jeudi, mai 24, 2007

Rien n'a changé

Mes amis me disent d’écrire. Ils s’attendent à un texte rebelle et révolutionnaire, désespéré mais téméraire, furieux de colère. Ils veulent que je dise tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Mais cette fois je risque de dire ce qu’ils ne pensent peut-être… pas.

De nouvelles péripéties, hélas, inattendues, peut-être, dangereuse, sans doute, cruelles, comme d’habitude, inexplicables aussi… De nouvelles péripéties sanglantes et déprimantes en début d’été comme pour annoncer une saison aussi triste que la précédente… De nouvelles péripéties jalouses de nos projets ambitieux, de notre envie de vivre, de notre volonté de reconstruire. De nouvelles péripéties, certes, mais qui ont perdu leur effet de surprise. De nouvelles péripéties de même nature que celles qui ont précédé mais aux effets différents : elles ne produisent plus le chaos d’autrefois, ni le désespoir, ni les décisions hâtives, ni le bouleversement radical de la vie quotidienne… Elles affectent la vie de tout libanais sans pour autant la transformer… Car nous sommes tous devenus résistants.

Ce matin je suis allée en cours, comme tous les étudiants. Nous avons discuter de tout, sans aborder ce sujet à la une de tous les journaux : bien informés, nous n’avions plus besoin d’en discuter. Les profs étaient au rendez-vous et les retardataires ne pouvaient avancer comme prétexte les explosions : elles ne constituent plus au Liban un cas de force majeure.

De retour, je pris la route d’habitude, celle qui longe la mer. Celle-ci n’avait point changé. Et le soleil était aussi magnifique que tous les jours, à cette période de l’année. Non, ces péripéties n’ont presque rien changé. Car nous ne voulons plus leur accorder ce privilège. Nos vies sont devenues hors portée.

Les péripéties diverses nous ont si peu affectés. Dimanche, nous n’irons peut-être pas prendre le café dans ce centre commercial qui a explosé. Mais nous irons sûrement celui d’après… Mon texte est optimiste, me diriez-vous. Vous m’accusez aussi de schizophrénie. Peut-être. Mais j’en ai le droit. Car si tout le monde autour de moi se permet d’avoir des personnalités multiples, je me permets d’en avoir… deux.

Article paru dans L'Orient Le Jour du samedi 2 juin 2007.

4 commentaires:

~Chris~ a dit…

Coucou toi... je ne savai pas que plus tard serai si tot. j'en suis heureux... quant a ta personalité, je crois que ce sont plutot les deux facettes de quelqu'un d'entier, que deux personalité distincte... des hauts, des bas... et une multitude d'étate entre les deux... heureusement que tu change d'humeur, d'avis, de positions... c'est ce qui fait l'essence meme de ce que tu est... enfin, a mon avis...
Ciao bella... a bientot...

Anonyme a dit…

optimiste, je t'envie... loin de letre, je suis devenue lache indifferement deseperee; egoiste, je ne vx plu partage ce pays bien aime ses souffrances, non, je npense ka partir...
ms tes ecrits restent tjr 1jouissance :P
tania

Anonyme a dit…

tes ecrits karen rendent hommage a cette nation que l'on essaie d'assassiner depuis plus de 2000ans alors qu'elle n'a meme pas encore vu le jour...ils rendent hommage a un grand peuple qui refuse de s'agenouiller et de se plier aux injonctions meurtrieres de ses voisins sanguinaires...ils rendent hommage a chacun de nos martyrs qui ont laisse couler leur sang pour arroser la terre sacree du liban et l'immuniser ainsi des intentions arides d'une nuee d'ennemis perfides...ils rendent hommage a cette poignee de resistants qui se refusent de ceder aux appels demoniaques de l'immigration ...karen tu rends hommage a cet eternel espoir de lendemains meilleurs qui ne saurait etre la proie d'une bande de truands barbus et de ces laches ambulants aux malletes truffees d'explosifs... karen tu rends hommage a ce phoenix qu'est le liban ,qui renaitra toujours de ces cendres plus beau ,plus grand...le liban dormira ce soir blesse,extenue et affaibli mais demain sera un autre jour...
Merci encore ..Joe

Anonyme a dit…

amazing text mon amour. as always. E