lundi, février 04, 2008

De la force a vie

Une femme pleure a la tele. Le public seche ses larmes aussi. Elle a un grave probleme. Le rouge ne lui va pas. Elle ne sait pas quoi faire. Et elle demande de l’aide. Elle veut qu’on la secoure. Par quelque moyen que ce soit. On lui conseille d’opter, parmi les differentes tonalites du rouge, celle qui lui convient le plus. Elle passe de l’orange au fushia, trouve la couleur qui se marie avec la rougeur de sa peau, celle qui fait ressortir ses joues, celle qui lui colle a la peau, et retrouve son sourire.
Une autre fait sa crise aussi. Et gagne la sympathie de l’audience. Elle souffre d’un surpoids et se goinfre de chips et de gateaux mignons a longueur de journee. Elle dit son probleme grave et irremediable. Demande l’aide. On lui conseille de fermer la bouche. Et de voir son probleme regle. Elle est surprise de tant de facilite. Et trouve la solution qui lui convenait.
Je regarde des tv shows americains et je les trouve pathetiques a souhait. Faire tout un programme, inviter des spectateurs et discuter pendant des heures de couleurs et de rondeurs tandis que chez moi c’est un avenir qui se fait incertain et des nuits de plus en plus cruelles.
Je zappe. Je mets une chaine libanaise locale. Je vois l’armee victime. Je vois une femme qui pleure son mari et son fils unique. Je vois des familles demunies. Je vois des jeunes sans espoir. Je vois des femmes desesperees. Je vois la violence. La corruption. L’injustice. La carence de pouvoir. La guerre. Les fusils. Le sang. Les bombes. L’insecurite. La fatigue. L’ennui. Le degout. L’envie de mourir. La peur de passer a l’acte. L’emigration. La famine. La pauvrete. L’inflation....
Je remets la chaine americaine. Je regarde une femme qui essaie, des larmes aux yeux, les differentes tonalites du rouge. Et une autre qui decide de manger 10 sacs de chips au lieu de 15. Je ne sais pas si je dois envier leur malheur, le trouver absolument pathetique, les detester de tant de superficialite, regretter de ne pas etre nee en amerique ou me sentir chanceuse d’avoir connu les vrais malheurs pour gerer avec simplicite un gros cul et une couleur qui ne me va pas trop...
Je ne sais pas quoi penser. Mais je sais que la naissance a Beyrouth donne de la force a vie.

Aucun commentaire: