dimanche, février 26, 2006

solitude

C'est à travers toi que j'existe,
C'est dans tes yeux que je me vois.

L'indifférence, qu'on la subisse ou qu'on l'éprouve ressemble à l'inertie et à la mort. Solitaire, l'Homme ne peut épanouir sa nature spécifique et ne développe ses facultés qu'au contact de ses semblables. C'est ce que démontre a contrario le cas des enfants sauvages, laissés à eux mêmes. De même, des études ont montré comment l'absence prolongée de contact avec les autres est facteur de régression mentale chez l'individu déjà formé.
La question est de savoir quelle importance revête la société dans la vie d'une personne. L'analyse conduira donc à pointer la dimension fondamentale de l'autre et à repenser les conditions de cette coexistence.

Il est évident que pour vivre, l'Homme a besoin d'un entourage auquel il puisse s'identifier. La communication est une caractéristique propre à l'Homme (et ne peut évidemment avoir lieu qu'en présence de deux personnes au moins) qui le distingue par conséquent de l'animal. Entouré de personnes, l'Homme humanise ses tendances à la base égoistes et devient un "animal social". Dès sa naissance, il imite instinctivement le comportement d'autrui. On lui transmet d'abord le langage, manifestation première de l'existence de l'autre. A travers le jeu, l'enfant apprend le partage comme le démontre le sociologue Jean Piaget. Quelques années plus tard, il essaie de remplir les exigences d'une société sévère afin de réussir une intégration essentielle et d'éviter l'exclusion. Le regard de l'autre devient primordial.
La solitude a bien des effets régressifs. En effet, Michel Tournier démontre que l'absence d'autrui enferme l'individu dans sa propre conscience et induit des confusions entre le rêve et la réalité. Aussi, l'absence d'échange verbal produit l'appauvrissement du vocabulaire ainsi que la perte de la capacité d'abstraction. Pour vivre biologiquement et socialement l'Homme a donc besoin des autres et se doit de développer son altruisme. Valéry écrit "Un homme seul est toujours de mauvaise compagnie."

Toutefois, l'individu n'a-t-il pas également besoin d'espace et de recul pour bien se connaitre? Si la solitude renvoie une image péjorative, n'est-elle pas aussi et surtout une condition de bien-être? Pour être à l'aise en société, ne faut-il pas d'abord être à l'aise seul?

On ressent tous à un moment donné le besoin de s'isoler, de se mettre à l'écart. Même très entouré, on est quelque fois très seuls. Une envie d'évasion s'installe en nous, comme si le monde entier ne suffisait plus. On se surprend alors observant le ciel une nuit d'été ou couché sous le soleil alors que notre travail n'est pas achevé (même pas commencé). On se rend compte qu'on a arrêté le chronomètre et qu'on n'entend plus le téléphone sonner, ce même téléphone qui rythme d'habitude la cadence de nos pas. Les gens disparaissent soudain de notre vie, et notre solitude devient vitale. Des idées nouvelles nous parcourent la tête et une paix intérieure nous envahit. On marche inhabituellement sans destination, on n'est plus pressé. Nos soucis accumulés n'ont plus d'importance. On revient un peu plus tard, comme revenant d'un très long voyage, avec plein d'histoires à raconter et une vie à recommencer.
La solitude est parfois un très bon remède, mais pas pour longtemps, j'ai besoin de toi:
C'est à travers toi que j'existe,
C'est dans tes yeux que je me vois.

1 commentaire:

~Chris~ a dit…

hey...ciao bella
"c'est a travers toi que j'existe, c'est dans tes yeux que je me vois..."
c'est l'une des plus belle manieres de définir l'amour que j'ai eu l'occasion de lire... apres un baiser bien entendu ;)