dimanche, novembre 25, 2007

Nous trois

On se retrouve comme tous les dimanches autour d’un café et d’un dessert pour terminer la semaine. Implicitement, cette rencontre s’est transformée en tradition. Elles célibataires et moi … disons presque tout le temps seule, on affirme avec beaucoup d’humour et très peu de vérité qu’on n’échangerait pour rien au monde ce rendez-vous hebdomadaire entre filles.
Elles disent qu’elles détestent les hommes et qu’elles ne leur font plus confiance. Elles se disent épanouies, indépendantes et heureuses. Paradoxalement, toutes nos conversations portent sur eux. Sur les ex, les ennemis, les amis, les meilleurs amis des ex, les ex des ex, les époux potentiels, les hommes parfaits, les moins que parfaits, les plus que parfaits. Elles sont belles, comme toutes mes amies. Car tout le monde est attiré par le beau. Elles sont intelligentes et ont débuté, bien qu’a temps plus que partiel, des carrières prometteuses.
On boit notre café le regard un peu trop vagabond qui passe de la table voisine au café voisin mais qui ne voient rien en réalité et qui ne cherchent qu’une fenêtre ouverte pour s’évader. On s’est tout dit. D’ailleurs, on s’est vu presque tous les jours de la semaine et on a vécu les mêmes histoires inutiles à raconter. Commentées, disséquées et longuement développées, elles font place à un sourire pathétique qui semble bien vouloir dire « et après ? ». Les mêmes têtes partout. Les mêmes visages. Différentes combinaisons.
Seules. Comme dimanche passé. Comme dimanche prochain. Dans Beyrouth, qui souffre aussi d’être mal aimée…
Je vis l’amour. Et à la différence d’elles, j’ai mon homme. Mais je ne le vois qu’occasionnellement, quand il vient me voir. Donc comme elles, j’attends.
Anorexiques quelque fois et presque tout le temps boulimiques, on prend un air sérieux pour dire qu’on se débarrassera bientôt de toutes nos envies excessives. Ceci bien sûr, tout en laissant fondre, tres lentement, un moelleux au chocolat. Et on rit ensemble de nos faiblesses féminines.
Seules et heureuses. En attendant plus de bonheur. Car à peine son message reçu, elle se regarde dans le miroir et nous fait savoir qu’elle doit déjà s’en aller. Elle promet de tout raconter plus tard dans la soirée. Elle nous dit qu’elle a le ventre noué et qu’elle ne sait pas trop quoi lui dire surtout qu’elle n’a pas très bien entendu son prénom la veille, sous l’effet de l’alcool et de la musique.
L’autre s’en va aussi. Elle retrouve celui qu’elle prétend détester… Juste pour passer la soirée dit-elle. Intimidée par tout ce qu’elle nous a raconté.
Et moi je rentre chez moi pour lui parler calmement. Je rentre pour lui dire que je l’aime et qu’il reste 28 jours d’attente.
Je vais les revoir demain. Pour dîner ou pour un verre. On dira qu’on est heureuse. Qu’on est seule mais épanouie. On fera semblant de ne rien vouloir de plus. Mais demain, on aura du mal à retenir ce rire naturel qui nous unit, qui trahit nos paroles de femmes modernes, ce rire pour avouer qu’on recherche toutes les trois l’amour.

1 commentaire:

~Chris~ a dit…

feminin, masculin... detail important ou pas... ce pincement au coeur a la vue d'un couple qui se separ pour un mois sur le quai d'une gare ou d'un aeroport... pauvre fous qu'ils sont a s'enchainer l'un a l'autre, pauvre fous que nous sommes, nous qui somme seules... un rire epanoui pour trois femmes epanouies qui se languissent de l'amour... le rire universel de l'humain qui se cache derriere pour ne pas trahire qu'il cherche aussi... ciao toi...