lundi, mai 15, 2006

Etre naturel ou faire des jeux?

Tu m’as posé cette question ce matin, lors d’une de ces conversations un peu trop philosophiques qui nous emportent loin, tu m’as posé cette question qui te passait par la tête alors que je venais d’ouvrir les yeux et que j’avais du mal à me rappeler quel jour de la semaine on était. Bien sur, j’ai répondu par la première des options que tu me proposais : être naturel. De cette façon-là, je ne risquais pas d’avoir tort, ni de devoir me justifier. Mais tu m’as fait réfléchir. J’avais décidé de me reposer, de dormir sous le soleil près de la mer, d’écouter les vagues et de ne penser à rien. Je suis allée à la plage. J’ai choisi un coin tranquille où je pouvais apprécier le calme et la chaleur en paix. Mais je n’arrêtait pas de penser : à toi, à tes questions parfois très compliquées, à tes remarques toujours pertinentes, à tes idées et ta façon de voir les choses. Et tu m’as occupée toute la journée. Permets-moi alors de changer ma réponse. Tu me le dois.


Je vais prendre un exemple dans lequel il est possible mais exceptionnel d’être très naturel comme possible et fréquent de faire des jeux : l’amour.
En amour, on s’habitue. D’abord, on est pris par la magie, on y pense tout le temps, on oublie parfois de manger, on sourit seul comme des imbéciles en pensant aux moments partagés, on se remémore des scènes en y ajoutant à chaque fois un peu de notre imagination (après quelque temps ça devient loin, mais TRES loin de la réalité), on sursaute à chaque fois que le téléphone sonne… Puis ça commence à faire partie du quotidien. Et on devient, après un certain moment, très naturel. Alors l’amour disparaît, quand notre nature déçoit cet autre qui s’imaginait un peu autre chose. Ou bien notre nature plait. Mais un autre problème remplace l’absence d’amour : l’habitude de l’amour. Et c’est la conséquence de notre gentillesse qui refuse les « jeux » proposés dans les magazines pour adolescents, qu’on trouve trop bêtes, trop stupides et non dignes de constituer, ne serait-ce qu’un instant, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, notre façon d’agir.


Parmi ces « jeux » classiques, je cite par exemple cette fameuse règle pathétique « suis-le il te fuit, fuis-le il suit ». Ca y est, je l’ai dit. Je ne voulais pas le faire, j’avais honte d’en parler. C’est ridicule. Mais si ça sert à convaincre, j’utilise tous mes moyens. On est convaincu que cet autre nous convient. Il n’est pas parfait, certes, mais est le plus proche possible de cet être idéal dont on avait tant rêvé. Il n’est pas parfait. Mais on hésite aujourd’hui de changer notre image de la perfection. On l’aime. Et il devient le modèle type de la beauté. Ses défauts nous plaisent, et deviennent désormais, par l’effet de l’amour, nos qualités préférées. On était des personnes « mauvaises » dans le passé. Mais sous le charme, on est transformé en être doux, gentil, attentionné… Bref, amoureux. Seulement, cette si belle scène représente un seul des deux points de vue. Il ne faut jamais prendre en considération une seule version de l’histoire. Il y a toujours une autre, parfois plus fausse, parfois plus vraie. Toujours écouter les 2 versions. On écoute par exemple la chanson de Johnny Hallyday « Que je t’aime ! ». On se dit « Que c’est beau l’amour ! ». On oublie de se demander : « Et elle ?! Elle l’aime ?! ». La réponse, « souvent », et « parfois » pour les optimistes, est Non. Elle ne l’aime pas. Et lui, il lui chante « que je t’aime ». Pas nécessairement parce qu’il l’aime. Mais on aime bien entendre parler d’amour. Ca donne de l’espoir. Ca fait rêver. Et ça fait surtout vendre des Cds. Alors il lui chante « que je t’aime ». Et il lui en chantera tant d’autres. Que importe ? On ne sait même pas de qui il parle. Et elle n’existe probablement pas. Aimer de cette façon, c’est soit être bête, soit chanter à ce parfait inconnu qu’on ne connaîtra jamais. Pourquoi ? Parce qu’il n’EXISTE PAS.


Je reviens à mon analyse. Alors on est amoureux. Que l’autre le soit ou pas, peu importe. Il peut l’être c’est possible. Je n’ai pas dit le contraire. Mais on lui montre tellement qu’on l’aime, on est « naturel », on refuse les jeux de tout genre, et lui il sait que c’est dans la poche. On n’a jamais été comme ça, on le dit, on le répète, on l’adore. Il le sait. Alors il ne fait plus aucun effort. Il est gentil, bien sur. Très gentil même. Mais il devient lui aussi tellement naturel que le charme disparaît. Ca devient presque de l’amitié. Il ne sent même pas le danger de nous perdre. Il sait qu’on l’aime trop. Ca se voit de notre façon de le regarder, de lui tenir la main, de lui parler tout bas , ça se voit quand on est triste, ça se voit quand on est heureux, ça se voit quand on annule tous nos programmes pour le voir…
J’ai changé ma réponse. Il faut, quelques fois, faire des jeux. Ne jamais le laisser sentir que tout est acquis. Ne jamais laisser la flamme s’éteindre. Ne jamais le laisser savoir que notre vie tourne autour de lui. C’est la façon dont il faut agir. Mais moi je ne pourrai jamais. Je l’aime trop pour mentir.


Voici ma réponse « théorie pratique », une réponse « scientifique » peut-être, rien que pour te convaincre. En poème, ça aurait été faible. Mais je me serais mieux exprimée. J’ai parlé de l’amour, mais ceci peut s’appliquer dans tous les autres domaines. J’ai parlé de l’amour. Parce que quand c’est un vrai amour, il est tellement difficile de jouer la comédie. Je t’entends déjà dire « il FAUT être fort, il FAUT être dur, il FAUT être rationnel »… Et tu as raison. Mais en amour on ne fait jamais – je crois- ce qu’il faut. Et une application pratique serait trop difficile. Alors « soyons fou » ! hehe. C’est ce que tu dis non ? Voici donc ma réponse. Et la tienne ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

karen tu lis dans mes pensees. c'est dur de faire des jeux, c'est encore plus dur d'etre naturel. de dire tout ce qu'on a dans le coeur. on se cache derriere un ordinateur, un telephone ou une lettre pour etre naturel(vivement la ste barbe pr etre nous meme).
je ne sais pas si aujourd'hui je dois etre naturelle, je sais que Ramses II n'attend que ca. mais je ne sais pas si c bien pour moi. j'ai tellement envie d'etre naturelle mais tellement peur de l'etre.
soyons fou.. tu mas dit que s'amuser ce nest pas profiter de la vie a long terme...
quand je me deciderai a etre naturelle je te le ferai savoir.
bisous

Karen Ayat a dit…

Au moins, toi et moi, en amitie, on reussit a etre Tres naturelles. Cest deja un tres bon debut...
:)
je tembrasse!