mardi, janvier 31, 2012

HH (aka Happy Hour)

Mercredi, bien avant le soir. Pas de plans… encore. Il n’est jamais trop tard. Mais quoi faire. Quoi faire pour bruler une soirée de plus de l’hiver. Une soirée sombre. Très sombre. Une de celle qu’on a envie de bruler. Avec un cachet. Avec un sommeil provoqué. Avec des chansons tristes qui ne font qu’empirer les idées noires qu’on échoue à effacer. Avec un appel à un ami trop occupé. Avec un livre qui ne nous fait plus évader. Que faire… conduire ? Mais où ? Les rues nagent dans la pluie. Et puis le volant intensifie le bruit.

Une copine me propose quelques verres. Quelques verres en happy hour. Pas besoin d’aller trop loin. Il y a le bar mexicain du coin. Pourquoi pas ? La nuit est plus facile à deux. J’enfile un jeans. Celui qui ne me déçoit jamais. Malgré tous les gâteaux avalés. Un t-shirt blanc. Vide. Tout simple. Parce qu’il va bien avec le vide qui me hante. Un blazer noir, structuré. Une forme géométrique qui tente en vain de créer une illusion de contrôle dans une vie désordonnée. Le blazer à la Kim Kardashian… Aux épaules exagérées. Pourtant je la hais.

Deux filles en solo, un pitcher de Margarita citron, une table pour deux, tout ce qu’il faut pour tout vider. Nos histoires se mélangent et s’entremêlent, nos paroles ne sont même pas tristes. Elles manquent d’émotions. Par résignation. Parce que dans ma vie, c’est le chaos total. Les points d’interrogations à la fin de chaque affirmation. Demain semble si loin. Et l’hiver, cette année, est bien vilain.

Elle, son ex se marie. Ce soir même. Pourtant, elle ne ressent plus rien envers lui. Mais le mariage… Ce mariage avec cette autre la chipie ne fait qu’ajouter à ses ennuis. Parce qu’il clôture une histoire. Une histoire qui pour elle restait à clarifier. Plus maintenant… Le mariage ferme la page. Et ceci, sans préavis.

En happy hour, oui. Pourtant rien n’est happy. Nos deux visages se trempent dans la boisson sucrée salée. La fraicheur de la glace vient figer nos pensées. Et c’est parfait.

Bien plus tard, bien après la happy hour, la musique nous emporte et nos rires inexpliqués viennent tout balayer. La vie nous semble tout à coup bien banale. La nuit est enfin apprivoisée. Le monde nous appartient. A deux… loin est la happy hour. Mais happy est le moment. La nuit commence à s’éclipser et nous tentons maintenant en vain de la retenir. Nos soucis sont trempés dans un jus de tequila et de citron. La nuit est la notre. Le monde, la blague de l’instant. Et demain, une promesse d’un nouveau commencement.

lundi, janvier 30, 2012

Je sais

‘’Je t’aime’’. Il faut attendre pour le dire. Il faut le sentir, vraiment, profondément. Il faut qu’il émane du cœur, qu’il fasse bruler la peau, qu’il s’échappe naturellement, presque trop vite, de notre bouche entrouverte, il faut qu’il se précipite, qu’il soit vrai, chuchoté ou crié, peu importe, il faut qu’il soit un peu maladroit, fragile, parfois timide et parfois costaud. Il faut qu’il soit dit dans le but de faire plaisir… et parfois même pour faire mal ; quand il n’ya plus rien à dire.

J’ai dit je t’aime. Plein de fois. Innocemment. Bêtement. Impulsivement. Je n’ai pas l’amour raisonnable. L’amour que je ressens me vient toujours trop vite. Presque aussi vite qu’il ne m’échappe. Je l’ai dit au réveil, je l’ai dit en message, je l’ai dit à l’oreille, je l’ai écrit sur des petits bouts de papier déchirés d’un cahier de français et je l’ai parfois pensé tellement fort que sur mes joues devenues roses il s’est dévoilé. Je l’ai écrit, souvent, sur le dos d’une photo de vacances, une photo qui vante une peau bronzée, des mèches dorées, un sourire jamais forcé, des cheveux dans le vent, un short en jeans, des vagues en arrière plan et toutes ces choses éphémères qui ne survivent jamais la saison.

Je l’ai dit par erreur quelquefois, après quelques verres de trop, sans mentir toutefois, en le pensant à la seconde même, parce que la chanson était trop belle, parce que ce soir là il était beau, parce que ma robe était nouvelle, parce que la nuit était fraiche, et que je n’avais pas envie de rentrer tôt…

Les je t’aime, oui, je les ai trop dits…. Cœur artichaut, peut-être. Cœur archi-chaud, peut-être aussi, c’est un garçon qui me l’a dit. Une inflation des ‘’je t’aime’’ qui a dénudé la déclaration la plus puissante et la plus fragile à la fois de sa vraie valeur.

Oui, je l’ai dit. Et parfois, j’ai eu droit à un ‘’je t’aime, aussi’’. Le ‘’moi aussi’’ me révoltait. Je voulais une reformulation complète, et je l’exigeais. Les je t’aime se sont succédés, oui, au fil des années jusqu’à devenir aussi désuets que les réponses qui les suivaient.

Jusqu’au jour où à mon je t’aime il répondit ‘’je sais’’. Et dans sa certitude dénuée de toute arrogance, je retrouvai la magie de mes mots. Et ils redevinrent, de par leur évidence dans ses yeux, tout simplement beaux.