dimanche, février 26, 2006

Lui/Elle

Elle l'a connu à la fac. C'est un garcon considéré mignon a l'univ. Presque un homme, mais pas encore. Dans ses yeux se mêlent timidité, classe et tristesse. Elle lui dit qu'il a les yeux noirs corbeaux, les yeux du nil, même si sa meilleure amie future pharmacienne et toujours un peu trop philosophe lui assure qu'elle a tord, car d'après elle les yeux noirs ca n'existe pas. Elle sait que ca existe, puisqu'elle les voit!
Il fait des études d'économie, il est en 2ème année. Elle est en sa première année de droit et ne sait même pas si elle réussira. Elle est maladroite, lui parfait. Il réussit en silence. Elle crie un succès pas encore touché. Il écoute. Elle parle. Il apprend. Elle enseigne (des conneries). Il lit, elle écrie.
C'est un garcon pas comme les autres. Il cache dans le coeur une peine accumulée, il est vieux et enfant à la fois. Vieux, plus discret que les autres. Enfant, fragile entre ses bras.
Il finit la première étape de ses études l'année prochaine. Il partira: à Paris, à Londres, aux Etats-unis? Ils voyagent tous, surtout eux. Il la laissera ici. Elle sera encore en sa première année peut-être. Il lui dit que le fait qu'il voyage ne changera rien dans leur relation. Mais voyons, elle le voit déjà revenir avec une blonde aux yeux bleus, une francaise, anglaise ou américaine, mannequin de préférence, qu'il préfèrera à cette libanaise compliquée et maladroite.
Pas de travail au Liban, un service militaire obligatoire et toutes les raisons pour partir. Elle aimerait lui dire au revoir sur un quai de gare comme dans les chansons tristes d'amour qu'on chante souvent en voiture dans les embouteillages, se dirigeant vers la fac, croyant être protégés du monde alors que les gens autour se moquent de nos grimaces de faux chanteur, elle aimerait lui dire adieu comme ces films qu'elle regarde les larmes aux yeux, croyant ces scènes tellement loin de la réalité. Il partira tout de même, elle le sait, et l'adieu ne sera que dans le seul aéroport ou quasi-aéroport de la capitale. Beyrouth, tu fais fuir nos "maris". Ca l'a fait rire, quelle ironie puisqu'elle le sait déjà, puisqu'elle s'y attend. Elle n'y peut rien, vaut mieux rire que pleurer. Elle voyagera aussi peut-être. Ou pas. Peu importe.

2 commentaires:

~Chris~ a dit…

hey...ciao bella... c'est incroyablement bien écrit! c'est de toi? ca ressemble a du vécu... je ne l'espère pas... meme si la tristesse du sujet ressemble a s'y méprendre à la face caché de l'amour...

Littérature Graphique a dit…

Ce que tu écris, je l'ai vécu et crois moi.. une fois la-bas on ne pense qu'a vous qu'a votre personnalité si compliquée et parfois si simple, qu'a la couleur de votre peau, qu'aux bruits de Beyrouth et de ses alentours, vos levres et vos petites hypocrisies, la plage et les galets de byblos, les chats dans les rues, la sensualité de notre jeunesse, cette saloperie de rue monot, vos levres toujours, nos amis si nombreux, ces corrompus de dirigeants, votre peau encore, ceux qui n'ont rien de libanais dans le sang et qui polluent notre nation, la neige de faraya ou des cedres, on a peur pour vous. On ne pense qu'a vous, notre famille qui nous manque, les mnekichs de Zaatar w' Zeit ou de n'importe quel "four", les complaintes telles que les tiennes, votre ambition et votre dégout, votre jalousie de fauve, vos yeux qui nous regardent et qui disent tout, les trous de balles et d'obus sur les murs, vos murmures et vos silences, vos peurs, les ruelles sombres, on ne pense qu'a vous..