dimanche, décembre 05, 2010

Une italienne

L’amitié dans un monde sauvage et étranger n’est pas la chose que l’on acquière en premier. Parce qu’au-delà de la barrière culturelle à dépasser, il est difficile de cerner, de comprendre, de faire confiance et de se donner quand on ne sait rien de la personne approchée.

Je l’ai rencontrée aux toilettes de la banque, et ce sont ses chaussures que j’ai remarquées. Parce qu’elle portait les mêmes ballerines que moi, achetées dans un marché vintage de l’Est de Londres. Et la coïncidence fut notre première connexion. Ensuite, il y a son accent qui me fait rire, sa gentillesse et ses gestes d'un personnage de bande dessinée.

Les cafés, les déjeuners et les pots se succédèrent. Nos cœurs n’ont pas tardé à s’ouvrir et à se vider. Italienne. Mais je n’aurais pas pu trouver une personnalité plus identique que la mienne.

Un sujet en particulier me marqua. Ses parents sont mariés depuis 35 ans. Comme les miens. Et ils ont respectivement les mêmes âges que les miens. Quatre enfants aussi. Et le même ciment qui les unit que celui entre mes frères, ma sœur et moi.

J’ai vu en elle tout ce qu’on dit de moi. Une attitude naïve. Et des sentiments exagérés pourtant naturels. Des yeux qui s’extasient et qui s’émerveillent pour un café, pour une fleur et pour la neige. Une confiance immédiate envers tout le monde. Tant pis pour les trahisons. Et surtout, un perfectionnisme souvent destructeur.

Elle m’a décrit la relation de ses parents. Une fidélité qui va de soi. Une fusion absolue. Un support réciproque et sans limite. Une attention dirigée vers les enfants. Un effort continu et à deux. Une identité sociale de couple. Et jamais… jamais… des soirées en solo.

Pourtant, la vie à Londres voudrait autrement. Parce que les jeunes couples semblent très protecteurs de leurs identités respectives, de leurs sorties en célibataires avec les amis les jeudis soirs. Les couples modernes semblent inaptes de faire des concessions et très distraits par ce qui se passe autour et par la possibilité d’un mieux ailleurs. Et à force de rechercher quelque chose de meilleur, ils se retrouvent seuls et se disent heureux, épanouis, libéralisés.

Notre troisième verre de vin et le déjeuner achevés vers dix-huit heures, on se sépare devant la station de métro, et je marche vers chez moi. Nos propos échangés sur notre perception de la vie, de l’amour, du couple, des enfants me laissent perplexe. Parce que je me demande si c’est une bénédiction ou une punition que d’avoir ces idéaux à atteindre. Puisque les vivre ne me semble plus être une évidence.

2 commentaires:

Marianna a dit…

Dear Karen,
I found myself reading many times this post and feeling close to your thoughts, doubts and hopes. I think some people we meet in our lives can help us walk through these feelings and join us in realising who we are, what we wish for our future and how we can be the best of ourselves . I m sure we met for a reason, and I know I m lucky I met someone like you that shares so impressively closely my feelings about life, hopes and fears. I m sure we will grow strong as we enjoy life as it comes, with all its troubles and fantastic moments that make us smile. M

Karen Ayat a dit…

Marianna
Thank you for your comment !
I agree :)
I can only think of reasons to smile, we have so much to look forward to and London is suddenly more fun and real for me since I met you !!
xx