mardi, mars 18, 2008

Excuse-moi Pascal

Il vend ses tableaux pour boucler ses fins de mois. Quelques fois. C’est un architecte médiocre. Mais c’est un excellent peintre.
Certaines choses faites de côté peuvent parfois sauver l’affaire. Comme les tableaux de peintures. Et comme les exposés que l’on fait pour atteindre peut-être la moyenne quand des soucis divers et des tendances légères ont causé un échec partiel.
Je n’aime pas ces miettes que l’on peut accumuler. Je préfère la grosse réussite. Et puis c’est tout… Un immeuble bien construit, un procès gagné, bref, un travail bien fait. Quant au tableau, je préfère l’accrocher au dessus de mon lit, sur un mur qui meurt d’ennui…
Pourtant, j’avoue que ces choses-là peuvent s’avérer utiles. Voire indispensables. Il me propose de faire un exposé. Bouée de secours. Je dis oui. Car aujourd’hui, je suis cet architecte médiocre. Je suis mauvais peintre aussi.
Mais quoi transmettre quand on sait si peu ? Et quoi dire quand on ne croit même pas en soi ? Comment être crédible quand nos pensées sont douteuses ? Comment gagner la sympathie de l’audience quand on ne s’aime pas depuis quelques temps… Quand on se hait carrément.
Bref, il me propose de parler de mon stage. Sujet qu’il juge enrichissant vis-à-vis des autres étudiants. Sujet personnel. Encore pire. Je pense à Pascal qui disait si bien « le Je est détestable ». Je me permets d’ajouter, au plus profond de moi-même, en présentant mes excuses les plus sincères auprès de Pascal « Je qui se déteste a si peur d’être détestable ». Toutefois, j’acquiesce. J’en ai tellement besoin.
Parler du stage… Mais que dire quand je n’ai fait que ranger la bibliothèque par ordre alphabétique et par thème, que dire quand j’ai fait des photocopies la plupart du temps, quand j’ai traduit des documents qui ne m’inspiraient ni sérieux, ni sympathie, quand j’ai découvert la ville, ses coins, ses cafés, ses bars, ses mendiants, ses envies, ses pavés bien plus que les étagères du cabinet…
Je m’installe quand même. Je tiens quelques papiers en main, tout blancs, pour faire comme si j’avais préparé. Et je parle. Sincèrement. Car il ne me reste que cette sincérité qui ne m’a jamais abandonnée. Je raconte tout. Mes expectatives, mes fautes, mes déceptions, mes moments de solitude, mes larmes, mon envie de revenir quelques fois, la peur de l’échec, le dépaysement, les blessures, les verres en trop, les petits déjeuners à l’odeur inoubliables, les kilos de juillet, les cafés brûlant… J’ai même parlé d’Alix et d’Elise… Je dis tout. Après tout, quand on a atteint le fond du gouffre, ça ne peut qu’aller mieux.
Sourires dans la salle. Sourires ironiques, sourires amusés ou sourires sympathiques ? Je l’ignore. Sourires dans la salle. Sourire dans mon cœur. Des tableaux, j’en ferai bien d’autres… Pour les jours où j’aurai besoin d’être sauvée.

1 commentaire:

~Chris~ a dit…

ciao bella...
enfin , il y avait lontemps que je me languissait de tes mots... encore une fois, je ne suis pas déçus, une fois de plus tu me surprend, cette fois ci et pour lontemps encore .j'espere...