lundi, octobre 02, 2006

Le peuple ou l'Etat?

C’est parce que nous avons tous le sens critique plus ou moins développé selon les personnes, parce que nous voulons tous améliorer la condition de vie des citoyens, c’est parce que nous aspirons tous à un monde meilleur, c’est parce que nous ne cessons de nous comparer aux pays étrangers dits plus développés comme l’Europe ou les Etats-Unis, que nous refusons le système politique et condamnons des paroles et des écrits les dirigeants de notre pays.
Citoyens du Liban, nous nous plaignons souvent – à raison d’ailleurs – de ne pas connaître la destination exacte des taxes et impôts que nous payons, des cotisations diverses, du manque d’aides sociales et de prestations qui devraient être versées par l’Etat en contrepartie de la participation fiscale. Nous nous plaignons en comparant notre système à un autre où le développement social serait poussé à l’extrême et le droit social en éternelle progression, comme le systeme francais.
L’Etat, cette personne morale qui se doit d’être l’autorité supérieure et suprême dont la fonction essentielle est d’assurer l’ordre, le bien-être, la sécurité, la tranquillite, la salubrite publique et la meilleure organisation possible, est, selon l’avis de la quasi-totalité des libanais, sinon inexistant, du moins inutile.
Supposons que cette thèse soit vérifiée – et il n’y a pas de rumeur sans raison d’être – le Liban fonctionne très bien pour un pays sans véritable dirigeant. Et ceci ne peut s’expliquer que par la grandeur de son peuple.
Si le gouvernement libanais ne sait tenir son rôle en tant qu’agent protecteur, et que le pays soit aussi vivant que le notre – avouons-le- et qu’un Etat est défini par son gouvernement, son territoire et sa population, c’est que le dernier de ses trois éléments, puisque le premier est absent, à savoir la population, est exceptionnel. La population de notre pays est exceptionnelle.
Vous verrez le libanais se distinguer à l’étranger, travailler beaucoup plus et fournir un bien meilleur résultat. Vous le verrez très bien s’adapter aux cultures et langues diverses. Vous le verrez parler de son pays, la lumière aux yeux, le sourire aux lèvres et les souvenirs plein la tête.
Vous verrez le libanais au Liban, toujours prêt à aider les autres, à leur venir en aide au besoin. Vous verrez le libanais qui aime la fête, celui qui n’oublie quand même pas de travailler, celui qui reste attaché à sa terre, malgré la guerre, les menaces constantes et le peu qui lui reste.
Ailleurs, certes, un Etat. Ailleurs, un véritable gouvernement. Mais ailleurs aussi la solitude et l’égoïsme. Ailleurs, l’individu est vraiment seul. Les maisons sont petites. Les familles sont dissoutes. Les regards insignifiants. Les soirées interminables.
Nous avons donc d’un coté un Etat. D’un autre, un peuple. Entre ces deux alternatives, je choisis sans la moindre hésitation la seconde. Car l’Etat, fantôme honnête ou malhonnête est partout invisible. Mais c’est le peuple que je côtoie sans cesse à chaque coin de rue, dans les salles mal chauffées de la fac, sur des chaises longues autour d’une piscine, à 2h du matin sur l’autoroute suite à un accident de voiture, au supermarché, dans les files d’attentes et au travail.
Le peuple libanais, à lui seul, permet de dire que le Liban est un pays magnifique. Parce que si différent des autres. Si différent parce que libanais. Si différent parce que brun, roux et blond à la fois. Parce qu’oriental et occidental à la fois. Parce que superficiel quelques fois et sérieux quand il le faut. Parce que capricieux mais responsable. Parce que jaloux et compétitif. Parce que fort et ambitieux.
Liban, je t’aime. Je t’aime uniquement pour tes libanais. Je t’aime surtout pour ces personnes spéciales avec qui je vis. Je t’aime pour ceux qui te constituent. Et non pas pour un pouvoir utopique dont on pourrait facilement se passer. Alors je décide d’oublier ce tout petit détail. Et de former, avec ce très beau peuple, un nouveau pouvoir, existant et efficace, qui sera, un jour, avec un peu d’effort, beaucoup de volonté, le plus grand des gouvernements.


Article publie dans L'orient le jour.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est un bel article que j'ai cru voir sur l'Orient le Jour. Je suis d'accord avec toi c'est le peuple qui fait la différence au Liban. Mais dans ton propos ce n'est pas l'Etat qui est Utopique c'est justement ce Peuple, qui dans la vie quotidienne est comme tu le décris et devrait le rester, mais qui dans la vie politique est dangereusement incalculable et sournois. C'est pour cette raison que des libanais s'isolent à l'étranger et préfère la solitude et le froid des autres nations car le gouvernement et le peuple doivent être un, et ce n'est pas le cas au Liban. La démocratie la vraie c'est un gouvernement pour le peuple et par le peuple et au Liban je vois plutôt un gouvernement pour une communauté ou une autre, pour un allié (saoudien, iranien.) avec ce même peuple divisé et aveugle.

Karen Ayat a dit…

Theoriquement, je suis tout a fait daccord avec toi: Le peuple et l'Etat devraient constituer ensemble un tout puisque le peuple vote pour ses representants qui a leur tout devraient militer pour lui assurer la protection, le bien-etre, le confort, la securite (interne et externe), la defense de ses interets sur la scene internationale, ...
Mais est-ce que l'Etat et le peuple forment un tout ailleurs? Est-ce que le peuple est tout a fait daccord avec l'Etat aux E-U? Je vois plutot un peuple qui sen fout de la politique, peut etre justement parce qu'il na plus rien a reclamer...
En France? Le peuple nest presque jamais daccord avec la politique de son GVT!
Dans dautres pays, le peuple na pas le droit de sexprimer. ALors daccord ou pas daccord, il est difficile daffirmer quoi que ce soit. Mais encore, nous presumons quils sont loin detre en harmonie, car sils letaient, le peuple aurait eu le droit de sexprimer solennellement.
Le peuple et l'Etat pour un tout... La solution parfaite. Mais est elle realisable?
Je veux croire que le peuple libanais a le potentiel detre uni pour une meme cause. Il a ete uni en de differentes occasions. Il peut letre.
Mais la encore, tu parles encore de conflits d'interts entre les differents partis et les differentes communautes...
Le peuple ou l'Etat? Le peuple. Meme divise. Toujours mieux que l'Etat. Le peuple qui fait de la politique reste mieux qu'un Etat qui fait des affaires...
Nous pourrions en discuter eternellement tous les deux non? En tout cas, je nai pas de reponse definitive et tranchee. Je me demande s'il en existe.
En tout cas merci bcp pour ton commentaire!
Sincerement,
Karen.

Anonyme a dit…

L'instabilite est indispensable pour progresser puiske si on reste sur place, on recule.

Anonyme a dit…

L'instabilite est nécessaire pour progresser puisk si on reste sur place, on recule.