samedi, juin 24, 2006

En deux mots...

Pourquoi je n'ecris pas?
L'ambiance est plutot tendue en ce moment. Fatigue, ennui et une tonne de feuilles a lire pour lundi. Une mission impossible qui sera achevee a moitie. Meme pas. Peu importe. Ca passera. "Y a des jours comme ca", non? Et jeudi prochain tout ira mieux....
Alors je vous donne rendez-vous dans une semaine pour de vraies vacances. Et de nouvelles histoires a raconter. Contrairement a ce que je pensais, ce n'est pas dans les livres qu'on les puise. Et dehors, toute une vie a ecrire. Dehors, une vraie vie.
Alors j'attends cette date, cette "resurrection", cette "metamorphose" (c bien ca mane non?). Dehors y a vous, et c'est sur vous - comme dirait Anthony- que j'ecrivais (JADIS). Mais j'ecrirai pour vous aussi....
Alors a tres bientot...
Karen.

mardi, juin 20, 2006

Une conversation avec toi.

A G…

C’est fini… Je te l’avais bien dit. On regarde un peu en arrière, pas pour regretter, ni s’arrêter… Juste pour faire le point. On se retourne un moment, pour avoir cette vue d’ensemble qu’on n’a pas pu saisir au moment même. On en reparle, toi et moi, avec cet air nostalgique et philosophique qui nous rend, je crois, très ridicules. On en reparle juste pour pouvoir mieux avancer. On en reparle juste pour le plaisir. Les souvenirs ne sont jamais tristes, même quand la chose vécue n’est pas très gaie.

Alors on se pose un moment, dans cet endroit que tu connais si bien, on se pose au carrefour de nos chemins, du tien et du mien, on se pose fatiguées mais heureuses de pouvoir continuer la route, peut-être à deux, peut-être pas, vers cet ailleurs qui me fait déjà très peur.

C’est fini déjà. Oui, tu peux respirer. C’est fini maintenant. Tu as bien fait, je le sais. On reparle de chaque jour, chaque semaine, chaque mois. On parle des messages anonymes que je recevais sur mon blog, ces messages qui nous amusaient, on reparle d’un prof, d’un élève, des escaliers… On parle de tout, surtout de rien, juste pour parler et pour faire durer la conversation. On reparle des vacances et des examens. Ce fut long, ce fut pénible. Et dire que plongées dedans on ne s’en était même pas rendues compte. Je te reparle de cette année qui s’achève et qui fut peut-être la plus dure mais la plus riche de toutes. Je te reparle de ce que j’ai appris, du droit, de ces nouveaux amis déjà partis et je te parle de l’amour de ma vie…

Ce que j’ai appris ? Sans doute les mêmes choses que toi. Un peu moins quand même. Tu apprends plus et mieux… J’ai du fermer les yeux quelquefois pendant les cours, les ouvrir trop tard ou trop tôt. Et puis on n’apprend que ce qui nous plait. Alors on a retenu sans doute des notions différentes. On se complète. Sauf que toi tu saisis tout…

Ce que j’ai appris ? On apprend autre chose que les études à la fac. On apprend l’amitié, l’amour et la vie.

J’ai surtout beaucoup gagné. Surtout ton amitié.

Oui c’est fini. Ok, dans une semaine, ne me regarde pas comme ça ! Ce ne fut pas si difficile après tout… Pas si dur… Et ceci grâce à toi.

dimanche, juin 18, 2006

Qui a le droit d'etre triste?

La tristesse est un vice, avait dit Flaubert. Et tout le monde, avant et après lui, l’avait remarqué. La tristesse est contagieuse et personne n’aimerait en être atteint.
Mais la tristesse est aussi un droit dont certains usent… et abusent.

Qui a le droit d’être triste ?
Ce garçon qui refuse d’étudier et qui découvre surpris qu’il a échoué ? Cette fille qui pleure parce qu’elle a un kilo de trop ? Cet enfant égoïste qui n’aimerait pas partager son jouet ? Qui a le droit de pleurer ?
Qui a le droit de se plaindre ?
J’ai encore cette image de toi devant l’ascenseur de la fac… Cette image de toi qui pleurait. Je me souviens de toi. De ton petit chagrin. Et des soucis que tu te faisais. Et puis tu m’as dit que tu n’avais pas le droit d’être triste parce que la vie t’avait tant donné. Qu’il ne t’appartenait pas de pleurer parce que ton père avait tant supporté. Je me souviens de ces larmes que tu essayais de retenir, je me souviens de cet effort que tu faisais pour les cacher. Toi tu avais compris, que nous, on n’avait pas le droit de pleurer… Toi, tu sais être reconnaissante et la gratitude est l’une de tes plus belles qualités, une qualité que tu essaies de garder, même quand tu es vraiment fatiguée. On n’a pas le droit d’être triste. Mais peut-être, seulement, de respirer…
Qui a le droit d’être triste ? Cette fille superficielle furieuse de ne pas être sortie un samedi soir ? Le premier de classe jaloux que pour une fois on l’ait devancé ? Une petite fille qui n’a pas eu, comme toujours, par la force, les cris et les griffes, ce qu’elle voulait ?

La tristesse n’appartient pas à tout le monde… La tristesse est un droit qu’il faut respecter. Et beaucoup d’entre nous n’en sont pas titulaires. La tristesse n’appartient pas aux personnes que j’ai citées. La tristesse appartient à ce soldat trop loin de chez lui, à un prof consciencieux et fatigué que personne n’écoute, à un enfant laissé tout seul dans la rue…
La tristesse n’appartient pas à tout le monde. Alors réfléchissons avant d’être triste. Parce que la tristesse, il est vrai, est un vice.
Et souvent, le bonheur passe juste à coté.

mercredi, juin 14, 2006

Supporter la reussite.

J’ai eu l’occasion, dernièrement, d’observer la réussite de plusieurs personnes autour de moi. Celle-ci prenait des formes diverses. Elle se limitait tantôt à une bonne note et pouvait aller jusqu’à une excellente carrière professionnelle qui se dessinait. Définir la réussite n’a pas d’importance. Et ce n’est pas pour cela que j’en parle. Car celle-ci est subjective, elle peut concerner la vie amoureuse d’une personne, sa santé, ses relations sociales ou encore professionnelles. La réussite des autres n’est intéressante qu’au niveau de ses effets, ceux qu’elle produit chez la personne et la manière dont celle-ci affecte sa personnalite.

Pour certains, il n’est jamais question de réussite. Ce sont les éternels insatisfaits. Ceux qui réussiront toujours plus et mieux, parce qu’ils demandent toujours d’avantage. Tout le monde autour remarque leurs exploits. Et ils semblent être les seuls à ne pas s’en rendre compte. On admire leurs ambitions, leur force, leur courage. Mais on se demande parfois s’ils sont heureux.
Il y a ceux qui sont satisfaits. Ils savent évaluer leurs prestations sans se sous estimer ni se vanter. Ils représentent la catégorie intermédiaire. Les personnes « ordinaires » qui constituent la minorité et attirent le moins l’attention. On pourrait croire que tout le monde est ainsi. Mais tout le monde, souvent, n’existe pas.
Le troisième groupe est le plus intéressant. Parce que le plus pathétique. Les personnes qui en font partie croient toujours, de façon choquante et naïve, être les premières à avoir accompli tel ou tel acte. Elles ne savent pas, ou ne veulent pas admettre, qu’avant elles, et bien avant, d’autres personnes ont aussi bien – et même mieux- réussi. Elles ne comprennent pas que réussir de la sorte n’a rien d’exceptionnel et oublient que la vie est une éternelle évolution. Ces personnes-là ne supportent pas la réussite. Celle-ci dépasse leurs aptitudes et leur équilibre interne.
Je parle de cette fille qui croyait avoir impressionné le jury lors d’une interview parce qu’elle se trouvait belle, bien habillée et très cultivée. Elle en parla à tout le monde avant de recevoir les résultats… Cette même fille apprit, une semaine plus tard, qu’elle ne fut pas admise.
Je parle de cette personne trop fière d’avoir eu une bonne note et qui se laisse aller ne ressentant pas le besoin d’étudier pour les autres examens. Cette personne en parle partout, parfois trop fort, alors que tout le monde avait, comme elle, réussi.
Je parle de cet homme politique qui a toujours eu la soif du pouvoir et dont le savoir est très limité, cet homme qui est aujourd’hui bien plus sur de lui, arrogant et mal élevé car bien trop petit dans un très grand poste.

La réussite est une responsabilité. Elle est parfois difficile à supporter. Elle nécessite un minimum de modestie et une intelligence normale qui saurait la transformer en une énergie positive qui lui permettrait de résister aux atteintes diverses.
La réussite accidentelle ou passagère est un test qui a pour but d’évaluer une personne et de savoir si celle-ci mérite – ou supporte – la réussite à long terme.
La réussite appartient à tout le monde et diffère selon les objectifs de chacun.
Mais elle ne peut vivre que quand on est assez grand pour savoir la gérer. Sinon, elle nous gère. Et c’est à ce moment là qu’on échoue. Et cette fois-ci, à très long terme.

La meilleure ennemie de la réussite.

J’ai remarqué que ce sont les choses qu’on craint le plus qu’on réussit le mieux. Et ce sont les choses « d’habitude » qui nous jouent souvent un sale coup. On est habitué, on se sent en sécurité, on n’a pas peur de s’approcher, on a l’impression d’en connaître chaque version, chaque exemple, chaque trait… Mais on ne connaît rien- jamais- assez bien. On ne connaît personne. Et vaut mieux toujours considérer cet autre comme un étranger, tout prévoir, tout prendre en considération afin d’éliminer un risque quelconque de déception.
Ceci s’applique aussi bien sur les choses que sur les personnes. J’ai souvent mieux réussi à l’école les matières que je redoutais, celles que je trouvais difficiles que celles que je croyais simples. Car ces dernières finissaient par me trahir. Elles cachaient derrière un air innocent et naïf des subtilités complexes très bien dissimulees. Elles se moquaient de moi qui croyais bien les connaître.
Pour réussir dans la vie, il faut donc lutter sans cesse, être toujours en état de combattre, prêt à attaquer, à dévorer l’adversaire. Pour réussir, il ne faut jamais se sentir en sécurité. Et ne jamais se sentir trop proche, ou trop confiant.
La réussite aurait-elle pour ennemie l’intimité ?
Et en amour ?

lundi, juin 12, 2006

Parleras-tu de moi?

Tu décides de t’en aller. Tu décides de garder une trace. Une lettre qui expliquera peut-être tes silences, tes yeux tristes et ces secrets que tu gardes pour me protéger.
Tu décides de garder un souvenir de toi qui expliquera sans doute pourquoi tu étais là et pourquoi tu décides enfin de partir. Tu expliqueras les incertitudes de ton enfance, ces chagrins que j’ai su lire alors que tu essayais de les dissimuler, tu expliqueras tes peurs, ton envie d’évasion. Tu expliqueras surtout tes silences.
Tu as décidé de partir. Tu as décidé d’écrire pour qu’ils comprennent. Eux qui t’aiment tant mais qui n’ont jamais remarqué que tu pleurais. Tu leur dévoileras ta vraie personnalité et ce que tu avais dans le cœur pendant de longues années.
Tu leur raconteras tes dernières expériences. Tu leurs parleras peut-être de ce qu’on a vécu ensemble, du jour où l’on s’est rencontré, du zinc, du gallery, du 37… Tu leur parleras peut-être de samedi dernier…
Tu t’en vas. Tu écris. Tu racontes. Tu es enfin inspiré. Tu romps le silence. Tu respires. Tu cries. Tu pleures. Tu vis.

Parleras-tu de moi ?

vendredi, juin 09, 2006

Un musicien.

C’était le jour de mon anniversaire. Et je n’avais pas vraiment envie d’y être. A coté de moi les personnes que j’aime. Et surtout lui...
Je souriais presque malgré moi, pensant à des examens qui s’approchaient de plus en plus, d’un air hautain et vaniteux, tout en me mettant de plus en plus mal à l’aise. Je souriais malgré moi… Je devais être heureuse. Et je décidai de tout oublier le temps d’une soirée. Ils étaient tous là… Tous là pour moi.
Puis surgit de loin une douce mélodie, une chanson venue d’ailleurs, bercer mes peurs et mes soucis. Surgit de loin une voix à la fois douce et profonde, forte et fragile. Une musique surgit. Et ce refrain me fit délicieusement tout oublier.
Un musicien était venu chanter la vie des gens. Il jouait comme on vit. Il rythmait nos pensées, nos regards, nos sourires crispés, nos soupirs et des sentiments qu’on essayait de dissimuler.
Cet homme-là chantait et jouait. Cet homme là, avec des notes, tout dévoilait. Mais personne ne ressentait sa présence, comme si sa musique venait de je ne sais où, comme si c’était la voix naturelle d’une vie sans musique.
Le musicien jouait pour nous. Il nous rendait la vie belle, ne serait-ce que le temps d’une soirée. Mais on ne le regardait pas. On ignorait sa présence. Et on se demandait d’où venait cet air joyeux et vrai.
Un musicien, ce soir-là, nous avait tout donné. Un musicien m’avait donné ce qu’il savait faire le mieux. Sans que je ne puisse lui rendre ce merveilleux cadeau.
Alors je me contentai d’un pauvre regard, sachant avec orgueil que moi seule l’avais remarqué, je me contentai de l’apprécier.
Sa musique ne s’arrêta que très tard dans la nuit. Et il quitta doucement, aussi doucement que quand il est arrivé. Il quitta et la musique s’arrêta. Mais bien sur, personne ne le remarqua.
Sa musique ne s’arrêta que très tard dans la nuit. Mais j’ai parfois cette impression bizarre et incertaine de pouvoir encore l’écouter.
Peut-être qu’avec la musique il m’avait donné… la plus belle version de la vie.

jeudi, juin 08, 2006

C'etait il y a quinze ans.

Ce matin, j’ai eu une conversation avec une personne que l’amour avait abandonnée. Ce matin, j’ai eu une conversation avec quelqu’un qui avait peut-être abandonné l’amour. Et qui disait qu’il avait opté pour l’amitié, sa sœur jumelle. C’est son avis, certes. Mais cette vision des choses ne correspond pas à mes expériences (très limitées).

J’ai toujours dit que l’amour était partout. Je fais partie de ceux qui aiment. Parce que tout le monde aime, tout simplement. Mais c’est de l’amour que l’on éprouve envers sa famille et ses amis que je parle, ce que j’appelle « l’amour simple ». L’amour compliqué qui unit deux personnes et qui résiste au temps et aux difficultés diverses est, par définition, très compliqué. Et je ne saurais, en ces quelques lignes, en parler.

Il y a un moment, un instant, un jour, une nuit où l’on remet en cause sa vie. On se demande ce qu’on a fait jusqu’à ce jour, ce qu’on aurait voulu faire, ce qu’on a eu peur de dire, on repense à des endroits visités, des personnes rencontrées, des amis disparus, on repense à une plage où l’on a passé son enfance, à une cour de récré. Et c’est sur cette dernière image je me suis attardé. Une image de toi. En rose. Une image de nous. On avait cinq ans. C’était il y a quinze ans.

Je n’aime pas ces moments où l’on repense son existence. Trop de choses nous bouleversent. Il faut alors trier, rejeter, accepter, admettre et essayer de ne pas regretter. Certaines stations attirent notre mémoire en particulier. On en refoule d'autres. Le passé est parfois le pire ennemi du présent. Mais ces stations d’hier ont quelque chose en commun. Ces stations d’hier portent toutes le même nom, le tien. J’ai quelquefois oublié que tu as toujours été là. J’ai quelquefois cru à tort grandir et me détacher des liens de la vie. J’ai cru à tort que la force que l’on acquiert à travers les années nous dispensait de l’intensité de l’amitié. J’ai cru à tort, quelques minutes lâches et fragiles face aux années, pouvoir vivre sans toi.

Aujourd’hui est un de ces jours où je repense mon enfance. Et je te vois partout. Tu as traversé avec moi mes quinze dernières années. Tu as supporté mes erreurs, calmé mes peurs et ensemble on a tout partagé. Je me souviens d’un serpent à sept ans, d’une chanson à dix, d’une loi à douze, je me souviens de tes premières amours, de tes anniversaires successifs... Je me souviens de tout. Je me souviens de ta voix qui me rassurait alors que je défilais, incertaine, sur un podium glissant et pathétique. Je me souviens de tes conseils.

C’est vrai qu’on a grandi. C’est vrai qu’aujourd’hui on a beaucoup changé. Et que je n’ai pas vraiment envie de grandir. Mais je réalise combien tu as été là. Je réalise à quel point l’amitié est importante dans la vie d’une personne. Si tout est éphémère, l’amitié, elle, est la plus grande source de stabilité et de bonheur.

Alors on grandit, volontairement pour certains ou comme moi, avec ennui. Tout change. Presque. Parce que certaines choses dans la vie sont, heureusement, inchangeables. Comme toi… Et pour toi j’essayerai de ne plus changer.

lundi, juin 05, 2006

Et si c’était simplement… impossible ?

Il suffit, dit-on, de la bonne recette pour réussir : un peu de volonté, du courage, quelques heures de sommeil en moins, de la force et surtout de la patience. Il suffit de la bonne recette, et tout se passera comme prévu. Pas vraiment comme prévu. Bref, comme souhaité. Comme s’il suffisait d’un bon mélange pour réussir ce qu’on tente d’achever pour la première fois. La chance du débutant ? Tu parles…

Il suffit, dit-on, de patienter quelques quatre semaines pour que la vie recommence. Comme s’il était facile de tout suspendre quand on a tellement de vie dans les veines. Comme s’il était facile de mettre « on hold » notre envie de vivre. De vivre vraiment. « On » ne comprend simplement pas que c’est dur de jouer le rôle de la mort. « On » ne comprend pas que ces quatre semaines font vraiment mal. Et qu’il y a des moments où l’on a besoin d’abandonner.

Il suffit, dit encore « on », de s’organiser. Mais comment organiser la discorde qui est par définition le chaos total. Comment organiser des cours entremêlés que l’on fait mine de comprendre, juste pour être bon joueur ? Et combien de temps dure la comédie ? Et si elle reprenait son sérieux et décidait de reprendre sa forme initiale (l’incompréhension) juste avant le « grand moment », le jour des exams ?

Il suffit, dit-on, de bien vouloir étudier. Il suffit de saisir « la logique des choses » (la logique ?!). Parce qu’il est facile de donner des conseils, mais bien plus dur de refuser le soleil.
Et si c’était simplement… impossible ?

samedi, juin 03, 2006

Que ceux qui aiment la poesie et la musique ecoutent "grand corps malade".

Quand on perd ses valeurs.

Quelles sont vos valeurs ? Chaque personne a ses valeurs. Toute personne a des valeurs. Elles naissent et grandissent avec elle. Elles guident ses actions, stoppent parfois ses mouvements et réactions, empêchent ou poussent à agir, rassemblent et séparent. Les valeurs caractérisent la personne qui les adopte. Elles en font quelqu’un de bien ou d’ordinaire. L’absence de valeurs influence également le caractère. Certains ont pour valeurs l’amitié, la fidélité, l’amour. D’autres n’en ont pas. Ils ne risquent pas d’être déçus. Et je les envie aujourd’hui.

Je ne me souviens pas quand elles sont nées en moi. Le jour de ma naissance ? Juste après ? Bien après ? Quand naissent les valeurs ? Y a-t-il un moment où l’on se dit : « A partir de ce matin je serai généreux, heureux, poli, aimable, serviable et honnête ? » Je me souviens d’avoir décidé il y a quelques années d’être gentille avec tout le monde, même avec ceux que je n’aimais pas. Pour respecter mes « valeurs », je reformule ma phrase : Je me souviens d’avoir décidé il y a quelques années d’être gentille avec tout le monde, y compris ceux dont les intérêts ne rencontrent pas les miens. Je me souviens aussi d’avoir oublié ma nouvelle valeur-résolution aussitôt décidée. On ne décide donc pas ses valeurs.

Les vraies valeurs sont donc attachées et confondues avec la personne. Elles constituent l’être, le forment. Elles SONT la personne. Les valeurs sont celles qui sont tellement naturelles qu’on ne remarque pas leur existence. On croit que c’est la seule façon de vivre, et que tout le monde, comme nous, agit de la sorte. Les valeurs naissent alors au même moment que naît la personnalité de l’individu. Ce même jour où il se socialise, où il choisit, refuse, adopte, rejette, accepte, grandit.

Moi aussi j’ai une personnalité. Moi aussi j’ai des valeurs que j’ai vues grandir en moi. J’ai idéalisé certaines personnes au point de vouloir grandir et leur ressembler. J’ai tellement embelli les choses que tout défaut me perturbe désormais. J’ai pris inconsciemment leurs valeurs. J’ai volé machinalement leurs principes, je les ai appropriés, et j’en ai fait des règles sacrées à respecter. Elles n’étaient pas nécessairement les meilleures qui soient, mais celles qui correspondaient à mon évolution. Et j’ai vraiment cru que c’est ainsi que tout le monde était.

Puis un jour, par hasard, je découvre la disparition de ces qualités qu’elles avaient. Ou que je croyais voir en elles. Je ne sais pas si j’avais tout inventé dès le départ ou si effectivement, leurs valeurs n’existent plus aujourd’hui. Dans les deux cas, que deviennent les miennes ? A quel sort sont-elles vouées si je ne reconnais plus leur source ou si leur raison d’être n’existe plus ? Perd-t-on ses valeurs ?

Que faire quand on n’a plus de valeurs ? Envier ceux qui n’en avaient pas dès l’origine puisqu’ils ne souffrent pas d’un changement quelconque qui puisse les affecter ? Envier ceux dont les valeurs sont immuables et qu’un vent violent ne saurait faire frissonner ? Comment faire pour les rattraper alors qu’elles courent si vite, comment faire pour en adopter d’autres alors même que l’envie d’en avoir nous manque ? Que faire quand on a besoin de vivre désormais sans valeurs ? Je n’oserais dire que, comme eux, j’ai besoin de perdre tout ce qui rend l’homme supérieur, ou du moins, spécial. Je n’oserais dire que comme tous ceux que je connais, j’ai besoin de me « déshumaniser ». En n’osant pas, je l’ai peut-être dit. En n’osant plus, j’ai prouvé qu’elles sont vraiment parties.

Je croyais que l’évolution, à travers l’âge, la connaissance, le savoir, l’expérience et l’échange, faisait naître en l’homme des tendances idéales. Je remarque déçue que plus on grandit, plus on perd l’envie de grandir et cette si belle vision des choses qui nous paraissait si vraie, si douce, si belle mais qui s’avère aujourd’hui si erronée ! Plus on grandit, et plus on n’arrive plus à toucher cette « presque perfection » de la jeunesse. Plus on grandit et plus on remarque que nous les jeunes on sait bien plus, bien mieux, que les « grands ».

Je regrette ces moments où je croyais que les autres savaient plus ou mieux. Je regrette ces moments où je n’ai su profiter de l’amour, la fidélité, l’amitié. Je croyais que les valeurs pouvaient, comme moi, s’épanouir et se transformer en quelque chose de splendide et d’éternel. Je n’ai pas compris que tout était là. Et que plus le temps passe, plus on perd ses valeurs.

Les valeurs n’appartiennent qu’à nous, les jeunes. Alors profitons du peu qui nous reste. J’ai perdu la grande majorité des miennes. Il m’en reste une ou deux. Et je sais qu’elles disparaîtront aussi. J’ai voulu écrire un texte heureux. Mais j’ai perdu cette valeur qui me chuchotait qu’il faut propager le bonheur et oublier le malheur. J’ai voulu écrire un texte vrai. Et je l’ai fait. Les valeurs, elles aussi, sont mortelles. Elles naissent magnifiques et s’éloignent doucement au fur et à mesure que nous découvrons la vie. Elles sont peut-être incompatibles. La vie… Et les valeurs.