jeudi, novembre 12, 2009

Un renard dans la ville

C’est un jour de pluie… Un jour qui vient affirmer, de la façon la plus arrogante qui soit, à ceux qui, comme moi, nie l’arrivée de l’hiver et prétendent encore que c’est un été indien, londonien ou autre que l’hiver est là. Et pour de vrai. Que l’hiver est là pour rester. Il pleut partout. Sur les rues, sur les trottoirs, dans le parc et partout à Londres. La pluie inonde mon t-shirt tellement inapproprié pour le temps qu’il fait, mes ballerines trop fragiles pour cette époque de l'anneee et… toutes mes pensées. Je cours à Angel. Angel, une partie de Londres qui n’a rien d’angélique. Sauf le nom. Je cours fuyant la pluie et espérant que la journée s’écoule au plus vite pour que je rentre me faire un bon thé au jasmin dans un lit tiède qui lui ne sait rien de ce qui se passe dehors…
Et soudain, sur un trottoir bien citadin, j’aperçois un renard. Un vrai. Je ne crois pas mes yeux. Qu’est ce qu’un renard peut bien faire à Angel ? A Londres ? Une ville au vrai sens du terme, une ville qui n’a rien de vert, une ville qui n’hébergeait jusque là que des gens trop occupes et... des écureuils. Je m’arrête. Immobile. Je doute de ma vision. Je n’avais jamais vu un renard avant. Sauf en photo. Je le regarde les yeux tout ronds de surprise. Et je suis sûre qu’il me fixe aussi… avant de prendre la fuite. Il a disparu d’une façon encore plus étrange que son apparition. Il a disparu me laissant seule sur le trottoir, trempée, dégoutée et perplexe. J’aurais voulu l’apprivoiser… j’aurais voulu lui demander des conseils de survie... Mais il etait deja parti.
Et puis je compatis avec lui… un renard dans une ville auquel il n’appartient pas. Une créature arrachée à son milieu naturel et essayant d’appartenir à un monde fou qui bouge trop à son goût. Un animal sauvage qui se demande ce qu’il fait là, ce qui a bien pu l’emmener là et s’il va pouvoir survivre dans une ville plus dangereuse qu’en pleine forêt. Je compatis avec lui. Lui qui me rappelle qui je suis …

mardi, novembre 10, 2009

La vie à vélo

Je n’ai jamais été douée pour le sport. A moins que le bavardage n'en fasse partie… En cours d’éducation physique à l’école, je prétendais un malaise qui se répétait tous les mardis à huit heures et que personne ne croyait pour que je sois exemptée du cours et que je reste en classe lire… ou rêver.
Plus tard, ma sœur sportive a voulu s’inscrire à un cours de gymnastique. Bien sûr j’ai voulu faire comme elle. Le cours était qualifié de « débutant ». Pourtant, à la première séance, il n’a fallu qu’un claquement de doigts du prof pour que tous les élèves – y compris ma sœur débutante comme moi – sautent et atterrissent sur les bras… les jambes droites, parallèles, tendues, élancées en l’air. Et moi ? J’étais étalée sur le matelas de la salle, ennuyée de leurs manèges et jalouse à la fois. Je finis par considérer cette heure de gym comme une sieste en salle éclairée sur un matelas en caoutchouc… tous les jeudis. Toutefois, je ne m’absentais à un aucun cours. J’étais une élève disciplinée.
Des années se sont écoulées. Et je ne suis pas plus sportive pour autant. Toutefois, aujourd’hui je ne peux plus compter sur la nature et les gènes chanceux pour rester en forme. Alors je décide d’adhérer, un pas vers l’avant et deux vers l’arrière, à un cours de bicyclette. Les premières fois furent pénibles. Je fixais la montre accrochée sur le mur et qui semblait s’immobiliser tout en envoyant des textos à mes copines pour qu’on décide si l’on va déjeuner une pizza ou un hamburger…
Et puis… je commençai à y prendre goût, malgré la douleur physique. Petit à petit je réalisai qu’il s’agissait d’un effort simultané du corps et de l’esprit… Et c’était là la beauté du sport. Cette danse harmonieuse de la peau et du cœur. Je réalisai qu’il fallait se préparer mentalement et se stimuler pour pouvoir endurer… Qu’il fallait avoir, comme toute discipline, beaucoup de … discipline. Et j’y trouvai mon plaisir et ma satisfaction, en plongeant dans le plus profond de mes pensées, de ma force interne, de mes souvenirs, de mes ambitions pour pouvoir bouger mes jambes de la façon la plus rapide et la plus déterminée et arriver là où mes rêves se posent pour m’observer VIVRE, pas encore les jambes en l'air mais certainement... à vélo

jeudi, novembre 05, 2009

N.

C’est un amant sauvage qui me construit en même temps qu’il me détruit. En éternel commencement. C’est un amant qui peut parfois me plonger dans la solitude pour ensuite me combler de satisfaction. C’est un amant effervescent qui peut quand même être sombre et silencieux tout à coup. Surtout les nuits d’hiver. C’est un amant que j’adore et que je hais à la fois. Un amant que j’ai envie de découvrir de la peau au plus profond de l’être et que j’ai envie de quitter parfois, pour ne plus jamais lui revenir et le remplacer par quelqu’un de plus stable, monotone, prévisible… Cet amant c’est la ville que j’habite depuis quelque temps…
Londres. Une ville tellement cosmopolite. A chaque coin de rue se cachent une aventure nouvelle, une rencontre hors du commun, une conversation bouleversante, des ennuis, des bonheurs, des ballades ensoleillées dans un parc un après-midi rare de début de printemps ou une course maladroite pour fuir la pluie parce qu’on ne porte jamais de parapluie… C’est une ville où l’on peut se sentir tellement fort quelque fois, surtout quand on descend l’escalier interminable d’une station de métro, qu’on est débout sur la première marche d’en haut et que l’on se sent à la tête du monde et à portée de main de nos rêves les plus irréalistes. Mais c’est aussi une ville où l’on peut se sentir extrêmement seul aussi quand les transports en commun sont en grève, qu’on ne trouve pas un taxi, qu’il fait 0 degré dehors, qu’on porte sa veste légère super sexy mais tellement inutile, qu’il est une heure de matin, qu’on rentre seul et qu’on finit par marcher des heures dans un froid glacial et dans des rues qui dorment très profondément dans le plus profond des silences…
C’est une ville que je partage avec toi. Toi qui la vis comme moi. En dilemme permanent. En toxicomane content. En satisfaction extrême puis chute libre qu’on vit amèrement tout en savourant la douleur…C’est une ville qui nous plonge en plein désespoir pour ensuite nous offrir une porte de secours, une nouvelle chance, une opportunité folle… à celui qui sait les voir. Après des mois de combat, après des batailles dans lesquelles on essaie souvent d’agir en guerrier téméraire mais dans lesquelles on baisse aussi souvent les bras, je te vois. Toi que je connais depuis toujours alors que je n’ai jamais connue pour de vrai. Et au doigt, je remarque ta bague. Celle qui n’a jamais quitté ton doigt et que j’avais aperçue auparavant. Une bague sur laquelle était inscrit le mot « Hope » qui signifie « espoir » en anglais. Et je souris. Tu souris aussi sans vraiment chercher à savoir la chose qui m’amusait… Oui, ca me fit sourire que tu sois toujours optimiste dans cette ville qui nous a quelques fois trahies. Et je comprenais. Je n’avais pas « espoir » sur le doigt. Mais je l’avais comme toi, tatoué sur chaque millimètre de ma peau.

Dedie a N. qui partage le meme amant...