mardi, mars 07, 2006

On est tous fous.

Je fais partie de ces personnes qui se demandent ce que les gens normaux auraient fait à ce moment précis, ce qu’une personne « normale » aurait dit, et comment « M. tout le monde » aurait réagi. Dans le film « les poupées russes », l’acteur principal décrit son voisin, un homme insignifiant qui rassemble des qualités et des défauts tout a fait ordinaires au point de faire de lui une créature invisible. Pourtant, ce M. tout le monde existe très peu en réalité. Je pense aux personnes que je connais, à ma famille, a ma classe, a mes amis, aux gens que je rencontre en boite, au ciné, au supermarché et dans la rue. Aucune de ces personnes ne pourrait se considérer « normale ». Je vais donner l’exemple de ma famille (parce que j’en ai le droit) et je vous assure qu’aucun de ses membres n’est identique à l’autre. Et si le caractère normal c’est la conformité des uns aux autres, je peux déjà éliminer une catégorie. Entre cette fille que je connais bien et qui se reveille en sursaut a 4h du matin pour resoudre un exercice de maths et cet homme connu au village qu'on appelle "le fou" qui passe son temps a cueillir des fleurs et qui croit vraiment assurer la circulation des voitures et le maintien de l'ordre, je n'arrive pas a choisir le plus sain d'esprit. Cette femme qui mange du chocolat en cachette alors que personne ne la surveille et ce prof qui arrive 2 heures avant le cours me paraissent egalement aussi fou l'un que l'autre. D'ailleurs, Paolo Coelho écrit dans Veronika décide de mourir que « nous sommes tous fous, d’une façon ou d’une autre ».


Apres un malentendu avec quelqu'un qui m’est cher, je cherche des choses a me reprocher, des mots déplaces que j’ai employés, des phrases blessantes, des reproches injustifiées. Je ne trouve rien. Je culpabilise ma mémoire, déterminée que c’est ma faute. Je vais m’excuser. Et je regrette un instant plus tard car les gens profitent de cet état de faiblesse qui est, je vous l’assure, la plus grande force du monde : celle de dire pardon. Je n’avais jamais imagine que ça pouvait être aussi dur. Ca mêle timidité et peur. Peut-etre que les personnes « normales » auraient recherche dans cette histoire des excuses, des justifications, des explications personnelles, des causes de « non imputabilité » afin de se transformer en victime. Si c'est le cas, j'ai agi differemment. Mais comment savoir ce qu'est un comportement normal? Ma vision optimiste du monde, ma naïveté croissante m’ordonnait a faire de cette personne lâche quelqu’un de bien, pour que le monde reste ce que je veux qu’il soit, cet endroit magnifique qui ne laisse place qu’a la beauté. Afin de sauver mes croyances, ma religion, il fallait que le bien l'emporte.


J’ai essaye de faire – encore- ce qu’une personne normale aurait, peut-etre, fait. J’ai essaye d’être M. tout le monde, qu’il existe ou pas.Il fallait absolument que je le crée. Mais être comme les autres, ou plutôt, être comme personne, fut pour moi une tentative qui aboutit a un échec. Moi, ou les autres. Je ne sais pas a qui j'ai voulu plaire mais je suis déterminée aujourd’hui qu’il ne faut être que soi,sans essayer de savoir a qui on ressemble et même si être soi c’est se faire rejeter par la société (et quelle société…!).Si je pouvais recommencer cette petite "experience", j’aurais dit a cette personne, au risque de me faire traiter de Veronika ou de succeder au fou du village, que je n’ai rien a me reprocher, que de toute façon, je ne suis pas très normale, et surtout que je n’ai point envie de l’être.