lundi, octobre 16, 2006

Deux filles sur un bar.


Nous avons tous eu (ou presque), un jour, l’obsession du samedi soir. Nous avons tous essayé un lundi matin, en cours, de trouver un plan pour le samedi soir suivant, afin de réussir une soirée attendue toute la semaine. Nous avons tous passé des jours à programmer, prévoir, anticiper quelques heures seulement, des heures-athlètes qui passeront bien plus vite que les heures habituelles de cours ou de travail. Quelques heures qui passent trop vite, le temps de quelques verres… ou plus. Et une fois passées, l’attente du week-end d’après recommence.
Nous avons tous eu, aussi, des amis du soir, ces amis qu’on ne voit jamais le jour. Ce sont des amis rencontrés un peu partout, et avec qui l’on passe les meilleures soirées. Que font-ils le jour ? Où sont-ils quand ils ne sont pas en boite ? Peu importe.
Je me suis débarrassée de mon obsession du samedi soir il y a quelques années. Et depuis, nombreuses ont été les soirées-télé. Depuis, légère est la différence entre le samedi et les autres jours de la semaine.
Samedi soir dernier, il pleuvait. C’était la première pluie de la saison, insolente, sûre d’elle, imposante et cruelle. Une pluie qui vient mettre un terme définitif et irréversible aux trois mois précédents, trois mois qui ont trouvé le moyen d’être parfaits, malgré l’instabilité politique au Liban. Une pluie qui accepte de coexister avec la chaleur, rien que pour ruiner les esprits encore volatiles, reste agréable de l’été. Rien que pour me dire qu’il faut que j’oublie mes aventures pathétiques et que je redevienne sérieuse et réfléchie, une fois pour toute.
Je décide de sortir quand même, et je vais prendre un verre dans un pub sympa avec une amie d’enfance. Nous parlons de musique, du mec d’à coté, du temps salaud, des mois derniers, des projets futurs, de cette fille qui nous a laissées pour aller à Londres, d’amis infidèles, de déceptions amoureuses et de souvenirs bien drôles. Nous parlons de notre enfance et de nos défauts qui n’ont pas changé. Nous parlons de tout, et vite passe la soirée. La soirée passe et dehors il pleut encore. Nous avons grandi vite, dit-elle. J’acquiesce de l’extérieur pour ne pas la contrarier mais je refuse de l’intérieur. Certaines choses ont changé, mais je ne me sens nullement plus grande pour autant. Tout a changé presque. Mais moi, moins je crois. Je me promets de rester comme ce soir, insouciante et heureuse.
Samedi soir. Une soirée passée avec une copine. Une soirée qui ressemble si peu aux soirées d’autrefois. Une soirée improvisée une heure à l’avance et non pas travaillée un lundi matin, au cours de 8h. Une soirée qui a réuni deux vraies amies. Une soirée qui a résumé une vie. La pluie dehors. Le soleil dedans. Les gens qui bougent. Notre indifférence à leur égard. Etre seules par décision, pour mieux apprécier d’être quelques fois, très entourées.

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