mardi, janvier 16, 2007

Ceux qui partent...

Il y a ceux qui partent pour partir. Ils s’en vont sans savoir ce qui les attend. Ils partent le pas déterminé, le regard sûr, l’esprit prêt à rencontrer, essayer, courir, tomber, pleurer, sourire… Ils partent là-bas s’épanouir. C’est cette destination lointaine et incertaine qu’ils recherchent.

Il y a ceux qui partent pour le voyage. Peu importe le terminus, c’est le chemin qui compte. Ils marcheraient si possible, pourvu qu’ils fassent des rencontres. Tout les intéresse mais rien en même temps, car aucun objet et aucune personne ne saurait les retenir longtemps. Ailleurs, il y a mieux, pensent-ils. Mais à force de rechercher ils ne trouvent rien vraiment. Car ils trouvent tout mais pour un trop court instant. Ils possèdent tout et rien à la fois. Car ils sont attirés par la prochaine station. Une station qui restera prochaine. Voici le profil type du voyageur, qui ressemble beaucoup à celui du dragueur. Quelque part d’autre, ailleurs, là-bas, au loin, à l’étranger, quelqu’un l’attend. On voudrait tant être ce paysage lointain. Mais c’est impossible. Alors on se contente de ses souvenirs, et de ses rêves surtout. Il décrit choses et saveurs une lumière aux yeux. Et il dit ensuite Adieu…

Il y a ceux qui ne partent qu’à moitié. Ils aiment le nouveau décor mais sont envahis par le passé. Ils pensent à leur chambre, à leur lit, à leur belle voisine inaccessible, ils pensent à la rue de la fac, au resto du coin, à l’odeur des crêpes qui se dégage de la cuisine pour envahir la chambre et les réveiller un sourire aux lèvres, ils pensent au bruit de la mer, à ses vagues douces et timides, ils pensent aux discussions tardives sur un balcon discret… Ils pensent à tout. Et ne sont jamais vraiment partis. Ils sont entre un là et un là-bas et vivent difficilement un beau voyage. Il faut les pousser, les regarder sévèrement, les obliger a bien vivre l’aventure. Mais ce sont de mauvais voyageurs.

Ci-dessus une description brève des voyageurs que j’ai connus. J’admire les premiers, j’évite les seconds et je plains les derniers. Qui suis-je vraiment ? Je l’ignore… Ici, le monde que j’aimais. Celui que j’aimerai à nouveau peut-être, une fois guéri. Ailleurs, le monde qui m’attire un peu, celui que j’ignore, qui me tente, me sourit, me séduit.
Partir pour la route ? Partir pour l’arrivée ? Ou partir pour rester ?
Est-ce que nous partons vraiment ? Je ne le pense pas… Car pour partir, il faut d’abord se déplacer, changer d’endroit et de mode de vie, changer d’amis et d’habitudes, d’idées et de visions peut-être. Il faut ensuite que le passé s’éloigne aussi. Mais quand on a un si beau passé, une si belle maison et tellement de souvenirs, ils décident de nous suivre et de partir eux aussi. Alors on part tous ensemble… Oui, là-bas. Pour rester un peu ici.
C’est pour cela qu’on a le regard de l’orient, les gestes de la méditerranée, le sourire libanais, la générosité arabe et l’accent qui chante. C’est pour cela que l’on marche lentement, en balançant les hanches, et en souriant bêtement… C’est au Liban que l’on pense.

Texte publie le 8 aout sur ce site.
Publie dans l'Orient Le Jour le samedi 13 janvier 2007

6 commentaires:

Anonyme a dit…

heh ouais je lis tous tes articles.. et javais lu celui la avant.. mais nayant pas vecu lexperience vraiment d'un voyageur ki par sans revenir, pour de bon.. paske dhabitude par exemple je voyage.. trouvant la destination a lakel jaboutit merveilleuse, eblouissante.. mais je sais ke je reviendrai chez moi a la maison.. c pour cela ke ma conscience est trankille, me laissant desirer et rever dune vie ailleurs, ne sachant pas ke mon pays me marquait tellement et mattachait a lui.. mais mnt tout a changer.. mnt je sen ke je pe laisser un commentaire sur ton article.. ma vision serait un pe differente de la tienne,mais converge aux meme idees.. Toi tu di ke ya c 3 sortes de voyageur, ceux ki voyagent courageusement sans savoir ce ki les attend, pret a tout, et ceux ki partent pour partir, peu importe la destination, et enfin ceux ki ne partent ka moitie.. Moi je te dis ke ya pa 3 sortes.. c un seul type de voyageur, ki passe par ces 3 phases de transitions.. ki le poussent a reflechir de cette maniere.. au debut le voyageur ne sait rien de lendroit(je parle de decouvertes et non de visite chez kelk1) et il est content de la sensation kil va resoudre le mystere ki le tracasse sur la destination, vivre de tres bons moments, paske selon lui ya plus de defis et de nouvo trucs la ou il est..
pendant son voyage, lhomme se commence a se poser des kestions .. arrive un doute minime mais present quand meme..mais il est tellement exciter par cette station a lakelle il a concu un endroit imaginaire dans ses pensees..il est content et a peur en meme temps..
ensuite ayant atteint son point darrivee, il sinstalle et commence a decouvrir toutes sortes de choses, nayant plus le temps de reflechir tellement il est "ebloui" et joyeux, se sentant perdu et en controle en meme temps..puis, peu a peu,kan la personne sent ke tou limportant et les sites et evenements pouvant etre realises dans cette station ont ete accomplis, elle commence a reflechir.. et la.. pour rester dan un esprit positif et garder la joie en soi, letre humain essaye de se souvenir des bo moments kil a passes, et automatikement c les souvenir kil a eux et a vecu dan son pays car c la ba ke se trouvent sa famille, ses amis, son entourage, ses posessions.. et a ce moment, sa propre moitie(tel ke tu le di) revient dan son pays, le poussant a "vivre difficilement son beau voyage"..
Du moins c ma vision des choz..
Bob

Karen Ayat a dit…

Comme ma soeur, mon frere, mon pere, mes oncles, mes amis... vous partez sans partir.
Et nous on reste sans rester. Parce que vous etes partis.
Je parle a ma soeur au telephone, et elle me pose des questions d'ici. Mais ici c'est moins bien que lorsque vous y etiez. Et ca continue. Parceque les gens continuent a parir. L'annee prochaine je serai partie aussi. C'est une decision qu'ils ont prise, que tu as prise, que je prendrai peut-etre. Alors faut penser quelques fois a monot, au centre ville, a l'usj, a antara, a l'abc, au element, au basement, au crystal, au zinc, a zaatar w zeit, a harissa, a une belle libanaise... Mais le reste du temps il faut vivre.
Alors partez vraiment. Pour que l'on reste vraiment. Et rendez-vous aux carrefours de nos vies.
Je t'embrasse bob et bon courage.

Anonyme a dit…

ebloui par tes arcticles.
de l'art

ZOCALO a dit…

de l'art

Karen Ayat a dit…

Merci enormement,
ca me fait plaisir,
Sincerement,
Karen.

Anonyme a dit…

Comme une hirondelle qui reste quand même, pour caresser de ses ailes le timide soleil d'hiver.
Juste assez pour qu'il continue à rougir et à nous réchauffer...