dimanche, avril 30, 2006

Ou es-tu?

Tu t’absentes pour quelques jours et je sens le poids de quelques années. Je m’enferme dans ma solitude même au milieu du bruit et de la foule. Je cherche ton regard parmi ceux que je ne reconnais plus. Je cherche ta voix parmi des cris qui ne m’intéressent plus. Je me cherche moi-même, je me suis perdue depuis que tu es parti. Ca me soulage, étant perdue, il leur serait plus difficile de me retrouver. Je ne veux pas être retrouvée encore. Je t’attends.

Où es-tu ? Je m’ennuie de tout, des études, des livres, de tes lettres, du temps, des amis et de la vie. Je dors pour que ça passe, je m’occupe à faire des choses inutiles et je pense à toi. Je te cherche dans mes souvenirs et dans mes rêves. Mais tu n’es pas là. Je remplis mes journées mais elles demeurent fades. Alors, je t’attends.

Où es-tu ? Reviens vite. C’est bête la vie sans toi. Le temps se fait lourd, les nuits trop longues et le silence dur. Plus dur que ces mots qu’on murmure parfois, et aussi dur que ton absence. Un silence qu’il m’est impossible de remplir. Je déteste ce qui te retient. Je me sens égoïste mais c’est à cause de toi. Tu t’es fait indispensable à ma survie. Et je te cherche tout en sachant que je ne puis te retrouver. Pas encore. Je te cherche et je sais où tu es. Reviens vite. Je ne te l’ai pas dit… Mais je crois que tu sais que je t’attends.

samedi, avril 29, 2006

Le gris.

Le temps a une très grande influence sur l’humeur de la personne. Il fait beau, le ciel est bleu, le soleil brille, la température nous convient et on a tout à coup envie de sortir, de bouger, de rire, de parler… On se sent plus ouvert, plus heureux et plus sociable. Le mauvais temps nous rend paresseux. Il pleut dehors, le ciel est gris, et on préfère rester au lit… Bien sûr, certaines personnes sont stoïques face aux changements du temps, de saisons, de température. La nature n’affecte en rien leur caractère, et celle-ci ne peut en aucune façon bouleverser leur manière d’être, ni positivement, ni négativement. Ils ont dépassé le niveau matériel et même celui des sentiments « légers ».

Je suis de ceux qui trouvent leur bonheur dans les choses simples de la vie : dans un sourire, une glace, une bonne note, une promesse, le vent sur mon visage, une belle chanson sur la radio, une conversation profonde et… le temps.
Il faisait très beau aujourd’hui. Très gris mais très beau quand même. Je ne puis l’expliquer. Moi qui aime le bleu intense du ciel, les couleurs pastel et la chaleur du soleil. Assise près de la fenêtre, j’humai l’air qui y pénétrait avec un bien-être indescriptible. J’entendais vaguement les explications du prof, je crois même qu’il m’a posé une question, mais cela n’avait point d’importance. J’étais en harmonie avec la nature. Je sentais qu’elle ressemblait à mon humeur du jour, qu’elle me comprenait, je ressentais le besoin de communiquer avec elle, ne serait-ce qu’en la regardant, en l’admirant et en remarquant chacun de ses mouvements. Tous les bruits autour de moi me semblaient pathétiques. Et dehors, ma meilleure amie.

Le gris n’est pas si laid après tout. Si l’on arrive à l’accepter. Il peut être décevant quand on aime les couleurs à caractère comme le blanc et le noir. Mais une fois la réalité acceptée, le gris paraît comme étant la couleur la plus sincère de toutes. Il traduit la vie comme elle l’est vraiment. Un mélange maladroit qui finit par donner une image pas très esthétique mais surtout très réelle. Il est direct, spontané et ne fait point de promesses, contrairement au blanc trop optimiste. Il ne fait pas perdre l’espoir comme le noir. Il nous fait juste réaliser cet équilibre si bien illustré par le ciel d’aujourd’hui.

Je redoutais la fin de l’heure. La vue était si belle de ma fenêtre. Je voulais plus. Je regardai alors intensément à travers la vitre, peut-être que le ciel me remarquerait. Mais le gris est très neutre. Il sait garder ses distances. Il s’est montré très professionnel. Il ne m’a pas dit les mots jolis que sait si bien dire le ciel bleu, ni les mots amers du ciel d’hiver. Il m’a juste regardée indifféremment… Et ça m’a plu.

Le gris me ressemblait beaucoup aujourd’hui. Et je me suis collée à lui. On se comprenait. On n’était pas triste, mais pas très heureux non plus. On a résumé une vie, et ça a donné quelque chose d’incertain qu’on obtient en mélangeant le blanc et le noir. Il me quittera peut-être demain. Mais il ne serait pas infidèle pour autant. Il ne m’a rien promis. Et après tout, peut-être que c’est au bleu que je ressemblerai alors.

vendredi, avril 28, 2006

"Je me sens ordinaire".

“Je me sens ordinaire”. C’est ce qu’elle m'a dit. C’est littéralement la phrase prononcée par la fille la plus brillante que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Une fille de celles qui ont trop pris l’habitude de réussir. Je pris un air surpris, puis révolté et ensuite compréhensif. Comment pouvait-elle se plaindre ? N’avait-elle pas toujours eu les meilleurs résultats ? N’avait-elle pas aussi bien réussi sur le plan social qu’universitaire ? Que voulait-elle de plus ? Et puis... Comment pouvait-elle me le dire à moi, moi qui avait si « ordinairement » réussi ?!

« Je me sens ordinaire » m’a-t-elle dit. Cette fille si brillante… Elle voulait toujours plus. Parce qu’il ne lui suffisait pas de bien réussir. Elle voulait se surpasser, transcender ses aptitudes, prouver qu’elle pouvait mieux faire, non pas aux autres – elle s’en foutait- mais à elle-même. Elle m’a expliqué que c’était une course personnelle qui avait pour but de mettre sur papier et d’offrir à la vie tout ce qu’elle possédait comme qualités, intelligence, savoir-faire, talent et sensibilité. Elle pouvait faire mieux. Elle pouvait faire plus. Et peu importe si elle avait réussi aux yeux des autres.

Elle m’a dit qu’elle aurait préféré être mauvaise, voire nulle. « Au moins, de cette facon-là, on se fait remarquer » a – t- elle dit. « Ou alors excellente ». Etre bien ne veut rien dire. Qu’avait-elle fait ? Elle a eu une très bonne note me direz-vous. Mais beaucoup de personnes l’ont fait avant elles. Et celles-ci n’ont pas mieux réussi dans la vie pour autant. Certaines d’entres elles sont même passées inaperçues, et leurs copies n’ont servi qu’à décorer les murs d'une maison toujours très vide.

Après mon regard surpris et révolté, je pris un air compréhensif. Elle avait tout à fait raison à mon avis. Il fallait laisser une trace personnelle sur le chemin que nous suivons. Une trace qui reflétera la personnalité propre et unique de chacun. Elle sera tantôt le reflet d’un sens de l’humour et tantôt celui de l’excellence. Elle gardera le souvenir d’une personne douée dans ce qu’elle fait ou vraiment très nulle, pourvu qu’elle soit exceptionnelle.

A propos de la fille qui se plaint d’être très ordinaire : il ne faut surtout pas la croire. Elle est très spéciale, sans s’en rendre compte. Elle cherche toujours quelque chose. Ce quelque chose qu’elle trouvera, quoiqu’il soit (elle est de ceux qui trouvent ce qu’ils cherchent). Peut-être qu’elle l’atteindra trop tard, et je l’espère pour elle car « tout ce qui est atteint est détruit » (Montherlant). Elle se sent perdue, elle se sent fragile, mais dans sa tristesse et son désespoir, elle se fait si bien remarquer. Elle se croit ordinaire, c'est vrai... Peut-être qu'elle manque simplement de lucidité. Car croyez-moi, elle brille à sa facon. Et elle avait réussi à laisser sa trace personnelle... dans mon coeur.

mercredi, avril 26, 2006

J’aime la nuit.


C’est vers minuit que je commence à respirer. C’est à cette heure-ci que je profite du sommeil des autres pour me réveiller. Je jette dans un des coins de ma chambre ce que je devais faire, jusqu’à cette heure, par obligation. Je retrouve le monde de la nuit précédente, mon monde à moi, mes livres, ma musique et le son de ta voix. Je retrouve mes pensées, mes faux jugements, le calme de la maison, et l’intensité du moment. Je suis en harmonie avec la nuit.

J’ai toujours aimé ces moments-là. Loin du bruit, du chaos et de la discorde, je saisis la profondeur de la nuit pour vivre. Je la respire, je la respecte, je la vénère, je la vis. Il y a ceux qui se couchent tôt pour se réveiller en forme de bonne heure. Ils vivent avec le soleil et n’ont jamais été séduit par le charme mystérieux de la lune. Il y a ceux qui savent vivre. Qui ne dorment que très tard dans la nuit, parce qu’ils ont de très belles choses à faire. Ils se réveillent tard aussi s’ils sont très paresseux, ou très tôt, la mine déconfite et les cernes sous les yeux, parce qu’ils doivent se rendre à la fac ou au travail, regrettant les caprices de la veille. Mais ils referont la même chose ce soir aussi. La nuit est leur royaume.

J’aime la nuit, je lui fais confiance. Elle me rend plus spontanée, plus sincère et plus directe. Je t’appelle. Et on se dit ce qu’on n’aurait jamais osé se dire en plein jour. Le noir est notre complice, on se sent fort, protégé des gens et de leurs critiques, on se sent en paix, dans l’intimité d’un décor sombre.

J’aime la nuit. Elle se moque de moi mais je l’aime quand même. Elle m’a fait croire que tu m’aimais, elle m’a fait croire à tes promesses. Elle me raconte des sottises qu’elle reniera au lever du jour, elle me fait des cadeaux qui ne sont pas les siens à donner, elle me fait croire que je suis en sécurité. Mais dès que j’aurai les yeux fermés, elle me laissera seule, comme tous les jours à l’aube. Elle me laissera seule quand j’aurai besoin d’elle : quand les autres seront réveillés.

J’aime la nuit surtout parce qu’il l’aime. Il rentre de voyage, et ensemble, dans un silence religieux, on se chuchote des confidences. On apprend à se connaître. Souvent sans rien dire. Rien que pour écouter la nuit. Mon père et moi, on aime la nuit.

La nuit se moque vraiment de moi. Je l’ai déjà dit. J’écris à cause d’elle n’importe quoi. Je le regretterai demain matin, j’en suis sûre, une fois ma raison regagnée. Mais ce sera déjà trop tard, je ne suis pas la seule à aimer la nuit, et ceux qui sont comme moi auront déjà lu mes bêtises. Mais ils saisiront la raison de cette maladresse. Ils l’apprécieront aussi peut-être, plongés dans la même ambiance, celle de la folie nocturne.


Alors, vous qui vivez sous le soleil, qui menez une vie raisonnable et qui profitez de la nuit pour dormir, soyez indulgents, essayez de nous comprendre.
« Nous avons des nuits plus belles que vos jours » -Racine-.

jeudi, avril 20, 2006

La jeunesse.

On la porte comme une femme belle, très belle, ignorant naïvement sa beauté. On la porte comme cette femme si sensuelle, qui ne se rend même pas compte des regards posés sur elle. Cette innocence qui la rend encore beaucoup plus belle…

On la porte comme un enfant qui se fait des soucis qu’il croit grands comme le monde, parce qu’ils sont difficiles à supporter à son âge, ces mêmes soucis qui le feront rire plus tard.
On la porte comme une fille timide dans la cour de recréation qui fait mine d’être très occupée pour ne pas avoir à affronter l’amitié.

On la porte comme une force, comme une espérance, comme un rêve. On la porte sous forme de projets, d’ambitions, de décisions et de travail.

On est jeune… On a vingt ans. On est très beau à cet âge-là. On veut être, on veut exister, tout est possible…On veut critiquer le monde, le réformer, on le regarde d’un air parfois trop fier, le nez haut et la démarche trahissant une indifférence propre aux jeunes de notre génération. On la porte sous forme d’orgueil, on veut imaginer le monde à notre façon, on se croit unique et parfait comme la rose fragile du petit prince qui n’avait que quatre épines pour se protéger et qui ignorait l’existence de champs de roses tout à fait semblables.
La jeunesse. On la porte qu’on le veuille ou pas. Devant nous le temps, le futur et la possibilité. On ne subit pas encore notre destin, on le crée. On aimerait bien faire des promesses, mais on ne sait pas encore ce que la vie nous cache. On aimerait garantir un fait, mais l’avenir ne veut rien dévoiler. On se prend parfois trop au sérieux, mais en réalité on a encore un cœur d’enfant qu’il faudrait essayer de garder.


J’aimerais bien te le dire, te le promettre, te le garantir. Mais je suis jeune. Et demain matin je ne saurai pas le faire non plus. Pas même celui d’après. J’aurais voulu tracer avec toi un chemin. Mais je ne connais que mon passé. Tout ce qui suit est encore en construction. Je ne peux te parler que de mes souvenirs. Tout ce qui reste sera l’œuvre du destin, de la chance, des choix que j’aurai à prendre, du temps, des personnes que je vais rencontrer… et de la vie.


Parle-moi de ton passé, parle moi de tes amours, de tes souvenirs, du jour où tu m’as dit que tu avais froid, parle-moi de ton enfance, du garçon qui te faisait pleurer quelque fois, parle-moi de ta mère, cette femme si belle que je vois parfois, parle-moi de tes échecs, tes succès je les connais par cœur, parle-moi de tes amis, je les aime autant que toi, parle-moi de mon sourire, de mes yeux que je vois dans les tiens, parle-moi de tes rêves et dis-moi ce que tu n’as dit à personne. Parle-moi de la mer, peut-être que tu l’as vois différemment, parle-moi de toi, je ne veux pas que tu t’en ailles déjà. Parle-moi de tout, dis moi n’importe quoi, mais surtout ne t’en va pas. Fais-moi croire que je suis unique, un peu comme la rose naïve du petit prince. Ne me laisse pas voir les champs. On peut encore être ensemble. Raconte-moi un secret, quelque chose que je serai seule à porter, donne moi un indice, un coté caché de ta personnalité, tiens-moi la main, raconte-moi des histoires, fait moi rêver. Laisse-moi connaître ce que tu sais déjà, donne-moi ton passé puisque ton avenir tu ne le possèdes pas, parle-moi d’hier puisque je n’y étais pas, marche avec moi aujourd’hui, puisque demain est inaccessible, serre-moi contre toi, j’ai peur de ce qui va suivre. J’aurais voulu que mes jours ressemblent à ce soir-là. Mais on est jeune. Et peut-être demain on grandira.

mercredi, avril 19, 2006

Elle pleurait de perfection. Son journal me l'a dit.

Voici l’histoire d’une personne qui n’avait pas le droit de se plaindre. Cette personne était la seule à pouvoir se considérer complète. En effet, elle peut objectivement affirmer, sans orgueil et sans prétentions, avoir tout réussi, sans mêmes susciter les rires et les moqueries. Je ne vais pas vous dire qu’elle était belle, la perfection avait de loin dépassé ce stade. Je ne vais même pas parler de sa carrière, quand on est si parfait, ce n’est qu’un tout petit détail parmi tant d’autres. Je vais parler du coté cœur, ce sujet qui intéresse tout le monde, aussi bien les enfants plongés dans leurs contes de fées que les machos qui vantent leurs conquêtes. Je vais parler de sa vie de couple, qui a fait beaucoup de jaloux dans les parages, je vais parler de sa relation qui a fait l’objet de tant de paris, et qui a fait gagner ceux qui ont juré qu’elle durerait éternellement- sinon très longtemps. Une histoire d’amour qu’on cherche, qu’on travaille, qu’on espère, qu’on décrit… qu’on craint. L’amour est si beau. Mais comme toute chose belle, il fait peur. Il faut savoir être à la hauteur. Et avoir dans notre tout petit cœur, une place pour un autre… Cet autre qui prend parfois un peu trop de place !




Sa vie compliquée et son emploi de temps très chargé laissaient juste le temps nécessaire d’avoir quelqu’un dans sa vie. Quelqu’un DANS sa vie. On rentre vraiment dans votre vie en amour. On la perturbe parfois. Nos vielles habitudes ne sont pas toujours compatibles avec l’AAAmour. Son ancien mode de vie était oublié, sinon rangé dans cette boite noire si utile (encore une fois : l’Inconscient). Elle ne se rappelait que rarement des soirs ou elles sortaient avec ses copines en boite, rien qu’entres filles, et ou elles dansaient sur le bar jusqu’au petit matin. J’entends déjà vos critiques !! C’était une fille bien, il ne faut pas la juger si rapidement. Disons qu’elle avait bien profité de la vie. C’est tout. Elle avait connu des hommes avant lui. Beaucoup. Plus que vingt. Moins que cent. Beaucoup d’entre eux sont mêmes tombés amoureux d’elle. Elle était jeune, belle, élégante, profonde. Je n’ai pas voulu parler de sa beauté pour assurer la profondeur de ce texte qui se situe au niveau d’un organe responsable de tous les sentiments destructeurs et détaché de tout ce qui est superficiel, mais sa beauté est un fait. Un fait non négligeable qui a contribué – il faut le dire- à sa perfection. Les hommes défilaient dans sa vie, sans la retarder. Elle avait des projets, et ses projets dépassaient leurs horizons. Elle rêvait d’un autre monde, d’autres pays, d’autres cultures. Parfois d’une autre vie. Elle avait atteint, plus tard, la perfection. Ce point ou l’on sait que plus rien ne peut changer pour le meilleur. Ce moment dans notre vie où l’on ne peut que détruire. Ou rester. Plus jamais avancer. C’est vers ce point que l’on dirige nos efforts. Mais il parait qu’une fois arrivé, ça fait mal. Très mal. Elle a donc atteint la perfection. Ce ne fut pas un cadeau du ciel. Si c’est un bonheur, elle l’avait mérité. Elle avait beaucoup travaillé dans sa vie pour atteindre ce stade. Elle était reconnue désormais pour son élégance, sa gentillesse, sa modestie et son succès. Sa plus grande victoire était d’avoir pu trouver du temps et de l’énergie à consacrer à l’amour.


Tout était si parfait. Dîners romantiques, boites et soirées télé. Il était beau, elle était belle, et ensemble ils faisaient rêver. Ils faisaient les boutiques ensemble, et parlaient aussi bien de leur avenir que du passé. Leur passé n’était pas commun, mais de leur avenir ils pouvaient décider. Que vouloir de plus quand on a la santé, l’amour et qu’on peut choisir- éventuellement- la famille. Que demander quand on a exactement ce qu’il faut pour être deux. C’est une très belle histoire à raconter. Mais on comprend mal pourquoi ses héros sont révoltés. A entendre, cette histoire dessine un sourire sur les lèvres, fait briller les yeux et battre le cœur. A vivre, il parait que c’est dangereux. Elle n’a pas accepté d’en dire plus. Quand on est parfait, on ne dit que le juste nécessaire. La perfection n’englobe pas le bavardage. Elle savait donc être discrète. Sa vie était bien meublée, et ses meubles bien disposés. Mais on m’a dit qu’on l’a vue pleurer.


Je n’ai pas compris comment, plongé dans la perfection, on pouvait ressentir du chagrin. Et comment on pouvait pleurer. De joie me dit-on. Mais ce n’est pas possible. Car être parfait suppose même être stoïque, ce qui veut dire que les faiblesses, positives soient-elles, ne sont pas possibles. De tristesse ? Ce ne serait pas la perfection. La perfection était donc, par élimination, une source de chagrins. J’ai trouvé dans son jardin, un journal intime. Je l’ai ouvert en cachette. Et oui... je ne suis pas parfaite. Et curieuse comme pas possible. Mes mains tremblaient de maladresse. Je suis tombée sur une page, qui justifiait son chagrin. Je l’ai recopiée avec hâte pour pouvoir vous la raconter.




« Cher journal,

Je rentre chez moi comme tous les soirs, après avoir réussi ma journée.
J’ai été applaudie au travail, et j’ai trouvé le bus qui me convenait,
Je rentre chez moi à la même heure, sachant que chez moi on m’attend,
Mon amour sera rentré, et il m’attendra impatiemment.
Je lui raconterai ma journée, et je lui dirai que je l’aime,
Que depuis qu’il est là, ma vie n’est plus la même,
Je lui ferai des promesses, et j’écouterai ses mots doux,
Il me dira que je suis sa princesse et que de moi il devient fou.
Ma soirée ressemblera à toutes celles,
Qui avant ce soir me rendaient la vie belle,
Je suis atteinte de la perfection,
Et je me plains de cette solution.
La perfection est sans doute un vice,
Qui fait de moi une personne malade d’ennui,
Car mon cas est grave cher ami,
Puisque ma volonté est sa complice.
Ensemble elles envahissent mes nuits,
Ensemble, elles harmonisent mes jours,
L’erreur, la bêtise et la folie,
M’ont abandonnée pour toujours.
Et je pleure ma vie,
Et je pleure mon paradis,
Comme on rit de ses faiblesses,
Comme on se moque de son ivresse
. »






Je refermai son cahier en silence, et je retrouvai ma vie perturbée. Ce soir, je la regardai d’un air différent et la remerciai d’être si désordonnée. Je l’interdis de se faire belle, elle me convenait parfaitement comme elle était. Je la défendis de devenir raisonnable, sa folie m’attirait. Je regrettai au fond de moi, la vie de cette personne si parfaite. Décidément, qui aurait cru avant ce soir-là que la perfection pouvait causer des ennuis ? Je tacherai dans le futur, pour ne pas changer mes habitudes, de chercher ennuis et problèmes afin d’éliminer toute possibilité de pleurer de perfection. Mon journal n’aura pas à me consoler. Je vous le jure, jamais parfaite je ne serai.

Paroles de grand corps malade- rencontres. ps: ces paroles ne st pas les miennes. Elles forment une des chansons de "grand corps malade".

C’était sur une grande route, j’marchais là d’puis des jours Voire des s’maines ou des mois, j’marchais là d’puis toujours Une route pleine de virages, des trajectoires qui dévient Un ch’min un peu bizarre, un peu tordu comme la vie Evidemment j’étais pas tout seul, j’avais envie d’faire connaissance Y’avait un tas d’personnes et personne marchait dans l’même sens Alors j’continuais tout droit mais un doute s’est installé Je savais pas c’que j’foutais là, encore moins où j’devais aller Mais en ch’min au fil du temps j’ai fait des sacrées rencontres Des trucs impressionants, faut absolument qu’j’vous raconte Ces personnages que j’ai croisé c’est pas vraiment des êtres humains Tu peux parler avec eux mais jamais leur serrer la main Tout d’abord sur mon parcours j’ai rencontré l’innocence Un être doux, très gentil mais qui manque un peu d’expérience On a marché un p’tit moment, moins longtemps que c’que j’aurais cru
J’ai rencontré d’autres éléments et l’innocence a disparue Un moment sur mon ch’min, j’ai rencontré le sport Un mec physique, un peu grande gueule mais auprès d’qui tu d’viens fort Pour des raisons techniques on a du s’quitter c’était dur Mais finalement c’est bien comme ça, puis l’sport ça donne des courbatures J’ai rencontré la poésie, elle avait un air bien prétentieux Elle prétendait qu’avec les mots on pouvait traverser les cieux J’lui ai dit j’t’ai d’jà croisée et franchement tu vaux pas l’coup On m’a parlé d’toi à l’école et t’avais l’air vraiment relou Mais la poésie a insisté et m’a rattrapé sous d’autres formes J’ai compris qu’elle était cool et qu’on pouvait braver ses normes J’lui ai d’mandé tu penses qu’on peux vivre ensemble ? J’crois qu’j’suis accroc Elle m’a dit t’inquiêtes le monde appartient à ceux qui rêvent trop Puis j’ai rencontré la détresse et franchement elle m’a saoulé On a discuté vite fait mais rapidement je l’ai r’foulée Elle a plein d’certitudes sous ses grands airs plein d’tension Mais vous savez quoi ? La détresse, elle a pas d’conversations
Un moment sur ma route j’ai rencontré l’amour J’lui ai dit tient tu tombes bien, j’veux t’parler d’puis toujours Dans l’absolu t’es une bonne idée mais dans les faits c’est un peu nul Tu pars en couille une fois sur deux faudrait qu’tu r’travaille ta formule L’amour m’a dit écoute petit ça fait des siècles que j’fais mon taff Alors tu m’parles sur un autre ton si tu veux pas t’manger des baffes Moi j’veux bien être gentille mais faut qu’chacun y mette du sien Les humains n’font aucun effort et moi j’suis pas un magicien On s’est embrouillé un p’tit moment et c’est là qu’j’me suis rendu compte Que l’amour était sympa mais que quand même il s’la raconte Puis il m’a dit qu’il d’vait partir, il avait des rendez-vous par centaine Que ce soir il d’vait diner chez sa d’mi-soeur : la haine Avant d’partir j’ai pas bien compris, il m’a conseillé d’y croire toujours Puis s’est éloigné sans s’retourner, c’était mes derniers mots d’amour J’suis content d’l’avoir connu, ça j’l’ai bien réalisé Et je sais qu’un d’ces quatre on s’ra amené à s’recroiser Un peu plu stard sur mon ch’min j’ai rencontré la tendresse
Ce qui reste de l’amour derrière les barrières que le temps dresse Un peu plus tard sur mon ch’min j’ai rencontré la nostalgie La fiancée des bons souvenirs qu’on éclaire à la bougie Assez tôt sur mon parcours j’avais rencontré l’amitié Et jusqu’à c’jour, elle marche toujours à mes côtés Avec elle j’ma tape des barres et on connait pas la routine Maintenant c’est sûr, l’amitié, c’est vraiment ma meilleure copine J’ai rencontré l’avenir mais il est resté très mystérieux Il avait la voix déformée et un masque sur les yeux Pas moyen d’mieux l’connaitre, il m’a laissé aucune piste Je sais pas à quoi il r’semble mais au moins j’sais qu’il existe J’ai rencontré quelques peines, j’ai rencontré beaucoup d’joie C’est parfois une question d’chance, souvent une histoire de choix J’suis pas au bout d’mes surprises, là d’sus y’a aucun doute Et tous les jours je continue d’apprendre les codes de ma route
C’était sur une grande route, j’marchais là d’puis des jours Voire des s’maines ou des mois, j’marchais là d’puis toujours
Une route pleine de virage, des trajectoires qui dévient Un ch’min un peu bizarre, un peu tordu, un peu comme la vie.

lundi, avril 17, 2006

Ma légende personnelle.


Je n’arrive pas à commencer mon histoire… C’est un sentiment que je n’ai jamais ressenti auparavant. Une impossibilité à transmettre une idée, un fait, une réalité. Une difficulté de mettre sur papier – ou plutôt sur écran- une certitude qui ne sera jamais écrite. Je croyais que je passerais ma vie à écrire. Et voilà que je n’arrive plus à faire cette seule chose dans laquelle j’excellais- je crois (vous pensez ?). J’ai toujours su raconter des histoires. Des grandes, des petites, des histoires vraies, d’autres inventées, certaines préparées, et d’autres spontanées. J’ai eu recours aux discours pour réussir, fuir ou simplement rigoler… C’était mon domaine. Et maintenant, je n’arrive pas à raconter une simple expérience, une constatation, un secret… Ma vie aurait-elle perdu son sens ? Sa raison d’être?


Je suis inquiète… Que faire de ma vie ? Je n’ai rien d’autre à faire. Je n’aurais jamais du abandonner le ballet. Peut-être qu'après tout j’aurais été bien meilleure en danse ou en ballet qu’en droit. Peut-être que mes histoires ne vous intéressent pas du tout. Mais pour le moment, j’ai des choses à dire… Et vous devez encore supporter ma dernière tentative de survie. Oui de survie… Je ne puis vivre autrement. Je suis née ainsi, très bavarde… Alors voici le début de ce que j’aurais aimé faire passer, ce que j’aurais aimé crier, ce qui aurait été ma danse d’ouverture il y a quelques années, alors que je savais encore danser… Voici ce que j’aurais écrit en chanson les jours où je savais écrire… Pour le moment, rien que des paroles désordonnées qui ont pour seule qualité- exceptionnelle- d’être vraies et sincères. Les mots nocturnes d’une personne très fatiguée et un peu perdue…


Je ne sais pas si comme moi, vous avez parfois envie de changer votre vie. De la bouleverser, la transformer, la détruire. Si vous avez envie de faire ce que vous n’avez jamais fait, et abandonner ce rythme normal qui vous allait très bien. Si vous décidez un jour de suivre les conseils qui vous sont donnés, non pas par conviction – mais alors pas du tout- mais rien que pour vérifier que vous avez raison et que le reste du monde a tort. Ce petit moment qui n’est pas une hésitation- loin de là- mais une décision que prend toute personne raisonnable afin de s’assurer qu’elle ne vit pas dans le mensonge, l’ennui ou l’ignorance. Vous vous dirigez alors vers cet endroit fréquenté par tous, connu et reconnu pour sa Grande réputation, et vous empruntez ce chemin qu’empruntent vos « conseillers ». Vous n’êtes pas satisfaits. Décidément, votre vie allait très bien sans leurs conseils.


Cette expérience ne peut pas être considérée comme une perte de temps. Elle fut un stop essentiel afin de poursuivre la route en paix dans la conviction que ça va, tout va bien. Très bien même. Mais le pire reste à suivre. Vous arrivez au sommet de cette montagne, guidé par ces habitués qui ne sont en réalité que des imbéciles d’habitude, et vous leur rendez le sourire qu’ils vous adressent – ce sourire fier, la fierté pathétique de l’échec ignoré-. Vous arrivez au bout de cette montagne, n’ayant pas toujours saisi ni le but ni l’intérêt de cette course inutile, et vous subissez leurs critiques. Ils vous reprochent d’avoir emprunté ce chemin qui ne vous va pas, cette montagne qui n’est pas la votre, d’avoir trahi votre destin, de vous être égarés en plein chemin. Vous suivez, contre votre volonté, le chemin qu’on vous propose, qu’on vous impose, et ils ne sont pas contents… Ils vous incitent puis vous accusent. Vous invitent puis vous renvoient. Ils ne sont jamais contents en fait, ils ont toujours quelque chose à dire, que vous soyez de leur avis ou pas, peu importe, vous avez toujours le numéro perdant…


Je n’ai pas essayé de faire beau. Je n’ai même pas essayé de faire bien. Je voulais juste faire vrai. Et le vrai en ce moment c’est le chemin qu’on décide d’adopter, qu’on est les seuls à reconnaître, et que nul ne peut juger de faux, de fragile ou d’inutile. C’est notre voie personnelle, notre légende, notre histoire. Celle que les autres ne pourront observer que de l’extérieur et dont ils ne verront jamais les merveilles. Les merveilles cachées dans ses nuits et dans ses jours. Surtout dans ses nuits… Cette vie qui n’appartient qu’à nous, qu’on peint à notre façon, avec des couleurs pastel ou des couleurs sombres, qu’on décore selon nos goûts personnels, qu’on construit et qu’on cultive. Le vrai est peut-être – malheureusement- la nécessité d’être agressif, non pas pour nuire à autrui, mais pour survivre. Rien que pour pouvoir bien vivre, à l’abri de ceux qui pensent à tort deviner notre façon de vivre, et qui se reconnaissent le droit de la critiquer.


J’ai voulu surtout t’écrire… Toi qui supporte mes sautes d’humeur et mes "Grands Projets". Toi qui est le seul à connaître les merveilles de mes nuits et de mes jours. Le seul qui a le pouvoir – et le droit – de juger ma façon de vivre et le chemin que j’ai un jour décidé de suivre. Toi qui est –ironiquement- le seul qui ne le fait pas. Le seul qui me laisse vivre comme j’aime le faire, le seul qui me laisse simplement… vivre. J’ai voulu écrire à celui qui m’observe m’éloigner quelques fois, sachant que je reviendrai très rapidement, celui qui sait que sans lui, ma vie ressemblerait à une course inutile vers le sommet d’une montagne alors qu’un très beau chemin longeant une mer calme et sereine d’un mois de juillet m’est offert. Je t’écris pour te dire que j’ai suivi leurs conseils, j’ai changé ma vie (pour une seconde ou deux), j’ai vu ailleurs leur définition de vivre, et je suis revenue retrouver la mienne, celle que j’ai puisée de mon propre dictionnaire, celui qu’on a pu un jour écrire tous les deux. Je suis venue te dire que mon chemin n’est autre que le tien.


Ce sentiment d’impuissance s’est évaporé. Il ne ressemble plus qu’à un vague souvenir incertain. J’ai essayé de chercher un moyen de communication, une façon d’atteindre leurs cœurs, une manière de les convaincre… En réalité, tous mes mots étaient là. Les leurs manquaient. Mais ces derniers ne sont plus ceux que je recherche. J’ai employé les mots que tu comprends. Dans ma vie, mes règles de jeu. Dans ma vie, ma légende personnelle…



vendredi, avril 14, 2006

« Ce sont nos passions qui esquissent nos livres, le repos d’intervalle qui les écrit. » -Marcel Proust.

Un écrivain écrit de, avec et pour sa passion. Elle le guide, l’envahit, l’inspire et le transporte. Elle fait couler les mots, elle les fait vivre, et leur permet d’exister. La passion réveille les sens, elle nous rend maladroit dans la vie, mais éloquent dans la parole. Un écrivain raconte sa vie par des phrases et des vers. Mais il raconte aussi les passions des autres. Toutes les vies se ressemblent.


Un écrivain vole la vie de tous pour réussir la sienne. Il observe chaque mouvement, écoute chaque mot, et remarque tout mouvement. Sensible, il cherche dans le monde qui l’entoure sa prochaine histoire. Et dans le silence de la nuit, il dévoile des secrets qui ne sont pas toujours les siens à raconter. Dans le noir et le calme, il raconte le monde a sa façon, réinvente la vie, réinvente l’amour, libre de créer, détruire et transformer. Un écrivain trouve ses mots dans un sourire, il les puise d’un simple regard, et les lit dans une caresse.


Les gens vivent, il écrit. Mais il ne faut pas croire qu’il est passif. Il est le plus actif de tous. Il est aussi acteur que les autres. Ecrire, c’est sa façon de vivre, sa façon d’exister. Mais il fait vivre les autres aussi. Il raconte leurs histoires. Ils partiront. Mais les histoires resteront. Non pas comme un souvenir, mais comme une preuve que la vie ne suffit pas.


D’une passion naît une histoire. De cette histoire naît des passions. Un livre raconte une très belle histoire, celle d’un amour pur et éternel appartenant à un autre siècle, un autre monde, une autre vie. Longtemps posé sur une étagère poussiéreuse, ce livre essaie d’attirer l’attention de lecteurs paresseux qui choisissent toujours un livre bien plus court, bien plus neuf, avec une couverture plus attirante. Comme si celle-ci faisait le livre. Mais il attend patiemment un lecteur qui saura propager la nouvelle. Il sait qu’il viendra un jour. Il garde l’espoir.


Un beau jour, il fut ouvert. Et c’est ainsi que les amoureux s’échappèrent de ses pages pour envahir la terre. Leur mission était à accomplir. Il fallait propager la vérité. L’amour était partout désormais. Ils avaient réussi à faire de leur passion personnelle celle de tous. Et des passions… des histoires défiant l’espace et le temps.

jeudi, avril 13, 2006

Des jours qui se ressemblent...

La vie nous rapproche des gens qui nous ressemblent. On se retrouve, naturellement, avec des personnes du même milieu que nous, qui ont souvent fréquente la même école, parlant la même langue et ayant des intérêts qui rejoignent les nôtres. Les conversations se ressemblent et chaque rencontre se différencie légèrement de la précédente. On croit que le monde n’est que celui qu’on a connu, qu’on connaît, que les gens ressemblent tous a nos amis, qu’ils sont comme eux, gentils, méchants ou superficiels- ça dépend de nos amis.


On s’enferme dans une vie qu’on croit la bonne, qu’on accepte et qu’on idéalise, qu’on vit intensément, douloureusement, passionnément parce qu’on décide qu’elle est faite et bien faite, et on en fait une définition de la perfection, par la seule volonté arbitraire d’un très mauvais juge. Toutes les pancartes nous indiquent un chemin différent. Mais le juge est têtu. Il croit bien faire. Il croit avoir trouvé un raccourci. Son chemin est en réalité le plus mauvais de tous. Et du haut de son estrade, il s'imagine un ciel fictif qui lui sourit.


On fait les boutiques habituelles, sans regarder les nouvelles vitrines, on commande une glace chocolat vanille, pour ne pas risquer des parfums plus exotiques, et on finit par écouter les chansons 3, 8 et 11 d’un CD, sans prendre la peine d’écouter pour une fois les autres. On le fait par ennui, habitude, paresse et manque de courage. Puis on s’énerve de cette routine qui tue…


Un jour, on est « jeté » dans une foule au regard cruel, parmi des créatures sauvages et inhabituelles, des êtres différents du « monde » : on n’a connu qu’un seul jusqu'à présent, et ce qu’on voit n’est clairement pas le même. On est surpris de voir une vie en dehors de la notre, du bruit en dehors d’un « chez nous » que l’on croyait très dynamique mais qui s’est avere n’être qu’aussi vivant que tous les autres- et parfois un peu moins.


On essaie alors de s’évader, la tentation est aujourd’hui plus grande, on veut toucher, regarder, goûter, sentir et entendre tout ce qui n’appartenait pas avant ce jour a notre vocabulaire qu’on découvre- surpris- un peu limité. Le monde est grand, on se sent très petit, le monde est vaste, on sent qu’on sait peu de choses. On commence par marcher, puis on court… puis on s’arrête. Que choisir ?


Enfant je me suis perdue. J’étais seule dans la rue. J’ai marché, j’ai couru et puis je me suis assise sur l’une des marches d’un escalier. J’attendais quelque chose, quelqu’un. J’étais seule mais je n’avais pas peur. J’ignorais le danger. Enfant, on n’a peur de rien. Aujourd’hui, tu me laisses parce que je le veux. Tu me quittes parce que j’en ai besoin. Et tu me laisses seule dans la rue. J’ai 10 ans de plus, et 10 fois plus peur… Je ne peux pas marcher. Sans toi, je ne sais pas le faire. Mais on m’a dit qu’a vingt ans, il faut savoir le faire.

lundi, avril 10, 2006

Il avait a choisir entre elle et la societe.

Elle n’était pas déviante. Et a fortiori pas délinquante. Elle n’était même pas excentrique. Elle avait juste refusé ce qu’on lui proposait. Elle ne correspondait à aucune qualification dualiste socialement admise. Elle n’était pas gentille-insignifiante, ni salope-intéressante, elle n’était pas très jolie, mais pas laide non plus… C’était une fille très sincère, mais il fallait la connaître pour le remarquer. C’était une fille très spéciale, mais il ne suffisait de la regarder… Il fallait la connaître. Et pour la connaître, il fallait dépasser un obstacle : la société. Pour certaines raisons, elles étaient incompatibles. Et lui, surtout lui, devait choisir entre elle et la société. Séduit, presque comme tout le monde, par le nombre, et après avoir tant hésité, il opta pour la seconde. La norme était bien plus rassurante. Elle n’était pas déviante. Pas délinquante non plus. Elle était simplement différente. Elle aimait agir, surprendre, sentir. Il était de ceux qui attendent. Mais qu’attendait-il ? Elle ? Non, il l’avait laissée passer…

samedi, avril 08, 2006

Une lettre au fond d'un tiroir.

C’est dans un grand tiroir que repose le désordre, c’est dans un des tiroirs de ma chambre que je range tout ce qui traîne. Apparemment, la chambre est bien rangée. Mais en réalité, ce tiroir contient plus de choses que ma maison entière. Dans toute chambre, un tiroir pareil garde, comme un ami fidèle, des secrets, des photos jaunies par le temps, des lettres, des billets de cinéma d'un premier rendez-vous, les bulletins scolaires qu’il a bien fait de cacher, des fleurs séchées et toute sorte de souvenirs. On essaie de ne pas l’ouvrir, il est parfois difficile d’affronter le passé. Ce tiroir raconte une vie. Mais la vie continue, et ce tiroir, si ouvert, ne ferait que compliquer le chemin. Alors, on le garde clos. Au moins, lui, il sait bien garder le silence. C’est le meilleur gardien de confidences. Et puis un jour, alors qu’on cherche désespérément un papier perdu, on l’ouvre. Et c’est à ce moment que surgissent, du fond de la mémoire, des histoires que l’on croyait oubliées, des moments que l’on croyait disparus avec le temps, des images qu’on a un jour refoulées de notre conscience pour les placer au calme, dans un endroit de notre inconscient qu’on ne visitait jamais. Et parmi ces choses du passé, une lettre. Une lettre que j’ai un jour écrite dans un avion, à une personne dont j’ignore l’identité aujourd’hui, mais qui m’a un jour – apparemment- touchée. J’ai souvent écrit des lettres qui sont restées dans un de ces tiroirs à souvenirs. Cette lettre n’est plus confidentielle. Elle a perdu son destinataire. Elle n’est aujourd’hui que le fruit de sentiments passés… oubliés.

"Ton appel et mon réveil matin se sont confondus. Pas beaucoup de personnes se sont réveillées pour me dire au revoir. Aucune, en fait. On a beaucoup parlé de ce trajet matinal qui mène vers l’aéroport au lever du jour, du ciel rose et bleu à la fois, de la route réservée à ceux qui n’ont pas une minute à perdre et dont la journée commence quand la notre se termine, du calme et de la paix qui règnent sur la ville, de l’envie de partir pour s’évader un bout de temps… et de l’envie folle de revenir.
Ce matin, il faisait très noir encore, et les gens qui sont d’habitude déjà debout dormaient encore. Il pleuvait. J’ai pensé à toi, aux longues heures passées au téléphone, à se raconter des secrets, des histoires, des remarques et des bêtises. J’ai pensé à la journée d’études, au chocolat que tu m’as donné, à ton rire, aux mots qui me blessent, à ce que je te dis parfois pour te rendre jaloux… et peut-être amoureux. J’ai pensé à Beyrouth, j’ai pensé à Londres, j’ai pensé à Paris, à notre histoire, au temps qui nous sépare, à celui qui a fait qu’on se rencontre, au banc inconfortable sur lequel on s’est assis un jour, au courage que j’ai du concentrer pour créer la circonstance. J’ai hâte de partir, de me séparer un moment de mon quotidien, d’oublier ce qui me retient normalement, et toutes les choses auxquelles je me suis tellement attachée. J’ai envie d’oublier pour quelques jours les histoires qui n’ont pas de valeur, une fois regardées de haut. Tu devrais venir ici, et les regarder toi aussi. Tu verras que j’ai raison… Que le monde fait rire d’en haut. Que les gens perdent leur sérieux quand on les observe agir en silence de la fenêtre d’un avion. Il faut que je parte. Rien que pour mieux revenir. Marcel Proust écrit que le bonheur n’est que dans le souvenir des choses vécues. S’il a raison, je serai heureuse en pensant à toi. Mais quel malheur de ne pouvoir trouver du bonheur que dans le souvenir ! Le moment n’a-t-il pas sa joie ? Je ne sais pas… je ne sais plus. Le temps passe, et je m’éloigne de plus en plus. A cette heure-ci, tu dors probablement encore. Entre nous, le temps, la distance et l’ennui. Parle-moi, tu sais très bien que je peux t’entendre. Je ferai semblant de te croire. Rien que pour saisir le moment, rien que pour prouver que Proust a tort. Parle-moi… Tu sais bien qu’on ne possède, tous les deux, que des mots. Mais les mots s’en vont… Et les mots s’évaporent."

jeudi, avril 06, 2006

Ma pesanteur.

Une fois du plus, je commence cette chose que je n’ai jamais su terminer. Une fois de plus, je tente d’achever une des taches les plus difficiles. J’ai toujours eu peur de t’écrire. Peur de gâcher une si belle réalité. Si les écrivains transforment le vrai en bien meilleur, tout ce que je pourrais écrire sur toi ne ferait que transformer le bien meilleur en vrai. Je ne peux pas te faire ça. Tu es trop parfaite. Alors je cherche mes mots. « Un écrivain véritable cherche ses mots. Alors il trouve mieux » -Valery. Mais je ne suis pas un écrivain véritable. Je ne suis même pas un écrivain. Je cherche mes mots, et je ne les trouve pas. Je cherche ceux des autres. Mais il parait qu’ils m’évitent aussi. Je ne fais que troubler leur sommeil. Je me contenterai alors – pour une fois – de la réalité. Tu seras quand même sublime. Tu n’as jamais eu besoin de mes histoires.

Etre une femme, c’est être belle. Toutes les femmes le sont, chacune a sa manière. Et toi, tu es une femme. Avoir une mère comme toi, c’est refuser de grandir. C’est aimer les difficultés rien que pour partager avec toi d’interminables discutions au fond de la nuit, qui se terminent en fous rire et en chuchotements. C’est vouloir réussir pour te faire plaisir. C’est savoir surpasser tous les obstacles puisque tu rends les choses tellement simples. Tu as toujours été ma pesanteur. Cette force qui me permet de garder les pieds sur terre. Tu m’as fait comprendre, très tôt, qu’il ne faut jamais essayer d’être le meilleur. Qu’il y aura toujours des personnes plus belles, plus intelligentes, plus cultivées… Qu’il ne faut chercher qu’à être soi-même. Etre soi, ça suffit. Et c’est même parfait. Pour cela, je suis ce que je suis, et je sais que tu m’aimes comme ça. Une mère ça réconforte, ça donne de la force et surtout de la tendresse. Une mère, c’est la preuve irréfragable de l’existence de l’amour.

J’ai encore une fois échoué. Crois-moi, il n’est pas facile de t’écrire. Mais je te promets que je continuerai à chercher mes mots. A la limite, ceux des autres. Je sais que je les trouverai. Un jour.

mercredi, avril 05, 2006

LE VOYAGEUR.

J’ai eu la chance de connaître dans ma vie un voyageur. J’ai eu la chance de connaître le plus voyageur de tous les voyageurs. C’est de lui que viennent mes histoires. C’est lui que raconte cette histoire en particulier.

Il raconte le monde comme on raconte son pays. Il parle des gens comme on parle de sa famille. Il bouge sans cesse, s’en va découvrir de nouveaux pays, d’autres océans et des terres lointaines. J’ai pu lire dans ses yeux les rues de Paris, le froid de Moscou et les statues de Rome. J’ai rencontre des gens, j’ai visite des musées, j’ai goûté aux fruits d’Afrique, j’ai appris des langues et même des chansons brésiliennes rien qu’en l’écoutant parler. Ses mots rendent la vie belle. Ses mots rendent le monde intéressant. Je me suis souvent demandée si la réalité correspondait vraiment à ses histoires. Peu importe, je voulais y croire. C’était une façon de voyager. Son cœur n’appartenait pas à une seule culture. Ailleurs, on l’attendait. Son cœur battait pour le nouveau, l’imprévu, le diffèrent. Son cœur battait pour l’aventure. Il part pour partir, l’air léger et libre, il part sans prévenir. Ce voyageur ne préparait pas ses affaires à l’avance, ne portait pas de valise. Il s’était détaché des choses matérielles de la vie. Il avait compris que ces choses-la existaient partout, qu’il en aimera d’autres dans d’autres pays. Il connaissait le monde, il connaissait les gens. Il avait tellement vécu. Le voyageur était un homme drôle et gentil. Sa voix était rassurante, son sourire charmeur et ses traits profonds. Chaque ride sur son visage semblait avoir une histoire. Un jour, il est parti sans dire adieu. Je ne sais pas quand il reviendra. Ou même s’il reviendra. On dit qu’un voyageur est toujours infidèle. Je n’aurais pas du croire qu’un jour il s’arrêterait. Pourquoi le ferait-il ? Il faut qu’il parte, il faut qu’il découvre… Mais il faut qu’il revienne.



J’ai connu le plus voyageur des voyageurs... Puisqu’il ne voyageait que dans les pensées.

lundi, avril 03, 2006

Une pensee.

En fait, tout est question de papiers...

samedi, avril 01, 2006

Un extrait de poeme.

"Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,

Et la mer est amere et l'amour est amer;

L'on s'abime en l'amour aussi bien qu'en la mer

Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage."

-Marbeuf-