dimanche, décembre 16, 2007

Se retirer

Certaines personnes présentent la qualité de la sociabilité. Sans faire beaucoup d’efforts ni jouer la comédie, elles arrivent à intégrer n’importe quel milieu, s’y adapter et se faire aimer. Par le pouvoir de leurs mots, la simplicité de leur attitude, leur modestie et l’énergie qu’elles dégagent, on les aime, on a envie de les connaître et de s’en rapprocher. Elles peuvent être très réussies et avantagées par la nature mais elles n’inspirent ni jalousie, ni concurrence car un certain charme nous emporte et les rend sympathiques.

Cette faculté d’être proche des gens, de leur faire preuve d’intérêt et de gentillesse trouve sa source dans la modestie, la confiance en soi et surtout l’intelligence. Parler aux autres c’est à la fois se faire connaître et apprendre. Il suffit de se débarrasser de la peur de l’autre, des ses propres complexes, de la crainte du jugement pour se laisser aller, parler, discuter, s’enrichir, ressentir, refuser, désapprouver mais dans tous les cas, considérer. Car que l’on soit d’accord ou pas, il faut toujours considérer. Pour un jour approuver. Ou au contraire, confirmer son refus.

Pour pouvoir aller vers l’autre, il faut passer outre l’apparence et être en quête d’apprentissage ou tout simplement d’un bon moment, un moment de plaisir, un moment de sincérité, un moment de paroles inutiles, un moment de rire, un moment éphémère. Ou pas. C’est ce que j’essaie de faire. La conversation, les sourires, les mots gentils pour bannir les préjugés et tenter d’échanger. C’est surtout en présence d’amis d’amis que l’on éprouve tantôt l’envie et tantôt le devoir de discuter. Et c’est ce que j’ai fait.

Je ne sais pas si j’ai vraiment essayé. Je me suis répétée qu’ils ont beau m’inspirer ni confiance ni sympathie, que malgré le fait que la fille d’en face et moi n’avons probablement rien en commun et que ses sujets de conversation passent de sale en pire je dois quand même être gentille et polie, que je lui ressemble peut-être et qu’il se peut qu’elle me trouve aussi antipathique, que pour mes amis je devrais être altruiste et me montrer épanouie… ça n’a pas servi. J’ai échoué. Et à part les grimaces et les soupirs d’ennui, rien n’est sorti.

Je croyais avoir ce quelque chose qui me rendait proche des gens. Car j’ai souvent engagé des conversations passionnantes avec des inconnus, j’ai parfois oublié de descendre du bus lors de mon passage à Paris captivée par les histoires d’une parisienne anonyme et je me suis même fait des amies en boîte en trouvant le moyen de parler malgré la musique et les talons qui font souffrir. Je croyais pouvoir m’adapter partout et trouver des trucs à dire avec n’importe qui. Mais ce soir, j’ai vraiment atteint mes limites.

Je repense à ma soirée. Je me demande ce qui n’allait pas. Si c’est à cause de moi, d’une mauvaise humeur passagère ou de mon caractère renfermé que je masque d’ouverture. Je ne sais pas. Oui, j’ai atteint mes propres limites. Comme ça. Je les voulais flexibles, je me reteins le plus longtemps possible. Et puis tout à coup, comme à bout de souffle, je laisse sur la table de la monnaie pour mon café à peine commencé et je me retire. Sur le chemin du retour, je n’ai qu’une pensée : il est parfois dur de s’intégrer mais il est aussi bien plus difficile de savoir s’en aller. Prendre une décision d’incompatibilité absolue et trouver la force de se retirer. Sans réfléchir, ni hésiter, ce soir, je me suis retirée.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Re...Salut
....Admiration,
ça me fait trop plaisir de voir que tu attaques la psychologie (en + philosophiquement).

ce texte-là, pour moi est un essai réussi, très

de la logique, de la réalité (vérité)... des exemples... et enfin une justification

Juste une remarque, en rapport avec les limites (l'atteinte des limites)
... Et bien, ne t'inquiète pas (tu n as pas atteint tes limites) parce que on ne pourrait jamais atteindre nos limites, jamais.
Tout le "temps", les limites kon croyait touché deviendront des passages naturels...obligés.


Joyeuses fêtes et bonnes vacances

Karen Ayat a dit…

Merci bcp, je navais ni lintention de parler psycho, ni philo, je nen ai nullement la qualite.
Mais ca me fait plaisir que tu aimes qd meme.
Tres joyeuses fetes a toi,
Merci encore,
Karen.

Anonyme a dit…

C toujours avec les inconnues que la conversation est passionnante, longue et interessante...surtout kan tu kittes avec le sourire sur le visage sachant que tu pourrais ne jamais revoire cette personne...bizarre :)
bo texte!!!!

Karen Ayat a dit…

C le secret des villes...
Merci! :)

Unknown a dit…

en tout debut..tu me decris sans me connaitre... et a la fin.. tu me decris sans me connaitre aussi.. en fait.. tu decris aussi ton present.. et ton future... a star in the making...

Antoine

Karen Ayat a dit…

Merci Antoine, je suis trop flattee... De toute facon, je pense quon se ressemble un petit peu :)