mercredi, décembre 22, 2010

Heathrow

La meteo annonce une nouvelle tempete. -17 degres la nuit et la temperature pourrait monter jusqu'a -6 le jour. La joie.

Mes amis se precipitent pour faire les courses, acheter un dernier cadeau oublie pour Noel, ranger leurs valises, finir leur dernier meeting et se diriger vers Heathrow puis vers Istambul, Athenes, NYC ou Beyrouth passer Noel aupres de leurs familles.

Samedi, mes amis ratent leur vol. Mais ils insistent. Passent la nuit a l'aeroport. Pour tenter une seconde chance dimanche. Le scenario se repete. Et le lundi est aussi malchanceux.

Mardi, 3 jours apres la plus grosse tempete, je me dis que je devrais y aller. Un vol supplementaire, m'a-t-on dit, devrait faire l'affaire.

Sur le sol, des familles en chaussettes dorment, recouvertes de papier alluminium.

Des enfants crient la bouche ouverte.

Une femme tente de calmer son enfant qui se debat entre ses bras.

Des vieux epuises. Une claustrophobe. Un homme en bequilles dans la foule.

Et dans un coin, un groupe de jeunes libanais pathetiques se plaignent et font divers coups de fils a x et a y qui aurait un piston et serait createur d'avion.

Oui un groupe de libanais jeunes, naifs, betes, gates, dramatiques qui s'agitent et qui se plaignent et qui pleurent et qui implorent l'idee de ne pas pouvoir rentrer a Beyrouth a temps pour l'anniversaire d'un copain ou Noel (qui est dans 4 jours!).

Un groupe de libanais qui fait une scene de tout et de rien et qui considere deja la possibilite de partir via paris ou frankfurt comme sil s'agissait d"une guerre.

Mon regard passe de la femme elegante, sereine, paisible nourissant un enfant qui pleure les larmes de son corps et tremble de froid au groupe libanais qui me fait honte.
Honte de moi.

Alors je fais demi-tour, je porte mes 4 valises et demi et je rentre chez moi. Il ya des urgences plus urgentes que moi.

dimanche, décembre 12, 2010

Mon ange de Liverpool Street

Je crois que je vieillis. Parce qu’à peine minuit passé, mes yeux commencent à se refermer et mon lit devient ma plus grande obsession. Ceci dit, il est souvent difficile de s’échapper, quand nos amis beaucoup plus énergétiques, crient fièrement que la nuit vient de commencer. The night is young, and so are we… disent-ils. C’est bien. Mais moi, je veux rentrer me coucher.

Je feins un passage urgent aux toilettes, j’emporte mon sac et je m’éclipse. Je fais souvent cette petite comédie pour prétendre le lendemain un certain malaise récurrent. Les samedis soirs.

Une fois dehors, le froid pénètre ma peau jusqu’à mes os. Il fait -6 degrés. Peu importe. Il fait tellement froid que quelques degrés en plus et en moins ne pourraient faire la différence.

Je cherche un taxi. Mais la période des fêtes cumulée au fait que c’est samedi rend la mission impossible. Dans ma robe inappropriée pour cette période de l’année, je tremble et je prie qu’un miracle se produise pour que je puisse rentrer.

Trente minutes s’écoulent et je suis toujours là, immobile, gelée, tremblante, ridicule, sur un croisement de rue qui me semble complètement délaissé. Aucune voiture, aucun signe de vie, même pas un bruit.

Je veux appeler un taxi, mais la batterie de mon téléphone meurt pour se joindre au sommeil de la ville. Mes pieds me font mal, j’enlève mes chaussures. Tant pis pour mes collants.

Plus les minutes passent et plus je commence à désespérer. Et entre retourner vers la boite joindre mes amis dans un autre monde et contempler le vide, j’opte pour le second choix.

Je fais une prière opportuniste – je ne prie que quand il s’agit d’une urgence – pour qu’un ange apparaisse… dans un black cab.

Et surgissant de nulle part une voix que je n’attendais plus me sortit de ma détresse.

C’était celle d’un homme qui passait. Il me soupira avec un sourire complice qui comprenait tout que mes chances de trouver un taxi là où j’étais étaient complètement nulles. Il me proposa de marcher avec lui vers une rue qui - selon lui - était remplie de taxis.

Suivre cet étranger en plein milieu de la nuit, dans une ville déserte et en tenue légère relevait bien évidemment de la pure folie. Mais je n’avais pas le choix. Et j’avais mal aux pieds.

Je l’ai suivi. Il parlait. Je ne l’écoutais pas. Il rigolait. Je ne comprenais pas. J’avais peur. Et j’avais toujours mal aux pieds.

Quelques mètres plus tard, il m’a fait découvrir l’emplacement secret des taxis du samedi soir. Il me souhaita une bonne nuit. Et il disparut aussi subtilement qu’il n’avait apparu. Il m'avait aidee comme ca. Par pur altruisme. Sans demander mon nom, mon numéro de téléphone, mon adresse. Sans même s’attendre au moindre remerciement. Mon ange de Liverpool Street.

dimanche, décembre 05, 2010

Une italienne

L’amitié dans un monde sauvage et étranger n’est pas la chose que l’on acquière en premier. Parce qu’au-delà de la barrière culturelle à dépasser, il est difficile de cerner, de comprendre, de faire confiance et de se donner quand on ne sait rien de la personne approchée.

Je l’ai rencontrée aux toilettes de la banque, et ce sont ses chaussures que j’ai remarquées. Parce qu’elle portait les mêmes ballerines que moi, achetées dans un marché vintage de l’Est de Londres. Et la coïncidence fut notre première connexion. Ensuite, il y a son accent qui me fait rire, sa gentillesse et ses gestes d'un personnage de bande dessinée.

Les cafés, les déjeuners et les pots se succédèrent. Nos cœurs n’ont pas tardé à s’ouvrir et à se vider. Italienne. Mais je n’aurais pas pu trouver une personnalité plus identique que la mienne.

Un sujet en particulier me marqua. Ses parents sont mariés depuis 35 ans. Comme les miens. Et ils ont respectivement les mêmes âges que les miens. Quatre enfants aussi. Et le même ciment qui les unit que celui entre mes frères, ma sœur et moi.

J’ai vu en elle tout ce qu’on dit de moi. Une attitude naïve. Et des sentiments exagérés pourtant naturels. Des yeux qui s’extasient et qui s’émerveillent pour un café, pour une fleur et pour la neige. Une confiance immédiate envers tout le monde. Tant pis pour les trahisons. Et surtout, un perfectionnisme souvent destructeur.

Elle m’a décrit la relation de ses parents. Une fidélité qui va de soi. Une fusion absolue. Un support réciproque et sans limite. Une attention dirigée vers les enfants. Un effort continu et à deux. Une identité sociale de couple. Et jamais… jamais… des soirées en solo.

Pourtant, la vie à Londres voudrait autrement. Parce que les jeunes couples semblent très protecteurs de leurs identités respectives, de leurs sorties en célibataires avec les amis les jeudis soirs. Les couples modernes semblent inaptes de faire des concessions et très distraits par ce qui se passe autour et par la possibilité d’un mieux ailleurs. Et à force de rechercher quelque chose de meilleur, ils se retrouvent seuls et se disent heureux, épanouis, libéralisés.

Notre troisième verre de vin et le déjeuner achevés vers dix-huit heures, on se sépare devant la station de métro, et je marche vers chez moi. Nos propos échangés sur notre perception de la vie, de l’amour, du couple, des enfants me laissent perplexe. Parce que je me demande si c’est une bénédiction ou une punition que d’avoir ces idéaux à atteindre. Puisque les vivre ne me semble plus être une évidence.

mardi, novembre 23, 2010

British affair

Un instinct animal que je perds d’humaniser, des narines qui se promènent rien que pour mieux le respirer, une bouche qui caresse sans déjà vouloir embrasser, qui se force à attendre pour mieux plus tard apprécier, des mains qui tremblent alors qu’elles voudraient serrer, des bouches qui se tendent mais qui s’amusent à s’éviter, des yeux qui se draguent sans oser se dirent la vérité, des jambes qui se frôlent et qui feignent s’être trompées, des doigts qui s’entremêlent, des cœurs qui s’impatientent, des regards qui se font flous, un décor qui se fait sourd, des gens autour qui disparaissent, une salle qui danse, des idées qui se bousculent, des rires insignifiants, des paroles maladroites, des jambes qui s’accélèrent, un taxi qui s’interpelle, des promesses dans les oreilles, une séparation qui s’impose pour échapper au réel.
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mercredi, novembre 10, 2010

Une femme. Surtout.

L’indépendance de la femme a souvent été une cause adoptée par les divers activistes pour le droit de la femme.

L’indépendance a toujours été une aspiration personnelle. Parce qu’au-delà de la sécurité qu’elle procure, elle est un instrument de force. Et par indépendance, je parle surtout de l’indépendance financière, qui elle, dans une société plus ou moins libérale, entraine toute autre forme d’auto- suffisance.

Je dois à mes parents de m’avoir offert cette possibilité de choisir et les qualités requises pour pouvoir accéder par le travail et l’ambition à une identité propre.

Mais je leur dois surtout de m’avoir fait grandir dans un environnement qui prouve que le projet de famille n’est pas seulement le projet le plus difficile à réussir mais surtout, si réussi, le plus gratifiant.

Dans une ville individualiste qui valorise le travail, le succès professionnel et l’argent, dans une ville où l’on court et l’on adopte le mode de vie idéalisé et approuvé par le regard de l’autre, dans une ville où l’on est dupé à se considérer bien rémunéré quand on vend sa jeunesse, ses jours, ses nuits et son corps, je me demande où se place la famille.

Parce que je rencontre des femmes qui considèrent avoir réussi leurs vies alors qu’elles sont seules. J’entends parler des femmes qui veulent à tout prix prouver qu’elles n’ont pas besoin d’un homme pour être heureuse et que l’existence de ce dernier n’est qu’une décision dépendant de la conjoncture.

Je suis d’accord. Aucune femme ne devrait rechercher la compagnie d’un homme juste pour se retrouver dans un couple quand les bases solides y manquent et que les sentiments font défaut.

Mais quand la bonne personne se présente, quand le projet de famille se discute, quand la possibilité d’être en couple existe et que toutes les bonnes intentions y sont pour la faire réussir, une femme doit être une femme en premier, et indépendante de façon accessoire.

Parce que je n’y crois pas à leur bonheur plastique. Je ne crois pas en la stabilité d’une carrière. Je ne crois pas au bonheur de l’argent. Je ne crois pas aux amis de passage. Je ne crois pas au bonheur, tout court, quand celui-ci n’est pas partagé, je ne crois pas à la force de faire face à la vie quand on n’est pas accompagné, ni aux soirées folles quand on est seul devant sa télé, ni à la passion sans disputes et réconciliations, je ne crois pas à une vieillesse sans compagnon et je ne vois aucun sens à la vie sans une famille.

Je veux bien que la femme soit indépendante. Mais s’il fallait choisir entre être indépendante et être une femme, je choisirais sûrement la seconde.

Feuilleton Turc

9 heures du matin. Novembre. Ce matin j'ai officiellement declare l'arrivee de l'hiver. Jusque la, mon manteau faux-vintage, mes gants et mon bonnet refusaient de se deplacer au pretexte que c'est une journee froide de passage. Mais au bout de 15 journees glaciales consecutives, la verite, difficile a avaler, s'est imposee.

9 heures du matin. Je ne veux rien faire a part boire mon cafe et lire le journal libanais en ligne. Mais ma collegue ne manque jamais de venir me voir pour me raconter son cauchemar de la veille.

Et ce jour la est particulierement malchanceux. Car apres qu'elle m'ait decrit son cauchemar, dans les moindres petits details, elle a continue par me raconter les peripeties du feuilleton turc qu'elle suit depuis quelques mois. Je fais preuve d'un pouvoir de concentration surhumain pour survivre son reve, ses bras qui font une brasse dans le noir de la nuit, une nage dans le ciel qu'elle n'arrivait pas a interpreter. Elle demande mon avis mais franchement, des reves je n'en fais pas, et je n'ai pas de diplome en psychologie. Ensuite elle me parle d'un viol, d'un mariage, d'adultere et de violence sur ecran ...

Elle en parle comme si les protagonistes existaient en realite, comme si le feuilleton racontait une vie et comme si les evenements de ce feuilleton turc la revoltaient vraiment. Moi, je m'en fous. Mais j'ecoute. Parce que mon coeur ne peut qu'etre touche par cette femme de cinquante cinq ans qui rentre chaque soir chez elle, se retrouver seule, regarder la tele (etrangere en plus) et manger exactement la meme chose que la veille.

Je souris, j'ecoute, je commente, je reagis. Parce que je ne peux que sympathiser avec ce personnage. Et au fond de mon coeur, en retenant mes mots pour qu'ils restent muets et discrets, je me fais une promesse que jamais jamais je ne regarderai des feuilletons. Parce que je ferai en sorte que ma vie a moi, dans ses betises et ses contradictions, dans ses faiblesses et ses faux-semblants, dans ses reves et ses passions, dans ses amours et ses deceptions, dans ses promesses et ses trahisons, soit le plus turc des feuilletons.

Nb: Veuillez bien excuser le manque de ponctuation. Ce message a ete ecrit dans une station.

samedi, octobre 16, 2010

La balançoire

Je me souviens d’un arbre. D’un arbre énorme sous lequel petits on jouait. Une légende disait qu’il avait cent ans et qu’il connaissait nos grands parents. Alors on lui chuchotait toute sorte d’histoires, ces secrets qu’on voulait qu’il garde. Cet arbre imposant et immortel.

Je me souviens d’une balançoire. Mes pieds ne touchaient jamais le sol. Je demandais qu’on me pousse loin, très loin jusqu’à ce que je sente le vent dans mes cheveux et la peur délicieuse de tomber.

Je me souviens d’un garçon très beau. Un garçon que j’aimais. Et quand on jouait à cache-cache, c’est avec lui que je voulais toujours me cacher.

Je me souviens d’un restaurant qui offrait des crêpes succulentes. Des crêpes au beurre et au sucre. C’était mon meilleur pécher.

Je me souviens de ce bar auquel plus tard j’allais. Un bar où je retrouvais tous mes amis, tous mes prospects.

Je suis retournée, des années plus tard, revisiter ces moments du passé. Mais l’arbre n’était pas aussi grand que racontaient mes idées. La balançoire pas aussi haute. Et le garçon très laid. Le bar m’a ennuyée. Et les crêpes étaient devenues immangeables.

Je retournais, déçue, à mon présent qui jusque là était décoré par les étincelles de mes souvenirs. J’en voulus à ma mémoire qui m’avait trahie. J’en voulus à mon imagination, qui, elle, sans invitation quelconque, est venue mélanger le vrai et l’irréel.

J’aurais du laisser faire… j’aurai du y croire puisque je vis de ces faux-souvenirs. J’aurais du continuer mon chemin, garder l’étincelle, raconter ces délices de mon passé, emprunter à ma mémoire, rajouter de mon imagination, un peu plus à chaque fois que j’y pense et encore plus à chaque fois que je les raconte, me réjouir de ce bonheur faux mais agréable quand même, sourire, avoir les étincelles dans les yeux et y puiser la force pour continuer, l’espoir de les restituer…

Parce que c’est en remuant le passé, en recherchant des preuves quand l’échéance s’est écoulée, en remettant en cause la précision des souvenirs que l’on détruit ce qui restait dans notre cœur affamé.

Les souvenirs appartiennent à une époque passée. A une phase terminée. A une période irrécupérable. Les souvenirs doivent rester là où ils ont été laissés. Même quand ils ne sont vrais qu’à moitié. La page doit être tournée. Et quand on essaie de les ressusciter, on finit par les tuer. Et notre histoire avec, mon amour, et ca c’est la pure vérité.

lundi, octobre 11, 2010

La boite

C’est une boite désordonnée. Dans laquelle je jette quand je rentre boucles d’oreille, bagues et bracelets. Tout est entremêlé. Surtout les colliers.

J’essaie d’en tirer un bijou… mais tout sort à la fois. Alors du coup je jette tout. Et je préfère le nu. Les objets ne sont traités avec aucune délicatesse et n’obéissent à aucun ordre en particulier. Tout se mélange pour créer un tableau magnifique de confusion.

Ces bijoux enfermés dans une boite, sans identité quelconque et sans séparation propre de leurs pairs, n’existent pas pour moi. Ils ne sont pas vivants. Ils dorment et se reposent docilement, s’enferment sans combat et observent le plus profond des silences.

Ils ne viennent à existence que lorsque pour aller avec ma robe noire, je cherche mes perles blanches. Alors je cherche, provoquée par le besoin, par la robe, par le thème de la soirée, par mon humeur, par mon envie, par cette idée qui me vient… cette idée de plaire à une personne en particulier. Et personne d'autre.

Alors forcément, un seul objet se dissocie des autres, sort de sa prison et existe le temps d’une soirée.

Dans une autre boite tres similaire - parce que j'aime bien les boites, elles créent l'illusion de netteté - mes sentiments. Mes sentiments qui, comme mes bijoux, s’entremêlent sans cesse et se rangent, respectueux de la discipline imposée.

Mais un incident se produit. un analogon rejaillit. Toi. Toi qui me force à ouvrir la boite, à fouiller, à chercher ce qu’il me faut de porter… Je me retrouve à puiser dans un désordre qui fait souffrir, en quête du bijou le plus précieux. Et je retrouve cette sensation longtemps ignorée qui me revient sans préavis comme pour me rappeler que si le silence s’impose, la vie ne s’arrache pas. Et que le sommeil, avec le bruit, s'interrompt aussi.

The secret

C’est un livre que je lis. The Secret. Le secret… Parce que les choses que je sais ne suffisent plus. A dépasser, snober, survoler ce que la vie raconte. Cette bavarde. J’ai besoin d’un secret.

C’est un livre qui enseigne comment les idées provoquent les choses et le fait que quand une idée nous passe par l’esprit, plus on la réfléchit, plus on l’habite et plus elle « est ». Du verbe être. Plus elle existe. D’exister. Et plus elle devient.

On réfléchit profondément. On imagine. On visualise. Et ca devient. Comme par magie. Par la force de l’esprit. Par la pesanteur de l’être.

Et je réfléchis… le livre… et les méthodes de concrétiser mes pensées en faits. En acte. En histoire. En avenir. Alors je te pense. Je te réfléchis. Je te visualise. Je t’imagine assis près de moi. Et je vérifie illico si mon idée s’est réalisée. Mais deux secondes ne suffisent jamais …

Sur le bras droit de mon cousin l'artiste, sont tattouées joliment , trois lettres. Y, E et S. Trois lettres qui veulent dire « oui ». parce que le Oui ouvre autant de portes que le non ne ferme à double tour. Dis oui.

Et de la musique. De la musique qui ne prétend pas être positive. De la musique qui se fout de transformer les idées en choses… De la musique qui se suffit d’être, d’être impuissante, vulnérable et fragile.

Je n’essaie pas de me changer les idées. Tant pis pour le secret. Parce que dans la nostalgie que tes chansons me mènent, dans cette tristesse, ces remords, ces voyages, tu es. Et je choisis ta souffrance au bonheur des autres.

mardi, septembre 21, 2010

Blasée

Voilà c’est fait. Ce qu’on avait juré ne jamais voir arriver. Cette période de silence insupportable qui nous est imposée par la force des choses. Je l’avais entendue dans une chanson, il y a longtemps, cette phrase qui résume tout : « je préfère l’ignorance aux mauvaises nouvelles ». Oui. De loin.

Mais l’ignorance est difficile à accomplir. L’information est partout. Même les yeux fermés, même les oreilles bouchées, même le cœur drogué, j’entends, je vois, je sais. Et surtout je sens. Je te sens partout. Je te vois partout. Parfois pour de vrai. Et parfois non.

Alors je m’occupe. Je plonge la tête dans le travail et dans les études. Je lis des choses drôles. Je sors. Beaucoup. Je me crée une nouvelle personnalité. Je raconte mon passé. Mais il y manque une partie. Une partie qui dure trois années. Trois années cachées. Fausse-oubliées.

Je me dis blasée. Car plus rien ne me touche. Plus rien ne me plaît. Plus rien ne me passionne. Plus rien ne me fait vibrer. Ma peau est anesthésiée. Mon cœur dur comme la pierre. Mes yeux vides. Mon sourire forcé. Et mes rêves brûlés. Doucement. Ca fait plus mal.

Et quand l’ignorance que je choisis m’obéit, alors je me retrouve à rechercher dans mes archives, comme une hystérique, photos et vidéos et souvenirs… je sais que ca va me faire mal. Mais je le fais quand même. Presque exprès. En recherche de sensations vraies. Comme pour prouver que j'existe. Encore.

Je me force à me dire que c’était faux, moche, vulgaire et exagéré. Je m’entends dire, le rire qui s’échappe entre des dents serrées, que j’étais bête, naïve, triste. Mais non. C’était tout simplement beau.

Puis je replonge, comme pour noyer mon cerveau et ma mémoire, comme pour les fatiguer au point de les tuer, comme pour les user… dans le travail.

mardi, septembre 14, 2010

Complicité

C’est une ville qui veut accélérer le rythme de la vie. Comme si celle-ci n’était pas assez rapide de nature. C’est une ville où les salades sont à emporter, les déjeuners à même les bureaux entre deux emails, les verres avalés avec des collègues en dix minutes chrono pour un but autre que purement altruiste, le métro plus rapide que l’éclair, les mots en monosyllabes, les bonjours hâtifs et les vêtements achetés en ligne.

C'est une ville où l'on trouve à peine le temps d'appeler ses parents. Juste assez de temps pour leur dire "je vis".

Le matin, les gens courent. Tous. Comme si des quelques minutes gagnées (ou perdues) dépendait leur destin. Et quand tout le monde court, j’ai du mal à ralentir le pas. J’entre dans la course. Mais paresseuse de naissance et libanaise de sang, je suis perdante toujours.

Le retour du boulot est le plus douloureux. Parce que mes yeux compétitifs et mauvais perdants veulent bien prétendre être dignes de ce rythme, mais ils se referment inlassablement et naturellement… malgré tous mes efforts de concentration.

Puis je cours. Je cours pour rentrer. Je cours pour gagner quelques minutes de sommeil. Dont dépendrait aussi mon destin.

Un feu rouge m’empêche de traverser. Et je lui en veux. Mais qu’est-ce que je lui en veux de me voler ces secondes précieuses. Pourquoi à mon tour? Surtout que lui s’en fout… il n’a même pas à se déplacer. Il reste immobile à longueur de journée. La belle vie.

Alors je regarde autour de moi. De force puisque je ne peux traverser. Il fait bon. Un vent léger qui caresse au lieu de fouetter. Un ciel presque rose pas encore, dans la nuit, plongé. Des arbres. Des immeubles à l’architecture immaculée du temps où les gens… prenaient leur temps. Des cabines téléphoniques rouges à carreaux qui souffrent de solitude depuis que les téléphones courent aussi.

Sur les poteaux, le signe cc de coco chanel, du temps où quand on aimait, on l’exprimait partout dans la ville. Du temps où quand on aimait, on le criait.

Des gens qui courent. Qu’est-ce qu’ils sont ridicules. Marchez …

Des enfants qui reviennent de l’école vêtus d’uniformes bleus marine superbes, de képis, de cravates, de chemises blanches d’un blanc du plus propre repassées avec une patience paradoxale qui saute aux yeux. Des enfants qui sans doute racontent à leurs mères pressées les moindres petits détails, de la jolie maitresse à la petite chipie.

En face, la rue où habite mon premier amour. Celle que j’évite chaque jour, gracieusement, presque instinctivement, par le plus grand des détours.

Sur le sol et dans un coin discret, un mendiant qui, comme moi, observe les gens brûler le temps qui passe. Et se bruler les doigts avec. Un mendiant qui, lui, au contraire, ralentit le temps. A la bouteille.

Et puis le feu. Toujours là, debout, immobile, ne se lassant jamais de la comédie. Et venant de m’offrir, depuis des mois, mon premier moment de lucidité. Entre le poteau et moi, un tout début de complicité ...

vendredi, septembre 03, 2010

Plan B

On dit souvent qu’on habite une langue, plutôt qu’un pays. En connaitre le vocabulaire, dans sa richesse et sa profondeur. En connaitre ses subtilités et ses expressions insensées. En connaître ses racines, son origine, la prononciation de ses syllabes et la conjugaison de ses verbes …  Faire des fautes d’orthographe. Et de grammaire. Utiliser un mot au mauvais endroit et dire une pure connerie sans le réaliser. Pouvoir demander son chemin, s’acheter un café et dire qu’il fait beau.

Oui, je comprends très bien le rationnel derrière une telle affirmation. Pouvoir se plaindre, protester, discuter sur un bar, demander de l’aide, exprimer son amour et… se faire comprendre. Quoi de plus pour se sentir bien intégré ? Quand on est compris. Quand les mots ne souffrent plus pour sortir. Quand le tout vient naturellement …

La langue est ce que l’on peut acquérir de plus précieux et de plus profond d’un pays. Comme un cadeau de ses ancêtres, comme une preuve de son histoire, comme une expression de sa personnalité, comme un objet que l’on transmet, comme une convention implicite de solidarité… comme un secret mal gardé.

Je connais la langue. Et ce pays ne peut plus se prétendre étranger. Parce que j’ai tout fait pour l’apprivoiser. Pour le connaître. Pour lui voler ses secrets. Doucement. Pour le sentir de plus près. Pour lui donner en retour aussi. Un peu. Moins.

L’aisance de la communication nous rend vite complice. Et les contributions sont réciproques. Je lui raconte d’où je viens. Il s’en fout. J’écoute surtout ce qu’il dit. Il paraît qu’une Reine y vit. Quelque part. Que les gens aiment beaucoup la bière. Que sa couleur préférée est le gris. Que son métro pue la sueur. Et que le parc est possédé par les écureuils.

La langue devient mienne. Et le pays aussi, du coup. Je réfléchis en anglais désormais.
 
Mais un jour, dans une rue qui me semble tout à coup étrangère, et dans un pays qui s’en fout comment je vais, j’oublie la langue et son histoire, les saucisses, le gris et les écureuils.

Je veux prendre mes cliques et mes claques, et aller retrouver mon plan B. Parce que l’avantage d’être étranger… c’est que l’on peut toujours retourner chez soi quand ca ne va pas. Là où quand on est fâché, les rues chuchotent des mots gentils… en arabe.  Et en français. Là où l’on n’a pas besoin d’apprendre la langue pour habiter le pays. Parce que la langue je la connaîs. Et le pays coule dans mes veines.

jeudi, août 12, 2010

Le goût du thym sauvage.

Ma première expérience de la liberté fut à un très jeune âge. Quand ma mère travaillait, elle déposait mes frères, ma sœur et moi chez ma grand-mère. Et j'avoue qu'il n'y avait rien de plus amusant.

Parce que chez les grand-mères, les règles n'existent pas. La liberté est poussée à l'extrême, et même si elles étaient strictes avec leurs propres enfants, elles deviennent tolérantes avec leurs petits enfants. Tout est permis. La glace, les chocolats par dizaines, les randonnées dans les bois, les soirées tardives, le bruit, le bricolage, les jeux qui salissent la maison, la peinture sur les murs et sur le sol etc.

Ma grand-mère nous emmenait faire des promenades, cueillir des coquelicots et des cyclamens, manger des framboises sauvages et des pommes arrachées directement à l'arbre, tremper nos pieds dans la rivière, ramasser des coquillages et des pierres de toute sorte. Elle connaissait le nom de toutes les fleurs et était aussi impressionnée que nous par les objets sans valeur trouvés dans la forêt. Souvent, on allait à la recherche du thym sauvage pour le sécher au soleil sur une table couverte d'une nappe blanche, le mélanger avec des grains de sésame et enfin le mettre dans un bocal.

Les grand-mères savent ce qu'aiment les enfants. Et surtout... elles gardent ces aventures secrètes et cachées des mamans.

A Londres, les enfants ne semblent pas avoir cette chance. Parce que je ne vois jamais des coquelicots, ni du thym sauvage, ni des coquillages, ni des grand-mères... A ma pause déjeuner, je me suis assisse sur un banc en face de la porte principale du bâtiment gris et imposant dans lequel je travaille. La responsable de la garderie promène les enfants des banquières qui n'ont personne pour s'en occuper. Elle les tient avec une laisse accrochée au poignet.

Ces enfants-là n'ont aucune liberté. Et leurs promenades se limitent à un aller-retour pathétique en face de l'entrée. La laisse me révolte. Mais je comprends son utilité. Elle protège les enfants de tout danger extérieur.

La liberté est en effet très dangereuse. On grandit avec l'impatience de l'acquérir dans son acceptation la plus poussée. On grandit avec l'envie indomptable d'être indépendant financièrement, libre de faire ses propres choix, et léger comme l'air.

Mais la liberté est beaucoup plus difficile que ce que je m'imaginais... et parfois, j'aimerais bien avoir une laisse autour du poignet. Parce que plus on est libre, et plus on est exposé aux erreurs. Plus on est indépendant, et plus il faut assumer ses fautes. Plus on est maitre de ses décisions, et plus on en est responsable.

La liberté cause des griffes sur les genoux.

Pourtant... même si elle fait peur, même si elle est parfois difficile à supporter, même j'ai souvent envie qu'on décide à ma place, même si je voudrais parfois retourner chez mes parents, sous leur toit qui me protège et leur œil tendre et protecteur, même si j'aimerais pouvoir dire aux gens qui me blessent que je vais tout raconter à mon père et qu'il leur donnera une bonne leçon, je ne pense pas que je pourrais m'en débarrasser. Parce que la liberté s'apprivoise. Et le danger est intoxicant. Et surtout parce que j'ai vu les coquelicots. Et parce que j'ai dans la bouche, depuis un très jeune âge, le goût du thym sauvage.

lundi, août 09, 2010

Malgré tout.

Un samedi soir… Une soirée spontanée pendant laquelle tous les plans tombent à l’eau pour laisser place à d’autres qui s’avèrent encore mieux.

Il fait beau à Londres. Et c’est déjà exceptionnel. D’abord les retrouvailles avec mes copines après nos vacances respectives. Ensuite des cocktails. Très bons. Aux fruits et à la glace. Assez d’alcool pour mettre de bonne humeur et pour donner le sentiment que le weekend dure cent ans.

On discute, on rit. Une conversation mène à une autre et je ne puis me souvenir exactement du fil d’idées qui nous a menés au sujet complexe des relations abusives. De ces femmes nombreuses, et d’hommes qui se retrouvent dans des relations déséquilibrées et abusives où l’équilibre fait défaut et l’abus constitue la règle du jeu.

Pourtant, si j’ose dire, on est joyeux et de bonne compagnie en général. Mais derrière les paillettes et les robes estivales qui laissent montrer des jambes nues et bronzées, de vraies identités corrompues par trop d’années d’études ne peuvent s’empêcher de parler sérieusement.

Chacun lance un mot, et on commence à réfléchir aux raisons qui poussent les gens à sombrer et nager dans ces relations malsaines qui poussent à la dépendance. Parce que l’abus, apparemment, comme la drogue, l’alcool, le chocolat et la cigarette, rend accro.

Cette réalité me sembla aberrante à premier abord. Je ne puis comprendre qu’on puisse s’installer dans une situation inconfortable. Et même plus, comment on pouvait accepter qu’elle commence au départ. Où serait la volonté ? La force de personnalité ? L’indépendance dans tout ca?

Les raisons en sont diverses. La peur de la liberté. De ne pas pouvoir survivre en tant qu’individu en société. La dépendance financière. La pression sociale dans certaines sociétés qui discriminent les femmes libres et libérées. L’habitude. La conviction que les choses se passent ainsi et que c’est la norme. L’amour. L’Amour.

Elles se retrouvent à pleurer. A être malheureuses. A se plaindre. A se jurer qu’elles vont faire leurs valises, partir, loin, là-bas, s’échapper du monstre, s’envoler, être enfin heureuses, recommencer une autre vie, faire de nouveaux amis, se changer la coupe de cheveux, le style, faire des études, se trouver un emploi, trouver une identité, tout oublier, voler, planer, danser.

Mais elles restent. Un mot gentil et tout est pardonné. Une caresse et les violences diverses sont envolées. Une promesse et les mensonges sont effacés. Un cadeau et la maltraitance n’a jamais existé.
Leur entourage leur donne des conseils. Les gouvernements créent des organes divers qui interviennent pour les sortir de leur état de détresse. Mais dès qu’on blâme le partenaire abusif, elles se retrouvent à le défendre de plus belle, comme un toxicomane en rechute. Comme un chat sort ses griffes. Comme un chat tout court.

Et ce phénomène écœurant, révoltant et triste me semble tout à coup familier… Car j’en ai vécu, une relation pareille, aussi. Mais dans mon cas, avec mon pays.

Un Liban qui n’offre aucune sécurité. Qui blesse et qui assassine famille et amis. Qui ne procure aucune sécurité financière. Qui nous chasse l’un après l’autre avec le fardeau énorme de la culpabilité. Qui nous trahit par des liaisons diverses. Avec les voisins en plus… Qui nous manipule et qui nous bouge comme des pions de table. Qui met nos enfants en péril. Qui joue avec nos sentiments. Qui est presque tout le temps violent. Qui manque à toutes ses responsabilités de protecteur.

Mais j’en suis dépendante. Dépendante et accro dans ma dépendance. Je le critique inlassablement et je me promets de partir à jamais. Vers de nouveaux horizons peut-être. Toujours là-bas où la Terre serait plus verte…

Et pourtant. Dès qu’on ose le critiquer… Dès qu’il est temps de passer à l’acte dans un mouvement ferme et irréversible… Dès que l’occasion de le pointer du doigt et de le déclarer coupable se présente… Je sors les griffes. Je me souviens de ses promesses… De ses gens. De ses rues encombrées. De ses plages. De son café… De son charme désordonné mais fou. De ses mouvements voluptueux. De ses formes généreuses. De ses fruits au goût réel. Et surtout… du sentiment de sécurité paradoxal qu’il procure.

Malgré tout.

dimanche, mai 02, 2010

Rue Huvelin

Je savais que ca allait arriver... Qu'un jour, quand quelques années seraient passées, on rirait de cette phobie qui revenait inlassablement à chaque mois de juin. Quatre années consecutives. Et parfois même en Septembre. Pour la deuxième session quand on est moins chanceux. On croyait que rien n'importait plus au monde que de réussir cet examen de Droit des pays arabes et ce fichu Droit International Privé. Et on a fini par le reussir. Tant bien que mal. Même si j'avoue, maintenant que j'ai le diplome soigneusement jeté dans un des tirroirs, que je ne sais toujours pas ce que signifie cette notion de Droit qu'on appelait le "Renvoi", qui m'a causé le premier 7/20, qui ou quoi on "renvoyait", où, et pourquoi.

Des années sont passées. Et avec du recul je réalise que ces années passées dans le plus ancien batiment de la rue Huvelin, de 8 a 8 pendant quatre ans, font partie des plus beaux moments de ma vie. J'y repense et je ressens ce chagrin de n'avoir pas su alors combien on était heureux, insouciants, chanceux. Et combien les amitiés étaient réelles.

Je repasse dans la même rue. Et j'essaie de ne pas regarder au delà de la porte principale. Car au-delà que de souvenirs tellement beaux, tellement innocents et tellement naifs qu'ils viennent défier nos vies d'aujourd'hui.

Mais je regarde. Je ne puis m'empêcher. Et je vous revois toutes. J'entends Gaelle qui dit, avec une voix en panique et des gestes qui vont avec, qu'elle n'a "toujours pas commencé ses révisions". Et elle demande à chacun d'entre nous où nous en sommes, panique d'avantage et disparait pour quelques jours... Pour revenir, passer l'examen, avoir la plus haute note et dire "je vous jure que je n'avais rien bossé".

Je revois Darine. Darine la plus sensible. Qui rit, qui pleure, qui se plaint, qui parle, qui s'agite. En même temps.

Je vois Nay. L'éternelle révoltée. La révoltée contre la politique, la fac, la vie, les gens, les systèmes divers, Nay qui veut tout changer et complètement abandonner. Alternativement. Nay dont les grands yeux marrons et ronds, tellement expressifs, ne manquent jamais de vous toucher au plus profond de votre être. Nay qui n'a jamais eu besoin de trop parler...

Je vois Tatiana... Tati. Et l'image qui me reste est celle de toi assise sur le banc. Le notre. Ce banc qu'on s'est approprié à force de s'y être collées. Par l'effet du temps. Et des secrets. Ce banc qu'il faudrait tuer. Tellement il nous a entendues parler. J'aimerais tellement y être.

En discutant avec vous les filles... la vie semble banale. Tout se résout à plusieurs. Avec des têtes bien faites de juristes ayant su garder un grand coeur. Je suis chanceuse d'avoir croisé votre chemin. Et depuis, je n'ai pu dépasser la rue Huvelin.

samedi, mai 01, 2010

Treadmill

Il parait que faire du sport, au moins trois fois par semaine, permet de garder la ligne. Cette ligne que ma main tremblante n’arrive pas à dessiner droite.

Alors je vais à la gym, un pas en avant et deux derrières, armée de ma musique et mes pensées pour brûler au plus vite cette demi-heure que je déteste et que mon corps et ma tête trouvent aussi inutile que fatigante.

Sur le tapis roulant, je copie un chiffre qui s’affiche sur la machine de la voisine. Je marche, vite, je cours, je me ballade puis je cours à nouveau, comme la musique m’ordonne de faire. Je fais des efforts, j’ai le cœur qui bat, je me sens ridicule dans une salle qui me rend claustrophobe. Et malgré toute l’énergie que j’y mets, la pensée que je suis toujours sur place l’emporte sur ma bonne volonté de vouloir mener une vie saine. Je pense à un bon chocolat chaud sur une terrasse, à une belle conversation avec une copine, à un bain chaud et à une bonne nuit de sommeil, à me prélasser fainéante sous le soleil, à un bon cocktail et surtout… à la douce combinaison d’un fondant au chocolat et d’une glace vanille.

Mais surtout… l’image que je ne puis chasser de ma tête réside en ce parallélisme entre ma vie et cette ridicule machine. Parce que dans ma vie aussi, tous les efforts que je mets semblent ne m’emmener nulle part. Ma vie est une pretentieuse treadmill. Alors je m’en vais. Je m’en vais marcher dehors. Même s’il pleut. Car dehors… mes jambes semblent m’emmener là où mon cœur désire. Dehors, même sous la pluie… je vois un avenir. Et les machines remplacent l’Homme.

mardi, avril 27, 2010

J’aime ca

Quand je pense aux belles choses de la vie, aux beaux paysages, aux fous rires, aux secrets, aux conversations, à un bon verre de vin rouge autour d’un feu, à une nage, à une danse, à un plat fraichement cuisiné, à une promenade, à un voyage, à un beau film, à une course, au concert d’un chanteur apprécié, je ne peux que penser aux personnes que j’aime. A une en particulier. Ou à plusieurs.

Elle avait gagné un voyage. Et elle n’avait personne à emmener. Ayant fraichement rompu avec son fiancé de toujours, elle y a vu une bonne opportunité pour avancer. Ca lui changerait les idées s’était-elle dit. Elle qui est si peu aventurière. Et même pas du tout. Elle voulait s’ouvrir à toutes les éventualités. Aller où son cœur l’emmène. Elle dont le cœur était brisé.

Elle a marche sur paris. Dans ses boulevards. Dans ses rues. Elle a longtemps marché au bord de la Seine. Elle a voulu y plonger. Mais son esprit trop rationnel l’en a empêchée. Et elle s’est détestée pour cela. Elle s’est assise au pieds de la tour Eiffel. Elle s’est sentie trop petite. Elle a été à Montmartre. Une chanteuse bohème chantait “le tourbillon de la vie” de Jeanne Moreau. Elle voulait que le moment s’éternise. Elle commençait à apprécier le printemps… Et l’alcool fait oublier le temps.

Elle a marché et s’est acheté une crêpe au Nutella. S’est assise sur la terrasse du café de Flore en essayant d’imaginer les vrais écrivains d’autrefois qui se retrouvaient pour discuter de leurs mots et de leurs joies, qui vivaient pauvres et puis voilà.

Elle respirait Paris. Elle respirait l’air frais. Elle respirait la vie. Elle respirait ce qu’elle était. Mais une tristesse insurmontable qu’elle essaya en vain de chasser la rappela que tout était moche… Quand on n’a personne à qui dire “j’aime ca”.

dimanche, avril 25, 2010

Les grandes personnes

C’était le premier entretien de ma vie. Il fallait faire un CV. Une feuille banale qui prétend résumer, décrire la personne, en donner une idée, détailler le parcours d’une vie, les expériences professionnelles, les diplômes académiques et les activités sociales. Un bout de papier préférablement sur une seule page qui va pouvoir, ou pas, décrocher un job après s’être battu avec d’autres feuilles en format A3.

Un CV est une création de “grandes personnes“. Celles qui, par un calcul simple et rationnelle des exploits intellectuels, de l’âge, de la réputation de l’école, des langues, vont offrir la chance d’un emploi ou la refuser.

C’était mon premier entretien. Et je n’avais jamais imprimé mon CV. Je l’ai envoyé sous forme électronique. Un banquier comme tous les autres, avec rien de particulier digne d’être mentionné, observait mon bout de papier avec le plus grand sérieux. Révoltée, je lui demande ce qu’il a fait avec le reste de la page et pourquoi la seconde partie de la feuille était vide. Il répond simplement que c’est ainsi qu’il l’avait reçue.

C’est alors que je remarquai que mon CV faisait trois lignes, que deux lignes sur trois parlaient de mes passions, et que la première ligne parlait de mon diplôme en droit. Bien sûr, ca ne suffisait pas. Les passions ne font pas partie du calcul. Elles ne sont pas quantifiables. Et peu utiles pour le travail. Je ne pus m’empêcher de penser au petit prince et a ce passage que je comprends tellement que ca me fait mal:

“Si je vous ai raconté ces détails sur l'astéroïde B 612 et si je vous ai confié son numéro, c'est à cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: "Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il préfère ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?" Elles vous demandent: "Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ?" Alors seulement elles croient le connaître. Si vous dites aux grandes personnes: "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit..." elles ne parviennent pas à s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: "J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'écrient: "Comme c'est joli !" Elles sont comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes.“

Alors j’essaie d’être indulgente. Même si je préfère les géraniums, leur couleur, leur parfum et la saison qui les accueille… à cent mille francs. Et jamais les grandes personnes aux enfants.

La vie en parachute

Chute libre. Paysage fantastique. Sensation de liberté. Sentiment de risque. Laisser-aller total. Excès d’adrénalines. Passion pour le danger. Soucis évacués. Perte de contrôle intentionnelle. Amour de l’extrême.

Je n’ai jamais fait du parachute. Je n’ai jamais eu le courage. Et j’ai toujours aimé être en contrôle. Ne dépendre de rien. Tout calculer. Se sentir maitre de son destin. Avoir les pieds bien sur terre. La tete bien devant. Les passions sans risque et peu passionees. Et se demander pourquoi l’on ressent du chagrin?

Faut-il vivre en suivant des directives bien précises qui guident nos actions conformément aux lois de la société, logiques ou pas logiques, rationnelles ou pas, morales ou pas, religieuses ou pas, sympas ou pas? Faut-il les suivre rien que pour être bien intégré, pour être comme les autres, pour avoir la vie facile, pour ne rien regretter?

Ou faut-il vivre en saut de parachute? Se lâcher. Prendre du risque, respirer l’air frais, celui d’en haut, observer la vie des hauteurs, baisser l’œil et la snober, faire des amis parmi les oiseaux, planer aux dessus des nuages et ne voir que le bleu, ne jamais avoir chaud, sentir des sensations magiques, vivre hors la loi… et toucher terre de temps en temps?

Je n’ai jamais fait du parachute. Mais l’idée me plait. Dis-moi, comment c’était?

jeudi, avril 22, 2010

Monsieur M. je te dis tu

Le talent existe toujours. Et peut prendre différente formes, différentes couleurs et différentes intensités. Le talent est soit découvert et développé, soit jamais exploré, soit découvert et ignoré.

J’ai eu la chance de découvrir monsieur M. Un homme exceptionnel qui a découvert son talent. Et qui l’a développé. Un homme qui a pris des risques. Et qui les a assumés. J’ai eu la chance de rencontrer monsieur M., qui a découvert le mien. Et qui m’a poussée à le développer. Écris, me dit-il. Toute pensée. Même banale. Écris toujours n’importe quoi sur un bout de papier. Écris toute petite idée, aussi ridicule soit-elle, aussi inappropriée, aussi bête soit-elle, aussi mal rédigée.

Et j’ai écris. Je n’avais jamais vu monsieur M. Mais notre amitié s’est développée a travers les années. Jusqu’au jour où j’ai demande à le voir. Et il a accepté.

C’Était un Vendredi. Le Vendredi Saint à Beyrouth, deux jours avant Pâques. Les rues étaient vides. Et l’embouteillage me manquait. En fait, je ne voulais pas arriver de si vite. J’avais peur de décevoir ce grand homme qui ne me connaissait qu’à travers mes écrits. J’avais peur de ne rien avoir à dire. J’appréhendais cette rencontre autant que je la voulais. Moi qui avait tout dit. Sans vraiment rien dire.

Monsieur M. était tout ce à quoi je m’attendais. Et plus. Et rien qu’à le regarder, j’avais l’impression de l’avoir toujours eu à mes cotes. Parce qu’il a été, peut-être sans le savoir, la réponse à mes doutes quand j’ai douté de moi. Et de mes histoires. La réponse à mes “si” quand j’ai douté de mes choix. Et la réponses à mes peurs quand j’ai failli perdre mon audace.

Ce Grand Homme me connaissait. Beaucoup si j’ose dire. Parce qu’il a su répondre à ces questions sans que je ne prenne la peine de les exprimer. Ces questions amères que toute fille se pose, en les ignorant parfois, en les disséquant souvent et en les rejetant quelque part de perdu dans la mémoire en espérant qu’elle ne rejaillissent jamais à la surface. Ces questions qui rejaillissent malheureusement toujours. Après chaque naufrage.

Il avait beaucoup à dire. Beaucoup étant ami, père et grand-père. Beaucoup à dire ayant vécu ces choses que j’ai eu le luxe de ne vivre que partiellement, dont le dépaysement, la guerre, les coups de fusils, les coups de cœur, les séparations, les bombes, les dilemmes humanitaires, politiques, journaliers, la vie à Beyrouth loin de sa première passion - ses enfants - mais proche de sa seconde - le journalisme.

J’ai la chance d’avoir Monsieur M. dans ma vie. Monsieur M. qui n’aime pas que je l’appelle Monsieur. Mais que je me retrouve toujours à l’appeler ainsi, à le vouvoyer et avoir honte de ma jeunesse et de ma naïveté. Parce que Monsieur M, excusez-moi de ne pas avoir tenu ma promesse, je vous admire et je vous remercie.

Certaines personnes ont le pouvoir de parler droit au cœur. Sans passer par les tournures de phrases, les non-dits, l’embellissement des mots et des vérités, les tournures hypocrites et inutiles, les politesses exagérées. Monsieur M. m’a dit ce que toute personne doit savoir. Et ce que je ne savais pas. Et je lui dois de transmettre le message. Un message d’un Monsieur qu’on ne peut que admirer.

Monsieur M. m’a dit qu’il faut persister. Qu’un grand écrivain ne commence qu’avec des manuscrits ratés. Et qu’il faut tout mettre sur papier. Monsieur M., tu vois, je le fais.

Il m’a dit de ne pas vouloir tout décider aujourd’hui…. Et de laisser quelques choses se faire par la vie. De laisser le temps s’écouler, de ne pas se faire trop de soucis, de vivre, mais de vivre, mais de vivre vraiment, de suivre son cœur parce que le cerveau est lunatique, de suivre ses envies, ses intuitions, ses ambitions… Et la balance finira toujours, un jour, par pencher.

Monsieur M. m’a dit que la chose la plus importante dans la vie était d’être libre. Libre de ses peurs, de ses culpabilités, libre de ses remords, de ses regrets, libre des obstacles qu’on l’on se pose sans vraiment qu’ils n’aient à exister, libres des limites géographiques et celles de la pensée.

Il a aussi répondu à un de mes plus grands dilemmes. Il m’a confié qu’il faut parfois dans la vie savoir tourner le dos. Le tourner pour voir de l’autre coté. Car on ne regrette jamais ce qu’on a laissé derrière. Mais souvent ce qu’on a pas osé faire.

C., comme tu aimes que je t’appelle, car comme tu dis en l’empruntant à Prévert : “Je dis "tu" à tous ceux que j’aime même si je ne les ai vus qu’une seule fois”, tu as changé ma vie. Et je ne t’ai vu qu’une seule fois.

samedi, avril 10, 2010

Et vous?

Nationalité. Un titre qui se transmet par le sang, le lieu de la naissance, la mère, le père ou la résidence selon les pays. Un titre qui définit nos droits, nos obligations fiscales, électorales et autres, notre vie, nos risques, nos opportunités, nos ambitions, notre existence. Un titre qui dépend de lois écrite par un seul homme ou par plusieurs selon le “développement” des structures politiques. Des lois qui flirtent avec le juste, le logique, l’arbitraire, la démocratie, la dictature, les parlements, l’Histoire.

Résidence. Un fait qui prétend localiser un être en perpétuel mouvement. Une affirmation qui se vante de pouvoir stabiliser un être vivant. Un statut juridique qui voudrait sédentaire un nomade-né ou un gitan qui se fout de frontières créés par des guerres.

Domicile. Une notion un peu plus sentimentale. Une notion imprégnée de gratitude, de souvenirs, de passé, de sang, de grands-parents, de villes, de villages, d’une école d’enfance, de Jounieh, de Shaileh, de Zouk, de Haddad, de Kfarchima, du Liban et de la Palestine. Un certificat d’identité plus réaliste qui sert de référence dans un monde qui s’uniformise et qui tente de détruire les appartenances culturelles diverses en faveur d’une appartenance mondiale.

Nomade je suis. Nomade j’ai été obligée d’être étant née dans un pays superbe et touchant mais malheureusement peu sécurisant. Nomade j’ai été obligée d’être dans un pays hanté par des vampires qui détruisent notre avenir au prix d’une liberté qui justifient leurs actions cruelles et insensées, une liberté qu’ils nous prennent au lieu de nous la donner, cette liberté de choisir de vivre là où l’on est né.

La résidence a dû changer. Et quand celle-ci se prolonge, certains ont eu droit à une autre nationalité. Une nationalité plus pratique puisqu’elle permet de voyager sans limite. Une nationalité moins pénible car libérée d’assimilations et de préjugés. Mais une nationalité artificielle. Car uniquement sur papier.

Nationalité. Résidence. Et un peu moins domicile. Que ces notions me paraissent archaïques et dépassées. Car aujourd’hui, ma mère résidant au Liban avec une persistance que je lui admire et que j’envie, ma sœur vivant à New York où les exigences de sa carrière l’ont emportée, mon grand frère vivant à Dubaï où il s’est installé, mon petit frère quittant le Liban pour habiter dans un désert où ses talents sont mieux appréciés, mon père pilote que je ne puis toujours localiser et moi seule à Londres arrachée à ma famille, ma terre, mes amis, ma voiture, ma chambre, ma mer, mon village, ma patrie, je refuse de croire en ces titres qu’on veut m’imposer.

Les politiques diverses me dégoutent. En ce qui me concerne, je n’ai ni résidence, ni domicile, ni nationalité. Et je me fous des papiers. Les gens que j’aime sont partout. Le liban m’a chassée. Non, ce serait abusé de dire qu’on a choisi de quitter. Car quand on arrive enfin à quitter un conjoint qui nous trompe et qui nous maltraite, c’est moins par choix que par nécessité. Alors qu’ils gardent leurs “clés, leurs cartes et leurs codes prisons pour nous retenir”. Ma famille, mes amis et moi habitons désormais le même pays. Ma famille et moi habitons le Monde. Et vous?

vendredi, mars 26, 2010

Ce que je dois à ma mère

J’ai la chance d’avoir pour mère l’exemple type de ce qu’une femme doit être. Je lui dois mon style de vie, ma façon de penser, d’être, de vouloir, d’aimer, de me donner, de savoir, de vouloir, de travailler, d’espérer, de croire, de persister, de cuisiner, de m’habiller, de parler, de me tenir, de réfléchir, d’être forte, d’accepter ma faiblesse, parfois, de rire, de marcher, d’exister, de réussir, d’échouer, de me relever, de sourire, de danser, d’écrire, d’être passionner, de savoir être sœur, fille et amie… je lui dois le fait de respirer. Et surtout de vivre.
Je ne sais pas par où commencer. Mais je voudrais écrire mes pensées. Un peu par gratitude. Un peu par envie. Un peu parce qu’elle me manque. Et surtout par amour.
J’écris en mon nom. Et au nom de ma sœur. Qui a la chance de partager la même maman. Sans pour autant diviser son amour. Mais qui, au contraire, partage mon bonheur en l’amplifiant.

Maman, tu as su me prouver qu’une femme pouvait avoir une carrière et réussir sa famille. Tu m’as appris qu’il était possible de travailler à plein temps. Et se dévouer quand même entièrement à ses enfants. Tu as toujours su mettre sur notre table les plus délicieux des plats. Tu as su nous donner le goût des bonnes choses. Des gâteaux, des pizzas, des madeleines, du plus bon riz au poulet… Que ces choses me manquent. Tu m’as appris à savoir gérer mon temps dans la cuisine. Et cuisiner cent plats dans un temps record.

Tu as aussi le temps de danser. Et de prendre des cours. Je t’envie ce talent. Et je t’admire.

Tu m’as appris que le prix des choses se mesurent par leur utilité. Qu’une robe bon marché achetée en soldes était très chère si jamais portée. Et qu’une chose chère était bon marchée quand trop utilisée.

Tu m’as appris le sens de la fidélité. Malgré ta beauté sans égale tu as su être fidèle à mon père. Tu m’as appris qu’il était encore possible de nos jours d’aimer pour la vie.

Tu m’as appris que je pouvais tout faire. Tout ce que mon imagination ose imaginer. Tu m’as appris que l’audace était le secret. Qu’il fallait poursuivre ses rêves et ses ambitions. Et que la persévérance ne pouvait que payer.

Tu m’as appris que la meilleure amie que j’allais toujours avoir était ma sœur. Et c’est vrai. Et que notre meilleure amie, elle et moi, c’est toi. A jamais.

Tu m’as appris d’être indépendante. Et de ne jamais compter sur un homme. Tu m’as appris la valeur hors de prix de l’indépendance. Et grâce a toi je vole. Je plane.

Tu m’as appris que l’on pouvait être douce et sauvage à la fois. Parce que tu l’es.

Tu m’as appris que l’élégance et la grâce se puisent à l’intérieur. Et que peu importe si l’on se vête d’un sac en plastic. Toi la plus gracieuse des femmes, à la démarche d’une ballerine.

Tu m’as appris à porter la tête bien haute. Toujours. Et je ne puis t’exprimer la beauté de la vue du ciel. Sa beauté quand il est noir, gris, nuageux et bleu.

Tu m’as appris le sens de l’amour du vrai. Cet amour fou qui accepte la distance au prix du bonheur de l’autre. Merci de me laisser poursuivre mes ambitions. Et d’accepter la souffrance de nous savoir loin… tant que l’on est heureux. Merci de ne jamais avoir été égoïste. Merci de ne m’avoir jamais laissée me sentir coupable. Merci de me laisser partir.

Tu m’as appris le sens de l’humour. Toi qui ris presque toujours. Toi qui ris de tout.

Maman, tu m’as appris de me détacher des choses superficielles. Et de reconnaitre ce qui compte vraiment. Toi, la plus vraie des mamans.

Tu m’as appris à tout oser. Et de m’armer de ta témérité. Tu m’apprends encore tous les jours. Et c’est à toi que je voudrais ressembler.

Ce texte ne peut prétendre te décrire. Tu es si complexe de perfection. Mais ce texte voudrait simplement te dire merci. Et puis… je t’aime.

Je me permets de le signer Carol et Karen. Deux femmes en quête de ce que tu es.

mercredi, mars 03, 2010

Ethnicité zéro

Il parait qu’une ethnicité “zéro” est le but ultime des sociétés modernes. Bannir toute appartenance culturelle, religieuse, sociale… ou ethnique qui contrarierait l’image de l’Etat serait la politique à suivre. Les citoyens seraient tous identiques et aurait le même sentiment d’appartenance à la société et de solidarité vis-à-vis du prochain. L’Etat serait la référence unique, une nation réelle se constituerait et les origines ethniques diverses n’auraient plus d’importance. L’Etat serait le seul protecteur de sa nation qui, elle, à son tour, serait dévouée à défendre sa cause et à agir en bon citoyen.
La cause est respectable. Et les conséquences pratiques des plus raisonnables. Le peuple devrait être une seule entité qui partage le même objectif et qui attache la même importance, une importance hors de prix, à la souveraineté. La nation serait constituée d’êtres humains qui vivent sous la même loi et qui sont titulaires des mêmes droits. Ils ont également accès à la Justice et sont également responsables de maintenir la paix.
Dans le passé, il était possible d’affirmer, sans provoquer le moindre débat, que ce qui crée l’unité de la nation, sa solidarité, sa volonté de “vivre ensemble” et son sort commun découlent du fait que ses membres partagent la même histoire, la même langue, les mêmes origines… et souvent la même religion.
Aujourd’hui, peut-être dû au développement des transports et au rêve de vivre “là-bas” comme dirait Jean Jacques Goldman, chercher un niveau d’ethnicité “zéro” comme aiment le prétendre les politiques d’aujourd’hui relèverait d’une pure utopie. Les sociétés modernes sont un mélange ethnique des plus enrichissants. Elles portent les tenues les plus multicolores. Elles parlent des langues volées aux quatre coins du monde. Les sociétés modernes font place à toutes les religions. Et essaient tant bien que mal de maintenir la paix tout en offrant la plus belle des expériences culturelles.
Une ethnicité zéro serait rendre les gens amnésiques. Ce serait leur refuser le souvenir d’un été passé à se promener sur un port à Tunis ou le souvenir d’une douleur amere mais nécessaire provoquée par une guerre au Moyen Orient, ou le souvenir d’un bon vin du pays natal, d’une grand-mère, d’un voisin, d’une voiture pourrie, d’un amour d’enfance, d’une école catholique, d’un embouteillage insupportable, d’une vitre cassée, d’une porte grinçante, d’un cerisier des plus généreux, d’un cèdre planté à Paris, d’un chat capricieux, d’un lit tiède, chaud, de madeleines délicieuses …
Une ethnicité zéro est un mensonge qui prétend qu'on pourrait oublier ses origines et considerer son appartenance actuelle à une société moderne donnée complete, rétroactive et necessaire à maintenir la stabilité de l’Etat.
L’idée me fait rire. Mes racines ne peuvent être arrachées. Même si je le voulais. Ma langue ne peut être oubliée. Et ma religion ne changera jamais. Ceci n’empêche pas le respect des autres et le voyage culturel avec la différence.
Oui, le concept est le plus ridicule qui soit. Comme beaucoup d’autres concepts mentionnés dans les discours. Mais il ne m’inquiète pas. Parce que j’ai beau me lisser les cheveux et me faires des mèches dorées… Ils poussent noirs. Et bouclés.

mercredi, février 17, 2010

Avec passion

Je ne peux pas mentir. Y a des jours où c’est dur… Y a des jours où j’ai envie de pleurer. Seulement pour me rappeler que maintenant ca ne sert plus a rien… et que je ne suis plus enfant pour résoudre les choses avec des caprices.
Y a des jours où les ombres sans âme et sans couleur le matin dans le métro me dégoutent et m’indiffèrent… Alternativement.
Y a des matins où le ciel gris me semble inchangé, comme une journée dégueulasse qui n’a pas envie de passer. Une journée qui dure. Et qui dure. Et qui colle. Et qui ne change point. Jamais. Et qui adopte le gris pour signature. La couleur de l’indifférence. Qui ne me rend pas indifférente.
Y a des soirs où je déteste rentrer. Parce que j’en ai marre d’une chambre vide. Et désordonnée.
Mais il y a la musique. Qui me rappelle qu’il y a des gens qui font les choses avec passion. Une passion qui contredit tellement le ciel. Et les gens dans le métro. Ils existent. Mais je ne les connais pas. Et c’est eux que je préfère. Et ils me font oublier le gris, les ombres, les larmes toujours emprisonnées pour défier la vie et ne jamais la laisser gagner… et ma chambre vide.
Ya la musique qui remplit chaque coin de mon appart. De ma tête. De mon corps. De mon cœur. Y a la musique intense qui me plait. Parce qu’elle se fout du temps qu’il fait.

vendredi, février 12, 2010

C'est beau d'etre plume

La plume parce qu’elle a été origine l’écriture. La plume parce qu’elle a exprimé les secrets, les amours platoniques, les reproches, les regrets… La plume qui a su être pudique tout en étant la plus passionnée... La plume qui a su écrire lentement.. Sans bousculer. La plume qui a pris son temps. Pour dire la vérité.
La plume parce qu’elle est légère. Elle peut vite s’envoler. Elle voyage et tout vent l’emporte. Partout. Et elle aime voyager.
La plume parce qu'elle ne connait ni pays, ni frontiere. La plume qui s'en fout des barrieres. Une plume qui ne connait la vie que par saison. Et ne comprends pas le sens d'un gouvernement. La plume toujours enfant. La plume qui a le pouvoir d'etre la ou il lui plait... Sans jamais etre derangee.
La plume parce qu’elle est douce. Douce dans la caresse, douce dans le toucher et douce dans l’existence. La plume qui danse…
Oui, c’est beau d’être plume. Pour voler.

vendredi, février 05, 2010

Je joue

Il ya quelque chose de touchant à huit heures du matin. Peut-être le silence. Peut-être l’espoir d’une nouvelle chance. Sans doute la couleur d’un ciel nouveau. Et surtout… les gens qui travaillent… Je les observe tout au long du chemin qui mène au bureau. Il y a le boulanger témoin de l’aube. Le boulanger qui produit ce qu’il ya de plus bon et de plus nécessaire. Du pain chaud. Il y a l’employer du métro qui donne les directions aux voyageurs perdus, qui souhaite un bon voyage… lui qui ne voyage que très peu. Je sors de la station et je marche vers le bureau. Au chemin, plein de métiers qui me touchent. Un essuyeur de vitrines qui travaille avec tellement de précision et beaucoup de sérieux. Il ya aussi la femme qui vend des boissons chaudes. Et des sourires. Il ya le chauffeur de taxi qui connait toutes les rues par cœur. Il ya le facteur. Il ya le dentiste. Il ya le pilote. Il ya l’architecte. Il ya le journaliste. Il ya le concierge. Il ya le peintre qui nous emporte par une toile a travers laquelle on peut voir au dela de l'horizon. Il y a le chanteur qui, par sa voix et ses mots fait rejaillir des sensations cachees, oubliees, bien rangees, desirees... Et dans une catégorie à part… les banquiers. Depuis que j’ai commencé à en faire partie, par hasard et par coup de la vie, je n’arrive pas tout à fait à comprendre leur utilité. Ils ont l’horaire le plus compliqué. Et la tenue la plus sérieuse. Ils ont un ton des plus prétentieux. Et vantent des diplômes et des années d’expérience. Ils ne sortent qu’avec des membres de la même communauté. Et discutent dans un langage codé. 3 heures de sommeil leur suffisent. Et ils ont les yeux cernés. Ils parlent sans cesse d’argent. Mais ont rarement l’occasion d’en dépenser. Ils ont parfois de jolies maisons. Juste pour dormir. Occasionnellement. Ils se plaignent. Mais ils sont quand même tellement fiers d’être là où ils sont. En quoi consiste leur boulot ? je crois que c’est tout simplement un jeu inutile qui consiste à transférer de l’argent d’un compte à un autre, et vice versa inlassablement. Rien n’est créé. Tout se déplace. Sur un écran le 8 devient 6 et sur un autre le 5 devient 7. Le titulaire du compte a de grands nombres. Alors il ne s’en rend même pas compte. Le banquier ne contribue à rien dans la vie. Il est inutile. Et pourtant le mieux récompensé. Et je vends chaque journée qui passe tellement gratuitement. Je ne change rien. Je brûle le temps. Je ne nourris pas, je ne guéris pas, je ne crée pas de sourires. Je joue. Bien.

dimanche, janvier 31, 2010

Le sac a roulettes

J’étais la nouvelle. Celle que tous les élèves observaient dans une école des plus traditionnelles qui accueille les enfants de 3 ans et qui ne les lâche qu’une fois le cerveau bien lavé a 18. C’Était une école qui n’acceptait jamais de nouveaux. Sauf exception. J’étais l’exception.
Parmi ces choses qui m’ont marquées, il ya une chose bien particulière. C’Était une interdiction bien étrange a mon avis, de partager le livre du voisin. Chaque élève devait avoir le sien. Et y en avait un grand pour toutes les matières. Et parfois même, un complément pour les exercices. Cela faisait un sac bien lourd qui nous cassait le dos au nom de la culture. Et bien sur… cette nouvelle règle avait coupe court aux conversations écrites des plus amusantes… au crayon mine sur le livre partagé.
Un matin, mon père furieux des éventuelles conséquences du poids du sac sur la colonne vertébrale m’acheta un sac a roulettes. Je le trouvai fantastique. Chaque matin, en allant a l’école, je pouvais le rouler derrière moi. Sans rien porter. Personne n’avait le même. Chaque matin, je sentais que je voyageais…
Le problème s’est situé au niveau de la cour de récré. La nouvelle avait un sac a roulettes… c’est ainsi que j’ai réussi, en un temps record de quelques jours, a faire part de toutes les blagues de la cour.
Et je ne peux oublier l’idée qui m’avait ce jour la traversée… je me souviens avoir pensé préférer mille fois avoir le dos courbé a être la nouvelle du lycée.
Et mon caractère de nomade m’a donné l’occasion de me sentir nouvelle du lycée un nombre de fois illimité. Quoique. J’ai du bien changer… parce qu’aujourd’hui je sais que vaut mieux mille fois avoir un sac a roulettes… qu’avoir le dos courbé.

samedi, janvier 30, 2010

V, tu peux rire…

Parce que personnellement, moi, je trouve que c’est très drôle… Ces souvenirs qui remontent, ces idéaux qui ont fait ma jeunesse, ces convictions qui sont tombées a l’eau mais qui flottent sans couler, encore, ces assurances qui s’évaporent, ces prétentions qui ne savent prétendre, ces regards naïfs qui se veulent maitres, ces gestes hésitants qui se disent surs… et qui croient en leurs propres mensonges, oui tous ces souvenirs, moi, ils me font rire…
J’avais 15 ans… je croyais que rien ne vaudrait plus au monde que de gagner la compétition. Et je me suis battue. Quand je l’ai gagnée, j’ai eu honte de ma victoire, et me lançai vers en un nouveau départ.
J’avais 17. Et ce garçon qui conduisait déjà une voiture volée a son père me paraissait le seul homme sur terre. J’étais sure qu’un jour on fera des enfants. Parce que nous étions des enfants.
J’ai eu 18 ans. J’avais le bac. J’étais sure que c’était l’épreuve de ma vie. Rien ne pouvais être plus dur que 100 pages d’histoire. Puis j’ai fait du droit.
A 19 ans, j’ai pris du poids. J’étais convaincue que je n’allais plus jamais manger plus de 3 feuilles de laitue. Ce même soir, j’ai diné une pizza.
J’ai eu 20, puis 21, puis directement 23. J’ai décidé pour de vrai et pour de bon, et puis j’ai tout effacé. Mais pour de bon !
J’avais tout analysé. Pour me rendre compte qu’après tout, je n’ai tout simplement pas l’esprit scientifique. J’ai beaucoup rêvé. Pour réaliser que j’ai la mémoire amnésique. J’ai beaucoup pensé… et j’ai tellement de fois oublie qu’a ma station de métro j’étais arrivée… et a des kilomètres je me suis réveillée.
Mes idées les plus folles sont celles des 3 heures du matin… je rêve a des choses impossibles, je les imagine et je les crois. Je sais que la déception de ces dernières semaines qui fut aussi grande que sa jumelle, l’ambition, devrait me décourager. Mais mon imagination, je ne puis l’arrêter. Je sais tout simplement désormais que la vie ne peut être apprivoisée… Certains m’ont même dit qu’ils ont essayé pendant plus de cent années. Non, je n’essaie plus de te prédire et je ne prétends plus vraiment te connaitre. Tu es une lunatique qui prétend aimer le mystère. Tu es une complexée qui veut prouver qu’elle peut surprendre. Et tu le fais… bon, je te laisse faire. Et j’entre dans le jeu. Moins j’aurai d’expectatives et plus je gagnerai parce que tu ne pourras plus me décevoir. Plus je crois en ma bêtise, et plus tu pourras me choquer. Mais tu gagnes déjà! Puisque les règles je ne les pose pas. Oui, tu peux rire.

vendredi, janvier 22, 2010

Prétention féminine

De filles qui sont tombées amoureuses d’un mec mauvais? Je connais plein. Je rectifie. De filles qui sont tombées sur un mec qui pourrait les faire souffrir ? Oui je connais plein. Le traiter de mauvais serait trop injuste. Enfin… peut-être que l’intention de nuire n’y est pas !
La constatation est banale. Tout le monde le sait… les mecs trop gentils n’intéressent personne. Ils sont vus comme une conquête trop facile, une compagnie à défaut d’autres plus intéressantes ou encore la consolation d’un cœur blessé qui, dès rétabli, s’en lassera et s’en ira vers de nouvelles blessures.
Mais ce qui m’amuse le plus c’est cette vérité incontestable qui concerne les femmes. Toutes. Sans exception. Toutes les femmes. Et moi en premier. Ce qui m’amuse le plus c’est cette prétention que l’on a, nous les femmes, de croire à chaque fois, et même après que l’on se soit promis de ne plus jamais le faire, qu’on possède le pouvoir de changer un homme. On entend à droite et à gauche que cette homme-là est joueur, menteur, trompeur et traitre, qu’il pourrait nous blesser et nous détruire… oui on le sait. Et c’est comme par une réaction chimique instantanée que l’on se dit, parfois même sans se l’avouer, que nous, nous sommes capables de le changer. Avec une prétention que je n'ai pas normalement avec tous les doutes qui ponctuent ma vie, j’ai tout à coup comme une envie de le “sauver”, de le changer, de le transformer… Avec un instinct féminin de protéger et une naïveté extrême qui n’est pas mienne, je suis sure qu’avec moi il sera différent, amoureux, attentionné, fidèle et gentil.
Pourtant je sais... Oui je sais qu'il n’est pas possible de changer un homme. Ou qui que ce soit. Je le sais et j'essaie de le retenir pour de vrai. Les gens ne changent pas. Ils prétendent pour des intérêts divers et quelconques. Et retournent à leurs racines. Je ne cherche plus à sauver le monde… ni à sauver un homme. Je cherche un produit “fini”.

dimanche, janvier 10, 2010

L’indépendance

L’indépendance… Un statut auquel aspirent les Etats du monde entier. Un accomplissement qui récupère la fierté aux pays qui l’ont mérité. Un signe de liberté et de souveraineté. Un signe de maturité. Un signe de force. Un signe de douleur passée. Un signe de batailles gagnées… et perdues. Un signe d’amour propre…
Un Etat indépendant est en meilleur position que celui qui ne l’est pas. Il prend ses propres décisions. Et suit le chemin qui lui convient. Protège sa population. Et reflète l’image qui le présente bien. Mais l’Etat qui n’a ni jour de l’indépendance et qui n’est pas en tutelle pour autant est celui qui gagne la première place des trois. L’Angleterre est le seul Etat qui a toujours été maitre de soi et qui n’a jamais eu a défendre sa souveraineté. Les Etats-Unis, l’Etat le plus puissant sur terre, a lui-même été occupe par l’Angleterre. Je sens les Etats-Unis. Et j’envie l’Angleterre. Il n’ya pas de conquête plus noble que celle de l’indépendance. Ni plus prestigieuse… Sauf peut-être la chance d’avoir toujours été indépendant. D’une liberté qui ne craint aucun incident…

samedi, janvier 09, 2010

Le coeur des baleines

Parmi tous les mammifères, je peux affirmer, sans hésitation, que la baleine est celui que je préfère. Déjà, c’est sa taille qui m’impressionne. Et ensuite… toutes ces histoires que je trouve incroyables. Hier même, je suis tombée sur une histoire écrite par un marin. Il raconte que lors d’un de ses nombreux voyages en mer, il rencontra, avec son équipe, une baleine grise reconnue pour son altruisme… et son sens de l’humour. Tous les jours, la baleine se frottait contre le navire, faisait des bulles dans l’eau que les experts de la mer interprètent comme une invitation au jeu, et s’élevait pour caresser, du bout de la bouche, les mains tendues des marins. Et elle revenait chaque matin.
Aussi, il paraît que les baleines aiment chanter. Il a été prouvé que les baleines communiquent a des kilomètres de distance… et chantent ! Mais la plus choquante des vérités, et la plus triste aussi, a provoqué en moi l’envie d’écrire un texte sur les baleines. Les satellites créés par l’homme nuisent à la communication entre baleines. De ce fait, beaucoup de males perdent leur femelles. Monogames, ils ne supportent la séparation et se suicident sur les plages, à dos sur le sable. Oui, les baleines sont intelligentes. Et encore plus, elles ont des émotions. La survie en solo leur est impossible. Et le partenaire est choisi pour la vie. Elles se chantent, elles se parlent à distance et préfèrent la mort à la solitude. Elles sont intimidantes par leur grandeur… mais elles sont tellement gentilles. Et dans ma solitude, je cherche une baleine pour la vie.

jeudi, janvier 07, 2010

Les bonnes manières

Les bonnes manières ont toujours occupé une place importante dans nos sociétés. Qu’elles soient traditionnelles ou révisées, il est impossible d’y échapper sans être marginalisé. Aussi, elles deviennent naturelles comme innées. Je peux en citer plusieurs comme la façon de se tenir à table, les mots qu’on utilise, les habits que l’on choisit pour le travail etc. Elles ont d’autant plus d’importance quand les générations se mélangent puisque les plus jeunes sont parfois plus tolérants sinon rebelles.
J’ai toujours cru que les bonnes manières se résumaient à cela, au fait de ne pas mettre ses coudes sur la table, à la politesse, au respect, à la propreté. Mais petit à petit, ce code de conduite n’a fait que s’élargir et j’y ai ajouté ces choses qui m’ont touchées et que j’ai décidé d’adopter.
Tout a commencé lors d’un diner. C’était une réception de celles qui nous mettent dans tous les états et qui nous occupent des semaines auparavant pour choisir la tenue de la soirée, la coiffure, le cadeau etc. Et je finis bien sûr par enfiler ma tenue la plus “safe”, une robe noire classique qui date depuis des années et que je ne me lasse d‘adorer et les chaussures les plus discrètes de la même couleur.
Arrivée au lieu de la réception, je remarquai que tous les hommes étaient en smoking. Sauf un. L’intrus portait un jeans de couleur foncée et un pull en cachemire gris. Tout le monde le regardait. Puis l’hôte disparut pour ne revenir que dix minutes plus tard… portant un jeans et un pull en cachemire. Je ne pus m’empêcher d’admirer la délicatesse de cet homme et son vrai savoir-vivre qui l’obligeait, en tant qu’hôte de la soirée, de rendre ses invités à l’aise et bien intégrés. Et depuis ce jour, les bonnes manières pour moi ne se limitent plus au langage, à la façon de tenir sa fourchette et son couteau mais ont pris une signification totalement différente qui consiste à être gentil et respectueux envers tout le monde, que ce soit une personne dont on a besoin ou une personne qui ne peut rien nous apporter. Avoir de bonnes manières, pour moi aujourd’hui, et à l’image de mon hôte, c’est adopter la mission la plus noble qui soit et qui est celle de ne jamais blesser qui que ce soit et d’avoir la gentillesse comme directive de vie.