samedi, janvier 20, 2007

Excès

Excès. Le mot « excès » résume bien ses derniers mois. Collée sur la vitre d’un restau au huitième étage, elle regarde la vue sur Beyrouth. Elle observe quelques voitures rouler doucement. Les voitures qui se trouvent sur la route un vendredi soir ne sont pas pressées. Elle regarde des chambres s’allumer et d’autres s’éteindre. Elle imagine des histoires, des ruptures, des réconciliations, des soirées solitaires devant la télé, des yeux fermés, des soucis accumulés, des coups de foudres, des histoires normales, des pleurs, des gens faire l’amour et d’autres se détruire. De haut, elle sent qu’elle peut observer, interpréter mais surtout créer. Elle adore ça.
Derrière elle, l’excès. Excès de musique, d’alcool, de fumées, de sourires pathétiques, de regards pervers, de manières, de maquillage, de vulgarité, de mouvements, de bruit, de conversations inutiles, de mensonges réciproques, de mots oisifs, de vies vides, d’autres mal remplies, d’hommes vicieux, de filles hypocrites, de libanais superficiels… Elle regarde dehors. Elle préfère la vie. La vraie. Et se demande ce qu’elle fait, enfermée au huitième. Elle pose son nez contre la vitre. Ridicule ? Peut-être… Mais surtout vraie. Vraie, elle veut être.
Une main se pose sur son épaule. Elle frémit. Plongée dans son conte, plongée dans Beyrouth, plongée dans ses toits, ses chambres, ses lumières, ses histoires, ses secrets, elle avait oublié l’excès autour. Elle se retourne. Derrière elle le mec qu’elle accompagne. Un mec comme les autres ; au comportement excessif. Elle lui sourie d’un sourire qu’elle emprunte aux autres. Elle essaie d’imiter l’hypocrisie. Elle trouve le jeu facile. Et s’y plait. Continue. Ajoute. Améliore. Et adopte un rôle qui doit ressembler à ceux des autres. Il parle. De tout. De rien. Quand tout est rien pour elle. Il parle de lui. Elle s’en fout. Elle essaie un regard qui se veut compréhensif alors qu’il n’est en réalité qu’évasif. Elle pense à son projet. Un projet qui la dévore et qui lui donne une raison de vivre.
Elle fait le tour de la pièce des yeux. Elle espère le retrouver. Mais il n’est pas là. Elle se demande pourquoi il n’est pas venu. Elle décide de s’en aller. Elle tend la main. Prend son sac. Oublie sa veste. Il lui demande des explications. Elle court. Elle ressent le besoin de fuir. Le besoin de respirer. Elle descend dans le froid. Elle est seule sur la route. Le froid lui déchire le visage. Sa robe s’envole dans le vent. Elle pleure en attendant sa voiture. Elle pleure comme un enfant. Elle pleure comme l'enfant qu'elle est parfois. Elle se souvient de sa veste mais décide de la laisser tomber. Ce serait trop dur de remonter. Elle quitte. Elle ne sait pas où aller. Elle fait des tours inutiles dans sa voiture. Des tours excessifs. Elle replonge dans l’excès.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

cela décrit tres bien l atmosphere au Liban,

il n y a pas de vie, juste un gigantesque théatre ou les gens jouent ou plutot se jouent des autres

Anonyme a dit…

"je n'ai pas d'excuse,
C'est inexplicable,
Même inexorable,
C'est pas pour l'extase, c'est que l'existence,
Sans un peu d'extrême, est inacceptable,

Je suis excessive,
J'aime quand ça désaxe,
Quand tout accélère,
Moi je reste relaxe
Je suis excessive,
Quand tout explose,
Quand la vie s'exhibe,
C'est une transe exquise

Y'en a que ça excède, d'autres que ça vexe,
Y'en a qui exigent que je revienne dans l'axe,
Y'en a qui s'exclament que c'est un complexe,
Y'en a qui s'excitent avec tous ces "X" dans le texte

Je suis excessive,
J'aime quand ça désaxe,
Quand tout accélère,
Moi je reste relaxe
Je suis excessive,
Quand tout explose,
Quand la vie s'exhibe,
C'est une transe exquise, (ouais).

Je suis excessive,
J'aime quand ça désaxe,
Quand tout exagère,
Moi je reste relaxe
Je suis excessive,
Excessivement gaie, excessivement triste,
C'est là que j'existe.
Mmmm, pas d'excuse ! Pas d'excuse !"

C.B.

Karen Ayat a dit…

J'aime bcp carla bruni..
Ma chanson preferee reste
"Quelqu'un m'a dit"

Anonyme a dit…

et "la derniere minute"? :)

Anonyme a dit…

"L'albatros imposant oiseaux des mers,
Prince des Nuées...
Hante la tempête et se rit de l'archer...
Seul sur la terre au milieu des huées
Ses ailes de géant l'emêchent de marcher."

Baudelaire.

Pourquoi faire semblant? Pourquoi revêtir le masque pathétique et puant de la société?
Si le regard est vraiment le miroir de l'ame alors le masque peut-il toujours se vanter d'étre dissimulateur?
Le masque ne cache pas les yeux au contraire, il les expose!!
En se cachant derrière un comportement, un sourire factice ,une couche de cosmétique ou meme encore
une relation toxique,
Le masqué n'éprouve-t-il pas le désir inavouable d'être cherché, traqué et enfin déshabillé?
Attendrait-il un sauveur? Tant de questions qui se bousculent... Seul le masque protège l'individu de ses excès.
Et cela En attendant celle ou celui qui acceptera les "imperfections" de son visage et donc qui aimera son ame.

Alors le masqué serait-il simplement lache et incapable d'imposer sa différence, ses choix, son authentique et légitime spécificité?
Quoiqu'il en soit le masqué ne risque-t-il pas de ne plus se reconnaitre devant un miroir?
L'on perd son individualité à force de faire comme la masse.
Et que dire de ceux qui ne voient dans la pupille des femmes qu'ils séduisent que la reflection de leur propre image!

L'excès ne saurait exister sans la "norme" et vice-versa.
Mais si la vie à vraiment une saveur, c'est qu'elle est bien dans l'alternance entre "norme" et "excès".
C'est la mélodie qui se dégage de cet aller-retour qui nous donne ce "plaisir".

C'est l excès des jours de pluie qui nous fait désirer le soleil...

En amour il ne devrait pas y avoir d'excès, on ne peut pas "trop aimer" sinon l'Amour ne serait pas l'Amour.
Du moins c'est ainsi que je veux que ce soit.

Comme l'Albatros aux Ailes de Géant pourquoi s'éfforcer de marcher lorsqu'on est fait pour voler?

EMil

Karen Ayat a dit…

merci pr ce beau texte... "trop beau" je crois.. un exces 'convenable'.
L'exces aurait pr oppose la norme? Ou plutot un exces de signe contraire?
J'm limage du masque qui met en relief les yeux... Mais les regards peuvent etre excessivement vrais et directs sans pr autant etre faux.. Lexces nest pas synonyme de mensonge..
Voler... Jaimerais bien

Anonyme a dit…

Bien "pondu" ce texte; Je vais faire mon semi-professionnel. Tu aurais pu faire une fin un peu moins brutale. On peut travailler sur l'excès en écriture; répétition des sons de 3 mots, de 2 mots et puis d'1. Allez, on va en tirer quelque chose de magnifique avec quelques mminutes de réflexion sur le style. Je crois en toi...

Pour ce qui est de la norme (il me semble que j'ai pondu un chapitre,...je sais plus où il est...) L'excès ne peut pas être opposé à la norme car il obéit à la norme elle-même. En effet, sans norme, pas de language, pas de réfrences, pas de jugement, pas d'avis sur la manière d'être ou d eparaitre de l'autre. Si on enlève les normes (Matrix évoque cette possibilité) on se retrouve au dessus de tout, pas loin de l'état de libre-arbitre. Alors comme nous sommes normés, nous préférons qualifier et au final juger des comportements sociaux qui ne nous plaisent pas. Ce sont des comportemetns à relativiser à rapprocher de la norme qui les a bâti. Il faut ensuite se poser la question sur nos excès. Par quoi sont-ils motivés? Une incapacité à survivre sans la norme, une peur d'être en marge...?

J'en reste là, la réflexion est en suspens, À vous...