vendredi, novembre 09, 2012

Moving !

I am moving ! I will no longer be using Blogger. It has been my home for 7 years and it is time for a change.

Please visit me in my new home: www.karenayat.wordpress.com

I hope you like it. Please let me know what you think, comments and suggestions are very welcome.

It will also soon be accessible via www.karenayat.com but you need to be patient until I figure it out.

For now, kindly use the full wordpress address.

Thank you for reading me xxx

mercredi, novembre 07, 2012

Letter to Papy


Hi Papy,

I spent my life saying goodbye to you. And looking forward to have you back. Because I knew... Oh how I knew... That from Africa you'd bring me back mango and coconut. From Germany the nicest Frankfurters. From Paris, make-up and books. From London, Topshop dresses. And from Sri Lanka funky bracelets I'd show off in school. I spent my life writing endless greedy lists of things I wanted you to bring back and you always did. Opening your suitcase was like going to Disneyland.

Everytime you were landing in beirut, mom would call us four to the balcony, we would run as fast as we could and wave our tiny hands to say hello. And you would give us a sign with the plane lights. A sign you saw us.

When later I moved to London, I always waited for your visits. To go to that pizza place in Christophers place. To have a bottle of wine. Or two. A pepperoni pizza. And to discuss life with you. To discuss your childhood, Téta Renée's wisdom and Jeddo Ibrahim's love of life. You'd tell me how naughty Ammo Simon was as a kid, how he rode his donkey backwards wearing a sombrero hat. You would tell me about how with Walid, your childhood friend, you designed paper planes that you would sell to the kids in kfarchima. You already dreamed of flying. You'd tell me how one time, the paper plane was so big that you could not get it outside the door. Just like that plane, your dreams were big papy, extra large, and doors were never an obstacle. Our dinner over, We would come back to your hotel, arms crossed, a little bit tipsy, a little bit silly, and that's when you became, on top of being the most amazing dad possible, my best friend.

You tamed the stars, the clouds, the planets. The skies were your office and I hated that second parallel life you had chosen, above us all, in that Airbus 330, because I coudln't always reach you when I was scared, when I had a good mark at school, when I cooked a nice fish, when I was lost or when I had a very good joke that I knew would make you laugh.

You were constantly worried about us. And now papy, you decided to leave when your worries had no more reason to be: Carl came back to Beirut, just like you always wanted. Ralph comes back from his adventures even more of a man. You walked both of us down the aisle. Carol got married to Chadi, the "Rayyis" as you call him. I found my husband Basil to look after me. A man you loved and approved instantly.

Where have you taken off to? I have no clue. You were in a rush this time. Because you didn't wait for mamy to tell you, just like before every single flight, ''Allah maaak ya habibi''. Those magic words you couldn't take off without. And papy, You didn't wait for my shopping list !

So here it is: watch over us dad. Ralph said he is so happy to now have his very own angel in the sky. The four of us have one wish now. Please, please, give us a sign. Everyday. Show us the lights of your plane. The aircraft has always been under the command of Captain Joe. And will always be.

Thank you for giving us everything. A beautiful home, a generous spirit as yours was so contagious, the most beautiful siblings, all of your time and so much love. And so much more.

I told you everything on Monday papy, just before you left, and you kissed my hand, but once again I want you to know you are the best father anyone can wish for.

Everybody says hi papy. Everybody. Can you hear me ? Papa Alpha Papa Yankee.

We all love you endlessly,

Karen.©

Letter read to my father in Church on Thursday 25 October.

mardi, octobre 09, 2012

Vieillir

Il y a les expériences que l'on provoque. Deux mois de bénévolat au Kenya. Par envie de donner, d'enseigner, de partager son savoir, de vivre sans Rimmel, sans fer à lisser, sans Special K, sans sa soeur, sans son mec et les lundis soirs ridicules sur son roof qui snobent la ville qui s'endort, le bruit qui s'éteint, le travail du lendemain. Partir loin par besoin de trouver le vrai, le simple, le sauvage, le sens des choses ou son absence. Par culpabilité de vivre une vie paisible peut-etre, superficielle parfois, facile. Pour ajouter quelques lignes sur son CV, changer sa cover photo sur Facebook, être accepté dans un MBA bien reputé ou jouer au vagabond. Il y en a plein, de ces expériences que l'on s'offre, qu'on négocie, qu'on choisit. Faire du saut en parachute. Nager avec des requins. Faire de la plongée. Apprendre le latin. Adopter un chien. Se faire un piercing à la langue. Sortir avec un mec pas bien. Prendre un job dans la finance. Realiser vite que remplir des feuilles Excel est dénué de sens. Le quitter ensuite pour chercher son destin. Entre temps, porter un brésilien. Vivre a Beijing. Louer un studio a Beyrouth. Parler devant un public. Escalader une montagne. Y camper. Et y découvrir ses forêts, peut-être, je n'en sais rien ... De ces experiences on revient plus grand. Parfois réellement. Parfois... on fait semblant. Une chose est sûre: on en revient changé. Ne serait-ce que plus riche d'histoires à raconter. Ces experiences sont souvent belles. On les veut à tort open-ended, sans fin. Comme ce mois d'Août torride avec Stefano, un fou rencontré à Madrid. Ces histoires qui s'éteignent souvent à peine nées. Qui sont délicieuses ne serait-ce que de ce seul fait. Qui meurrent et avec elles la peur indissociable de les voir s'achever. Elles feront parfois de très beaux souvenirs, embellis davantage avec le temps par une mémoire approximative et une imagination sans limite. Elles feront vagabonder nos esprits bien après, embuer nos yeux d'larmes de bonheur, de nostalgie, de regrets. Elles laisseront parfois sur la langue le goût amer des choses passées. A peine effleurées. A peines commencées. La frustation du "unfinished business". Et toutes les questions associées. Les "ifs", "buts", damn!!, "coulda, woulda, shoulda" dirait Bradshaw. Peut-être. Mais il y a aussi et surtout ces expériences qui viennent sans invitation. Non choisies, non sollicitées. Elles ont du culot, ces salopes. Secouer nos vies et nos maisons. Installer le chaos sur une route paisible jusque la sans veritable maux. Qui nous amaigrissent. Nous salissent. Nous attristent. Volent à nos nuits leur sommeil. A nos jours leur soleil. A nos ambitions leur courage. A notre âme nomade toute envie de voyage. A nos lèvres leur gourmandise. A nos yeux leurs surprises. A nos doigts leurs bêtises. A notre peau ses frémissements. A notre coeur son enfant. A nos rêves leur raison d'être. A nos prisons internes leurs fenêtres. Ces expériences qui nous grandissent sans préavis, qui viennent semer les ennuis, qui sont supposées rendre plus tenace mais qui bien souvent laissent épuisé, las, dégouté, dégueulasse. Finalement, l'âge que l'on a n'a rien à voir avec les années vécues. Ni les bougies soufflées. Ni les amours déchues. Ni les rides au coin de ses yeux fatigués. Ni la fermeté de son corps. Ni les adieux violents dans les aéroports. Ni l'intensité de ses remords. Ni la sagesse de son esprit. Ni les livres lus. Ni l'éducation recue. Ni les enfants qu'on a fait. Ni les amis qu'on laisse passer. On a l'âge que la vie veut bien nous donner. ©

samedi, octobre 06, 2012

Moustique

J’aime mes matins. Même quand je me réveille quand déjeunent certains. J’aime savourer mon café en me prélassant au creux de mon lit douillet, la mine encore fatiguée, les idées en slow motion et les cheveux trop frisés, vérifier ma boite à lettre, lire l’email d’une bonne copine, sourire seule devant mon ordinateur, écouter Barbara, me demander quel temps il fera. Mon café, je n’aime pas qu’on me le fasse. J’aime bien le concentrer, et remplir seulement à moitié la tasse. Faire un bon café est tout un art. Celui des autres a un goût bizarre. J’aime que le matin représente, même faussement, un nouveau recommencement. Toutes les possibilités, le néant. J’aime qu’il soit calme, qu’il soit lent. Qu’il efface les chagrins de la veille. Qu’il réduise ses tourments, qu’il promette des merveilles. J’aime la journée, son bruit, ses nouvelles. Quand mon frère se promène à la maison, une tranche de pizza froide à la main. Quand je retrouve mes copines pour un déjeuner ou un thé au jasmin. J’aime que ma chanson préférée passe à la radio. Qu’elle vienne de commencer et que je n’en rate aucun morceau. J’aime les soirées Beyrouthines. Les verres en terrasse et la même routine. Recevoir les confidences d’une copine. J’aime reconduire seule chez moi, tard dans la nuit, repenser ma vie puis hausser le volume de la musique pour taire dans ma tête le bruit. Monter le volume pour assourdir mes soucis de paroles légères et de notes jolies. Mais je n’aime pas la nuit. Je l’ai dit et redit, elle exagère la vie. Je n’aime pas le silence qui m’envahit. Je n’aime pas que mon oreiller déclenche les ennuis. Les minutes sont interminables quand on souffre d’insomnie. Je n’aime pas cette peur injustifiée que le matin ne se lève jamais. Ni le souffle du vent sur mes volets. Et quand enfin je ferme l’œil, c’est alors qu’un moustique décide de faire sa tournée. Un moustique, c’est petit mais violent. C’est low profile mais très méchant. Ca interdit le repos, le rêve, l’abandon. La complicité entre la nuit et les moustiques n’a rien de bon. Ils se nourrissent d'amertume plutot que de bonbons.©

Dounia

Dounia est belle. Dounia est frêle. Elle est élégante, Dounia. Elle a la taille, elle a le corps. Elle a les yeux grands et le regard fort. Elle a le rire facile, explosif et léger. Elle s’en fout de ce que l’on peut penser. Elle ne cache pas les dents quand elle rit aux éclats. Et quand on l’entend rire, on a l’impression que tout ira. Elle a les cheveux longs, souples et ondulés. Aux couleurs de la nuit et à l’odeur du sucre brulé. Elle a la peau douce et pâle. Elle a la parole franche qui n’a rien de banal. Elle a le job qu’elles veulent toutes. Sans hésitation quelconque, elle connaît sa route. Elle mange ce qu’elle veut sans que ses hanches en pleurent. Elle fonce dans la vie, elle n’a pas peur. Dounia aime la musique et aime danser. Quand elle bouge, elle est gracieuse. Les autres ont l’air gourdes à ses cotés. Elle vit sa vie, elle est heureuse. Elle est libre Dounia. Elle a le culot, que nous - bêtes gentilles polies- nous n’avons pas. Elle ne se fait pas marcher sur les pieds. Elle s’impose, avec un sourire qui laisse bouche bée. Elle a un homme qui sait qu’il faut tantôt l’aimer et tantôt la laisser s’évader. Elle a ses peintures pour dessiner le monde qui lui plait. Elle a la démarche agile et des doigts de fée. Elle a de l’aquarelle sur les murs et ça a un joli effet. Elle a une nonchalance délicieuse qu’on échoue à imiter. Elle porte dans son regard l’univers et son immensité. On y plonge pour se perdre, pour se retrouver. Elle écoute comme si nos mots, elle les dévorait. Elle se confie comme pour notre âme pénétrer. Elle a une balançoire dans son jardin toujours fleuri, même quand le printemps est depuis longtemps fini. Les fleurs ne meurent pas chez elle. Chez nous, même les cactus ont du mal à battre l’aile. Elle ne s’excuse pas d’être, Dounia. Elle est, et puis tant pis si ca plait pas. Elle est drôle aussi, comme si ca ne suffisait pas. Mais le jour où, sur sa balançoire qui ne grince pas, elle nous confia ses incertitudes cachées et son plus vilain secret, impulsivement et sans la moindre méchanceté, nous ne pûmes empêcher comme un soupir soulagé. Et pourtant… Dounia, nous l’aimons. Sans fin. Mais qu’elle redevienne humaine, bizarrement, nous fit du bien. ©

jeudi, octobre 04, 2012

Le Lapin

L'idée qu'un lapin puisse être clairvoyant ne lui etait jamais encore passée à l'esprit. Et pourtant... Son esprit avait bien erré ces derniers temps. Puisqu'il n'avait mieux à faire. Puisque le temps se faisait lent et puisque l'été ne l'inspirait guère. Ou plus. La vie avait perdu son charme, son mystère. Elle lui semblait tout à coup trop banale ou trop complexe... Le dilemme la laissait perplexe. Entre les deux, elle ne savait plus. Et puis le trop simple comme le trop compliqué sont a son coeur fragile et son cerveau futile hors portée. Et pourtant elle le sait. Qu'elle doit se decider. Agir. Choisir. Partir. Ou rester. Mais choisir quoi et pourquoi, partir où et comment, quand ... Tout fait défaut. L'envie, l'intuition, le besoin, la folie, la raison... Quoi faire de sa vie quand on aime tout mais plus rien du tout ... Elle se souvint d'un roman de Paolo Coelho dans lequel il écrit qu'au croisement des chemins il faut se poser et attendre, s'asseoir sur une terre sage et tendre, jusqu'a ce que l'intuition nous indique le chemin à prendre. Mais elle n'aime plus Paolo Coelho depuis que tout le monde l'aime. Elle préfère les romans inconnus de poètes déchus mal lus, mal compris, morts avant d'avoir tout dit. Elle n'aime pas ses phrases toutes faites et grandioses qui prétendent tout dire mais qui ne disent rien en réalité, hautaines de réponses simples aux questions transcendantales, répétées jusqu'à être vidées de toute âme, laides de s'être trop montrées, sales de s'être trop echangées, fatiguées d'avoir trop voyagé, tristes de n'avoir jamais été pensées... Elle cherche ses propres réponses arrogantes qui ne font que lui poser des lapins. Elle cherche son propre destin. Et puis il y eut l'histoire d'Alice et du lapin: - Which road do I take? asked Alice. - where to you want to go? replied the rabbit. - I don't know, answered Alice. - Then, said the rabbit, it doesn't matter. It really doesn't matter ... ©

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mercredi, octobre 03, 2012

Ranger

Aujourd’hui, j’ai tout fait descendre par terre. Comme ca au moins, je suis sûre de tout trier sans remettre à après. Les robes de soirée, les jupes d’été, les vestes, les chemises vieillies, les robes trop courtes, les jeans qui datent de mes quinze ans, les t-shirts décolorés et les chaussures ringardes un jour aimées. J’ai passé des heures à faire le point. A mettre d’un coté ce que je voulais garder et d’un autre ce que je voulais envoyer loin. Cet exercice ménager quoique anodin vint tourmenter mon esprit en provoquant des questions transcendantales que je voulais justement chasser en occupant mes mains. Comment savoir en l’achetant qu’un vêtement sera gardé longtemps ? Comme mon plus vieux pull gris dans lequel je dors encore pour taire les remords… Ou ce jeans autrefois bleu marine et aujourd’hui bleu très clair presque blanc, maintenant déchiré au niveau du genou droit, qui a grandi avec moi, apprivoisé des formes lunatiques et connu toutes mes peines, mes joies, mes effrois ? Ce jeans que je garderai à jamais, même s’il devenait un pauvre bout de tissu fatigué, dégoûté, essoufflé par les années. Pourquoi achetons-nous même parfois des vêtements qui ne seront jamais portés, aimés au seul instant de l’achat, et détestés à jamais après ? L’idéal serait d’emporter les vêtements chez soi, de les installer confortablement sur l’étagère d’une armoire propre et attendre quelque temps pour savoir s’ils remporteront le défi du temps, pour ne les acheter qu’a posteriori dans l’affirmative… Le rangement se fera alors plus rare et mon armoire ne sera habitée que par de jolies pièces que je ne lâcherai jamais …. Mais la vie est faite de choix souvent rapides, impulsifs, instantanés. D’amitiés éphémères qui durent le temps d’une soirée. Et de regrets. Quoique... Il est vrai, j’aime bien ranger. Mais pas trop. Sinon ca m’angoisse. Quand les choses m'ont l'air bien lisses, je les froisse. La vie trop propre, trop classée, à vrai dire je m'en lasse.

mardi, juin 19, 2012

Le métèque- Georges Moustaki

Cette chanson ne manquera jamais de me faire rêver. Georges... j'aurais aimé l'aimer. Avec ma gueule de métèque De Juif errant, de pâtre grec Et mes cheveux aux quatre vents Avec mes yeux tout délavés Qui me donnent l'air de rêver Moi qui ne rêve plus souvent Avec mes mains de maraudeur De musicien et de rôdeur Qui ont pillé tant de jardins Avec ma bouche qui a bu Qui a embrassé et mordu Sans jamais assouvir sa faim Avec ma gueule de métèque De Juif errant, de pâtre grec De voleur et de vagabond Avec ma peau qui s'est frottée Au soleil de tous les étés Et tout ce qui portait jupon Avec mon cœur qui a su faire Souffrir autant qu'il a souffert Sans pour cela faire d'histoires Avec mon âme qui n'a plus La moindre chance de salut Pour éviter le purgatoire Avec ma gueule de métèque De Juif errant, de pâtre grec Et mes cheveux aux quatre vents Je viendrai, ma douce captive Mon âme sœur, ma source vive Je viendrai boire tes vingt ans Et je serai prince de sang Rêveur ou bien adolescent Comme il te plaira de choisir Et nous ferons de chaque jour Toute une éternité d'amour Que nous vivrons à en mourir Et nous ferons de chaque jour Toute une éternité d'amour Que nous vivrons à en mourir

mardi, février 07, 2012

Libanais, comme moi

La femme libanaise mariée à un ressortissant étranger ne peut, selon la loi libanaise, transmettre la nationalité libanaise à ses enfants.
Un décret libanais datant de 1925, dans son article premier, stipule : « est considéré comme libanais tout enfant né de père libanais ».
La suite de ce même article choque un peu plus : ‘’une femme non libanaise mariée à un libanais peut accorder sa nouvelle nationalité, obtenue automatiquement un an après le mariage, à ses enfants nés d’un précédent mariage avec un non libanais…’’
Les enfants d’un homme et d’une femme, tous les deux non libanais, auraient donc un peu plus de chance d’être octroyés la nationalité libanaise, dans le cas du remariage de la mère avec un homme libanais, que ceux nés d’une mère libanaise mariée à un ressortissant étranger.
En effet , et selon le Droit libanais :
Une mère libanaise peut transmettre sa nationalité à son enfant si celui-ci est né d’une relation hors mariage et de père inconnu ; une femme étrangère mère d’enfants mineurs nés d’un premier mariage avec un père étranger, si elle acquiert la nationalité libanaise en épousant un Libanais, peut alors transmettre sa nationalité à ses enfants mineurs non libanais, à la mort de son époux.

Et pourtant …

Le Liban n’est-il pas Etat membre des Nations Unies ? N’a-t-il pas participé à la rédaction de sa charte ?
Difficile à croire.
Parce que le paragraphe (b) de l’article (13) stipule que l’assemblée générale œuvrera dans le sens de « faciliter pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». Le paragraphe (c) de l’article (76), insiste sur la nécessité d’« encourager le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion ».
La constitution libanaise le dit. Qu’il y a égalité complète entre tous les citoyens libanais (article 7).

Comment interpréter la réalité ? Violation de la constitution ? Ou citoyenneté en fonction du sexe ?

Le Liban n’a-t-il pas signé en 1997 la « Convention internationale pour l’élimination de toutes formes de discrimination contre la femme » ?

Et pourtant, l’article 15, paragraphe 2, de la déclaration universelle des droits de l’homme, stipule que « nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité ou du droit de changer de nationalité ».
Et le Liban, parait-il, aurait participé à la rédaction de celle-ci.

Et pourtant...

En vertu d’une loi datant de 2003, les égyptiennes mariées à des étrangers ont désormais le droit de donner la nationalité à leurs enfants.
En 2005, au Maroc, dans un discours du Trône datant du 30 Juillet 2005, on entend : « Soucieux de toujours répondre aux préoccupations réelles et aux aspirations légitimes et raisonnables de tous les citoyens - qu'ils résident au Royaume ou à l'étranger -, Nous avons décidé, en Notre qualité de Roi-Commandeur des Croyants (Amir Al-Mouminine), de conférer à l'enfant le droit d'obtenir la nationalité marocaine de sa mère ».
En 2009, les Algériennes sont autorisées à transmettre leur nationalité à leurs enfants après la levée par un décret présidentiel de la réserve sur un article de la Convention de 1979 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Et pourtant...

En 2009, au Liban, une lueur d’espoir quand on assiste – presque ! – à un revirement de jurisprudence.
En effet, en juin 2009, suite au décès de son mari ressortissant égyptien, Samira Soueidan se voit octroyer le droit de transmettre sa nationalité à trois de ses enfants nés au Liban. La décision fut fondée sur l’article 7 de la Constitution libanaise qui énonce le principe d'égalité devant la loi pour tous les citoyens, hommes et femmes. Le raisonnement du juge (John Azzi) fut le suivant : si une femme étrangère ayant obtenu la nationalité de son mari libanais pouvait la transmettre à ses enfants non libanais nés d’un mariage préalable avec un non libanais, une femme née libanaise devait a fortiori pouvoir la transmettre aussi.
Cependant, le ministre de l’intérieur fait appel à la décision. Et la cour d’appel rejette la demande de Samira.

Et je ne sais si l’on peut critiquer la décision fondée après tout sur le texte libanais. Ne faut-il pas changer ce dernier ?

Si le législateur ne se précipite pas pour le faire, ce serait, selon certains, pour des raisons politiques et d’équilibre confessionnel. Il aurait trouvé dans la violation de ce droit naturel de la femme, une façon d’empêcher la naturalisation des refugiés palestiniens.

Certains diraient qu’un changement de mentalité préalable permettrait une modification du texte. D’autres sont convaincus que le contraire serait plus juste. Un changement du texte d’abord. Et un changement de mentalité précipité, devenu alors obligatoire.

Je suis libanaise. La Loi me déplait. Mais elle ne me dissuadera pas d’épouser l’élu de mon cœur, non libanais. Mes futurs enfants, un jour, ne seront que résidents. Pas citoyens. Ils devront obtenir un visa pour visiter leurs grands parents, on ne peut plus libanais. Ils devront être titulaires d’un permis de séjour. Eventuellement aussi, d’un permis de travail, s’ils décident de rester. Ils n’auront pas accès à une éducation publique gratuite. Ils feront face à des complications administratives, certes. Mais ceci n’empêchera pas qu’ils seront, dans leurs cœurs, âmes et esprits, aussi libanais que moi. Et je ferais tout pour. Croyez-moi.
Ils parleront comme moi. Un arabe qui chante. Entremêlé de quelques mots de francais et d’anglais, naturels, qu’ils ne peuvent empêcher. Ils exigeront la Mlloukhieh le dimanche et un verre d’arak avec leur Kebbeh Nayye. Ils auront le cœur en morceaux quand quelqu’un aura la mauvaise idée d’attaquer en paroles leur Liban adoré. Et n’hésiteront pas à sortir les griffes pour le défendre, surtout quand face-à-face à un étranger. Ils feront du ski à Faraya, danseront à Beyrouth et bronzeront la peau au soleil de Batroun.
Mes enfants, je l’espère, seront des enfants que le Liban aurait aimé avoir. Que le Liban perd à ne pas avoir. Que le Liban aurait… rejetés.
Ils ne voteront pas. Et si un jour au Liban confrontés à des obstacles divers et exagérés, ils seront résignés à abandonner. Ils iront alors là-bas, là ou la Terre accueille plus et meilleur. Ils occuperont des postes importants. Enfin, j’aime à le croire, comme toute mère que je ne suis pas encore… Ils seront aussi titulaires d’un passeport anglais.
Mais rien ne changera… non rien… le fait que leur anglais, parce qu’un peu chanté… sonnera…. Libanais !

vendredi, février 03, 2012

Le front

Son premier fut sur la paume de la main. Rien de plus anodin. Et pourtant, je mentirais si je disais qu’il n’a pas provoqué en moi des désirs transcendant, et de loin, la légèreté de l’acte. Ses yeux, évasifs et errants, presque vides et je ne sais s’il faisait semblant, me rendirent dingue à cet instant, et je ne sus jamais si le film dans ma tête faisait partie du plan, ou si son baiser était totalement innocent.

Le second, j’avoue, que je l’ai exigé. Sur la veine bleutée du poignet. Parce que de Jeanne Moreau, à l’époque, j’étais obsédee. ‘’J’ai la mémoire qui flanche’’ était ma chanson préférée. Et pour l’aimer davantage, j’ai voulu pouvoir m'y identifier, c'est-a-dire la chanter en pensant à lui, ou à l’une de nos soirées. En voiture, je chantonnais ‘’tout entre nous, a commencé, par un très long baiser, sur la veine bleu-tée du poignet, un long baiser sans fin’’ … Je voulais faire en sorte que cette chanson devienne mienne, mais je ne pouvais oublier le fait que c’était une scène fausse, provoquée. Et ma mémoire, là, malheureusement, n’a pas su flancher.

Des baisers sur la bouche, y en a eu plein… Les premiers étaient magiques. Ses baisers sur le dos étaient… comment dire ? Féériques ? Bref.

Je pourrais écrire notre histoire en racontant nos baisers. Les baisers secs sur la joue, pour clore une conversation qu’il jugeait agaçante ou futile, ou même, tout simplement, finie, alors que pour moi, elle ne venait que de commencer. Les baisers sur les cheveux, quand je faisais une remarque que je pensais pertinente. Remarque qui en réalité ne réussissait qu’à lui arracher quelques sons bizarres sans cesse dérivés du rire sarcastique… et un bisou rapide sur ma chevelure sauvage. Comme pour dire, tu es gentille, un peu naïve, mignonne quand même. Je les détestais, ces baisers là.
Y en a eu plein de beaux, de magnifiques, de superbes…

Je ne me souviens plus exactement de chacun. Je me souviens vaguement de l’idée gardée des sentiments alors provoqués et des réactions, de bonheur ou de colère, qui de moi émanaient. Les hauts et les bas étaient délicieux, d’une façon paradoxale peut-être, mais qui fait tout le charme d’une relation.

Tout était beau. Tout. Sauf le dernier baiser. Celui qui a su dire, tendrement, tout ce que je voulais, mais craignait entendre, celui qui a su, avec élégance peut-être, lâcheté sûrement, avec douceur sans doute, avec peur surtout, servir du dernier point, du dernier paragraphe, de la dernière page, du dernier chapitre d’un roman que beaucoup n’auraient lu qu’à moitié.
Ce fut un baiser sur …

jeudi, février 02, 2012

Cerveau Lent

Oisive. Et ceci depuis quelques mois. Cela ne me déplait pas. J’avoue que je savoure… les nuits blanches, les grasses matinées, les rendez-vous en pleine journée, le temps illimité devant la télé, la vie en survêt, les discussions futiles, et l’analyse détaillée du temps qu’il fait. Sauf que mon cerveau devient lent. Et il n’ya rien de plus dangereux qu’un cerveau lent.
Parce que la musique à elle seule peut le manipuler. L’emmener là où il refusait, pendant longtemps, de mettre les pieds. Un film tragique peut le détruire. Et une parole mal placée complètement l’obséder. Le cerveau lent s’évade lors de l’admiration d’un paysage, jusqu’à ne plus voir vagues et océans, mais bien au-delà de l’infini, son propre néant. Le cerveau lent réagit en retard. A défaut d’exercice. Il reçoit les phénomènes extérieurs sans censure, les absorbe sans les digérer, et les mélange sans les filtrer. Ses nuits sont longues et sans émotions. Ses idées vagues et sans précision. Ses rêves fades et sans réelle ambition. Et ses paroles légères, sans préalable sélection. Elles se concrétisent à travers une voix douce et timide, qui en réalité n’est que le résultat d’une nonchalance maladive transformée en réalité.
Mon cerveau lent ne comprend plus la peur, la faiblesse, la tristesse, la blessure. Caché derrières de grands yeux ronds, marrons, et bêtes, il commande à la bouche de redire ces choses qu’il entend sans qu’il ne les pense vraiment. Spectateur d’un monde qui l’indiffère, il ne sait plus ce qui le stimule, ni ce qu’il préfère.
Le cerveau lent devient de plus en plus lent chaque jour. Mais il se sait lent. Alors il garde l’espoir du retour.
Les décisions sont lentes aussi. Elles changent sans cesse en fonction de… quoi ? qui ? il ne sait plus. Enfin… si… peut-être… plus.
Le cerveau lent s’évade, léger comme une plume. Il effleure sable chaud et coquillage, ciel bleu et nuages, Londres, Beyrouth, une pizza, une tarte citron, les maths et les lettres, il se goinfre de tout et de rien, ne connait plus son chemin, préfère l’anesthesie totale à l’effort qui porterait en lui l’espoir de changer de sort.
Le cerveau lent aime la musique. Eva Cassidy surtout. Lana Del Rey. Renault. En ce moment. Il aime les films légers. Les ballades nocturnes. Le vin. Les rencontres familières et sereines. Dormir tard pour s’éteindre vite. Pour s’éteindre complètement. Shut Down.
Il n’aime pas les questions transcendantales. Il déteste l’avenir. Il possède le pouvoir de voyager dans le passé. Il choisit ses moments préférés. Il y reste. Surtout pour dormir. Avec toi.
Mon cerveau est un cerf-volant.

mercredi, février 01, 2012

PC (ce n'est pas un ordinateur)

L’histoire ne s’est pas bien terminée. Elle n’avait pas bien commencé au départ et il n’est pas sûr qu’elle soit réellement finie aujourd’hui. Enfin, surtout pour elle.
Mais elle le sait… qu’il n’est pas fait pour elle. Qu’elle mérite mieux. Plus d’attention. Plus de temps. Et surtout… surtout… l’éventualité, même lointaine, même… éventuelle, d’un avenir. Elle ne l’exigeait pas dans l’immédiat. Elle n’exigeait que le rêve de celui-là. Et toute femme en a le droit.
Elle décide alors de le quitter. Fini. Lui, c’est la passion qu’il veut. Elle, la passion aussi. C’est une passionnée, une folle. Mais de la passion + un tout petit peu de raison aussi… Et quoi de plus normal ? Parce que la passion à elle seule, et au fil des années, détruit. Quand on s’y plonge, c’est souvent par envie et aussi, surtout, par arrogance. Que l’on possède ce pouvoir d’ouvrir une parenthèse et de la fermer. Que tout est contrôlé. Elle avait surestimé ses pouvoirs. Elle avait eu tort. Sa parenthèse, à elle, n’a pas su se refermer. Et il n’y a rien de pire qu’une parenthèse ouverte. ( Essayez.
Elle accepte alors, en se forçant, quelques invitations à diner. Avec des garçons bien qu’aimerait beaucoup sa mère. Des garcons avec qui elle pourrait, si elle le décidait, faire des projets. Ces hommes qui la regarderaient les yeux grand ouverts, beaucoup trop fiers, d’avoir l’occasion de partager, avec elle, la soirée.
Pendant qu’ils remuent leurs lèvres, vantent leurs succès et leurs exploits, elle pense à l’autre, à leurs soirées bêtes et enfantines, à la musique qui les unit, aux verres de vin, aux folies que seul lui sait installer, à ce qu’elle ressent quand elle est avec lui, dans ses bras, dans son regard, et dans sa vie. Elle s’y sent vivante. Tout simplement.
Avec les autres, sa vie semblerait prendre un tournant classique. C’est-à-dire triste. Un destin qu’elle appellerait tragique. Un dessin tout droit, bien souligné. Alors avec l’Autre… rien n’est prévisible. Et c’est ce qui l’avait attirée au départ. Ce plongeon dans le vide. Cet abandon total. Et cette faculté de se moquer, à deux, de la vie…
A peine son diner achevé, sans dessert, sans café, bien précipité, elle l’appelle. Elle appelle son obsession, sa drogue, son plus grand péché. Elle l’appelle sachant que ce serait comme à chaque fois, un moment de pure extase, une évasion là où elle ferait mieux ne plus aller, des rires exagérés mais tellement ressentis, du bonheur à l’état pur, sans artifices. Juste vrai.
Elle irait le voir… parce qu’elle pensera qu’il n’y a que lui pour elle. Qu’il la comprend. Qu’il ne peut peut-être pas lui promettre amour éternel mais qu’il est le seul à lui offrir l’amour conjugué au présent. Elle ira le voir parce qu’elle aura l’impression qu’il est au final, et par comparaison, son prince charmant.
Sauf qu’un prince charmant l’est dans l’absolu. Et jamais par comparaison.
Elle rentrera chez elle triste, dégoûtée, vidée. Elle se dira que voilà c’est fini. Elle effacera son numéro, le bloquera de sa boite à lettres. Elle lui dira aussi de l’oublier. Il n’essayera pas de la convaincre du contraire. Il saura très bien qu’il ya une parenthèse à jamais perdue et plein, plein, de points de suspension… partout ...

mardi, janvier 31, 2012

HH (aka Happy Hour)

Mercredi, bien avant le soir. Pas de plans… encore. Il n’est jamais trop tard. Mais quoi faire. Quoi faire pour bruler une soirée de plus de l’hiver. Une soirée sombre. Très sombre. Une de celle qu’on a envie de bruler. Avec un cachet. Avec un sommeil provoqué. Avec des chansons tristes qui ne font qu’empirer les idées noires qu’on échoue à effacer. Avec un appel à un ami trop occupé. Avec un livre qui ne nous fait plus évader. Que faire… conduire ? Mais où ? Les rues nagent dans la pluie. Et puis le volant intensifie le bruit.

Une copine me propose quelques verres. Quelques verres en happy hour. Pas besoin d’aller trop loin. Il y a le bar mexicain du coin. Pourquoi pas ? La nuit est plus facile à deux. J’enfile un jeans. Celui qui ne me déçoit jamais. Malgré tous les gâteaux avalés. Un t-shirt blanc. Vide. Tout simple. Parce qu’il va bien avec le vide qui me hante. Un blazer noir, structuré. Une forme géométrique qui tente en vain de créer une illusion de contrôle dans une vie désordonnée. Le blazer à la Kim Kardashian… Aux épaules exagérées. Pourtant je la hais.

Deux filles en solo, un pitcher de Margarita citron, une table pour deux, tout ce qu’il faut pour tout vider. Nos histoires se mélangent et s’entremêlent, nos paroles ne sont même pas tristes. Elles manquent d’émotions. Par résignation. Parce que dans ma vie, c’est le chaos total. Les points d’interrogations à la fin de chaque affirmation. Demain semble si loin. Et l’hiver, cette année, est bien vilain.

Elle, son ex se marie. Ce soir même. Pourtant, elle ne ressent plus rien envers lui. Mais le mariage… Ce mariage avec cette autre la chipie ne fait qu’ajouter à ses ennuis. Parce qu’il clôture une histoire. Une histoire qui pour elle restait à clarifier. Plus maintenant… Le mariage ferme la page. Et ceci, sans préavis.

En happy hour, oui. Pourtant rien n’est happy. Nos deux visages se trempent dans la boisson sucrée salée. La fraicheur de la glace vient figer nos pensées. Et c’est parfait.

Bien plus tard, bien après la happy hour, la musique nous emporte et nos rires inexpliqués viennent tout balayer. La vie nous semble tout à coup bien banale. La nuit est enfin apprivoisée. Le monde nous appartient. A deux… loin est la happy hour. Mais happy est le moment. La nuit commence à s’éclipser et nous tentons maintenant en vain de la retenir. Nos soucis sont trempés dans un jus de tequila et de citron. La nuit est la notre. Le monde, la blague de l’instant. Et demain, une promesse d’un nouveau commencement.

lundi, janvier 30, 2012

Je sais

‘’Je t’aime’’. Il faut attendre pour le dire. Il faut le sentir, vraiment, profondément. Il faut qu’il émane du cœur, qu’il fasse bruler la peau, qu’il s’échappe naturellement, presque trop vite, de notre bouche entrouverte, il faut qu’il se précipite, qu’il soit vrai, chuchoté ou crié, peu importe, il faut qu’il soit un peu maladroit, fragile, parfois timide et parfois costaud. Il faut qu’il soit dit dans le but de faire plaisir… et parfois même pour faire mal ; quand il n’ya plus rien à dire.

J’ai dit je t’aime. Plein de fois. Innocemment. Bêtement. Impulsivement. Je n’ai pas l’amour raisonnable. L’amour que je ressens me vient toujours trop vite. Presque aussi vite qu’il ne m’échappe. Je l’ai dit au réveil, je l’ai dit en message, je l’ai dit à l’oreille, je l’ai écrit sur des petits bouts de papier déchirés d’un cahier de français et je l’ai parfois pensé tellement fort que sur mes joues devenues roses il s’est dévoilé. Je l’ai écrit, souvent, sur le dos d’une photo de vacances, une photo qui vante une peau bronzée, des mèches dorées, un sourire jamais forcé, des cheveux dans le vent, un short en jeans, des vagues en arrière plan et toutes ces choses éphémères qui ne survivent jamais la saison.

Je l’ai dit par erreur quelquefois, après quelques verres de trop, sans mentir toutefois, en le pensant à la seconde même, parce que la chanson était trop belle, parce que ce soir là il était beau, parce que ma robe était nouvelle, parce que la nuit était fraiche, et que je n’avais pas envie de rentrer tôt…

Les je t’aime, oui, je les ai trop dits…. Cœur artichaut, peut-être. Cœur archi-chaud, peut-être aussi, c’est un garçon qui me l’a dit. Une inflation des ‘’je t’aime’’ qui a dénudé la déclaration la plus puissante et la plus fragile à la fois de sa vraie valeur.

Oui, je l’ai dit. Et parfois, j’ai eu droit à un ‘’je t’aime, aussi’’. Le ‘’moi aussi’’ me révoltait. Je voulais une reformulation complète, et je l’exigeais. Les je t’aime se sont succédés, oui, au fil des années jusqu’à devenir aussi désuets que les réponses qui les suivaient.

Jusqu’au jour où à mon je t’aime il répondit ‘’je sais’’. Et dans sa certitude dénuée de toute arrogance, je retrouvai la magie de mes mots. Et ils redevinrent, de par leur évidence dans ses yeux, tout simplement beaux.