dimanche, octobre 23, 2011

Les voitures

A des voitures !! Parait-il. Et c’est un homme qui me l’a dit. Qu’entres mâles, ils comparent les femmes a des voitures. L’analogie me surprit. Et pour manifester mon dégout, je noyai ma curiosité dans du désintérêt provoqué, en me résignant a ne pas demander d’en savoir davantage quant aux critères entrant en jeu, quant aux classifications diverses et quant aux significations de celles-ci. Des voitures, pour tout dire, je sais très peu. J’ai reçu la première pour mes dix huit ans. Pas mal, jolie, en noir verni. Elle a fêté mon anniversaire, en célébrant la liberté menteuse, l’âge adulte hypocrite et l’université (bof..) , et n’a jamais survécu (la pauvre!) a celui-ci. Je l’ai regrettée aussitot, j‘avoue. Surtout que j'ai du annoncer, en pleurs, son depart a mon père. Mais il m'a pardonné, et vite, elle fut oubliée. La seconde, je me la suis appropriée sans droit, par possession. Elle roule, et c’est bon.

Etre comparée a une voiture me dérange pour ces raisons. Une voiture, c’est pratique, vrai. Mais ca se démode vite. C’est fragile. Et ca ne sent pas bon. Une voiture ca roule vite. Mais ca supporte mal l’alcool. Et puis y en a toujours une plus nouvelle et plus jolie. Ca s’offre parfois pour ses dix huit ans. Mais ca ne promet pas l’amour eternel. Ca commet le suicide au moindre détachement. Et exige une attention quand meme exageree quand on a MILLE choses, dans le miroir en face, a gerer …

Je me consolai a l’idée qu’une voiture peut être perçue différemment a travers les yeux d’un homme. Peut-être nous comparent-ils a ce qu’ils chérissent de plus. Enfin, c'est ce que je prefere penser... Et ce serait comme nous les femmes, nous comparons les hommes a des jeans. Il serait donc un jeans nouveau, antipathique, rigide, qui refuse de s’adapter. Qu’on achete ne sachant pas trop ce que le futur lui reserve mais qu’on emporte pour le soumettre au defi du temps, des annees. Qu’on achete un tout petit peu plus petit, convaincues de perdre les kilos de trop. Sachant, au fond, tres secrètement, que c’est lui qui devra changer pour les accueillir. Ou, le cas echeant, finir dans un sac grand et noir qu'on remplit en fin d'annee.

Ou serait-il ce jeans familier qui date depuis des années, qui connait toutes nos pensées, qui pardonne nos péchés chocolatés, nos margaritas de fin de soirée, qui habille et cache défauts et peau délavée, qui saute a la première occasion pour nous sauver, quand nos petites robes se font inaccessibles ou trop occupées? Ce jeans qui a connu les bancs de l’école, ceux de la fac, les bars sales, les interminables attentes dans les terminus, le metro, les ballades du dimanche et quatre machines a laver ? Qui se serre a chaque lavage mais qui accepte, inlassablement, de s'etirer pour nous accepter comme on est, superbes parfois, rarement… mais un peu ronde tres souvent.

Non… je ne comparerai pas l’homme a mon jeans préféré. Même si la comparaison me semble justifiee. Parce que celui-ci commence, au niveau des genoux, a se dechirer. Ni a une voiture, je trouve ca vulgaire et puis, je ne m’y connais pas assez.

Pourquoi leur ressembler? Une femme se distingue par sa sensibilite. Elle rencontre, elle decouvre, les autres, mais aussi sa propre personne, ses gouts, ses exigences, ses conditions résolutoires, ses préférences… Elle se batit une idee qu'elle croit floue et qu'elle veut globale mais qui en realite choque de precision. Et quand celle-ci se précise beaucoup, trop, tous les hommes alors ressemblent a des jeans 34 que le plus sérieux des régimes ne réussira pas a faire enfiler. Desagreables. Prétentieux. Trop serrés.

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