mercredi, mai 25, 2011

Faites gaffe

Quand je me donne a toi, tu finis par me faire mal.
Alors je pars.
Et la, je deviens faible et pale.

Parce que sans toi, je manque de vitamines.

Et j'entends dire que j'ai mauvaise mine.

Et quand longtemps privee de ton souffle sur ma peau je te revois a nouveau, je me jette a toi. Mais a peine reapparu, tu t'en vas deja.

Tu me regardes quand tu veux. Mais tu ne te laisses jamais regarder droit dans les yeux.

Parce que tu mens. Tu caches. Tu t'ennuies vite. Tu ne veux pas que je le sache. Mais je sais. Oui, je sais. Si seulement je ne t'aimais ...

Des rumeurs que mardi sera ensoleille. Mais je les ai entendues dans le passe. Je n'y crois pas, je n'y crois guere. Et puis ma peau a garde de chaque mordure une tache brune amere.

Les filles... Faites gaffe au soleil.
Moi, je vais faire pareil.
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Rien

J’aime parler. Ce n’est pas un secret. Pas des gens, mais de pensées, d’impressions, de choses abstraites et d’autres bêtes. Je me suis même souvent trouvée à discuter sans pouvoir m’arrêter avec une description très détaillée de la texture glissante et du gout sucré-amer d’un fruit d’été.

Parfois, c’est trop. Et il faut me le dire. Je m’arrête illico.

Pour une personne qui aime discuter, je n’arrive pas à analyser et à comprendre, dans le but de la surpasser, mon inaptitude à faire la conversation à mes collègues au bureau, à huit heures du matin ou à un étranger.

Et je décidai d’apprendre.

Alors je me fixai comme première étape de mon apprentissage, celle d’écouter ce que font les autres, les professionnels du bavardage. Je crée dans ma tête un bloc note fictif dans lequel je fais la liste des sujets récurrents. Le temps. Les vacances. Le temps. Le weekend. Le temps. Le nouveau projet hit du bureau. Le temps. Le nouveau CEO. Le temps…

Il n’est pas difficile de remarquer que le sourire qui se dessine pour rester tout au long de la conversation est faux. Les émotions font défaut. Et tout le monde le sait. C’est une convention tacite de se sentir obligé.

Alors je décide de laisser tomber. Pour le bavardage inutile, je ne suis pas née. Et quand on me demanda ce qui se passait de nouveau dans ma vie, ce matin, je répondis, sans le moindre sourire, qu’il ne se passait Rien.



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vendredi, mai 20, 2011

Faux mariage

Ce soir, je suis invitée à un mariage. Et rien qu’à y penser, je m’extasie déjà. J’aime les mariages. Les fleurs. Les beaux habits. La musique. Les gâteaux. La competition acharnée pour attraper le bouquet. Le bonheur presque imposé sur les invités. La robe blanche. La dentelle. Le rêve de princesse qu’ils provoquent. L’amour, le vrai. Enfin, c’est ce que j’aime à imaginer… Et surtout les papillons dans mon ventre que je peine à contrôler.

Sauf que le mariage auquel je suis invitée, n’est pas un mariage pour de vrai. C’est plutôt une répétition, une préparation au grand jour, où les invités devront jouer leurs rôles propres et déterminés, lire leurs discours, sourire, boire, danser… Pour enfin, le jour vrai, tout recommencer.

Et l’idée me laisse bouche bée. Parce que si je devais me marier, je le ferais de facon spontanée. J'accepterais qu’on critique le menu. Cela permettrait peut-être à la robe d’échapper. Je permettrais les erreurs. Et les fautes de style. Et l’oncle bavard. Et la chaleur. Et les quelques verres de trop. Et une panne d’ascenseur…

Les mésaventures ont un pouvoir ironique de subsister dans la mémoire et ressurgir du passé. Les accidents anodins et les faux pas forment les fous-rires des déjeuners. Même des années après…

Je n’aimerais pas, ma vie, contrôler. Je n’aimerais pas non plus le conte de fée. Ce qui rend la vie délicieuse, sont les actes manqués… et tout ce qui vient après.

jeudi, mai 19, 2011

Le mec bien

Je le regarde, mi-ennuyée, mi-jalouse. Comment se fait-il qu’un homme soit plus ordonné que moi ? Comment a-t-il appris ? Et d’où vient-il ? Il est beau. Propre. Il sent bon. Un peu trop bon ….

Chez lui, c’est blanc. Tout blanc. Les fleurs datent, au plus, de cette après-midi. Elles sont blanches aussi. Et bien jolies. Le plancher est luisant. De son regard-tonnerre qui fixe mes bottes salies par la pluie, je comprends vite qu’elles doivent rester dehors. Tant pis.

Au menu, des sushis. Et la musique est classique. Il chuchote. Je regarde autour pour vérifier si quelqu’un nous écoute. Mais non… C’est juste sa facon de parler. Ca fait plus poli, il parait.

La table est parfaitement dressée. Et la moquette immaculée. Une bougie brule doucement en arrière plan. Quelques statues ajoutent de la profondeur au silence pesant.

La conversation est formelle. Les mots sont bien choisis. Dans ma tête, je pars. Je rêve du bordel. D’un cri.

Tout ce que je dis le choque. Ma maladresse se marie mal avec l’endroit. Mes commentaires sont tantôt hors sujet, tantôt exagérés. Mon téléphone qui sonne (apparemment) très incrustant. Mes rires bizarres et mon manque de culture indignant.

Chez lui, c’est beau. Il ya ce qu’il faut. Des fleurs, des bougies, des bibelots.

Chez moi, par contre, c’est la vie. Du bruit, des fous rires et un vieux tapis. Dans l’évier, une tasse de café à moitié consommé. Sur le mur, une trace de vin du jour où la bouteille a explosé. Mon lit, toujours défait. Les fleurs, fanées.

Chez moi, on se dispute, on boit, on rit. On salit. On vit.

Chez moi, les objets sont désuets. Et c’est la preuve que j’ai existé. Oui, mon tableau cassé raconte une histoire. Il me parle quand je suis seule le soir. Et me fait sourire des souvenirs qu’il a su tendrement tenir.

Je l’aime bien, le mec bien. Mais je ne le reverrai point. J’aurai trop peur de casser un verre en cristal. Je préfère les fous rires au grand bal.

jeudi, mai 12, 2011

Je crois en Rien

Il y a ceux qui croient. En Dieu, en une vie au-delà, en un renouvellement, en un sens a la vie, a un message.
Il ya d'autres qui ne croient pas. Ou plutôt si. Ils croient. En rien.

Ma mère fait partie des premiers. Et elle a essayé tant bien que mal de nous communiquer sa foi inébranlable. Ses idées incontestables. Et sa croyance en un Dieu suprême, bon, grandiose, véritable.
Mais elle nous a fait non influençable. Et pendant que l'on recherchait par nous-mêmes nos propres vérités, elle priait pour nous tous les dimanches soir, pour que Dieu pardonne nos pêchers.

Mon père, lui, fait partie des seconds. Il ne croit en rien. Mais il croit en l'homme. En ses pouvoirs. En ses capacités. En son devoir. En la société. Il nous recommanda d'êtres honnêtes, fideles, charitables, bons, déterminés. Et je crois que nous l'avons (le plus souvent) été.

Personnellement, je ne suis sure de rien. Croire sans le moindre soupçon ne m'a pas été octroyé. Je questionne la vie. Et ces questions transcendantales qui me dépassent finissent toujours par la même conclusion. Celle de l'impuissance de mon pauvre cerveau de comprendre le fonctionnement du monde, du laid, du beau.

Mais je crois en un sens. Un sens comme direction. Et un sens comme signification. Car il n'est tout simplement pas possible que l'amour, les mères, les mers, le bon, l'amitié, les oiseaux, les couchers du soleil, les fruits, l'amitié soient nés du néant. Et y retournent. Il y a quelque chose. Mais je ne sais pas quoi encore.

Et je pense à ceux qui vénèrent le rien. La logique. La science. Les formules mathématiques. Les calculatrices. L'existence de l'homme ex nihilo. Nada. Nothing. Et ils me rappellent ces autres qui disent fièrement qu'ils ne font confiance a personne. Par peur d'être déçus. Par précaution. Pour éviter les illusions déchues. Et les bleus aux cœurs. Et les trahisons. Et les rancœurs.
Ceux-là, derrière leur bouclier en fleur et leur fausse insensibilité, puisque si inquiets d'être blessés, ne sont-ils pas les plus croyants des croyants?

Personnellement... je préfère payer le prix de mille déceptions. Pour un seul abandon.

samedi, mai 07, 2011

Aimez-vous voyager?

J'aime voyager. Et je n’hésite pas à le faire. Parfois pour de vrai. Et parfois, comme le petit prince je profite pour mon évasion « d’une migration d’oiseaux sauvages ».

Le voyage, depuis ma tendre enfance, je l’ai apprivoisé. Peut-être grâce à – ou à cause de- la relation intime qu’entretient mon père avec les étoiles. Le voyage ne représentait du coup aucun danger. Puisque je savais que mon père pouvait partir en Afrique et revenir quelques jours après.

J’ai du coup perdu le sens des distances. Les pays, je les tutoyais tous. Je pouvais en réciter les capitales. Et je les connaissais déjà de part les trésors que mon père nous ramenaient, et que nous attendions impatiemment à quatre assis sur le sol et que nous accueillions avec des battements de cœur, des soupirs d’exclamations, et des yeux grands et ronds. Le moment de l’ouverture de la valise nous faisait vite oublier la douleur de le voir partir. Et on y trouvait des colliers en perle du Madagascar, des nappes brodées en fil fin du Sri Lanka, du fromage et des livres de la France, du thé de l’Angleterre, des délices de la Turquie et des saucisses d’Allemagne.

Et grâce à (ou à cause de… encore) mon père, j’ai voulu aussi partir. Partout. Découvrir, sentir, voir, toucher, rencontrer, apprendre, partager et revenir… pleine de souvenirs. D’histoires à raconter. Et un peu changée. J’ai eu la chance de pouvoir déjà enfant découvrir beaucoup de pays. Je me souviens d’une ballade sur le dos d’un éléphant, je me souviens de la langue d’une girafe, je me souviens d’une glace géannnnnte à Rome, je me souviens de vitrines en couleur à Milan, je me souviens de beaucoup de parcs d’attraction, je me souviens d’un cerisier, d’une course à vélo, de chevaux… Tu comprends papa que ce n’est pas de ma faute si je suis maintenant avide de changement et un peu… sauvage. Qu’est-ce qui pourrait bien m’effrayer puisque tu as choisi les cieux pour te balader ?

Mais les voyages ne sont pas tout le temps agréables. Parce qu’ils sont parfois gâchés par une allergie au climat exotique, par une soirée un peu trop arrosée qui se termine par un sommeil – comment le dire …. – bouleversé, par un vol à main armée, par une dispute avec notre amoureux/ compagnon de route ou par une pluie inattendue.

Ceci dit… même les plus mauvais voyages font les plus beaux souvenirs. Parce que la soirée arrosée, aujourd’hui, j’en ris. Et croyez-moi, j’en riais pas du tout… alors. La pluie, maintenant, je m’en fiche. Et le vol à main armée ne m’effraie plus. Le souvenir des voyages est toujours agréable. Il est même plus délicieux que le voyage en lui-même. Parce que la mémoire a le pouvoir d’embellir le passé, et de nous faire sourire de tout, même des mauvaises expériences.

Et ceci me fait penser…. Que le voyage est en cela un peu comme l’amour. Non ?

vendredi, mai 06, 2011

Je crois que je l'aime

Il m’est arrivé de la détester. De la détester au point de la refuser. Mais mon refus était voué à l’échec. Parce qu’elle était partout. Et je ne pouvais m’en échapper. Par manque de courage. Par besoin d’appartenance à la société. Par clairvoyance… puisque je savais qu’elle allait toujours gagner. Et qu’il ne servait à rien d’épuiser mes forces dans un combat perdu d’avance. Elle était plus forte que moi.

Il m’arrivait aussi de l’aimer. Même plus. De l’adorer. Parceque je ne ressentais pour elle que des sensations exagérées. Ce qui est typique à toutes les relations passionnées, démesurées, insensées.

Et je lui en voulais. Pour tout. Pour rien. Je lui reprochais de ne pas être à la hauteur de mes expectatives. Que ces dernières soient déraisonnables m’important peu. Je la mettais sur un piédestal. Et tout me décevait.

Je ne la comprenais pas. Elle pouvait me combler d’émoi. Et puis tout effacer par une pluie de larmes qu’elle provoquait et par un plaisir de faire du mal que je lui devinais. Mais elle était belle. Elle pouvait être chaleureuse des fois. Surtout le mois de juin. Et se distingue par un style classique que je lui envie.

Il y eut quelques rumeurs, à plusieurs reprises, qu’elle souffrait de problèmes de santé et qu’elle vivait ses derniers jours. Ces murmures me déchiraient. Même les jours où l’on était pas tout à fait connectée. Mais elle subsistait… Encore. En perpétuel commencement. En éternel renouvellement. Et je me fis à l’idée qu’elle est comme ca, lunatique, exagérée, impulsive, réactive, extrémiste… comme moi. Elle est instable, comédienne, surprenante, ironique, douloureuse parfois, déchirante souvent, mais belle, si belle, pleine de charme, qu’elle soit en fête… ou en larmes.

Oui, je l’aime. Même si je l'ai détestée. Je ne puis que l’aimer. Je lui ai écrit, tant de fois. Je l'ai observée. Je l'ai pensée. Et je l’ai trouvée, le plus souvent, tout simplement délicieuse. Parce qu’elle ne cessera de me surprendre. J’aime la vie. Parce que maintenant je la prends comme elle est. Et à ses humeurs, je me suis habituée. Et puis je sais qu’en fin de journée, elle plonge dans un sommeil qui me ramène la sérénité. Après tout, la vie et moi, maintenant, on s'entend plutot bien.




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mercredi, mai 04, 2011

La jeunesse

La jeunesse est un pouvoir. Parce qu’elle octroie la force, l’ambition, le rêve, le sourire malin, le charme, le corps, la soif de vivre, celle d’apprendre, l’amour encore innocent, la découverte et les matins violents, le beau, le pur, le frais, l’énergie, l’optimisme, la persévérance…
Mais la jeunesse porte aussi en elle sa faiblesse. Parce qu’elle est imprégnée d’arrogance. Parce que l’on est jeune, l’on a tendance à croire que l’on peut changer le monde. Mais on finit souvent, alternativement, par changer d’avis, simplement.
A vingt ans, on se trouve plein de défauts. Le corps est un fardeau. On se sent moche, mince et puis tout à coup trop gros. Les ambitions se bousculent. Le choix des études nous inquiète. Celui de la carrière, ensuite, rend nos nuits autrefois sereines toutes blanches. L’amour est un point d’interrogation. Et nos aventures amoureuses s’achèvent souvent en déceptions.
Le premier baiser s’efface en laissant dans la bouche un gout amer. On laisse passer le temps. Mais petit à petit l’étincelle dans nos yeux encore innocents s’éteint. On grandit. Le corps surtout. La peau aussi. Le cœur, pas toujours. Et tant mieux.
Le mariage flirte avec nos pensées. On tente de l’ignorer. Imbu de modernisme, on prétend souvent, surtout nous les femmes, qu’il ne passe pas en premier. On étudie, on travaille. On respire l’indépendance. On paie le loyer. Mais secrètement, en fin de soirée, on rêve de prince charmant et de bébés.
Le matin dans le métro, on se demande ce qu’on fait. Dans ce pays étranger. Dans cette tour qui n’a rien de glamour. Et pourquoi tous les efforts accumulés nous ont menés si loin de notre moteur premier. Et où la passion noble du départ, en chemin, s’est évaporée.
La jeunesse est ponctuée d’incertitudes. D’incertitudes qui semblent vouloir rester. Et plus on essaie d’apporter des réponses à nos questions souvent transcendantales, plus les questions se multiplient. Certains réfléchissent et se retrouvent malheureux. D’autres noient leurs angoisses dans les soirées avec des copains de passage, dans l’alcool et dans les aventures sans lendemain. D’autres refoulent. A demain.
Moi, je pense. A tout. A rien. Tout le temps. Et je crée tantot une profonde tristesse et tantot un bonheur inexplicable selon l’idée qui me traverse. Aujourd’hui, une pensée a fait que tous mes soucis se sont évaporés. Pour de bon je crois… enfin je ne sais pas.
J’ai réalisé ce qui pourrait être pour d’autres l’évidence même. Mais ce qui ne l’était pas pour moi. J’ai réalisé que la jeunesse passe toujours. Elle n’est qu’une étape précaire qui s’évaporera un peu trop vite. Oui. Elle passe toujours. Et autant en profiter.


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mardi, mai 03, 2011

J'appartiens

Il parait que ceux qui font face au choix de partir ou de rester sont mus par deux besoins différents, souvent complémentaires, parfois opposés, parfois confondus, parfois abstraits, le besoin d’appartenance et le besoin de liberté.
Certains veulent appartenir à leur cité. Ils veulent connaitre ses rues, son boulanger. Ses églises. Ses mosquées. Ses écoles. Ils veulent parler la langue dont ils raffolent. Côtoyer les filles du village. Passer les dimanches en famille. Faire des enfants pour qu’ils grandissent comme eux ont grandi. Dans les bois et la prairie. Mettre l’enfant rebelle chez sa grand-mère. Pour qu’elle le gâte et lui raconte la jeunesse de son père. Retrouver leurs amis d’enfance dans le bar d’habitude. Conduire et haïr l’embouteillage et les bouchons. Regarder le journal de vingt heures. Insulter la politique des dictateurs. Se dire qu’ils quitteront ce maudit pays à jamais. Et remettre le projet… à plus tard. A demain. A jamais.
A leur pays. Ils appartiennent.
D’autres préfèrent le sentiment de liberté. Non. Je corrige. Ils ne le choisissent jamais. Car la liberté n’est pas un choix. La liberté n’est même pas un besoin. Elle est là. Elle existe. On veut la chasser parfois. Mais elle subsiste.
Ceux-ci ne sont pas plus chanceux. Ils naissent avec dans le regard comme un éclair malicieux. Ils prennent des risques. Ils respirent le changement. Ils se lassent vite. Ils rêvent d’océans. Souvent, ils veulent être Chateaubriand. Ou rien. Leurs ambitions les dépassent. Ils se foutent des autres. Ils se moquent des lois. Ils souffrent sans cesse de leur médiocrité. Une médiocrité fausse et exagérée qu’ils s’attribuent de façon erronée parce qu’ils sont juges sévères de leur propre destinée.
Ils courent les bois. Se blessent les doigts. Se font des cicatrices aux genoux. Ont souvent la dent de devant cassée à moitié. Réparée de justesse chez le dentiste du quartier. Ils veulent plus. Mieux. Encore. Plus fort. Plus intense… et s’enivre de l’excès.
J’ai toujours fait partie de ces derniers. J’ai voulu m’évader. D’abord dans mes rêves quand le voyage n’était pas encore une possibilité. Ensuite dans les mots quand j’ai découvert le plaisir de matérialiser par le langage des idées insensées. Puis à travers l’amour, l’amour comme idée. L’amour devait exister. Quitte à le créer.
Je devais être libre. Et le voyage m’a enfin été possible. Je me suis alors perdue dans les rues d’une ville qui ne me connaissait pas. Aux églises fermées au public. Aux enfants sans grand-mères. Aux routes parfaites sans embouteillage. A la langue étrangère. Au journal qui m’indiffère. Aux villages citadins. Au peuple anodin.
Le plaisir fut davantage sublimé par le fait que le voyage ne m’a pas fait pour autant perdre mes autres libertés. Les mots. Les robes. Les rêves. L’amour.
Aujourd’hui dans l’avion entre le Liban qui m’habite et Londres que j'habite, à mi-chemin entre l’éveil et la rêverie, je me demandai soudain, comme une question brutale qui ne m’avait encore jamais effleuré l’esprit, si j’avais vraiment été esclave de mon besoin avide de liberté au prix de l’appartenance.
Je vécus quelques secondes de tourment.
Quelques secondes seulement.
Car je réalisai vite que la liberté, la vraie, n’était pas à une frontière liée. Que ma liberté, à moi, je ne l’avais jamais créée. Elle était là. Née le même jour que moi. Du ventre d’une mère aussi audacieuse que moi. Et qu’elle n’avait pas été accrue dans une rue de l’Ouest de Londres.
Et surtout… surtout… que l’appartenance, elle, persistait toujours… et encore… parce que mon appartenance n’est pas à un pays. Elle n’est pas à mon groupe d’amis. Et mon appartenance, j’ose avouer, n’est même pas à ma famille. Même si je la lui dois.
Mon appartenance est à une chose belle et abstraite que j’emporte partout et qui ne pèse presque pas. Elle est à mes principes. A mes valeurs. A l’amour dans mon cœur. A mes rêves grandissant. A mes déceptions que je porte fière comme un tatouage sur la peau sous des soleils brulants. Mon appartenance est à une idée. Un rêve. Une identité. Que nulle mer ne saurait effacer.