jeudi, mars 10, 2011

Des épices dans un palais... libanais.

Samedi soir… nous décidons de sortir diner à deux. Lui et moi. Pour parler de nos semaines respectives autour d’un bon repas… libanais.

Parce que la nourriture libanaise me manque. Et celle-ci est toujours à partager.

Après des jours entiers passés seule dans ma chambre, je redécouvre le plaisir de redécouvrir la ville. Et de bien m’habiller pour sortir.

Soho… Le quartier de Londres qui ne manque jamais, à chaque fois, de m’inspirer. Par son énergie, son art qui ne prétend pas être artistique mais qui l’est vraiment, sans prétention, sans effort, en tout abandon. Ses passants déguisés sans le savoir. Ses boutiques colorées. Sa musique sourde. Son chaos organisé. Oui, j’aime Soho. Parfois.

A peine sortie du taxi, j’entends mon prénom dans la nuit. Je me retourne pour m’assurer que c’est bien moi qu’on interpelle. Et voilà que l’on tombe sur un groupe d’amis ayant eu parfaitement la même idée. Notre diner à deux se transforme en une sortie à dix. Et c’est bien cela que j’aime dans cette ville. Une ville où l’on croit se perdre dans l’anonymat. Mais qui n’est en réalité, à bien y réfléchir, que similaire à mon petit village libanais.

Autour d’une table allongée, on discute et l’on rit en arabe. Des arabes bien différents venus de la Tunisie, de la Syrie, de la Palestine, de la Jordanie, de l’Irak et… du Liban.

Les plats différents se servent pour le plaisir des yeux, du nez… et du palais. Des épices, des légumes, du citron, des feuilles de vigne, du pain fraichement sorti du four, du thym, du yaourt condensé, du persil, des oignons se mélangent et se marient offrant un spectacle de couleurs et une harmonie de saveurs.

En arrière plan, la voix de Fairuz s’éclipse derrière nos voix qui s’entremêlent et qui se disputent les révolutions arabes et les montagnes de mon pays.

Les assiettes passent d’une main à une autre et les conversations s’entrecoupent par des commentaires admiratifs des délices qui se donnent à nous.

Et à travers cette nourriture libanaise que l’on partage, dans sa texture particulière, dans ses couleurs diverses, dans sa richesse et dans ses assaisonnements, cette idée de comparer l’Orient à l’Occident me frappe et me surprend. Parce que le peuple arabe est généreux, il aime le partage et le chaos, il se sent concerné par le problème du père, de l’ami et du voisin, il donne sans compter et n’hésite pas à le faire mais surtout… il ne peut être réduit à une couleur, une senteur ou une arome. Alors que l’Occident qui nous accueille, est, malgré ses diverses qualités, souvent individualiste, solitaire et égoïste… Sa cuisine est rarement celle du partage, puisque sont offerts dans ses frigos de grande surface, des plats congelés… pour un individu et un seul, souvent en quête d’identité.

Voilà pourquoi souvent, quand la ville nous mène et surmène et que l’on trouve du mal à se retrouver… moi je préfère dormir. Sans manger.

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