le travail accumulé, de les laisser faire pour être à jour, de profiter d’elles pour effacer les retards pénibles…
Mais les journées vides sont inutiles en réalité. Elles donnent l’impression d’être interminables mais passent trop vite sans qu’on n’ait avancé d’un pas. Elles nous mettent tellement en confiance qu’il est difficile de travailler. Elles nous disent de reporter travail et études puisque leurs heures sont à notre disposition. Alors on fait la grasse matinée, on regarde un peu la télé, on lit le journal ou une histoire d’amour, on prend un bain chaud et interminable, on va boire un café avec une très bonne amie comme si l’on avait tout le temps du monde… et vite la journée est terminée. Elle se termine avant qu’elle n’ait vraiment commencé puisque le programme qu’on s’était posé n’est même pas achevé…. Parfois même pas commencé.
Alors méfiez-vous des journées vides, des dimanches paresseux et des jours de fête. Travaillons plutôt quand on est pressé et mal organisé, quand les secondes courent et les minutes se bousculent. Car ce n’est que la menace de l’écoulement du temps qui nous rend réellement productif. Quand le temps se fait rare, il acquiert toute sa valeur.

mardi, octobre 17, 2006

Une relation a date d'expiration.


Il n’est pas très rare de rencontrer au Liban des jeunes qui voyagent. Je dirais même qu’il est rare de trouver des jeunes qui décident de rester. Les relations sont de ce fait très instables, les cœurs brisés, les chansons tristes et les factures de téléphone… élevées. Certains s’en vont pour les études, d’autres pour du travail, d’autres encore pour suivre ceux partis étudier et enfin ceux qui partent retrouver ceux qui sont partis travailler. Et il y a surtout ceux qui restent…
Le départ de l’autre est toujours dur, parfois même insupportable à gérer. L’autre s’en va tout à coup, du jour au lendemain, sans préavis. La vie devient vide, insignifiante, accrochée au téléphone.
Mais la situation serait différente si l’on savait à l’avance, dès le premier rendez-vous, que cet autre s’en allait et si l’on connaissait la date exacte de son départ. Les sentiments sont ainsi contrôlés dès le début et étalés dans l’intervalle qui sépare la rencontre du départ.
Le jour du voyage arrive. L’autre s’en va. On l’accompagne peut-être à l’aéroport. Ou pas. Les larmes ne coulent souvent pas. Puisque le scénario était connu et retenu à l’avance. On se dit adieu et bonne chance. On se dit que c’était bien. On se dit que c’est dommage mais que c’est la vie après tout. On n’essaie même pas de se retenir. On sait qu’il s’en ira quand même.
Puis l’on rentre calmement chez soi, pour redormir quelques heures. On s’est réveillé tôt pour les adieux. Les gens qu’on aime bien voyagent souvent le matin. Juste avant de rentrer, on se retourne une dernière fois pour s’assurer que l’avion a bien décollé et qu’il n’est pas resté à l’aéroport. Mais ce n’est pas l’histoire d’amour parfaite. C’est juste une histoire comme tant d’autres… une histoire à date d’expiration.

lundi, octobre 16, 2006

Deux filles sur un bar.


Nous avons tous eu (ou presque), un jour, l’obsession du samedi soir. Nous avons tous essayé un lundi matin, en cours, de trouver un plan pour le samedi soir suivant, afin de réussir une soirée attendue toute la semaine. Nous avons tous passé des jours à programmer, prévoir, anticiper quelques heures seulement, des heures-athlètes qui passeront bien plus vite que les heures habituelles de cours ou de travail. Quelques heures qui passent trop vite, le temps de quelques verres… ou plus. Et une fois passées, l’attente du week-end d’après recommence.
Nous avons tous eu, aussi, des amis du soir, ces amis qu’on ne voit jamais le jour. Ce sont des amis rencontrés un peu partout, et avec qui l’on passe les meilleures soirées. Que font-ils le jour ? Où sont-ils quand ils ne sont pas en boite ? Peu importe.
Je me suis débarrassée de mon obsession du samedi soir il y a quelques années. Et depuis, nombreuses ont été les soirées-télé. Depuis, légère est la différence entre le samedi et les autres jours de la semaine.
Samedi soir dernier, il pleuvait. C’était la première pluie de la saison, insolente, sûre d’elle, imposante et cruelle. Une pluie qui vient mettre un terme définitif et irréversible aux trois mois précédents, trois mois qui ont trouvé le moyen d’être parfaits, malgré l’instabilité politique au Liban. Une pluie qui accepte de coexister avec la chaleur, rien que pour ruiner les esprits encore volatiles, reste agréable de l’été. Rien que pour me dire qu’il faut que j’oublie mes aventures pathétiques et que je redevienne sérieuse et réfléchie, une fois pour toute.
Je décide de sortir quand même, et je vais prendre un verre dans un pub sympa avec une amie d’enfance. Nous parlons de musique, du mec d’à coté, du temps salaud, des mois derniers, des projets futurs, de cette fille qui nous a laissées pour aller à Londres, d’amis infidèles, de déceptions amoureuses et de souvenirs bien drôles. Nous parlons de notre enfance et de nos défauts qui n’ont pas changé. Nous parlons de tout, et vite passe la soirée. La soirée passe et dehors il pleut encore. Nous avons grandi vite, dit-elle. J’acquiesce de l’extérieur pour ne pas la contrarier mais je refuse de l’intérieur. Certaines choses ont changé, mais je ne me sens nullement plus grande pour autant. Tout a changé presque. Mais moi, moins je crois. Je me promets de rester comme ce soir, insouciante et heureuse.
Samedi soir. Une soirée passée avec une copine. Une soirée qui ressemble si peu aux soirées d’autrefois. Une soirée improvisée une heure à l’avance et non pas travaillée un lundi matin, au cours de 8h. Une soirée qui a réuni deux vraies amies. Une soirée qui a résumé une vie. La pluie dehors. Le soleil dedans. Les gens qui bougent. Notre indifférence à leur égard. Etre seules par décision, pour mieux apprécier d’être quelques fois, très entourées.

dimanche, octobre 15, 2006

Pour être lu.


Je crois avoir trouvé la clé du succès dans l’écriture. Je crois savoir ce qu’il faut faire, dans un pays comme le notre, pour être considéré comme un écrivain populaire ou un journaliste talentueux. Rien de plus simple pour avoir son article publié dans un des journaux locaux les plus réputés : parler de politique.
C’est ainsi que j’ai pu, moi qui parle le plus souvent d’amour, de soleil, d’amitié et de ces choses considérées banales et superficielles, avoir mon article publié… et lu.
Pour être lu au Liban, il faut soutenir un parti politique ou au contraire le critiquer énergiquement. Etre neutre n’intéresse point.
Pour être lu ici, il faut avoir un avis politique, une appartenance ou une idéologie. Il faut adorer un leader politique ou le haïr. Ne pas le remarquer c’est du coup ne pas se faire remarquer.
Pour être admis en tant que journaliste, soutenu, respecté et lu, il faut oser s’attaquer à un régime préexistant, s’acharner contre un système préétabli, tenter de bouleverser des normes votées en parlement, insulter des hommes au pouvoir et susciter l’approbation de certains et l’indignation d’autres.
Pour être lu, il faut écrire ce que les autres savent déjà, traduire les pensées d’un peuple qui ne s’intéresse qu’à la politique, faire en sorte qu’il s’identifie aux mots utilisés, aux histoires racontées, aux opinions empruntées.
Pour être lu, il faut être hypocrite. Pour être lu par la majorité de la population, il suffit de trouver l’avis prédominant et se l’approprier.
Car pour être lu, il faut être, comme tous les libanais, révolutionnaire. Il faut se joindre à une révolution qui a trop duré. A-t-elle toujours existé ? Une révolution qui s’étale tellement dans la durée, mérite-t-elle toujours son appellation ? Ne devient-elle pas du coup, l’état normal des choses ?

Ne pas avoir un avis politique, ne point avoir d’appartenance, laisser la politique occuper sa place véritable, à savoir au gouvernement, parler des choses sérieuses comme de la vie, de la beauté, de l’humour, de la santé, du désir, de l’envie de vivre, c’est à mon avis, participer a la plus grande des manifestations.
Ne point avoir d’avis c’est en avoir sans le savoir et sans le vouloir. C’est avoir un avis véritable, contrairement à tous ceux qui adoptent aveuglement l’avis de la foule.
La politique intéresse tout le monde, m’a-t-on dit. Mais la politique ne m’intéresse pas, malheureusement. Et je ne saurais en parler. Je n’ai rien à dire et je n’ai pas d’avis à ce sujet. Alors je parlerai de choses simples, même si je ne serai jamais lue. Je parlerai de ces choses qui concernent directement mon existence. Parce que je ne pense pas que la politique soit l’affaire de tous. Et peut-être que c’est à cause de cette décentralisation poussée à l’extrême que la situation politique va si mal ici.
Laissons la politique à ceux qui font d’elle leur métier. Même s’ils sont nuls et incompétents, laissons-les au moins essayer. Peut-être qu’avec un peu plus de silence, ils pourront un jour travailler. Peut-être que la politique ne fait point partie de nos compétences. Certes, ce pays est le notre. Et les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. Mais doivent-ils en faire pour autant un travail permanent et continu ?
Je ne parlerai pas de politique. Je parlerai d’une soirée en boite et d’un très beau passant. Je parlerai d’un fondant au chocolat et d’une trop belle chanson. Je parlerai d’un sourire sincère et d’une très belle promesse.
Mon indifférence, c’est ma façon de voter.


PS: cet article a ete publie dans le journal L'orient le jour.

samedi, octobre 14, 2006

Me revoila.

Me revoilà après plus d’une semaine d’absence. Je n’étais pas partie tout à fait. J’ai fait quelques pas hésitants sur des pages que je n’ai pas su remplir. J’avoue que j’ai essayé. J’ai essayé de raconter ces histoires que je racontais naturellement, spontanément, automatiquement, avant. Mais je n’ai pas su le faire. Ça arrive, dit-on. Ça arrive. Puisque ça m’est arrivé. Ma vie s’est arrêtée, pour quelques jours seulement, sur le site ; ma vraie vie. Mais elle a continué ailleurs. J’écrirai, dans les jours qui suivront, ce qui pourrait vous intéresser. J’écrirai encore ce que nous vivons tous, chacun à sa manière. Alors voilà pour la justification, en réponse à ceux qui voulaient savoir pourquoi je n’écrivais plus.
Un des articles publiés sur ce site, Le peuple ou l’Etat, a été publié dans le journal francophone libanais L’orient le jour le mercredi 11 octobre.
A bientôt.