mercredi, octobre 03, 2012

Ranger

Aujourd’hui, j’ai tout fait descendre par terre. Comme ca au moins, je suis sûre de tout trier sans remettre à après. Les robes de soirée, les jupes d’été, les vestes, les chemises vieillies, les robes trop courtes, les jeans qui datent de mes quinze ans, les t-shirts décolorés et les chaussures ringardes un jour aimées. J’ai passé des heures à faire le point. A mettre d’un coté ce que je voulais garder et d’un autre ce que je voulais envoyer loin. Cet exercice ménager quoique anodin vint tourmenter mon esprit en provoquant des questions transcendantales que je voulais justement chasser en occupant mes mains. Comment savoir en l’achetant qu’un vêtement sera gardé longtemps ? Comme mon plus vieux pull gris dans lequel je dors encore pour taire les remords… Ou ce jeans autrefois bleu marine et aujourd’hui bleu très clair presque blanc, maintenant déchiré au niveau du genou droit, qui a grandi avec moi, apprivoisé des formes lunatiques et connu toutes mes peines, mes joies, mes effrois ? Ce jeans que je garderai à jamais, même s’il devenait un pauvre bout de tissu fatigué, dégoûté, essoufflé par les années. Pourquoi achetons-nous même parfois des vêtements qui ne seront jamais portés, aimés au seul instant de l’achat, et détestés à jamais après ? L’idéal serait d’emporter les vêtements chez soi, de les installer confortablement sur l’étagère d’une armoire propre et attendre quelque temps pour savoir s’ils remporteront le défi du temps, pour ne les acheter qu’a posteriori dans l’affirmative… Le rangement se fera alors plus rare et mon armoire ne sera habitée que par de jolies pièces que je ne lâcherai jamais …. Mais la vie est faite de choix souvent rapides, impulsifs, instantanés. D’amitiés éphémères qui durent le temps d’une soirée. Et de regrets. Quoique... Il est vrai, j’aime bien ranger. Mais pas trop. Sinon ca m’angoisse. Quand les choses m'ont l'air bien lisses, je les froisse. La vie trop propre, trop classée, à vrai dire je m'en lasse.

Aucun commentaire: