dimanche, juillet 16, 2006

Inchallah.

J'ai souvent entendu ma grand mere dire, comme la majorite des personnes de son age, alors que je faisais des plans pour le soir, le lendemain ou la semaine d'apres, "Inchallah". Inchallah, si Dieu le veut... Parce qu'il ne nous appartient pas, selon elle, de determiner a l'avance l'avenir. Parce qu'il nous est impossible, a ses yeux, de prevoir le lendemain ou meme la seconde qui suit.
Mais moi, je suis jeune. Et comme la majorite des personnes de mon age, je croyais qu'il suffisait de rever, de decider, de planifier et de determiner une date pour que l'evenement prevu ou voulu se realise. Dieu pouvait bien sur aider, et ecouter nos prieres, mais je croyais que l'avenir n'appartenait qu'a nous, nous les humains, nous les hommes, nous les femmes, nous les jeunes. Nous les libanais.

Fixe une date et voyage. Vas-y. Parcours le monde. Fixe un endroit et j'y serai. Fixe un programme et il se realisera. Decide. Reve. Ecris. Planifie. Emmene-moi. Et c'est ce qu'elle a fait. Et lui aussi. Et moi d'ailleurs. Parce que nous y croyions vraiment. Nous voulions y croire.
Elle par exemple, voulait partir. Elle voulait aller la-bas, tres loin, travailler, decouvrir, et y habiter. Son voyage me faisait de la peine, je redoutais son depart. Elle devait aller en avion.
Lui est venu passer les vacances ici. Parce qu'ici c'est son pays, ses amis, sa famille. Lui est aujourd'hui coince ici. Et la-bas c'etait son avenir, son travail et sa vie.
Eux, ont 3 et 4 ans. Ils sont seuls au Liban. Leurs parents sont ailleurs. Ils pleurent. Ils auraient voulu les voir, les serrer, les reconforter.
Mais elle est partie. Non, pas en avion. Et je n'ai pas pleure parce qu'elle s'en allait. J'ai pleure parce qu'elle est partie comme ca, fragile, fatiguee, inquiete. Inquiete pour elle, puisqu'elle devait traverser le pays en voiture. Inquiete pour nous. Inquiete pour son pays.
Lui est devant la tele. Il regarde les nouvelles et son pays s'effondrer. Il ne pense pas trop a lui, pas trop a son travail et pas trop a sa vie. Ou bien reussit-il a bien le cacher.
Eux, ils essayent d'appeler. C'est tout ce qu'ils peuvent faire pour le moment.

Inchallah, avait dit ma grand-mere. Oui, je veux bien te croire. Parce que je ne sais quoi faire d'autre. Et je ne peux rien decider. Fixe une date, un endroit, un programme. Et j'y penserai. Parce que demain ne nous appartient vraiment pas. Parce que l'avenir nous echappe. Parce qu'hier je ne savais pas qu'aujourd'hui serait ainsi.
Inchallah qu'elle arrive en paix, que le voyage ne l'ait pas trop fatiguee. Inchallah qu'il puisse revenir chez lui, je n'aime pas le voir si triste et si perdu. Inchallah qu'ils puissent les revoir, leurs enfants. Inchallah que le pays renaisse, une fois de plus.
Quoi faire? Attendre... peut-etre. Et demander que Sa Volonte soit faite.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On n'a besoin ni de Lui ni de Sa Volonté...
Mais d'un "amor fati".

~Chris~ a dit…

Meme l''agnostique que je suis se prend a espérer que sa volonté soi faite... inchallah dis tu... je le souhaite de tont mon coeur...

Anonyme a dit…

"inchallah" je crois que c'est le seul mot qu'on peut dire...je pense vraiment qu'on n'a plus que les prières pour nous sauver...chaque famille a une "elle", un "lui" et des "eux"...chaque famille est disloquée ici et là...je n'aurais jamais cru que la vie pouvait basculer aussi rapidement...d'une facon aussi inattendue...en un instant tout a été brisé,le rêve est devenu cauchemard,l'espoir et l'avenir incertains...je pense très fort a toi et a tous nos amis,surtout ceux qui peuvent directement être touchés par les événements...j'espere du plus profond de moi-même que le prochain comment que j'écrirai sera sur la paix au liban...