samedi, juillet 25, 2009

Je te vois


62 jours… Je me réveille tous les jours avec un enthousiasme renouvelé. Tous les matins, je barre un jour de plus. Un jour de plus qui me sépare de mon retour chez moi, a Beyrouth, au Liban. Et ma voisine, libanaise, fait pareil. Moi je barre. Elle, déchire la page de chaque mois qui s’écoule… elle la déchire de toutes ces forces. Cette page qui la sépare de son pays adoré. Elle en fait un avion en papier, un petit bateau qu’elle met dans l’eau pour faire jouer son enfant et parfois elle la jette. Et puis elle me dit, toute heureuse et fière du temps qui passe qu’il n’y a plus que trois mois, ou deux, ou six… ca dépend.
On attend. On s’impatiente. Même quand on est heureux la ou on est. Même quand on s’amuse. Même quand on fait la fête. Même quand on construit une carrière prometteuse. Tout ce qu’on vit, on le vit pour venir, un jour, le raconter chez nous… la ou les gens nous écoutent. La ou la famille s’intéresse. La ou nos frères nous manquent et nous regardent le regard fier, ce regard qui fait si chaud au cœur …
Et puis a peine arrivé, on s’adapte plus vite que doucement a un train de vie malsain auquel on était autrefois habitue. Les soirées se succèdent, les verres s’enchainent, les sorties se bousculent et entre jupes trop courtes et verres trop remplis on noie nos esprits et on enterre le réel. On dit que le Liban c’est ca, on dit que les libanais sont tous rassembles sur ce toit magnifique qui donne sur la ville, les montagnes, les rues, la mer… on dit que les libanaises sont celles que l’on voit le soir, trop maquillées, trop arrangées, trop perchées sur des talons trop hauts, trop maniérées, trop superficielles, trop méchantes… dont j’en fais, je l’avoue - en quelque sorte et ca me tue - partie.
Et puis un jour… un jour, même quand on adore le Liban et qu’on est fou de son pays, même quand on a Beyrouth dans le sang et la famille tatouée sur la peau, même quand on adore parler l’arabe, même quand on est tellement fier d’être libanais on réalise que le Liban c’est pas vraiment ca… Et la vie dépasse les sorties inutiles qui se ressemblent tellement chaque soir, que le monde ne se résume pas a un verre d’alcool et aux cigarettes qui brulent, que le vrai ne peut résider dans une boite de nuit, que les anges dorment la nuit, que la sérénité doit se rechercher ailleurs, dans un endroit plus calme, plus pacifique, moins exagéré, moins superficiel, moins excessif… plus authentique.
Ce soir, après deux mois d’exagération, je réalise que je ne me retrouve plus dans ce Liban que j’avais crée, dans ce Liban que je m’étais appropriée… non, le Liban est bien plus que cela. Liban, aujourd’hui, et pour la première fois, je te vois.

2 commentaires:

~Chris~ a dit…

il y avait longtemps... trop lontemps je m'en rend compte... il est étrange de penser que tant de temps est passé depuis ma derniere visite ici... étrange de penser que pourtant tu écris toujours de cette plume qui me faisait attendre avec impatience un nouvel essai... donc au final, pas si étrange que ca le fait que je retrouve, des les premieres lignes, cette sensation de voyage et de profondeur que j'aimais, pardon, que j'aime encore venir chercher ici... entre temps j'ai fait le tour du monde. enfin presque... il est tant de chose que je n'est pas vu... Liban,Le Liban... ton Liban, par exemple. Mais grace a toi j'en ai un leger appercu,un gout, une sensation, des parfums, un avis. certe pas impartial, mais d'une passion que je t'envie... bref... beaucoup de mots pour finalement te dire merci de continuer à me faire voyager, et le plaisir de te retrouver un peu, entre deux mots, ou deux pays...
Bien a toi, au souvenir d'une certaine lettre, écrite a la bibliotheque entre deux bouquin de droit.
Ton ami (j'espere ne pas usurper le titre)
Chris

Tony Y a dit…

I just opened ur blog to take a quick look and I had barely read a couple of words of this post that I couldn't stop. C'est le sujet qui me tient le plus a coeur dans la vie. Je me retrouve dans pas mal de choses que tu ecris. La petite difference pour moi, c'est que le Liban que j'adore n'a jamais ete pour moi defini ou limite par le microcosme que tu decris bien et qu'il a toujours ete le melange de ca et de toutes les couleurs du Liban. C'est un pays difficile, qui souvent prends plus qu'il ne rend. J'ai appris a l'aimer comme il l'est, un peu comme on aime une personne comme elle l'est. Malgre cela, mon dilemne reste entier et je ne sais tjs pas si je 'vois' le Liban de la facon dont je le verrais si j'y vivais auj.
Bon sur ce, je vais continuer ma lecture :)