lundi, mai 29, 2006

Le parfum d'aujourd'hui.

Un parfum.

Il suffit parfois d’un regard, d’une image, d’une parole, d’un son, d’un paysage pour nous emporter loin dans le passé. Il suffit d’un parfum pour que surgisse au présent un de nos plus beaux souvenirs. Ce que Sartre appelle un ‘analogon’. Proust avait lui aussi rattrapé son passé rien qu’en mangeant une madeleine, odeur qui réveilla son enfance. Il suffit qu’un élément anodin attire notre attention distraite pour que nos pensées s’évadent dans cet endroit aimé et redouté à la fois, lieu de rencontre d’images du passé et d’histoires belles quoique douloureuses que l’on croyait oubliées. Il a suffi d’un parfum… Et loin ce parfum m’a emportée. Je marchais distraite comme d’habitude, pensant à la fois au travail accumulé à peine commencé et à une inspiration qui m’a récemment abandonnée. Je pensais à ce temps qui s’écoulait trop vite et duquel je n’arrivais plus à profiter. Je pensais à ces nuits trop longues qui me volaient mes journées. Et c’est alors que surgit un parfum, je ne sais d’où, reste précieux d’une époque lointaine, un parfum qui me rappela une odeur que j’ai un jour adorée.

Mon corps demeurait, certes, au même endroit. Mais c’est mon esprit que je n’arrivais plus à retrouver. Un esprit errant dans les pages du passé. Mes pensées se baladaient entre Rome et Paris. Mes souvenirs étaient bien plus vivants que la réalité. Même mes sens y participaient. Autour de moi, le décor avait changé, comme pour mieux se marier avec la mémoire. Une simple odeur avait réussi à reconstituer la chaleur d’un été. Un parfum avait reconstruit les restes misérables des plus belles vacances un jour vécues. J’ignorais qu’un voyage dans le temps fût réellement possible. J’ignorais avant ce moment l’intensité du souvenir.

J’espérai au plus profond de moi que ce parfum ne s’épuise guère. J’espérai en secret que la source de cette si belle odeur soit impérissable. J’essayai de chercher des yeux la personne ou la chose à la si belle senteur. Mais vite ressurgit le présent. Et vite disparut cette même odeur. J’en voulus à mes sens, j’en voulus à cet inconnu qui sentait si bon et qui s’était vite éloigné. Mais c’est alors que je découvris les plus belles senteurs. Je découvris le parfum que je préfère aujourd’hui : le parfum du présent.

Le passé sent très bon. Son parfum est attirant. Mais il ne fait que nous arrêter inutilement au chemin. Et son odeur est éphémère. Je préfère celle du présent. Elle existe vraiment. C’est celle du futur que je n’ai pu sentir. C’est celle du futur qui demeure insaisissable. Trop la vouloir ne ferait que brûler le présent. Et le passé l’a déjà trop fait souffrir. Il n’est donc possible d’humer l’instant qu’en étant insensible face aux tentations d’un passé vieux qui tente en vain d’exister et d’un futur orgueilleux qui vante sa face cachée. Le présent me convient. Je le respire pleinement entre deux temps aux odeurs désespérées.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

mon passe a plusieurs odeurs et je suis la seule a pouvoir les sentir. souvent en voiture(je me demande pourquoi), je sens une de ses odeurs. je sens toutes les odeurs de mon passe mais je ne reconnais que les plus recentes.
mon present a une odeur mais je ne la sens pas. je vais la sentir quand mon present deviendra du passe. c'est la meme chose pour les chansons: mon passe a pleins de chansons. mon present aucune.
parfois-quand je suis heureuse- je decide d'adopter un parfum ou une chanson pour me rapler des beaux moments.