samedi, décembre 22, 2007

A mes deux parisiennes

Juillet. Je pars seule. Je ne sais pas ce qui m’attend. Mon mec part pour Dubaï et moi pour Paris. 7 heures de vol pour partir chez lui. 0 heure car je sais que je ne pourrai pas y aller. 2 heures de décalage horaire. Internet pour nous sauver.
Derrière mon ordi, je fais des recherches qui n’aboutissent pas. A part dans le code civil, je ne sais pas où chercher, comment rédiger des conclusions et si leur méthode est différente de celle que j’ai apprise à la faculté de droit de Beyrouth.
Autour de moi, les visages sont très peu réconfortants. Ils semblent être pourtant confortables en la matière. J’utilise mes lunettes pour faire sérieuse. Je me dis qu’à force de faire semblant, je le deviendrais peut-être pour de vrai.
Un calme absolu. Des papiers qui s’entassent. Des marqueurs qui se vident. Des photocopieuses qui ne prennent aucune minute de repos. Des livres trop utilisés. Et une bibliothèque snobe ordonnée de manière alphabétique, chronologique, bref, trop compliquée.
Je n’ose pas poser des questions. Pas encore. Ils ne savent pas que chez moi, on m’appelle mademoiselle pourquoi. Et je tiens à ne pas le faire savoir. Pas encore. Je me débrouille. Pas vraiment. J’envoie des messages appelant au secours à des amis plus médiocres que moi. Et puis résonne une voix dynamique et heureuse dans le couloir. Une voix qui se marie difficilement avec le sérieux pesant d’un environnement juridique. La voix se rapproche. Elise. Elle s’appelle Elise. Elle m’ouvre son code civil et me demande de lui trouver les articles de loi concernant le bail. Elle ne veut pas donner mauvaise impression la première semaine. Comme moi. Et c’est comme ça que ça a commencé. Je n’ai pas su finir mon travail. Mais le sien m’était familier. Et puis ensemble, on a déjeuné.
L’autre, c’est Alix. Elle a eu une mauvaise première expérience et a quitté le cabinet de son premier stage pour atterrir au même endroit que moi. Elle ne parle pas beaucoup et me dévisage d’un air bizarre. Elle me dit plus tard qu’elle a été fascinée par ce qu’elle a interprété comme un sérieux exagéré avant de comprendre que ce n’était qu’une concentration accrue à des messages que mes amis m’envoyaient. Alix est trop réservée mais il a suffi que l’on discute quelques fois pour que l’on découvre des passions communes pour des choses que j’éviterai de mentionner.
Et mon stage s’est ainsi transformé d’un ennui douloureux à un véritable plaisir. Toutes les trois, sur l’avenue, pour des pauses interminables, des conversations dynamiques, des histoires passionnantes, des confidences, du café, des macarons, des déjeuners libanais… Toutes les trois pour parler de Paris, de Beyrouth, de nos amours, nos familles, nos ambitions faisant taire nos consciences qui nous disaient de rentrer et puis courir affolées de tant de retard.
Toutes les trois, pendant trois mois, le temps d’un été. Toutes les trois pour un apprentissage illégal ou du moins non juridique. Il y a eu les sushis, le libanais de la rue d’à côté, le vin chez Alix jusqu’au matin et le retour chez moi à pieds pour avoir raté le dernier métro, l’escapade du bureau sous la pluie pour une pièce de lingerie et revenir trempées jusqu’aux os mais penser quand même avoir fait une bonne affaire, le shopping rue de Renne et le passage obligatoire par Zara à chaque pause.
Et puis la séparation. Moi pour le Liban. Elles, pour retrouver chacune ses cours respectifs. Décembre. On s’écrit pour se raconter une soirée affreuse, un projet fou, une discussion anodine, un coup de blues, des yeux charmeurs, un sourire ravageur, une mauvaise note, une nuit blanche et pour se donner rendez-vous dans l’abstrait. On essaie de coordonner nos emplois du temps pour qu’elles puissent venir au Liban. C’est difficile avec les cours, les examens et les vacances. Mais ça viendra. On s’écrit pour imaginer notre prochaine rencontre, les cocktails en happy hour sur saint germain, le trio que l’on formait. Je leur parle de Beyrouth. Elles me parlent. Et dans leurs mots, je retrouve Paris…

vendredi, décembre 21, 2007

Pour qui

Je me demande parfois, si on ne s’en fout pas de mes histoires, des mecs qui m’ont laissée, de celui que j’ai retrouvé, de mes voyages, de ma solitude, de mes soirées de fêtes, des matins dégueulasses, des chocolats que je mange en cachette et des journées de jeun pour toujours lui plaire, de mes livres de droit avalés en retard et des cours séchés pour faire la grasse matinée, de ma folle jalousie tard dans la nuit, de ton téléphone que tu éteins comme pour me faire souffrir, de ma revanche encore pire, de tes cris de possessivité, de mon rire nerveux pour me faire pardonner, des mensonges qu’on se dit, des câlins dans la nuit, de ma voiture trop sale que je vais un jour nettoyer, de ma relation à distance qui fait chier, de mon sale caractère qui fait fuir mes proches et de mes appels de regret juste après, des mots que j’adore et des autres que j’écris sans comprendre, des dates importantes et celles que j’essaie d’oublier, de tout ce que je t’ai causé comme torts et surtout de mes remords, d’un corps que j’adore et de tes lèvres que je dévore, de nos projets de gosses, de nos mauvaises pensées, de nos rires d’enfants, de nos jeux de grands, de nos maladresses, de nos soucis, de nos baisers, de nos excuses et surtout des prétextes, des scénarios faits à deux qui se terminent en solo, des nuits sur un paillasson et de toutes ces histoires que tu me racontes…
Je sais pas s’ils en foutent et si je les ennuie, si j’en fait trop et si pour eux c’est de la comédie, si mes histoires sont ridicules, si mes mots sont trop naïfs, si je suis trop jeune pour savoir, trop vieille pour en parler, trop blonde pour savoir expliquer et trop brune pour le mériter, trop amoureuse pour y voir net, trop indépendante pour servir d’exemple, trop rêveuse pour avoir les pieds sur terre et trop poétique pour être crédible…
Je ne sais pas… Je pense, j’écris, je sens, j’écris, je vois, j’écris, je touche, j’écris… Pour qui…

mardi, décembre 18, 2007

Tout est dans le sentiment

Certains principes sont généralement admis. Fixés par je ne sais qui et retenus par nous, aveuglement, spontanément, lâchement, ils constituent notre censure sociale et décident, catégoriquement, ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Comme ça, automatiquement, aux yeux de tous, par ce processus classique voire archaïque, nous devenons tantôt rebelles donc en marge de la société et tantôt conformes, donc acceptés.

Certaines personnes profitent de leurs titres pour agir dans un sens déterminé et échapper à la critique : ce qui est permis au roi ne l’est pas forcément au pauvre citoyen du coin. Pouvoir, argent ou influence sociale permettent de diverger aux normes et ramener le délinquant au statut de bon citoyen. Un homme politique se permet de violer la loi, l’ayant lui-même créée. Un prof se permet d’arriver en retard se prévalant du fait que la ponctualité ne s’applique qu’aux élèves. Une femme casée échappe rarement à la sanction sévère du jugement d’immoralité, affichant la pancarte de non célibataire.

En réalité, agir sans titre nécessite beaucoup plus d’efforts, de la témérité et surtout de l’audace. Car une femme amoureuse qui se permet de se lancer dans une aventure avec l’homme qu’elle aime est bien plus morale que celle qui se cache derrière sa relation pour agir en toute indécence.

Le titre ne justifie pas les moyens. Et la carence du titre n’est pas en soi une cause de jugement. Tout est dans le sentiment.

dimanche, décembre 16, 2007

Se retirer

Certaines personnes présentent la qualité de la sociabilité. Sans faire beaucoup d’efforts ni jouer la comédie, elles arrivent à intégrer n’importe quel milieu, s’y adapter et se faire aimer. Par le pouvoir de leurs mots, la simplicité de leur attitude, leur modestie et l’énergie qu’elles dégagent, on les aime, on a envie de les connaître et de s’en rapprocher. Elles peuvent être très réussies et avantagées par la nature mais elles n’inspirent ni jalousie, ni concurrence car un certain charme nous emporte et les rend sympathiques.

Cette faculté d’être proche des gens, de leur faire preuve d’intérêt et de gentillesse trouve sa source dans la modestie, la confiance en soi et surtout l’intelligence. Parler aux autres c’est à la fois se faire connaître et apprendre. Il suffit de se débarrasser de la peur de l’autre, des ses propres complexes, de la crainte du jugement pour se laisser aller, parler, discuter, s’enrichir, ressentir, refuser, désapprouver mais dans tous les cas, considérer. Car que l’on soit d’accord ou pas, il faut toujours considérer. Pour un jour approuver. Ou au contraire, confirmer son refus.

Pour pouvoir aller vers l’autre, il faut passer outre l’apparence et être en quête d’apprentissage ou tout simplement d’un bon moment, un moment de plaisir, un moment de sincérité, un moment de paroles inutiles, un moment de rire, un moment éphémère. Ou pas. C’est ce que j’essaie de faire. La conversation, les sourires, les mots gentils pour bannir les préjugés et tenter d’échanger. C’est surtout en présence d’amis d’amis que l’on éprouve tantôt l’envie et tantôt le devoir de discuter. Et c’est ce que j’ai fait.

Je ne sais pas si j’ai vraiment essayé. Je me suis répétée qu’ils ont beau m’inspirer ni confiance ni sympathie, que malgré le fait que la fille d’en face et moi n’avons probablement rien en commun et que ses sujets de conversation passent de sale en pire je dois quand même être gentille et polie, que je lui ressemble peut-être et qu’il se peut qu’elle me trouve aussi antipathique, que pour mes amis je devrais être altruiste et me montrer épanouie… ça n’a pas servi. J’ai échoué. Et à part les grimaces et les soupirs d’ennui, rien n’est sorti.

Je croyais avoir ce quelque chose qui me rendait proche des gens. Car j’ai souvent engagé des conversations passionnantes avec des inconnus, j’ai parfois oublié de descendre du bus lors de mon passage à Paris captivée par les histoires d’une parisienne anonyme et je me suis même fait des amies en boîte en trouvant le moyen de parler malgré la musique et les talons qui font souffrir. Je croyais pouvoir m’adapter partout et trouver des trucs à dire avec n’importe qui. Mais ce soir, j’ai vraiment atteint mes limites.

Je repense à ma soirée. Je me demande ce qui n’allait pas. Si c’est à cause de moi, d’une mauvaise humeur passagère ou de mon caractère renfermé que je masque d’ouverture. Je ne sais pas. Oui, j’ai atteint mes propres limites. Comme ça. Je les voulais flexibles, je me reteins le plus longtemps possible. Et puis tout à coup, comme à bout de souffle, je laisse sur la table de la monnaie pour mon café à peine commencé et je me retire. Sur le chemin du retour, je n’ai qu’une pensée : il est parfois dur de s’intégrer mais il est aussi bien plus difficile de savoir s’en aller. Prendre une décision d’incompatibilité absolue et trouver la force de se retirer. Sans réfléchir, ni hésiter, ce soir, je me suis retirée.

vendredi, décembre 14, 2007

Ce Noël à Beyrouth

On est à une semaine de Noël. J’essaie de finir les trucs que j’ai à faire avant qu’ils ne viennent. On se retrouve chaque année à la même date autour d’un très bon dîner que prépare ma mère. Ils me manquent. Et c’est grâce à eux que j’aime cette fête.
Ils appellent au rythme des minutes. Ils demandent, commandent, réservent, prévoient, souhaitent, s’excitent, s’impatientent… Je les sais heureux. Et je le suis aussi.
Je calme mes sorties parce que je sais que je vais dormir très peu une fois qu’ils sont là. Il vient aussi et je ne compte pas perdre une minute. Il vient pour qu’on s’unisse… Officiellement.
J’aurais aimé que la situation du pays soit aussi médiocre que d’habitude. Mais j’exagérerais en affirmant ceci. Car la situation est bien pire. Chez le coiffeur, les femmes donnent leurs avis et parlent politique. Elles sont aussi ridicules que les bigoudis qu’elles ont entre les cheveux. Elles ne savent rien et répètent des choses entendues ici et là. Je les regarde du coin de l’œil avant de replonger ma tête dans un roman aussi ridicule que leurs conversations.
Je me sens égoïste. Je veux que tout se calme pour avoir de belles vacances. Je veux qu’ils suspendent leurs cruautés le temps d’une semaine pour que je puisse apprécier le dîner de Noël, les soirées folles de décembre, le nouvel an, la bûche de ma mère, les chansons qui ont cent ans, les voix aigues et indiscrètes de mes parents, la curiosité de ma grand-mère, la cheminée, les regards complices, les disputes avec ma sœur, le chaos de la maison enfin habitée, les cadeaux que l'on deteste, les petits-déjeuners désordonnés, les pertes, les oublis, les saletés, l’alcool, la fumée, le chocolat, le gras, la messe de minuit, le element, les amis, les promesses, les résolutions, les bêtises, les confidences etc etc.
A la télé, les tristes évènements de la semaine ne me font ni chaud ni froid. Je ne pense qu’à lui et à le revoir. Je me sais individualiste mais ne sais comment changer mes pensées. Je ne considère que ce qui m’affecte et crains que les choses ne s’aggravent aggravant avec elles mes relations…
Les rues ne sont pas encore décorées. Il n’y a que le décor désuet de l’année passée, un décor qu’on a oublié de retirer, un décor abîmé par la pluie, les tempêtes et les mauvaises pensées.
Il manque un esprit de fête habituel à cette époque de l’année. Il manque ce quelque chose que je n’arrive pas à cerner. Et je compte sur eux pour en ramener.
Dans le salon, ma mère veut décorer le sapin. Elle appelle ma sœur, par habitude. C’est elle qui le faisait. Elle me regarde croyant que par défaut, je l’aiderais. Je fais mine de ne pas comprendre. Et j’envoie un message à ma sœur pour lui raconter…
Les avions se remplissent et ils ont du mal à trouver des places. Ca me fait quelque chose au cœur de penser que les libanais viennent quand même, malgré tout ce qui se passe.
Je veux que Beyrouth s’offre une semaine de vacances. Rien qu’une semaine… je voudrais qu’on m’accorde cette chance.

jeudi, décembre 13, 2007

Impossible mais... trop beau

-On le fait aujourd'hui ou demain?
-Hier.

Oui, c'est ce qu'il m'a dit.

Combattante

Elle les considère comme ennemis. Elle les pousse et repousse à longueur de journée tantôt par un simple mouvement de l’index et tantôt en tournant carrément le dos. Pourtant, elle y pense tout le temps. Car elle adore tous les plaisirs de la vie, sans exception. Et ils en font partie.
Elle a installé une véritable guerre et se comporte comme une vraie combattante. Pas question de succomber. Pas question de se laisser tenter. Les intérêts en présence sont primordiaux et elle ne les sacrifierait pour rien au monde pour un court moment de plaisir qui s’évanouit au moment même de sa naissance.
Elle se vante d'une non-dependance. Une non-dependance dont elle se sait tellement dependante. Et plus elle perd, plus elle veut encore.
Elle est entourée d’épicuriens qui croquent la vie à pleine dent. Elle leur en veut une liberté qu’elle n’a pas pu s’approprier. Elle leur en veut une conscience qui ne contredit pas leurs actes. Elle leur en veut surtout d’être en parfaite harmonie avec leurs corps malgré les imperfections de ceux-ci et les rondeurs qu’ils n’essaient même pas de cacher.
Elle a ses moments de faiblesse. Ses moments de manque d’affection. Mais son égo reprend vite le dessus. Elle a peur. Elle n’ose pas. Elle se prive.
On la croit sûre d’elle. On se dit qu’elle a de la chance. On ne réalise pas la souffrance qui va avec. Car rien n’est gratuit… Et tout se paie. Parfois bien plus cher.
Pourquoi ? Pour qui ? Est-ce que ça en vaut réellement la peine ?

dimanche, décembre 09, 2007

(Mal)chance

Elle s’en fout de lui. Ca fait un bout de temps qu’elle ne la plus revu, qu’elle ne répond plus à ses appels, qu’elle s’empêche de parler de lui devant ses amies qui ne veulent plus rien entendre, qu’elle sort avec un nouveau mec, qu’elle a une nouvelle vie, qu’elle est heureuse et épanouie.
Seulement… elle voudrait le voir. Ou plutôt, qu’il la voit. Et qu’il sache ce qu’il a perdu. Alors elle s’arrange. Tout le temps. Pour être prête à la rencontre, n’importe quand. Elle veut être belle quand il la voit. A vrai dire… elle veut être sublime pour lui couper le souffle et passer à côté de lui sans la moindre réaction, sans la moindre attention, sans la moindre… émotion.
Ce jour-là, elle est sortie n’importe comment. Et plutôt n’importe que comment. Elle était pressée, fatiguée et franchement, elle en avait marre d’être toujours bien…
Cheveux attachés de travers, un jean déformé, un sweat qu’elle a emprunté à son frère et son énorme sac fourre-tout.
Elle n’a pas pensé à lui. Pourquoi est-ce qu’elle penserait à lui ? Elle est sortie et puis c’est tout. Pas la peine de trop en faire pour une course rapide et anodine.
Mais bien sûr… elle le voit. Elle le voit ce jour-là… Le seul jour où elle s’était laissée aller. Parce que c’est la vie. Et la vie fait si bien (ou mal) les choses.
Elle le voit. Elle se cache. Mais il l’appelle. Elle fait cette grimace de la bouche qu’il connaît si bien et qu’il est le seul à savoir interpréter. Il la retient et lui dit qu’elle est belle. Elle le croit ironique. Elle le déteste d’avoir une fois de plus… gagné.
Elle veut sa seconde chance. Elle le hait. Mais il faut qu’elle le revoie. Ce n’est simplement pas possible qu’il garde ce souvenir d’elle.
Elle lui donne rendez-vous le soir même. Juste pour mettre fin officiellement à leur histoire. Juste pour être celle qui tourne le dos. Elle lui fixe un endroit, une heure et court se faire belle pour une apparition rapide et une conclusion véritable. Celle qu’elle mérite. Elle veut lui offrir un souvenir douloureux. Celui d’une fille qu’il n’a pas su garder. Celui d’une fille qui a su le dépasser.
Elle stresse. Elle s’arrange. Elle fait attention à ne pas trop en faire. Elle fait des efforts pour donner l’impression d’être belle sans efforts. Elle finit à temps. Elle fait démarrer sa voiture pour le retrouver. Mais elle reçoit un message de lui qui s’excuse de ne pas pouvoir la voir. Il a autre chose à faire. Un rendez vous… Bien sûr.
Elle sourit.
Elle a perdu. Et puis c’est tout.

Rien

Ce qu’elle fait de sa vie ? Rien. Je n’ai pas dit qu’elle ne faisait rien. Si. Elle fait… rien. Et des filles comme, il y en a plein.
Elle se réveille quand on commence à avoir sommeil et dort quand on se réveille. Elle n’a rien à dire, rien à raconter et a du mal à savoir exactement ce qui se passe dans la journée. Elle se présente. Enfin, elle dit son prénom. Car au-delà de cela, il n’y a plus grand-chose à dire. On la croit mystérieuse. On essaie d’en savoir plus. Et on lui demande ce qu’elle fait dans la vie. Elle dit, normale, ni fière, ni embarrassée qu’elle fait rien. Rien… une véritable occupation. Comme d’autres ont des professions…
C’est difficile à croire qu’une personne ait une vie vide. C’est difficile à comprendre qu’au fil des jours, rien ne change, rien ne se crée, rien ne s’améliore mais au contraire, tout vieillit.
Que c’est triste de ne se sentir ni utile, ni indispensable, que c’est douloureux de savoir que l’on ne participe en rien à l’amélioration du monde, d’un pays ou au moins d’une famille, que c’est choquant d’admettre que pendant que d’autres travaillent, voyagent, lisent, écrivent, dansent, éduquent, cuisinent, soignent, construisent… elle ne fait rien. Ou plutôt qu’elle fait si bien… rien.
On fait ce qu’on veut de sa vie. Mais c’est cette dernière qui nous éclaire. C’est elle qui nous guide vers un exercice permanent puisqu’elle a fait en sorte que le corps soit en décadence naturelle mais l’homme a trouvé une progression contraire, celle de l’esprit. Le jour où j’aurai des rides au coin des yeux et peut-être au bord des lèvres, quand j’aurai trop vécu et me serai trop fatiguée, dans un coin tranquille d’un jardin de campagne, une limonade à la main, les yeux fermés, je penserai à ce que j’aurais fait…

vendredi, décembre 07, 2007

Dans une chambre au troisieme...

Ce qu’elle voudrait le plus ? Utiliser et abuser du temps, en dépenser sans limites, sans soucis, sans économie. S’en moquer, s’en offrir et en dévorer. Elle voudrait passer toute la matinée à ses côtés sans ressentir le besoin de sauter hors du lit à la première heure pour profiter de la journée. Elle voudrait ressentir ce sentiment de vie éternelle, de liberté et surtout… de calme. Car ils ont toujours l’angoisse de la séparation, le bruit insupportable de ces secondes sévères qui courent et les appels incessants de ses amis qui lui reprochent de trop la voir et de trop leur manquer…
Elle regrette plus que tout le regard triste qu’elle avait emprunté ce week-end d’août alors qu’ils s’étaient retrouvés pour un week-end. Elle était heureuse mais ne pouvait s’empêcher de redouter la séparation du dimanche soir. Son bonheur était piégé par trois jours, deux nuits…
Elle était arrivée à l’heure. Peut-être même un peu plus tôt. Il l’attendait, une orchidée à la main. Son regard romantique la fit rire. Ca ne lui va pas trop de jouer a l'amoureux… Ils se serrent. Elle est un peu intimidée par la réceptionniste qui les regarde sans aucune discrétion. Elle le serre plus fort comme pour marquer son terrain. Elle jette à cette dernière un regard qu’elle voudrait furieux mais qu’elle ne réussit sûrement pas. Elle est trop heureuse pour cela. Elle se moque d’elle-même et de sa possessivité. Elle le tient et souffre déjà du manque de temps. Elle a tellement de choses à lui dire, à lui avouer, à partager avec lui. Elle le fixe comme pour fixer son image dans sa mémoire pour un autre mois de souffrance. Car ils s’étaient déjà donnés rendez-vous en septembre. Dans une autre ville. Dans une autre chambre. Toujours tous les deux.
Elle a les larmes aux yeux. Il lui dit qu’elle est bête de bousiller le présent par la peur du futur. Proche. Elle corrige. Elle lui dit que deux jours plus tard, c’est un futur très... proche.
Et en effet. Dimanche soir. Elle pleure. Trop. Elle n’a pas envie qu’il la laisse seule, même si elle adore la ville et qu’elle a elle-même choisi de venir. Il lui dit que le temps passe vite et qu’ils allaient passer un autre week-end de rêve un mois plus tard. Elle pense qu’elle va devoir se coucher et se réveiller trente fois avant de pouvoir le revoir, le sentir, le toucher, l’embrasser… C’est comme ça qu’elle avait toujours compté. Par couchers. Et par réveils. Par battements de paupières.
Il l’accompagne à la station. L’orchidée passe de sa main à la sienne. Avant de descendre, elle regarde vers le haut. Il regarde aussi, pour savoir ce qu’elle regarde. Il sourit. Il comprend tout. Et j’ai la gorge serrée d’avoir laissé, une fois de plus, au troisième, encore un bout de mes secrets…

dimanche, décembre 02, 2007

Au-delà du besoin… l’envie

Entre l’envie et le besoin existe une différence de degré. Car je peux vivre sans avoir pu satisfaire une envie. Mais point sans avoir comblé un besoin. Le besoin apparaît à première vue comme supérieur à l’envie, plus fort, plus primordial et plus nécessaire.
Elle dit à son homme qu’elle a besoin de lui. Que sans lui, elle ne peut pas vivre. Elle lui fait promettre de ne jamais la quitter. Elle dit même qu’il est sa moitié. Et elle croit qu’elle vient de lui faire la plus criante des déclarations d’amour.
Une autre, audacieuse, lui dit qu’il n’est que son envie. Envie. Mot qui semble péjoratif quand on recherche l’amour car évoquant beaucoup plus sensualité que sentiment. Envie. Le mot qu’elle préfère. Elle le lui dédie.
Car cette autre ne se sent pas moitié. Loin de là. Mais femme à part entière. Elle sait aussi qu’elle n’a pas besoin de lui pour vivre. Elle a ses moyens. Sa petite vie. Ses amis. Ses projets. Ses habitudes. Son boulot. Et pourtant… elle ne se passerait pas de lui. Car il est son envie.
Le besoin est le déjeuner banal et quotidien. L’envie est le macaron à la framboise que l’on déguste les yeux fermés.
Le besoin est le 10/20 qui permet de réussir. L’envie est le 16 presque… orgasmique.
Le besoin est le gros pull chaud et réconfortant. L’envie est le décolleté plongeant qui donne des idées.
Le besoin de l’une est un homme qui lui offre une vie. L’envie de l’autre est un homme qui lui offre les plus beaux moments d’une vie.
L’envie est un état sublime car dépassant le stade instinctif du besoin. L’envie correspond à nos visions du beau, du vrai, du bon… Tandis que le besoin n’est qu’un état de sujétion qui ne rend pas la vie plus belle mais lui permet simplement d’être.
Je n’ai pas besoin de toi. Je sais que je pourrais vivre sans toi. Que je trouverais sans doute quelqu’un d’autre qui me fera sourire, que je ferais mine d’écouter, qui supportera mes histoires interminables et mes soucis incessants, qui rira peut-être comme toi quand je lui raconterai mes rêves d’enfant… Mais je n’en ai nullement envie. Parce que j’ai goûté à des moments incroyables. Parce que tu as mis des étincelles dans mes yeux. Et surtout parce que tu m’as appris de rechercher au-delà du besoin… l’envie.

samedi, décembre 01, 2007

Confiance vs Loyauté

Certaines personnes, sans constituer une constance de nos vies, passent et laissent leurs traces. Elles nous marquent par un geste, une parole, une indifférence et parfois par un seul et unique regard. Elles s’en vont ensuite. Comme d’autres restent. Elles s’en vont. Mais certaines choses d’elles… restent.
C’est par une conversation que l’une de ces personnes m’a marquée. C’est un mot qui m’est resté. J’ai la chance d’être née avec la sensibilité qui me permet d’écrire. Et à son mot… oui, j’ai été sensible.
Nous avons parlé d’amour, d’amitié, de travail, d’avenir, d’enfants, de mariage, de fidélité. J’ai dit, classique, que la base de toute relation était la confiance. Faire confiance à l’autre, lui accorder sa liberté, le croire sur parole, le laisser souffler…
Sans me contredire, ni affirmer, il corrige ma belle phrase par un seul mot : loyauté. Je ne comprends la différence et je n’y accorde trop d’importance…
Mais depuis, ce mot ne fait que me bouleverser. J’y pense. Je m’en éloigne. J’y reviens. Quelle différence entre confiance et loyauté puisque les deux consistent à ne pas tromper…
Je ne sais pas… Qu’importe.
Confiance. Ou loyauté. Confiance et loyauté. Loyauté et confiance. Duel ou danse ? Je comprends enfin. Et je souris de tant d’étourderie. Puisque la loyauté c’est moi. La confiance c’est toi. La loyauté c’est « je ». La confiance c’est « tu ».
La confiance est mon rapport avec toi. La loyauté est mon rapport avec moi-même. La confiance, c’est te laisser partir, sachant que tu reviendrais. La loyauté c’est être fidèle même quand je sais que tu ne sauras jamais.
La base de toute relation est, c’est tellement vrai, la loyauté. Car après tout, c’est par moi que je commence. Même si c’est tellement avec toi que je voudrais finir…