dimanche, décembre 31, 2006

Si je m'en vais

J’ai décidé de t’offrir mon présent. Pour qu’on partage un jour, peut-être, notre avenir. Je t’ai donné mon présent, pour le plaisir d’un moment libre. J’ai accepté le tien, pour la richesse qu’il comporte. Je l’ai surtout accueilli, pour le bonheur qu’il m’apporte. Je me suis créée une toute petite place dans le désordre de nos vies respectives pour mieux affronter les autres moments de la vie, d’autres moments que j’aime moins, des moments que j’aime moins puisque je suis seule. Seule, sans toi.
Dans cette vision des choses, pas de place ou si peu au passé. Le passé… On en parle pour mieux comprendre le présent. On en parle pour mieux s’aimer. On en parle pour se surpasser. On en parle pour faire de la confiance un très beau cadeau. Et surtout pour plus de complicité. Mais il serait excessif d’en faire un présent. Il serait ridicule d’en faire un débat permanent.
Quand le passé déborde sur le présent, que le présent se transforme en une analyse minutieuse et trop injuste d’une adolescence bien vécue et que l’instant glisse de nos mains, le bonheur que fait naître la possibilité d’un éventuel futur disparaît. Et le passé vante sa résurrection. Une renaissance peu méritée.
Si je m’en vais ce soir ce n’est pas de ta faute. Si je m’en vais déjà c’est que je dois continuer à chercher. Parce que mon passé je l’aime. Et c’est un présent similaire que je cherche. Un présent autonome dirigé vers l’avenir. Un présent ambitieux qui tourne la page du passé. Un présent curieux mais point rancunier. Un présent lucide qui comprend….
Si je m’en vais ce soir c’est que je n’ai pas encore trouvé la personne que je cherche, celle que j’ai cru voir en toi, celle qui lira mon passé rien qu’en me regardant dans les yeux, celle qui posera un doigt sur ma bouche quand je jugerais nécessaire de raconter fautes et bêtises, celle qui me dira que du passé elle s’en fout et qu’elle ferait tout pour envahir mon présent et chaque seconde future de ma vie, une personne qui me dira que seule compte la seconde présente… et surtout celle qui suit.

mercredi, décembre 27, 2006

Les plus beaux discours

Les plus beaux discours, je les connais. Ils m’on souvent été dits la nuit. Les plus beaux discours, je les connais par cœur. Ils ont souvent été accompagnés de grands gestes majestueux, de quelques larmes dans les yeux, d’un air doux et innocent et d'une musique de fond tout aussi hypocrite.
Les plus beaux discours, je les ai souvent rédigés à des amis qui voulaient faire semblant d’aimer. Nous avons pris la précaution de les rendre spontanés et naturels, d’y intégrer quelques hésitations et fautes de vocabulaires, quelques pauses et quelques balbutiements, quelques moments de réflexion et d’autres faussement timides, pour qu’ils sonnent improvisés et dictés par la beauté des yeux d’une destinataire naïve.
Les plus beaux discours sont souvent des discours-type, passe partout et uniformes, qui sont dits et répétés à des filles trahies volontairement…Classiques d’originalité, ils touchent et font mal même quand on sait leur auteur eloquent et beau parleur.
Les plus beaux discours m’ont tout aussi attirée. Bien que très bien avisée, je finissais par croire à chaque fois les mots d’un garçon menteur. Peut-être pour le plaisir d’y croire. Peut-être parce qu’on a, nous les filles, toujours la prétention d’avoir changé le mec en question.
Les plus beaux discours sont ceux d’hier soir, d’avant-hier et du soir d’avant. Les plus beaux discours je les connais tres bien. Je pourrais les répéter si tu veux. Les plus beaux discours t’offrent le moment. Les plus beaux discours t’offrent seulement le moment.
Les plus beaux discours, mon amour, sont les miens désormais. Et en attendant, tu pourrais peut-être passer à l’action. C’est un domaine que je ne connais pas assez. Un domaine dans lequel tu pourrais, peut-être, briller.

Et toi mon coeur?

« Et toi mon cœur pourquoi bats-tu ? » avait dit Jean D’Ormesson. Son cœur battait. Pour qui ? Pourquoi ? Peu importe. Un cœur qui bat, c’est l’essentiel. Un cœur qui bat est en vie. Un cœur qui bat tend vers un autre qui bat… peut-être. Un cœur qui bat est un cœur véritable. Son cœur existait donc. Son cœur pouvait aimer.
Le problème de D’Ormesson était un problème de compréhension. Il ne comprenait pas la raison qui provoquait un tel phénomène. Mais l’existence de ce sentiment merveilleux était incontestable.

L’amour est souvent douloureux dit-on. Parce que les plus belles histoires d’amour sont souvent soit impossibles soit à sens unique. Je ne sais pas si l’on peut parler d’amour quand on est seul à aimer. Mais c’est ainsi que j’aime appeler tout ce que je vis : de l’Amour. Peut-être pour embellir des histoires complètement tordues… Peut-être pour faire d’un commencement fragile une merveilleuse histoire. Peut-être parce qu’à force de faire semblant... on tombe vraiment amoureux.

Pourquoi le cœur bat-il? Il bat pour un sourire, une caresse, une chanson triste, une photo jaunie trouvée dans un tiroir, une histoire qui rappelle une vie sans histoire, un mec trop bien mais trop pris, un amour d’enfance, un homme parfait. Le cœur bat sans arrêt. Parce que nous cherchons et trouvons toujours quelqu’un à aimer.

J’ai un souvenir vague et agréable de l’accélération du cœur. J’ai en tête une image floue de ce que je croyais à chaque fois et sans cesse être l’amour. Et puis j’ai perdu le goût de ces choses si belles. J’ai perdu l’émerveillement du premier jour, la curiosité du second, la complicité du troisième. J’ai crée une ambiance monotone qui me tue. J’ai apprivoisé le sentiment du non sentiment. Je me suis fait méfiante à l’égard de celui qui me rongeait doucement dans le passé. Et je me demande : « Et toi mon cœur… où es-tu ? ».

mardi, décembre 26, 2006

Un moment ordinaire

Les histoires qui intéressent sont celles qui constituent l’exception. Nous cherchons tous une fin surprenante, un dénouement tragique, une solution choquante, un résultat hors du commun. Nous oublions que les plus belles histoires sont celles qui sont tout simplement… ordinaires. Nous sommes tous tentés, un jour ou l’autre, de modifier légèrement une scène que l’on décrit rien que pour la rendre plus bizarre et de ce fait plus attirante. Nous penchons tous pour l’exceptionnel. Les fins doivent être tristes ou heureuses. Qu’elles soient anodines nous décevrait tellement… Pourtant, les aventures banales et sans lendemain remplissent nos vies. Nous vivons tous pour un moment insignifiant sans véritable fin, un moment bref d’une vie tout à fait normale, un moment qui fait notre joie, mais un moment sans vrai début, sans vraie suite. C’est un moment tout court, volé au temps, un moment qui rend, sinon heureux, du moins vivant. J’ai une histoire à raconter. C’est une histoire désintéressée. Une histoire qui n’en est pas une en réalité. Je marchais d’un pas pressé. J’avais juste envie – ou plutôt besoin – de rentrer. Il me fit un magnifique sourire. Il me souhaita un joyeux noël tout en me fixant d’un regard généreux. Il n’essaya pas de me retenir. Il me dit au revoir d’un signe de la main. Mon histoire aurait été bien plus intéressante si elle comportait une fin, un obstacle, des peripeties. Mais il n’en est rien. Nous n’avons pas échangé nos numéros de téléphone. Je ne sais même pas comment il s’appelle. Je ne sais pas si je vais le revoir. Et je m’en fous. Je vis pour des moments sans importance. Je vis pour ces instants de bonheur. Je vis pour ce mec qui me sourit juste pour le plaisir de le faire. Je vis pour un échange altruiste qui se veut innocent. Je vis pour une solidarité implicite qui se transmet par le regard. Je vis pour un pas de danse avec un inconnu charmeur. Je vis pour une soirée unique et solitaire qui ne sera pas nécessairement le point de départ d’une relation sérieuse et qui sera oubliee aussitot. Je vis pour une seconde égoïste qui songe à sa réussite sans penser à celles qui vont suivre. Je vis pour un moment ordinaire… qui se fout de l’exceptionnel.

lundi, décembre 18, 2006

Mon ex-traordinaire

L’ex. E et X. Deux lettres qui prétendent tout résumer. Comme si les relations pouvaient être balayées par une notion temporelle qui déclare comme appartenant au passé une personne, un jour, aimée ou du moins… appréciée.
L’ex. Un mot bref qui se veut réduit pour passer rapidement sur cette page poussiéreuse d’hier qui n’appartient plus au présent.
L’ex. Un préfixe transformé en mot, préfixe qu’on utilise abusivement.

L’ex du p’tit ami est une fille qu’on déteste. Une fille qu’on imagine souvent cruelle, possessive et folle de jalousie. Mais il se trouve que « l’ex » est une fille comme les autres, une fille comme nous, qui laisse couler ses larmes quand elle regarde pour la centième fois Titanic, et qui prétend, comme nous, avoir du sable dans les yeux quand on la surprend en train de pleurer.

Un mec a été blessé par une fille. Il a passé de longues nuits à penser à elle. Il est avec quelqu'un d'autre aujourd’hui. Il sort avec sa nouvelle copine. Il voit celle qui l’a tant marqué dans le passé. Celle avec qui il a passé toute son adolescence, des jours et des nuits à discuter. Celle qui lui a appris le sens de l’amour pour le lui reprendre après. Il la voit, toujours aussi belle, toujours aussi fraîche. Il la salue par un hochement de tête. Un hochement discret qui veut tout dire. Sa compagne lui demande des explications. Il répond d’un ton faussement détaché : « ce n’est personne mon amour, rien qu’une ex, un caprice de jeunesse ». L’ « ex » n’est donc personne. L’ « ex » n’est rien. Alors qu’il aurait pu tout simplement dire que cette jolie fille est l'une de ses amis.

Il y a l’ex du p’tit ami, notre ex à nous, notre futur ex (le mec que nous fréquentons), l’ex de notre meilleure amie qu’on déteste parce qu’il est, selon elle, salaud, l’ex de notre futur ex, la future ex de notre ex (la fille qu’il fréquente) et l’ami de l’ex qui devient ex-ami du même coup.

Ex. Deux lettres qui résument si faussement un passé. Deux lettres très injustes à l’égard du temps consacré. Un mot vulnérable qui traduit si peu nos souvenirs et qui ne souligne que la notion « temps ». Car quand une relation se termine, certains de ses éléments survivent à sa fin. On les emporte avec nous. Ces éléments sont les souvenirs gardés, les leçons tirées, les blessures, les séquelles et les moments les plus intenses de la vie.

L’ex n’est pas un ex. L’ex est d’abord un ami même dans les pires situations qui se clorent par des injures et des cœurs brisés. L’ex est… ex-traordinaire. Qu’il soit mémorable ou au contraire pathétique, le fait d’avoir posé, un jour, un regard insistant sur lui, le fait de lui avoir un jour offert le temps d’une minute d’une journée toujours trop courte le rend exceptionnel. Mon ex est ex-traordinaire. Parce que ma vie l'est. Mon ex est ex-traordinaire car il a un jour constitué une de mes priorités.

Pour le temps donné, les efforts faits, les promesses échangées, les mains croisées, les secrets livrés, les mots chuchotés, les obstacles surmontés et surtout la bonne idée de se quitter, j’ajouterais, à ces deux lettres surestimées, quelques unes en plus… volontiers!

dimanche, décembre 17, 2006

L'autre bout de ma vie

L’autre bout de ma vie se moque du premier. Il se souvient d’une conversation touchante un jour échangée mais en a oublié le moment et la durée. L’autre bout de ma vie est aujourd’hui très bien planifié. Il garde des souvenirs mais a fermé la page du passé. Il se contente d’un présent agréable, raisonnable. Un présent choisi, planifié, travaillé, convenable. Un bout de vie complémentaire au premier mais tellement différent. Un bout de vie qui se sert du premier, pour le dépasser, le détruire, l’ignorer, l’oublier, s’en servir et n’en garder qu’une leçon vulnérable difficile à avaler.
Mon présent aujourd’hui n’est qu’un bout timide comme le premier. Un bout qui s’ajoutera à tous les autres pour les assombrir ou les illuminer. Mon présent aujourd’hui est un bout que j’aime bien. Un bout dans lequel on danse aussi bien en boite que dans les rues de Beyrouth au petit matin.
Le premier bout a longtemps duré. Il a provoqué des paroles, des écrits, des larmes et des baisers. Il a été critiqué, détruit, construit puis déchiré. Il a rempli ma vie puis l’a un jour complètement vidée.
Ce premier bout dont j’ai parlé est aujourd’hui loin dans un endroit caché de mon passé. J’y pense quelques fois, un sourire aux lèvres, la tête plein de belles histoires. Des pensées qui se font floues et contestables, des pensées que je modifie comme le veut la mémoire.
Quant a l'autre, il est tellement beau pour tout te dire. Je pourrais t’en parler et je ne voudrais le voir partir. Il remplit ma vie peut-être pour la détruire. Mais il l’a remplit peut-être pour la construire. Et toute chance est à saisir.
Un premier bout de ma vie que je ne pourrais cacher. C'est un bout que je raconte. Que j’aime. Que je défie. Un bout que je considère, grâce à toi, avec certitude et conviction, fini.
Et puis il y a l’autre bout… Le nouveau. Un bout qui se forme. Un bout qui m’offre le temps et surtout… la possibilité.
Les choses impossibles sont provocantes. Elles nous attirent. Mais elles nous rejettent quand il est devenu difficile de partir.
Les choses possibles sont certes plus paisibles. Mais elles réalisent, par une hypothèse tout à fait possible, des choses des plus… impossibles.

vendredi, décembre 15, 2006

Un bout de vie

- Allo ?
- Bonjour petite. Ca va ?
- Pas vraiment. Et toi ?
- Non plus… Tu m’as beaucoup manquée tu sais…
- Pas toi.
- J’adore quand tu mens.
- …
- Comment tu passes tes journées ?
- A la fac. J’avais un examen aujourd’hui.
- Comment t’as fait ?
- Pas mal. Sauf que ma copie va ressembler à toutes les autres. J’aurais dû y mettre une touche personnelle.
- Je suis sûr que tu as très bien fait. Tu doutes de toi. Comme tu as douté, un jour, de moi.
- Encore faut-il que le prof, lui, en soit sûr. Quant à toi, c’est une vieille histoire…
- Tu sors avec quelqu’un ?
- Oui…
- Je suis sûr qu’il est fou de toi.
- Pas moi…
- Parle-moi de lui.
- J’écoutais le cd que tu m’as offert.
- Pourquoi tu changes toujours de sujet ? laisse-toi faire…
- C’est bizarre… Tu avais choisi des chansons tristes. Comme si tu savais déjà que...
- Arrête. N’en parlons plus. Tu l’as dit. C’est une vieille histoire.
- Il y a « Adieu », « ne me parlez plus d’elle », « l’encre de tes yeux », « je viens pas te parler d’amour »…
- Oui. je savais…
- …
- Tu es où ?
- En voiture… Je rentre chez moi.
- Passe par moi. C’est sur ta route. Passe par moi.
- Non. Je ne passe plus par là-bas. C’est une route triste. Une route qui parle de nous. Une route qui nous a connus. Une route qui sait trop. Une route que j’évite. Une route qui mène vers toi. Une route qui nous a vus mourir. Elle me provoque souvent. Elle m’appelle. Je vais vers elle. Presque sans le vouloir. J’y vais à chaque fois que je pense à toi. Quand je réalise où je suis, il est trop tard. Je reste quelques instants. Mais je finis toujours par faire demi-tour. C’est dur d’affronter le passé. C’est dur d’admettre le présent. Dur d’imaginer un avenir. Notre passé, quant à lui, je l’aime.
- Fais-en un présent.
- Tu sais que c’est impossible…
- Oui, je sais.
- Je regarde parfois la mer. Je sens que tu y habites. Je pose ma main sur la vitre pour la caresser. Mais elle joue l’inaccessible. Je regarde. Pas pour longtemps. J’ai peur de m’y perdre. Je regarde du coin de l’œil la route qui s’étale devant moi. Je sais que c’est celle qui me convient. Je lui en veux d’être parfaite. Je lui en veux d’être raisonnable. Je regarde de côté. De côté, la tentation. De côté l’interdit. Mais je me retiens. Faut pas que je succombe. Je déteste les vagues, ces couleurs sauvages qui se veulent si douces, je déteste la perfection du paysage, son harmonie avec une musique que je n’arrive pas à chasser de ma tête, je déteste la force, celle qu'il me faut repousser…
- Décidément, tu ne changeras jamais…
- …
- …
- Bon, je te laisse. On s’appelle ?
- Oui on s’appelle. On s’appelle peut-être.
- Peut-être ?
- Je vais te laisser vivre ta vie.
- Et toi, tu vas vivre la tienne ?
- Je fais de mon mieux.
- J’aurais voulu que tu me retiennes.
- Tu dis toujours ça. Mais tu finis par fermer les yeux.
- C’est vrai. J’ai toujours eu peur. Peur de toi. Des autres. De la vie. De l’amour.
- On sera ensemble. Un jour.
- Tu crois ?
- J’en suis sûr. Tu es à moi.
- Ne dis pas ça. Je ne veux pas d’un amour possessif.
- Tu le préfères fugitif ?
- Non. Différent. C’est tout.
- Fais attention à toi.
- Toi aussi. Est-ce encore un adieu ?
- Plutôt un au revoir.
- Tu deviens tellement prévisible…
- C’est possible.
- ...
- Allo ?

jeudi, décembre 14, 2006

Au petit dernier

Je te vois grandir si vite, je te vois grandir de cette façon arrogante qui est la tienne. Tu te moques de la vie, des études et de ces paroles que tu entends vaguement et que nous sommes obligés – à cause de toi – d’écouter. Je te vois grandir et devenir très beau. Je te vois refuser, te plaindre, murmurer tout bas des injures et des insultes, je te vois rebelle et dégoûté. Tu grandis… Comme tu es beau aujourd’hui !
Je te vois discret, je te vois fatigué, je te vois courir… puis t’allonger sur le canapé. J’aimerais tant que tu travailles, que tu réussisses, j’aimerais tant que tu prennes les choses au sérieux mais tu refuses. La vie pour toi est un jeu. Et le sérieux est à moi me dis-tu. Peut-être que tu as raison, que la vie est trop belle pour étudier. Mais ça, je ne te le dirai jamais. Et je sais que de ton coté, tu ne le liras pas. Tu es trop paresseux pour le faire...
Je te vois grandir. Tu as le regard inquiet quelque fois. Mais tu préfères l’incertitude à un effort quelconque. Tu préfères l’oisiveté. Et tu me fais souffrir. Mais tu ne m’écoutes pas. Je suis trop jeune pour savoir, me dis-tu. Et toi tu crois tout savoir…
Je te vois grandir entre tes amis. Ces garçons qui t’aiment et avec qui tu passes des nuits blanches à rigoler. Vous m’empêchez souvent de dormir. Mais je ne dis rien… Ca fait tellement de bien de vous savoir si heureux, si dynamiques, si sincères.
Je te vois grandir dans la salle de sport. Je te vois grand, jeune et honnête. Je te vois malheureux quand il faut que tu travailles. J’aimerais le faire pour toi mais c’est impossible. Aujourd’hui c’est à toi de passer l’épreuve. Et puis je suis sure que si tu essayais, tu le ferais tellement mieux que moi.
Je te vois amoureux et pensif. J’essaie de tout savoir, de tout entendre, de tout observer. Mais on m’a dit de te laisser tranquille. La vie est à toi désormais.
Je te vois gentil et serviable, je te vois fort et révolutionnaire, je te vois endormi et rarement réveillé, je te vois drôle et plein de surprises. Je te vois des yeux d’une grande sœur.
Je te vois plein de rêves, plein d’ambitions. Je te vois orgueilleux et fier. Je te vois si pur, si profond…
Je te vois ami fidèle, je te vois copain sincère, je te vois gentil frère, je te vois insouciant et plein de vie, je te vois responsable quand il le faut, je te vois adulte et enfant, je te vois calme et mystérieux… Je te regarde. Je t’observe grandir et changer.
Tu grandis ? Peut-être. Sûrement. Mais tu restes mon p’tit frère.

mercredi, décembre 13, 2006

Sensations

On vous a sûrement dit, un jour, qu’il faut voir le coté positif des choses. Mais entre nous, ce côté positif est parfois si bien caché que l’on se demande s’il faudrait vraiment le chercher et s’il existe en réalité. Etre optimiste quand tout va mal serait être totalement naïf ou absurde. Car il existe des situations catastrophiques qui ne procurent ni intérêt ni plaisir.
Le côté positif des choses… Et s’il suffisait de trouver un moyen de tirer profit de tout malheur ? La leçon, me diriez-vous ? Personnellement, je préfère apprendre des autres sans avoir à souffrir. La force, l’expérience, la patience, le sang froid ? Ce sont certes des qualités respectables. Mais elles restent des notions abstraites difficiles à mesurer. Elles restent subjectives et leur acquisition est incertaine.
Personnellement j’ai décidé d’écrire. Ecrire pour créer. Ecrire comme on chante, écrire comme on pleure, écrire pour continuer. Ecrire serait une façon de profiter de la tristesse. Ecrire serait une façon de sublimer les sentiments pénibles.
Je me suis mise à raconter pourquoi il m’a quitté, comment elle est partie, la fin de l’été, le froid de l’hiver, une séparation, des retrouvailles précaires, une dispute injustifiée, un amour impossible, un matin médiocre, une nuit belle mais dépassée, un film émouvant… J’ai écrit pour partager.
Créer est un acte de générosité. L’œuvre artistique est une réflexion de son créateur, un objet unique, une vision personnelle, un message. Sa valeur réside dans le temps qui lui a été consacré, dans l’idée unique qui a été à son origine, dans le talent de l’artiste, dans son unicité, dans le plaisir qu’elle procure à son destinataire, dans les sensations qu’elle fait naître.
Le côté positif de toute mauvaise expérience est l’état de transe qui lui succède. Réalité et imagination se mélangent, prennent pour point de départ la vie pour offrir aux autres les secrets d’un instant insolent de vérité.
Nous créons tous, chacun à sa manière. Nous partageons en images, en musique, en mouvement, en mots ce que nous ne saurions avouer. Elle cree quand elle marche, par le mouvement sensuel de ses hanches, une tres belle danse. Il cree quand il me regarde, de son regard a la fois insistant et arrogant, un instant que je retiens. Nous creons en discutant, souvent tard dans la nuit, une de ces belles conversations spontanees, sinceres et improvisees caracterisees par leur verite.
Nous créons tous. Nous créons pour les sensations.

mercredi, décembre 06, 2006

Politically (in)correct

La politique, c’est l’art de gouverner. Gouverner, c’est organiser la vie d’une société en recherchant l’intérêt général. Tout homme politique devrait avoir la vision, le juste sens des proportions, l’esprit de synthèse et ce qu’on appelle couramment le « leadership ». La fonction première de tout homme politique est la représentation du citoyen. Ce dernier ne pouvant s’occuper directement de la chose publique, il la confie à un homme qui représenterait ses intérêts et travaillerait dans l’intérêt de tous.
L’homme politique doit donc remplir certaines caractéristiques qu’on ne trouve pas nécessairement chez « l’homme moyen », notion empruntée au vocabulaire juridique. Il doit être digne de confiance et apte à contrôler ses tendances et ses impulsions, il doit être en mesure de choisir des mots adéquats afin de transmettre un message déterminé en veillant aux sentiments de la nation. Il doit constituer le modèle à suivre puisque l’administré lui a accordé toute sa confiance et puisqu’il parle au nom de ce dernier. D’ailleurs, de là est née l’expression « politically correct » qui signifie le fait de se comporter d’une façon irréprochable dans le souci de concilier le fond à la forme. La chose sera dite, mais surtout, bien dite.
L’homme politique se place à la tête d’une population pour la guider, la soutenir, l’encourager, la protéger, l’encadrer et défendre ses intérêts. Il est responsable envers ceux qu’il représente puisque ceux-ci lui ont accordé le pouvoir.

Sur notre scène politique aujourd’hui, nous voyons des hommes politiques qui ont perdu les qualités de la représentation. Ils utilisent un vocabulaire familier pour exprimer leurs opinions. Ils emploient un langage vulgaire pour se défier mutuellement. Ils prennent un ton arrogant pour préserver leur autorité. L’homme politique libanais a perdu son élégance. Il a perdu la noblesse qui faisait de lui un modèle. Il a perdu la subtilité qui caractérisait ses discours. Il a perdu la sensibilité dans le choix des mots. Il a perdu la perspicacité qui lui permettait de comprendre le peuple à qui il s’adresse. Il est difficile de l’écouter, impossible de le croire. La légitimité de son pouvoir est contestée. Ses agissements sont discutables. Il ressemble de plus en plus à l’homme moyen. Alors comment fonder son pouvoir désormais ? Et un pouvoir non fondé devrait être remis en cause.
Je finis à peine mon texte et je remarque la grossièreté de l’erreur commise. J'ai failli oublier que si les actes des puissances publiques sont partout dans le monde « politically correct », les nôtres sont de nature et par hypothese politically... (in)correct!

Publie dans L'Orient Le Jour le 16 decembre 2006

mardi, décembre 05, 2006

Que faire de ma vie?

Il parait que les décisions que l’on prend à vingt ans sont celles qui détermineront tout notre avenir. Il parait que c’est vrai même si certains disent que ce n’est qu’un gros mensonge que racontent les parents et les profs afin de pousser les jeunes à étudier et à travailler. Mensonge ou vérité, ces décisions sont difficiles à prendre. Car au bout de chaque route paisible, il y a un carrefour. Tout carrefour suppose un choix. Et tout choix suppose renonciation. Les choix font souvent peur. Car si l’on opte pour une chose, on en délaisse une autre. Et il n’est pas souvent facile de se détacher d’une chose, banale soit-elle.
La vie est donc faite d’une succession de choix. Et entre un choix et un autre, un intervalle qui permet à toute personne de se ressaisir et de se reposer de la tension que provoque tout choix important. Cet intervalle est supposé être reposant, si l’on exclut bien sur la possibilité d’un regret ou d’un doute quant à l’opportunité de la décision prise.
Mais l’intervalle ne fait en réalité que préparer le grand moment. Le grand moment naît d’une longue méditation, d’une recherche, d’une réflexion et surtout d’un sentiment positif qui penche pour une direction déterminée.
Plus je me rapproche de la fin de mes études, et plus je suis confuse. Car c’est à ce moment-là que je devrai choisir la prochaine station. Une station prochaine qui déterminera, dit-on, toutes celles qui vont suivre. Plus j’y pense, et plus je plonge dans ma confusion. Car s’il est difficile de choisir quand on aime peu de choses, il est encore plus dur de faire une décision quand on en apprécie plusieurs. Il faut choisir l’université, la ville, la spécialisation. Il faut choisir ce qu’on aime mais aussi ce qui pourrait constituer la base d’une carrière réussie.
Je me réveille perdue et confuse : « je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie ». Cette phrase, je l’ai répétée à plusieurs reprises ces derniers jours. Elle a tantôt provoqué des rires, et tantôt laissé imperturbable. Où aller ? Quel chemin prendre ? A qui demander conseil ? Vais-je réussir ? Que choisir ? Penser à demain ? Me suffire d’aujourd’hui ? Me contenter de ce soir ? Prévoir une carrière au Liban ? Faire confiance au pays ? Opter pour Paris ? Pour Londres ? Changer de plan pour une personne spéciale ? Se fixer un plan rigide et surpasser tous les obstacles ?
Beaucoup de questions qui fatiguent… Cet intervalle supposé être relaxant n’est en réalité que confusion.
Mais Paul m’appelle. Paul m’appelle de Pékin. Il est parti pour la chine il y a deux ans. Il était en première année de Droit. Il est parti pour quelques mois. Mais il n’est pas revenu. Il a bien aimé la chine… Il s’y est installé. Sa vie d’ici, même s’il l’aimait bien, ne l’a pas empêché de vivre l’aventure. Il s’est adapté à un environnement étranger, à une culture qui lui était inconnue. Il l’a apprivoisée. Il pense à aujourd’hui. Il va peut-être aller aux Etats-Unis l’année prochaine. Ou pas. C’est un éternel voyageur. Un voyageur qui ne se laisse pas intimider par les choix. Car il décidera à la dernière minute. Il fait des choix d’impulsion. Il est heureux. Et il construit bien sa vie.
Réfléchir ? Se lancer ? Hésiter ? Laisser la vie faire les choses ?
Je vais faire comme Paul. Je vais faire confiance à la vie. Elle m’emmènera où elle voudra. Pour l’instant, pas de choix…

vendredi, décembre 01, 2006

Le droit a la vie

Un besoin étrange m’envahit depuis quelques jours. Celui de parler. Je ressens l’urgence de manifester mon point de vue dans un chaos qui ne l’apprécierait pas forcément. J’ai quelque chose à dire, un message important à partager. J’ai en moi la conviction de devoir tenter, à ma manière, par mes modestes moyens, de sauver une société qui souffre ou du moins les jeunes qui, comme moi, ne sont plus heureux en cette période politiquement instable.
Je suis entourée de personnes compétentes, d’élèves qui ont la soif de comprendre et celle de réussir, qui veulent aller au bout de leurs études, qui fondent leurs opinions et tendances sur des arguments logiques et convaincants, qui possèdent l’éloquence de la parole et l’élégance du geste, qui dépassent les différences de religions et d’appartenances pour former une véritable société pacifique de qualité. Je suis entourée de jeunes qui constitueront un jour, sans doute, l’élite du savoir. La nouvelle génération n’est plus passive et réceptrice mais actrice et sélective. Les jeunes aujourd’hui ne subissent plus. Ils agissent.
Notre jeune société est fondée sur le dialogue et le partage. Les conflits ne sont pas inexistants, mais ils sont canalisés par des valeurs qui nous sont propres comme le respect de l’autre, le droit à la différence, la liberté de l’expression …
Nous sommes, nous les jeunes, à la recherche du savoir et du bien-être social. Nous sommes avides de justice, de connaissance, de sécurité, d’espoir, d’égalité, de prospérité, d’expansion. Nous voulons vivre dans un pays conforme aux modèles que nous étudions, un pays démocratique où seraient protégés les droits de l’Homme, où l’individu aurait le droit de vivre comme il l’entend toujours dans le respect des libertés des autres, où l’Etat serait l’autorité supérieure qui veillerait au maintien de l’ordre et à la sécurité de tous les citoyens, où les individus seraient sans discrimination égaux devant la loi, dans lequel le pouvoir aurait pour seule et unique fonction la représentation de tous les citoyens et la réalisation d’un but d’intérêt général. Nous connaissons les principes et nous savons les appliquer.
Nous sommes jeunes. Mais nous sommes conscients de nos droits et de nos obligations. Nous sommes dégoûtés d’assister sans cesse à un conflit d’intérêts. Nous sommes révoltés de voir que les hommes au pouvoir favorisent leurs intérêts privés. Nous sommes attristés de réaliser que le duel qui s’installe entraîne une paralysie du pouvoir et que l’absence d’une autorité véritable fait naître le désordre, la peur, la panique et le retard dans le travail. Nous ne voulons pas imaginer un avenir ailleurs. Ce pays est le nôtre.
Ce que nous vous demandons, vous qui luttez sans cesse pour le pouvoir sous le signe de la liberté ? Ce que nous vous demandons, vous qui prétendez sauver la patrie pour justifier vos actes impardonnables ?
Nous vous demandons du silence. Nous ne voulons rien d’autre que la sécurité et la tranquillité qui nous manquent depuis quelque temps. Nos besoins sont modestes. Nos demandes sont légitimes. Nos revendications sont minimes. Nous voulons que vous nous accordiez la possibilité de mener une vie normale, nous réclamons le droit d’étudier et de travailler sans interruption imposée, nous exigeons que nos libertés soient protégées. Nous nous dirigeons vers vous qui êtes au pouvoir pour que vous exécutiez vos obligations les plus élémentaires, à savoir maintenir l’ordre et la cohésion sociale.
Nos avenirs sont incertains. Nos projets restent flous. Nous ne pouvons avoir la prétention de programmer à l’avance les années qui suivent. Nos vies sont en suspens.
Nous avons, nous les jeunes, appris des péripéties constantes. Nous ne pouvons désormais suivre un parti quelconque ou un Homme qui prétend une énième fois travailler pour le bien de tous. Nous avons perdu confiance en vous. Nous voulons simplement une société instruite et cultivée à l’image de celle que nous construisons spontanément et naturellement dans nos écoles et nos universités. Nous voulons un environnement sain et une ambiance épanouissante qui ferait sortir de chacun de nous ce qu’il a de mieux à offrir à ce pays. Nous avons le potentiel et la volonté de réussir pour faire resplendir l’image de notre pays.
Mais nous restons impuissants et vulnérables face à des fous au pouvoir qui perdent la raison et le contrôle. Nous sommes quelques fois entraînés dans des courants de masse qui banalisent nos pensées et abolissent nos qualités. Nous sommes malheureusement quelques fois contaminés.
Je connais bien mes amis. Je connais bien les membres de cette petite société que nous formons. Je sais de quoi elle est capable. Je sais qui nous sommes, nous les jeunes d’aujourd’hui. Nous sommes ce que vous ne serez jamais. N’essayez pas de nous entraîner. Nous sommes désormais très bien informés. Nous formons, dans nos différences et nos divergences culturelles, religieuses, politiques, le meilleur exemple de la liberté.
Nous existons. Et nous exigeons aujourd’hui la reconnaissance de notre existence et le respect de celle-ci. Nous exigeons le droit à la vie.

Publie dans L'Orient le 25 decembre 2006