dimanche, septembre 23, 2007

Seule

Seule sans toi… Mais encore plus seule avec les autres. Des moments ridicules rythmés de petits messages qui racontent un verre, une idée, un souvenir, un projet… Des messages parfois doux et parfois violents de jalousie, parfois coquins et parfois possessifs, des messages qui invitent et qui provoquent, qui demandent et qui demandent encore, qui demandent plus et qui demandent loin, qui demandent de quitter les lieux, de venir plus près, de venir tout près, de venir très près quand il est loin le temps du trop près…
Seule sans toi… Mais je sors. Beaucoup même. Je sors pour faire comme si la vie continuait… Je sors pour faire comme si notre couple survivait bien la distance, comme s’il la snobait, comme s’il la provoquait, comme s’il la défiait… Oui, je sors… Surtout pour faire passer le temps et pour plus vite te retrouver… Je regarde autour de moi, je discute, je bois, je ris… Je joue. Je joue bien. Pour cacher une solitude qui a commencé par m’effleurer, qui m’a ensuite pincée et qui a fini par me dévorer…
Et puis seule sans toi… Seule sur une route qui se fait longue. La route de ma maison… Seule pensant à toi. Seule, t’envoyant des messages doux et violents de jalousie… Des messages excessifs en attendant les messages que je préfère, ceux qui s’expriment de vrais gestes et de vrais baisers… Bientôt. Très bientôt.
Je suis seule… Ne sois pas triste que je sorte. Car c’est au milieu des rires hystériques, des pieds qui s’écrasent, des mains qui se touchent, des regards qui se croisent, des sourires qui se mentent, des robes qui volent, des filles ringardes, des mecs salauds, des gens sympas, des autres envieux, des verres qui se touchent, des verres qui se renversent, des bouteilles qui s’ouvrent, de cheveux qui gonflent, de mèches qui se rebellent, d’une musique qui fait de son mieux, des mots sourds, des salutations répétitives, oui c’est au milieu de tout ce cinéma que je décide de partir… Partir pour mieux apprécier une vie qui a décidé de se détacher du faux pour ne garder que ce qu’elle juge de qualité.
Je suis seule car ta présence n’est pas quelconque. Ta présence est la plus présente de toutes celles que j’ai connues. Elle a effacé les précédentes, rendues ridicules les présentes et refuse d’avance toute possibilité de présence future.

samedi, septembre 22, 2007

Dans le sac d’une femme (ou ma vie en attendant Elie…)

Dans le sac d’une femme on trouve souvent un miroir… Un miroir qui la juge ou qui la complimente selon son humeur. On trouve un miroir tantôt sincère, tantôt hypocrite, souvent ami fidèle mais parfois très politique, un miroir pour la faire sourire et un même miroir pour la réveiller…
Dans le sac d’une femme on trouve souvent des mouchoirs. Des mouchoirs pour essuyer ses larmes, des mouchoirs pour qu’elle arrête de pleurer quand elle conduit et que la vue qui s’expose à elle se fait floue comme ses pensées. Un mouchoir pour lui dire que même loin, son mec est si proche et que ses larmes ne servent qu'à rendre ses yeux enflés…
Dans le sac d’une femme on trouve tout le temps un rouge à lèvres. Un produit qu’elle passe sur ses lèvres pour mettre du rose là où la couleur oublie de passer…
Dans le sac d’une femme on trouve tout le temps son téléphone portable, un objet qu’elle connaît par cœur et sur lequel elle compose des numéros sacrés même en fermant les yeux. Elle l’appelle et elle lui parle à longueur de journée. Elle lui écrit et elle lui dévoile ce qu’elle aurait préféré murmurer, chuchoter et tant de fois… oui tant de fois… crier.
Dans le sac d’une femme on trouve aussi des clés… Les clés d’une maison qui ne mérite pas son appellation, depuis qu’il est parti et qu’il en construit une autre de son côté, une autre qu’il appelle la sienne, une autre qui est tout aussi vide car remplie à moitié…
Dans le sac d’une femme, en cherchant bien, on trouve de la monnaie… Un outil indispensable pour qu’elle s’achète de quoi s’occuper de longues heures pendant qu’elle pense à lui… Lui qu’elle aime et pour qui elle se meurt de retrouver…
Dans le sac d’une femme on trouve des lunettes de soleil… Des lunettes assez grandes et assez sombres qui lui permettent de cacher son identité, depuis qu’elle l’a perdue et qu’elle a du mal à la retrouver, depuis qu’il est parti, et qu’elle la lui a offerte en cadeau, gage de leurs retrouvailles.
Dans le sac d’une femme on trouve parfois des clopes. Des clopes qu’elle pose sur le bout des lèvres depuis qu’elles s’ennuient de ne plus l’embrasser… Mais que sont tristes ces clopes sans briquet… Et mon cœur sans lui à mes côtés…
Dans le sac d’une femme, quand on y plonge le nez, on trouve un papier plié en quatre… Un papier de rien du tout qui lui rappelle qu’il y a un mois à peine, dans une rue de Londres, il lui a écrit : « I’m having the time of my life… and i want to spend the rest of it with you ». Un papier qu’il a glissé discrètement dans son sac après l’avoir si joliment signé : « Elie »…
Le sac d’une femme raconte sa vie… Le mien est toujours trop grand… Car mon amour l’a si bien rempli…

mardi, septembre 18, 2007

Certaines choses nous font grandir...

Certaines choses nous font grandir. Elles éveillent en nous un sentiment de responsabilité. Elles nous donnent une attitude d’indépendance qui va d’une simple démarche confiante à la liberté d’exister. Elles créent au font de nos yeux une lumière arrogante qui semble vouloir dire « aujourd’hui, j’ai grandi ».
Tout fait grandir… Mais certaines choses accélèrent la croissance comme un pied brusque et insistant sur la pédale droite d’une voiture de vitesse. Ces choses là arrivent. Ces choses là s’imposent.
Aujourd’hui, je suis plus grande. Plus grande car j’ai été blessée, plus grande car j’ai aimé, plus grande car j’ai perdu, plus grande car j’ai quelquefois trop bu, plus grande car je n’ai pas toujours su, plus grande car je l’ai vue pleurer, plus grande car hier… elle m’a tout raconté. Juste avant, je me sentais trop jeune. Je croyais avoir le droit de fermer les yeux et les oreilles quand leurs voix ne me plaisaient pas. Je croyais pouvoir tourner le dos, prendre d’une main mon sac, enfiler un jeans trop bas, ajouter un peu de gloss du bout du doigt et partir sans la moindre explication et sans accorder la moindre importance à leurs problèmes tout simplement car j’avais les miens. Bien sûr, des petits problèmes : des trucs de jeunes insouciants, superficiels et excessifs. Oui, surtout excessifs… Des problèmes de corps, des problèmes de fringues, des problèmes d’alcool, des problèmes de mecs, des problèmes de poids, des problèmes d’esthétique, de boîtes de nuit, de jalousie, de gestion de sorties. Mais aussi des problèmes de fac, d’exams, de profs car je suis sérieuse… quelquefois.
Et puis soudain ces choses me bouleversent l’existence imposant du sérieux et un degré de maturité trop poussé à mon goût. Les rôles s’inversent et mes nuits trop blanches restent blanches mais si différemment… blanchies.
Certaines choses nous font grandir. Même si franchement… je n’en ai nullement envie. Car j’ai mon mec, mes fringues, un verre à la main et mes copines… Aujourd’hui, j’ai grandi. J’ai dû interrompre ma soirée à contre cœur, à contre force et surtout… en plein nuit.

Parfois

Je traîne les jambes. Je veux qu’on m’emmène chez moi en hélicoptère. Ou sinon qu’on me pousse… Oui, je suis trop fatiguée. J’ai quelques courses à faire. Je les fais machinalement en regardant vaguement l’emballage. Et je me trompe. Evidemment. Je ne le remarque qu’une fois – enfin – arrivée chez moi, après la douche et après avoir enfilé ce pyjama qu’on ne montre jamais mais qu’on réserve aux soirées de déprime solitaire. Je dois repartir pour acheter les bons trucs. Je suis toujours fatiguée. Je ne peux pas sortir comme ça mais je n’ai plus la force de me changer. Je mets un gros manteau pour tout cacher, je serre bien la ceinture et je ressors à contre cœur. Derrière mes grosses lunettes noires D&G qui cachent mes yeux en larmes assez cernés, dans un de mes plus beaux manteaux et dans des chaussures aussi belles qu’inconfortables, je suis sûre que l’on ne peut apercevoir le ridicule pyjama insortable. Dans la rue, j’ai envie de pleurer. On me regarde. Peut-être. Je crois. Je presse le pas. J’en ai marre. Je finis mes courses. Je refais le chemin du retour. Encore une fois. Je stresse. J’avais rendez-vous avec une copine pour prendre un verre. Mais j’ai tout annulé prétextant beaucoup de travail au cabinet. Je me suis sentie incapable de tenir une conversation. J’appelle mes parents. Ils me dépriment. Sans le vouloir, bien sûr. Ils veulent que je fasse une décision quant aux études à entreprendre. Ils veulent que je ne me lisse plus les cheveux. Ils veulent que j’arrête de manger des conneries. Ils veulent… Ils veulent… Ils oublient de me demander ce que je veux. Et ils ont peut-être raison. Car vraiment, je n’en sais rien. Et je n’ai pas envie d’y penser…
Je suis trop triste. Je me sens un peu seule mais j’essaie de faire taire ce sentiment que je juge trop faible. Car j’ai choisi d’être seule. J’appelle celui que je considère être mon meilleur ami. Il me demande de le rappeler. Il est en compagnie de ses amis.
Je rappelle mon père en adoptant une voix pressée et heureuse pour qu’il ne se doute de mon coup de blues mais il me dit que c’est l’heure du journal et qu’il me rappellerait plus tard dans la soirée. C’était il y a plus de cinq heures…
J’appelle mon frère qui n’a toujours pas acheté un nouveau téléphone. J’ai du mal à l’entendre. Le bruit me fait pleurer.
Je parle à mon copain qui me dit que je suis sa meilleure amie. Et je trouve que c’est la plus belle chose à entendre. Car ce soir, je m’en fous s’il me trouve belle, attirante, charmante ou intelligente. Ce soir, tout ce que je veux, c’est un peu d’amitié. Mais vite, on raccroche. Il n’est pas seul pour parler.
Je suis seule dans un lit énorme. Je tiens le téléphone que je fais glisser entre les doigts. J’ai besoin d’appeler une personne qui ne me forcera pas à raconter quelque chose. Je veux appeler quelqu’un qui me comprenne… Je laisse tomber. Je rentre dormir.