dimanche, janvier 23, 2011

Je suis venu te dire que je m'en vais

Je suis venu te dire que je m'en vais
Ouais je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Car tu m'en as trop fait.


Serge Gainsbourg. J’aurais voulu te rencontrer. Et pourtant… tu es laid.

J’aurais voulu te connaitre. Parce que tu appartenais à une époque future, et tu as osé dire et faire en public ce que les autres considéraient impudique. J’aime tes traits, tes cheveux défaits, ta démarche nonchalante, ta voix qui chante, ta définition de l’amour et tes mots sans détour.

Je suis specialement sensible à une chanson en particulier : « Je suis venu te dire que je m’en vais. »

Des paroles paradoxales qui me font presque mal. Parce qu’à ton adieu, Serge, je ne crois qu’à moitié. Pourquoi irais-tu jusqu’à confronter la femme aimée… si vraiment tu la quittais ?

Et je me retrouve dans ces paroles. Parce que c’est ce que je fais. A chaque fois. Je suis peut-être folle.

Oui, je vais le retrouver. Je vais le voir, alors que ma peau le rejette, alors que mon cœur le déteste, alors que ma raison ne lui trouve plus de raisons.

Je vais le retrouver. Et comme j’ai honte de ce que je fais, je lui avance cette excuse aussi faible que pathétique, que je ne le retrouve que pour lui dire que je le quitte.

Je lui donne rendez-vous comme pour le blesser. Mais c’est moi que je blesse en premier.

Je trompe mon orgueil et ma fierté, et je m’offre le plaisir d’un moment à ses cotés, en me convainquant que ce n’est que pour mieux m’en aller. Cette fois pour de bon. Ceci mérite bien un dernier affront.

Je me retrouve face à lui, et je lui offre un visage démaquillé par des larmes, je lui dis que c’est fini, et que cette fois-ci je ne succomberais plus à son charme.

Il acquiesce comme je le savais. Il sourit comme je le craignais. Et je me jure de me retourner à jamais.

Et pourtant… et pourtant… je reviendrai. Je le sais. Mais encore… juste pour lui dire que je m’en vais.

Un jeu maladif et destructif. D’un amour impossible mais si prévisible. Parce que je me ressource à ses cotés. Et je ne l’embrasserai que pour le libérer.

Oui, je le quitterai. Et j’irai le voir pour le lui annoncer. Mille fois s’il le faut. Pour m’assurer qu’il a bien compris mes mots.

Alors je marche. Je marche sans me retourner. Un peu pour faire comme Gainsbourg. Lui… qui n’aimait qu’à courte durée.

J’irai le voir. Une toute dernière fois. Cette fois sera la bonne. J’irai le voir et je le lui dirai à haute voix. Que je ne répondrai plus au téléphone. Que j’ai rencontré un autre homme. Et que c’est fini, voilà.

Mais comme la chanson, je me souviens des jours heureux et je pleure. Alors je m’en vais vérifier, à contre cœur, qu’il n’ya vraiment plus d’espoir de sauver le passé.

Et puis un sourire. Une caresse désinvolte. Un regard insistant. Un souvenir attachant. Une promesse fragile. Un baiser passionné. Me font tout oublier. Ces blessures que je croyais encrées à jamais. Ces trahisons que je pensais insurmontables. Ces sautes d’humeur qui me brisaient le cœur.

Oui, j’oublie tout. Et je viens te dire… que j’ai essayé. Vraiment. J’ai essayé de tout mon vivant. Mais que je ne puis vraiment partir.

Et quand je pars... ce n'est que pour mieux revenir.

Beyrouth.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mademoiselle,
En effet,"comme dis si bien Verlaine au vent mauvais" - un vent traitre et persistant, qui chuchote des promesses jammais tenues et toujours renouvellees,
des annees, des annees durant .
Et,"maintenant qu a sonnee l heure"- il nous en faut nous en aller, et laisser loin derriere,
"dans un retroviseur",
cette maitresse maintes fois infidele et cruelle,
cet oiseau de malheur.
Et pourtant la revoila, ce n est "ni tout a fait la meme, ni tout a fait une autre", et cette fois "elle m'aime et me comprend".
Et re-belotte.
Beyrouth.