lundi, février 16, 2009

Perdu

Aller à un concert. Acheter un livre trouvé dans la catégorie best seller. Rire dans la salle de cinéma remplie après avoir attendu un mois pour trouver des tickets. Admirer les tableaux d’un peintre a succès… toujours en vie. Que de choses qui me donnent envie. Quoi de plus parfait que de réussir sa vie en faisant exactement sa passion. N’est-ce pas là la clef du bonheur ? Je ne puis penser à plus de perfection. Ce serait tellement beau si je pouvais passer ma journée au lit, à écrire, et en faire mon métier. Mon seul. Et ma richesse.
Pourtant, je n’ai jamais été aussi audacieuse. J’ai opté pour des études de droit. Quelque chose de plus raisonnable. Non pas seulement parce qu’au Liban (comme partout ailleurs comme j’ai découvert dernièrement) on valorise les trois métiers d’avocat, de médecin et d’architecte mais aussi parce que j’ai toujours été habile avec les mots et eu la patience de lire pendant des heures. Et j’aime cela. J’ai fait ma licence. Et puis mon master. J’ai bien réussi. J’ai été convaincante. Convaincue ? Un peu moins.
Et puis un matin… je me sens morose. Parce que je réalise que je tombe dans mon propre piège. Et qu’avec mes examens, mes diplômes qui s’imposent sans que je ne puisse m’y opposer, et ces choses sérieuses qui se succèdent, je comprends enfin qu’une vie d’artiste ne sera simplement pas pour moi. Et ces journées passées dans le parc, dans la rue ou dans un bus à attendre ma prochaine histoire seront futures ou ne seront jamais.
Je réalise que je serai comme ces peintres qui se feront connaître après la mort. Et l’idée me fait sourire. Car ce serait trop espérer. Je serai comme ces gens là qui se disent que leur profession n’est que provisoire, qui se noient dans le succès, qui ajournent leur passion, pour enfin la perdre avec le temps à défaut d’avoir le temps de l’épanouir, qui se réveillent un jour avec l’envie folle de peindre, de chanter, d’écrire leurs émotions… mais avec le talent perdu.

Aucun commentaire: