samedi, avril 08, 2006

Une lettre au fond d'un tiroir.

C’est dans un grand tiroir que repose le désordre, c’est dans un des tiroirs de ma chambre que je range tout ce qui traîne. Apparemment, la chambre est bien rangée. Mais en réalité, ce tiroir contient plus de choses que ma maison entière. Dans toute chambre, un tiroir pareil garde, comme un ami fidèle, des secrets, des photos jaunies par le temps, des lettres, des billets de cinéma d'un premier rendez-vous, les bulletins scolaires qu’il a bien fait de cacher, des fleurs séchées et toute sorte de souvenirs. On essaie de ne pas l’ouvrir, il est parfois difficile d’affronter le passé. Ce tiroir raconte une vie. Mais la vie continue, et ce tiroir, si ouvert, ne ferait que compliquer le chemin. Alors, on le garde clos. Au moins, lui, il sait bien garder le silence. C’est le meilleur gardien de confidences. Et puis un jour, alors qu’on cherche désespérément un papier perdu, on l’ouvre. Et c’est à ce moment que surgissent, du fond de la mémoire, des histoires que l’on croyait oubliées, des moments que l’on croyait disparus avec le temps, des images qu’on a un jour refoulées de notre conscience pour les placer au calme, dans un endroit de notre inconscient qu’on ne visitait jamais. Et parmi ces choses du passé, une lettre. Une lettre que j’ai un jour écrite dans un avion, à une personne dont j’ignore l’identité aujourd’hui, mais qui m’a un jour – apparemment- touchée. J’ai souvent écrit des lettres qui sont restées dans un de ces tiroirs à souvenirs. Cette lettre n’est plus confidentielle. Elle a perdu son destinataire. Elle n’est aujourd’hui que le fruit de sentiments passés… oubliés.

"Ton appel et mon réveil matin se sont confondus. Pas beaucoup de personnes se sont réveillées pour me dire au revoir. Aucune, en fait. On a beaucoup parlé de ce trajet matinal qui mène vers l’aéroport au lever du jour, du ciel rose et bleu à la fois, de la route réservée à ceux qui n’ont pas une minute à perdre et dont la journée commence quand la notre se termine, du calme et de la paix qui règnent sur la ville, de l’envie de partir pour s’évader un bout de temps… et de l’envie folle de revenir.
Ce matin, il faisait très noir encore, et les gens qui sont d’habitude déjà debout dormaient encore. Il pleuvait. J’ai pensé à toi, aux longues heures passées au téléphone, à se raconter des secrets, des histoires, des remarques et des bêtises. J’ai pensé à la journée d’études, au chocolat que tu m’as donné, à ton rire, aux mots qui me blessent, à ce que je te dis parfois pour te rendre jaloux… et peut-être amoureux. J’ai pensé à Beyrouth, j’ai pensé à Londres, j’ai pensé à Paris, à notre histoire, au temps qui nous sépare, à celui qui a fait qu’on se rencontre, au banc inconfortable sur lequel on s’est assis un jour, au courage que j’ai du concentrer pour créer la circonstance. J’ai hâte de partir, de me séparer un moment de mon quotidien, d’oublier ce qui me retient normalement, et toutes les choses auxquelles je me suis tellement attachée. J’ai envie d’oublier pour quelques jours les histoires qui n’ont pas de valeur, une fois regardées de haut. Tu devrais venir ici, et les regarder toi aussi. Tu verras que j’ai raison… Que le monde fait rire d’en haut. Que les gens perdent leur sérieux quand on les observe agir en silence de la fenêtre d’un avion. Il faut que je parte. Rien que pour mieux revenir. Marcel Proust écrit que le bonheur n’est que dans le souvenir des choses vécues. S’il a raison, je serai heureuse en pensant à toi. Mais quel malheur de ne pouvoir trouver du bonheur que dans le souvenir ! Le moment n’a-t-il pas sa joie ? Je ne sais pas… je ne sais plus. Le temps passe, et je m’éloigne de plus en plus. A cette heure-ci, tu dors probablement encore. Entre nous, le temps, la distance et l’ennui. Parle-moi, tu sais très bien que je peux t’entendre. Je ferai semblant de te croire. Rien que pour saisir le moment, rien que pour prouver que Proust a tort. Parle-moi… Tu sais bien qu’on ne possède, tous les deux, que des mots. Mais les mots s’en vont… Et les mots s’évaporent."

6 commentaires:

Anonyme a dit…

salut. je suis tombée par hasard sur ton profile en surfant sur hi5 et jsui allée jetter un coup d'oeil sur ton blog.. (eh oui la curiosite fai parti de mes defauts) au lieu d'un coup d'oeil c des heures ke j'aurai pu y passer. ce ke tu ecris est tres touchant et je pense ke bcp de personnes s'y reconaisse. J'ai surtout aimé "une nuit dans un trou noir" jte garanti ke t'es pas la seule a avoir deja senti ca ;b En tt cas je suis comme toi j'adore les mots alors jtenai a te laisser un pti comentaire et surtt n'arete pas d'ecrire, ca en vau la peine :)
Pia

Karen Ayat a dit…

salut...
merci bcp pr ton comment :) ca fait plaisir.

Bonoboo 47 a dit…

Quelle agreable surprise que de voir tant de joliesse litteraire accumulée sur ta page!

Bonoboo 47 a dit…

Quelle agréable surprise que de voir tant de joliesse s'accumuler sur ta page!

Karen Ayat a dit…

Anthony, ce n'est que ton site qui m'a pousse a faire le mien.. ca tu le sais :)
tout ce que tu dis me fait quand meme tres plaisir... Je lis tes textes en ce moment..
bisous!

~Chris~ a dit…

j'ai besoin que tu me promette quelque chose... n'enferme jamais plus ne serai-ce que quelques lignes griffonnées sur un morceau de nappe en papier si elles ont cette quantité incroyable de sentiments et de sincerité...