vendredi, septembre 12, 2008

Les carnets

Au coin de ma rue, un magasin plein de couleurs m’attire toujours l’attention. Je me dis que je devrais y entrer, faire un tour et voir de quoi il s’agit. Mais je remets toujours ca a plus tard en me disant que de toute facon c’est tout pres de chez moi. Et que j’aurai tout le temps l’occasion d’y passer.
Puis je realise que je commets la meme faute que d’habitude : je neglige les choses qui m’entourent et prefere toujours les longs trajets pensant que j’aurai une possibilite ulterieure de decouvrir mon entourage. Et je pars, souvent, toujours, sans l’avoir fait. Revoltee par ma propre pensee, j’oublie mes bras encombres et j’entre faire un tour dans cette boutique-compte de fee.
A ma grande surprise, non seulement etait-elle faite pour moi a cause de la multitude de couleurs qui se disputent et se rencontrent mais aussi a cause... du papier. Tout etait en papier : des enveloppes, du papier a lettre, des etiquettes, des cahiers, des agendas, des calendriers, des post-its, des classeurs et surtout... des carnets.
Je touchai emerveillee les differentes textures en passant du carbon au calque au crepon au glace au canson a l’adhesif en les portant quelque fois, discretement, vers le nez pour sentir l’odeur du papier frais.
Mais ce qui faisait de cet endroit mon paradis etait le nombre impressionnant de carnets aux motifs divers. Je ne pus m’empecher d’en acheter, comme si ma collection etait prete de s’epuiser.
Et sur le chemin du retour, je commencai a reflechir aux listes nouvelles a creer afin de remplir mes carnets. J’avais deja une liste de courses, une liste de choses achetees, une liste de sentiments eprouves durant la journee, une liste d’endroits a decouvrir, une liste de choses a lire, une liste de calories consommees, un carnet de recettes de cuisine, un carnet d’addresses, un carnet d’anniversaire, un carnet d’amis, un carnet d’ennemis...
Je realisai tout a coup combien de temps je consacrais a vouloir mettre de l’ordre dans ma vie. Et combien j’etais ridicule de croire qu’en les inscrivant, les choses devenaient plus maitrisables voires controlees. Je realisai que de l’ordre dans mes cahiers, des points a la ligne et de l’encre bleue soigneusement choisie ne changeaient rien a ma vie spontanee et impulsive, a mes erreurs, a mes betises, aux mots que je dis trop vite, aux reactions que je ne sais controler, aux secrets que je n’ai jamais su cacher, au manque de diplomatie dans mes relations, aux bars de chocolat dans le tiroir de ma table de nuit que je n’inscris pas parce que c’est la nuit et le carnet enferme les calories du jour, aux recettes que je change malgre les directives severes du site duquel je les pique parce que j’aime plus de chocolat, moins de beurre et des framboises sur le dessus pour decorer...
Inscrire... Pourquoi ? Pour controler ? J’inscrirai toujours, et je dresserai des tableaux, je creerai des listes, des numeros, des parties et des sous parties... Rien que pour sentir que je maitrise ma vie. Mais une fois le carnet referme, j’irai a la patisserie d’en face, et je mangerai toutes les tartes que je trouverai. Tant pis pour le carnet.

1 commentaire:

~Chris~ a dit…

ciao bella...
voila trois semaines que je n'étais pas venu, ayan quelque peu voyagé... les vacances sont deja deriere moi, mais quel plaisir de retrouvé ici ces quelques lignes de ta vie... un peu de toi au travers de tes mots, un peu de cette histoire que tu tisse... un peu de moi, quant le sujet s'y prete... un réel plaisir en tout cas... a bientot j'espere...
Chris