mercredi, décembre 06, 2006

Politically (in)correct

La politique, c’est l’art de gouverner. Gouverner, c’est organiser la vie d’une société en recherchant l’intérêt général. Tout homme politique devrait avoir la vision, le juste sens des proportions, l’esprit de synthèse et ce qu’on appelle couramment le « leadership ». La fonction première de tout homme politique est la représentation du citoyen. Ce dernier ne pouvant s’occuper directement de la chose publique, il la confie à un homme qui représenterait ses intérêts et travaillerait dans l’intérêt de tous.
L’homme politique doit donc remplir certaines caractéristiques qu’on ne trouve pas nécessairement chez « l’homme moyen », notion empruntée au vocabulaire juridique. Il doit être digne de confiance et apte à contrôler ses tendances et ses impulsions, il doit être en mesure de choisir des mots adéquats afin de transmettre un message déterminé en veillant aux sentiments de la nation. Il doit constituer le modèle à suivre puisque l’administré lui a accordé toute sa confiance et puisqu’il parle au nom de ce dernier. D’ailleurs, de là est née l’expression « politically correct » qui signifie le fait de se comporter d’une façon irréprochable dans le souci de concilier le fond à la forme. La chose sera dite, mais surtout, bien dite.
L’homme politique se place à la tête d’une population pour la guider, la soutenir, l’encourager, la protéger, l’encadrer et défendre ses intérêts. Il est responsable envers ceux qu’il représente puisque ceux-ci lui ont accordé le pouvoir.

Sur notre scène politique aujourd’hui, nous voyons des hommes politiques qui ont perdu les qualités de la représentation. Ils utilisent un vocabulaire familier pour exprimer leurs opinions. Ils emploient un langage vulgaire pour se défier mutuellement. Ils prennent un ton arrogant pour préserver leur autorité. L’homme politique libanais a perdu son élégance. Il a perdu la noblesse qui faisait de lui un modèle. Il a perdu la subtilité qui caractérisait ses discours. Il a perdu la sensibilité dans le choix des mots. Il a perdu la perspicacité qui lui permettait de comprendre le peuple à qui il s’adresse. Il est difficile de l’écouter, impossible de le croire. La légitimité de son pouvoir est contestée. Ses agissements sont discutables. Il ressemble de plus en plus à l’homme moyen. Alors comment fonder son pouvoir désormais ? Et un pouvoir non fondé devrait être remis en cause.
Je finis à peine mon texte et je remarque la grossièreté de l’erreur commise. J'ai failli oublier que si les actes des puissances publiques sont partout dans le monde « politically correct », les nôtres sont de nature et par hypothese politically... (in)correct!

Publie dans L'Orient Le Jour le 16 decembre 2006

5 commentaires:

Anonyme a dit…

qd un politicien ne dit rien, il peut penser quelque chose. Dès qu'il parle, c'est qu'il ne pense à rien.

Anonyme a dit…

A ne pas publier (pour toi seulement).

Bonjour Karen,

J’ai hésité avant de t'envoyer ce petit message qui vient du fond de mon coeur.
Je n'ai aucune intention de me mêler de tes propres affaires mais je le fais par amour et appréciation sincères de ton style.
Je m'excuse d'avance de tout gêne ou dérangement insouhaitables.

En comparant tes anciens écrits avec les plus récents, on trouve une certaine différence, plutôt une certaine monotonie dans le style en ce qui concerne les récents articles.
Tu commences toujours par une théorie ou une idée (ou vérité) générale et puis tu l'appliques a un cas particulier.
C’est un peu la même démarche pour tous les nouveaux articles.
Les anciens revêtaient chacun un style différent de l'autre, voire multicolore.
On avait le plaisir de les lire jusqu'au dernier mot et d'essayer de dévoiler les sens cachés derrière les mots soigneusement choisis, contrairement aux récents où on comprend dès les 3 premières lignes l'idée globale et on décèle clairement la suite.
Ce nouveau style qui se rapproche plus du scientifique que du littéraire me rappelle les épreuves de droit administratif plus que les récits de Paulo Coelho.
L’affection qu'on ressentait en lisant tes vieux écrits est un peu perdue. J'ai parfois l'impression de lire un article journalistique ou scientifique.
Personnellement je lisais ton blog pour m'éloigner des journaux quotidiens et des magazines qui sont devenues ces derniers mois des clones ou des copies conformes ennuyantes car il n'y a rien de nouveau, d’inconnu, d’intéressant ou tout simplement de différent.
Je ne sais pas si cela est intentionnel et voulu de ta part.
Je le respecterai en tout état de cause.

En fin de compte, j’ai seulement désiré de te transmettre un point de vue qui n'est autre que personnel et que tu peux certainement ne pas prendre en considération.
Tout est laisse à ta discrétion personnelle.
Je m'excuse à nouveau de tout malaise causé.

Très amicalement.
Lara

Karen Ayat a dit…

Lara,
Je tiens d'abord a te remercier pour la sincerite de ton conseil. Il sera pris en consideration.

jai choisi de publier ce commentaire. Tu mas demande de ne pas le faire par elegance, parce que tu pensais causer, par un avis tout a fait legitime, un malaise. Ce qui nest pas le cas. Jen profite pour preciser certaines choses concernant le style, en particulier le mien. Je sais que tu comprendras.

Mon site ne traite pas dun sujet precis et exclusif. Il parle damour, de politique, de la vie sociale, des mecs, et des filles bien sur, de la plage, du ciel, du chocolat, du travail, des cours, des ambitions, des reves, des deceptions, des chagrins damour, de belles nuits, de matins mediocres, dune mauvaise note, dune belle surprise, etc.
Les sujets sont donc varies. Certains serieux, dautres moins.
La distinction est donc claire: Certains sujets traitent de choses "de grandes personnes". Dautres revelent lenfant que je suis. Et il ne conviendrait pas dadopter un meme style pour des sujets si differents!!
Imagine un texte qui parle de la situation politique actuelle ecrit sans base scientifique ou plein de sentiments! il serait completement ridicule et tres peu credible.
Un autre qui raconte une belle soiree ne peut qu'etre sincere, rempli de sentiments, direct, spontane, impudique....

Je crois que cette disctinction aussi naturelle que bien fondee a toujours ete respectee. Tu peux comparer 2 articles RECENTS (par exemple: "je naime pas l'hiver" et "le droit a la vie") et remarquer la difference de style. Le premier (je naime pas lhiver) est spontane, sincere, triste, emouvant (coe mes anciens articles) alors que lautre, cense transmettre une idee grave, serieuse, UN DROIT, est ecrit dans un style classique que tu dirais 'juridique'.

Jespere tavoir convaincue... Merci pour la fidelite de tes commentaires.
sincerement,
karen.

NB: je veillerai a ce que le prochain texte te surprenne...

Anonyme a dit…

Karen,

Je rejoins un peu Lara sur ses propos mais j'aimerais apporter une nuance : ton style par le passé ne devrait pas être comparé à Coelho qui et je ne le répéterais jamais assez n'est pas une "réelle" référence littéraire, même si je sais que tu l'adores. D'autant que le Conseil d'Etat et le droit administratif ne révèlent pas dès leur première phrase, ni même visas, l'étendu de la notion qu'ils tendent vouloir nous faire avaler.

Mais si Lara se trompe sur ces deux points de comparaison elle n'a pas tort de rappeler le style "journalistiquement" fade qui commence à émaner de tes écrits. Ce style n'est pas du à toi, ni à un manque d'inspiration de ta part, je pense qu'il est du à l'actualité politique actuelle et que tu te dois de t'y plier, tu ne peux faire autrement. Un jour surement tu finiras par trouver ce qui pourrait rendre ce quotidien politique plus intéressant à lire mais à l'heure actuelle tu fais déjà beaucoup en décrivant on ne peut mieux le rôle que devraient avoir "les animaux politiques" et l'attitude actuelle qu'ils ont.

En effet, la vulgarité dont tu parles prouve que non seulement l'opposition actuelle a raison de vouloir renverser un gouvernement de bandits et je n'allège pas mes mots mais surtout que les règlements de compte entre l'opposition actuelle et les bandits du gouvernement est monotone et que si chacun a un peu raison, il n'en demeure pas moins que tous ont tort et ne représentent pas la force des libanais qu'ils prétendent (vouloir) gouverner. En ce sens où personne ne songe à l'intérêt général, à la construction mais au contraire, on songe à dévorer les parts d'un "gateau" en ruine sous couvert d'une géostratégie internationale pitoyable et sanguinaire.

Bon courage pour la suite.

Karen Ayat a dit…

merci marwan :)
Je releve une fois de plus la distinction entre les sujets serieux et les histoires legeres que je prefere pour justifier la difference de style
Il nya pas un style qui reflete plus mon caractere.
Il ya des styles qui refletent mon humeur, humeur que provoque la societe.
amicalement,
Karen.