samedi, mai 24, 2008

Fan attitude

Quoi de plus pathétique que la fan attitude ? Vivre pour admirer et vivre sans aspirer à être admiré, suivre sans vouloir être suivi, copier sans essayer de créer, complimenter en effaçant de plus belle sa propre personnalité, adorer aux prix de la dignité, être fidèle a défaut de fidèles, préférer l’autre aux dépens de ses propres intérêts…
Quoi de plus pathétique qu’un peuple qui suit son leader de façon acharnée, qui change d’avis à chacun des petits caprices de ce dernier, qui le suivrait jusqu’à l’enfer si le monsieur le voulait.
Quoi de plus pathétique que cette fille qui suit son mec comme un robot, qui se cache presque derrière son dos, qui le regarde émerveillée et le prie de ne jamais la quitter, qui sacrifie sa carrière et son existence pour qu’il réussisse sa petite vie, pour qu’il suive ses ambitions et qu’il mange chaud à dîner (quand il rentre), qui range son corps de mannequin dans la belle boîte des souvenirs, depuis qu’il a voulu un quatrième enfant, un fils de préférence, afin d’élargir sa prestigieuse famille.
Quoi de plus pathétique que ces figurants inutiles dans une boîte branchée de Beyrouth, qui décorent les tables de ceux qui se prennent, à tort, un peu trop au sérieux, qui ne servent à rien à part à créer l’image de popularité de leurs idoles et qui ne savent plus distinguer le vrai de l’excès.
Quoi de plus pathétique que ce garçon qui choisit une carrière dans la finance parce que c’est à la mode, parce que ça peut rapporter beaucoup d’argent, parce que les filles d’ici courent après les bankers alors qu’il déteste les nombres et encore moins les banques, alors qu’il a un talent fou qu’il n’ose dévoiler.
Rien. Rien n’est plus pathétique qu’une attitude fan. Car rien n’est plus admirable qu’une audace bien placée, une innovation dans un monde qui s’uniformise, une idée nouvelle qui vient tout bousculer, une prétention à vouloir tout changer, un envie folle de tout recommencer et une passion démesurée à vouloir soi-même briller.

Je n’aime pas être fan. Je l’aime s’il m’aime. Je l’aime autant qu’il m’aime. Fan de lui quand il est fan de moi. Fan d’un autre quand l’amour se fan-e.
Mais fan parfois. Fan d’un chanteur talentueux qui ose les couleurs pastel et les dessins naïfs. Oui, fan de ce chanteur qui chante pour des obèses et qui fait chavirer son public. Fan d’un Mika qui a tout sauf l’attitude fan car il a en lui l’envie mais surtout le don d’être différent.
Fan du succès d’une femme qui prouve qu’elle ne voit aucune limite et qu’elle ne se laisserait décourager par aucun obstacle. Fan de cette femme qui sait ce qu’elle fait. Et qui le fait si bien.
Fan d’une beauté divine qui se moque des stéréotypes d’un monde moderne parfois bien ridicule, qui reste elle-même et qui refuse la mode quand celle-ci ne se marie avec son corps.
Fan de Beyrouth, fan de ma ville qui renaît, fan de ses milles lumières et fan de ses libanais, fan d’un toit de la ville qui m’a chuchoté milles secrets, fan de son centre ville et fan de ses cafés, fan de son envie de vivre et fan de sa patience, fan de ses talents, fan de ses femmes, fan d’un mélange délicieux qui connaît mille visages… sauf le visage pathétique d’une attitude fan.
Fan. Parfois. Par choix. Quand je n’ai pas le choix.

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