dimanche, février 22, 2009

Plaire aux hommes

Ils nous disent qu’ils aiment les courbes. Les vraies. Ces formes voluptueuses qu’ont les femmes méditerranéennes, les femmes sensuelles, les femmes épicuriennes, celles qui osent, qui dévorent, qui séduisent, qui aiment, qui croquent la vie, qui vivent. Oui, ils nous disent qu’ils aiment les signes de la féminité, de la maternité, de la fertilité, de la santé. Ils ne font que le répéter. D’ailleurs, ils aiment Monica Bellucci, Salma Hayek, Catherine Zetta Jones, Scarlett Johanson. Mais on continue à nous priver. Et continue à opter pour des salades vertes et des pommes qui vont finir par ne plus exister sur le marché, pour enfin ressembler à un squelette sans forme, sans couleurs, sans vie, sans lumière, sans étincelles, sans force, sans énergie, sans envie… sans charme quelconque.

Ils nous disent qu’ils nous préfèrent naturelles, sans maquillage, sans artifices, sans manières. Ils nous disent qu’ils nous préfèrent à la piscine ou au réveil, quand l’eau et la nuit ont effacé les dernières traces de mensonge, de superficialité, d’incertitude. Ils nous affirment qu’ils aiment le visage pale, les yeux dégagés de tout ce qui pourrait cacher la profondeur du regard, et les lèvres natures. Et pourtant… on se rue pour acheter le tout nouveau mascara censé nous donner un effet « faux cils » alors que la fausseté constitue le titre même du produit. J’avoue que je suis la première à le faire. Et au téléphone avec mon amie, je lui file une info secrète sur un rouge à lèvres à la texture parfaite.

Ils nous disent qu’ils aiment nous voir en tenue décontractée, en espadrilles et en sweat. Et pourtant… on insiste à porter les talons les plus hauts qui nous font si mal et qu’on retire à peine arrivées au parking de chez nous, pour monter 5 étages pieds nus parce qu’on ne peut plus les supporter en fin de soirée, et remarquer que nos pieds sont tout rouges, tout enflés et se dire quand même que ces chaussures valaient bien le coup d’avoir été achetées.

Ils nous disent ce qu’ils aiment. Mais on fait totalement l’opposé. On fait tous ces efforts pour leur plaire. Et pourtant, ils nous aiment comme on est… et même si je savais que toutes ces manies de filles ne servent à rien en réalité, je ne puis vraiment m’en détacher. Et je me demande, devant une salade verte qui se sent un peu ennuyante comparee a un plat de frites, les talons qui me tuent et le mascara pas si efficace qu’il ne voudrait l’être, si c’est aux hommes qu’on veut plaire… ou si c'est simplement une compétition entre femmes.

samedi, février 21, 2009

Mysterieux

On ne sait pas grand-chose sur lui. Toujours mystérieux, parfois mal compris, on n’est jamais sûr de sa religion, de son état d’esprit, de ses habitudes, de ses origines, de ses amis, de ce qu’il a à offrir, de ses capacités, de ses rêves… D’ailleurs sa petite taille ne manque pas de tromper. On le sous-estime en effet. Et il s’y plaît.
Les autres sont faciles à disséquer. Le premier est grand, blond, classique, ennuyeux. Le second a la peau plus foncée et ne peut que refléter soleil, amour et volupté. Y en a d’autres aussi. Et presque tous sont autant prévisibles.
Mais lui, non. Plus il en dit, et plus le mystère s’installe. Plus il en raconte et plus il choque. Plus il parle, et plus d’énigmes sont à résoudre. Plus il décrit, et plus on a envie de le connaître. Il reste silencieux. Jusqu’à ce qu’on l’interroge. Il reste dans son coin, jusqu’à ce qu’on le bouscule. Il a ses manies et ses coutumes mais s’adapte facilement aux autres, se mélange à eux, se laisse apprivoiser, sans pour autant oublier son propre passé.
Certains pays ont perdu leur charme. Parce qu’ils ont fait trop de bruit. On sait tout d’eux, de leurs goûts vestimentaires, à leur cuisine, à la couleur des cheveux de leurs femmes, à leur musique, à leurs croyances religieuses, à leurs tendances politiques. D’autres un peu moins. Et puis il y en a un qui fait naître le doute et qui intimide à chaque fois qu’on parle de lui. Et puis il y a mon pays. Tout petit. Mais si mystérieux.

Les gants roses

Je n’avais pas envie de sortir. Apres avoir mangé une lasagne surgelée qui a le goût du supermarché et beaucoup de chocolat pour l’oublier, j’avais décidé de passer la soirée au lit à regarder des banalités que j’adore et que je suis avec la plus grande fidélité.
Mais l’idée que c’est vendredi, le week-end, et qu’il faut absolument sortir constitue le complexe de certains. Dont une amie que j’ai faite ici et qui est devenue une très bonne amie. Elle ne fit que répéter que j’ai la chance (ou la malchance !) d’habiter juste au dessus du cinéma et qu’il faut à tout prix qu’on y aille ensemble pour voir le nouveau film « shopoholic », dont elle ne cesse de parler.
Bien sûr, je n’acceptai pas la défaite de si peu et insista que dans mon vieux pyjama je ne sortirai pas ce soir là. Mais elle fut plus maligne que moi. Et me rappela que le cinéma n’étant qu’à deux pas, je n’avais qu’à enfiler une veste, des bottes, un bonnet en laine et le tour serait joué. Remarquant que je n’étais convaincue qu’à moitié, elle fit un calcul rapide qui ne manqua de m’impressionner pour m’assurer que je serai de retour avant même que mon programme préféré n’eut commencé (programme que j’éviterai de mentionner un peu pour sauvegarder ma dignité).
J’exécutai. Et par-dessus mon vieux pyjama rouge qui n’a rien de sexy et tout du confort-grand-mère, je superposai foulard blanc en laine (très confortable), bonnet noir, bottes marrons en fourrure et… gants roses (je ne fais pas exprès, non… et je ne puis l’expliquer non plus… c’est juste que j’avais envie d’être confortable…).
Sur le chemin (en faisant les deux pas qui mènent vers la salle), je ne puis m’empêcher de lancer une blague qui ne l’était qu’à moitié en lui disant que ce serait drôle de tomber sur quelqu’un que je connais. Du haut de ses talons aiguilles, de son jean skinny et de son manteau dernier cri, elle tenta de me rassurer en me disant que parmi les milles salles de ciné de Londres, quelle était la probabilité que quelqu’un que je connaîtrais choisirait celle-ci. Et bien sûr j’approuva, en me moquant de moi-même et en me traitant de parano. Bien habillée, elle acquiesca.
Et puis, dans le noir de la salle, je me sentis en sécurité. Je commençai à me sentir vraiment à l’aise tout en sirotant un coca light dans un verre en carton qui lui donne un bien meilleur goût je trouve, quand une voix provenant du siège arrière cria dans mon oreille : « j’ai bien pensé que t’avais l’air d’une libanaise !! Qu’est-ce que tu fais ici ?? ». Et mon coca n’avait tout à coup plus le même goût. Je repondis : « Ce que j’y faisais ?? Moi ? J’habite ici ! Ma chambre est au-delà des escaliers. Et j’aimerais que tu sortes de chez moi… ». Bien sûr, dans mon cœur… je n’ai jamais eu cette audace. Et toujours eu l’hypocrisie féminine libanaise. Je souris. A contre cœur. Tout en prenant le soin de fermer, discrètement bien sûr, mon manteau, pour qu’elle ne puisse apercevoir mon pyjama rouge. De l’autre main, je retirai mon bonnet ridicule et essayai de bouger légèrement la tête pour réveiller les vagues de mes cheveux. Je marmonnai quelques mots incompréhensibles voulant dire que je n’habite pas très loin d’ici. Elle répondit qu’elle, si. Elle habitait loin. Mais elle aimait cette salle en particulier. Bien sûr ! Cette salle parmi les milles autres salles de Londres. Rien que pour le plaisir de me contempler ainsi. Dans le pire de mes états. « Je te déteste ! ». Pensai-je toujours. Sans encore pouvoir le lui crier en face. Le film avait commencé. Elle décida enfin de s’installer tout en me souhaitant « bon film » comme si elle n’avait pas été assez ironique.
Je fus partagée entre l’envie de tuer mon amie (après tout c’était elle qui m’avait encouragée à sortir ainsi habillée) et lancer la totalité de ma boisson sur les cheveux soyeux de mon ennemie.
Mais je finis par fixer l’écran, sans rien écouter bien sûr, en pensant à l’ironie de la vie. Et à ma vengeance. Je décidai de me rendre tous les jours au ciné, dans mes tenues les plus légères. Tant pis pour le froid. Jusqu’à ce que je la repère, un vendredi soir qui ne lui donnerait pas particulierement l'envie de sortir, superposant pyjama rouge, bonnet noir, foulard blanc en laine et botte marrons de préférence. Merde. J’oubliai les gants roses.

lundi, février 16, 2009

Perdu

Aller à un concert. Acheter un livre trouvé dans la catégorie best seller. Rire dans la salle de cinéma remplie après avoir attendu un mois pour trouver des tickets. Admirer les tableaux d’un peintre a succès… toujours en vie. Que de choses qui me donnent envie. Quoi de plus parfait que de réussir sa vie en faisant exactement sa passion. N’est-ce pas là la clef du bonheur ? Je ne puis penser à plus de perfection. Ce serait tellement beau si je pouvais passer ma journée au lit, à écrire, et en faire mon métier. Mon seul. Et ma richesse.
Pourtant, je n’ai jamais été aussi audacieuse. J’ai opté pour des études de droit. Quelque chose de plus raisonnable. Non pas seulement parce qu’au Liban (comme partout ailleurs comme j’ai découvert dernièrement) on valorise les trois métiers d’avocat, de médecin et d’architecte mais aussi parce que j’ai toujours été habile avec les mots et eu la patience de lire pendant des heures. Et j’aime cela. J’ai fait ma licence. Et puis mon master. J’ai bien réussi. J’ai été convaincante. Convaincue ? Un peu moins.
Et puis un matin… je me sens morose. Parce que je réalise que je tombe dans mon propre piège. Et qu’avec mes examens, mes diplômes qui s’imposent sans que je ne puisse m’y opposer, et ces choses sérieuses qui se succèdent, je comprends enfin qu’une vie d’artiste ne sera simplement pas pour moi. Et ces journées passées dans le parc, dans la rue ou dans un bus à attendre ma prochaine histoire seront futures ou ne seront jamais.
Je réalise que je serai comme ces peintres qui se feront connaître après la mort. Et l’idée me fait sourire. Car ce serait trop espérer. Je serai comme ces gens là qui se disent que leur profession n’est que provisoire, qui se noient dans le succès, qui ajournent leur passion, pour enfin la perdre avec le temps à défaut d’avoir le temps de l’épanouir, qui se réveillent un jour avec l’envie folle de peindre, de chanter, d’écrire leurs émotions… mais avec le talent perdu.

dimanche, février 15, 2009

Quatre fois plus

C’est vrai que j’ai le caractere qui change tres brusquement… C’est vrai que je passe du mon tres haut a mon tres bas en l’espace d’un battement de paupieres… Et c’est vrai qu’on m’accuse d’etre folle quelquefois. Avec le temps, j’ai appris, non pas a controler cet aspect de moi, mais a le reconnaître. Avec le temps, je me suis entrainee a identifier ces moments de « folie » et a eviter tout contact avec les gens « normaux ». Parce que la norme se determine, malheureusement, par le nombre. Si la majorite des personnes agit d’une certaine facon, tout comportement oppose ou simplement deviant sera marginalise.
Ce qu’ils ne savent pas… c’est que j’aime. J’aime qu’on dise que je suis folle. Parce que je n’aime pas comment ils sont. Et etre folle voudrait dire que je ne suis pas comme eux. J’aime etre folle. C’est sans doute ce qui me rend d’autant plus folle. Et encore plus parce que j’en parle publiquement. Je le suis donc 3 fois plus. Merci.
En plus, il y a un certain aspect pervers a la folie. Une certaine excuse qu’aucune maladie du monde ne procure. Quand on est fou, on peut faire ce que l’on veut. Et on serait excuse illico. Car on ne peut pas blamer les fous. Ils ne savent pas ce qu’ils font.
Pourtant, j’ai un peu honte de le dire. Honte, parce que je trouve que c’est pretentieux de s’attribuer la folie. Pretentieux dans le sens ou ce serait comme si l’on se considerait unique dans son genre, unique car different des autres, des personnes normales. Je ne voudrais pas avoir cette pretention de me considerer folle. Je suis trop modeste pour cela. Et je ne suis en rien unique. Alors je prefere souvent ne pas me prononcer sur le sujet… je ne sais pas si je suis folle ou pas. Je suis folle, mon jugement n’interesse pas.
Certains diraient que je le suis carrement. Et que le dernier passage de mon texte le prouve puisque je trouve que c’est pretentieux de se considerer fou. Et bien dans ce cas, je le suis 4 fois.

samedi, février 14, 2009

Pourvu q'elle soit vraie

Le premier jour, mon regard se promenait de visage en visage. Certains visages me repoussaient car j’y decelai de la pretention, de l’orgueil et de l’exageration. D’autres me laissaient indifferente. Et d’autres encores m’inspiraient confiance par leur conformite a des traits qui m’etaient familiers.
Mais deux visages en particulier m’attiraient l’attention. Deux visages de deux filles de mon age à peu pres ne faisaient que m’agacer. La premiere fille utilisait de grands gestes et des expressions de clown pour raconter la moindre histoire. L’autre avait les cheveux blonds et soyeux que j’ai toujours voulu (en vain) avoir et les memes bottes que moi achetees en soldes chez zara. Et cela suffisait pour que je ne la trouve point sympathique.
Je restai silencieuse et ressentai tantot de la jalousie qu’elles soient deux dans cette ville ou je suis seule, et tantot de la mefiance due a mes relations passees avec le meme sexe qui ont presque toutes deboute en un echec.
Mais petit a petit, et contre mon gre, je realisai ce que je ne voulais precedemment avouer. Ces filles la, meme grecques, meme etrangeres, meme belles de facon irritante, me ressemblaient de caractere au point que ca me fit peur. Comme moi, elles recherchaient de la compagnie dans une ville qui peut parfois s’averer cruelle, comme moi, elles avaient peur des autres et peur d’etre trahies ou blessees, comme moi, elles m’ont detestee le premier jour, et ont deteste mon accent qui roule, comme moi, elles ont pense que j’etais la derniere avec qui elles aimeraient nouer une amitie... Et comme moi, elles y sont tombe.
A Paris, il y eut Alix. Et du Liban je garde des souvenirs de ces filles qui m’ont marquee. Du liban, je garde le gout particulier de Beyrouth, des confidences et des secrets du banc en bois situe a droite de l’entree principale de la fac, des soirees dans notre bar favori, des cafes dans le seul mall de la ville, des attentes en groupe de resultats d’examens qui se font inaccessibles... Sur la page de Londres, j’ecrirai Nina et Xenia. Et si l’amitie me fait peur… je lui donnerai un autre nom. Peu importe. Pourvu qu’elle soit vraie.

vendredi, février 13, 2009

Qui de moi ou du monde est plus mauvais?

Il fut une epoque ou j’ai voulu changer le monde. Avec de tous petits moyens et de grandes idees, j’ai voulu le rendre plus pur et plus naif, comme l’enfant que j’etais. Il fut un age ou j’ai refuse de croire au mal, me fondant sur les rares exemples d’amour qui m’entouraient pour me convaincre que tout le reste d’amour etait…
Il fut un moment ou enfin j’ai realise… que l’Homme est mauvais. Et qu’Homme j’etais. Je laissai tomber ma pretention et mes grandes ambitions, je laissai tomber mon projet et optai pour un autre, totalement oppose, celui d’etre mauvaise, pour ne jamais, dans la deception, devoir plonger.
Il fut un instant ou l’amertume de la vie au visage me frappât. Comme pour me dire que je n’etais a la hauteur de son jeu, que je n’etais pas assez forte et que, malgre mes efforts, je restais vulnerable et fragile.
Cet instant me troublat… presque au point de me faire baisser les bras.

Puis il fut un moment de lucidite. Une lumiere tout a coup se faufilat, portant en elle une nouvelle inspiration qui me plut et me fit sentir que j’etais de nouveau dans le jeu. Je ne voulais plus changer le monde… loin de la. Parce que je n’etais en rien meilleure que ces choses qui me deplaisent. J’ai juste decide que si je ne pouvais le changer… au moins, je ferai en sorte qu’il ne me change jamais.

jeudi, février 12, 2009

Patiente!

Impulsive. Precipitee. Maladroite. Pressee. Que d’adjectifs qui se marient mal avec la patience. La patience est une qualite que je n’ai jamais su apprivoiser. Pourtant, j’essaie. Oui, j’essaie. Mon pere m’a dit de repondre a toutes les questions qu’on me pose par une reponse uniforme qui me donnerait du temps pour reflechir, du temps pour analyser et du temps pour ne plus me tromper. Il m’a dit de repondre, aussi simplement par la phrase suivante : « je vais y reflechir et je vous donnerai une reponse plus tard ».
Ca a bien fonctionne. Le premier jour. Juste avant que je m’impatiente. Et que je sorte des betises du fait de ma precipitation. J’aime les reponses folles, les declarations spontanees, les decisions hatives, les resolutions rapides… qui ne sont jamais tenues. En fait… ce n’est pas vraiment que j’aime cela. C’est plutot du au fait que je ne puis faire autrement. Je suis nee ainsi.
Mais j’envie la patience des patients… j’envie les resultats qu’ils atteignent du seul fait d’avoir reflechi, analyse, attendu. Les bonnes choses arrivent a ceux qui attendent. Quant aux maladroits comme moi, que des ennuis…

Mais la patience n’est pas seulement une qualite reconnue a l’homme. La patience peut aussi etre la qualite d’une ville. Et je ne puis penser a un meilleur exemple qu’a la mienne. Ma ville. Celle dans laquelle j’ai grandi. Celle dans laquelle j’ai fait mes etudes. Celle dans laquelle je suis sortie, beaucoup. Beyrouth. Beyrouth est une ville patiente. Car malgre tous les malheurs qu’elle subit, elle semble toujours sourire, a chaque vois que je la vois. Elle semble dire que la prochaine fois ca ira mieux, que les malheurs passeront, et qu’elle connaitra des jours meilleurs. Elle semble persuadee que demain est un autre jour. Et que demain elle sera plus forte. Beyrouth, je t’admire. J’admire ta patience. Et je suis toujours convaincue que les bonnes choses arrivent a ceux qui patientent. Et je ne connais plus patiente que toi.

Le presque parfait

Dernierement, je fais un reve recurrent qui me perturbe autant qu’il m’agace. Je reve d’un beau bateau, d’un bateau majestueux, sur une mer tranquille et luisante. Je reve d’un bateau sur lequel je retrouve toutes ces personnes que j’aime mais que je n’ai plus l’occasion de voir que pendant des vacances annuelles, organisees bien a l’avance et souvent tres chaotiques, souffrant d’une organisation otant tout le charme de la rencontre.
Je fais un reve horrible qui me reveille en pleine nuit et me laisse a mes pensees souvent noires a minuit… Je reve d’un bateau assez grand pour nous rassembler tous. Un bateau qui tout a coup fait naufrage et me laisse seule dans une mer que je ne voudrais habiter.

Je fais souvent un reve ou je vous vois pour un court moment, avant de vous perdre et de perdre du meme coup mon bel horizon. J’essaie d’expliquer ce reve, de le dissequer et de l’analyser, de le comprendre comme pour le snober, un peu pour etre sure de ne plus jamais le repeter. Mais je ferme les yeux. Et j’y suis. Dans ce grand bateau, m’emmenant de force dans un voyage que je ne veux faire, au bord duquel je retrouve mes plus grandes amours… Et mes craintes aussi.

Je cherche dans un dictionnaire la signification de ce songe que je hais. Je cherche comme pour pouvoir l’effacer. Et je comprends, enfin, pourquoi je le fais. Je comprends que j’ai une peur profonde et bien encree, celle de perdre ma pesanteur, ma raison d’etre, mon origine… bref, les personnes que j’aime. Vous.

Et je ne puis m’empecher de reflechir a cette fatalite. Ce sort lance a l’amour et qui ne puis s’en dissocier. Est-il possible d’aimer sans etre hante par la peur de perdre la personne aimee ? Est-il possible de vivre dans un monde ou l’amour est simple, sur, garanti, comme cette mer luisante et calme, juste avant le naufrage ?

Presque parfait. L’amour est presque parfait. On ne peut tout avoir dit-on a cette femme qui a reussi sa carriere mais echoue son mariage. On ne peut tout avoir dit-on a cette autre qui a sacrifie ses etudes pour elever ses enfants. Mais on ne peut tout avoir meme quand on a les deux… car tout au fond de nous, une peur profonde et tetue, comme un sablier, ne cesse de nous rappeler que tout est ephemere. Je ne sais pas si j’aime l’amour. Car j’en souffre autant que je m’en rejouis. Mais je sais que sur ce bateau, tout au fond de moi, je voudrais etre. Car vous y etes.

A mes amours eparpillees en geographie. Mais unies dans mon coeur... Et dans mes reves.