dimanche, avril 17, 2011

Je t'interdis

De lui voler ses rêves parce que tu as perdu les tiens.
De lui promettre des choses que tu ne tiendras point.
De partir et de revenir sans cesse, pour t’assurer que son cœur à petits feus s’éteint.
De rire de ses projets quand les tiens ont échoué.
De lui dire que tu es trop jeune alors que mon père à ton âge avait quatre enfants.
De lui permettre de t’oublier mais de ressurgir quand elle rencontre un homme charmant.
De faire en sorte qu’elle te croit à nouveau. Et de repartir quand c’est chaud.
De lui faire dire que ses plans de famille sont exagérés.
Alors qu’il est plus que normal qu’une femme ait envie d’un bébé.
De l’appeler quand tu t’ennuies et de la laisser tomber quand elle a peur dans la nuit.
De bruler ses années, et de lui donner de fausses idées.
De détruire sa jeunesse et de la faire vivre de tes fausses promesses.
De l’embrasser, de la serrer, de la toucher. Puisque tu ne mérites même pas qu’elle t’accorde une pensée.
De la faire douter de ses capacités. Et de lui avancer que tu es à son existence sacré.
De lui faire croire que sans toi, elle ne pourrait pas faire face à ce monde. Quand ton inutilité est immonde.
De la salir par ton regard ingrat et ton complexe d’éternel enfant. Puisque cette fille est un diamant.
De l’emprisonner dans une bulle d’illusions. Puisqu’elle est trop fragile pour émettre un son.
De vouloir la posséder. Alors qu’elle n’a jamais pu te réserver pour une soirée.
De prétendre l’aimer. Quand tu ne lui donnes pas la sécurité.
De la faire frémir, rougir, gémir. Et puis de partir.
Je t’interdis. Parce que tu es un lâche, un échec, une farce.
Et elle se caractérise par sa grâce.
Je t’interdis. Puisque tu n’as pas su l’apprécier. Alors qu’elle t’offrait le monde entier.
Je t’interdis. Alors va-t-en. Choisis ta route. Bon vent.
Laisse-la dans les bras de celui qui, en se réveillant, remercie Dieu de l’avoir acquis.
Même si une femme comme elle, on n’acquiert jamais vraiment.
Mais on sait que son sourire rend vivant.
Je t’interdis de revenir. Même si cette fois-ci ton mot tu voudrais tenir.
Puisque tu l’as rarement fait sourire.
Je t’interdis.
Parce que je la vois heureuse, accomplie.
Et puisqu’elle a réalisé qu’elle n’a jamais eu besoin de toi dans sa vie.
Enfin… je te remercie.
Puisque grâce à toi elle a appris…
Sa vraie valeur. La capacité de son cœur.
Son courage. La possibilité d’un beau voyage.
Et sa liberté jamais par toi aliénée.

Le bateau

C’est un garçon de 5 ans. Beau comme tout. Les yeux chinois. La peau arabe. Né d’une histoire d’amour entre une chinoise et un jordanien. C’est le fils d’un collègue. Il vient souvent au bureau. Quand il est en vacances et que personne n’est à la maison pour le garder.
Il est mignon. Et son imagination me dépasse. Quand il vient, je laisse tout. Et je l’invite à passer la journée à mes cotés. Devant quelques crayons de couleur et une feuille en papier, il peut rester des heures sans parler.
La première fois, il m’a offert un joli dessin. Celui d’un avion qu’il a appelé « Air world ». Parce que son ambition dépasse la frontière d’un Etat, et né d’un mélange qui sort du commun, il a trouvé tout naturel que son avion ne soit incorporé dans aucun pays. Les mélanges font de beaux enfants.
La deuxième fois, c’est un bateau qu’il a voulu dessiner. Un bateau luxueux de cinq étages. Je regardai du coin de l’œil en travaillant la progression d’un dessin exquis qui me marqua par sa précision. Et chacun des étages représentait ce qui touchait ses cinq petites années.
Le premier étage était occupé par une piscine. Une piscine divisée en deux couleurs. Mais il se hata de me corriger. il y avait deux tons de bleu. Et non pas deux couleurs. Le garcon aime les bonnes définitions. Un bleu foncé. Et un bleu clair. Pour illustrer le coté profond, pour les grands, et le moins profond, son océan.
Le deuxième contenait 3 lits. Le sien. Celui de sa mère. Et celui de son père.
Le troisième était meublé d’un canapé « en cuir » ne manqua-t-il pas de souligner, d’une console de jeux vidéo et d’une télé.
Le quatrième étage était fait pour manger. Un restaurant chinois qui offre du riz et du soya. Et un restaurant libanais… pour le houmous.
Le cinquième, bien sûr, était la cabine du capitaine. Et le petit y dessina deux lits. Deux lits, pour deux capitaines. Je trouvai cela etrange mais il m'expliqua, exacerbé par ma compréhension lente, ce qui lui sembla simplicité évidente: au cas où l’un deux aurait sommeil. Décidément... Il pense à tout.
Il me tendit le dessin pour que je l’accroche sur mon panneau à coté du premier. Et je pensai tristement que je ne savais toujours pas un soleil dessiner… il me fit un bisou qui m’attendrit profondément dans cette ville où les affections vraies manquent vraiment.
Mais il revint en courant. Et il retira son dessin avec une agitation et une frayeur que je ne lui reconnaissai pas. Je croyais qu’il allait me le reprendre, son bateau. Alors que je m’appretais déjà à une belle croisière dans le pays des enfants. Mais il me réconforta vite en me disant qu’il avait oublié le plus important… le moteur. Pour que son bateau puisse aller dans les mers et leurs profondeurs. Bien sûr.
Il l’accrocha ensuite. Satisfait que sa mission était maintenant accomplie. Et il s’en alla. J’eus droit à un second calin et j'en profitai pour le serrer dans mes bras.
Il repartit et il me laissa seule avec mes pensées. Si je dessinais un bateau de cinq étages, qu’est-ce que j’y mettrais ? Et pourquoi les priorités de mes vingt et quelques années n’étaient pas aussi claires que celles d’un petit bonhome aux traits singuliers ? Une console ? une télé ?
Mais je me consolai à l’idée que le problème ne pouvait pas se poser. Parce qu’un bateau… je ne saurai jamais dessiner.

vendredi, avril 15, 2011

Le pain s'il vous plait!

Mon corps et moi, depuis quelques temps, ca va. Je ne sais pas combien je pèse. Je n’ai pas de balance. Mais chaque matin, je sais. J’ai soit le poids A, soit le poids B. C’est-à dire que je me sens soit lourde soit légère et je choisis mes aliments de la journée en fonction de A et B. Il n’existe pas de sous parties, de nuances, de subtilités. Et c’est pour cela que de ma balance je me suis débarrassée. Quand j’arrive à enfiler mon jeans adoré… c’est que rien ne mérite une attention exagérée.

Je l’avoue… Il fut une période de deux ou trois années où je fus obsédée. J’étais même allée jusqu’à compter les calories dans une tranche de pastèque. Et je puisais toute ma confiance dans les kilos perdus même si j’avais du coup fait disparaitre avec mes seins et mon cul.

Maintenant… ca va. Très bien même. Je mange. Je bouge. Et je m’aime. J’ai aussi réalisé que c’est aux hommes que je veux plaire. Non pas à mes copines squelettiques souvent célibataires. Et un homme, un vrai, aime qu’il y ait un peu de… chair.

Hier soir, j’ai diné avec un ami. On se voit de temps en temps pour un catch up en fin d’après-midi. J’ai vite opté pour mon restaurant préféré. Parce qu’on y offre du pain aux raisins chaud et du beurre enroulé dans un papier. Mon ami décide de demander au serveur de ne pas servir le pain. Parce qu’il est au régime et il a supposé qu’une fille mince n’en mange point.

Mais une fille mince en mange mon ami. Et elle choisit son propre destin. Elle aime le pain. Elle respire. Elle transpire. Elle parle. Elle réfléchit. Elle a envie. Ou pas. Et elle est vivante. Elle ne commande pas toujours une salade verte. Non, elle n’est pas très chiante. Elle est même souvent carnivore… Et se priver ne fait pas partie de ses forts.

Elle aime la glace à la vanille, les macarons à la pistache, les hamburgers juteux, le fromage, les frites, la mayonnaise, le coca light, le pain, le beurre, le vin, les hommes mais les vrais, ceux qui reconnaissent une femme (...mais une vraie) et qui lui laissent assez de place pour exister.

Maitre... Le pain, s’il vous plait!

mardi, avril 12, 2011

The tube guy (ou le beau du métro)

La toute première fois que je l’ai vu, j’étais mal habillée. Collants déchirés, cheveux frisés et ballerines par la pluie décollées. Alors… je me suis cachée.

Il m’a plu. Il était beau. Il m’avait l’air arabe. Et j’aime ca. Brun. Ténébreux. Cerné. Les cheveux en arrière. Le costume impeccable. Un peu maladroit. A moitié endormi. Parfait pour moi.

Je remarquai sur son manteau bleu marine une tache de poussière blanche. Et je mis tous mes efforts au travail pour me retenir de ne pas commettre le crime d’essayer par une caresse involontaire de la faire disparaitre.

Il descendit à la même station que moi. Il était banquier. C’était maintenant vérifié. Je le vis s’éclipser et je regardai ma montre pour essayer de faire en sorte de le recroiser. Et très prochainement.

Les quelques jours d’après, je me fis belle. C’est-à dire que je me réveillai un peu à l’avance pour mettre un effort supplémentaire dans le combat journalier entre le séchoir et mes mèches rebelles.

Je le revis un jeudi. Et il me sourit. Enfin. Je crois. C’est difficile à dire quand on est plus de mille collés dans un wagon matinal. Mais j’aime à penser que c’était moi qu’il regardait.

Toute la journée, son sourire ne m’a plus quittée. Je m’amusai à deviner ses origines, son quartier, son prénom, ses secrets.

Je décidai alors de lui parler, la prochaine fois qu’on se reverrait. Parce que cette coïncidence allait se reproduire. Nos horaires étant apparemment synchronisés.

Et je le revis. Je sautai sur l’occasion pour provoquer un échange de paroles anodines. Au moment de la séparation, il demanda mon numéro de téléphone. C’était gagné.

Ce même soir, mes copines ont vite deviné dans mes yeux grands et bêtes qui ne savent rien cacher que j’avais une nouvelle à partager. Après une séance de fous rires sur mes aventures ringardes – qui ne manqua pas de m’exacerber- elles s’amusèrent à deviner la date et l’heure auxquelles il allait appeler. Eliminant du coup la possibilité qu’il ne m’appelât jamais.

Elles étaient toutes d’accord sur le fait qu’il allait faire passer deux jours. Deux jours pour éviter de passer pour un désespéré. Mais pas plus, pour ne pas donner l’impression qu’il aime jouer. Elles me réconfortèrent aussi à l’idée qu’à une fille comme moi…. On ne pouvait résister.

Je rentrai du diner flattée, sûre de moi, confiante et convaincue que le tour était joué. J’avais bien fait. Je pensai aussi a la tenue du premier rendez-vous officiel en dehors du métro. Je mettrai un jeans – une robe ca ferait trop – et des stilletos.

Cette histoire remonte a quelques semaines. Non… il n’a toujours pas appelé. Il a même dû changer de trajet. Merci les filles. Vous êtes gentilles. Et vos théories sont jolies. Mais le mec s’est enfui.

Tant pis !

Le prochain? C'est lui.

Salade de fruits

Je n’aime pas la salade de fruits. Parce que les bananes deviennent rouges. A cause des fraises. Les fraises deviennent plus acides. Les oranges – bizarrement- gardent leur saveur. Les pommes s’assombrissent. Et quand on y met du melon… c’est raté pour de bon. Tout devient melon. Et je déteste le melon.

La salade de fruits me rappelle les travaux en groupe. J’ai toujours été critiquée, au travail comme à l’université, de ne pas savoir travailler en équipe. Parce qu’apparemment, soit je m’impose, soit je disparais… dans mes pensées.

Aussi, je n’ai jamais fait partie de quoi que ce soit. Ni de partis politiques. Qui me repoussent. Ni d’organisations charitables. Qui m’indiffèrent. Ni de réseaux sociaux. Salut.

Attitude fan. Mission troupeau. Union. Collaboration. Discussion. Peut-être. Mais je n’y crois pas. Je préfère travailler tranquille chez moi. L’écriture est une passion solitaire.

Je ne crois pas en la mise en commun. Il ya certains qui travaillent plus. D’autres qui font semblant d’avoir participé. Il ya ceux qui parlent fort. D’autres qui essaient d’exister. Il ya des menteurs. Et des alliés. Il ya un leader, souvent trop con… et il ya des masses qui acquiescent à chacun de ses sons. Il ya des efforts non rémunérés. Et du crédit faussement attribué. Un résultat hétérogène est créé. Et le délai est souvent dépassé.

Égoïste. Individualiste. Introvertie. Peut-être. Merci. Je préfère croquer une pomme verte. Ou déguster une banane à la couleur parfaite. Parce que si je n’aime pas la salade de fruits… c’est que j’aime beaucoup les fruits.



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dimanche, avril 10, 2011

Adriana

Ils se sont rencontrés à Zurich. Elle y travaillait. Et lui, lui était là-bas pour le weekend. Ca s’est vite passé. Le courant d’abord. Puis les mots doux à l’oreille. Un verre de champagne. Des sourires timides. Un rendez-vous le weekend d’après.

Elle n’était pas sûre qu’il reviendrait. Toute la semaine, elle appréhendait le vendredi. Elle le voulait autant qu’elle le craignait. Mais il revint. Comme promis. Le sourire au visage et une fleur à la main. Les weekends comme celui-là se succédèrent. Vite, elle bougea à Londres. Elle se voyait déjà mariée à lui avec deux gosses dans le salon et un dans le ventre.

D’abord c’était génial. Elle trouva un job à canary wharf. Elle s’installa, se fit quelques copines dans le quartier, elle acheta de nouvelles serviettes, un vase pour mettre des fleurs et un livre de cuisine. Elle rencontra ses parents. Sympas, rien de plus. Sa sœur, qui se prend pour une petite princesse, un peu moins. Mais ca va. Le bilan total était plutôt positif.

Elle cuisina de bons petits plats. Il devenait de plus en plus occupé. Et elle de plus en plus triste. Souvent les vendredis soirs, il voulait lire plutôt que la voir. Et elle sortait souvent, parfois avec moi, et parfois avec d’autres que je ne connais pas. Il ne lui demandait jamais où elle a été. Il s’en foutait déjà.

Elle essayait de lui en parler. Souvent. Mais il était toujours occupé. Elle organisait des weekends en amoureux, des diners sur la terrasse, des escapades à deux, elle faisait de la glace.

C’était mort. Elle le savait. Elle décida de bouger. Elle est italienne et ses réactions sont parfois exagérées. Il n’a pas tout de suite remarqué. C’est un homme sérieux … très très occupé.

Un jour, il rentra de bonne heure. Le vase était vide. La cuisine silencieuse. Le séchoir manquait du plancher. Les rideaux étaient bien fermés. Elle était partie. Il voulut la rattraper. Mais il était déjà trop tard. Elle avait déjà payé six mois d’avance pour un nouveau loyer. Il essaya de l’appeler. Mais elle était, à son tour, devenue très occupée…

A faire ses ongles.

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vendredi, avril 08, 2011

Tomato Soup

Tous les jours à midi, et depuis le premier jour de travail il ya un an, j'ai mangé la même salade. Laitue, tomate, poulet, parmesan et pistaches. Jusqu’au jour où, pour une raison qui me reste étrangère, je ne voulus plus en entendre parler. Je me sentis complètement déboussolée et pas encore prête à la laisser tomber. Mais la réalité a fini par s’imposer, je ne l’aimais plus et c’était un fait. Je décidai alors de trouver autre chose à manger.

On me conseilla la soupe tomate. Mais je n’aime pas les soupes. Et les tomates m’indiffèrent. Pourtant j’optai pour ce choix. Puisque rien ne me tenta vraiment. A ma grande surprise… ce fut un délice. D’abord, la chaleur du pot entre les mains. Ensuite, l’odeur des herbes, des épices, du vin. Et la couleur, orange (et pas rouge…) qui indiqua subtilement une touche de crème pour le plaisir de la langue et du palais. Et enfin la texture, parfait juste milieu entre une consistance liquide/ennuyante et une consistance visqueuse/écœurante. C’était juste parfait. Bien meilleur que ma salade vite oubliée/remplacée. Tous mes sens étaient satisfaits.

Ma découverte allait durer. Chaque jour à midi, jusqu’à la fin de mes jours. Parce que je n’ai pas l’amour civilisé. J’aime l’excès. L’overdose. J’irai la chercher et si par malheur on osait m’annoncer qu’elle avait été du menu ôtée, j’arrêterai de travailler.

Puis une idée vint me perturber… mon amour devrait être sauvegardé. Et pour cela, je devrais peut-être modérer la consommation. Pour faire en sorte que je ne m’ennuie jamais. Pour établir une relation stable et à longue durée. Pour ne pas voir l’amour finir. Et éviter de la vomir. Comme je t’ai vomi à toi. Autrefois.

Mais je ne sais pas ...
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jeudi, avril 07, 2011

Ipod

Je déteste perdre des choses. J’attache une importance particulière aux objets de tout genre. A mes sacs, mes chaussures, mes lunettes, ma télécommande, mon vernis, mon téléphone, mon petit carnet, mes stylos, mon miroir, mes bagues. Et ceci pour des raisons diverses.

Parfois pour leur valeur matérielle. Comme une bague qu’on m’a offerte à mon anniversaire, et qui, pendant que je faisais la vaisselle, a décidé de faire un petit tour dans l’évier pour ensuite profiter de la promenade pour glisser dans les tuyaux et me laisser le cœur en morceaux.

Parfois, pour leur valeur morale. Comme mon porte monnaie qu’on m’a volé lors de ma sieste dans le métro. Il contenait un cadeau de ma grand-mère. Un cadeau en papier jauni. Transmis de génération en génération. Et supposé protéger le voyageur. C’était une prière. Le voleur ce jour là n’a pas fait bonne affaire. Parce qu’il n’avait trouvé qu’un porte monnaie bon marché, quelques pièces de livres anglaises, une carte de crédit bloquée… et un message divin en signes codés.

Parfois, pour leur utilité. Comme mon Ipod que j’emporte partout. Dans le métro, à la gym, au parc et dans l’avion. Qui contient des chansons que j’aurais honte de faire écouter. Ces chansons fleur bleue et bonbon. Mon Ipod a disparu il y a quelques semaines. Je l’ai cherché partout. Partout. En vain. Et pour me punir de ma maladresse, j’ai décidé de vivre sans musique quelques semaines. Dans l’espoir que cela m’apprenne à faire plus attention. De toute facon, nulle en technologie, si j’en achetais un nouveau, je ne saurais même pas y mettre de la musique.

La perte m’a vraiment dévastée. Au-delà de l’ennui éprouvé tous les jours pendant le sport et le trajet, je m’en voulais d’être tellement tête en l’air et si peu concentrée.

Et soudain, en pleine nuit, autour des coups de minuit, je glisse ma main sous le matelas, et je devine du toucher un corps étranger. Rectangulaire. Métallique. Glissant. Solide. Et bien caché. Mes yeux s’écarquillent et mon cœur bat fort. Je prie (à distance et en harmonie avec le papier d’autrefois jauni) que ce soit bien mon Ipod chéri. Et… oui.

Quel bonheur…

Depuis, je ne le lâche plus. Et je ne le perdrai plus… Peut-être faut-il vraiment vivre le manque pour savoir combien l’on attache de l’importance à un objet ou une personne. Peut-être faut-il vivre la douleur de la séparation pour ne plus jamais… non jamais… quitter des yeux l’être adoré.

Heureuse des retrouvailles, je me promène au soleil, des lunettes sur le nez, un cappucino à la main et Barbara aux oreilles. Je passe ma main sur mon cou et je remarque… qu’il est plus dégagé que d’habitude. Merde, il y manque quelque chose. Mon pendant rose !

Décidément… Je ne changerai jamais.



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mardi, avril 05, 2011

Lambada

Quelle chanson vous rappelle votre enfance ? Quelle mélodie vous fait vibrer ? Quel souvenir est à un refrain lié ? Quelles notes de musiques ont le pouvoir de provoquer en vous la nostalgie, l’envie, l’excès ?

Avez-vous déjà aimé une chanson alors que la langue vous était étrangère ? Avez-vous compris chaque mot, chaque lettre, chaque voyelle sans qu’elle ne vous laisse le moindre mystère ?

Moi oui.

Lambada…

Dites le mot. Et j’y suis déjà.

Qui ne connait pas cette chanson ? Qui ne se souvient pas de la mélodie ? De la fille aux cheveux blonds ? Du sable, de la mer, des vagues ? Et du petit garçon ?

Je ne savais pas ce que les paroles signifiaient… Mais je pouvais parfaitement la chanter. Mon cœur dansait. Et je la répétais sans cesse à la télé.

Lambada n’est pas une chanson. Lambada est un frisson. Un voyage dans le passé, dans l’enfance, dans l'innocence. Un voyage dans le rêve. Un voyage des hanches et des fesses. Un voyage dans l’amour. Un voyage au soleil, aux arbres de coco, à la légèreté, aux cheveux bouclés, à la peau bronzée, aux jambes fermes, aux cocktails sucrés, au sable brulant, aux yeux languissants, à la volupté.

Lambada, toute petite, m’a touchée. J’y puisais le bonheur, la tristesse, le manque, la passion. Je ne voulais pas qu’on me la raconte. Non, je ne voulais pas de traduction. Pour laisse libre cours à mon imagination.

Dans un bar, des années et des années plus tard, un lundi soir, j’entends Lambada dans le noir. Je ne comprends toujours pas ses mots. Mais j’y puise ce qu’il faut. Des souvenirs, un parfum d’été et des baisers.

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samedi, avril 02, 2011

Dieu

Est-ce que je crois en Dieu? Ma réponse fut variable au cours des années. Tantôt catégorique. Tantôt nuancée. Parfois hypocrite. Et parfois spontanée.

Parce que enfant, j’ai appris a prier. Et la question de croire en Dieu , ne me venait jamais. Il y avait les amis, la famille, le prof de maths et il y avait Dieu. Que je ne l’ai jamais vu ne remettait pas en cause son existence. Au même titre que ma tante Leila et sa fille Renée , qui habitaient le Canada et que je ne voyais jamais.

Aussi, mon école était catholique. J’ai pris l’habitude de prier tous les soirs avant de dormir. D’abord je remerciais le Seigneur pour sa bonté. Je le remerciais d’abord. L’ordre était important. Parce que toute petite déjà, j’avais la prière stratégique. Ensuite, je lui demandais de protéger mes frères, ma sœur, mes parents, mes oncles, ma tante, mes cousins et mes amis en prenant soin de les citer tous. J’avais alors l’arrogance de croire que sans ma prière un certain malheur risquait de leur arriver. Et ce n’était pas simple. Parce que j’ai beaucoup… beaucoup de cousins.

Oui. J’étais très jeune. Pourtant ma foi était inébranlable. Et je pouvais affirmer sans le moindre doute que j’étais croyante… et pratiquante. Je croyais en Dieu presque autant que je croyais en la force de mon père.

Avec l’adolescence, j’ai perdu la foi en Dieu. Mais je suis restée pratiquante. Drôle de combinaison. Et ceci s’explique tout simplement par le fait qu’a l’église les dimanches soirs, il y avait le garçon que j’avais décidé d’épouser. Alors a l’église… je me rendais.

Jusqu’au jour ou ma relation avec Dieu a réapparu dans sa version la plus compliquée. C’est-à-dire pleine de doute, avec ses hauts et ses bas. J‘ai repris la prière. Cette fois-ci avec l’idée géniale de l’inviter a recourir a la liste de la veille. J’ai prié parfois par précaution… on ne sait jamais. Si ca marchait, ce serait bête de rater l’occasion.

Si Dieu existe… et s’il existe, quelle serait sa religion? La vie après la mort? Le paradis? Les anges? Le diable? Le pécher? La prière? Les miracles? Je n’en sais rien aux détails. Et je m’en passe. Parce que Dieu, maintenant, je l’ai vu. Et il m’a été scientifiquement justifié. Je l’ai vu dans le regard de mon médecin au Liban quand tout calmement il m’a guérit de tous mes maux. Je l’ai vu dans le sourire de mon père et dans ses yeux un peu humides quand il m’a revue. Je l’ai entendu et j’ai aime sa voix chaleureuse hier soir après minuit. J’ai vu Dieu dans l’amour de mon amie. Dans la bonté d’un infirmier. Dans le lien indestructible avec ma sœur. Dans les fleurs dans le jardin. Dans le don d’un artiste. Dans la musique. Dans un refrain. Je l’ai vu dans un verre de vin. Santé. Seigneur. Et enchantée.